J'ai essayé et je me demandais si cela avait un intérêt en tant qu'exercice, d'autant que je serais très intéressée par la connaissance de ce phénomène chez d'autres écrivants.
La consigne pourrait être celle-ci "décrire votre désir d'écrire", en 500 mots maximum à la louche.
Et voici ma contribution :
Décrire le désir d’écrire
Le désir d’écrire reste une sensation intense même quand je n’écris rien, même si j’essaie d’écrire, assez présente au cours de la journée.
Et je me suis aperçue de la difficulté avec laquelle je parviens à décrire cette sensation, la pauvreté de ce qui vient.
J’essaie d’y travailler.
Une représentation de ce désir qui se mue souvent en besoin pourrait être une pièce dans un appartement fraîchement investi, qui contiendrait des cartons, des tas de cartons (nombreux et empilés).
Les habitants peuvent vivre confortablement dans cet appartement, manquent seulement quelques objets, quelques vêtements, quelques effets personnels (expression plaisante « effets personnels ») contenus dans ces cartons. Ils y ont accès librement, mais ce n’est pas si simple ; pour accéder au contenu convoité, il faut repérer le carton désigné, le localiser, parfois retrouver dans quel carton l’objet attend, puis parvenir à récupérer ce carton, peu accessible.
Cette image est vraie dans la mesure où elle traduit cette impression que ce que je pourrais écrire est déjà là, que je le contiens, même sous une forme embryonnaire, je peux continuer à vivre, sans jamais aller le chercher, mais je vis sous le même toit.
Voilà pour la partie « matière à écrire », mais ce désir d’écrire est également une tension, un bouillonnement, ou un bruit de fond, un peu comme un acouphène, présent quand l’alentour est calme, masqué par certaines fréquences qui distraient l’oreille et le cerveau.
Cette tension pourrait être illustrée par l’image d’un enfant ayant reçu à un anniversaire un nombre important de cadeaux convoités depuis longtemps. La projection du plaisir procuré par l’usage de chaque cadeau empêche, entrave la mise en action ; l’enfant aurait envie de jouer avec tous, individuellement mais simultanément et il ne sait par lequel commencer. L’idée même de l’utilisation de l’un d’eux est balayée par l’anticipation du plaisir procuré par un autre et ainsi de suite. Au final peut ne subsister que l’excitation provoquée par ces possibles.
Comme cet enfant, j’ai du mal à décider de ce que je vais écrire, et surtout, j’ai tellement envie de le faire, dans tellement de directions qu’elles s’annulent toutes, ou presque.
Cette envie de l’écriture ressemble donc bien à un désir (tension) soumis à la mise à disposition d’un matériau, dont la disponibilité reste aléatoire.