jeudi 25 novembre 2010

Suicide du Salon du roman - Par Bruno De La Vega (Ex. n°16, 1)


SUICIDE DU SALON DU ROMAN

Le salon du roman est mort, samedi soir en région parisienne.
La rédaction du journal et l’auteur de ces lignes sont bien sûr effondrés et présentent leurs condoléances à la famille de la grande littérature.
Les circonstances qui entourent cette disparition sont tragiques, mais nous ne pouvons écrire ici que rien ne laissait prévoir cette fin. En effet, nous avions rencontré le salon du roman quelques jours avant son geste funeste. Il s’était confié à nous et son ton était quelque peu déprimé : « Vous savez, il en faut de l’énergie pour continuer à me tenir, comme cela, droit dans mes bottes, tous les ans. Alors que, je peux bien vous le dire, j’en ai plus qu’assez de cette population d’auteurs, qui ne pensent qu’à venir chez moi, pour se distraire, passer un week-end de loisirs, à picoler, à s’empiffrer aux frais de la princesse, à assouvir leur besoin de copulation, prétextant me présenter leur dernier ouvrage, la plupart du temps, un livre écrit à la va-vite, de mauvais genre, noir, humoristique ou pire des deux. Je sais bien que c’est de ma faute, que j’aurais du être plus vigilant et ne permettre que la venue de vrais Livres de Littérature, avec deux grand L » 
Nous ne pensions pas que cette auto flagellation était prémonitoire d’une disparition prématurée…mais chaque fois que nous lirons un livre de grande littérature, que les auteurs de mauvais genre osent parfois qualifier de poussiéreux, voire d’ennuyeux, nous aurons une pensée émue pour notre salon disparu.

Bruno De La Vega