lundi 28 février 2011

Débuts de romans (rattrapage) - par Adrienne


Débuts de romans (Exercice n° 15) - Adrienne
Il s'agit d'écrire le premier paragraphe (environ trois cents signes et espaces) d'un roman en y intégrant les éléments suivants :

- un gratte-ciel
- un chat
- un paquet de farine
- un ticket de métro OU un ticket de cinéma
- un homme et une femme (leurs caractéristiques sont libres) qui se croisent sans se voir

L'exercice doit être répété trois fois.

- en optant, chaque fois, pour un point de vue de narration différent : première personne, deuxième personne ou troisième personne du singulier
- en choisissant, chaque fois, un "genre" reconnaissable : roman réaliste, roman de science-fiction, roman noir, roman satirique, roman d'horreur, etc.

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Du côté de chez moi
Longtemps je me suis couché de bonne heure. Parfois, à peine avais-je fermé les rideaux sur les gratte-ciel de la métropole et donné une dernière caresse à mon chat, mes yeux se fermaient si vite que j’avais juste le temps de me dire : « Demain, il faudra que je m’achète un kilo de farine, il n’y a plus de madeleines… ». Et, une demi-heure après, la pensée qu’il était temps de me lever et de prendre le métro m’éveillait ; je n’avais pas cessé en dormant de faire des réflexions sur ce que j’avais observé ce jour-là, mais ces réflexions avaient pris un tour un peu particulier ; il me semblait que j’étais moi-même cet homme ou cette femme que je voyais chaque jour sur le quai, lisant le même journal, ayant la même allure, et qui pourtant n’avaient encore jamais eu un regard l’un pour l’autre.



Dans l’escalier
Oui, cela pourrait commencer ainsi, ici, comme ça, d’une manière un peu lourde et lente, dans cet endroit neutre qui est à tous et à personne, où l’homme et la femme se croisent sans se voir, où la vie du gratte-ciel se répercute, lointaine et régulière. De ce qui se passe derrière les lourdes portes des appartements, on ne perçoit le plus souvent que ces échos éclatés, un chat qui miaule, un paquet de farine qu’on déchire, une poubelle qu’on ouvre pour y jeter un vieux ticket de métro trouvé au fond d’une poche alors qu’on y cherchait un mouchoir.



Lettre 1
Tu vois, ma bonne amie, qu’il n’y a pas que les bonnets et les pompons et que depuis que tu as quitté ton couvent pour la ville et ses gratte-ciel, tu as besoin de quelques sous dans ton réticule, non point pour la quête, mais pour t’acheter un ticket de cinéma ! Tu as ta harpe, ton dessin, tes livres, comme au couvent, mais tu as aussi un chat ! Tu as ta chambre, ton cabinet, un joli secrétaire et parfois à l’office tu peux mettre la main à la pâte sans que Mère Perpétue ne soit là pour te gronder quand tu as laissé tomber un paquet de farine.
Ma chère bonne, on t’a dit si souvent qu’une demoiselle devait rester au couvent jusqu’à ce qu’elle se mariât, tu peux donc en déduire que cette dame qui est venue voir ta mère, et cet élégant monsieur à moustaches qui l’a croisée, ce n’était ni une nouvelle femme de chambre, ni le cordonnier ! Conviens que te voilà prévenue !