SUICIDE DU SALON DU ROMAN
Le salon du roman est mort, samedi soir en
région parisienne.
La rédaction du journal et l’auteur de ces
lignes sont bien sûr effondrés et présentent leurs condoléances à la famille de
la grande littérature.
Les circonstances qui entourent cette
disparition sont tragiques, mais nous ne pouvons écrire ici que rien ne
laissait prévoir cette fin. En effet, nous avions rencontré le salon du roman
quelques jours avant son geste funeste. Il s’était confié à nous et son ton
était quelque peu déprimé : « Vous savez, il en faut de l’énergie
pour continuer à me tenir, comme cela, droit dans mes bottes, tous les ans.
Alors que, je peux bien vous le dire, j’en ai plus qu’assez de cette population
d’auteurs, qui ne pensent qu’à venir chez moi, pour se distraire, passer un
week-end de loisirs, à picoler, à s’empiffrer aux frais de la princesse, à assouvir
leur besoin de copulation, prétextant me présenter leur dernier ouvrage, la
plupart du temps, un livre écrit à la va-vite, de mauvais genre, noir,
humoristique ou pire des deux. Je sais bien que c’est de ma faute, que j’aurais
du être plus vigilant et ne permettre que la venue de vrais Livres de Littérature,
avec deux grand L »
Nous ne pensions pas que cette auto
flagellation était prémonitoire d’une disparition prématurée…mais chaque fois
que nous lirons un livre de grande littérature, que les auteurs de mauvais
genre osent parfois qualifier de poussiéreux, voire d’ennuyeux, nous aurons une
pensée émue pour notre salon disparu.
Bruno De La Vega