Tatiana Théron m'a écrit :
Petite question
du dimanche matin, je n'ai pas trouvé sur vos pages (mais je n'ai pas regardé
de manière très fouillée) vos impressions sur le lien de l'écrivain à ses
propres personnages. On connaît bien le phénomène d'identification du lecteur
mais qu'en est-il de l'écrivain qui épouse son personnage ? Ce n'est pas
completement comparable à l'acteur et son rôle mais tout de même, à force
d'être au plus près de ses personnages de fiction on finit parfois dans une
interaction inconsciente avec eux il me semble...
Je
lui ai répondu :
"Oula. C'est une question à 30 000 mots, ça ! Je ne crois pas que j'ai répondu à ça de manière "focalisée" dans un article du blog, par exemple ; j'en parle occasionnellement, mais vous me donnez envie de le faire de manière plus précise..."
Et puis je me
suis mis à écrire, et maintenant que j'ai fini (enfin, que j'ai le sentiment
d'avoir fini) je poste le résultat ici. Ce n'est pas un texte de 30 000 mots,
mais il fait tout de même 12 000 caractères, par là...
***
Bon, évidemment, il y a certains de mes personnages que j'épouserais sans aucune hésitation (Pauline dans La Maladie de Sachs, Emma dans Les Trois Médecins, Jean dans Le Choeur des femmes, Nora dans En souvenir d'André et certainement Claire dans Abraham et fils), du moins, si elles voulaient bien de moi. Il y en a d'autres en revanche que j'hésiterais à épouser même s'ils me voulaient. Non parce qu'ils ne sont pas très fréquentables mais parce qu'ils ou elles ne sont pas mon type.
Je n'hésiterais
pas une seule seconde à épouser Renée, la sœur-jumelle-et-chimérique (ils
habitent le même corps) de René dans Un pour deux et les deux
autres romans de La Trilogie Twain, même s'il me fallait
m’habituer à la voir transitionner en son frère sans
prévenir et attendre que René transitionne en sa soeur. Mais bon, par amour, on
peut accepter beaucoup de choses, et puis quand on épouse quelqu’un, on épouse
aussi sa famille, n’est-ce pas ? :-)
***
Ma réponse a
l’air d’une blague ou d'une dérobade, mais dans mon esprit elle indique bien
« où » je me situe par rapport à mes personnages : ce sont
toujours des entités extérieures. Même ceux ou celles qui semblent parler par
ma voix. Car, Stricto sensu, ils sont tous mes
porte-parole. Je leur fais dire ou penser ce que j’ai besoin qu’ils disent ou
pensent à ce moment-là. Je ne les épouse pas, je les utilise. Et comme ce ne
sont pas des personnes réelles, je n’ai pas de problème éthique avec ça. (Pas
plus que je n’en ai quand je fais exploser une médiathèque sous les fesses d’un
pseudo-philosophe et d’un politicien.) J'ai de plus la faiblesse de croire que
pour évoquer par écrit quelqu'un de très différent de soi (par l'expérience,
par les valeurs, par le corps ou n'importe quoi d'autre), il faut avant tout utiliser
les mêmes mots que lui ou qu'elle. Autrement dit : écouter
attentivement et plus tard écrire en se souvenant de ce qu'on a
entendu. Je ne fais pas autre chose quand, au début du Choeur des
femmes, j'écris quarante pages dans lesquelles Jean parle
"comme un mec" en exprimant son dégoût des "bonnes femmes"
et de leurs "histoires de fesses". Cette forme d'expression m'est
familière parce que je l'ai beaucoup entendue. Je peux l'utiliser comme si
c'était ce que je pense. (Non, je ne crois pas que lire ou entendre des
insanités, ça "contamine" la pensée... En tout cas, pas plus que le
reste.)
Est-ce que,
pour autant, l’éloignement ou la proximité sont les mêmes avec tous les
personnages ? Non, bien entendu. Je me sens plus proche de certains que d’autres,
mais pas nécessairement pour les raisons qu’on croit. Ainsi, dans tous mes
romans, plusieurs personnages – protagoniste, personnages secondaires, figures
satellites – expriment mes valeurs de manière plus ou moins ferme. Et quand ils
expriment des valeurs opposées aux miennes, ils sont encore l’expression de ma
pensée : on se définit aussi par ce qu’on récuse ou ce qu’on ne croit
pas.
L’idée qu’un
personnage est nécessairement le « double » de l’auteur est bien sûr
souvent erronée – ou, en tout cas, trop rapide. En ce qui me concerne, on m’a
beaucoup dit que Franz Karma, le médecin chevronné du Chœur des
femmes, me ressemble. Mais quand j’écrivais le roman, c’est à Jean, le
jeune médecin qui s’oppose à lui, que je m’identifiais. Pour moi, Karma représente
la figure tutélaire de qui j’aurais voulu apprendre. C’est un condensé de
plusieurs individus qui m’ont marqué tels que mon père, ou mon parrain en
écriture l’écrivain Daniel Zimmermann (ci-dessous à
droite)
ou
le personnage du Dr Niidé dans Barberousse de Kurosawa (ci-dessous, à
gauche) et d’autres. J’ai de l’admiration pour ces figures-là, précisément
parce qu’elles ne sont pas moi. Emotionnellement, je me sens beaucoup plus
proche de Jean, de ses certitudes et de sa peur, de ses préjugés et de ses
colères, et aussi du sentiment d’étrangeté qui l’habite. Je n’ai pas de
« particularité » anatomique visible mais, intérieurement, je
me sens intersexué.
De même, quand
j’écrivais Les Trois Médecins, je ne voulais pas purement et
simplement transposer mes études de médecine. J’ai trouvé plus
« juste » de ne pas en rester à mes propres expériences vécues, mais
d’intégrer, avec leur autorisation (et en les remerciant à la fin) des
anecdotes tirées de l’expérience d’autres médecins, ou d’en inventer, et
d’affecter mes propres souvenirs à plusieurs personnages du livre – Bruno,
ses trois amis mais aussi Emma et Diego.
***
Dans Abraham et fils, le roman que j’ai terminé
l’été dernier et qui paraîtra en février 2016 chez P.O.L, je
m’identifie bien sûr beaucoup au fils, Franz, et j’essaie de raconter
l’histoire de son point de vue de petit garçon en me rappelant comment (et ce
que) je pensais au même âge ou à peu près, mais bien entendu il ne s’agit que
d’une reconstruction. Ce que je raconte dans ce livre-là, je n’en ai pas de
trace concrète : tout s’est passé avant que je me mette à tenir un
journal. Je ne peux me fier qu’à ce que je crois me rappeler.
Et je sais que c’est très discutable. Dans les romans qui suivront, je vais
certainement puiser dans les cahiers que j’ai commencé à tenir à partir de
l’âge de 13 ou 14 ans. Ça ne veut pas dire que je raconterai mon
adolescence telle qu'elle s'est déroulée, évidemment. Mais ça renforcera mon désir de coller au plus près à mes sentiments de l’époque – via les mots que j’utilisais
pour les exprimer.
Dans Abraham
et fils, pour me rapprocher des émotions de l'enfance, j'en suis
venu entre autres à m'approprier deux héros des comic-books que
je lisais quand j'avais dix ou douze ans (le Sgt Frank Rock de Our Army at War -
à gauche - et Hans von Hammer de The Enemy Ace - ci-dessous)
et à en faire des personnages de mon roman : Frank Roth et Hans von Homer. Je
me sens évidemment très proche de ces personnages alors que je ne les ai pas
inventés, mais adoptés et adaptés à mon propos.
Même si Franz exprime des choses que j’ai pensées ou ressenties au même âge (si je me souviens bien), ce n’est pas moi : il a des pensées plus claires, mieux articulées, que je ne les avais ; il voit plus de choses que je n’en voyais ; il se pose des questions que je ne me posais pas. Par conséquent, s'il est légitime et même indispensable de croire à la réalité de Franz quand on lit le roman, il n'est pas moins indispensable, si l'on tient absolument à "analyser" ce qu'il pense ou dit, de se rappeler que Franz existe exclusivement dans la tête de celui qui l'écrit et de ceux qui le lisent... C'est un personnage, et non une personne réelle - A figment of our imagination.
En ce qui me
concerne – et je suis convaincu qu’il en va différemment pour chaque écrivant
–, je m’efforce non pas de raconter les choses telles qu’elles se sont passées,
mais d’une manière qui me permette de les comprendre aujourd’hui. Ou, pour le
dire autrement : je ne revis pas des situations que j’ai vécues, je
les réinvente, au sens où (ré)inventer c’est aussi (re)découvrir, mettre au
jour, comprendre, appréhender de manière plus claire.
J’ai le
sentiment d’écrire toujours un peu pour cette raison : pour
comprendre a posteriori ce que je n’ai pas compris sur le
moment parce que j’étais trop occupé à vivre (ou à survivre) à ce qui
m’arrivait. Donner du sens à ce qui, sur le moment, n’en avait pas. De sorte
que je ne me prends jamais pour mes personnages, et je ne les prends jamais
pour une version idéale de ma personne. Pendant que je les écris, je les
considère plutôt comme des « avatars », au sens où on l’entend dans
les jeux vidéo. Une fois que les livres sont terminés je les vois plutôt comme
des « doubles alternatifs », au sens où on l’entend dans les romans de SF
décrivant des réalités potentielles multiples et parfois simultanées. Pendant l'écriture, ils me guident dans la jungle. Une fois que le livre est écrit, c'est le lecteur ou la lectrice qu'ils guident.
J'ai
souvent pensé que la réflexion de Bernard Pivot lors de nombreux Apostrophes -
"Ce personnage, c'est un peu vous, non ?" - était source de...
confusion. Je ne vois pas comment un écrivant pourrait ne pas se
mettre un peu dans un personnage de livre, puisque c'est lui qui le décrit.
Alors, oui, c'est "un peu" lui. Mais ça n'est pas tout lui,
et il ne se réduit jamais à ce seul personnage. (Les êtres humains, c'est un
peu plus riche que les personnages de roman, quand même...)
C'est dans ce sens-là que j'ai toujours entendu (et
écrit, en italiques) le "Madame Bovary, c'est moi !" de
Flaubert. A mon humble avis, il ne parlait pas du personnage, mais du livre.
Bruno Sachs et Franz Karma et Abraham Farkas et son fils, ce n'est pas moi,
mais La Maladie de Sachs et Le Choeur des femmes et Abraham
et fils, c'est moi, sans réserve. Chaque foutu fucking bouquin, dans son
ensemble, c'est ma pomme.
Et, une fois
que les livres sont lancés dans la nature, ils ne sont plus à moi, ils sont phagocytés, ingérés, assimilés par le lecteur/la lectrice, mais ils portent quand même mon ADN
d'écrivant...
***
Au fond, si je
m’identifie à une entité, ce n’est pas à un ou à des personnages, mais au texte –
roman, nouvelle – qu’ils habitent. Et il en va de même s’il ne s’agit pas d’un
texte de fiction, mais d’un article ou d’un texte de réflexion comme celui-ci.
Parce qu’au fond, les idées et les sentiments ont beaucoup plus d'importance à mes yeux que les personnages (qui sont rarement décrits) ou les péripéties. C’est le mélange d’émotions,
d’étonnements et de réflexions qui est « moi » dans le texte, même si
une fois que ce texte est écrit, son existence est beaucoup remodelée par la
lecture qu’en font les autres.
Quand je relis certains textes longtemps après, je me rends bien compte que je ne les écrirais plus comme ça, mais ça ne me frustre pas : je l’assume, même si je me rappelle (ou je crois me rappeler) n’avoir pas travaillé aussi fort que à ce moment-là qu’à d’autres moments. Quand je le rends public, je l’assume, avec les longueurs, les approximations, les insuffisances. Parce que je l’ai relu, repris, corrigé, précisé, retravaillé un nombre incalculable de fois. C’est vrai aussi pour les textes en ligne : après les avoir longtemps composés et travaillés sur un fichier word, je les retouche une fois postés, je les relis et modifie une phrase, en supprime une autre, en rajoute une troisième et il m’arrive aussi de compléter un propos ou de le le préciser après avoir lu un commentaire d’internaute.
Quand je relis certains textes longtemps après, je me rends bien compte que je ne les écrirais plus comme ça, mais ça ne me frustre pas : je l’assume, même si je me rappelle (ou je crois me rappeler) n’avoir pas travaillé aussi fort que à ce moment-là qu’à d’autres moments. Quand je le rends public, je l’assume, avec les longueurs, les approximations, les insuffisances. Parce que je l’ai relu, repris, corrigé, précisé, retravaillé un nombre incalculable de fois. C’est vrai aussi pour les textes en ligne : après les avoir longtemps composés et travaillés sur un fichier word, je les retouche une fois postés, je les relis et modifie une phrase, en supprime une autre, en rajoute une troisième et il m’arrive aussi de compléter un propos ou de le le préciser après avoir lu un commentaire d’internaute.
Ce souci d'assumer le texte, quel qu'il soit, découle de deux prémisses très fortes dans mon esprit :
1° Ecrire c'est
dire ce à quoi on croit et, par conséquent, le défendre et l'assumer.
2° De ce fait,
tous mes textes sont porteurs des mêmes engagements - et donc des mêmes
responsabilités.
Je ne me sens
pas différent quand j'écris Le Choeur des femmes ou Contraceptions
mode d'emploi. Ce que j'exprime dans Le patient et le
médecin, je l'ai déjà exprimé maintes fois dans des articles de presse
et dans des romans comme La Maladie de Sachs ou Les
Trois Médecins. Ecrire c'est aussi "compromettant" que
parler. Et j'écris pour lancer des pavés.
Dans mes
tiroirs (ou mes dossiers informatiques), j’ai des flopées de textes. Des textes
inachevés, des ébauches, des réflexions, des lettres jamais envoyées, des
journaux intimes. Je ne les publie pas parce qu’ils sont des ébauches, ou appartiennent à ma sphère privée, à des zones de ma vie que je n’ai pas envie de rendre publiques, tout
comme les photos de mes enfants ou mes soucis personnels. (Mais je me demande
périodiquement quelles instructions laisser à mes proches au cas où je
disparaîtrais brusquement. Est-ce que je laisse les codes d’accès de mes boîtes
courriel ? Est-ce que je donne les codes d’ouverture des fichiers que j’ai
verrouillés ? Et à qui ? Et pourquoi faire ?)
Mais ce que je
mets en ligne, ce que j’envoie à un rédacteur en chef ou à mon éditeur, ou même
la lettre que j’adresse à quelqu’un pour lui dire ce que je pense de lui (en
bien ou en mal), je l’assume tout entier. C’est un peu pour ça aussi que je ne
vois pas d’inconvénient à ce qu’on m’enregistre pendant un entretien et qu’on
me cite même quand je dis des choses brutales : je les aurais dites de la
même manière en public. Je tiens à ce qu’on me cite. Sinon, je
me la boucle.
De sorte que je
ne renie aucun de mes textes, même si j'ai des réserves au sujet d'un
ou deux livres – ce ne sont pas des romans – que je n’ai pas le sentiment
d’avoir écrit de manière tout à fait libre et assumée. Mais lorsqu’il s’agit de
fiction, j’assume chaque texte, parce que j'ai été seul à la barre et j’ai une chance inouïe : mes
nouvelles et mes romans sont publiés et ils sont lus. De sorte que je me sens dans l'obligation morale de
les assumer, jusqu'à la fin de ma vie, et je le sais avant d'avoir écrit la première phrase. Si je
ne peux pas assumer un texte au grand jour (autrement dit : accepter d'être
interpellé pour avoir écrit ce texte-là), je ne le publie pas, je ne le poste
pas sur un blog, je le garde pour moi.
***
Mais encore une
fois, je ne perds jamais de vue que je suis un privilégié : je suis un
homme blanc, je suis né et je vis dans un pays riche, mes parents avaient assez
d'argent pour que je grandisse en bonne santé et que je bénéficie d'une bonne
éducation, j'ai gagné ma vie mieux que la plupart de mes contemporains, je
publie à peu près tout ce que je veux, et ce que je publie est lu ; c’est une
série de privilèges exorbitants. Je ne l’oublie jamais. Je ne prends jamais
rien pour acquis. Et dans mon esprit, ce privilège m’impose des obligations
incontournables – et en particulier de ne jamais écrire en vain –
je veux dire : de ne jamais trouver "normal" d’être un
écrivant publié, de ne jamais afficher comme un paon ma liberté d’écrire, de ne
jamais prétendre que c'est difficile ou dangereux... ou prendre des airs de
martyre ou d'ennemi public. Un écrivant qui n'a aucun mal à se
faire publier et dont les livres se vendent est un privilégié, et laisser
entendre qu'il souffre de l'incompréhension publique est, purement et
simplement une crapulerie et une indécence. Quand ils sont deux à le dire
ensemble, c'est du Grand-Guignol. Malheureusement, le ridicule ne tue
pas.
***
Dès que j’ai eu
la chance d’être très lu (La Maladie de Sachs) et de voir beaucoup de
gens me proposer d’écrire, d’intervenir, de parler (et de me payer pour faire
tout ça !), je me suis mis à réfléchir à tout ce que je disais et écrivais. Je
me suis mis aussi à écouter ce qu’on me disait : je me souviens qu’après avoir
rencontré Christian Lehmann (ci-dessous) pour la
première fois, je me suis efforcé de ne plus dire « Les médecins »,
mais « Des médecins » ou « Certains médecins » ou
« Trop de médecins » dans mes textes critiques. Parce qu'il m'a fait
remarquer que si je mets tout le monde dans le même sac, non seulement c’est
injuste, mais en plus ça oublie de dire qu’il y a des tas de gens qui font leur
boulot et dont on ne parle pas. Tous les mots sont importants. Même les
articles.
Cela étant, faire attention à ce qu’on écrit, c’est un
processus continu ; cela non plus, ça ne doit jamais être pris pour acquis.
Facebook et Twitter m’ont beaucoup appris à cet égard : plus on écrit de
manière réactive et fragmentaire, plus le risque est grand d’être compris de
travers... ou de répondre à côté de la plaque. Je n’avais pas ce problème-là
avant les réseaux sociaux. Je l’ai découvert quand je me suis vu en situation
de réagir, de répondre, d’intervenir de manière instinctive, sans la distance
qu’impose le fait de retravailler un texte. Et j'ai vu qu'il faut
tourner au moins 747 fois ses 140 caractères dans sa tête avant
de twitter. (Et bien lire, plusieurs fois, ce à quoi on réagit.)
Je
ne suis pas responsable de la manière dont l'autre me comprend, mais je suis
responsable de ce que je comprends, et de ce que je dis en
réponse à ce qu'un autre a écrit. Alors, même si je cours toujours le risque
d'être compris de travers, j'essaie d'être vigilant et d'écrire des choses
aussi précises et claires que possible, en y ayant mûrement réfléchi. De
manière à ne plus me sentir obligé de préciser ma pensée à
tout bout de champ. S’il n’est pas possible d'exprimer quelque chose en peu de
mots, alors mieux vaut attendre de pouvoir le faire en détail. (Cela étant, je suis comme tout le monde, je continue de temps à
autre à écrire ou à réagir de manière irréfléchie, et à prendre des volées de
bois vert, et c’est juste.)
De
même qu’un personnage, à mes yeux, n’est pas le seul élément déterminant d’un
roman (ce sont les lecteurs qui différencient les personnages et
en font des archétypes ou des figures symboliques, pas les écrivants qui les
ont « inventés »), il me semble qu'une idée, une réflexion, une phrase ne se suffisent
pas à elle-même. J’aime beaucoup les aphorismes, et par exemple j’essaie d’en
écrire comme autant de « piques » lancées à la réflexion des autres,
sur FB et sur Twitter. Mais au fond, ce que j’aime, ce n’est pas parler de
manière lapidaire comme si j’avais pu tout synthétiser en une phrase. Ce que
j’aime, c’est, à partir d'une idée qui me vient (ou qu'on me lance),
écrire-pour-approfondir-la-pensée, écrire au kilomètre, écrire le plus loin
possible, déborder.
Comme dans ce texte-ci, que je vous remercie d'avoir lu jusqu'au bout.
Comme dans ce texte-ci, que je vous remercie d'avoir lu jusqu'au bout.
(Et merci, Tatiana !)
Mar(c)tin