vendredi 23 septembre 2011

Les (non, quelques uns) films de ma vie, exercice n°19 (par Marie D.)




On est bien d'accord que ce ne sont pas nos trois films préférés, mais trois qui nous ont marqués dont il est question dans cet exercice.
On peut aussi (il va bien s'en trouver pour l'être) être d'accord pour dire que ces films que nous citons ici et maintenant ne seront pas forcément ceux que nous citerons demain ni que nous aurions cités hier.

« Jeux interdits », réalisé par René Clément (1952), avec Brigitte Fossey (la seule comédienne dont je me souvienne).
Je l'ai vu enfant (mais pas en 52, je n'étais pas née, j'ai du le voir vers 1976), avec mes parents et mon frère. Je n'ai aucun souvenir de la salle, du moment, seulement que c'est avant ou après être allés chez mes grands-parents. J'associe ce film à l'escalier menant à la partie habitée de leur maison, et à l'angoisse qu'il a semée en moi, celle-là même qui gouverne encore parfois ma vie. Même 35 ans plus tard.
Ce film se résume dans ma mémoire à la scène où tous ces gens fuient, subissant l'attaque aérienne qui va tuer tous les proches du personnage de Brigitte Fossey (enfant du même âge que le mien), ainsi que son chien qu'elle continuera à serrer contre elle (et qu'une grosse dame jettera quand elle s'en apercevra). 
Je pense que je n'aurais pas du voir ce film à cet âge-là. Je n'en suis pas sûre, je ne sais pas si c'est une question d'âge ou de personnalité. Comment savoir ce qui va marquer un enfant et pas un autre?
Voir sur l 'écran se matérialiser l'une de mes peurs l'a rendue réelle, palpable, avérée.
En prendre conscience a été un travail tout récent.
A ce jour, avec mes deux enfants, je n'ai toujours aucune réponse sur l'effet que peuvent produire certaines scènes sur leur psychisme, ni ce qu'ils en garderont.

J'ai vu ce film deux fois, vers 20 ans. La première avec des amis et le garçon dont j'étais amoureuse, à un moment où notre histoire était entre deux eaux.
Je n'ai pas aimé le film, je l'ai trouvé bavard, bruyant et trop long pour ce qu'il racontait. 
J'ai l'ai revu quelques mois plus tard, en version longue et je l'ai trouvé beau. Toujours pas renversant, mais beaucoup mieux que la première fois. J'étais alors avec un autre garçon, au début de notre histoire.
Le contexte (on peut appeler ça comme ça, non?) m'est alors apparu comme très influant dans la façon dont on reçoit les œuvres, j'essaie d'en tenir compte quand quelque chose ne me touche pas.

« In the mood for love » réalisé par Wong Kar-Wai (2000)
Je regrette de ne pas avoir vu ce film au cinéma, je ne l'ai découvert que l'an dernier lors de sa diffusion sur arte. 
Je l'ai vu seule chez moi, les membres de ma famille dormant ou étant occupés à autre chose.
Je ne peux retenir une scène en particulier, c'est l'esthétique globale du film qui me scotche, la finesse avec laquelle le lien unissant les personnages de Maggie Cheung et Tony Leung  est traité, la bande son et sa dynamique.
Ce film m'est apparu d'une intensité presque érotique alors qu'il ne comporte aucune scène de sexe. 
Pour le coup, le contexte n'est pas folichon (je suis seule sur un canapé inconfortable, le son est bas c'est une soirée froide et sans lumière) et la grâce que l'œuvre opère.

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Je trouve amusant que dans cet exercice ne figure aucun film comique, comme si, alors que je suis très fan de ce genre, il ne pouvait pas me marquer.
Mais il en fallait trois!