C’est
le printemps, ou peut-être la fin de l’été. Il y a du soleil dehors mais la
pièce est dans l’ombre. La table est plus longue qu’à l’habitude car on lui a
ajouté ses rallonges. On a tendu une grande nappe, mis le couvert avec beaucoup
d’assiettes et de verres. Il y a du monde à la maison : mes oncles et
tantes, des cousins, des cousines, ma sœur aînée Claudie, quelques amis. On est
en fin d’après-midi, un samedi ou peut-être un dimanche, et c’est un long
weekend. Demain, on fera la grasse matinée.
Des
femmes s’affairent dans la cuisine. Des jeunes gens bavardent dans le jardin,
où deux garçons courent, crient et jouent. Dans le bureau de consultation de
mon père, au milieu de la fumée des Marlboro, des Pall-Mall et des cigarillos
Panther, des hommes et des femmes aux sourcils froncés jouent au poker ou
surveillent les joueurs.
Moi,
je suis assis sous la table de la salle à manger.