"Marraine, Parrain" Claude Pujade-Renaud, Daniel Zimmermann et "Nouvelles Nouvelles"
Dans quelles circonstances avez-vous publié vos premiers textes de fiction ?
Pendant mes études de médecine, je me suis mis à lire de la littérature
française. J’avais lu peu d'auteurs francophones dans mon adolescence, surtout des auteurs atypiques (Robert Merle, Boris Vian, Maurice Leblanc, Jules Verne, Henri Vernes, Stanislas-André Steeman) et beaucoup d’auteurs anglo-saxons, qui m’avaient appris à
construire des histoires, mais j’avais besoin de nouveau de trouver des modèles chez des auteurs qui
écrivaient dans ma langue. Je me suis mis à lire Butor, Robbe-Grillet, les
livres publiés par les éditions de Minuit – en particulier L’établi de Robert Linhart, qui m’a profondément marqué. Et aussi
les livres de la collection Fiction et
Cie de Denis Roche, qui ont commencé à paraître en 1974. J'ai beaucoup lu Jean-Luc Bénoziglio, en particulier, dont j'ai adoré tous les livres (Cabinet portrait, Le jour où naquit Kary Karinaky, Tableaux d'une Ex, L'écrivain fantôme...) (En cherchant sa page wikipédia j'ai réalisé qu'il est mort il y a quelques semaines seulement, Damn !!!!) J'aimais les romans atypiques, excentriques, contournés.
Un jour, sur une table de nouveautés, à la librairie La boîte à livres, à Tours, je suis tombé sur un bouquin qui m’a saisi. Un gros bouquin, avec le mot « romans » au pluriel, écrit sous le titre, avec le plan d’un immeuble en coupe, un index de tous les personnages cités dans ses six cent et quelques pages. Un monument. J'achète toujours les livres de la même manière : je vais dans les librairies, je prends les livres qui me parlent, et celui-là m’a parlé immédiatement. L'épigraphe - Regarde, de tous tes yeux, regarde ! – m’a fait rire, parce qu’elle était tirée de Michel Strogoff ; or, la péripétie cruciale du roman de Verne repose sur le fait que pendant tout le dernier tiers du bouquin, le héros est aveugle... A la fin du bouquin que je tenais dans mes mains, il y avait un paragraphe disant en substance : « Ce livre contient des citations parfois légèrement modifiées de… » avec une liste de noms que pour la plupart je ne connaissais pas et, au milieu, le nom d’un auteur de SF, Theodore Sturgeon, que je ne m’attendais pas à trouver dans un roman français.
Un jour, sur une table de nouveautés, à la librairie La boîte à livres, à Tours, je suis tombé sur un bouquin qui m’a saisi. Un gros bouquin, avec le mot « romans » au pluriel, écrit sous le titre, avec le plan d’un immeuble en coupe, un index de tous les personnages cités dans ses six cent et quelques pages. Un monument. J'achète toujours les livres de la même manière : je vais dans les librairies, je prends les livres qui me parlent, et celui-là m’a parlé immédiatement. L'épigraphe - Regarde, de tous tes yeux, regarde ! – m’a fait rire, parce qu’elle était tirée de Michel Strogoff ; or, la péripétie cruciale du roman de Verne repose sur le fait que pendant tout le dernier tiers du bouquin, le héros est aveugle... A la fin du bouquin que je tenais dans mes mains, il y avait un paragraphe disant en substance : « Ce livre contient des citations parfois légèrement modifiées de… » avec une liste de noms que pour la plupart je ne connaissais pas et, au milieu, le nom d’un auteur de SF, Theodore Sturgeon, que je ne m’attendais pas à trouver dans un roman français.
J’ai reposé le livre, et je suis revenu tourner
autour chaque jour pendant une semaine, avant de l’acheter. C’était La Vie mode d’emploi de Georges Perec,
et ce « romans » a changé ma vie parce qu’il me semblait contenir
toutes les littératures possibles, et la métaphore du roman comme puzzle - dont
l’auteur est le fabriquant retors et le lecteur un explorateur qui remet les
pièces en place - m’a évidemment transporté. Après ça, j’ai lu tout ce que je
trouvais de Perec, je suis passé à l’Oulipo (les romans de Calvino et Mathews, La Belle Hortense de Jacques Roubaud...), et ça m’a ouvert un univers dont
j’ignorais complètement l’existence. La mort de Perec en 1982 m’a fichu un sale
coup, il n’avait que quarante-six ans, j’attendais chacun de ses livres avec
impatience.
Je me sentais comme les amis rassemblés aux funérailles d'Ernst Lubitsch - Billy Wilder
soupire : « C’est fini, il n’y a plus de Lubitsch… » et William
Wyler répond : « C’est pire que ça ! Il n’y aura plus de films de Lubitsch! » - à ceci près que
je n’avais personne à qui parler de mon deuil et du grand modèle que j'avais perdu. Un ou deux ans avant, je m’étais mis à
écrire un grand roman dont la construction était très inspirée par celle de La Vie mode d’emploi et la disparition
de mon modèle a transformé ce projet en une sorte de grande oraison funêbre,
dont je n’arrivais pas bien à faire le tour. Alors, pour ne pas perdre courage,
j’écrivais aussi des nouvelles et je cherchais à les faire publier.
Il n’y avait pas beaucoup de revues ouvertes aux débutants en France, dans les années 80. Il n'y avait pas de blogs, pas de revues en ligne. On m’a refusé des textes à
plusieurs reprises, mais je ne me décourageais pas. J’étais à l’affut de toutes
les revues qui publiaient des textes de fiction, et un jour je suis tombé sur
un trimestriel moyen format, Nouvelles
Nouvelles. Il y était expressément indiqué que la rédaction cherchait des
textes d’auteurs débutants. Je me suis abonné à la revue et je lui ai envoyé
« Spectacle Permanent », un texte que j’avais écrit et récrit une
douzaine de fois, au moins. Et non, ce n’était pas une histoire de médecin,
mais celle d’un jeune homme qui passe son temps au cinéma de son quartier et
qui est amoureux de la caissière…
J'attendais une acceptation ou un refus, et
j'ai reçu... une lettre me disant qu'il fallait que je retravaille ma nouvelle.
Sans autre précision. Ça m’a un peu énervé, alors j’ai appelé la revue. Je suis
tombé sur la rédactrice en chef à qui j'ai demandé ce qu'il fallait que je
retravaille, exactement. Elle semblait hésiter à me répondre, elle tournait
autour du pot mais, comme j'insistais, elle m'a expliqué qu'il y avait, au
milieu de la nouvelle, une digression de deux ou trois pages qui en cassaient
le rythme. Elle me conseillait – enfin, si je voulais bien – de les retirer,
quitte à les réutiliser plus tard dans un autre texte. J'ai soupiré de
soulagement. Je pensais qu'elle allait me demander de tout récrire !
J'ai
procédé à l'amputation demandée – ça ne m'a pas fait mal, j'étais trop excité
pour sentir la moindre douleur – et j'ai fait les sutures pour que ça ne se
voie pas (je n'étais pas rédacteur à Prescrire
pour des prunes), et je lui ai renvoyé le texte. Spectacle Permanent (1) a été publiée dans Nouvelles
Nouvelles n°8. Et rapidement, j’ai fait la connaissance de ses deux
fondateurs, Claude Pujade-Renaud
et Daniel Zimmermann. Ils avaient été enseignants, ils vivaient ensemble, ils
écrivaient, se relisaient et se critiquaient mutuellement, et composaient aussi
des livres à deux.
A ce jour, Claude Pujade-Renaud a publié treize romans (le plus connu, Belle Mère, a reçu le Goncourt des Lycéens en 1994 ; le dernier en
date, Dans l'ombre de la lumière, est
sorti en 2013), une demi-douzaine de recueils de nouvelles, des recueils de
poèmes, des ouvrages de pédagogie.
Entre 1961 et sa mort en 2000, Daniel Zimmermann a écrit une vingtaine de romans et recueils, de La Garderie à l'Ultime maîtresse, en passant par un grand cycle intitulé "Les Banlieusards".
Il était aussi l’auteur de deux grandes biographies - d'Alexandre Dumas et de Jules Vallès.
Il a également co-fondé la fédération française de karaté et créé la collection Sciences de l'éducation aux Editions sociales. Ensemble, Claude et Daniel ont publié des romans pour adolescents, des ouvrages autobiographiques (Les écritures mêlées, Duel)
et un roman érotico-satirique sur le monde universitaire français, Septuor – qui pourrait être les Liaisons dangereuses des années quatre-vingt-dix, au vitriol.
Bref, ils n'ont pas perdu leur temps. Et tout ça, en publiant des auteurs consacrés et des débutants dans Nouvelles Nouvelles, qui parut de 1985 à 1992 et reste à ce jour, à mes yeux, la meilleure revue française de littérature au monde.
Entre 1961 et sa mort en 2000, Daniel Zimmermann a écrit une vingtaine de romans et recueils, de La Garderie à l'Ultime maîtresse, en passant par un grand cycle intitulé "Les Banlieusards".
Il était aussi l’auteur de deux grandes biographies - d'Alexandre Dumas et de Jules Vallès.
Il a également co-fondé la fédération française de karaté et créé la collection Sciences de l'éducation aux Editions sociales. Ensemble, Claude et Daniel ont publié des romans pour adolescents, des ouvrages autobiographiques (Les écritures mêlées, Duel)
et un roman érotico-satirique sur le monde universitaire français, Septuor – qui pourrait être les Liaisons dangereuses des années quatre-vingt-dix, au vitriol.
Bref, ils n'ont pas perdu leur temps. Et tout ça, en publiant des auteurs consacrés et des débutants dans Nouvelles Nouvelles, qui parut de 1985 à 1992 et reste à ce jour, à mes yeux, la meilleure revue française de littérature au monde.
Je suis de parti pris, forcément.
Je me suis attaché à eux, on peut même dire incrusté. Ils sont devenus, volontiers
et très vite, mes "parrains" - et pour ainsi dire mes parents
symboliques - en écriture. J'ai lu compulsivement ce qu'ils avaient écrit avant
que je les rencontre et tout ce qu'ils ont écrit ensuite ; ils sont devenus des
figures récurrentes de mes livres : on les voit apparaître sous les prénoms inversés de Danièle et Claude dans La Maladie de
Sachs ; un de mes personnages récurrents, Angèle Pujade, est
partiellement modelé à l'image de Claude et, dans Le Choeur des femmes, le maître d'arts martiaux qui enseigna
l'aïkido à Jean Atwood, Enzo, a pour moi le visage de Daniel, mon maître. J’ai
lu tous ses romans, j’y ai découvert une autre manière d’écrire, brève,
incisive, à la fois elliptique et directe.
De même que mon père incarnait à mes yeux le "médecin modèle"
dont je parle sans arrêt dans mes livres, Claude et Daniel incarnent à mes yeux
les modèles de chair et de sang aux côtés des modèles fantasmés qu'étaient déjà Asimov
et Perec. Ils m'ont montré qu'écrire était un métier, un mode de vie, une
manière de conduire son existence. A leur contact, j'ai été conforté dans
l'idée que l'écriture est un travail et non un don – 5% d'inspiration, 95% de
transpiration", disait Asimov – mais en publiant ma première nouvelle, ils
m'ont aussi permis de sortir de l'isolement. Je me souviens de ma terreur quand
je me suis rendu à la fête annuelle de Nouvelles
Nouvelles, chez eux, rue de l'Harmonie à Paris. Je me demandais vraiment si
j'étais à ma place parmi les auteurs, les journalistes, les critiques amis
présents ce soir-là. Je l'ai dit à Daniel, et il m'a engueulé. Il m'a beaucoup
engueulé, et c'était bon de se faire engueuler par un type comme lui.
Je me souviens que lorsque ma nouvelle a été publiée, j'ai demandé à Claude pourquoi elle avait tant hésité à me dire ce qu'il fallait retoucher. Elle m'a expliqué qu'ils avaient reçu, à peu près à la même époque, le texte d'un autre jeune écrivant, et lui avaient fait des remarques très précises sur les retouches à apporter à son texte. Il l'avait très mal pris, et leur avait repris son texte, auquel il ne voulait pas toucher. Claude et Daniel, qui tenaient à publier de jeunes plumes, avaient été désolé de le perdre et ils avaient peur que je réagisse de la même manière ; ils avaient été soulagés de voir que je prenais ça de manière constructive. Il faut dire que travailler à Prescrire m'avait habitué aux remarques, critiques, réécritures et retouches et je voulais que ma première nouvelle publiée soit aussi achevée que possible. Ils m'ont conforté dans l'idée qu'un texte de littérature, ça n'est pas un texte sacré.
Je me souviens que lorsque ma nouvelle a été publiée, j'ai demandé à Claude pourquoi elle avait tant hésité à me dire ce qu'il fallait retoucher. Elle m'a expliqué qu'ils avaient reçu, à peu près à la même époque, le texte d'un autre jeune écrivant, et lui avaient fait des remarques très précises sur les retouches à apporter à son texte. Il l'avait très mal pris, et leur avait repris son texte, auquel il ne voulait pas toucher. Claude et Daniel, qui tenaient à publier de jeunes plumes, avaient été désolé de le perdre et ils avaient peur que je réagisse de la même manière ; ils avaient été soulagés de voir que je prenais ça de manière constructive. Il faut dire que travailler à Prescrire m'avait habitué aux remarques, critiques, réécritures et retouches et je voulais que ma première nouvelle publiée soit aussi achevée que possible. Ils m'ont conforté dans l'idée qu'un texte de littérature, ça n'est pas un texte sacré.
Je me souviens du matin où, ayant lu le manuscrit de La Vacation, Daniel m'appela très tôt - il se levait à l'aube, à sept heures. Il était en pleine forme ; moi, j'avais deux petits de sept et cinq ans, je l'étais beaucoup moins. Il commença par énumérer tout ce qui n'allait pas dans mon bouquin. D'abord irrité et défensif, j'ai vite compris qu'il ne mentionnait que des bricoles, des coquetteries, des effets de style. Bref, des choses qui n'avaient pas grande importance par rapport au projet dans son ensemble. Et puis il passa à ce qui "marchait bien", me parla de la construction avec beaucoup d'enthousiasme… et finit en disant : "Bon, t'as encore du boulot à faire dessus, mais c'est quand même vachement bien." C'est un des moments de ma vie où j'ai été le plus fier d'avoir écrit quelque chose.
Je me souviens du jour où, aux "24 heures du Livre" du Mans
dont elle était l’une des invitées, j'ai apporté à Claude les récits de
rencontres avec mes patients publiés dans Prescrire.
Après les avoir lus, elle s'est écriée : "Martin, vous faites du
Balint ?" Oui, je participais, depuis plusieurs années, à un groupe deparole de médecins, sur le modèle développé par le psychanalyste Michael Balint
en Angleterre à partir de 1949.
Chaque mois, sous la supervision de Pierre
Bernachon, "Balintien" chevronné et médecin de famille à la retraite,
une dizaine de médecins cherchaient à élucider leurs difficultés relationnelles
avec leurs patients en se racontant, mutuellement, des histoires. Mes textes de
Prescrire étaient inévitablement
modelés par cette expérience, et Claude – à qui je n'en avais jamais parlé
auparavant - l'avait perçu. Elle m'apprit, à cette occasion, qu'il existait des
groupes Balint de psychomotriciens et d'enseignants, auxquels Daniel et elle avaient participé.
Quelques années plus tard, grâce à eux, j’ai fait partie d'une sorte de… groupe
Balint d’auteurs. Ou de ce qui, dans mon esprit, s'en rapproche le plus. Au
milieu des années 90, ils m’ont proposé de me joindre au groupe
qu'ils avaient constitué avec Alain Absire, Jean Claude Bologne, Michel Host et
Dominique Noguez. Nous nous réunissions une fois par mois, dans un bistro
parisien ; la première année, nous l'avons passée à écrire un roman collectif, léger et ironique, L'affaire Grimaudi. (L'histoire contournée d'une supercherie littéraire, évidemment.) La deuxième année,
nous apportions à tour de rôle des textes en travail. C'est à eux que j'ai lu
pour la première fois certains chapitres de ce qui allait devenir La maladie de Sachs.
Je dois une autre expérience marquante à Daniel. Un jour, en 1996 (je n'avais publié que La Vacation) Claude et lui m'ont invité à venir participer à une "soirée lecture" chez eux, avec d'autres amis et à partager un texte inédit. J'ai lu une nouvelle (restée longtemps inédite) intitulée "Cent mille recettes d'Auschwitz". Après m'avoir entendu la lire, Daniel est entré dans une colère olympienne. Plusieurs membres de sa famille étaient morts en camps de concentration. A ses yeux, je n'avais pas le droit de parler de ce que je ne connaissais pas. Ce n'était pas une nouvelle satirique, mais un travail de deuil, je l'avais écrite en toute sincérité, mais il l'avait prise tout autrement. Je croyais qu'il s'était fâché à jamais, et puis quelques mois plus tard, il m'a envoyé le manuscrit du roman auquel il s'était attelé peu après cet épisode. C'était L'Anus du Monde (1997 ; rebaptisé Le Dixième Cercle lors de sa reprise en Folio), un roman extraordinaire, qui n'a malheureusement pas eu le succès qu'il méritait. Il m'a remercié d'avoir (involontairement) déclenché l'écriture de ce texte, qui comptait beaucoup pour lui. En cela aussi, il m'a appris quelque chose : à savoir que les disciples ont autant d'effet sur les mentors que l'inverse.
Depuis sa disparition, il me manque beaucoup. J'aurais aimé lui
faire lire Les Trois Médecins et
savoir ce qu'il pensait de ce remake du
classique de Dumas – en l'écrivant, j'ai constamment pensé à lui et à son Alexandre Dumas le Grand, en souriant de
plaisir à l'idée de construire tout un roman sur cette réappropriation.
J'aurais aimé lui faire lire Le Chœur des
femmes et entendre ce qu'il aurait eu à en dire.
Heureusement pour moi,
Claude est toujours là, et chaque fois qu'elle reçoit un de mes livres, elle
m'écrit et, de sa prose brève et belle, qui dit toujours l'essentiel, me fait sentir que j'ai, d'une manière ou d'une autre, écrit quelque chose de
juste. On ne peut pas être plus gratifié que je le suis en lisant ces lettres-là.
A l'époque où je les ai rencontrés, j'avais besoin de rencontrer des
personnes réelles pour qui l'écriture n'était ni un hobby, ni un statut, mais
un mode de vie. J'avais besoin de modèles vivants, avec qui parler de tout, de
rien, de ce que j'écrivais et de ce que je vivais. J'avais besoin de figures
tutélaires qui me soutenaient dans le doute, me félicitaient du travail
accompli et se réjouissaient avec moi de mes succès. Ils ont été tout cela, et
plus encore. Et ils sont toujours là.
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- Des questions dans la salle ? Madame ? Monsieur ?