La raison principale en était
qu’ils étaient « mal écrits ». Ainsi en avait décrété l’indiscutable
autorité maternelle, cachant peut-être d’autres raisons que, l’âge venant, j’ai
commencé à entrevoir.
Donc :
Tout Bob Morane. Voilà. Rien, je
n’en ai lu aucun. Même si tous les titres évoqués dans les pages du site de
Marc me disent quelque chose. Même si, récemment, j’ai acheté sur Ebay, « Un
parfum d’Ylang Ylang », dont ma douce et tendre me parlait si souvent.
J’aimerais bien m’y mettre, mais par lequel commencer ?
Tout Enid Blyton. Tout. Des
bouquins pour tout petits aux aventures les plus adolescentes. Sont passés à
travers les mailles du filet, quelques « Oui-oui », un « Club
des cinq », qui me vaut de ne pas avoir l’air trop idiot quand on évoque
Dagobert ou Claude, quelques « Clan des Sept » empruntés à la
bibliothèque municipale glissés entre deux bouquins plus sérieux, ou que ma
mère, enfant, avait elle-même adorés : les livres de Colette Vivier,
« La Maison des Quatre Vents », « l’Enigme du Trèfle »,
dans la vieille Bibliothèque Rose, celle qui était toilée et plutôt grenat que
rose. La série des Prince Eric, « Le Bracelet de Vermeil » et autres,
dont les magnifiques illustrations représentaient beaucoup (trop ?)
d’adolescents blonds et bronzés…
Toute la BD. Humour excepté. Donc
Astérix, Lucky Luke, Tintin sont passés à travers les mailles du filet.
Probablement parce qu’ils faisaient rire mon père. Mais attention hein, sur
quatre livres hebdomadaires de la bibli, une seule BD ! Coup de bol, Pif
Gadget a trouvé grâce aux yeux maternels. Incompréhensible. L’appartenance du
journal au groupe qui éditait l’Huma, peut-être ?
Chance, après quelques petites années
de gadgets et autres super gadgets, j’ai pu remplacer la revue canine par
Pilote, Mâtin (non moins canin finalement), quel journal !
Là, trompettes et clairon, Gotlib
a intégré le Panthéon familial pour ne plus en sortir (quand sur France Inter,
un certain écrivain évoque l’intégrale de la Rubrique à Brac qui vient de paraître,
elle ne quitte déjà plus la table de chevet de ma fille depuis quinze jours au
moins…).
Mais des BD d’aventure, rien, que
dalle. Akim, Color ou pas, Zembla, Blek le Rock, Bourrés de fautes
d’orthographes. Vulgaires. Interdits.
Heureusement qu’il y avait les
colos ! Pendant ces semaines passées à la montagne ou sur la côte
normande, ces magazines, grand mot pour ces petits formats en noir et blanc,
s’échangeaient furieusement entre les dortoirs.
Depuis, je me suis demandé si les
images des compagnes féminines de nos héros, « créatures » disait-on
alors, plantureuses et dénudées, n’étaient pas rentrées en compte dans les
motifs de l’interdiction maternelle.
M’en fous, je m’étais rattrapé
avec les illustrations de Fantomette !