Molière, d’Ariane
Mnouchkine. Vu au cinéma de la ville voisine, en sortie avec le collège lorsque
j’avais 14 ans je crois. Je me souviens à la fois de la fin : la montée de
l’escalier et la mort, et d’une scène de voyage en roulotte. Je me souviens du
beau visage et de la présence de Philippe Caubère, qui incarnait tout à fait
Molière.
J’ai revu le film
sous forme d’épisodes quelques années après à la télé, en noir et blanc.
Bien plus tard
j’ai vu plusieurs spectacles de Philippe Caubère (et revus en VHS) dans
lesquels il incarne Ariane Mnouchkine. Et ma jubilation était intense lorsqu’il
évoquait/incarnait leur voyage à Cannes pour la sortie du film Molière. C’était
un retour dans le passé, un éclairage sur le film et les circonstances de sa
création, une plongée dans ce monde des théâtreux et la réalité d’une troupe
comme celle du Théâtre du Soleil.
Résultat : je
rêve depuis des années d’aller voir un spectacle d’Ariane Mnouchkine à la
Cartoucherie de Vincennes.
J’ai été à Paris
en juin, et j’ai pu passer du temps à la Cartoucherie, mais il n’y avait pas de
spectacle du Théâtre du Soleil.
Cela me donnera
une autre occasion d’aller à Paris…..
Le seigneur des
anneaux : le film d’animation de 1978, de Ralph Bakshi http://www.amazon.fr/Seigneur-Anneaux-Dessin-anim%C3%A9-1978/dp/B00005OSRU
Je l’ai vu à 14
ans, lors de mon premier voyage scolaire en Angleterre. Je ne connaissais
absolument pas Tolkien. Je ne comprenais rien à la langue et j’avais toutes les
peines du monde à m’adapter à la vie quotidienne anglaise (malgré une famille
très gentille et compréhensive). Tout le groupe a été voir ce film, auquel je
n’ai pas compris grand-chose. Sauf qu’il était important, qu’il méritait d’être
vu en VF pour que je le comprenne, et que j’allais lire Tolkien ensuite. Je me
souviens de certaines images du golum, et de sa voix.
J’ai réussi à le
voir quelques années après en français. Et il avait moins de saveur, moins
d’ampleur qu’en anglais, mais au moins j’ai compris le sens de l’histoire. Il
m’a permis de plonger dans l’univers écrit de Tolkien, depuis Bilbo le Hobbit
jusqu’au Seigneur des anneaux.
C’est le premier
film qui m’a fait une si grosse impression, parce que je savais, je sentais
qu’il était important mais que je souffrais de ne pas tout comprendre. Les
dessins seuls n’étaient pas suffisants.
Dersou Ouzala,
d’Akira Kurosawa (1975)
Vu au lycée, grâce
à mon prof de philo (un homme en or, qui nous faisait des devoirs de 4h le
samedi matin, en nous amenant des thermos de café et chocolat, les verres de sa
cuisine, et son pot de sucre). Il avait décidé que nous devions voir ce film, à
la MJC de la ville. Et c’était réellement un choc, de faire connaissance avec
Akira Kurosawa, la vision japonaise, et au-delà, la culture de la nature, tout
à fait à l’opposé de notre vision d’ado. Pas de cinéma Art et essai aux
environs, mais des profs militants et cultivés… Cette année-là d’ailleurs ma
prof d’espagnol nous avait montré Los olvidados de Bunuel (de 1947 quand
même !) et Un chien andalou (1928).
Donc Dersou
Ouzala, la taïga, le personnage du trappeur, l’humanité et l’amitié, et
l’histoire des peuples entre Russie et Mandchourie. Une belle leçon de vie, qui
m’a toujours semblée exemplaire et vivifiante. J’ai revu le film plus de 10ans
après. Et il y a quelques mois, devant une falaise, m’émerveillant du chant des
oiseaux, de cet endroit magnifique, mon moniteur d’escalade a parlé de ce film.
Ce qui ne m’a pas surprise de sa part, mais j’ai pu constater qu’aucun autre
grimpeur ne connaissait cette œuvre.
Le film est
important en tant que tel, mais aussi parce que je l’ai vu dans ces
circonstances et grâce à cet homme très fin et perspicace, qui nous a
distillé de la culture de manière très diverse pendant l’année de philo.
Je pourrais aussi
ajouter Le décalogue de Kieslowski, vu en VO au cinéma Art et essai de ma
ville. La plongée dans l’univers de l’auteur au point de tout voir, de parvenir
à savoir quelques mots de polonais, de tout revoir sur ARTE y compris les
documentaires sur l’œuvre. J’ai beaucoup aimé le noir et blanc de ces films. Je
me souviens d’un père qui organise sa vie grâce à un ordinateur. Je vois encore
une femme rentrer chez elle et peindre. Et puis Bleu, Blanc et Rouge, et La
double vie de Véronique, la grâce d’Irène Jacob, de Juliette Binoche, de Julie
Delpy. La musique et la voix, les lumières et la sensibilité, la profonde
humanité et la composition des films.
Ou encore Meurtre
dans un jardin anglais, Drowning by numbers, Le ventre de l’architecte, Le
cuisinier le voleur sa femme et son amant, The pillow book de Peter Greenaway.
Des films bizarres, incompréhensibles pour mes proches. Mais beaux, étranges et
poétiques, profonds. Vus dans un moment de ma vie où je ne pouvais laisser ma
créativité s’exprimer, ni mes aspirations, sauf en allant voir des films.
Je pourrais aussi
citer le film de Théo Angelopoulos Le regard d’Ulysse, dont la musique me remue
toujours. A ce moment-là mon frère travaillait dans ces régions tourmentées et
le film me montrait les paysages qu’il traversait, me donnait à voir un peu des
épreuves qu’il endurait…. Je me souviens de paysages, de murs détruits, de
rivière, et d’Harvey Keitel, profondément émouvant. J’ai repensé à ce film au
mois d’août, quand Ibrahim Maalouf, trompettiste franco libanais, a interprété
à Marciac son morceau intitulé Beyrouth : il a raconté les circonstances
de la création du morceau, et nous a fait entrer dans cette ville en partie reconstruite,
et toujours détruite par endroit. La musique commence lentement, très
harmonieusement, et puis elle suit le regard de l’enfant (il avait 12 ans quand
il a composé ce morceau) qui découvre soudain cette rue aux murs détruits et
bombardés. Et soudain nous voilà assourdis par du rock, des flots de notes
profondes et féroces qui agressent mais suivent un fil conducteur avant de se
calmer.
Lyjazz