Et donc, j'ai passé deux mois (septembre-octobre 2024) en résidence en Touraine et dans la Sarthe, en vue de l'écriture d'un roman, sur l'invitation de la bibliothèque municipale (ci-dessous) avec le soutien du CICLIC (le programme est ici) et sous le patronage bienveillant de Céline Gitton, responsable de l'action culturelle de la bibliothèque, que je ne remercierai jamais assez.
J'ai fait beaucoup de choses en France, pendant cette résidence, à commencer par (re)voir des membres de ma famille (ci-dessous, ma tante Armande, 102 ans et toute sa tête) que je n'avais pas vus depuis plusieurs mois ou années, et que j'embrasse ici affectueusement. (J'embrasse aussi ceux que je n'ai pas pu voir, y a pas de raison.)
Je suis aussi allé présenter mes deux bouquins parus dans l'année -- La vie c'est risquer, au Seuil et Au pays du mépris, chez Laffont, pour lequel j'ai fait en septembre un service de presse conséquent à l'intention de journalistes parisiens qui l'ont trouvé "trop gros" pour l'ouvrir... (En tout cas, c'est ce que l'éditeur s'est entendu répondre quand il leur demandait s'ils/elles l'avaient lu...)
Le silence des journalistes et critiques (ou soi-disant tels) n'a pas empêché des libraires de lire les bouquins et de m'inviter à en parler - à la Boîte à Livres à Tours, la librairie Thuard au Mans, L'Armitière à Rouen, La Nuit des temps à Rennes, La Galerne au Havre, Atout Livre à Paris et La Renaissance à TOulouse, qui avait organisé une rencontre croisée avec Baptiste Beaulieu à l'occasion de la sortie de son magnifique et émouvant Tous les silences ne font pas le même bruit, que je vous recommande vivement.
Le volume du livre, lui n'a pas empêché un certain nombre de lectrices et de lecteurs de s'y plonger, comme j'ai pu le constater lors des rencontres mais aussi grâce ma boîte courriel, dans laquelle des messages m'arrivent presque chaque jour.
Au cours de ces deux mois, j'ai également été reçu (avec Sophie Lhuillier, mon éditrice du Seuil) à la médiathèque de Poitiers ; à Angers par l'association Arts Sensibles (merci Sandra Bony !) à la Maison Olympe, la maison de santé gynécologique inclusive du quartier Monplaisir ; à Angers de nouveau à la librairie universitaire par des étudiant·e·s en médecine (merci Lily Bion !) ; à Tours pour une émission de TVTours (visible ici) et une autre de Radio Béton (audible ici) ; au Mans par le personnel et les patients du centre de l'Arche (merci Adélaïde Veegaert !). J'ai aussi participé, à Amiens, en compagnie de deux de mes camarades autrices de P.O.L, Christine Montalbetti et Julie Wolkenstein, à un passionnant colloque sur le roman choral (avec une passionnante visite de la cathédrale en prime, merci Aurélie Adler et Christian Michel !).
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La résidence d'auteur à Tours, en elle-même, consistait à participer à des rencontres sur divers thèmes (littérature, bande dessinée, séries télé, roman historique) avec divers·e·s intervenant·e·s dans les différentes bibliothèques de la ville. J'ai également participé à une rencontre autour de la santé des femmes à l'université François Rabelais en compagnie de deux historiennes et de deux médeciennes. J'ai aussi animé deux ateliers d'écriture et rencontré deux classes de première au lycée Ste Ursule et au lycée Clouet dont les élèves avaient lu le bel album d'Aude Mermilliod, Le Choeur des femmes, et en avaient tiré un travail de (re)création passionnant.
Pour ces activités, j'ai reçu une rémunération et une indemnité de logement + transport (j'étais logé par des amis dans la Sarthe et à Tours même), et en plus, j'ai pu consulter de nombreux documents sur la région de Tours pendant les deux périodes qui m'intéressent : 1968 et 1940-1942. J'ai également pris de nombreux contacts avec des personnes passionnantes : documentalistes, bibliothécaires, historien·ne·s, archivistes, guides.
J'ai consulté les archives de la Nouvelle République de mai 1968 (dont voici une page au hasard)
et celles de La Dépêche, de mai 1942 (dont voici une autre page... pas au hasard).
Miracle de la technologie portative dont nous disposons en 2024, j'ai pu consulter, puis photographier avec mon téléphone, des pages choisies de ces quotidiens sans avoir à les éclairer et en les tournant du bout des doigts (elles sont fragiles) mais aussi beaucoup d'autres documents, car la salle de la bibliothèque de Tours consacrée au patrimoine est très riche en publications locales, comme celle-ci :
ou celle-ci :
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Je me suis évidemment rendu à la Bibliothèque Universitaire de la faculté de médecine de Tours (où j'ai fait mes études). Et justement, on y présentait une exposition sur quelques figures de femmes de science peu ou mal connues, de toutes les époques comme par exemple :
et aussi
Et bien d'autres. Si vous voulez voir toute l'expo, écrivez moi, je vous enverrai l'intégralité des panneaux en PDF.
Grâce à la gentillesse de sa directrice (merci Martine Augouvernaire ! ), j'ai pu consulter les archives de l'école de médecine de Tours pendant la seconde guerre mondiale, et accéder à des documents rares, tel un récit publié en 1946 et intitulé Les Heures tragiques, dans lequel un témoin de l'époque, Louis Chollet, relate le mois de juin 1940, au moment où l'armée d'invasion allemande arrive à Tours.
J'ai pu aussi constater que la bibliothèque de médecine a beaucoup changé (en bien), qu'elle est lumineuse et était à ce moment-là très occupée (mais on était en période d'examens).
Qu'elle possède un beau Memento Mori (qu'on appelle aussi une "vanité") en pied.
(Je ne sais pas s'il se nomme Martin, comme celui des Disparus de Saint-Agil, le film de Christian-Jaque (1938), mais il lui ressemble...)
Que le rayon médecine générale contient des volumes intéressants...
Et qu'il y a même dans cette B.U. un coin détente dans lequel j'ai pu poser mon sac et mon vieux corps pour travailler un peu, et que j'ai eu du mal à quitter : on n'a pas la même souplesse à 69 ans qu'à 22... (Il y avait trois sièges, une femme plus jeune que moi mais plus âgée que les étudiants s'était installée sur le troisième. Elle m'a confirmé qu'il était difficile de s'en extraire, pour toutes les raisons imaginables. A commencer par le fait qu'on s'y endort facilement.)
Et enfin, j'ai aperçu sur un mur une affiche qui m'a surpris agréablement.
Ce serait parfait si l'affiche portait un numéro à appeler, comme il y en a au R.-U. ou aux USA , mais bon, c'est déjà pas mal d'attirer l'attention sur le problème et de le désigner comme n'étant pas "normal".
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J'ai eu également l'occasion de me rendre (à la fin d'une visite guidée du quartier proche de la bibliothèque), au Musée du compagnonnage, où j'ai pu contempler une nouvelle fois une réalisation fascinante :
Sur la notice placée sous le présentoir, on peut lire :
"Grille de Parc
Grand chef-d'oeuvre du compagnon serrurier du devoir Léopold Habert, "Léopold le Tourangeau" (né à Loches en 1857, mort à Beaulieu-Lès-Loches en 1939), Meilleur Ouvrier de France en 1924.
Cette grille de parc, exécutée au dixième entre 1878 et 1892 (14 ans de travail) est composée de 2325 éléments en fer forgé qui totaliseraient, une fois déployés, une longueur de 73 mètre. L'ensemble fonctionne comme un modèle réduit.
Remarques : (...) L'horloge ainsi que les portraits des portes sont en acier massif sculpté. Ils se retirent à volonté pour mettre une montre et des photographies. (...) "
Les instruments disposés sur le coussin rouge devant le portail sont les outils que le compagnon serrurier Léopold Habert a fabriqués spécialement pour pouvoir assembler son chef-d'oeuvre.
et Babou à Vitry.
En voilà une belle idée. Comme toujours j'aime votre modestie à partager le processus créatif que d'autres gardent secret. Merci de nous faire ce cadeau. Inspirant.🙏
RépondreSupprimerTellement de plaisir à vous lire ( depuis longtemps et durablement). Votre livre sur le mépris est d'une grande valeur littéraire et argumentaire. Le propos est clair et il dénote une grande maîtrise de la langue et de la nature humaine. Je vais prendre le temps de le lire dans son intégralité et plus lentement. Merci encore.
RépondreSupprimerMerci !
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