dimanche 20 février 2011

Deux en un


Un : Deux ans à Montréal

Il y a deux ans, en février 2009, j'arrivais à Montréal.
Quand j'y pense aujourd'hui, j'éprouve un sentiment mêlé d'étonnement et d'évidence.
Je rêvais de vivre en Amérique du Nord depuis que j'y avais passé un an, à l'adolescence. J'étais amoureux de Montréal depuis la première fois que j'y avais mis les pieds pour la première fois, en 1999, grâce à La Maladie de Sachs et aux multiples invitations qui m'avaient permis d'y revenir presque chaque année.

A mon arrivée, j'étais très heureux, mais ceux qui m'ont accueilli ici (les amis, les collègues du CREUM) m'ont dit à plusieurs reprises : "Tu vas peut-être être déçu."

Ca fait deux ans que j'habite ici et je ne suis pas déçu le moins du monde. Je me sens chez moi, dans cette ville, dans ce pays.

Qui plus est, vivre à Montréal m'a libéré à bien des égards. Mon statut de chercheur, même s'il est modeste et temporaire, m'a ouvert beaucoup de portes et de perspectives. En deux ans, j'ai pu assurer deux charges de cours - l'une (à l'automne 2009) d'éthique clinique, l'autre (à la session d'hiver 2011) de création littéraire. J'ai écrit deux romans (Le Choeur des femmes, paru chez P.O.L en 2009 ; Les Invisibles, à paraître au Fleuve Noir en mai 2011). J'ai publié plusieurs dizaines d'articles et de chroniques, dont une demi-douzaine en langue anglaise. J'anime actuellement un atelier d'écriture "Ethique et Fiction", et on m'en a confié deux autres, l'un au festival "Métropolis Bleu" de Montréal (fin avril 2011) ; l'autre à la Faculté de Lettres de Tours (fin mars 2011). J'ai participé à une dizaine de colloques en tant que contributeur et fait une quinzaine de conférences (dont trois ou quatre par Skype !). J'assure trois chroniques : l'une, mensuelle et médicale, sur le site passeportsante.net ; la seconde, culturelle et mensuelle dans les journaux du groupe "Centre France" (dans l’édition du dimanche, face à la page « Livres ») ; la troisième, médicale et bimestrielle, dans le magazine de consommation santé québecois « Protégez-vous ».

Je n’arrive pas à écrire régulièrement pour « Rover Arts », le blog montréalais culturel anglophone. J’y ai posté trois articles sur la télévision l’an dernier et depuis, plus rien. C’est sans doute le reflet de mon relatif désintérêt critique pour les séries. Je continue à en regarder (j’aime ça ; comme j’aime lire et aller au cinéma) ; mais je n’ai plus grand-chose à en dire. En tout cas, pas en ce moment.


Paradoxalement, je me sens au moins aussi "occupé" que je l'étais en France, mais beaucoup moins fatigué. La plupart de mes activités se déroulent à Montréal (bon, je vais à Chicoutimi la semaine prochaine et à Sherbrooke en mars, mais ça reste ponctuel). Je passe beaucoup de temps dans le bus et le métro (40 minutes de trajet entre domicile et bureau) mais je lis beaucoup plus qu'auparavant (dans le TGV entre Le Mans et Paris, je m'endormais...).

Je lis beaucoup plus.  J'écris toujours beaucoup. J'ai le sentiment de penser plus. Plus librement. Plus clairement.

Partir c'est rompre avec un grand nombre d'habitudes, d'objets, de gens, de comportements. Ce n'est pas nécessairement s'isoler ou rompre. C'est, remettre certains compteurs à zéro. Et si pour certaines choses c'est angoissant et difficile, pour d'autres, c'est une bénédiction. 



Deux : Résolutions pour 2011

Il n'est jamais trop tard pour prendre de bonnes résolutions pour l'année, alors voici les miennes :

- Terminer le roman que j'essaie d'écrire depuis six mois.
- Cesser de consulter mes boîtes à courriels tous les quarts d'heure
- Finir le livre sur la médecine de famille
- Ecrire trois articles en anglais même si c'est difficile
- Terminer la version écrite de la conférence sur la sexualité des étudiants en médecine que j'ai donnée il y a quinze jours
- (et la publier)
- Lire un roman et des nouvelles en anglais (je ne lis que des livres de sciences humaines en ce moment)
- Rassembler tous les articles de ce blog pour en faire un livre qui s'intitulerait "Ma vie au clavier" (première pensée) ou "Profession : écrivain" ou autre chose (suggestions bienvenues)
- Passer moins de temps à regarder des séries (mais j'ai beau avoir beaucoup réduit ma consommation, je n'arrive pas à descendre sous la quinzaine) et plus de temps à voir ou revoir des films avec mes garçons (mais il y en a tellement !)
- Composer le grand livre sur l’éthique dans les séries médicales dont je rêve depuis longtemps (mais faudrait d’abord que je rattrape mon retard dans House, M.D. et que je me procure les saisons de ER qui me manquent... Et que je revoie tout.) 
- Faire un peu plus d'exercice - mais ça prend du temps de lecture et d'écriture et franchement, en dehors de la marche à pied (j'en fais tous les jours) et de la natation (fait froid et y'a pas de piscine tout près)... Bon, MPJ vient de m'offrir un vélo pour mon anniversaire, mais il va falloir attendre mars ou avril pour m'y remettre.
- Ecrire plus régulièrement (une fois par semaine) sur ce blog. Plus, ça ne me paraît pas vraiment souhaitable : ça risque de prendre du temps aux autres activités et de toute manière tous les lecteurs/trices de ce blog n'arriveraient pas à suivre, d'ailleurs plus personne ne m'envoie de textes pour les exercices.
- Lorsque je serai résident permanent du Québec, postuler pour une bourse d'aide à l'écriture du Conseil des Arts du Canada. J'ai moins honte de le faire ici que lorsque je vivais en France, où j'ai toujours trouvé indécent de demander une aide publique ou une résidence d'écrivain, alors que je gagnais déjà très bien ma vie. J'avais le sentiment que je prenais la place de quelqu'un d'autre, qui en avait plus besoin que moi. Ici, je n'ai pas ce sentiment. Probablement parce qu'ici, je n'ai pas le sentiment d'être un privilégié. Mais juste un écrivain parmi beaucoup d'autres. 
- Etablir un programme de travail plus régulier chaque jour. Genre : répondre au courrier entre le lever et le départ pour le bureau ; lire dans le bus et le métro (c'est déjà le cas) ; écrire entre 10 h30 et midi (entre midi et une, les membres du CREUM déjeunent ensemble, et parfois l'un de nous présente un travail et on l'interroge entre deux bouchées de sandwich ou de salade de tofu) ; écrire entre 13.30 et 18.30 ; lire dans le métro et le bus au retour ; travailler entre 20.30 et 23.00 ; résoudre les problèmes intellectuels de la journée en rêve pendant la nuit.
Oui, ce serait le rêve.
Faut juste que je case le reste dans ce beau programme. Le reste, c'est la vie matérielle...

Allez. Y'a plus qu'à. 

Mar(c)tin