mardi 26 juillet 2011

Le livre de mon enfance - par Marie (Ex. n°18)




Il m'en reste la sensation d'être celle qui vit ce que vit l'héroïne (pour une narratrice qui se drogue, être l'héroïne est assez logique). 

J'ai dix ans et demi, je suis sur mon lit, c'est l'après-midi et je lis Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée. Je pense que c'est ma copine Babeth, qui est en quatrième qui m'a prêté ce livre.

J'ai le sentiment que je ne suis pas assez âgée pour lire ces pages, que je commets quelque chose d'interdit, mais je suis fascinée par ce récit.

Ma mère m'appelle, je la rejoins à la cuisine et je me sens coupable d'avoir fumé du haschich, d'avoir menti, de mettre en danger ma santé (c'est encore le début du livre, c'est pas aussi trash que la suite).

Je sais pourtant que j'étais seulement en train de lire, mais je me sens enfermée dans les pages, intégrée à la narration.

C'est la première fois que j'éprouve ça. J'en suis très mal à l'aise et en même temps heureuse de pouvoir vivre ces expériences sans m'exposer vraiment.

Ce qui m'en reste est simultanément très physique (je peux à nouveau me sentir dans le même état à trente ans d'écart) et très distancié puisque je sais maintenant que j'ai expérimenté quelque chose d'universel et essentiel pour tout lecteur.

Depuis maintes et maintes fois vécue, la puissance de cette lecture particulière me revient très distinctement.

Marie