mercredi 17 mai 2017

Cinq semaines à San Francisco - Week Two - Embarcadero, Little Italy, SF MOMA, Lycée français et SF Jazz Center

Le premier épisode est ici. 

D'abord quelques remarques sur le temps.

Le temps qu'il fait : à San Francisco, ce mois de mai 2017, il fait souvent beau, mais frais. Voire froid le soir. C'est au bord de la mer mais c'est entouré de collines, et il y a du vent. Alors il fait entre 12 et 18 degrés, malgré le soleil. Comme Stefie m'avait prévenu, je ne sors pas sans ma veste, mais s'il fait beau dans la journée, je l'enlève.

Le décalage horaire : quand il est midi en France, il est 3 heures, le matin précédent, à San Francisco. Alors quand je me lève vers 7 heures, ma boîte courriel est pleine de messages de France et, là-bas, l'après-midi est bien avancée. C'est à la fois bizarre et "désorientant", mais on s'y fait. Ca donne certaine sensation de "retard", mais aussi une certaine liberté, je trouve. On relativise l' "urgence" de ce qui se passe ailleurs.

Le temps des déplacements : étant hébergé dans un quartier très central (juste au sud du Golden Gate Park) je ne suis jamais à plus de 45 minutes, porte à porte, de mes destinations. Les transports en commun ne sont pas rapides, mais ils sont fiables et très bien organisés. Je bénis le ciel de vivre à l'époque de Google Maps et des applis sur téléphone. Difficile de se perdre avec ça.

Le temps d'écrire : curieusement, alors que je suis absolument maître de mes journées, je n'ai pas tant de temps que ça pour écrire ; j'ai trop de plaisir à me balader, ce qui est inhabituel (je suis plutôt un pantouflard, quand je suis chez moi). Mais ici, j'aurais mauvaise conscience à ne pas m'organiser des visites chaque jour, et il y a tant de choses à voir que je vais sûrement avoir du mal à visiter tout ce que j'ai prévu de visiter. (Les lieux "évidents" comme le Golden Gate Bridge, qu'il ne suffit pas de voir, mais qu'il faut traverser pour reprendre le Ferry depuis Sausalito et débarquer dans la baie, sont particulièrement difficiles à programmer, et je suis déjà au début de ma 3e semaine de séjour. Damn !)

D'autant qu'au fil des rencontres, des rendez-vous se mettent en place - rencontres avec des habitants de SF de longue date, soirée Twin Peaks avec des enseignantes de Berkeley, intervention à Stanford University...

Au début de la semaine passée, j'ai décidé de prendre la ligne "N-Judah" du tram (qui passe au bas de la colline où se trouve la résidence) vers son terminus Est. C'est le port de San Francisco. Un port plus touristique qu'industriel (c'est celui d'Oakland, de l'autre côté de la baie, qui assume cette tâche), où l'on trouve surtout des immeubles de bureaux, des musées (l'Exploratorium, où j'irai jeudi prochain), des restaurants, et d'où on peut admirer le Bay Bridge (celui qui relie SF à Oakland et Berkeley).


Mais aussi le AT&T Park, le stade des Giants, l'équipe de Base-Ball de San Francisco.





A noter que devant le stade se dressent les figures en bronze (!!!) de deux champions de base-ball qui ont appartenu à l'équipe, Willie Mays



et Juan Marichal. Ils sont tous deux encore en vie...



Le long du port circulent bien sûr bus et trams, mais ceux de la ligne F (je vous recommande cette vidéo) méritent qu'on s'y attarde : c'est le "tram historique". Ses voitures sont d'époque, mais pas toutes de San Francisco. Plutôt que de refaire les voies (le standard d'écartement avait changé), la société des transports de SF (SFMTA - San Francisco Municipal Transport Agency) a préféré rechercher d'anciennes rames dans tous les Etats-Unis et les remettre en service. On y trouve des publicités d'époque, et les sièges sont souvent d'origine.
Ce qui est également typique c'est que les rames sont pour beaucoup de forme et de couleurs différentes. Ca donne un cachet très particulier à la circulation en ville. Car ces rames circulent partout, pas seulement sur le port.

***
Le mercredi, j'ai déjeuné et passé une bonne partie de l'après midi avec Séverine Barthes, enseignante à la Sorbonne actuellement en congé sans solde (son mari travaille à SF) et que je connais depuis plusieurs années. On a bossé ensemble sur les séries télé à plusieurs reprises (en particulier pour Les Miroirs obscurs). Elle continue à écrire activement sur le sujet, malgré son éloignement de la France, et elle m'a fait signe dès qu'elle a vu que j'étais à SF. 

Elle m'a donné rendez vous au Zoetrope Café, qui appartient à la famille Coppola, et on a déjeuné non loin de la table du maître. American Zoetrope, sa compagnie de production (aujourd'hui dirigée par Roman et Sofia C.) se trouve à l'étage. Et les murs du restaurant sont couverts de photos impressionnantes. 
J'y ai dégusté une mousse au chocolat tellement divine que j'ai décidé d'y retourner...



Puis elle m'a fait visiter le quartier de "Little Italy", qui commence à peu près au Zoetrope Café, au coin de Broadway et de Columbus Avenue, en bordure de Chinatown. Tout ça étant situé dans la zone dite de "North Beach", le nord-est de la ville.

On est passés devant le fameux café Vesuvio.



On est entré dans City Lights Books, l'une des librairies indépendantes les plus réputées de la ville (et elle vaut la peine d'y passer du temps, j'y retourne aussi bientôt.)
Et on est allés prendre un café chez "Papa Gianni" Giotta au Café Trieste, haut lieu du quartier. Il fut le repaire des membres de la Beat Generation (Kerouac, Brautigan, Ginsberg) qui vivaient dans le quartier pendant les années 50-60 et FF Coppola est réputé y avoir travaillé au scénario du Parrain (des photos le montrent penché sur les pages avec Papa Gianni à ses côtés).



Là encore, les murs sont ornés de photographies insensées. Giovanni Giotto était un excellent chanteur, et beaucoup de chanteurs célèbres (Pavarotti en tête) venaient lui rendre visite en passant à San Francisco.

Séverine m'a expliqué que lors des obsèques de Papa Gianni à l'église toute proche, en 2016, la police a dû fermer le quartier à la circulation, tant il y avait de monde...

Puis elle m'a fait visiter North Beach, et en particulier un haut lieu (littéralement) du quartier, à savoir la Coit Tower, sur Telegraph Hill, une tour en forme de lance à incendie (!) financée par une millionnaire américaine qui aimait beaucoup les pompiers. On peut grimper au sommet (c'est l'un des plus beaux lieux pour voir la ville mais aussi la baie et ses ponts) mais je me suis contenté d'admirer les fresques du rez-de-chaussée, réalisées par des collègues artistes de Diego Rivera et toutes fortement teintées de critique du capitalisme...


En descendant de la tour, via des escaliers qui plongent vers le port, nous avons croisé une maison très étonnante, autrefois un  restaurant, qui se nomme Julius Castle, et qui figure dans un film noir intitule The House on Telegraph Hill (La maison sur la colline, 1951)



C'est une sorte de maison gothique qui se tient littéralement au bord d'un précipice... Très impressionnant. 
Telegraph Hill est connue aussi pour ses perroquets, qui sont paraît-ils unique à cet emplacement, mais que je n'ai pas vu ce jour-là. La descente de l'autre côté de la colline via des escaliers et des terrasses paysagées est magnifique. 

Je me suis promis de retourner faire le même circuit, pour revoir des choses que je n'avais pas eu le temps de voir. C'est une balade qui oblige à grimper beaucoup, ce qui n'est pas pour me déplaire. Depuis que je suis à San Francisco, je fais beaucoup de marche à pied. 

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 Le lendemain, Séverine - qui y a un abonnement - m'a proposé d'aller visiter l'exposition permanente du SF MOMA (Museum of Modern Art). Le SFMOMA vient de bénéficier d'une donation importante - celle de collectionneurs privés qui leur a donné un nombre impressionnant d'oeuvres contemporaines. Du coup, le MOMA a construit un bâtiment supplémentaire !
C'est un musée très vaste, très bien conçu, avec des oeuvres variées et admirablement mises en valeur
Nous y sommes allés le jeudi soir, pendant la nocturne (18-21 h), beaucoup moins fréquentée. Il y avait en particulier dans une salle une installation étonnante que les photos ont du mal à rendre... Disons qu'on se baladait sous et au milieu d'elle, et qu'elle était faite de cables tendus pour figurer des atomes et des molécules, et de miroirs qui renvoyaient la lumière et le reflet des visiteurs.












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Vendredi et samedi dernier, j'étais invité au Lycée français de San Francisco.
C'était le dernier jour des Terminale (ils vont réviser leur bac) et c'était donc également "Senior Prank Day" (littéralement : "Le jour des blagues des Terminale). Ils avaient sortis chaises et tables dans la cour, bloqué certaines portes avec du scelofrais, mis de la vaseline sur les poignées et tapissé la salle des profs de papier alu. Et pendu du PQ aux balcons, aussi... 

Mais j'étais là pour parler d'écriture, de fiction, de narration et de médecine, et les élèves étaient très intéressés (j'ai surtout eu affaire à des collégiens et des Seconde) et toute l'équipe extraordinairement accueillante, et c'était marrant d'arriver dans un lycée un peu sens dessus dessous...



Le lendemain, c'était leur première journée de la science, il y avait des ateliers partout, organisés par des élèves du primaire à la troisième, et ouverts aux parents.
Je devais parler de la relation de soin, et j'ai eu affaire à une vingtaine d'adultes (leurs enfants étaient en train de s'amuser dans les ateliers). C'était très agréable d'être là pour mes deux métiers, et de rencontrer le même intérêt pour les deux, aussi bien de la part des enfants que des adultes.

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Le dimanche, je suis allé au SF Jazz Center. Le festival de Jazz de SF commence seulement après mon départ (le 5 ou le 6 juin) mais la pianiste et chanteuse Eliane Elias s'y produisait quatre fois pendant la semaine. La dernière était un concert en combo avec le groupe de fusion "Steps Ahead", avec qui elle avait fait ses débuts à NYC au début des années 80. 

J'ai payé ma place 30 $ (25 euros) et j'étais tout en haut, juste au-dessus de la scène, assis comme au bord d'un bar, sur une chaise haute, mais l'acoustique était impeccable, et c'était un concert fabuleux. Je n'avais jamais entendu Steps Ahead et je dois dire que Mike Mainieri, le vibraphoniste, m'a époustouflé autant que Eliane Elias. Les trois autres musiciens, Marc Johnson (contrebasse), Bob Shepard (Saxo) et Peter Erskine (batterie) ont tous également donné des solos étonnants. 

Voilà, c'est tout pour cette deuxième semaine. Et c'était une belle manière de la conclure, en musique. 
(A suivre)... 

Le troisième épisode est ici.