Prendre femme. Le film l’a marqué et s’il se trouve en cet instant même entre les deux agents chargés de le rapatrier, c’est parce qu’il a été contrôlé à la sortie du cinéma. Il n’a pas eu la place près du hublot. De profil, le visage de l’agent est déjà imprégné de rêveries que miroite l’horizon bleu au-dessus des nuages.
Trouver les coordonnées de Ronit Elkabetz. Il se rendra au cybercafé dont il a été un habitué pour solliciter l’efficacité de google et pouvoir dire tout le bien qu’il pensait du film, de l’actrice et de la réalisatrice. L’hommage à la dame se construit par nappes nourries du sourire de l’hôtesse blonde à l’accent de l’Est. A dix mille kilomètres au-dessus des âmes humaines qu’on ne voit plus. Il aurait aimé être une bernache.
Embrasser les mains de sa mère, celles de son père, puis ses frères et sœurs. Quatre années de clandestinité ne donnent pas le temps pour penser à faire des cadeaux aux êtres chers quittés alors pour le meilleur. Ni de bonbons pour les gosses du quartier pauvre où il a grandi. Embrasser même les voyous et les filles que la cruauté humaine n’épargnait pas.
Essayer de garder bonne figure auprès des ados qui l’ont érigé en héros parce qu’il a tout défié pour partir à la grande aventure du siècle des hordes indésirables et surtout parce qu’ils ne pensent qu’à faire comme lui, ces gosses. Il a laissé quelques gouttes de sueur perler sur son front et les a vues traces humides étalées sur le sol européen. Il revient certes, pourvu qu’on comprenne qu’il y a pire. Il ramène deux mille euros et des poussières et des choses vécues à raconter.
Acheter une télécarte, puis appeler d’un télékiosque à l’air libre en composant le numéro griffonné sur du bout de papier à jeter après la folle lubie. Les coordonnées sont, à coup sûr, celles de l’agent qui n’a jamais le temps pour les sornettes d’un autre monde, véhiculées par des milliers de kilomètres de câblage, venant d’un homme expulsé et qui, de nouveau, doit tout prouver.
Essuyer de nouvelles sueurs encore et encore, essuyer les pieds bénis de sa mère et puis…
Prendre femme, celle dont l’amour est le plus sublime sens à donner et à recevoir.
mercredi 14 avril 2010
Partir, revenir (exercice n°12, 15) - par Elisabeth L.
Prendre un avion pour ailleurs, et croire que cela allait changer ma vie, quelle illusion.
Je croyais que le monde me serait donné et il est resté à distance.
Je croyais rencontrer les autres et ils n’ont fait que chercher à m’éviter.
Je croyais oublier mon passé et il m’est revenu en boomerang.
Ce que je voulais c’était changer de vie, mais on n’en a qu’une seule.
Etre quelqu'un d’autre, n’importe qui de préférence !
J’ai pourtant fait les pieds au mur dans ce pays des Antipodes.
« Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! » comme dit le poète1.
Et maintenant je reviens las et je sais pourtant quelle est la voie.
Changer de tête, pas de visage, changer l’intérieur de ma tête.
Et cela ne peut venir que de moi.
Et peut-être aussi, qui sait, de la lettre que je vais recevoir.
Je croyais que le monde me serait donné et il est resté à distance.
Je croyais rencontrer les autres et ils n’ont fait que chercher à m’éviter.
Je croyais oublier mon passé et il m’est revenu en boomerang.
Ce que je voulais c’était changer de vie, mais on n’en a qu’une seule.
Etre quelqu'un d’autre, n’importe qui de préférence !
J’ai pourtant fait les pieds au mur dans ce pays des Antipodes.
« Amer savoir, celui qu’on tire du voyage ! » comme dit le poète1.
Et maintenant je reviens las et je sais pourtant quelle est la voie.
Changer de tête, pas de visage, changer l’intérieur de ma tête.
Et cela ne peut venir que de moi.
Et peut-être aussi, qui sait, de la lettre que je vais recevoir.
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