tag:blogger.com,1999:blog-53113964506033976382024-03-16T14:52:36.448-04:00"Cavalier des touches"Un blog pour lectrices, lecteurs et écrivant.e.s Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.comBlogger527125tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-87643316306194620902024-01-28T17:08:00.011-05:002024-01-28T18:25:01.717-05:00"Votre littérature, vous la construisez en vous-même" -- Lettre à Hélène, lectrice - par Martin Winckler<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhWeCmTZPliGs9CjTQ9fVeC7SgbjUimhWVQgr4900wJxF02DCFsN9JAceFhTsotgKHdQsXf7KXsGqtoXAh9bfeZRIqdkBNhnqTKcK5OfhnnLSBX_lMozafE3PD3UvcVlHsh4jZ7PXAwoHU54lGLjtz_6chuGPSlRI2P86O-vQfJTv70HkTx9Q5PGb1yTU4/s4032/A%20He%CC%81le%CC%80ne.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="2268" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhWeCmTZPliGs9CjTQ9fVeC7SgbjUimhWVQgr4900wJxF02DCFsN9JAceFhTsotgKHdQsXf7KXsGqtoXAh9bfeZRIqdkBNhnqTKcK5OfhnnLSBX_lMozafE3PD3UvcVlHsh4jZ7PXAwoHU54lGLjtz_6chuGPSlRI2P86O-vQfJTv70HkTx9Q5PGb1yTU4/s320/A%20He%CC%81le%CC%80ne.jpeg" width="180" /></a></div><br />Hélène, <p></p><p>Je ne sais pas si c'est votre prénom, ni si vous lirez jamais ceci, car je sais peu de choses de vous. </p><p>Je ne sais si quelqu'un qui vous connaît et vous aura reconnue vous signalera un jour ce message ; s'il vous rappelle de mauvais souvenirs, je vous prie de me le pardonner, vous n'êtes en aucun cas tenue de le lire. </p><p>Je sais seulement - et surtout - qu'un jour, vous avez écrit à un "auteur connu". Je ne sais pas ce que vous aviez exprimé dans votre lettre, mais voici comment il le rapporte dans un de ses livres : </p><p><i>Un jour, une lycéenne qui avait lu mon roman XXXX dans le cadre du Goncourt des Lycéens, m’avait écrit, d’un ton pincé, pour me dire qu’elle n’avait rien compris à mon livre, que ça ne racontait pas d’histoire, qu’elle se demandait bien quel message j’avais voulu faire passer. </i></p><p>Evidemment, son compte-rendu est un peu court. Vous en avez sûrement dit plus que ça. La plus élémentaire honnêteté de sa part aurait été de publier l'intégralité de votre lettre, puisque vous aviez pris la peine de l'écrire et de l'envoyer ; mais il n'en a rien fait, il s'est contenté de publier sa réponse à la suite de ce paragraphe. </p><p>Sa réponse, vous la connaissez déjà, je ne vais donc pas vous l'imposer une nouvelle fois, mais pour les autres personnes qui liraient ceci et voudraient la connaître, ils pourront la trouver à la fin <a href="https://wincklersblog.blogspot.com/2024/01/la-litterature-les-histoires-les.html">de cet autre texte, sur ce même blog</a>. </p><p>Si je vous écris, aujourd'hui, ce n'est pas pour "réparer" (je ne pense pas que ce soit possible) les propos insultants que cet inqualifiable* a tenus dans sa réponse, ni la laideur du procédé consistant à publier cette lettre méprisante dans un de ses livres, comme s'il en était fier (il le laisse entendre, d'ailleurs, cet andouille !!!). </p><p><b>Si je vous écris, c'est pour vous dire, d'abord, que je suis de tout coeur avec vous. </b>Car, en vous répondant ainsi, cet inqualifiable* ne s'est pas contenté de très mal vous traiter, il a aussi montré son mépris pour toutes les personnes qui lisent et écrivent. Ce qu'il vous a écrit est purement et simplement une violence de classe, de caste, âgiste et sexiste. Et son mépris disqualifie non seulement ce qu'il dit, mais le disqualifie, lui, en tant qu'interlocuteur. </p><p><b>Ensuite, je tiens à vous remercier de lire des livres ;</b> et même, parfois, ceux qui ne vous intéressent pas, et qui vous semblent ne rien raconter et ne pas dire grand-chose. Je suis un écrivant, j'ai la chance d'être publié, mais je n'oublie jamais que dans un monde où tout est commerce, je ne le serais pas - ou très difficilement - s'il n'y avait pas des lectrices pour me lire. (Je dis "lectrices" parce que la majorité des personnes qui achètent des livres et les lisent sont des femmes.) Alors merci, pour les autrices et les auteurs que vous lisez. Vous les honorez et vous contribuez à les faire vivre, ou survivre. </p><p><b>De plus, je vous remercie d'avoir des opinions sur vos lectures</b>. C'est tout ce qu'une autrice ou un auteur peut souhaiter : qu'une lectrice pense quelque chose d'un de ses livres. Toutes les personnes qui écrivent le font avec leurs pensées, leurs sentiments, leurs émotions, et elles espèrent qu'en retour, leurs textes déclenchent pensées, émotions et sentiments à la lecture. Il n'y a rien de pire qu'un livre qui laisse indifférente ou amnésique. Merci de faire vivre les livres avec vos émotions et vos questions ! </p><p><b>Merci encore de prendre la plume pour écrire à celles ou ceux dont vous lisez les livres. </b>C'est le plus beau geste et signe d'intérêt, de partage et de sororité qu'une autrice ou un auteur puisse attendre. On s'adresse aux autres, sans savoir qui iels sont, en espérant une réponse, sous une forme ou une autre. En écrivant, vous répondez "Je vous ai lu.e." -- et c'est la plus belle réponse qui soit. Cela veut dire qu'on n'a pas écrit en vain.</p><p><b>Merci également, de savoir ce que vous attendez d'un livre. </b>Qu'il raconte des histoires, qu'il transmette quelque chose - et toutes les autres attentes que vous avez en plus de celles-là. Les autrices et les auteurs ont besoin de lectrices exigeantes : c'est grâce à cela qu'elles se creusent le cerveau pour -- entre autres -- inventer des histoires. Je suis lecteur depuis longtemps, et c'est parce que j'ai toujours attendu plus des livres que je lis (et des personnes qui les ont écrits) que j'essaie, à mon tour, d'écrire des livres qui captivent, qui émeuvent, qui éclairent au moins un peu le monde et la vie. Alors, oui, continuez à être exigeante, nous tous - lectrices et écrivant.e.s - nous en avons besoin. </p><p><b>Enfin, j'aimerais vous demander une faveur</b>. Je ne la demande pas pour moi, mais pour toutes les écrivantes qui méritent votre respect, votre intérêt et votre lecture. Toutes ces écrivantes qui ne sont pas des fats vaniteux et mal embouchés comme l'inqualifiable* innommable à qui vous avez eu affaire. </p><p>Cette faveur est simple : <i><b>ne croyez pas un mot de ce qu'il vous a écrit.</b> </i>La littérature n'est pas cette chose rabougrie, étriquée et flétrie qu'il voudrait enfermer dans ses "définitions" poussiéreuses et momifiées. <i>La littérature, c'est tout ce que vous lisez et aimez lire.</i> Elle est faite de tous les textes et de toutes les formes, de tous les goûts et de toutes les couleurs, de toutes les origines et de tous les futurs. Il n'y en a d'ailleurs pas une seule, mais autant qu'il y a de lectrices : la littérature c'est ce que <i>chacun.e de nous </i>lisons, séparément et ensemble. </p><p>La littérature, c'est aussi, ou ce sera, ce que <i>vous </i>écrirez peut-être. Car il y a une écrivante dans chaque lectrice, j'en sais quelque chose : j'ai longtemps été l'une avant d'être l'autre, et nul n'a le droit de vous laisser entendre que vous ne pourrez pas, si vous le désirez, écrire un jour des textes infiniment plus intéressants que ceux des inqualifiables* boursouflés de suffisance. </p><p>Chaque livre que vous lisez, vous l'écrivez en vous-mêmes, vous en gardez la trace. Ce n'est pas le livre à lui seul qui vous marque, c'est vous, d'abord, qui choisissez ce que vous en retenez, le souvenir d'un sourire ou d'un goût ou d'un souffle ou d'une mélodie. Alors ne laissez personne prétendre que vous n'êtes pas actrice, autrice et maîtresse de ce que vous lisez. Votre littérature, vous la construisez en vous-même, un livre après l'autre. </p><p>Voilà, j'en ai fini. Si on vous a signalé ce message, je vous remercie de l'avoir lu jusqu'au bout. </p><p>Et je vous remercie de m'avoir, sans le savoir, incité à l'écrire. </p><p>En vous souhaitant de belles lectures, de belles correspondances, de belles rencontres et une bonne vie, </p><p>Et avec toute ma solidarité et ma reconnaissance, </p><p>Mar(c)tin </p><p>-------------------------</p><div class="separator" style="clear: both;">(* : Remplacez ce mot par la première insulte qui vous vient à l'esprit.) </div><div class="separator" style="clear: both;"><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div></div><p><br /></p><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-76061699900663831602024-01-26T16:22:00.065-05:002024-01-28T17:46:20.161-05:00La littérature, les histoires, les messages, les "malentendus" (!!) et le mépris hautain de certains "Hécri-vains" - par Martin Winckler<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXFzxBPyxmCWQApSOiS8gA659chmlw6G3HUjTbknF_lEYcAGZ0Daiu4S4yYrT0d1zEbRw11JZMZABpKhZPBlxfGx_W4l1ztsX4Ex8CR8Pxym9pJSSB1bRNMahTRFzYPxmpmOpp6ue2qqLe5JZVgo_KBss6_AfJaiyy9QlQ_wopoQ0jOAXoMbhGhahQ7thI/s318/Livres%20sur%20un%20bureau.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="159" data-original-width="318" height="159" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgXFzxBPyxmCWQApSOiS8gA659chmlw6G3HUjTbknF_lEYcAGZ0Daiu4S4yYrT0d1zEbRw11JZMZABpKhZPBlxfGx_W4l1ztsX4Ex8CR8Pxym9pJSSB1bRNMahTRFzYPxmpmOpp6ue2qqLe5JZVgo_KBss6_AfJaiyy9QlQ_wopoQ0jOAXoMbhGhahQ7thI/s1600/Livres%20sur%20un%20bureau.jpeg" width="318" /></a></div><br /><i>A tou.te.s les écrivant.e.s qui écrivent sans savoir (ni se demander, Dieu merci !) si iels "font" de la littérature. Avec mon chaleureux soutien et mes vifs encouragements. </i><div><br /></div><div><i>Bonne année 2024 !!! </i></div><div><div><br /></div><div><br /></div><div>L'autre jour, sur Facebook, j'aperçois la photo d'un auteur francophone connu, respecté, estampillé, multiprimé, ornée d'un petit texte.<p></p><p>L'auteur en question -- la soixantaine, chauve, chemise bleu sombre ouverte sans col -- regarde droit vers la caméra. Il a peut-être un demi-sourire en coin. Je dis "peut-être" parce qu'on n'est pas sûr qu'il sourie, même à demi. Il est peut-être simplement circonspect. Ou peut-être que la photo l'a saisi pendant qu'il était en train de compléter son sourire. Un instantané, c'est trompeur... Et ambigu. </p><p>Le texte imprimé sur la photo ne l'est pas moins. </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5bxMkJE8LJFx4jZHJSQkui3pYGbjJWp8Me305XV-j7-GV4AVEggP9S0lw0RDAxoYo65zXlG38B-IksBvft8czeOQzm0hxFDaMEMdZV8nJmiSLwlX7rTQCGzI6aDb_20sklpm0DYyP2sqeCk09cWF_vQJen-sVkz93L6WfhviCUatZB2Dv3tLhNF9XWRCg/s897/JPToussait%20malentendus.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="614" data-original-width="897" height="219" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh5bxMkJE8LJFx4jZHJSQkui3pYGbjJWp8Me305XV-j7-GV4AVEggP9S0lw0RDAxoYo65zXlG38B-IksBvft8czeOQzm0hxFDaMEMdZV8nJmiSLwlX7rTQCGzI6aDb_20sklpm0DYyP2sqeCk09cWF_vQJen-sVkz93L6WfhviCUatZB2Dv3tLhNF9XWRCg/s320/JPToussait%20malentendus.jpeg" width="320" /></a></div><p></p><p><br /></p><p></p><p style="text-align: left;">Et c'est signé "Jean-Edouard" (c'est pas son vrai nom). </p><p>Faut-il dire que ça m'a énervé ? Je précise que ça m'aurait énervé venant de n'importe qui, c'est pour ça que je ne trouve pas nécessaire de vous donner son nom. Ce sont les paroles que je discute ici, pas la personne. Autant dire que dans mon esprit, "Jean-Edouard" c'est moins le type du portrait que la ou les personnes qui ont décidé de placarder ces affirmations et son nom sur son portrait comme si c'était une maxime de La Rochefoucauld ou un bon mot de Bossuet. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Pourquoi ça m'a énervé ? Prenons les choses dans l'ordre : </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b>"Par ailleurs..." </b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b><br /></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">On comprend que ces quelques phrases sont extraites de quelque chose : un entretien, un article, peut-être un podcast ou une émission de télé. On n'a pas le contexte ni l'ensemble de la pensée de l'auteur en question. Cependant, les phrases imprimées sur la photo peuvent être lues comme un tout, un aphorisme, une déclaration, une profession de foi ou au moins un credo puisqu'elles sont publiées sans contexte et semblent se suffire à elles-mêmes. Donc, même si c'est pas l'auteur qui les publie comme ça, les personnes qui s'en sont emparées les ont comprises - et nous les retransmettent - comme un tout. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b>"... je tiens à dissiper deux malentendus"</b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b><br /></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Sur cette phrase-là, je reviendrai tout à l'heure. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b><br /></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b>"La littérature n'a pas pour vocation de raconter des histoires". </b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b><br /></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Ah bon ? Et où il a vu ça, Jean-Edouard ? Il tient ça de qui ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">C'est une opinion personnelle ou c'est une vérité vraie indiscutable ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">C'est le produit d'un travail scientifique fouillé, étayé, fondé sur des preuves, ou bien c'est juste un truc qu'il lance comme ça, en passant, pour provoquer ? (Et il a le droit !) </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Impossible de le dire mais ça surprend et ça "interroge", comme on dit. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Qu'est-ce qu'il veut dire par "<b>La littérature</b>", d'ailleurs ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">"La littérature" c'est difficile à définir puisque par exemple, en France, On dit que certains livres sont de la littérature (les collections blanches de Gallimard, Minuit et P.O.L, mettons ; les "grands classiques" comme Proust, Flaubert et cie) et que d'autres n'en sont pas -- par exemple les romans policiers, les romances, la SF, les romans graphiques, les romans pour jeunes adultes, les autobiographies, les journaux personnels... </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">(Quand je dis "On", je parle de ceux qui savent -- les professeurs, les critiques, bon nombre d'auteurs et d'autrices bien informé.e.s -- toutes catégories dont je ne fais pas partie car j'ai la faiblesse de croire que la littérature c'est tellement vaste qu'on ne peut pas la (dé)limiter, <i>la classer, la ficher, l'estampiller,</i> la cloisonner, la faire entrer dans des cases... Bref, la littérature, dans mon esprit, c'est le Numéro 6...) </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFVZNnt6oE6ez2LcckRvHgh29WbJnWAw5Z-cIHuJV787lRZaJhE2INLA6AHm6wtEZYPJN2rpOm8zHgPtrE_uJWI2h7baydYfLAWjDf8QBFZpCXxfwYTq6nZQDb-89AYHpteVfxjQk0aJ672Y2002J4ckVIO65sTU2v-wtH9etAiwPRtOnoxEjsFUz8bkWy/s2792/prisonerarrival-cl1-suit1.webp" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2100" data-original-width="2792" height="241" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFVZNnt6oE6ez2LcckRvHgh29WbJnWAw5Z-cIHuJV787lRZaJhE2INLA6AHm6wtEZYPJN2rpOm8zHgPtrE_uJWI2h7baydYfLAWjDf8QBFZpCXxfwYTq6nZQDb-89AYHpteVfxjQk0aJ672Y2002J4ckVIO65sTU2v-wtH9etAiwPRtOnoxEjsFUz8bkWy/s320/prisonerarrival-cl1-suit1.webp" width="320" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Tandis que, par exemple, chez les anglophones cette distinction n'existe pas, on parle de "fiction" et de "non-fiction", deux catégories qui se préoccupent seulement du contenu (c'est imaginaire ou c'est factuel) et non du <i>statut </i>du texte (c'est de la <i>litchératchure</i> ou ce n'en est point). </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both;"><b>... n'a pas pour vocation... </b></div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both;">Le mot "<b>vocation</b>" me fait me gratter la tête, parce qu'en principe, la vocation, c'est un truc de personne, pas de <i>concept</i>. Un prêtre peut avoir la vocation ; un médecin, à la rigueur. Mais la littérature n'a pas de "vocation", aucune muse ne l'a appelée en lui disant "Eh, Littérature, fais-moi rire/pleurer/trembler/fulminer/rêver !!!" et elle ne se lève pas la nuit pour produire quoi que ce soit. </div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both;">La littérature, si ça existe, c'est produit par des millions de gens (au moins) et pour savoir si c'est par "vocation" (terme à définir) ou pour tout plein d'autres raisons, il faudrait le leur demander... </div><div class="separator" style="clear: both;"><b><br /></b></div><div class="separator" style="clear: both;"><b>"... de raconter des histoires". </b></div></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><div><b><br /></b></div></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">On aimerait demander à Jean-Edouard de préciser sa pensée. Est-ce qu'il a voulu dire "<i>n'a pas </i>toujours<i> pour vocation</i>" ou "<i>pas nécessairement</i>", par exemple ? Parce que là, on serait d'accord ; comme "la littérature" est un champ plutôt imprécis, aux contours larges et extensibles, on ne va pas contester qu'elle peut produire des textes qui ne racontent pas d'histoires, comme c'est souvent le cas en poésie, par exemple. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Mais si Jean-Edouard voulait dire "<i>n'a jamais pour vocation</i>", est-ce que tous les poèmes narratifs (et y'en a une flopée) de Victor Hugo ne sont pas de la littérature ? Et <i>Les Misérables, </i>non plus ? Et Proust, alors ? Lire toutes les histoires qu'il y a dans sa <i>Recherche, </i>c'est vraiment du temps perdu ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">On aimerait aussi savoir si, dans l'esprit de Jean-Edouard (ou des personnes qui le citent, avec son assentiment ou non), les personnes qui lisent des textes-qui- racontent-des-histoires et pensent qu'elles lisent de la littérature se fourrent le doigt dans l'oeil jusqu'au coude ? Si elles se trompent du tout au tout. Si elles vivent dans le mensonge -- ou dans le déni, ce qui serait pire... </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Et si tel est le cas, qu'est-ce qu'on fait de tous ces textes qui racontent des histoires ? En commençant par l<i>'Iliade,</i> l'<i>Odyssée</i>, le <i>Mahabharata</i>, le <i>Dit du Genji, </i>les <i>Mille et une nuits</i> ? (Je vous épargne la liste de tout ce qui vient après...) </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Pasque si Jean-Edouard (ou ceux qui le mettent en avant) pense vraiment que quand ça raconte des histoires, ce n'est pas de "la littérature", il va falloir requalifier un paquet de choses. Et quand on se met à requalifier, on requalifie quoi, et comment ? Et <i>qui</i> requalifie, au fait ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><b>"L'écrivain n'a pas à délivrer de message."</b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">"<i>Il n'a pas</i>", c'est un peu ambigu, ça aussi. Là encore, s'il était écrit "pas toujours" ou "pas forcément", ce serait plus clair. Mais là, est-ce que ça veut dire : "<i>Il ne doit pas</i>" ou "<i>Il n'est pas obligé de</i>" ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Si c'est "<i>Il ne doit pas</i>", de quel droit dit-il (lui fait-on dire) ça, (à) Jean-Edouard ? Il a été nommé préfet de la Police-aux-écritures (haha) ? Moi qui suis écrivant professionnel et publie (entre autres) des livres qui sont considérés (Par certains, au moins ; par Jean-Edouard ? Je ne saurais le dire, ne l'ayant jamais rencontré) comme de la littérature, <i>je délivre des messages si je veux quand je veux</i>, d'abord ! </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><i>Mon corpus écrit, mon choix !!!!</i> <br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Et si c'est "<i>Il n'est pas obligé de"</i>, on est bien content qu'il le dise, mais est-ce qu'on avait vraiment besoin de Jean-Edouard (ou de ses citataires) pour le constater, le savoir, le penser et se le dire pour soi (et pour les auteurs et autrices qu'on lit) ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Quand on lit beaucoup, on sait bien que sur les étagères des librairies, au rayon "littérature", il y a des flopées de livres qui</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">1° ne racontent rien de rien, </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">et <br />2° ne délivrent aucun message même quand on écarquille les yeux et qu'on ouvre grand ses oreilles. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">(Ces livres-là, personnellement, je dépasse rarement la douzième page, mais il en faut pour tous les goûts.) </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Et d'ailleurs, c'est quoi un "message" ? Pasque ça aussi c'est foutrement ambigu. Sauf erreur de ma part, toute parole (orale ou écrite) est un message - elle transmet des informations. Quelle partie de ce "message" l'écrivain "n'aurait-il pas à délivrer" ? Ou bien y aurait-il des "messages" dignes d'être considérés comme de la littérature et d'autres pas ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Bon, je crois deviner de quels "messages" il est question : les messages qui veulent absolument dire quelque chose. Qui transmettent des valeurs. Des engagements. Des opinions. Des critiques. Des révoltes. Des convictions profondes, comme celles pour lesquelles on milite, entre autres, en écrivant. Tout ça, Jean-Edouard (ou ses citatifs) n'en voudrai(en)t pas, si l'on en croit cette double injonction (peut-être subtilement reformulée). </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Voyons, enfin, Jean-Edouard penserait-il vraiment que la littérature doit être ineffable, éthérée, in-signifiante (car tout signifiant est un message, et vice-versa) ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Voudrait-il vraiment seulement de la littérature <i>apolitique</i> ; pas seulement blanche, mais pratiquement opaque ? Qui bloque bien la lumière ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Je ne peux le croire, connaissant la qualité de l'impétrant. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Et ce serait un peu triste ; mais aussi, franchement, voué à l'échec. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Pasque, sauf erreur, un texte, quand il est imprimé, l'autrice ou l'auteur ne le contrôle plus. <i>Que se passe-t-il si un message s'est, malgré tous leurs efforts, glissé dedans ? </i>Qu'est-ce qu'iels doivent faire ? Demander à l'éditeur de tout envoyer au pilon ? Publier un rectificatif : "<i>A la page 127, je tiens à affirmer vigoureusement qu'il n'y a aucun message </i>!!!!" ? Faire leur mea culpa à la télé ? Implorer Jean-Edouard et tous les Saints de la littérature française pour recevoir l'absolution ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Et les lectrices et lecteurs, si ça leur chante de <i>percevoir</i> un message (n'importe lequel) dans le bouquin, que faudrait-il faire ? Le leur interdire ? Leur dire que c'est pas bien, pas approprié, pas "littéraire" ? Exiger qu'iels cessent de voir des messages partout ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Bref, qu'est-ce qu'ils ont dans la tête, Jean-Edouard ou ses citateurs, quand ils nous assènent des trucs pareils ? </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">D'autant que, comme c'est dit en ouverture, cette double injonction vise<b> "à dissiper deux malentendus</b>". </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Ben oui, dame ! Si vous pensiez que la littérature a pour fonction de raconter des histoires et que les écrivains ont le droit de délivrer un message, <i>vous n'aviez pas bien compris !!!</i> <i>Vous étiez doublement dans l'erreur</i> !!!! </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">A lire ça, on se dit "Il est fort, Jean-Edouard ! Il sait <i>déjà </i>quelles fautes (d'appréciation littéraire) les autres commettent, avant même qu'ils ou elles aient dit quoi que ce soit !!! Un vrai directeur de conscience à l'ancienne, modèle Port-Royal !!! Louons Dieu que des hommes comme lui soient là pour nous corriger avant qu'on ne persiste fâcheusement dans cette double faute !!!"</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">(En littérature comme au tennis, les doubles fautes, c'est diabolique - et impardonnable.) </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Je m'énerve, je m'énerve, mais il faut que je précise, tout de même : Jean-Edouard n'y est peut-être pour rien... </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">La double injonction qui lui est attribuée a été postée par un <i>organisme qui a pour but de faire écrire des personnes qui ont le désir d'écrire</i>. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Organisme que j'aime beaucoup, et avec qui j'ai travaillé plusieurs fois. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Mais avec lequel, sur ce coup-là, je suis pas d'accord. Du tout, du tout. <br /><br />Ce qui me gêne, c'est que lorsqu'on a le désir d'écrire, depuis trois semaines ou depuis cinquante ans, cette double injonction ne laisse pas beaucoup de latitude. Et si on décide (à Dieu ne plaise !) de passer outre cette parole-d'évangile-de-Jean-Edouard-peut-être-apocryphe, et <i>de raconter des histoires en délivrant des messages</i>, on semble condamné.e d'avance à ce que ça ne soit pas de la littérature, mais du blasphème. De l'hérésie. Pour ne pas dire : de la soupe. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">C'est un peu fort, je trouve. Pasque bon, quand on y réfléchit, c'est tout de même un sacré... <i>message</i>, que ses citationnistes lui font délivrer là, à Jean-Edouard, en trois petites phrases !!! Et ça ne peut pas être l'essentiel de sa pensée... </div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both;">D'ailleurs, parmi ses bouquins, à Jean-Edouard, est-ce qu'il y en a qui racontent des histoires (et qui ne sont pas de la littérature) et d'autres qui n'en racontent pas (mais qui en sont) ? Lesquels ? J'aimerais le savoir parce que j'ai été un lecteur de Jean-Edouard, mais j'aimerais être sûr que je me suis pas trompé sur ce que j'ai lu. (Et que j'ai lu les bons...) </div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both;">J'aimerais être sûr que ses bouquins, que j'ai beaucoup aimés, et qui me semblent tout à fait raconter des histoires (et parfois, subtilement, délivrer des messages, pas toujours visibles mais quand même), j'aimerais être sûr, dis-je, que dans mon enthousiasme, je n'ai pas pensé <i>à tort</i> que c'était de la littérature ! </div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both;">Pasque ça, vous voyez, je ne m'en remettrais pas. </div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Mar(c)tin Winckler </div></div></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Post-scriptum du 27.01.24 : </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">J'ai pris beaucoup de précautions. Trop. Un de mes amis m'écrit que les phrases en question étaient bien signées "Jean-Edouard" et provenaient d'un livre dans lequel il répond à une lycéenne qui lui avait écrit. <br /><br />Intrigué, je suis allé consulter le livre en question. Voici l'extrait, qui en dit long. Très long. Attention, c'est du lourd.</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">----------</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both;">“(...) <i>Ce qui est en jeu, dans la littérature, ce sont des questions hyper spécialisées, hyper techniques, souvent d’une infinie complexité, la plupart du temps inaccessibles au profane. Un jour, une lycéenne qui avait lu mon roman XXXX dans le cadre du Goncourt des Lycéens, m’avait écrit, d’un ton pincé, pour me dire qu’elle n’avait rien compris à mon livre, que ça ne racontait pas d’histoire, qu’elle se demandait bien quel message j’avais voulu faire passer. J’avais fait grand cas de sa lettre, et je m’étais efforcé de lui répondre avec soin :</i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><br /></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i> "Chère Hélène (le prénom a été modifié – ou pas, je ne sais plus), j’aurais pu accueillir votre lettre d’un haussement d’épaules et d’un sourire amusé. Mais je vais vous répondre, car votre lettre me paraît exemplaire d’une méconnaissance très répandue de ce qu’est la littérature. En vérité, les sources de votre légitimité m’échappent. C’est parce que vous êtes en première « littéraire » que vous me jugez – et condamnez – avec autant d’aplomb ? C’est comme si vos camarades de première « scientifique » jugeaient des travaux de physiciens quantiques et allaient leur écrire pour se plaindre que leurs travaux sont incompréhensibles. Incompréhensibles pour qui ? Pour les lycéens ? Personne n’a dit le contraire. La littérature, pour être jugée, demande un minimum de connaissance, d’expérience et de culture.</i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><br /></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i> Par ailleurs, je voudrais dissiper deux malentendus.</i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><br /></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i> 1) La littérature n’a pas pour vocation de raconter des histoires.</i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><br /></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i> 2) L’écrivain n’a pas à délivrer de message.</i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><br /></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i> La littérature est un art. Dans le meilleur des cas, il peut se dégager d’un livre une vision du monde, un rythme, une énergie, et un échange d’intelligence et de sensibilité peut s’opérer entre l’auteur et le lecteur. C’est ce qui se passe en général avec les livres des grands auteurs, reconnus par la critique et l’université. Or, précisément, mes livres sont reconnus par la critique et l’université, ils sont édités à l’étranger, font l’objet d’articles, de mémoires et de thèses. Je voudrais, si cela vous intéresse d’en savoir davantage sur la littérature, vous recommander la lecture d’un livre “accessible et passionnant, Préface à une vie d’écrivain, d’Alain Robbe-Grillet, qui, depuis près de cinquante ans, s’emploie à débarrasser la littérature de tous les lieux communs, présupposés et clichés qui l’empoussièrent."<br /><br />J’ajoutais en post-scriptum : "J’ai lu votre lettre à mon fils Jean (qui doit avoir votre âge et votre impertinence), et qui, dans une réponse moins circonstanciée que la mienne, a conclu, en se marrant : « Va te cacher, Hélène ! "</i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><br /></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i>-----------</i></div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both;">La messe est dite, et c'est très clair. </div><div class="separator" style="clear: both;">Jean-Edouard est ce qu'on fait de pire et de plus caricatural en matière de "Hauteur" francophone : le fat supérieur, condescendant, méprisant, fier comme tout de se savoir grand-puisque-les-critiques-le-disent, et pas gêné le moindrement d'humilier une lectrice, ni de lui transmettre, avec le sien, le mépris de son fils -- décidément à bonne école. </div><div class="separator" style="clear: both;"><br />Bref, c'est un inqualifiable*, qui ne mérite même pas d'être nommé ici. </div><div class="separator" style="clear: both;">(* Remplacez ce mot par la première insulte qui vous vient à l'esprit.) </div><div class="separator" style="clear: both;"><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both;">Martin Winckler/Marc Zaffran </div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both;">PS : Hélène mérite d'autres lettres que celles de ce cuistre. <a href="https://wincklersblog.blogspot.com/2024/01/lettre-helene-lectrice-par-martin.html">J'ai décidé de lui écrire à mon tour. </a></div><div class="separator" style="clear: both;"><br /></div></div></div>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-36457480627052066202023-09-20T19:07:00.006-04:002023-09-20T20:24:43.745-04:00Des femmes, des crimes et de la littérature : "Shedunnit", le merveilleux podcast de Caroline Crampton - par Mar(c)tin Winckler<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh91kTeik2PCbQbOLqMQb6o7cC_M4aCA7UYytRqsGOo4A7XTDKFP4vUPuqqiXWVZFQFPuVKhXc3RtzXrTbs4h18O3tIk1iU8eJDe9N87j6naqxepbkg_OPKg4s64Iqht8wtfKqEVGa5K2_7q66-ubdPAXfYMdOY5VGRbbW3M05IRYjUc7UZuuy9Yg7M7cKD/s512/Shedunnit-Artwork-Smallest.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-size: medium;"><img border="0" data-original-height="512" data-original-width="512" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh91kTeik2PCbQbOLqMQb6o7cC_M4aCA7UYytRqsGOo4A7XTDKFP4vUPuqqiXWVZFQFPuVKhXc3RtzXrTbs4h18O3tIk1iU8eJDe9N87j6naqxepbkg_OPKg4s64Iqht8wtfKqEVGa5K2_7q66-ubdPAXfYMdOY5VGRbbW3M05IRYjUc7UZuuy9Yg7M7cKD/s320/Shedunnit-Artwork-Smallest.jpeg" width="320" /></span></a></div><span style="font-size: medium;"><br /><span><br /></span></span><p></p><p><span style="font-size: medium;">(illustration : (c) Rebecca Hendin) </span></p><p><span style="font-size: medium;">Je viens de découvrir un podcast for-mi-dable. Il est en anglais, ce qui le rend difficile d'accès aux francophones qui ne parlent pas cette langue (qui ne "l'entendent pas", comme on disait autrefois). Et c'est bien dommage. Mais il est d'une telle qualité que je m'en voudrais de le garder pour moi. </span></p><p><span style="font-size: medium;"><i>Shedunnit </i><span>est un podcast</span><span> écrit, produit et raconté par </span><a href="https://carolinecrampton.com/">l'autrice anglophone Caroline Crampton</a><i>. </i><span>Le mot-valise qui lui tient lieu de titre est construit à partir du mot </span><i>Whodunnit, </i><span>bien connu des amateurs de romans d'énigme/policiers/de mystère (je reviens plus bas sur la question terminologique) anglophones/philes. </span></span></p><p><span style="font-size: medium;">C'est la contraction de "Who (has) done it ?" - Qui a commis le crime ? Le terme désigne les romans dans lesquels un crime a été commis et dont certains des personnages tentent de découvrir qui en est l'auteur. </span></p><p><span style="font-size: medium;"><span><i>Shedunnit </i>(C'est <i>elle </i>qui l'a commis...) est un podcast consacré à ce qu'on appelle dans les pays anglophones <i>The golden age of Murder Mysteries</i> -- l'âge d'or des romans d'énigme. C'est à dire la période historique -- l'entre-deux guerres mondiales --</span><span>pendant laquelle ces romans se multiplièrent comme des petits pains, d'abord dans le monde anglophone, puis bien au-delà</span><span>. </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span>C'est donc un podcast littéraire et historique, mais c'est aussi (comme son nom l'indique) une série radiophonique consacrée à la place des femmes dans ce genre particulier de la littérature qu'est le...</span> </span></p><p>[<span style="font-family: courier;">Ici, je dois ouvrir une parenthèse. La langue anglaise propose bon nombre d'expressions pour désigner les romans appartenant à ce genre (<i>whodunnit, murder mystery, crime fiction, detective stories) </i>et leurs sous-genres (<i>cozy mystery, impossible crimes, locked-room murders, police procedural, courtroom drama...</i>). </span></p><p><span style="font-family: courier;">La langue française est moins riche, et englobe tout ça dans le terme générique de "roman policier" ou de "polar". Or, le terme de "polar" ne permet pas de rendre compte de la richesse du genre, ne serait-ce que parce que beaucoup de ces romans ne mettent pas en scène des policiers, sinon dans un rôle secondaire... </span></p><p><span style="font-family: courier;">On parlait autrefois (jusque dans les années cinquante) de "roman de mystère" mais l'expression a pratiquement disparu du vocabulaire. On parle aussi parfois de "roman criminel", mais le terme est vague alors que, encore une fois, la langue anglaise a des termes pour presque tous les sous-genres. Je vais donc sciemment, dans la suite de ce texte, </span><span style="font-family: courier;">employer le terme anglais</span><span style="font-family: courier;">]</span></p><p><span style="font-family: inherit; font-size: medium;">... <i>Murder Mystery. </i></span></p><p><span style="font-family: inherit; font-size: medium;">Le genre, nous apprend Caroline Crampton dans le tout premier épisode de son podcast, est né à une époque (les années 20) où les femmes sont dans une situation inédite : rien qu'au Royaume-Uni, en 1921, on parle d'un "surplus" (!!!) de 2 millions de femmes. Et c'est une époque où beaucoup de femmes dont l'époux ou le fiancé a péri pendant la guerre -- mais aussi beaucoup de femmes célibataires -- subviennent seules à leur besoins, contrairement aux générations précédentes. Elles travaillent en usine, deviennent infirmières et enseignantes, secrétaires et journalistes, et s'engagent dans l'armée. Au Royaume-Uni, elles accèdent aussi au droit de vote dès 1918. </span></p><p><span style="font-size: medium;">Et bien sûr elles lisent beaucoup (bientôt plus que les hommes), elles écrivent dans les journaux, souvent sous pseudonyme, et publient des romans. </span></p><p><span style="font-family: inherit; font-size: medium;">Les autrices de <i>Murder Mysteries </i>sont le reflet de ce changement sociologique. Agatha Christie ("Hercule Poirot", "Miss Marple") était préparatrice en pharmacie pendant la seconde guerre mondiale et se forma plus tard à l'archéologie. Dorothy L. Sayers ("Lord Peter" et "Harriet Vane") était rédactrice dans une agence de publicité. Josephine Tey ("Inspector Grant") était physiothérapeute. Gladys Mitchell ("Mrs Bradley") était professeur d'histoire. Ngaio Marsh ("Roderick Alleyn") tenait une boutique d'artisanat... </span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: inherit;">Et leurs textes parlent des femmes de leur époque. En écoutant Caroline Crampton, on apprend que dans les</span><span> </span><i>Murder Mysteries </i><span>de l'époque</span><i> </i><span>ce sont souvent des</span><i> </i><i style="font-family: inherit;">Spinsters </i><span style="font-family: inherit;">(terme péjoratif désignant les femmes qui ont vécu seules toute leur vie) qui résolvent les énigmes</span><i style="font-family: inherit;"> </i><span style="font-family: inherit;">: </span><span style="font-family: inherit;">vous connaissez probablement Miss Marple, mais saviez-vous que Lord Peter (le héros de Dorothy Sayers) a souvent recours à une agence de détectives dirigée par une femme, Ms Climpson, qui n'emploie que des femmes célibataires... </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span style="font-family: inherit;">Et la plupart de ces romancières mettent en scène des femmes indépendantes et qui tiennent à le rester. En cela, elles offriront aux lectrices des modèles de rôle qui ne leur étaient pas donnés dans les romans écrits par les hommes, et dans un genre littéraire <i>populaire, </i>qui n'est pas réservé (mais est souvent méprisé et ignoré) par les "élites" sociales. </span></span></p><p><span style="font-size: medium;"><i>Shedunnit </i>est un podcast passionnant parce que Caroline Crampton y raconte non seulement la carrière d'auteurs et surtout d'autrices connues et moins connues, évoque leurs personnages célèbres et moins célèbres, mais elle invite aussi autrices et auteurs et spécialistes du genre à parler <a href="https://shedunnitshow.com/queerclues/">des personnages </a><i><a href="https://shedunnitshow.com/queerclues/">Queer</a> </i>dans les <i>Murder Mysteries </i>(et non, <i>Queers </i>et lesbiennes n'y sont pas toujours des victimes ou des assassins, loin de là...) ; <a href="https://shedunnitshow.com/crippentranscript/">d'affaires criminelles célèbres de l'époque</a> et de leur influence sur les romancières et romanciers ; de <a href="https://shedunnitshow.com/thepeoplespathologist/">l'inventeur britannique de l'expertise médico-légale</a> ; et des <i>Honkaku, </i><a href="https://shedunnitshow.com/thehonkakumysteries/">les <i>Murder Mysteries </i>japonais de l'entre-deux guerres</a>. </span></p><p><span style="font-size: medium;">Elle s'interroge aussi sur <a href="https://shedunnitshow.com/thefirstwhodunnit/">le premier </a><i><a href="https://shedunnitshow.com/thefirstwhodunnit/">Whodunit</a> </i>(et le découvre très loin dans le passé de la littérature occidentale) ; elle raconte que <a href="https://shedunnitshow.com/crypticcrimes/">la naissance des mots croisés</a> est contemporaine de celle des <i>Detective Fictions </i>et aborde les aléas des adaptations cinématographiques et télévisées<i>... </i></span></p><p><span style="font-size: medium;"><span>Déjà fort de 129 épisodes à l'heure où j'écris, <i>Shedunnit </i>est... extraordinaire. C'est une suite brillante d'analyses littéraires et historiques - rédigées selon une perspective manifestement féministe. C'est aussi une mine de références et de conseils de lectures car le <i><a href="https://shedunnitshow.com/">site de Shedunnit</a> </i>renferme non seulement l'intégrale des podcasts, mais aussi leur transcription intégrale, des liens vers tous les ouvrages cités et vers les contributrices et contributeurs invités par Caroline Crampton, des conseils de lecture, un club du livre... Sans oublier </span><span>que Caroline Crampton écrit et raconte merveilleusement. </span></span></p><p><span style="font-size: medium;">Pour les amatrices et amateurs du genre qui ont la chance d'entendre l'anglais, c'est une pure merveille et une source de grands bonheurs. </span></p><p><span style="font-size: medium;">Mar(c)tin W. </span></p><p><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p><span style="font-family: inherit; font-size: medium;"> </span></p><p><span style="font-family: courier;"><br /></span></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-23624724577878061532023-09-11T18:23:00.018-04:002023-09-12T16:14:54.759-04:00La rentrée littéraire, l' "humour" et le mépris - par Martin Winckler/Marc Zaffran <p><span style="font-size: medium;">Cette semaine de septembre 2023 -- semaine de "rentrée littéraire" -- je suis tombé sur un dessin d' "humour" du dessinateur Chappatte. </span></p><p><i><span style="font-size: medium;">(NB : Conflits d'intérêts de l'auteur de ce billet : aucun ; je n'ai pas de livre qui sort cette année, ni à la rentrée d'automne, ni en janvier). </span></i></p><p><span style="font-size: medium;"><br />Vous l'avez peut-être vu, vous aussi. </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQRdr-btIs7GLFa2SJpyW5oF8bztfYKyVs8uKfd-WMVKe8akSlFHAKJ6zLZKAFqvJTMYANZgUEJAHK3qf3OaSM8j7LNm57uek_QmrJ3dgRrC2E5DNceGCwahRyaNCxlLnEWqJR7qRJg28p-PtaeVq7l6jPgAzTmBIYvVdPtAIlUDZeTyMR8yWUfdg9k3av/s494/Dessin%20Chapatte.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-size: medium;"><img border="0" data-original-height="475" data-original-width="494" height="308" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQRdr-btIs7GLFa2SJpyW5oF8bztfYKyVs8uKfd-WMVKe8akSlFHAKJ6zLZKAFqvJTMYANZgUEJAHK3qf3OaSM8j7LNm57uek_QmrJ3dgRrC2E5DNceGCwahRyaNCxlLnEWqJR7qRJg28p-PtaeVq7l6jPgAzTmBIYvVdPtAIlUDZeTyMR8yWUfdg9k3av/s320/Dessin%20Chapatte.jpeg" width="320" /></span></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Et je dois dire qu'il m'a laissé songeur. </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">C'est censé être un dessin d'humour. Mais de quelle situation le dessinateur se moque-t-il ? </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">(Car il se moque, ça ne fait aucun doute.) </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Soulignons d'abord qu'en période de rentrée littéraire, il y a toujours pléthore de nouveautés sur les tables des librairies. La pyramide que le dessinateur met en scène n'a donc rien de très extraordinaire. </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Ensuite, il prend la peine tout de même de mentionner au moins trois auteurs identifiables dans son dessin : Christine Angot et Amélie Nothomb (affiches sous le présentoir) et Titeuf (sur un panneau suspendu, à gauche). </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Qui sont donc les autrices et les auteurs empilés sur la pyramide ? </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">On ne le sait pas. Ils ne sont pas identifiables. </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">La seule chose que l'on sait, c'est ce que les deux personnes au premier plan disent : </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">"Les gens ne lisent plus. Ils écrivent". </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Leur posture est significative : les deux personnes sont atterrées. La femme a les bras qui tombent, l'homme a les mains dans les poches, ce qui laisse entendre que ni l'une ni l'autre n'est tenté de feuilleter les livres qui leur sont proposés pour se faire une idée du contenu. Trop mauvais, sans doute : les bras leur en tombent d'emblée ! </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Le commentaire est clair : il n'y a plus ni lectrices ni lecteurs, il n'y a que des <i>soi-disant</i> autrices et auteurs. </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Et je me pose la question : qu'est-ce qui a pu donner à ce dessinateur satirique l'idée que le commentaire de ses personnages est non seulement drôle, mais aussi représentatif de la réalité ? </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Le dessin laisse entendre que "avant" (sous-entendu : Quand "les gens" n'écrivaient pas <i>autant </i>? Quand ils lisaient plus ? ), les livres publiés étaient véritablement des "oeuvres" d'auteurs et autrices dignes de ce nom. Et que ce n'est plus le cas. </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Or, ll faut être très ignorant de la réalité de l'édition pour penser que les éditeurs publient le premier manuscrit arrivé par la poste et que les rayons sont, en 2023, envahis par des plumes nouvelles mais (c'est sous-entendu) tout à fait dénuées de qualités littéraires. </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Ce n'est pas seulement faux, c'est méprisant à l'égard des écrivantes et écrivants nouvellement publiées <i>et de celles et ceux, beaucoup plus nombreux, qui ne le sont pas même lorsque leur texte pourrait tout à fait l'être. </i></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">C'est méprisant à l'égard des lecteurs et les lectrices -- il y en a encore beaucoup, merci, comme en témoignent les chiffres d'affaire de l'édition en France. Et s'il y a moins de livres qui se vendent, ce n'est peut-être pas seulement parce que "les gens lisent moins", c'est peut-être aussi parce qu'il y a moins d'argent à consacrer aux livres, en ces temps difficiles ? </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">C'est méprisant, enfin, à l'égard des professionnelles de l'édition, qui bossent toute l'année pour publier des livres qu'iels aiment, et espèrent faire connaître. Et qui les <i>choisissent. </i></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;"><br /></span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Oui, il y a du népotisme dans l'édition, et des passe-droits, et du favoritisme, mais il y a aussi des éditeurs et des éditrices qui se démènent pour publier des livres sensationnels. Alors il serait plus juste de ne pas mettre tout le monde dans le même panier, et d'examiner les livres l'un après l'autre. </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Enfin, pour ça, faut avoir la curiosité de les regarder, les bouquins en question. </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Mais le dessinateur ne l'a pas fait. Il a rendu son jugement, et voilà tout. </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Au fond, qu'est-ce qu'il veut dire par son "Les gens ne lisent plus, ils écrivent" ? </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Il veut avant tout exprimer du mépris. </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Un mépris implicite envers les personnes qui, un jour, se mettent à écrire. Et qui, bien sûr, ne lisent plus... Comme si lire et écrire étaient antinomiques !!! </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Certes, les ateliers d'écriture et l'auto-édition se sont beaucoup développées, ces dernières années. Surtout depuis la pandémie. Mais est-ce surprenant ? Et même, est-ce inquiétant ? Pour ma part, je trouve ça assez réjouissant. </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Pour d'autres, c'est peut-être l'annonce d'une catastrophe. </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Car la pensée qui sous-tend ce dessin, je l'entends d'ici : </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">"<i>Mais enfin, écrire, c'est tout de même pas comme faire de la musique, du sport ou de la poterie !!! </i></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;"><br /></span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;">Certes, toutes ces activités sont parfaitement respectables. Mais l'écriture, c'est autre chose !!! </span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;">Tout le monde ne peut pas se mettre à écrire comme ça, du jour au lendemain ! </span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;"><br /></span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;">Il faut avoir du talent. Et même du génie ! N'est pas Flaubert ou Proust qui veut, enfin ! </span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;"><br /></span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;">Et puis d'abord, il faut savoir conjuguer le subjonctif et ne jamais faire de fautes d'orthographe !!! </span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;"><br /></span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;">Ecrire, c'est sérieux ! C'est réservé ! Aux grand(e)s de ce monde ! A l'élite ! </span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;"><br /></span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;">Pas à n'importe quels "gens" qui décident de prendre la plume. </span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;"><br /></span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;">Ces gens qui pourraient bien, puisqu'ils ne lisent plus (ils sont tellement incultes, de ne pas lire et de se targuer d'écrire), venir un jour occuper les tables de nouveautés et y prendre la place des VRAIS AUTEURS. </span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;"><br /></span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;">Et y opérer -- quelle horreur !!!! -- un "grand remplacement littéraire", en quelque sorte... </span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><i><span style="font-size: medium;"><br /></span></i></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><i>Dieu nous préserve d'une telle éventualité ! </i>"</span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Oui, ce dessin est bien, décidément, une expression de mépris. </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Un mépris de classe, un mépris bien élitiste. Un mépris, somme toute, bien français. </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;">Marc Zaffran/Martin Winckler </span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">PS : Pendant que j'écrivais ce billet, je pensais à un autre texte, écrit il y a longtemps. Je ne savais plus où et quand je l'avais écrit. Je l'ai retrouvé ce matin. C'est la fin d'un billet/tribune pour <i>Libération, </i>publié sous le titre "<a href="https://www.liberation.fr/tribune/1999/12/04/bloc-notes-d-un-citoyen-ordinaire_291777/?redirected=1">Bloc-Notes d'un citoyen ordinaire</a>" le 4 décembre 1999. </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><span style="font-size: medium;">Il se concluait ainsi : </span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><p style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: "Blanco OSF"; margin: 0px 0px 1em;"><i><span style="font-size: medium;">A une époque où Libé publiait encore beaucoup ses lecteurs, un bandeau noir intitulé «Pourquoi écrivez-vous?» hanta ses pages pendant quelques jours. </span></i></p><p style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: "Blanco OSF"; margin: 0px 0px 1em;"><i><span style="font-size: medium;">Ce «teasing» ambigu annonçait un supplément «Salon du livre», réponses d'écrivains estampillés. </span></i></p><p style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: "Blanco OSF"; margin: 0px 0px 1em;"><i><span style="font-size: medium;">Aux réponses de lecteurs, Daniel Rondeau, alors responsable de la rubrique livres, rétorqua, hautain: «Manifestement, vous avez répondu à une question qui ne vous était pas destinée.» </span></i></p><p style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: "Blanco OSF"; margin: 0px 0px 1em;"><i><span style="font-size: medium;">Aujourd'hui, Libé n'a plus de courrier des lecteurs et Rondeau publie ... une biographie de Johnny. </span></i></p><p style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: "Blanco OSF"; margin: 0px 0px 1em;"><i><span style="font-size: medium;">Mais une chose n'a pas changé: l'écriture, comme la parole, est à tout le monde. Prenez-la. </span></i></p><p style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: "Blanco OSF"; margin: 0px 0px 1em;"><i><span style="font-size: medium;">Ce que vous avez à dire vaut la peine d'être crié ou écrit. Ouvrez vos gueules.</span></i></p><p style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: "Blanco OSF"; margin: 0px 0px 1em;"><span style="font-size: medium;">A la suite de la publication de ce billet, j'ai reçu plusieurs lettres me reprochant d'inciter "tout le monde et n'importe qui" à ouvrir sa gueule. </span></p><p style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: "Blanco OSF"; margin: 0px 0px 1em;"><span style="font-size: medium;">Certaines choses n'ont pas beaucoup changé depuis 1999. </span></p><p style="background-color: white; box-sizing: border-box; color: #1a1a1a; font-family: "Blanco OSF"; margin: 0px 0px 1em;"><span style="font-size: medium;">MW</span></p></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><br /><p><br /></p><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-76967249251262920292023-09-07T16:33:00.019-04:002023-09-07T18:27:23.950-04:00De la démagogie wincklérienne (Le Retour...) - par Marc Zaffran/Martin Winckler<p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik1ZLnA7pabBpGC4ytNLpoj6CgX9mLDUllHD0fg2PLtm-cRfquLfssT1V9a38X1zONXTAMs_HOuEDD4fI4NZmA-zJbX0sAJWivtXcAbqE2gbqCQypx4S2WZ_EvruDKD0vC3uv199e3cLsxNAbIyB8suqyS0fhDNQNrBQRzj3DdjdAwgyIvdNe4LcB0bYiQ/s640/demagogue.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="640" height="200" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEik1ZLnA7pabBpGC4ytNLpoj6CgX9mLDUllHD0fg2PLtm-cRfquLfssT1V9a38X1zONXTAMs_HOuEDD4fI4NZmA-zJbX0sAJWivtXcAbqE2gbqCQypx4S2WZ_EvruDKD0vC3uv199e3cLsxNAbIyB8suqyS0fhDNQNrBQRzj3DdjdAwgyIvdNe4LcB0bYiQ/s320/demagogue.jpeg" width="320" /></a></div><br /><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span><p></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Ces jours-ci, Babelio me signale qu'une personne a laissé <a href="https://www.blogger.com/u/1/blog/post/edit/5311396450603397638/7696724925126292029#"><span class="s2" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 233); font-kerning: none;">un commentaire au sujet d'un de mes livres, </span></a><i>Les Brutes en blanc. </i></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><i><br /></i>Voici ledit commentaire : </span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">"<i>Ce documentaire date un peu mais il reste terriblement d'actualité malgré tout.<br />Je suis (et j'ai toujours été) gênée par le coté démago de Winckler, mais je suis malgré tout convaincue que son analyse est fouillée et réaliste !<br />Je suis admirative de la toute dernière partie dans laquelle il expose clairement ce qu'il faut faire si on a subi de la maltraitance médicale.<br />Je pense que c'est un livre à lire !"</i></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">J'ai été frappé par le paradoxe qui consistait pour cette lectrice, en quatre phrases, à dire du bien de mon livre et de son contenu et, en même temps, via un commentaire subjectif fait "en passant", à me (dis)qualifier en m'affublant d'un "côté démago". </span></p><p class="p2" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px; text-align: center;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">***</span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><b>Ce n'est pas la première fois qu'on me taxe (ou l'un de mes livres) de "démago" ou "démagogique". </b></span></p><p class="p3" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 233); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s3" style="font-kerning: none; text-decoration-line: underline;"><a href="https://www.blogger.com/u/1/blog/post/edit/5311396450603397638/7696724925126292029#">J'ai déjà raconté, en 2009 (!!!) dans un autre article de ce blog, une interaction avec deux personnes, et parlé des termes "démagogique" et "manichéen", dont on m'a souvent affublé </a></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Une nouvelle fois j'ai décidé d'écrire à la lectrice qui avait laissé le commentaire sur Babelio pour lui demander de préciser sa pensée. </span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><i>Merci pour ce commentaire. Pourriez-vous cependant préciser ce que vous entendez par "le côté démago de Winckler" ? Depuis le temps qu'on me dit que mes livres sont "démago", personne n'est en mesure de définir le mot et ce qu'il sous-entend, exactement. Peut-être le pourrez-vous ? Dans cette attente, merci d'avoir pris le temps de me lire. </i></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">La réponse n'a pas tardé. Le lendemain, la lectrice répondait : </span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><i>Bonjour. J'avoue que je ne m'attendais pas à me confronter directement à vous, même si ça ne change rien à ce que je ressens fondamentalement?<br />J'ai cherché la définition de démagogue avant d'écrire mon commentaire, pour être sûre que c'était bien le bon mot?<br />Sur le site de linternaute (https://www.linternaute), il est écrit que « Une personne ou un propos démagogue fait preuve de démagogie [sic], c'est-à-dire une stratégie politique visant à flatter l'ego et les émotions d'un groupe de personnes, dans les buts de gagner leur approbation et de renforcer sa propre popularité ».<br />Ce qui me met mal à l'aise quand je lis vos livres (en plus de celui-ci, j'ai lu « La maladie de Sachs » et « Le Choeur des Femmes »), c'est le sentiment que vous faîtes votre éloge d'un bout à l'autre, que vous avez besoin de plaire au lecteur. Ce que je traduis, peut-être à tort, par une attitude démagogue.<br />Ça n'enlève rien à l'intérêt de vos livres, mais je suis gênée par la forme.<br />Avec tout mon respect</i></span></p><p class="p1" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px 0px 12px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">J'ai répondu à mon tour : </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><i>Votre perception est parfaitement respectable. Je regrette que cette perception ("J'ai besoin de plaire au lecteur".) vous détourne du contenu des livres et de leur objectif. Sachez que ce n'est pas la perception de l'immense majorité des lectrices. Merci de m'avoir répondu.</i></span></p><p class="p5" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><i>***</i></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">A présent, je suis encore plus perplexe. Elle a cité la définition du mot "démagogue" à laquelle je pensais aussi (et que j'avais prise en référence il y a presque quinze ans), mais au lieu de préciser en quoi elle trouve que je suis <i>"démago</i>", elle déclare que même si "mes livres ont de l'intérêt" et que "<i>Les Brutes en blanc </i>est d'actualité et sa description réaliste", elle pense que je "fais mon propre éloge" et que je veux "plaire au lecteur"... </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">On est donc passé de "Vous flattez l'égo et les émotions d'un groupe de personnes" à "Vous flattez votre propre égo". </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Son "Vous faites votre propre éloge", je ne le comprends pas bien non plus. Si je racontais ma propre vie, encore ! J'aimerais bien, mais je suis loin d'avoir vécu tout ce que vivent mes personnages, hélas... Si cette lectrice prend mes romans pour de l'autofiction, désolé, ça n'en est pas. D'ailleurs, je n'écris jamais en voiture. </span></p><p class="p6" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"></span><br /></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Par ailleurs, je regrette mais j'ai pas encore rencontré d'écrivant(e) qui cherchait à <i>déplaire </i>aux lectrices... Par principe, j'écris d'abord pour me faire plaisir, en espérant que ça fera plaisir aux autres, et quand ça leur plaît, ça me fait encore plus plaisir. En cela, je crois, je suis un auteur tout à fait conventionnel. </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Allons, loin de moi l'idée de jeter la pierre à cette lectrice de Babelio. Je suis sincère : j'apprécie qu'elle ait pris le temps de me répondre. </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Et à vrai dire, je lui suis reconnaissant de me donner cette occasion d'écrire ce que je pense de ce terme/reproche récurrent de "démago". </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><b>D'un point de vue général, il est toujours plus simple de dénigrer/disqualifier une autrice ou un auteur en disant qu'iel "a plagié" (<a href="https://wincklersblog.blogspot.com/2010/01/fantomes-et-enfants-voles-propos-de.html">Marie Darrieussecq a écrit à ce sujet un excellent livre, <i>Rapport de police</i></a>) ou qu'iel est "démago" ou "manichéen" que de parler du fond du problème - c'est à dire, du contenu des livres et de leur signification. </b></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">La (dis)qualification n'a que des avantages : elle évite d'avoir à argumenter, elle se contente d'accuser, de libeller, de médire et, somme toute, de salir. </p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">La (dis)qualification ne dit rien, elle cherche à noyer le poisson. Enfin, l'autrice ou l'auteur. Et elle masque complètement l'absence d'arguments de la personne qui l'énonce. </p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;">Mais quand un terme particulier ("démago") revient régulièrement dans la bouche de certain(e)s, la moindre des choses consiste à l'entendre, voire à le recevoir et, pourquoi pas, à l'accepter, et l'embrasser. </p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><b>Alors, voilà, je le dis haut et fort : je <i>suis</i> démago et je le revendique ! </b></p><p class="p6" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"></span><br /></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Si écrire beaucoup (romans, essais, pamphlets, manuels pratiques...) et sur des sujets variés (et pas forcément "intellectuels") est démagogique, alors oui, je suis démago. Et je m'en félicite : je gagne ma vie grâce à ça. Il y a des métiers moins honorables. D'autant que personne n'est obligé de me lire, ni même de <i>payer</i> pour me lire (les bibliothèques sont faites pour ça). </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Si prendre la défense de la médecine générale (<i>La Maladie de Sachs</i>), de l'aide médicale à mourir (<i>En souvenir d'André</i>) et d'une formation soignante centrée sur la bienveillance et le soutien des personnes soignées (<i>Les Trois médecins, L'Ecole des soignantes</i>) est démagogique, alors oui, je suis démago. Et je n'ai pas honte de l'être : ce sont les valeurs auxquelles je crois. Mais en tant que discours politique c'est pas très efficace : je n'ai encore été élu nulle part. Ni été coopté pour être conseiller d'un ministre de la santé. </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Si écrire ce que je pense, crois et dénonce (en particulier : qu'une grande partie du corps médical maltraite la population - à commencer par les femmes) est un propos démagogique, alors oui, je suis démago. Et je ne m'en cache pas : je le dis et je le pense depuis... cinquante ans, au bas mot. (On peut donc à juste titre me reprocher d'être monomane.)</span></p><p class="p6" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"></span><br /></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Si donner aux femmes une information de santé utile et pratique (<i>Contraceptions mode d'emploi, Tout ce que vous vouliez savoir sur les règles, C'est mon corps</i>) est démagogique, alors oui, je suis démago. Et je ne le regrette pas : en trente ans, je n'ai pas reçu une seule lettre (ou entendu une seule déclaration) de lectrice me disant que l'un de mes textes lui avait pourri la vie. </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Si employer le féminin générique ou l'écriture inclusive, ou parler de soignantes, d'écrivantes et de lectrices pour désigner des groupes majoritairement féminins est démagogique, alors oui, je suis démago. Et je persiste et signe. Et si ça en défrise certains (surtout des hommes), ça me fait bien marrer. </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">A moins.... à moins que le problème ne soit là, justement. </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">"<i>Le Winckler, il arrête pas de caresser les femmes dans le sens du poil. Forcément, y'en a qui tombent dans le panneau. Ca leur fait plaisir. Mais son féminisme à la petite semaine, c'est que de la démagogie ! Ce qu'il veut, au fond, c'est les séduire, le salaud !!! </i>" </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><b>Bon sang, mais c'est bien sûr !!! </b></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Un homme, médecin, écrivant, qui prend fait et cause pour les femmes (sans oublier les personnes LGBTQI A+, les personnes handicapées, les personnes racisées, migrantes et immigrées et toutes les personnes soumises à l'arbitraire médical, en général...) </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">un type qui hypnotise de ses paroles, écrits et fictions doucereuses toutes ces personnes fragiles, naïves et innocentes, faciles à manipuler et qui ne savent pas faire la différence entre une information fiable, un discours critique et une manoeuvre de séduction, </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">ce type <i>ne peut</i> <i>juste pas être sincère</i>. Il a certainement de (sales) idées derrière la tête. </span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"><br /></span></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Et donc, un (sale) type pareil, c'est <i>sûrement</i> un démago. </span>Là ! </p><p class="p6" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"></span><br /></p><p class="p4" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;">Marc Zaffran/Martin Winckler</span></p><p class="p6" style="-webkit-text-stroke-color: rgb(0, 0, 0); font-feature-settings: normal; font-kerning: auto; font-optical-sizing: auto; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-alternates: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; font-variation-settings: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><span class="s1" style="font-kerning: none;"></span><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-26621044511246055142023-02-03T11:01:00.000-05:002023-02-03T11:01:43.552-05:00Ecrire, c'est soigner - par Marc Zaffran/Martin Winckler<p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_G3oeXc2IHd2w8NZkRUBzh6wqaB-1UpaEEVIUkMfVFnONtggNuVl4T1b_-8W-2IGMDqVgy8QzTPDXk0_UNc5_713zlmVWuKZzdIQev2gvse-MbjcZYqG6klxiaBUFwc8U8l-TScnFJYxWFYk83GERlzuk-uEufuyCZ3Ko2sGGkI-bUIUO0fw5kKxc/s891/1_AfficheSanteEcriture_V2_220404_80dpi.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="891" data-original-width="630" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_G3oeXc2IHd2w8NZkRUBzh6wqaB-1UpaEEVIUkMfVFnONtggNuVl4T1b_-8W-2IGMDqVgy8QzTPDXk0_UNc5_713zlmVWuKZzdIQev2gvse-MbjcZYqG6klxiaBUFwc8U8l-TScnFJYxWFYk83GERlzuk-uEufuyCZ3Ko2sGGkI-bUIUO0fw5kKxc/w283-h400/1_AfficheSanteEcriture_V2_220404_80dpi.jpeg" width="283" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><p></p><p class="p1" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="font-size: medium;">ÉCRIRE C’EST SOIGNER</span></p><p class="p1" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"> 12 mai 2022</span></p><p class="p1" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="font-size: medium;">Colloque Littérature, Ecriture, Soins </span></p><p class="p1" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="font-size: medium;">Cergy </span></p><p class="p1" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p1" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p1" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/U_STiHlITtk" width="320" youtube-src-id="U_STiHlITtk"></iframe></div><br /><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><div class="gmail_default" style="font-family: georgia,serif;"><br clear="all" /></div><p class="p1" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div><div class="gmail_signature" data-smartmail="gmail_signature" dir="ltr"><div dir="ltr"><div dir="ltr"><div dir="ltr"><div dir="ltr"><div dir="ltr"><div dir="ltr"><br /><p align="center" class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm; text-align: center;"><span lang="FR">ECRIRE C’EST SOIGNER</span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR">Au commencement, écrire, c’est <i>se</i> soigner </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR"><br /></span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Comme lire, d’ailleurs. (Ou regarder des films ou des documentaires ou autre
chose.) </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Ecrire c’est dire qui on est, ce qu’on pense, ce qu’on ressent, ce qu’on
supporte ou non – sans que personne vous coupe la parole. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Même quand on n’écrit pour personne, on écrit à quelqu’un qui n’est pas là
mais qui écoute. Une thérapeute<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;">[1]</span></span></span></a>
virtuelle, attentive et qui ne pose pas de question, en quelque sorte. Les
questions, on peut de toute manière (se) les poser et y répondre seul(e) — ou
du moins donner les réponses qui nous viennent... et en trouver d’autres en
écrivant. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Car la vertu de l’écrit, même quand on écrit pour soi, «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">au kilomètre</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">», c’est qu’un mot, une phrase, un
paragraphe en appellent d’autres. Parfois on cale, mais ça n’est pas grave. Ce
qui est déjà écrit existe, on peut le voir, le relire. On peut l’apprécier ou
le critiquer, mais on ne peut pas le faire disparaître à moins de jeter la
feuille à la poubelle. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Et aujourd’hui, quand on met un texte dans la corbeille de l’ordinateur, il
n’est pas perdu. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Je peux en témoigner</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">:
écrire, ça soigne la personne qui écrit. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">J’ai passé mon adolescence à écrire parce que je n’avais personne à qui
parler. Je n’étais pas malade, j’étais juste un garçon isolé, qui n’avait
personne à qui poser des questions élémentaires et gênantes sur son corps, la
manière dont il fonctionnait (ou ne fonctionnait pas</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">correctement ?) ses émotions et ses idées
(parfois farfelues). Ecrire m’a permis de vivre avec moi-même. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR">Ecrire, ça soigne le moral. </span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Pendant mes études de médecine, écrire m’a permis de ne pas être englouti
par la violence de l’atmosphère de la faculté de médecine. Oui, c’était aussi
délétère dans les années 70 que ça l’est maintenant – et nous n’avions pas les
réseaux sociaux pour dénoncer cette violence. Merci à l’internet et aux réseaux
sociaux de permettre aux étudiantes en santé et à tant de personnes soignées de
le faire aujourd’hui. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Écrire m’a permis de me faire entendre au moins de quelques camarades, via
les revues <i>underground</i> auto-produites que publiaient une poignée d’entre
nous. Mine de rien, le simple fait de pouvoir écrire qu’on était favorable à la
légalisation de l’avortement, du cannabis et de l’aide médicale à mourir, ça nous
faisait du bien. Ça nous permettait, encore une fois, d’exister et de
s’affirmer comme autre chose qu’un pion sur le très grand échiquier de
l’hôpital. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Écrire, je le faisais aussi dans les dossiers</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: je m’adressais aux internes, au chefs de
service, aux infirmières et je me faisais un point d’honneur d’écrire
lisiblement et de poser les questions que personne n’avait voulu entendre
pendant la visite à douze. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Il est arrivé qu’un médecin vienne me voir et me dise</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">J’ai vu ce que tu as écrit dans le dossier.
Effectivement, personne ne s’était posé la question avant.</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">» Une trace écrite n’est pas aussi
spectaculaire qu’une parole, mais parfois, elle finit par trouver le regard qui
va se pencher sur elle. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Écrire, c’est important quand on (se) pose des questions</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: ça permet d’abord de les formuler (ne
serait-ce que pour les reformuler plus tard) avant qu’elles s’envolent. Ça
permet aussi de partager ses interrogations même s’il n’y a personne pour les
entendre à ce moment-là. Les écrits restent. Et ils restent aussi pour soi</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: on oublie aisément ce qu’on a pensé</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">; quand on l’a écrit, on peut le retrouver.
Ce qu’on a pensé était peut-être sans importance, peut-être essentiel mais, dans
un cas comme dans l’autre, on ne peut le savoir que si on en a laissé une
trace. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR">Écrire fait du bien, ce n’est pas qu’une vue de l’esprit. </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR"><br /></span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Les effets bénéfiques de l’écriture sur le moral – en particulier celui des
personnes ayant subi des traumas, mais aussi souffrant de maladies terminales
)- ont été documentés par des psychologues américains, Pennebaker<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;">[2]</span></span></span></a> et
Smyth<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt;">[3]</span></span></span></a>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Évidemment, tout le monde ne tire pas des bénéfices de l’écriture. Pour
écrire, il faut, déjà, avoir une relation non conflictuelle à l’écriture</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: je veux dire qu’il faut ne pas avoir été
<i>dissuadé</i> d’écrire, ni s’être fait asséner que ce qu’on écrit n’a aucune
valeur, et de toute manière on ne sera ni Proust ni Flaubert – comme si c’était
ça l’objectif</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">!
</span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Pour oser écrire, il faut ne pas été avoir traumatisé par des enseignantes
qui accordent plus de place à l’orthographe ou au «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">style</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">» qu’au contenu. Or, l’orthographe et le
style n’ont aucune importance dans l’écriture. Ce qui compte c’est ce que <i>transmet</i>
l’écriture – comme la parole – de la personne qui écrit. Encore faut-il le lire
sans passer ce qui est écrit au crible de filtres qui servent, avant tout, à
sélectionner qui parle ou écrit</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">«</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">bien</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">» et qui parle ou écrit «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">mal</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">». Ces
filtres sont des critères de classe, et rien d’autre. Ils «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">expliquent</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">» qu’on puisse aujourd’hui qualifier L.-F.
Céline ou Michel Houellebecq d’«</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">auteurs
de talent</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">» <i>malgré </i>le
contenu hautement discutable de leurs livres. Ce sont ces mêmes critères élitistes
qui ont permis aux classes dominantes de minimiser ou de passer sous silence,
pendant des siècles, presque toute la littérature écrite par des femmes. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">(Et oui, écrire c’est politique</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">!!!) </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">L’un des principaux obstacles aux effets soignants de l’écriture (et je dis
bien «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">soignants</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">», et non thérapeutiques, j’y reviendrai),
c’est le préjugé selon lequel il y a des personnes qui «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">savent</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">» écrire et d’autres non. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Mais écrire, ça s’apprend, ça s’entraîne, ça se cultive, exactement comme
la photographie, la pratique du chant ou d’un instrument, la natation ou la
course à pied, le dessin, la mécanique, le bowling... ou la confection d’un
plâtre de jambe. Bref, ça se <i>travaille</i>. Et comme c’est un travail, il
faut aimer travailler à ça. Si on n’aime pas travailler à écrire, il ne faut
pas s’y éreinter. Il y a d’autres formes d’expression tout aussi respectables,
qui font du bien à celles qui les pratiquent et à celles qui les apprécient. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR">Écrire, ça soigne l’ignorance et ça organise la pensée</span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR"><br /></span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">On apprend à parler en écoutant les autres et en reproduisant des sons,
puis en assemblant des mots et en composant des phrases. Plus on écoute, plus
on parle. Plus on parle, plus on sait parler. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Pour apprendre à écrire, il est utile de lire beaucoup. Ça tombe sous le
sens</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: on apprend à
écrire en regardant les autres écrire – en les lisant. Mais la lecture a une
autre vertu</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: elle nous apprend
beaucoup plus de choses que la parole. D’abord parce qu’on apprend beaucoup
plus de choses en lisant un texte qu’en écoutant une seule personne. C’est une
question de densité d’informations. La parole est un outil merveilleux, mais la
quantité d’informations qu’on peut livrer en parlant est limitée. De plus, ce qui
nous est transmis par la parole est linéaire, on ne peut pas habituellement
revenir au début ou au milieu. Tandis qu’on peut relire un texte, voire le
parcourir de manière discontinue, très rapidement et autant de fois qu’on le
veut. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">De sorte que lorsqu’on lit beaucoup (je veux dire «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">beaucoup de pages</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">» et «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">beaucoup de personnes qui écrivent</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">»), non seulement on apprend à écrire de
diverses manières mais aussi on accumule une flopée d’informations dont on va
pouvoir se servir par la suite, dans la vie comme dans l’écrit. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Quand j’ai commencé à exercer la médecine générale, je me suis joint à la
rédaction d’une revue médicale, <i>La Revue Prescrire. </i></span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Je m’y suis éduqué à la médecine, et on soigne mieux quand on est moins
ignorant</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: on est moins
anxieux, on prend moins les vessies pour des lanternes, on se débarrasse de tas
de préjugés – et donc, de tas de peurs qui nous empêchent d’avancer. Mais j’y ai
aussi appris à écrire, tous les jours, beaucoup, sous beaucoup de formes. À lire
des textes et à les résumer et donc à les transmettre. À écrire des textes de
toutes les longueurs, de la note de lecture de cinq lignes au dossier de quinze
pages. À transcrire des expériences vécues. Quand je voulais parler d’une de
mes patientes et de ce qu’elle m’avait appris, j’écrivais une vignette d’un
feuillet. J’en ai écrit souvent. Et les textes courts, quand on les met bout à
bout, ça en fait des longs. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR">Écrire, ça aide à soigner. </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR"><br /></span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">En même temps que j’écrivais pour <i>Prescrire</i>, je rédigeais des
feuillets d’information pour les personnes qui venaient consulter à mon cabinet
de campagne. Des feuillets qu’on tapait et qu’on photocopiait, ma secrétaire et
moi, en vingt ou trente exemplaires et qui disparaissaient très vite – tout le
monde avait envie d’avoir une fiche disant quoi faire en cas de fièvre chez un
bébé ou de traumatisme crânien chez les personnes de tous les âges. Alors on en
photocopiait d’autres. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Ce sont ces fiches qui m’ont montré qu’écrire ça soigne. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Et je reviens à la distinction entre le soin et la thérapeutique (ou le
traitement). </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR">Soigner n’est pas traiter, ni inversement. </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR"><br /></span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Traiter, c’est prescrire ou appliquer un traitement spécifique</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: par exemple donner un antalgique pour
une douleur, un antibiotique pour une pneumonie bactérienne, un antihypertenseur
pour... une hypertension. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Soigner, c’est autre chose. Soigner, je l’ai toujours senti intuitivement,
depuis toujours, et je ne l’ai formulé ainsi que depuis quelques années, c’est
faire en sorte que la personne qui souffre (quelle que soit la cause de sa
souffrance) se sente mieux ou moins mal <i>après</i> que vous lui avez dispensé
des soins. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Soigner, ce n’est pas un geste ou une méthode, c’est une <i>attitude</i>,
guidée par plusieurs principes simples, qui sont superposables à ceux de
l’éthique clinique</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">:
</span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">1° être bienveillante et bienfaisante – c’est-à-dire vouloir le bien des
autres et leur faire du bien — tout en respectant <i>leur </i>définition du
bien, sans leur imposer la nôtre, </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">2° ne pas nuire – ce qui veut dire entre autres ne pas mentir, ne pas tromper,
ne pas maltraiter, ne pas exploiter, ne pas user de son statut de soignante
pour faire pression, ne pas menacer... </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">3° avoir pour objectif que la personne à qui on délivre des soins n’ait
plus besoin de nous - autrement dit</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: ne pas l’enchaîner. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Il n’est pas nécessaire d’être un humain pour soigner. Les éthologues ont
montré que tous les mammifères et un certain nombre d’animaux qui ne sont pas
des mammifères (pensez aux oiseaux, en particulier) soignent – leur partenaire
de reproduction, leurs rejetons en particulier. Mais allez donc vous abonner
vous au compte de «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">The
Dodo</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">» sur Instagram.
Vous y verrez des animaux de toutes sortes soigner ou être soignés par des
animaux d’autres espèces. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Et l’une des constatations que font les éthologues, en particulier les
primatologues, c’est que lorsqu’un chimpanzé va consoler un de ses congénères
mâles après qu’il s’est fait rosser, ou une femelle qui hurle parce que son
petit est mort, ça ne fait pas seulement du bien à celui ou celle qu’on console.
Ça fait aussi du bien à celle ou celui qui console. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"><b>Pour soigner, il n’est même pas nécessaire d’être <i>physiquement </i>présent. </b></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Nous en avons tous et toutes fait l’expérience</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: le <i>souvenir</i> d’une soignante et de
ses soins nous guide et nous fait du bien. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">C’est une des raisons pour lesquelles l’écrit peut être une manière de
soigner extrêmement puissante. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">J’ai pu constater les effets soignants de l’écrit à travers deux formes.</span><span lang="FR"> Je suis convaincu que ce ne sont pas les
seules mais ce sont celles que je connais le mieux, et dont je peux vous parler
sans dire trop de bêtises. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">La première forme est le partage du savoir. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Pour soigner en partageant le savoir par écrit, il me semble important de :
</span></p>
<p class="gmail-MsoListParagraphCxSpFirst" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt;"><span lang="FR">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span></span><span lang="FR">dire
la vérité et, quand on ne la connaît pas, dire qu’on ne la connaît pas. Mais
dire aussi tout ce qu’on sait, sans cacher ni mentir ni travestir la réalité</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">; </span></p>
<p class="gmail-MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt;"><span lang="FR">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span></span><span lang="FR">être
scrupuleusement fidèle aux connaissances scientifiques et se retenir de faire
passer ses propres hypothèses pour des réalités avérées</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">; </span></p>
<p class="gmail-MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt;"><span lang="FR">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span></span><span lang="FR">écrire
sans jargonner, dans un langage accessible à toutes, sans jamais présumer que
la lectrice sait de quoi on parle, mais sans la traiter de haut. Ni, surtout,
comme une enfant</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">;
</span></p>
<p class="gmail-MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt;"><span lang="FR">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;">
</span></span><span lang="FR">transmettre
un savoir utile. Utile pour comprendre, utile pour faire, utile pour se
libérer. </span></p>
<p class="gmail-MsoListParagraphCxSpLast" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Tout cela, on peut le faire par écrit, même avec des notions complexes.
J’ai co-écrit un livre sur la douleur dont c’était exactement le but. Il a
fallu, d’abord, que je comprenne ce qu’était la douleur pour ensuite
l’expliquer. Alors, j’ai posé à mon co-auteur, qui connaissait bien mieux que
moi, les questions élémentaires auxquelles je voulais pouvoir donner les
réponses aux personnes qui allaient se les poser en ouvrant le livre. Nous avons
mis en commun son savoir sur la douleur et mon savoir-faire d’écrivante au
service des lectrices. Les livres qui partagent le savoir sont souvent bien meilleurs
quand ils sont écrits à plusieurs. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">La deuxième forme de soin par l’écrit consiste à partager des expériences –
les siennes et celles qu’on a reçues des autres. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Les textes autobiographiques, les journaux intimes ont une valeur inestimable.
Mais pour les écrire, il faut avoir vécu. On ne peut pas tout vivre, mais on
peut avoir envie de transmettre tout de même une expérience qui nous a touchées,
émues, changées. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Et pour cela, la forme la plus efficace (et je tiens au mot «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">efficace</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">»), c’est la fiction. C’est une activité
très différente, mais ça s’apprend aussi. Par rapport au texte autobiographique,
la fiction conduit à prendre du recul. Ça peut être important quand ce qu’on
veut transmettre est encore à vif. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR"> </span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">L’un des exercices que je donne le plus souvent en atelier d’écriture est
tout simplement</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">:
«</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">Votre plus beau
souvenir d’enfance raconté par quelqu’un d’autre</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">». Chaque fois que je le propose, les
écrivantes de l’atelier produisent des textes épatants — drôles ou émouvants, et
parfois drôles <i>et </i>émouvants. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR"> </span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Je me suis personnellement rendu compte de <i>l’efficacité</i> de la
fiction après avoir publié un roman intitulé <i>La Maladie de Sachs </i>et, dix
ans plus tard, un autre roman intitulé <i>Le Chœur des femmes</i>. Le premier
se déroule à la campagne. Le second dans un hôpital. Dans le premier, ce sont
les patientes et les patients qui racontent. Dans le second, c’est une jeune
femme médecin et les patientes qu’elle apprend à écouter. Le lieu et les voix
n’avaient pas d’importance (ni le «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">style</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">»,
qui avait probablement changé en dix ans). C’étaient les histoires qui
comptaient. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Ces deux livres soignants ont eu un très gros impact, mesuré non seulement
au nombre d’exemplaires qu’il s’en est vendu mais aussi, et surtout, par le
nombre de messages de lectrices que je reçois. <i>Le Chœur des femmes </i>a été
publié en 2009 et depuis 13 ans bientôt, je reçois des messages de lectrices
tous les jours. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Tous. Les. Jours. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Des courriels, des messages par les réseaux sociaux et même, de temps à
autre, une lettre manuscrite ou un livre. (Merci encore, les réseaux sociaux et
l’internet.) </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Ce n’est pas moi qui dis que <i>La Maladie de Sachs </i>et <i>Le Chœur des
femmes </i>sont des romans qui soignent. Ce sont les femmes (et quelques hommes
aussi) qui m’écrivent. Elles disent se sentir mieux après les avoir lus. Elles
disent se sentir «</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">plus
elles-mêmes</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">». Elles s’y
retrouvent comme dans elles se retrouvent dans des textes autobiographiques. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR">Il y a une grande différence entre les livres de partage du savoir d’une
part et, d’autre part, les textes autobiographiques fictions.</span></b><span lang="FR"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Les livres de partage du savoir ont
besoin d’être révisés ou récrits régulièrement. Les textes autobiographiques et
les fictions beaucoup moins souvent, voire jamais. Vous le savez bien</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: on lit encore couramment des romans et
des journaux qui datent du dix-neuvième siècle et même avant. On ne lit plus
les traités de médecine de la même époque, sinon dans le cadre de recherches
historiques. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Mais les romans, les contes, les nouvelles et les textes autobiographiques parlent
de l’expérience humaine, qui ne change pas beaucoup avec les époques. Les
émotions sont les mêmes depuis qu’on les a décrites dans <i>L’épopée de
Gilgamesh, La Bible, L’Odyssée ou le Mahabharata</i>. Elles font partie de
nous. Et c’est cela, au fond, que la fiction transmet</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: une expérience émotionnelle. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Écrire pour transmettre des informations, c’est soigner les autres en leur donnant
accès à des outils. Quand j’écris des livrees pratiques comme <i>Contraceptions
mode d’emploi </i>ou, plus récemment, <i>C’est mon corps</i></span><i><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span></i><i><span lang="FR">!, </span></i><span lang="FR">mon objectif premier est de fournir aux lectrices
des outils qui leur permettent de prendre des décisions sans avoir besoin de
poser des questions aux médecins. Quand j’écris <i>Ateliers d’écriture, </i>mon
objectif premier est de fournir aux écrivantes des outils qui les aidents à
écrire sans avoir besoin de poser des questions aux écrivains. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Écrire en transmettant des expériences émotionnelles et sensibles permet de
soigner les autres en leur disant</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">:
«</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">Vos émotions sont
respectables, elles sont audibles, elles sont dicibles, vous avez le droit non
seulement de les éprouver sans en avoir honte, vous avez aussi le droit de les
revendiquer.</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">» </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">On peut donc, je crois, affirmer que l’écriture soigne lorsque le texte qu’elle
produit nous allège, nous console, nous libère un peu ou beaucoup ou
complètement de ce qui nous enchaîne</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: la solitude, la peur, le sentiment d’indignité, la
colère, le chagrin. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR">On n’a pas besoin d’écrire pour (se) soigner, et on n’a pas besoin de
soigner pour écrire. </span></b></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><b><span lang="FR"><br /></span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Mais quand on a la chance de faire l’un et l’autre, c’est vachement bien. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Pour celle ou celui qui écrit, et souvent pour celles ou ceux qui les
lisent. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Écrire pour soigner, c’est <i>bon</i>. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Dans tous les sens du terme. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; line-height: 200%; margin: 0cm;"><span lang="FR">Martin Winckler, 3 février 2023</span></p>
<div><br clear="all" />
<hr align="left" size="1" width="33%" />
<div id="gmail-ftn1">
<p class="gmail-MsoFootnoteText" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 10pt; margin: 0cm;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span style="font-size: 10pt;">[1]</span></span></span></a>
<span lang="FR">Tout au long de ce texte, j’emploierai
le féminin générique pour désigner les groupes de personnes dont les membres sont
majoritairement des femmes</span><span lang="FR" style="font-family: Cambria, serif;"> </span><span lang="FR">:
soignantes, lectrices et écrivantes, en particulier. </span></p>
</div>
<div id="gmail-ftn2">
<p style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span style="color: black;">[2]</span></span></a> <span style="font-family: Helvetica; font-size: 8pt;">Pennebaker, J.W. (1997). </span><span lang="EN-US" style="font-family: Helvetica; font-size: 8pt;">Writing about emotional experiences as a therapeutic process. <i><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">Psychological Science</span></i>, 8(3) 162- 166.</span></p>
</div>
<div id="gmail-ftn3">
<p style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; font-family: "Times New Roman", serif; font-size: 12pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="gmail-MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span style="color: black;">[3]</span></span></a> <span lang="EN-US" style="font-family: Helvetica; font-size: 8pt;">Smyth, J., & Lepore, S.J. (2002). <i><span style="border: 1pt none windowtext; padding: 0cm;">The writing cure: How
expressive writing promotes health and emotional well-being</span></i>. </span><span style="font-family: Helvetica; font-size: 8pt;">Washington, D.C.:
American Psychological Association.</span><span style="font-family: Helvetica; font-size: 13.5pt;"></span></p>
<p class="MsoNormal" style="background-attachment: initial; background-clip: initial; background-image: initial; background-origin: initial; background-position: initial; background-repeat: initial; background-size: initial; font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; margin: 0cm; vertical-align: baseline;"><span style="font-family: Helvetica;"> </span></p>
<p class="gmail-MsoFootnoteText" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 10pt; margin: 0cm;"><span lang="FR"> </span></p></div></div></div></div></div></div></div></div></div></div><p class="p1" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p2" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p3" style="font-family: "Ryman Eco"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px;"><br /><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-46092498046031448752023-01-20T11:32:00.009-05:002023-01-20T17:36:56.461-05:00Le livre qui a changé ma vie - par Marc Zaffran<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1ZLs8yPSm4jDlyfDR22q7X8HQqmeWhr0ufB23hOPpkBwYs3_co_AmlSTmymve3hprHw2oZ1f1U_kO0LXtEsvEcVjdvKIRfWptP1id4F_IL2RP7zPiJq2okqxGIRyp8-yqtzS3As-sZVG9aeuDPrqVWB0D3K-nTMADG9lFQ1EpSdbPVcsdMuobTuItUg/s500/Case%20Sachs.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="326" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1ZLs8yPSm4jDlyfDR22q7X8HQqmeWhr0ufB23hOPpkBwYs3_co_AmlSTmymve3hprHw2oZ1f1U_kO0LXtEsvEcVjdvKIRfWptP1id4F_IL2RP7zPiJq2okqxGIRyp8-yqtzS3As-sZVG9aeuDPrqVWB0D3K-nTMADG9lFQ1EpSdbPVcsdMuobTuItUg/s320/Case%20Sachs.jpg" width="209" /></a></div><br />C'était il y a un peu plus de vingt-cinq ans, au mois de novembre 1997. Un matin, dans le courrier, j'ai reçu un gros volume de presque six cents pages, au texte imprimé serré (on n'imprime plus comme ça aujourd'hui) et d'aspect (à mon avis) un peu rébarbatif. La couverture était blanche, le texte de quatrième plutôt elliptique et le titre, à bien y réfléchir, avait de quoi vous faire froncer les sourcils. <p></p><p>J'ai feuilleté le bouquin pendant plusieurs minutes et j'ai soupiré très fort. J'étais heureux d'avoir enfin publié un second roman (le premier datait de 1989 et j'avais longtemps cru qu'il serait le seul), et c'était un roman, certes, pas un livre de médecine, mais qui allait bien pouvoir avoir envie de lire un truc aussi indigeste ? </p><p>J'avais passé plusieurs années dessus. Les premiers chapitres remontaient au moins au début des années quatre-vingt-dix. Je l'avais écrit et envoyé en feuilleton, en plusieurs fois, à Paul Otchakovsky-Laurens qui m'avait dit, à plusieurs reprises, qu'il était à la fois intrigué et surpris. Qu'il ne voyait pas bien où l'histoire allait. Que le personnage principal - un médecin de campagne - lui semblait parfois "un peu trop parfait"... Mais qu'il attendait la suite avec impatience. </p><p>Après avoir fini de l'écrire, j'avais passé plusieurs mois à le relire, le corriger, le récrire, couper des passages, en ajouter d'autres et, les dernières semaines, à chercher le "bon" ordre dans lequel ordonner les derniers chapitres. Et puis, un matin, la "solution" était venue toute seule, tout naturellement, comme si elle tombait sous le sens. </p><p>Après l'avoir reçu, Paul m'avait appelé en disant : "C'est le livre que j'attendais de vous." Il n'était jamais dithyrambique avec ses auteurs, mais il savait toujours leur dire <i>la </i>chose qui allait les toucher, leur faire sentir qu'ils étaient chez eux dans sa maison, qu'il était non seulement leur éditeur mais leur ami en plus d'être leur premier lecteur. </p><p>Comme je vivais au Mans, et qu'il avait un faible pour la Sarthe (il y avait grandi), il m'avait demandé si j'accepterais de le recevoir une journée pour parler du livre en général et en détail. Il avait ajouté qu'il ne faisait jamais ça - aller voir les auteurs chez eux pour leur parler de leur livre - et qu'il ne fallait pas que j'en parle. J'avais répondu : "Je serai une tombe et bien sûr, vous êtes le bienvenu." Et ce jour-là j'avais annulé tout ce que j'avais de prévu. Nous avons passé une bonne partie de la journée ensemble, à parler de tout et de rien - et presque pas du livre, à quelques détails près. Il n'avait qu'une réserve, c'était le titre. <i>La Relation, </i>ça lui semblait un peu vague, un peu générique. Mais c'était mon titre, je n'en avais pas d'autre, et il avait dit - comme il le faisait toujours - que l'auteur était seul maître, et qu'il se rangerait toujours à ma décision. </p><p>Nous avons convenu, ensemble, que le bouquin serait publié en janvier. Je n'étais pas un auteur assez connu pour être publié en septembre et il avait peur que cette sortie soit noyée par la déferlante de la "rentrée littéraire". Ca m'arrangeait bien : je n'avais aucune envie de me faire du souci et je n'étais pas pressé. De toute manière, j'avais du boulot : quatre livres de vulgarisation médicale à rédiger, un projet de dictionnaire des séries télévisées, une ou deux traductions. </p><p>Quelques semaines plus tard, lors d'une journée à Paris, je suis entré dans le Virgin mégastore qui se trouvait à l'époque aux Champs-Elysées et où j'allais chercher des VHS de vieux films américains en VOST. Le mégastore avait une librairie au sous-sol. J'y suis descendu. Le poste informatique du libraire était libre. Par jeu, j'ai tapé le titre de mon livre<i>. </i> A ma grande surprise, j'ai vu une référence apparaître. <i>La Relation, </i>par Catherine Salti, au Mercure de France. </p><p>Quand je suis rentré chez moi j'ai appelé Paul. Il m'a dit que c'était ennuyeux, il risquait d'y avoir des confusions : deux livres dont les éditeurs avaient le même diffuseur et portant le même titre. Il me fallait en trouver un autre.</p><p>J'ai passé plusieurs jours à tourner en rond. J'aimais bien mon titre, parce qu'il était polysémique. La relation (ou "Les relations", comme j'ai hésité à le retitrer) dont il est question dans le titre est multiple : relation entre un médecin et les personnes qu'il tente de soigner, relation d'amour, relations familiales, relation entre les histoires, entre les lignes. Et puis "relation" ça signifie "récit"... </p><p>Un jour, en relisant un passage du texte, j'ai eu une illumination. Le personnage principal se demande pourquoi on donne aux maladies le nom des médecins qui les ont décrites et non celui des personnes qui en ont souffert. Et il s'insurge : "Comment peut-on être fier de donner son nom à une saloperie ?" </p><p>J'ai fait une fausse page de garde, avec en haut mon pseudonyme, en bas "P.O.L" et au milieu, surmontant le mot "<i>Roman</i>", le titre qui m'était venu : <i>La Maladie de Sachs. <br /></i>J'ai glissé la page dans mon fax et je l'ai envoyée à Paul. Cinq minutes plus tard, le téléphone a sonné.<br />A l'autre bout du fil, j'ai entendu Paul dire : "Génial !!!" </p><p>Le livre est arrivé en librairie en janvier 1998, il y a juste vingt-cinq ans. </p><p>Je me souviens qu'un de mes fils, qui n'avait pas quinze ans à l'époque, m'a dit : "Ca va marcher". J'ai répondu : "Tu sais, mon fils, on ne sait jamais si les livres vont marcher." Il m'a répondu avec un grand sourire : "Papa, y'a que deux solutions. Ou bien il marche. Ou bien il marche <i>très bien.</i>" </p><p>Il a eu quelques bons papiers, en particulier un dans <i>Les Inrockuptibles,</i> un autre dans <i>Libération, </i>un troisième dans <i>Le Magazine Littéraire, </i>et celui-là allait avoir une importance considérable. </p><p>Quelques semaines plus tard, en mars je crois, Frédéric Maria qui s'occupait alors des droits dérivés chez P.O.L m'appelle en disant : </p><p>- Après avoir lu la critique de Daniel Martin dans <i>Le Magazine Littéraire, </i>Michel Deville a lu votre roman et il aimerait en faire son prochain film... Mais je ne sais pas... </p><p>- <i>LE </i>Michel Deville ? Celui de <i>Péril en la demeure </i>et du <i>Paltoquet ? </i></p><p>- Oui... Vous pensez qu'il pourra en faire un film ? </p><p>- C'est un cinéaste formidable. Il a adapté un roman inadaptable qui s'intitule <i>Le Dossier 51. </i>Si quelqu'un peut faire un film de mon roman, c'est lui !</p><p>Et il en a fait un film. </p><p>Je me souviens de beaucoup de moments privilégiés, pendant les mois qui ont suivi la publication du livre. </p><p>Je me souviens d'une signature à "Plurielles", la librairie du Mans où j'achetais mes livres depuis plus de quinze ans. Une jeune femme est venue accompagnée de ses parents. Elle voulait être neurologue et avait changé d'orientation, elle était devenue généraliste. Ses parents ne comprenaient pas. <br />"Et puis, a dit sa mère en me tendant le livre pour que je le signe, notre fille nous a fait lire <i>La Maladie de Sachs. </i>Et à présent, on comprend pourquoi elle fait de la médecine générale." </p><p>Je me souviens des cinq minutes que j'ai passées à France Inter pour le présenter, quand il a été sélectionné pour le prix du Livre Inter. </p><p>Je me souviens du souper avec le jury du Livre Inter. (Et, une heure avant, je me souviens de Paul répondant au téléphone et levant le poing en disant : "On l'a !!!") </p><div><p>Je me souviens que Daniel Pennac, que je n'avais jamais rencontré, m'a dit quelques jours après la remise du Prix : "J'ai accepté de présider le jury à condition de ne pas voter. Et je suis très content, parce que ce prix a été décerné par des lecteurs et des lectrices, et seulement par eux et elles." <br />Il m'a confié aussi que lorsqu'il a reçu les dix romans sélectionnés, il s'est dit : "Je vais commencer par le plus gros, pour m'en débarrasser..." </p><p></p><div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: Times; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-thickness: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"></div><p></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: Times; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-thickness: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;">Je me souviens de "La Boîte à Livres", la librairie où j'allais étudiant à Tours, pleine à craquer lors d'une rencontre peu après la remise du Prix. Il y avait des gens assis partout, sur les escaliers, par terre... Je me demandais s'iels ne s'étaient pas trompées de signature. </p><p>Je me souviens des médecins qui venaient vers moi en me disant : "Comment as-tu fait pour décrire <i>mes </i>patients ?" Et de ceux qui disaient : "Je n'ai pas pu le lire, j'avais le sentiment de retourner au boulot. Mais ma femme l'a lu, et elle m'a dit qu'elle comprend mieux pourquoi je rentre crevé le soir." </p><p>Je me souviens des amis qui me disaient : "On est contents comme si ça nous était arrivés à nous !" et qui m'appelaient de leur petit village de vacances d'été en disant : "Il est en pile chez le marchand de journaux !!!" </p><p>Je me souviens de Paul et Jean-Paul qui, pendant les semaines qui ont suivi le Livre Inter m'appelaient tous les lundis pour dire : "Il en est sorti encore dix mille la semaine dernière, on va réimprimer à quinze mille." (Et ils n'appelaient pas que le lundi...) </p><p>Je me souviens de Paul me disant : "Grâce à vous, l'an prochain, les éditions P.O.L vont payer des impôts pour la première fois de leur histoire." Et je me souviens de l'auteur qui, dans les bureaux de P.O.L, me croisa un jour en disant : "Ah, c'est vous qui nous nourrissez cette année !" </p></div><div>Je me souviens du libraire de "La Boucherie", Rue Monge, à Paris. Il m'a raconté qu'une femme était venue lui demander un livre à lire dans l'avion, elle rentrait à Montréal. Une autre femme était venue quelques jours après en disant : "Une amie de Montréal vient de m'appeler. Elle a lu un livre dans l'avion. Elle l'a tellement aimé que je veux le lire, moi aussi. C'est l'histoire d'un médecin de campagne..." <br />Et le libraire a conclu son histoire en disant : "J'en ai plein d'autres comme ça. Et ça ne m'étonne pas. C'est un livre qui aime les lectrices." </div><div><br /></div><div>Je me souviens d'une conférence à la faculté de médecine de Clermont-Ferrand. L'amphi était plein. Un spécialiste dans la salle a demandé sur un ton plutôt ronchon : "Je ne comprends pas ce qu'on lui trouve, à ce livre. Est-ce que quelqu'un peut me l'expliquer ? " Une généraliste a répondu : "Il décrit mon métier. Aucun livre avant ça ne l'avait fait."</div><p>Je me souviens que des étudiantes en médecine de Rennes ont monté une adaptation théâtrale du livre et m'y ont invité. Et j'y suis allé. Et j'ai pleuré et j'ai ri comme rarement je l'ai fait au théâtre. Et je pleurais parce que j'avais le sentiment que le spectacle était interprété par mes camarades de faculté, celles et ceux que j'avais perdus de vue, celles et ceux que je voyais encore. </p><p>Je me souviens d'une conférence à la faculté de médecine de Lille, en 2003. Je parlais à des étudiantes de première année. L'amphi était archi-plein - huit ou neuf cent personnes, au bas mot - au point qu'ils avaient installé le trop-plein de public dans deux amphis annexes avec des écrans de télévision. Je pense que s'iels étaient si nombreux c'est parce qu'on leur avait dit qu'au concours on leur poserait une question sur la conférence. Juste avant que je commence, plusieurs sont venues me faire signer leur exemplaire. J'ai pris le micro et j'ai dit : "Si vous voulez me faire signer un livre, je prendrai le temps de tous les signer après la conférence." J'ai fait la conférence assis sur le bureau parce que je ne voulais pas m'asseoir derrière. Au bout de deux heures, on nous a mis dehors parce qu'il y avait un cours après. J'ai dit "Maintenant, je signe les livres". J'ai vu tout l'amphi descendre un livre à la main. J'ai fini de signer dehors, sur la pelouse, au soleil, et ça a duré encore deux heures. </p><p>Je me souviens des lectrices qui venaient avec une pile de romans parce qu'elles voulaient l'offrir à toute leur famille, et même à leur médecin. </p><p>Je me souviens de ma première rencontre avec Michel Deville et je me souviens qu'il m'a dit : "J'ai voulu adapter le livre parce que c'est la première fois que je lis l'histoire d'un médecin de campagne. Mais j'ai été surpris par le succès. Je suis heureux de l'avoir lu avant le Livre Inter, car sinon, je ne me serais pas risqué à l'adapter."</p><p>Je me souviens avoir perdu un ami après le Livre Inter. Il ne supportait pas bien le succès inattendu d'un livre qu'il ne trouvait pas "aussi accompli" que mon premier roman. </p><p>Je me souviens - et c'est beaucoup plus important - avoir <i>retrouvé</i> des amies grâce au succès du livre. </p><p>Je me souviens des lettres que j'ai reçues - c'était avant que l'internet soit répandu. Et je les ai gardées dans deux dossiers, que j'ai trimbalés avec moi pendant vingt-cinq ans, et qui sont toujours dans mon bureau. </p><p>Je me souviens de ma rencontre avec Albert Dupontel, et de la première scène qu'il a tournée (j'étais là). Je me souviens qu'il m'a dit qu'il avait fait quatre années de médecine et qu'il était parti après s'être "frité" avec un interne. Je me souviens qu'une fois, sur le tournage, il m'a demandé s'il faisait un geste d'examen correctement. Et je lui ai dit qu'il le faisait parfaitement en ajoutant : "C'est comme le vélo, ça ne s'oublie pas." </p><p>Je me souviens de toutes les fois que je suis allé sur le tournage. Et du repas de fin de tournage avec toute l'équipe. </p><p>Je me souviens que beaucoup de membres de l'équipe de tournage m'ont dit : "Quand on a su que Michel Deville nous demandait de travailler avec lui sur ce film, on était ravis : on était nombreux à avoir lu le roman et à l'avoir aimé." </p><p>Je me souviens de la projection du film pour l'équipe, et je me souviens avoir remercié Martine Sarcey, que je rencontrais pour la première fois, pour son interprétation de Madame Destouches. Et elle, très émue, me disant : "C'est à moi de vous remercier. C'est le plus beau rôle de ma vie." </p><p>Je me souviens des lectrices qui l'avaient lu aux côtés d'autres lectrices qui le lisaient aussi, dans la salle d'attente d'un médecin qui l'avait sur son bureau. </p><p>Je me souviens de Daniel Pennac me disant qu'il avait croisé deux critiques littéraires très en vue. L'un d'eux lui avait dit : "Je ne comprends pas pourquoi ce livre plaît à autant de gens." Pennac lui avait répondu : "Si vous ne le comprenez pas, c'est parce que vous ne l'avez pas lu." L'autre avait dit, très méprisant : "C'est... un roman de plage !" </p><p>Je me souviens de toutes les lectrices qui, à l'automne, m'ont apporté le livre<i> </i>a signer en me disant : "Il y a du sable dedans parce que je l'ai lu sur la plage, cet été." </p><p>Je me souviens de tous les journalistes qui me demandaient comment j'expliquais son succès. Je m'en tirais par une pirouette, en disant : "C'est peut-être parce que la maladie de Sachs<i> </i>est une maladie transmissible." </p><p>Je me souviens de la lectrice qui avait voulu l'offrir à son généraliste, et lui en avait parlé, et s'était entendu répondre : "C'est pas la peine, j'en ai déjà sept exemplaires." </p><p>Le livre est paru il y a vingt-cinq ans. Il a été traduit dans une quinzaine de langues, a été adapté au cinéma, à la radio, au théâtre de nombreuses fois - j'en ai vu six ou sept, j'aurais voulu les voir toutes. Il a été donné à lire à de nombreuses promotions d'étudiantes en santé... </p><p>Et il m'a permis de rencontrer des centaines de personnes formidables, qui ont embelli ma vie pendant cinq minutes, ou avec une correspondance de plusieurs mois, et pour quelques-un.e.s, par une amitié qui dure depuis cinq ou vingt-cinq ans... </p><p>Vingt-cinq ans plus tard, j'éprouve une immense gratitude pour les personnes qui l'ont publié et pour toutes celles qui l'ont lu et en ont dit du bien, et l'ont offert (parfois à dix ou douze personnes) et celles qui sont venues à ma rencontre, et celles qui le font vivre encore, en le lisant ou en l'interprétant sur scène. Jamais je ne pourrai les remercier assez. </p><p>Ce livre a changé ma vie. Il m'a fait connaître d'un public que peu d'écrivantes parviennent à toucher. Il m'a encouragé à écrire ce que je voulais écrire, et à prendre la parole sur des thèmes qui m'étaient chers et sur lesquels on ne donnait la parole à personne. Sans le succès et la confiance que m'ont fait les lectrices de <i>Sachs, </i>je n'aurais probablement pas pu (ni osé) écrire <i>Contraceptions mode d'emploi, Les Trois médecins, Le Choeur des femmes, Les Brutes en blanc... </i>Je n'aurais pas osé, ni pu, écrire des livres sur les séries télévisées. Je n'aurais pas eu l'immense chance de tenir une chronique sur France Inter... et de me faire virer pour y avoir dit ce que je pensais... </p><p>Et surtout, il m'a permis de gagner ma vie et d'élever mes enfants en faisant ce que j'aime le plus au monde : soigner et écrire. </p><p>Ce livre a changé ma vie et celle de beaucoup de personnes autour de moi. Il nous a fait beaucoup de bien. </p><p>J'espère qu'un de mes livres au moins, celui-ci ou un autre, pendant une heure, un soir ou une semaine, a fait du bien à la vôtre. </p><p>Marc Zaffran, alias "Martin Winckler"</p><p><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWNQxNDL1SxPUBOn9nVjgVpYLWsiUcnLPounJgZuMz_A5HzaZCLzHmp8i9mursOe5S03TQhU1pQaOhuNKLMwKqHGj73xwYimvv0AcuOuaQDCN1EAw9BxD5avXJ1QjhNXEvQcgvvAbsZ4ucNKSrPm-g1oUr3b-CyFSOcrTGSZ7hGYp1WY6QrrcoMFYTUw/s1200/Sachs%20en%20sce%CC%80ne.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="858" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWNQxNDL1SxPUBOn9nVjgVpYLWsiUcnLPounJgZuMz_A5HzaZCLzHmp8i9mursOe5S03TQhU1pQaOhuNKLMwKqHGj73xwYimvv0AcuOuaQDCN1EAw9BxD5avXJ1QjhNXEvQcgvvAbsZ4ucNKSrPm-g1oUr3b-CyFSOcrTGSZ7hGYp1WY6QrrcoMFYTUw/s320/Sachs%20en%20sce%CC%80ne.jpeg" width="229" /></a></div><br /><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com11tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-66250346355237260592022-12-15T09:22:00.008-05:002022-12-15T09:50:22.234-05:00"Lequel de vos livres me recommandez-vous ? "<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO7Asw29FcHrAqUkca4yzfamMb38wef0ZwR3N5fWoElKgO8s0fNp53C_GUsGUPwOTpDXd6Zrb7TcymUQuiM7l6NvNbDjjVTheaP8ATUt678pDR779bIW1HQIO72rnZV5ySk6AQbbnA0sMZA7i0DJ_AJz9uaELSAV1BUUwuOfDbwTXQZat4jxlcml8l5g/s2560/20180715_100947_Film1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1920" data-original-width="2560" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiO7Asw29FcHrAqUkca4yzfamMb38wef0ZwR3N5fWoElKgO8s0fNp53C_GUsGUPwOTpDXd6Zrb7TcymUQuiM7l6NvNbDjjVTheaP8ATUt678pDR779bIW1HQIO72rnZV5ySk6AQbbnA0sMZA7i0DJ_AJz9uaELSAV1BUUwuOfDbwTXQZat4jxlcml8l5g/s320/20180715_100947_Film1.jpg" width="320" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">(Autun, juillet 2018) </div><p style="text-align: center;"><br /></p><p>Il m'arrive régulièrement, comme à beaucoup d'autrices, de signer dans des librairies. Souvent, c'est après une rencontre. Parfois, entre deux lectrices qui ont eu vent de ma présence et avec qui je bavarde, je vois s'approcher une personne qui ne me connaît pas, ou qui a (vaguement) entendu parler d'un de mes livres. Et parfois, la conversation l'a intriguée, elle veut en savoir plus. Et la question qui lui vient, souvent, est la suivante : "Je n'ai encore rien lu de vous. Lequel de vos livres me recommandez-vous ?" </p><p>Pendant longtemps, j'ai réagi en disant quelque chose comme : "Je les aime tous mais... qu'est-ce que vous aimez lire ?" et en leur décrivant rapidement l'histoire de chaque roman posé sur la table. </p><p>Il y a quelques jours, j'ai reçu deux messages à quelques heures d'intervalle. L'un me disait : "Je désire offrir <i>Le Choeur des femmes </i>à ma fille qui a treize ans. Pensez-vous qu'elle puisse le lire, et voulez-vous lui faire une dédicace ?" </p><p>J'ai répondu oui aux deux questions et j'ai confectionné une dédicace sur un marque-pages, que j'ai glissé dans une enveloppe et lui ai envoyée. (Oui, il m'arrive de faire ça...) </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtMAVw1NukbiuGpjXPAHrwFSfxPC66KZJuX5lNE-sKOsXmHv9TmxUUaQrW4EMU_dUPGFKfFs1bDSzj-DX1O4t8IezqLFqelCi78c95-MbRTHVfG_c5XzOK_Y5QP1xZ-005DOgAcb5c61uG1ar9PJW5r54nQcjsGrqo53FtAdt9ZGhrfD2MKKRT84Zj9g/s4032/20221128_100313%20(1).jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtMAVw1NukbiuGpjXPAHrwFSfxPC66KZJuX5lNE-sKOsXmHv9TmxUUaQrW4EMU_dUPGFKfFs1bDSzj-DX1O4t8IezqLFqelCi78c95-MbRTHVfG_c5XzOK_Y5QP1xZ-005DOgAcb5c61uG1ar9PJW5r54nQcjsGrqo53FtAdt9ZGhrfD2MKKRT84Zj9g/s320/20221128_100313%20(1).jpg" width="240" /></a></div><br /><p><br /></p><p>Le second message disait : "Je voudrais offrir l'un de vos livres à une de mes amies, mais comme je les aime tous, je ne sais pas lequel choisir. Que me conseillez-vous ?" </p><p>J'ai longuement réfléchi, et je lui ai répondu ceci : </p><p>"<i>Vous seriez en droit de lui offrir n'importe lequel de mes livres qui vous ont plu et que vous aimeriez partager. Et je suis sûre que votre choix serait parfait pour elle. </i></p><p><i>Mais puisque vous me demandez mon avis, le voici : offrez-lui celui qui vient de paraître, </i>Franz en Amérique.<i> J'ai passé deux ans à l'écrire, il m'est très cher et je suis triste que ce livre passe inaperçu. Il aborde tous les thèmes que j'ai abordés dans les précédents, et bien d'autres. Et j'ai beaucoup travaillé pour en faire à la fois un roman d'aventures, un roman d'amour, un roman d'initiation, un roman historique, un récit de voyage et quelques autres trucs encore. C'est un gros livre, mais d'après ce que ses premières lectrices m'ont dit, on ne s'y ennuie pas et on n'a pas envie de le terminer. Et il est relié (par les personnages, la ville, la narration) à plusieurs de mes autres romans. </i><i>Si votre amie l'aime, j'espère qu'elle aura envie d'en lire d'autres. (Et si vous voulez pour elle une dédicace à insérer dans le bouquin, je vous l'enverrai volontiers.)</i> </p><p>Ce qui est valable pour moi l'est tout autant pour les autres écrivantes. </p><p>Il y a beaucoup de raisons d'offrir le dernier livre en date d'une autrice. D'abord, celles que j'ai énoncées ci-dessus : on vient de travailler très fort à écrire un livre dans lequel on a beaucoup mis de soi. On a envie de le partager avec le plus grand nombre de personnes possible. Mais si l'on n'est pas l'une des habituées de la rentrée littéraire, ou abonnée aux gros tirages, il y a peu de chances que la presse parle de notre livre. Sa vie dépend alors de deux groupes de personnes : les libraires et les lectrices. Ce sont elles qui le font circuler. </p><p>Il y a une autre raison, qui n'est pas anecdotique.</p><p>Un jour, un journaliste et critique français demandait au cinéaste John Ford si pour lui tourner des films était une activité artistique ou commerciale. Et Ford a répondu : "Je ne sais pas si mes films sont artistiques, mais j'espère que le public ira les voir. Parce que c'est le public du dernier film en date qui permet au suivant de se tourner." </p><p>En ce qui me concerne, je n'écris pas pour qu'on parle de moi dans les journaux ou qu'on me montre à la télé. J'ai eu la chance que ça m'arrive, et j'en suis reconnaissant aux personnes qui l'ont favorisé, mais ce n'est pas pour ça que j'écris. J'écris pour trois raisons : pour exprimer ce que je pense et ressens ; pour partager ce que je sais ou crois savoir ; pour gagner ma vie et écrire le livre suivant. Et c'est le cas de l'immense majorité des personnes qui écrivent. </p><p>A un journaliste qui lui demandait s'il publiait pour la postérité, Paul Otchakovsky-Laurens, à qui je dois d'être devenu un écrivain publié, répondait en substance : "Je me fous de la postérité. Je publie des livres aujourd'hui pour que les écrivains rencontrent leur public aujourd'hui. La postérité, ça ne nourrit personne." </p><p>Alors, c'est important pour une autrice, que le public s'intéresse à son dernier livre en date. (Même s'il n'est pas interdit de (s)'offrir les livres précédents...) </p><p>Donc, si vous avez envie d'offrir le livre d'une de vos autrices préférées à une amie, offrez lui son dernier livre en date. Les fêtes approchent, et si vous en avez les moyens, c'est un plus beau cadeau qu'un livre de poche. </p><p>Certes, c'est un risque : vous ne l'avez peut être pas lu, ou vous ne savez pas s'il lui plaira. Mais la vie c'est risqué. Mais si vous aimez cette autrice, faites-lui confiance, et donnez sa chance à son dernier livre en date. Et donnez à vos amies la chance de découvrir un livre tout neuf, un pays encore inexploré. </p><p>Bonne fin d'année, et bonne année nouvelle à toutes et à tous. </p><p>Et bonnes lectures. </p><p>Martin Winckler</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWpXXWZD-1aH7aJ434P2w6NiOrEqneI9JfxsgqpRUNwzeB74xGUCjimlo0Cc9aat8XbiTqSJAn9sePPcpo_N8B3vqEY97c-1-aj7vXYp9tK87iWCQMDpR1TUeCZJnA36nahkmF-KkHHV9bm0ODhQlwhrHZ8j1QtObzj3uba2_OUoS87O1AwDWixB5I_Q/s1003/Franz%20en%20Ame%CC%81rique%20-%20Couverture.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="683" data-original-width="1003" height="389" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWpXXWZD-1aH7aJ434P2w6NiOrEqneI9JfxsgqpRUNwzeB74xGUCjimlo0Cc9aat8XbiTqSJAn9sePPcpo_N8B3vqEY97c-1-aj7vXYp9tK87iWCQMDpR1TUeCZJnA36nahkmF-KkHHV9bm0ODhQlwhrHZ8j1QtObzj3uba2_OUoS87O1AwDWixB5I_Q/w571-h389/Franz%20en%20Ame%CC%81rique%20-%20Couverture.jpeg" width="571" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">Si vous voulez en savoir plus sur <i>Franz en Amérique, </i><a href="https://wincklersblog.blogspot.com/2022/09/franz-en-amerique-inventaire-dun-roman.html">cliquez ici</a>. </div><br /><div><br /></div><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-63992497351717176132022-11-08T16:51:00.010-05:002022-11-09T14:58:14.462-05:00Ce qu'on vaut et ce qu'on reçoit - par Mar(c)tin W. <p><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjazVkBVyTcmLGR1wG4u2lmssYINemDASyRxVC67UNVrZ95yyWOVoZPnrk60C2HEpb2WnRkr7y-z34E-pQFmJRfgOTG3UhB5MSKOwQsG09DkvKmxn0X7XLhancAHUQhlak5a7GcJHNP0jyMIJ3TsAWQtrIy3PnCA9ra-DgKcoK9NLnBWKCB5ogre3EEBA/s4032/20221108_170810.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjazVkBVyTcmLGR1wG4u2lmssYINemDASyRxVC67UNVrZ95yyWOVoZPnrk60C2HEpb2WnRkr7y-z34E-pQFmJRfgOTG3UhB5MSKOwQsG09DkvKmxn0X7XLhancAHUQhlak5a7GcJHNP0jyMIJ3TsAWQtrIy3PnCA9ra-DgKcoK9NLnBWKCB5ogre3EEBA/s320/20221108_170810.jpg" width="240" /></a></div><br /><p><br /></p><p><br /></p><p> </p><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px;"><p style="text-align: right;"><i>A Baptiste B., qui sait ça mieux que personne. </i></p></blockquote><p><br /></p><p>Le mois dernier, j'ai passé trois semaines à "tourner" dans une douzaine de villes et de librairies pour présenter <i>Franz en Amérique. </i>A présent (nous sommes le 8 novembre 2022) je suis de retour chez moi et, comme chaque fois, je me sens un peu abattu. </p><p>C'est bien naturel : une tournée de librairies est à la fois fatigante et excitante. D'abord parce que je profite de mon passage pour revoir des ami.e.s. Ensuite parce que je rencontre toujours des personnes épatantes : les libraires qui m'invitent et me reçoivent ; les lectrices qui viennent me faire signer des livres - pas toujours celui qui vient de sortir, souvent un livre précédent qui les a beaucoup marquées ; et parmi elles, certains viennent me confier quelque chose de très personnel, qui a été réveillé ou parfois apaisé par la lecture d'un de mes bouquins. </p><p>Pendant trois semaines, je n'ai pas beaucoup dormi. Non parce que je me suis couché tard, mais parce qu'après les signatures - et parfois un souper avec des amis ou avec mes hôtes libraires - je n'avais pas envie de dormir et j'en ai reculé le moment en écrivant, en lisant ou en regardant des téléséries jusqu'à pas d'heure. Il faut dire que j'ai aussi participé à plusieurs rencontres avec des étudiantes (en santé, mais pas seulement) - et que tout ce qu'elles avaient à dire était passionnant et stimulant et avait de quoi me garder éveillé. </p><p>Cela fait une semaine que je suis rentré, et à chaque retour succède une période de flottement. Comme ma blonde et moi vivons depuis un an dans une maison qui n'est pas toute neuve et dans laquelle il y a toujours quelque chose à faire, j'ai de quoi m'occuper. Et ça me change les idées. </p><p>Faire une tournée, c'est un peu sortir du monde même si pour moi c'est toujours rencontrer un monde différent : je suis un <i>homebody, </i>quelqu'un qui aime rester chez lui. Si je n'avais pas un chien à promener tous les jours, je pourrais ne pas sortir de chez moi pendant plusieurs jours d'affilée, sans que ça me manque. J'ai toujours été comme ça. </p><p>Mais quand on va à la rencontre des autres, on passe en quelque sorte d'une bulle à une autre. Une bulle très vaste, certes, mais une bulle tout de même : une suite de lieux privilégiés. Les personnes qui viennent à ma rencontre sont heureuses de me rencontrer, et je peux compter sur les doigts d'une main les rares occasions, depuis vingt ans, où j'ai fait une rencontre "désagréable" (et encore, c'était très passager). Le mois dernier, je n'ai rencontré que du bonheur : beaucoup de surprises, beaucoup de moments très émouvants, beaucoup de joie. J'en éprouve encore une grande gratitude pour toutes les personnes qui me les ont fait vivre. </p><p>Quand je rentre chez moi, je me retrouve dans le réel. Et le monde réel m'écrase un peu, comme tout le monde. J'entends ce qui se dit sur le réchauffement climatique, la violence policière et les violences contre les femmes, le résultat contesté des élections au Brésil, les incertitudes des élections aux Etats-Unis, les bateaux de réfugiés qui coulent ou qu'aucun pays ne veut laisser aborder, la guerre en Ukraine... Et je mesure ma chance. Et ça m'attriste, et ça me fait honte. </p><p>J'ai honte aussi de mes affres de scribouillard : est-ce que ce livre-ci sera lu ? est-ce que le prochain est suffisamment intéressant pour que j'aie l'audace de l'écrire ? est-ce qu'écrire des livres n'est pas tout à fait vain, au fond, en regard de la violence du monde ? D'une violence à côté de laquelle les affres d'un scribouillard n'ont pas grande importance... </p><p>Et puis ce matin, je reçois une invitation de P.O.L, qui invite autrices, auteurs et amies à venir boire le champagne rue Saint-André des Arts pour fêter le Prix Médicis reçu par Emmanuelle Bayamack-Tam. </p><p>J'aimerais bien pouvoir me téléporter rue Saint-André des Arts pour boire le champagne avec eux. Mais la technologie de <i>Star Trek </i>n'est pas encore au point dans le monde réel. Tant pis. </p><p>Je suis très, très heureux pour Emmanuelle, pour la maison P.O.L et pour toutes mes camarades. Dans une petite maison, un prix littéraire n'est pas seulement bon pour son autrice, il est bon pour toutes les autrices et auteurs. J'en sais quelque chose. </p><p>Et puis j'ai un faible pour le Médicis : c'est celui qu'ont reçu des autrices, des auteurs et des livres qui m'ont profondément ému : Georges Perec pour <i>La Vie mode d'emploi, </i>Jean-Luc Benoziglio pour <i>Cabinet Portrait, </i>Jean Echenoz pour <i>Cherokee,</i> Marc Cholodenko pour <i>Les Etats du désert, </i>Serge Doubrovsky pour <i>Le Livre brisé, </i>Marie Darrieussecq pour <i>Il faut beaucoup aimer les hommes, </i>Nathalie Azoulai pour <i>Titus n'aimait pas Bérénice, </i>Mathieu Lindon pour <i>Ce qu'aimer veut dire. </i></p><p>Mais - comme beaucoup d'écrivantes sans doute - je ne peux pas m'empêcher de ressentir un petit pincement d'envie. Recevoir un prix, c'est être "choisi", c'est être "élu". Même quand - comme c'est mon cas - on a déjà reçu un prix important (1), et même si ce prix m'a fait connaître et m'a considérablement aidé à publier les livres qui ont suivi, je n'ai jamais été tout à fait sûr d'être un auteur "légitime" : j'ai entendu trop de gens dire qu' "un médecin ne peut pas aussi être un <i>bon </i>écrivain" (et que "les romans qui ont un succès populaire sont rarement des romans de grande valeur littéraire") pour ne pas douter, régulièrement, de la valeur de ce que j'écris. En espérant qu'un jour, cette "valeur" sera "reconnue" de manière spectaculaire par le "monde littéraire". </p><p>(Oui, je sais, je sais, c'est un peu immature, mais que voulez vous, quand on est fatigué...) </p><p>Mon sentiment d'illégitimité n'est pas rationnel. C'est une émotion auto-entretenue. Elle ne s'éteint pas avec le temps (ni avec la raison). J'ai appris à vivre avec. Et, <i>dieumerci,</i> même si c'est surtout entre deux bouquins que c'est le plus difficile à vivre et même si je mets toujours un certain temps à la surmonter au début de l'écriture de chaque livre (oui, de <i>chaque</i> livre), elle ne m'empêche pas d'écrire. </p><p>Et puis j'ai de la chance : je suis bien accompagné dans la vie. </p><p>Tout à l'heure, j'ai laissé échapper : </p><p>"Je suis désolé, je pense que je ne recevrai jamais le prix Médicis..." </p><p>Elle a mis ses bras autour de mon cou et elle a murmuré doucement : </p><p>"Oh, Marco, je ne veux pas que tu reçoives un prix. Surtout pas. Ce que je veux, c'est que tu continues à écrire comme tu le fais, et que tu continues à recevoir des lettres de lectrices qui disent qu'un de tes livres a changé leur vie." </p><p>Oui, j'ai beaucoup de chance. Je suis entouré et aimé par une personne qui ne me laisse jamais oublier l'essentiel. </p><p>Et qui, lorsqu'il le faut, me rappelle que ce que je "vaux", j'en reçois le témoignage chaque jour, dans ma boîte courriel. </p><p>Merci à vous toutes pour cette reconnaissance quotidienne. </p><p><br /></p><p>Mar(c)tin W. </p><p>------------------------------<br />(1) Le Livre Inter 1998 pour <i>La Maladie de Sachs </i></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-74650212310469285502022-09-15T11:38:00.015-04:002022-12-15T09:17:37.901-05:00Winckler is coming ! Rencontres en Octobre autour de "Franz en Amérique" - Programme définitif <p> </p><br class="Apple-interchange-newline" /><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiatJ2mzI4n1f402z2cZkHDIBagTqn2mJud_Nq_Qe8wSrKW_dq970298fR1kZkjGvQlT20ogvDL65lU7airLkiXcFwkcnz20_LiQHmkstPXcBlBcQCW-rvQwkXi5Z2PGflsyVSgm9mdQaS5IYVmNnj-XpqOJUgvLX6lq6s5YLBR5NtbZxGtXl2pOLsJCg/s2118/Logo%20Winckler%20par%20Aude.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="756" data-original-width="2118" height="114" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiatJ2mzI4n1f402z2cZkHDIBagTqn2mJud_Nq_Qe8wSrKW_dq970298fR1kZkjGvQlT20ogvDL65lU7airLkiXcFwkcnz20_LiQHmkstPXcBlBcQCW-rvQwkXi5Z2PGflsyVSgm9mdQaS5IYVmNnj-XpqOJUgvLX6lq6s5YLBR5NtbZxGtXl2pOLsJCg/s320/Logo%20Winckler%20par%20Aude.jpg" width="320" /></a></div><p><br /></p><p>A l'occasion de la publication du troisième et dernier volet du cycle commencé dans <i>Abraham et fils</i> et poursuivi dans <i>Les Histoires de Franz, </i>j'étais en France et en Belgique entre le 10 et le 30 octobre pour la sortie de <i>Franz en Amérique (Romances). </i></p><p dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;"><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">(Si vous voulez en savoir plus, lisez <a href="https://wincklersblog.blogspot.com/2022/09/franz-en-amerique-inventaire-dun-roman.html"><i>Franz en Amérique - </i>Inventaire d'un roman</a><i> </i>)</span></p><div><br /></div><p><b>11 octobre </b>: <b>Paris - </b><a href="https://www.librairie-compagnie.fr/agenda-125391/litterature-martin-winckler/">Librairie Compagnie, rue des écoles, 75005 </a>, <b>19 heures</b></p><p><b>14 octobre : Le Havre - </b><a href="https://www.facebook.com/librairie.lagalerne/posts/pfbid0UTCVq47five5KqsMSHzsSgXzGEH2xFxxHMP9MH7JtUA6rJ2TYqPfxb11Qs1rzUiAl?notif_id=1664625416850966&notif_t=mention&ref=notif">Librairie La Galerne, <b>à 18 heures</b></a><b> </b></p><p><b>17 octobre : Tours <br /></b>- en après midi : rencontre avec les étudiant.e.s à la Fac de médecine </p><p>- en soirée : rencontre à la <a href="https://www.boitealivres.com/agenda-125404/rencontre-avec-martin-winckler/">Librairie La Boîte à Livres, <b>19 heures </b></a></p><p><b>18 octobre : Rennes</b> - Librairie Le Failler -<a href="https://laparcheminerie.fr/martin-winckler/"> <u>Rencontre au Théâtre de la Parcheminerie</u> </a><a href="https://laparcheminerie.fr/martin-winckler/"><u><b>à 18 h </b></u></a></p><p><b>19 octobre : </b><b> Saint-Malo -</b> <a href="https://la-droguerie.fr/rencontres/27811/">Librairie La Droguerie de marine, <b>18 heures</b></a></p><p><b>20 octobre : Angers<br /></b>- en après-midi : rencontre avec les étudiant.e.s à la Bibliothèque Universitaire <b>à partir de 14.30 </b></p><p>- en soirée : <a href="https://www.librairie-richer.com/livre/21375808-franz-en-amerique-martin-winckler-p-o-l">Librairie Richer 18 heures</a></p><p><b>21 octobre : Le Mans </b>-<a href="https://www.librairiethuard.fr/agenda-124714/rencontre-avec-martin-winckler/"> Librairie Thuard, <b>18 heures </b></a></p><p><b>22 octobre : Sablé Sur Sarthe</b> <b>(72) </b>- <a href="https://www.facebook.com/lancredesmots">Librairie L'Ancre des mots</a>, <b>15 heures</b></p><p><b>24 octobre : Bruxelles (Belgique) - </b><a href="https://www.tropismes.com/agenda/dans-nos-murs">Librairie Tropismes</a><b> </b> 19 heures </p><p><b>26 octobre : Toulouse</b> - <a href="https://www.ombres-blanches.fr/les-rencontres/rencontre/event/martin-winckler/franz-en-amerique/9782818050170/10/2022//livre///9782818050170.html">Librairie Ombres Blanches - </a><b>18.30.... </b><br />Et j'ai ouï-dire qu'un autre écrivain-médecin serait présent... ! </p><p><b>27 octobre : Colomiers dans la matinée !</b>- <a href="https://www.facebook.com/Laprefacecolomiers/">Librairie La Préface</a> <b>10-12 h </b></p><p><b>28 octobre : Pithiviers (45) </b>- <a href="https://www.librairiegibier.com/rencontres/">Librairie Gibier, <b>signature à partir de 15h et rencontre à 18 h 30</b></a><b> </b></p><p>Merci aux libraires qui m'ont reçu, et merci aux lectrices et lecteurs qui sont venus à ma rencontre </p><p>Mar(c)tin </p><p>-------------------------</p><p>Présentation du livre (quatrième de couverture) </p><p dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;"><span style="color: black; font-family: 'Ryman Eco'; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre;">"Eté 1971. A dix-sept ans, Franz Farkas quitte Tilliers, sa petite ville de France, </span></p><p dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt;"><span style="color: black; font-family: 'Ryman Eco'; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre;">pour passer un an à Oakland, dans la baie de San Francisco. </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><div style="text-align: left;"><br /></div><span id="docs-internal-guid-9ba8939a-7fff-a45c-1062-8f75c8a641f8"><p dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: left;"><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Accueilli par une famille très atypique, le jeune Franco-Algérien</span><span style="font-family: Cambria, serif; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> </span><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">s’immerge dans la </span><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-style: italic; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Bay Area</span><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> et découvre ses communautés, ses mouvements et sa diversité, ses films et sa télévision, sa musique et ses chansons, sa culture et sa langue ainsi qu’une autre manière d’apprendre, d’inventer et de s’épanouir. </span></p><div style="text-align: left;"><br /></div><p dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: left;"><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Dans l’ombre menaçante de la guerre du Vietnam, il rencontre des féministes radicales, des Black Panthers, des membres de la communauté gaie et lesbienne, des gauchistes poseurs de bombes, des Indiens-Américains récemment chassés d’Alcatraz, des enfants d’immigrants japonais internés pendant la seconde guerre mondiale – et tient un double rôle féminin dans le </span><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-style: italic; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Musical</span><span style="font-family: Cambria, serif; font-size: 12pt; font-style: italic; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> </span><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">de sa </span><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-style: italic; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">High School</span><span style="font-family: Cambria, serif; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"> </span><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">! </span></p><div style="text-align: left;"><br /></div><p dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: left;"><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Et pendant ce temps, dans la France de l’après-de Gaulle... </span></p><div style="text-align: left;"><br /></div><p dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: left;"><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;">Racontées en chœur par celles et ceux qui les ont vécues des deux côtés de l’Atlantique, ces histoires d’hier annoncent l’Histoire d’aujourd’hui." </span></p><p dir="ltr" style="line-height: 1.2; margin-bottom: 0pt; margin-top: 0pt; text-align: left;"><span style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12pt; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; vertical-align: baseline; white-space: pre-wrap;"><br /></span></p><div><br /></div></span></div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYndA7rh98JSfYJQTw6S01PR0nSp_BhHfIUsbjzI85zEDgHJVGg6CXJRPdzPE3tH8xU7lEcCogKlm_NsYwwmwZiR_PvTeD13LPQnWd-lW6fLs1HJGQdSWDrV5MYI44PluisCcCHpUKp1kh4A7RaDzaKgqk37alww24WUOKvfQaHTjEsi_YJ7KvNFt-BA/s1003/Franz%20en%20Ame%CC%81rique%20-%20Couverture.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="683" data-original-width="1003" height="481" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjYndA7rh98JSfYJQTw6S01PR0nSp_BhHfIUsbjzI85zEDgHJVGg6CXJRPdzPE3tH8xU7lEcCogKlm_NsYwwmwZiR_PvTeD13LPQnWd-lW6fLs1HJGQdSWDrV5MYI44PluisCcCHpUKp1kh4A7RaDzaKgqk37alww24WUOKvfQaHTjEsi_YJ7KvNFt-BA/w661-h481/Franz%20en%20Ame%CC%81rique%20-%20Couverture.jpg" width="661" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"></td></tr></tbody></table><p></p><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-78595336285530474992022-09-08T10:50:00.006-04:002022-12-15T09:16:24.628-05:00Franz en Amérique - Inventaire d'un roman <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9kvA3oyPYe0s95raJP_Przwbo1pb8QiA_HDV8yxhiI4D1EJUxJkAHAVyt8Z2MO4eDF2IPl3LhUATS3LbpTCnQ1VoKQjTx69BegDsCaPZIkGD4XMafoLEHuU7xZTyg60R9jYZrA0QqzyKlKwob_0_5btxbrV9GuvPFUAnKsK0koJmNMvLz47fZRpbgMw/s1500/CA-SanFranciscoBayArea.gif" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1122" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh9kvA3oyPYe0s95raJP_Przwbo1pb8QiA_HDV8yxhiI4D1EJUxJkAHAVyt8Z2MO4eDF2IPl3LhUATS3LbpTCnQ1VoKQjTx69BegDsCaPZIkGD4XMafoLEHuU7xZTyg60R9jYZrA0QqzyKlKwob_0_5btxbrV9GuvPFUAnKsK0koJmNMvLz47fZRpbgMw/s320/CA-SanFranciscoBayArea.gif" width="239" /></a></div><br /><p class="p1" style="font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px;"><span style="font-size: medium;">À première vue, <i>Franz en Amérique </i>est l'histoire d'un adolescent qui passe une année dans la baie de San Francisco - et, plus précisément, à Oakland - entre l'été 1971 et l'été 1972. </span></p><p class="p1" style="font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px;"><span style="font-size: medium;">Mais ce gros roman contient beaucoup d'histoires, racontées par une multitude de voix, des deux côtés de l'Atlantique. Et si les récits centraux se déroulent il y a cinquante ans, beaucoup d'autres choses se passent entre décembre 2020 et le printemps 2022. </span></p><p class="p1" style="font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px;"><span style="font-size: medium;">Vous y lirez, entre autres : </span></p><p class="p1" style="font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p1" style="font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p1" style="font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p1" style="font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment, quand on est militante féministe, il est bon de s'équiper d'une batte de base-ball</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment quatre personnes d'origines très différentes fondèrent une "commune" familiale</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment, dans la France des années 1960, on créa<i> </i>des réseaux clandestins d'avortement et d'aide aux femmes victimes de violence<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><br /></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTStpPKWUKmu7nRclPh9uJDKkF6FvDF74sGNxBy8drzIMEPF5vMCOT9QW0HNVHJ41Q_2gRx3v_kyUM3oXbcDVhjqlkzcPowrNQX2UQjdVWxpv3BPMdooseZnPwO6G-gQJMy7sn112hlhpiPr3eUZj9Q0DeHlcPLuXrvoFCTd_SIjqiZSAwwkI7t6fwrA/s1200/Manif%20avortement.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="680" data-original-width="1200" height="305" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTStpPKWUKmu7nRclPh9uJDKkF6FvDF74sGNxBy8drzIMEPF5vMCOT9QW0HNVHJ41Q_2gRx3v_kyUM3oXbcDVhjqlkzcPowrNQX2UQjdVWxpv3BPMdooseZnPwO6G-gQJMy7sn112hlhpiPr3eUZj9Q0DeHlcPLuXrvoFCTd_SIjqiZSAwwkI7t6fwrA/w539-h305/Manif%20avortement.jpeg" width="539" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br /><span class="Apple-converted-space"><br /></span></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment la guerre d'Indochine donna naissance à la guerre du Vietnam </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6LyE_I30_eNuYrMNeJPjxP0kZu_dalErruwOR6lStbiF2euSCpmdBd8pZbB3gPP_AZECkjHCEfuC1xgMh90eEEwzhmPxNX2ArU5hyS2GixI1zjBGLx8bolcoZOHg2hgtnFh7f0R02Rs1RhmR_82qJC3pPItb0Win2xE4KAjbeQ_EGT4kpJXa44YWksQ/s299/Ho_Chi_Minh_1946.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="299" data-original-width="220" height="299" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6LyE_I30_eNuYrMNeJPjxP0kZu_dalErruwOR6lStbiF2euSCpmdBd8pZbB3gPP_AZECkjHCEfuC1xgMh90eEEwzhmPxNX2ArU5hyS2GixI1zjBGLx8bolcoZOHg2hgtnFh7f0R02Rs1RhmR_82qJC3pPItb0Win2xE4KAjbeQ_EGT4kpJXa44YWksQ/s1600/Ho_Chi_Minh_1946.jpeg" width="220" /></a></span></div><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment on survit à un virus mortel quand on est âgé de 103 ans </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment une jeune anglaise tomba amoureuse d'une personne qui n’était (doublement) pas son genre<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment le microsillon domina le vingtième siècle </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment la France n’a pas « conquis » l’Algérie en 1830</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment deux étudiants en droit fondèrent le Black Panther Party<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment "Ode to Billie Joe" de Bobby Gentry et "Marie-Jeanne" de Joe Dassin parlent du silence des femmes </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment au début des années soixante, des étudiant.e.s traversèrent le Sud des Etats-Unis en bus pour défier la ségrégation raciale</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlVJ_RSdihOXzrGvOsKQBEez592-FlEzLkTwMEuCjvW9wENdLT81EBZPCLMxqOXqpTIy8uNs9rQ9mttpiqHPcpsG6_6J3_SgpTuYftWKT6K5KNqXNxgYuqv59rVfC5-GNg372eicfZ2XmV6uw23MdNaWESsFT8wGaIspPwlRDuMwtzIS4IDUg8SisNwA/s1004/BPParty.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1004" data-original-width="786" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjlVJ_RSdihOXzrGvOsKQBEez592-FlEzLkTwMEuCjvW9wENdLT81EBZPCLMxqOXqpTIy8uNs9rQ9mttpiqHPcpsG6_6J3_SgpTuYftWKT6K5KNqXNxgYuqv59rVfC5-GNg372eicfZ2XmV6uw23MdNaWESsFT8wGaIspPwlRDuMwtzIS4IDUg8SisNwA/s320/BPParty.jpeg" width="251" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br />Comment des journalistes français interviewaient les dirigeants du Nord-Vietnam après la défaite des États-Unis </span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment des ambulanciers de 14-18 organisèrent des échanges internationaux en espérant mettre fin à toutes les guerres<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment, lorsqu’on est un médecin juif, résoudre des crimes avec l'aide d’un berger allemand<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment on compose un <i>Yearbook<span class="Apple-converted-space"> </span></i></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment Jules Verne et Victor Hugo sont (ou ne sont pas) des écrivains britanniques </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment fonctionnent les <i>Cable Cars </i>de San Francisco </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3oG9I0Xju7zjp0LEJtkO2r6QD6iguiE9GH_BTsOEjWX-Hd6I3sjV8LQpACbY5aVpVOgTX7LBYTMl5Gf3RbbOhapRvyJlwWmW-DFTA7I0ybOc1h-RUfOHhyG8b0hPzbRwvygk7jE6Pk0qR_2tsvkO9wJ2oJMsDyKT46bSWztEhcb0HdJ4Tp9arhsEGBw/s2048/2017-05-17%2014.10.03%205.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1150" data-original-width="2048" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi3oG9I0Xju7zjp0LEJtkO2r6QD6iguiE9GH_BTsOEjWX-Hd6I3sjV8LQpACbY5aVpVOgTX7LBYTMl5Gf3RbbOhapRvyJlwWmW-DFTA7I0ybOc1h-RUfOHhyG8b0hPzbRwvygk7jE6Pk0qR_2tsvkO9wJ2oJMsDyKT46bSWztEhcb0HdJ4Tp9arhsEGBw/s320/2017-05-17%2014.10.03%205.jpg" width="320" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br />Comment (ne pas) dormir sur un <i>waterbed</i></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment interpréter le rôle de l'héroïne dans le spectacle de fin d’année<i> </i></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment s'initier à la sexualité par les livres </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment se lier avec des poseurs/ses de bombe<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment métisser <i>Cyrano de Bergerac </i>et <i>Casablanca </i></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment lire entre les lignes<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment chanter <i>Un homme et une femme </i>dans les rues d'Oakland, Californie </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGon3IJygAHNMm8WSBSeWGO59UmfIDiJsu0ZIAZMEBwDRjbgc3S_X2AxeJFxArKuZiZYJnZmj3wv7z62xEUO66PBb8E2HIAudqTHR_1pVhBRXKPcn1LDhqm7aQ-IdbRSMHd10W2YxHRJxJRsJstbIqsJpxw7SyavlE0FBKDhTm_Tcj6L_NUECGr2d23A/s591/Archie%20and%20Sammy.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="591" data-original-width="380" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgGon3IJygAHNMm8WSBSeWGO59UmfIDiJsu0ZIAZMEBwDRjbgc3S_X2AxeJFxArKuZiZYJnZmj3wv7z62xEUO66PBb8E2HIAudqTHR_1pVhBRXKPcn1LDhqm7aQ-IdbRSMHd10W2YxHRJxJRsJstbIqsJpxw7SyavlE0FBKDhTm_Tcj6L_NUECGr2d23A/s320/Archie%20and%20Sammy.jpeg" width="206" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br />Comment parler de racisme dans une <i>sitcom </i>pendant les années 1970</span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment le Golden Gate Bridge est devenu orange</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment s’en remettre à Tante Yvonne quand on est en retard</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment on inventa l'aérogramme (et comment s’en servir)<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment se faire des amis de toujours à l’autre bout du monde<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment "adapter" Louis Armstrong et "corriger" Barbara</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment certains documentaires parlaient de la vie des femmes en 1970</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment on tient un journal de grossesse quand on accueille un garçon de dix-sept ans </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment les jeunes américains étaient tirés au sort pour aller se faire tuer </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment savoir si la salle de bains est libre ou occupée </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment lire <i>L'Odyssée </i>selon une perspective féministe </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment soigner l'acné d'un adolescent </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment cultiver la confusion des genres sur une scène de théâtre </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment révéler des secrets de famille sans souffrance </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment comprendre des plaisanteries dans une langue qui n'est pas la nôtre </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment déjouer la tactique d'un gendarme </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment les femmes noires furent longtemps invisibles à la télévision</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibJIbxyRklZKFu8GoBCtJbd5YmMy8-s5PNcuK7CIRVP7eie2gyqfii68eb5-xIVS_0gl5DOLyChBE96TCuigRnh7vRp3BdGk6Be5oOVjPSdpGSefD0fY59D5PrZwl_irH6h2iSh-emSUQGIDRKu47qKLMyI8W_i7pLuj8lJxulKYzepxOz35UCww3MCw/s1240/Uhura.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="744" data-original-width="1240" height="192" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEibJIbxyRklZKFu8GoBCtJbd5YmMy8-s5PNcuK7CIRVP7eie2gyqfii68eb5-xIVS_0gl5DOLyChBE96TCuigRnh7vRp3BdGk6Be5oOVjPSdpGSefD0fY59D5PrZwl_irH6h2iSh-emSUQGIDRKu47qKLMyI8W_i7pLuj8lJxulKYzepxOz35UCww3MCw/s320/Uhura.webp" width="320" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment (bien) se servir des barbituriques et de la péthidine<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment faire le salut vulcain </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment des chirurgiens français stérilisaient les femmes de la Réunion tandis que les services sociaux "déplaçaient" leurs enfants dans la Creuse</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment dire Merde! à l'Ordre des médecins et à la Chambre des notaires </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment faire taire un homme violent après un avortement clandestin</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment on se rend de San Francisco à Oakland </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinaVlYEsKA4eG4x-CpWSNbTozBKmV1t7CdLVYAX8SoHFuUps0fEbSyHreeotSAt9ICx2SnKwY3l0sIrsa896B3cezFL1gZ-74m7hlSkaWy0dAO4s0wltquQCSfyQ9yEqd1JoP1CIZfrQ6-VtoQaxlcEde6X1dgV-aARNdt5DLi2al0ePzP4xD5oACyLA/s3546/2017-05-08%2016.49.44.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="946" data-original-width="3546" height="143" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEinaVlYEsKA4eG4x-CpWSNbTozBKmV1t7CdLVYAX8SoHFuUps0fEbSyHreeotSAt9ICx2SnKwY3l0sIrsa896B3cezFL1gZ-74m7hlSkaWy0dAO4s0wltquQCSfyQ9yEqd1JoP1CIZfrQ6-VtoQaxlcEde6X1dgV-aARNdt5DLi2al0ePzP4xD5oACyLA/w539-h143/2017-05-08%2016.49.44.jpg" width="539" /></a></div><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment certains primates trouvent des solutions agréables à tous leurs conflits </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment dire les choses franchement<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment s'est déroulé le <i>Summer of Love </i></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><i><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoEiZ7I3tyCFsSnNNEONIenQWll78zRDkGy68Ycq3qQZO8IFJ4KXWaGKTWybvAb6wa1pMSuQL_eKIVehfwr3titFm0w2pmbfri6bmvDUnMdhGYoL3KVW5hEdFi1p_ze7wEEelnHs1V8dTxgbyliTCefF-4t9pWBiCQpnk0JGWBHpHwdQ__WWd8E_uI5g/s2048/2017-05-19%2010.57.32%203.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1150" data-original-width="2048" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjoEiZ7I3tyCFsSnNNEONIenQWll78zRDkGy68Ycq3qQZO8IFJ4KXWaGKTWybvAb6wa1pMSuQL_eKIVehfwr3titFm0w2pmbfri6bmvDUnMdhGYoL3KVW5hEdFi1p_ze7wEEelnHs1V8dTxgbyliTCefF-4t9pWBiCQpnk0JGWBHpHwdQ__WWd8E_uI5g/s320/2017-05-19%2010.57.32%203.jpg" width="320" /></a></i></span></div><span style="font-size: medium;"><i><br /></i></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment le FBI assassina un Messie afro-américain </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment écrire un roman à partir de souvenirs datant d'un demi-siècle</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment recueillir et transmettre la mémoire/les histoires des femmes </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment une <i>High School </i>à Oakland, Cal., pratiquait déjà la diversité en 1970 </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment transformer une pièce et un film classiques en comédie musicale</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment découvrir qu’on est afro-français<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-converted-space">Comment la Californie a amassé plus d'argent qu'avec la ruée vers l'or </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment faire la différence entre un chirurgien et une brute en blanc </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjb2vbAz-BMJZbEytnYz_mU8kqzsapEORmmvtmUW_gIhiTLCnqBHfh5QFYc77v_XPrQjOyJI7wIMS-Ygf3ozsxd0oj1bzBfkuVRfm6ZItizttxMkcnVfZPf4kx-3Szm5Efw_BjJPHk6YVkeXNEPiz4XivtIu3oa9NK4WTMNxMFTKLt7Wtmue7kNLsqFbQ/s640/March.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="422" data-original-width="640" height="211" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjb2vbAz-BMJZbEytnYz_mU8kqzsapEORmmvtmUW_gIhiTLCnqBHfh5QFYc77v_XPrQjOyJI7wIMS-Ygf3ozsxd0oj1bzBfkuVRfm6ZItizttxMkcnVfZPf4kx-3Szm5Efw_BjJPHk6YVkeXNEPiz4XivtIu3oa9NK4WTMNxMFTKLt7Wtmue7kNLsqFbQ/s320/March.jpeg" width="320" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br />Comment la lutte pour les Droits civils était présentée à la télévision française<span class="Apple-converted-space"> </span></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment savoir si on préfère les garçons ou les filles (ou les deux, ou personne) </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment on a retiré la cocaïne du Coca-Cola en 1903 </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment envoyer paître le secret professionnel pour une très bonne cause </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment aménager une garçonnière a une heure de Paris pour y faire des choses innommables </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment Jules Verne écrivit ses romans dans un placard </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment l'histoire de la plus grande détestation française peut se résumer en trois Charles</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment retourner au stade de bonobo</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment écouter les « faces cachées » d’un disque</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjHrcXjwpOqRFAxYgVd0yq_PDBXRbSZhCcZP341wlDrKgugBnpKgFIgDTrPWzlxM3monxGhH1OIs_yL2tuBaKhmUzwbCA2ini_tkyCkHGrvy09Bj178EKpwpAfuolOF3bbIi3F6OkMScUz66KZnq9ER9VQ4zYVb24MvpolYGLWPpqtjN077s-FwNqDGw/s1200/vinyle.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="1200" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhjHrcXjwpOqRFAxYgVd0yq_PDBXRbSZhCcZP341wlDrKgugBnpKgFIgDTrPWzlxM3monxGhH1OIs_yL2tuBaKhmUzwbCA2ini_tkyCkHGrvy09Bj178EKpwpAfuolOF3bbIi3F6OkMScUz66KZnq9ER9VQ4zYVb24MvpolYGLWPpqtjN077s-FwNqDGw/s320/vinyle.jpeg" width="320" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment se retrouver uni.e.s contre l’adversité sans l’avoir fait exprès <span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment Angela Davis devint une des<i> Most Wanted Criminals</i> du FBI</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment il est préférable de porter une petite laine en juillet à San Francisco</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment écouter aux portes sans faire de mal à personne </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment être maîtresse de sa vie dans un monde contrôlé par les hommes </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment être <i>gay </i>en Californie, et ne pas l'être dans le Wisconsin </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment certains cinéastes français représentèrent Jane Fonda et Brigitte Bardot<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIuntVMUc8TZchhsOSL9v_6YYWRLZTk3aaX2JNAUbV0stY1GzUtWmZRej48OzwEIB5xZtv-FxNuxtO9hTauXZncoLSN78jam4Ff7WNTJsUfX3OhEK6Fer7NPj9Ov5GbO5JRYQLbrjhLuEmR-H9AtdSCUXeeHN6DAa7DscQE6R1iLTnPmC_hoi5UNwpXQ/s550/best-actress-jane-fonda-klute.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="550" data-original-width="412" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIuntVMUc8TZchhsOSL9v_6YYWRLZTk3aaX2JNAUbV0stY1GzUtWmZRej48OzwEIB5xZtv-FxNuxtO9hTauXZncoLSN78jam4Ff7WNTJsUfX3OhEK6Fer7NPj9Ov5GbO5JRYQLbrjhLuEmR-H9AtdSCUXeeHN6DAa7DscQE6R1iLTnPmC_hoi5UNwpXQ/s320/best-actress-jane-fonda-klute.jpeg" width="240" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br />Comment le titre de certaines chansons n'annonce pas ce que disent leurs paroles </span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment on découvrit les deux cent trente-sept (237) raisons des femmes pour faire l'amour </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment faire le <i>Tour de la baie de San Francisco en quatre-vingts </i>[mot manquant]... </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment maquiller un crime en l'attribuant aux personnes dont on veut se débarrasser </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment chanter <i>La Marseillaise </i>quand on la déteste</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment on parlait des, et on luttait contre, les violences contre les femmes dans les années soixante </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment voyager en Traction avant avec un libraire communiste, un curé ouvrier du livre, un médecin et un notaire </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment rompre avec l’amour de sa vie comme Humphrey Bogart avec Ingrid Bergman </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment concocter un brouet de sorcière au cours d’une réunion tupéroire <span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment la France plongea la Kabylie dans la misère<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment des chansons de Maurice Chevalier, Mireille, Juliette Gréco et Barbara célébrées au vingtième siècle font grincer des dents au vingt-et-unième </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4-yiOet-_VevKl_lKJ-c0MbXuxbjHI9IHJREdeyl-GrMc2y2BiuEnKuwx6MBmQvaXQ1i6U1LqX6rPw3OfCtg-s1KlVQ5xtUWvbqwhBXt7KZOnCvqGW0FTAS6weWwvppEbaPA8dFn8pIh6mBbtCxUWezJbr06Fdy_2yQdAWya692HhIZRvzFIB9VONGQ/s710/Woke.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="686" data-original-width="710" height="309" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg4-yiOet-_VevKl_lKJ-c0MbXuxbjHI9IHJREdeyl-GrMc2y2BiuEnKuwx6MBmQvaXQ1i6U1LqX6rPw3OfCtg-s1KlVQ5xtUWvbqwhBXt7KZOnCvqGW0FTAS6weWwvppEbaPA8dFn8pIh6mBbtCxUWezJbr06Fdy_2yQdAWya692HhIZRvzFIB9VONGQ/s320/Woke.webp" width="320" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br />Comment dans les années 70, les <i>comic-books </i>sont devenus <i>woke<span class="Apple-converted-space"> </span></i></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment manifester contre la guerre dans le Golden Gate Park <span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment définir le mot « intersexe »<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment se comporter à une veillée funèbre </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment explorer ses origines familiales grâce à un centre de documentation scolaire et une bibliothèque municipale<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment soigner les morsures infligées à un sale type par un brave chien, sans l'amputer (le type, pas le chien...)<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment les barbouzes de De Gaulle surveillaient l'extrême-droite </span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment la prise d’Alcatraz sauva des Nations de l’ex-<i>Termination</i> <span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-converted-space"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbnylaZqVakKkjpWANtYu45GaQIvL-x8sMjkU4fUwVj1s4EoIw4I53YT6jZMpL69exdU-WiEBm6LSCUZDWlFZubpsnrK0aufQuAma__t2fkpV8887lX0vnxoqLhxbnv_1xA2eD6_-ZqUmNDzkHrQLcJBo0BZCBvDxnMdxPSyFfHSYv2pFm0ky2oAV7yg/s2592/IMAG5263.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1456" data-original-width="2592" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbnylaZqVakKkjpWANtYu45GaQIvL-x8sMjkU4fUwVj1s4EoIw4I53YT6jZMpL69exdU-WiEBm6LSCUZDWlFZubpsnrK0aufQuAma__t2fkpV8887lX0vnxoqLhxbnv_1xA2eD6_-ZqUmNDzkHrQLcJBo0BZCBvDxnMdxPSyFfHSYv2pFm0ky2oAV7yg/s320/IMAG5263.jpg" width="320" /></a></span></span></div><span style="font-size: medium;"><span class="Apple-converted-space"><br /></span></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: large;">Comment, quand on enterre le passé, il finit toujours par resurgir</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment apprendre à parler d’amour au téléphone<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment « 1968 » ne signifie pas du tout la même chose des deux côtés de l’Atlantique<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment détourner la langue de Molière comme Shakespeare détourna la sienne <span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment (selon une légende familiale) les Beatles écrivirent « Michelle »</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment changer les lois en Amérique<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment oter les mots de la bouche de Cyrano<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment un <i>Comedy Show </i>au rythme effréné tailla un costard à de Gaulle sur un rythme hebdomadaire<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment nous sommes tou.te.s des enfants de la guerre<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-size: medium;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkXO-wLNAgJzwL7tt4B9tgiFWucL-lw6-tioTdyRb8OAyein53IWjW7UZ_KgkWqaLtUy5bSdFcAx2VsHhwJom17PdRz23XTZcYST8sduBM3Z2eagiy5QbKwAcG5dRlIP4sqXXkAxLzniU1eFOaLNAYEvFT2kgtckANV1eL8Q0229ggXGAH7xQiFyd8wQ/s739/Robin_Morgan_-_Sisterhood_Is_Powerful.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="739" data-original-width="440" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjkXO-wLNAgJzwL7tt4B9tgiFWucL-lw6-tioTdyRb8OAyein53IWjW7UZ_KgkWqaLtUy5bSdFcAx2VsHhwJom17PdRz23XTZcYST8sduBM3Z2eagiy5QbKwAcG5dRlIP4sqXXkAxLzniU1eFOaLNAYEvFT2kgtckANV1eL8Q0229ggXGAH7xQiFyd8wQ/s320/Robin_Morgan_-_Sisterhood_Is_Powerful.jpeg" width="191" /></a></span></div><span style="font-size: medium;"><br />Comment abolir la suprématie masculine en médecine<span class="Apple-converted-space"> </span></span><p></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment faire de San Francisco la ville la plus gaie des États-Unis <span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment fredonner du Johnny Cash dans un camion de légumes<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment ne pas pousser quelqu’un par la fenêtre alors qu’on en meurt d’envie<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment (re)trouver l’amour grâce à « Victur Hiougo »<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment Muhammad Ali combattit la guerre du Vietnam<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment quitter la scène avec les Monty Python</span></p><p class="p2" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px 5px 18px;"><span style="font-size: medium;">Comment la vie peut se raconter en chansons<span class="Apple-converted-space"> </span></span></p><p class="p3" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px; min-height: 15px;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p3" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px; min-height: 15px;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p3" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px; min-height: 15px;"><span style="font-size: medium;"><br /></span></p><p class="p3" style="font-family: "Times New Roman"; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 5px 0px; min-height: 15px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOaZCgbxeo3n9G3caDht6qelPRvDDBIDVtMTcnaLouFK1Ln6VPq_j8yiYNQxiQfPq-q5-RZVgkdbn_PS5xADNNsDL9HEz1O0N20-l3gMtGn5DHzJZnNwj83vh-_helzUvsC4tmq8WFl8GkQPrvXjRRUXCS1EgbfTIUw9R-vNoB4smJY90lF3-WhnwchA/s2592/IMAG4719%204.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2592" data-original-width="1456" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOaZCgbxeo3n9G3caDht6qelPRvDDBIDVtMTcnaLouFK1Ln6VPq_j8yiYNQxiQfPq-q5-RZVgkdbn_PS5xADNNsDL9HEz1O0N20-l3gMtGn5DHzJZnNwj83vh-_helzUvsC4tmq8WFl8GkQPrvXjRRUXCS1EgbfTIUw9R-vNoB4smJY90lF3-WhnwchA/s320/IMAG4719%204.jpg" width="180" /></a></div><br /><span style="font-size: medium;"><br /></span><p></p><p class="p4" style="font-family: "Ryman Eco"; font-size: 12px; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal; margin: 0px; min-height: 14px;"><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-27622461713418162412021-12-18T23:17:00.002-05:002021-12-18T23:18:08.318-05:00Quand les écrivains sont-ils "bons" ? - par Marc Zaffran/Martin Winckler <p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgIJlHwYAwHdzQjmpTmHTTP2GVynHZUZAP8_AY_qp6icGdilYhhyhDahjSCaXbLPETY_pYXisjUH6xoLXvlrbfMwLpuJ5FnJwU_Yb0LiKSDX2xTIcmLHNX0vKIn_sbcUzrd6GsD7P6awXRbYx9HpnuTHgtMC6dr2UiP9t-RgcgTiZOo9g9JgnFzSfGfEw=s635" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="357" data-original-width="635" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgIJlHwYAwHdzQjmpTmHTTP2GVynHZUZAP8_AY_qp6icGdilYhhyhDahjSCaXbLPETY_pYXisjUH6xoLXvlrbfMwLpuJ5FnJwU_Yb0LiKSDX2xTIcmLHNX0vKIn_sbcUzrd6GsD7P6awXRbYx9HpnuTHgtMC6dr2UiP9t-RgcgTiZOo9g9JgnFzSfGfEw=s320" width="320" /></a></div><br />L'autre jour, je parlais avec une éditrice qui me demandait quelles sont les caractéristiques d'un "bon médecin" et d'un "bon écrivain". <p></p><p>Je lui ai répondu que le mot "bon" me posait problème. Car si je répondais de but en blanc à cette question, ça voudrait dire que je sais (ce) qui est "bon" et (ce) qui est "mauvais", alors que je sais seulement ce que j'aime et ce que je n'aime pas. </p><p>Comme l'écrivait Roland Barthes "J'aime, je n'aime pas, ça veut seulement dire : <i>Mon corps n'est pas le même que le vôtre." </i>(dans <i>Roland Barthes par Roland Barthes </i>- Seuil, coll. "Ecrivains de toujours")</p><p>Cela dit, on me demande aussi souvent quels sont les liens (les ressemblances) entre le soin et l'écriture. Et parce que je connais un peu l'une et l'autre, il me semble qu'il y a surtout des différences concrètes considérables. </p><p>Je m'explique. </p><p>Le soin, ça consiste à faire en sorte qu'une personne aille mieux après vous avoir vu ; ça se fait à deux, par définition. C'est un processus interactif, coopératif, entre deux personnes, parfois plus. Ce n'est pas quelque chose qu'on décide de faire seul.e : il faut que la soignante soit sollicitée par la personne soignée, un membre de la famille ou par les circonstances (en cas d'accident, par exemple). </p><p>On n'impose pas le soin, on le propose et la personne l'accepte ou non. Et c'est elle, en principe, qui y met fin. Pas toujours : le refus de soin est malheureusement fréquent ; tous les jours, des personnes se voient refuser des soins pour des raisons plus lamentables les unes que les autres. Et si je conçois que des soignantes harassées et submergées ne puissent pas soigner tout le monde, je ne comprends pas que certains "professionnels" <i>choisissent </i>sciemment de ne pas soigner - voire de maltraiter des personnes qui ne leur plaisent pas. </p><p>Si l'on veut être sûr.e de soigner, on ne peut pas se passer de ce que les personnes qu'on soigne ont à dire, avant, pendant et après les soins. Ce sont elles, et elles seulement, qui disent si, et comment, elles ont été soignées, et si ces soins les ont soulagées. Toute autre perspective est paternaliste. </p><p>On ne peut pas soigner "juste quand on en a envie" ou "quand ça nous arrange". Dans une certaine mesure, la soignante est au service de la personne soignée, même si elle n'est pas à sa disposition en permanence. La demande de soins porte en elle-même une obligation de moyens. Elle a l'obligation (légale, morale) de mette en oeuvre tout ce qu'elle sait pour délivrer les soins appropriés aux personnes qui les demandent. </p><p>Quand on soigne, les gestes de soins, la relation et l'interaction soignante-soignée se déroulent simultanément. On peut dire, dans une certaine mesure, que tant qu'il y a une relation, les soins se prolongent. Parfois même lorsque la relation n'est plus : je me souviens d'avoir entendu des personnes que mon père avait soignées me dire à quel point, longtemps après sa mort, il était encore présent. </p><p>Bref, les repères et obligations éthiques de la soignante sont présentes à chaque moment du soin parce que précisément, il s'agit d'une relation directe, vivante, qui peut persister après la disparition (ou plus simplement l'éloignement) de la relation, mais qui ne dure pas indéfiniment. </p><p>Ecrire est une activité très différente. On écrit souvent seul. On peut éventuellement travailler avec d'autres écrivantes, mais pas, par définition, avec les personnes qui nous liront. Car, quand on écrit un texte, on ne sait jamais à l'avance, à une poignée d'exceptions près (le compagnon ou la compagne, l'éditrice ou l'éditeur, l'équipe éditoriale, quelques ami.e.s proches), qui le lira. </p><p>Une écrivante n'a pas de relation directe avec ses lectrices. Si relation il y a, elle ne s'établit pas entre la lectrice et l'écrivante, <i>mais entre la lectrice et un ou des textes</i>. Les rencontres, toujours possibles, sont le plus souvent très courtes. Même s'il est aussi possible d'échanger par courrier/l avec l'écrivante, ça reste une relation à distance, qui n'a rien d'obligatoire dans sa réciprocité. Et l'ascendant (?) d'un.e écrivant.e sur les lectrices n'a rien à voir avec celui d'un.e soignant.e sur des personnes qui demandent des soins parce qu'elles souffrent. </p><p>Contrairement au soin - dont on peut vérifier l'efficacité ou les insuffisances en même temps qu'on le délivre, en posant la question à la personne concernée - il n'est pas possible d'apprécier les effets de l'écriture <i>pendant</i> qu'on écrit. Il y a aussi de grandes différences dans la manière dont le soin et l'écrit sont reçus. La personne soignée peut interrompre un geste de soin en disant : "Vous me faites mal" et l'amener à changer de procédure. La lectrice peut cesser de lire un texte mais ne peut pas conduire l'écrivante à le changer. (Il arrive que des auteurs ou autrices récrivent un livre longtemps après sa publication, pour une édition nouvelle, mais en dehors des livres scientifiques ou factuels, ce n'est pas fréquent.) </p><p>Une fois que le texte est public, ses effets dépendent exclusivement des perceptions qu'en ont les lectrices. Et ces effets peuvent être ressentis longtemps après, bien au-delà de a durée de vie de l'autrice ou des premières lectrices : il se vend plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires de <i>L'Ecume des jours </i>ou des <i>Aventures de Sherlock Holmes </i>chaque année... L'empreinte d'un livre est plus durable que celle de n'importe quelle soignante.</p><p>Une soignante ne touche qu'une personne à la fois. Une écrivante peut en toucher un très grand nombre. S'il s'agit d'une centaine de personnes, c'est déjà énorme. Au-delà, ça devient difficile à appréhender, d'autant que toutes les lectrices ne s'expriment pas. Les effets d'un texte sont aussi nombreux que ses lectrices. Sans doute beaucoup plus que les effets d'un soin. </p><p>Dernière différence, qui n'est pas négligeable : on demande des soins parce qu'on cherche un soulagement ; on lit parce qu'on cherche plutôt du plaisir, au sens large. </p><p>Malgré toutes ces différences, s'il existe des ressemblances entre l'une et l'autre, c'est à mon sens dans la posture éthique des personnes qui les pratiquent. Il me semble en effet que les écrivantes ont, comme les soignantes, des obligations : je ne pense pas que, sous prétexte d'être "des artistes", les écrivantes peuvent se contenter d'écrire ce qu'elles veulent en disant : "C'est de l'art, je suis libre de faire ce que je veux." </p><p>Ici, je ne parle pas des situations, des pays dans lesquels des artistes s'opposent au pouvoir et parfois y perdent la vie ou la liberté. S'opposer à un pouvoir oppresseur n'est d'ailleurs pas l'apanage des artistes. Et ce n'est pas leur situation/statut d'artiste qui compte, mais la position qu'iels prennent face au pouvoir. En cela, une artiste qui s'oppose à un pouvoir n'est pas plus "admirable" qu'une opposante qui n'est pas artiste. Elle est simplement (parfois) un peu plus audible. </p><p>L'écrivante qui a la chance (et le privilège) d'être lu.e dans un pays où les artistes ne sont pas harcelées ou muselées (en tout cas, pas systématiquement) a des responsabilités envers les lectrices. Car ce qu'elle écrit a un poids. Et plus elle est lue, plus ce poids est grand. </p><p>Cela lui impose (ou devrait lui imposer) d'user de son influence à bon escient. Et par "bon" j'entends "avoir des effets bénéfiques pour le plus grand nombre". Des effets qui contribuent à réduire la souffrance collective, et contribuent à plus de justice. </p><p>J'ai pris conscience de ça quand <a href="http://martinwinckler.com/spip.php?rubrique29">j</a>'ai été chroniqueur à France Inter en 2002-2003. Des auditeurs et auditrices m'écrivaient, parfois fâché.es par ce que j'avais raconté à l'antenne, en me disant "Vous avez un pouvoir". Au début, je ne comprenais pas. Je me voyais seulement comme un chroniqueur parmi d'autres, une voix individuelle qui racontait de petites histoires, mais je n'avait pas le sentiment d'avoir le moindre "pouvoir". Au fil de l'année, j'ai compris que ce qui comptait n'était pas le "pouvoir" matériel, mais l'influence - au sens où aujourd'hui on parle d' "influenceurs" sur les réseaux sociaux. J'étais, à ma toute petite échelle, une voix qui avait un poids et les auditrices me le signifiaient tous les jours par courriel (ou en appelant le standard). Parce que j'ai pris conscience de cela, j'en ai usé... et la rédaction de France Inter <a href="http://martinwinckler.com/spip.php?rubrique29">a fini par me trouver lourd</a>. 😊</p><p>Si elles aiment nos textes, les personnes qui nous lisent nous accordent non seulement de la confiance, mais aussi du crédit. Elles reçoivent nos idées, et ces idées les influencent plus ou moins. (Certes, elles peuvent aussi y réagir de manière très négative et nous le faire savoir - comme les réseaux sociaux le permettent - via des messages courroucés.) </p><p>La réflexion éthique de l'écrivant.e devrait découler de cette possible influence : si ce que j'écris à un poids, alors je suis responsable de ce que j'écris. Je ne peux pas demander aux lectrices de ne pas tenir compte de ce qu'elles ont lu. (Je peux cesser d'écrire, ça ne fait pas disparaître ce qui est public a déjà été lu...). Je peux seulement être conscient de ce qui guide mon texte. </p><p>Et je sais que les mots peuvent faire du mal ou faire du bien. </p><p><a href="https://ecoledessoignants.blogspot.com/2014/12/lethique-biomedicale-definition.html">L'éthique de l'écrivante se décline au fond comme l'éthique de la soignante</a> : chaque écrivante se demande peu ou prou : "Mes textes sont-ils "bons" parce que je suis une personne "bonne" (éthique de la vertu), parce que je suis les "bonnes règles d'écriture" (éthique déontologique) ou parce que mes mots ont des effets bénéfiques sur les personnes qui les lisent (éthique conséquentialiste)" ? </p><p>J'ai opté pour la troisième réponse. </p><p>Je ne peux pas anticiper les réactions des lectrices à mes textes, mais je peux certainement toujours me demander si mes mots leur feront du bien. </p><p>Et pour en revenir à ce qui a motivé cette réflexion, je ne sais pas ce que sont un "bon médecin" et un "bon écrivain". </p><p>Ce qui m'importe, au fond, c'est le bien que font les soignantes, le bien que font les écrivantes. </p><p>Et le souci de l'autre que je sens dans leurs gestes, que je lis dans leurs mots. </p><p>Mar(c)tin </p><p> </p><p><br /></p><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-4580893368515770972021-09-23T11:13:00.011-04:002021-09-24T09:29:58.190-04:00Le vaccin, le masque, la conduite automobile et le grille-pains - par Martin Winckler (Dr Marc Zaffran) <p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-4wvTB220oH4/YUye0opPnHI/AAAAAAAAHZY/-xSuX2GKFlchWk8lKqVITVzuqdE0-1-FwCNcBGAsYHQ/s238/Grille%2Bpain.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="211" data-original-width="238" height="211" src="https://1.bp.blogspot.com/-4wvTB220oH4/YUye0opPnHI/AAAAAAAAHZY/-xSuX2GKFlchWk8lKqVITVzuqdE0-1-FwCNcBGAsYHQ/s0/Grille%2Bpain.jpeg" width="238" /></a></div><br /><p>Hier, je discutais avec ma fille aînée qui me demandait : "Que répondrais-tu à une personne qui ne veut pas se faire vacciner en arguant que c'est sa liberté et qu'elle fait ce qu'elle veut de son corps". Un de ses frères m'avait posé récemment la même question. </p><p></p><p>Je lui ai répondu brièvement mais ça m'a donné envie de détailler ma réponse ici, au cas où vous auriez affaire à des personnes qui tiennent le même discours (et qui n'ont pas de raison médicale de ne pas se faire vacciner). </p><p style="text-align: center;">*****</p><div><br /></div><p><b>D'abord un avertissement</b> : ce texte est destiné aux personnes qui acceptent : </p><p>- que la Covid-19 est une maladie infectieuse </p><p>- que les masques diminuent la propagation du virus, lequel est transmis par la respiration. </p><p>- que la maladie peut être prévenue par la vaccination</p><p>- que les vaccins existants sont efficaces (même s'ils ne le sont pas à 100% et même s'ils ont des effets indésirables, ce qui est le cas de TOUS les vaccins) </p><p>- que la vaccination est moins dangereuse que le virus. </p><p>Si vous doutez le moindrement de ce qui précède, ne lisez pas ce texte, il risque de vous faire tousser. </p><p style="text-align: center;">*****</p><p>La liberté des individus est inaliénable, et c'est parce que je tiens à cette valeur que je défends (par exemple) la liberté absolue des femmes de faire ce qu'elles veulent de leur corps et de ce qui s'y passe (une grossesse, par exemple), mais aussi la liberté absolue de tout individu de mettre fin à ses jours de la manière la moins violente possible, avec l'aide de soignantes compétentes. </p><p>De même, je refuse d'imposer une vaccination à qui que ce soit. Si une personne redoute de se faire vacciner, c'est son droit de refuser, comme de refuser n'importe quel traitement. </p><p>MAIS. Ma liberté, comme dit le proverbe, s'arrête où commence celle des autres. </p><p>Etre favorable à la liberté d'avorter, ça n'autorise pas à imposer l'avortement à toutes les femmes. De même, refuser d'avorter, ça n'autorise pas à le refuser aux autres. </p><p>Etre favorable à l'aide médicale à mourir, ça ne veut pas dire imposer à toute personne de plus de 75 ans de mourir. (Par exemple). Refuser d'y recourir, ça n'autorise pas à le refuser aux autres. </p><p>C'est simple : ma liberté d'accepter ou refuser quelque chose ne m'autorise pas à l'interdire aux autres. </p><p><b>Par extension, </b>ma liberté est incompatible avec la mise en danger des autres. Quand je me vaccine (en prenant le risque, limité mais non nul, de subir un effet indésirable du vaccin) je ne mets pas les autres en danger. Ca ne concerne que moi. (Tout comme quand je décide d'escalader une paroi à mains nues ou de traverser l'Atlantique à la nage...) </p><p>Etre libre de faire ce qu'on veut de son corps, ça n'est pas être libre de faire ce qu'on veut avec le corps ou la santé d'autrui. Et il me semble qu'on peut trouver une analogie très simple dans la conduite en voiture.</p><p>Quand nous montons dans une voiture, on attend de nous (en dehors d'avoir appris et obtenu son permis), de respecter le code de la route (limitations de vitesse, feux de signalisation, conduite à droite en Europe, etc.) et de ne pas adopter de comportement dangereux. Il y a trois comportements dangereux qui me semblent assez clairs : boire de l'alcool avant de prendre le volant ; refuser d'attacher sa ceinture et ne pas demander (voire interdire) aux autres passagers de le faire ; conduire en dépassant la vitesse limite. </p><p>Chacun est libre de ses actes mais conduire après avoir bu (même si on est seul au volant) ou conduire sans ceinture ou en dépassant la vitesse limite exposent à deux types de conséquences : la moins grave est de se faire verbaliser ou retirer son permis. La plus grave, c'est de provoquer un accident qui tue ou blesse grièvement le conducteur, ses passagères, les personnes extérieures au véhicule. C'est moins facilement (voire jamais) réparable et les conséquences financières sont lourdes pour tout le monde (le responsable et ses victimes). Le problème c'est qu'on ne sait jamais si on aura un accident et quelle en sera la gravité. </p><p>On sait en revanche que la mortalité et la gravité des accidents de la route a considérablement baissé quand on a limité la vitesse, imposé la ceinture et sanctionné l'alcool au volant. <i>Mieux vaut prévenir que guérir. </i></p><p>Ne pas se vacciner contre la covid/ne pas porter de masque est similaire à la conduite automobile dangereuse. Vous avez beau penser que vous pouvez tout contrôler, c'est faux. Il y a trop d'impondérables. Vous ne pouvez pas être sûre que vous ne serez pas infectée et/ou, si vous l'êtes, de ne pas être malade et surtout de ne pas rendre quelqu'un d'autre malade. Autrement dit : ne pas vous vacciner, c'est vous exposer, comme quand vous prenez le volant sans respecter les règles de sécurité, à provoquer un accident, peut être mortel pour vous et pour des personnes qui, elles, les avaient respectées. (Ou qui ne conduisaient même pas...) </p><p>Dans ce cas, l'exercice de votre liberté aura pour conséquence que vous serez pénalisées, physiquement (si vous êtes blessé vous même), sur le plan légal (vous avez enfreint la loi), et probablement sur le plan financier. Votre liberté peut coûter cher aux autres et, si c'est le cas, elle vous coûtera cher à vous aussi. </p><p>Vous ne voulez pas vous vacciner et/ou porter un masque (conduire sans dépasser la vitesse et mettre votre ceinture) quand on demande de le faire pour la sécurité de toutes ? C'est votre droit. Mais attendez-vous à en assumer les conséquences - autrement dit : à ne pas être autorisée à mettre les autres en danger : vous ne pourrez pas aller au cinéma, vous n'entrerez pas dans un restaurant, vous ne circulerez pas dans un lieu public fermé. </p><p>Notez bien que si vous êtes contaminée et tombez malade, on vous soignera quand même, tout comme on soigne les chauffards ivres qui ont provoqué la mort de personnes qui avaient, elles, respecté les règles. Il me semble donc que la pénalité d'une non-vaccination (être relativement exclu.e de la vie publique) n'est pas un prix très lourd à payer.. </p><p>Ca me semble donc simple : si vous êtes capable de comprendre les limites, contraintes, régulations et conséquences de la conduite automobile (ou de ne pas traverser quand le feu est vert pour les voitures, ou de ne pas jeter de l'essence sur votre bar-b-cue, ou de ne pas jeter une cigarette dans un sous-bois, ou ne ne pas faire griller votre pain pendant que vous êtes dans la baignoire), <i>vous êtes capable de comprendre celles de la vaccination contre la Covid-19. </i></p><p>A moins que vous ne vouliez vraiment jouer à l'imbécile. </p><p>Car, je le répète, votre liberté d'agir est absolue. Si vous avez envie de vous faire griller du pain ou de vous sécher les cheveux dans la baignoire, c'est votre droit le plus strict. Mais faites le dans <i>votre </i>baignoire<i> </i>et ne demandez à personne de vous y rejoindre. </p><p>Martin Winckler </p><p>PS : Quant au pass-covid, on vous demande bien d'avoir le permis de conduire pour prendre le volant, non ? On vous demande bien votre carte de sécu à l'entrée de l'hôpital ? On vous demande bien votre passeport avant de prendre l'avion et de justifier de vos vaccinations contre la fièvre jaune quand vous allez dans un pays où elle est endémique ? Alors où est le problème ? </p><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com10tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-20987411657281471792021-08-22T18:04:00.010-04:002021-08-22T22:40:26.344-04:00Je me souviens de mes débuts sur l'internet - par Marc Zaffran & Martin Winckler<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-_RXe8vMXdyc/YSK98JOgovI/AAAAAAAAHV8/RHiaULTpP5AkQUc-s4eL6enYAZKaW3olACNcBGAsYHQ/s700/Compuserve.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="535" data-original-width="700" height="245" src="https://1.bp.blogspot.com/-_RXe8vMXdyc/YSK98JOgovI/AAAAAAAAHV8/RHiaULTpP5AkQUc-s4eL6enYAZKaW3olACNcBGAsYHQ/s320/Compuserve.jpeg" width="320" /></a></div><br />Je me souviens de Compuserve et d'AOL, qui étaient les deux premiers (et longtemps les seuls ? Les principaux ?) fournisseurs d'accès internet (FAI) disponibles en France. J'ai eu ma première adresse Compuserve pendant l'été 95 (année où j'ai commencé à tenir mon journal sur mon ordinateur, et non plus dans des cahiers). J'étais l'un des premiers dans mon entourage à avoir une adresse électronique, avec mon frère, qui bossait dans une ONG (ou peut être déjà à l'OMS). <p></p><p>Plus tard, je me suis aussi abonné à AOL. <br /></p><p>(Je me souviens que c'est mon frère qui m'a initié à Word en m'envoyant une copie de Word 3 (!!!) sur une disquette 5,25. A l'époque, les logiciels étaient moins bien protégés.) </p><p style="text-align: center;">*</p><p style="text-align: left;">Je me souviens qu'il fallait installer une carte modem dans son ordinateur. Et que quand on se connectait, ça bloquait la ligne téléphonique. (Le fax aussi, d'ailleurs. Vous vous souvenez des fax ?) </p><div><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;">*</span></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens que les anglophones parlaient de "The Internet" (littéralement, "l'Inter-réseaux") et que les francophones insistaient pour dire "Internet" (sans article et avec une majuscule) comme s'il s'agissait d'une entité. J'ai toujours pour ma part écrit "l'internet" comme "le téléphone" ou "la télévision". </span></div><p style="text-align: left;"><span style="text-align: center;"><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span>*</span></p><p style="text-align: left;">Je me souviens qu'on installait Compuserve ou AOL avec (d'abord) une disquette ou (plus tard) un CD</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-6EJtysDsAXk/YSK-H9oY0QI/AAAAAAAAHWY/R2PIF5shb1gBeUYw9U9xyx8GZtbLLbZ6gCNcBGAsYHQ/s810/AOL.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="456" data-original-width="810" height="180" src="https://1.bp.blogspot.com/-6EJtysDsAXk/YSK-H9oY0QI/AAAAAAAAHWY/R2PIF5shb1gBeUYw9U9xyx8GZtbLLbZ6gCNcBGAsYHQ/s320/AOL.jpeg" width="320" /></a></div><br /> qu'on trouvait inséré dans des revues qui ont aujourd'hui presque toutes disparu. Les disquettes et CD contenaient aussi tout un tas de petits programmes en shareware... <br />Charger le programme et l'installer prenait des plombes, mais on avait l'habitude de patienter et de faire autre chose pendant ce temps (mais pas sur l'ordi, car ça occupait la mémoire vive...) <p></p><p><span style="text-align: center;"> *</span></p><div style="text-align: left;">Compuserve et AOL n'étaient pas seulement des FAI mais des communautés. Je me souviens des "mailing lists", qui étaient des forums par courriel. J'ai adhéré à la "<i>Law & Order</i> Mailing List" en 1995 ou 96. Je m'y suis fait deux amies. L'une d'elles, Randee Dawn, était une écrivante débutante vivant à Brooklyn. Elle écrivait de la fanfiction et m'a fait découvrir plusieurs séries tournées sur la côte Est, comme <i>Homicide, </i>puis <i>Oz, </i>qui a précédé et annoncé <i>The Wire. </i></div><div style="text-align: left;">Randee est aujourd'hui <a href="https://randeedawn.com/">écrivante professionnelle</a> - journaliste, nouvelliste et romancière. </div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;">L'autre amie, Debbie White, était une enseignante de l'Illinois. Elle m'a enregistré et envoyé <i>tous </i>les<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-W37UDCYQAcg/YSLNdcMeTSI/AAAAAAAAHX8/t1BI7VVpES87z-wUUZ-WXAyabpraIUHlgCNcBGAsYHQ/s500/Nouvelles%2Bse%25CC%2581ries.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="372" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-W37UDCYQAcg/YSLNdcMeTSI/AAAAAAAAHX8/t1BI7VVpES87z-wUUZ-WXAyabpraIUHlgCNcBGAsYHQ/s320/Nouvelles%2Bse%25CC%2581ries.jpeg" width="238" /></a></div><br /> épisodes de <i>Law & Order </i>et de ses spin-offs enregistrés sur VHS (en demi-vitesse, huit épisodes par cassette) entre 1996 et 2005. Je recevais un paquet tous les six mois, et les cassettes étaient si solidement emballées dans du papier journal (elle ne voulait pas qu'elles risquent de se casser) qu'il me fallait dix minutes pour l'ouvrir, même avec un couteau à pain ou un cutter. Je lui remboursais les cassette et l'affranchissement et, en échange, je lui envoyais mes articles dans des livres et revues illustrées consacrées aux séries. </div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;"><div><span style="text-align: center;"> *</span></div><div><div><span style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-THyq66t15rU/YSK-QGUC-SI/AAAAAAAAHWw/XkTDlpwDGDIy5YNxwMnhb2rBEPJXNg8vQCNcBGAsYHQ/s293/MS%2BDOS%2Bfacile.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="180" height="293" src="https://1.bp.blogspot.com/-THyq66t15rU/YSK-QGUC-SI/AAAAAAAAHWw/XkTDlpwDGDIy5YNxwMnhb2rBEPJXNg8vQCNcBGAsYHQ/s0/MS%2BDOS%2Bfacile.jpeg" width="180" /></a></div><br />Je me souviens de l'époque où le WWW n'était pas très facile d'accès et où il fallait beaucoup de temps pour charger des images. Mon PC fonctionnait sous MS-DOS. Je n'ai adopté Windows 95 qu'en... 1998 ! </span></div><p><span style="text-align: center;">Pour apprendre et me mettre à jour sur le DOS j'achetais les <i>MS-DOS Facile, </i>des manuels Marabout épatants rédigés par un auteur qui signait "Virga". Aujourd'hui (21 août 2021), en googlant son nom, je trouve cette biographie sur le site de la librairie Eyrolles : </span></p><p><span style="text-align: center;"><i>"</i></span><span face="Roboto, Arial, sans-serif" style="background-color: white; color: #2b3b43; font-size: 15.2px;"><i>Voici quinze ans qu'il deguste, chaque jour, les joies de l'informatique. Docteur en medecine, criminologue, acupuncteur, journaliste, redacteur en chef de revues medicales et informatiques, directeur de collection, auteur de plusieurs dizaines d'ouvrages, Virga a publie de nombreux titres chez Marabout, dont plusieurs ont depasse les 250 000 exemplaires." </i></span></p><p><span face="Roboto, Arial, sans-serif" style="background-color: white; color: #2b3b43; font-size: 15.2px;">et que son vrai nom est </span><span face="sans-serif" style="background-color: white; color: #202122; font-size: 14px;">Ghéorghiï Vladimirovitch Grigorieff !!! </span></p><p><span style="text-align: center;"><i>Euhlamondieu</i> ! Mon auteur préféré des années 90 était docteur en médecine, acupuncteur et journaliste, et je ne le savais pas !!! S'il croise cette page, qu'il sache que je ma gratitude est grande !!! Son <i>Aide-Mémoire de PCTools</i> m'a sauvé la vie en 1996... ! (</span><span style="text-align: center;">Si vous le connaissez, faites passer !</span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;">) </span></p><p><span style="text-align: center;"> <span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span>*</span></p><p><span style="text-align: center;">Je me souviens qu'au début des années 2000, je voyageais beaucoup. Avant de prendre le train, je passais vingt bonnes minutes à feuilleter les revues d'informatique du kiosque à journaux de la gare. </span></p><p><span style="text-align: center;"></span></p><div><p></p><div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: Times; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-thickness: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"><div><span style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div></span></div></div><p></p><div style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: Times; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-thickness: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"><span style="text-align: center;"> *</span></div></div></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens qu'à l'époque du WWW public naissant (il y avait peu de sites commerciaux), j'ai découvert avec joie des sites consacrés aux séries que je regardais quand j'étais gamin : <i>The Twilight Zone, The Man From U.N.C.L.E, Mission : Impossible... </i>Et que leurs animateurs (bénévoles, bien entendu) répondaient à toutes les questions qu'on leur posait. Certains m'ont même envoyé des épisodes introuvables à une époque où les éditions VHS étaient, au mieux, partielles. C'était bien avant le DVD </span><span style="text-align: center;">et Netflix</span><span style="text-align: center;">... </span></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens avoir pensé : "C'est merveilleux, tous ces gens qui <i>partagent </i>ce qu'ils savent, ce qu'ils connaissent et ce qu'ils aiment..." </span></div><div><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;">*</span></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens qu'au milieu des années 90, je travaillais comme traducteur pour des maisons d'édition et des revues médicales appartenant à des groupes de presse qui occupaient parfois un immeuble entier en région parisienne. On m'envoyait les textes à traduire par fax (je vous dis pas la quantité de papier photographique que ça consommait). Je leur envoyais ma traduction sur une disquette par Chronopost. Quand j'ai eu une adresse électronique, je leur ai proposé d'échanger nos fichiers attachés à des courriel. </span></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><span style="text-align: center;">On m'a répondu "Ah mais on n'y connaît rien... Il y a quelqu'un qui a un modem sur son PC, quelque part dans l'immeuble, mais personne ne sait s'en servir." </span></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><span style="text-align: center;">A la même époque, j'échangeais déjà courriels et fichiers avec des institutions et des personnes en Angleterre, au Canada, en Israël, au Japon... </span></div><div><p><span style="text-align: center;"> *</span></p></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens qu'au début du 21e siècle, les "intellectuels" français déclaraient que l'internet, c'était le grand Satan et qu'on n'y trouvait que du "grand n'importe quoi". Et puis, c'était américain. Donc, techniquement, c'était nul. <i>Le Minitel</i>, <i>ça, c'était de la technologie de pointe !!! </i></span></div><div><span style="text-align: center;"><i><br /></i></span></div><div><span style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-3rwbW8LMo5A/YSK_qZa6tOI/AAAAAAAAHXU/uiCKhTqUH0cVXSkErf3c-BPuYZMckNdKwCNcBGAsYHQ/s500/Minitel_terminal.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="500" height="240" src="https://1.bp.blogspot.com/-3rwbW8LMo5A/YSK_qZa6tOI/AAAAAAAAHXU/uiCKhTqUH0cVXSkErf3c-BPuYZMckNdKwCNcBGAsYHQ/s320/Minitel_terminal.jpeg" width="320" /></a></div><br /><i><br /></i></span></div><div><p><span style="text-align: center;"> *</span></p><div><span style="text-align: center;">Je me souviens d'un débat dans un salon du livre au début des années 2000 (à Bron, je crois). <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ZGSSxUcfpKc/YSK_LqdT0fI/AAAAAAAAHXE/ef1fOBZQnjQoYIRUCUf_PbHbmcg7KzuKgCNcBGAsYHQ/s293/Cher%2BEcran.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="293" data-original-width="200" height="293" src="https://1.bp.blogspot.com/-ZGSSxUcfpKc/YSK_LqdT0fI/AAAAAAAAHXE/ef1fOBZQnjQoYIRUCUf_PbHbmcg7KzuKgCNcBGAsYHQ/s0/Cher%2BEcran.jpeg" width="200" /></a></div><br /></span></div><div><span style="text-align: center;">Un trio d' "intellectuels" (j'ai oublié leur nom) débattait sur scène autour d'une question que je trouvais stupide : "Est-ce que le courrier électronique va faire disparaître la conversation et la correspondance écrite ?" J'y assistais avec Philippe Lejeune, avec qui je correspondais depuis la fin des années quatre-vingts, d'abord par lettre, puis par téléphone, puis aussi par courriel. Il avait trouvé la question stupide, lui aussi. On n'avait pas cessé de s'écrire ou de "converser" depuis qu'on avait l'internet. On le faisait encore plus : ça allait vite, on pouvait s'écrire n'importe quand, sans les contraintes matérielles du courrier papier et sans les contraintes/conventions horaires du téléphone. Au bout d'un moment, fatigué de les écouter dire n'importe quoi, il a levé la main et demandé : "Parmi vous, qui a une adresse électronique ?" Aucun des trois "intellectuels" n'en avait une. Trait bien français : ils dissertaient sur une pratique qu'ils ne connaissaient pas. </span></div><div><span style="text-align: center;"> *</span></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><span style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-HpcbgZtWeQ4/YSK_RurFciI/AAAAAAAAHXI/4LSgJKoQpO0kanwys_QRZdS_yb5iXvjtwCNcBGAsYHQ/s475/Guillebaud.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="475" data-original-width="316" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-HpcbgZtWeQ4/YSK_RurFciI/AAAAAAAAHXI/4LSgJKoQpO0kanwys_QRZdS_yb5iXvjtwCNcBGAsYHQ/s320/Guillebaud.jpeg" width="213" /></a></div><br />Je me souviens qu'en 1999 ou 2000, quand j'écrivais <i><a href="http://martinwinckler.com/spip.php?article16">Contraceptions mode d'emploi,</a> </i>j'avais pour "bible" l'ouvrage hyperpointu et hyperpratique d'un professeur de médecine britannique nommé John Guillebaud. J'ai trouvé son adresse courriel sur le site d'un des hôpitaux où il travaillait et je lui ai écrit pour lui poser des questions. Il m'a répondu dans la journée. </span></div><p><span style="text-align: center;"></span></p><div><span style="text-align: center;">Sans lui et sans toute l'information que j'ai trouvée sur les sites de l'OMS, des ONG et des facultés de médecine anglophones et québecoises, je n'aurais jamais pu écrire le livre. </span></div></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><span style="text-align: center;"><p style="text-align: left;"><span style="text-align: center;"> </span></p><p style="text-align: left;"><br /></p><p style="text-align: left;"><span style="text-align: center;"> *</span></p><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div style="text-align: left;"></div></span></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens qu'en</span><span style="text-align: center;"> 2002-2003,</span><span style="text-align: center;"> lorsque France Inter m'a confié </span><i style="text-align: center;">Odyssée,</i><span style="text-align: center;"> une chronique scientifique que<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-77e0IaYqw5s/YSK-lsK0dcI/AAAAAAAAHW8/wRWbQyEuxJcenluyaOd3I7UFRb-p1qyGwCNcBGAsYHQ/s499/Odysse%25CC%2581e%2BWinckler.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="319" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-77e0IaYqw5s/YSK-lsK0dcI/AAAAAAAAHW8/wRWbQyEuxJcenluyaOd3I7UFRb-p1qyGwCNcBGAsYHQ/s320/Odysse%25CC%2581e%2BWinckler.jpeg" width="205" /></a></div>je tenais chaque matin de la semaine à 7.50, j'ai commencé par donner mon adresse électronique (Martin.Winckler@radiofrance.fr ou qqch comme ça) à l'antenne, afin que les auditrices et auditeurs m'envoient les questions scientifiques auxquelles iels voulaient que je réponde. </span></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div style="text-align: left;">Une heure plus tard, la responsable du service informatique m'a appelé, affolée, en me disant : "Faut pas faire ça !" </div><div style="text-align: left;">J'ai demandé pourquoi. </div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;">"Parce qu' "ils" vont comprendre que toutes les adresses sont faites sur le même modèle et "ils" vont se mettre à écrire à tous les journalistes !" </div><div style="text-align: left;">Et moi : "Mais à quoi servent les adresses électroniques, alors ? Si le public ne peut pas écrire aux journalistes..." </div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;">Elle a répondu, sans rire : "Elles servent aux journalistes à correspondre entre eux, pas à ce que le public leur écrive !!!" </div><div style="text-align: left;"><br /></div><div style="text-align: left;">Je me souviens qu'à la même époque, tous les journalistes des pays anglophones indiquaient leur adresse électronique sous leur nom, <i>dans les journaux papier...</i></div><div style="text-align: left;"><i><br /></i></div><div style="text-align: left;"><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;">*</span></div><div style="text-align: left;"><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div></div><div style="text-align: left;">Je me souviens des messages d'internautes (rares au début, mais de plus en plus nombreux pendant mon année sur la chaîne) qui m'envoyaient des suggestions de chroniques, des corrections ou des questions et qui, lorsque je répondais, m'adressaient un message stupéfait disant : "C'est bien vous qui m'avez répondu ? Pas un robot ? D'habitude, quand on écrit, personne ne répond !!!" </div><div style="text-align: left;"><p><span style="text-align: center;"> *</span></p><div><span style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-gSWBnQF7qQA/YSK_6YOAiBI/AAAAAAAAHXc/azsHGVtHCDgN4ML8AuZlSmkivU5uIOXfACNcBGAsYHQ/s267/Odysse%25CC%2581e.png" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="267" data-original-width="189" height="267" src="https://1.bp.blogspot.com/-gSWBnQF7qQA/YSK_6YOAiBI/AAAAAAAAHXc/azsHGVtHCDgN4ML8AuZlSmkivU5uIOXfACNcBGAsYHQ/s0/Odysse%25CC%2581e.png" width="189" /></a></div><br />Je me souviens que chaque chroniqueur avait une page sur le site de Radio France et que sur la mienne, j'étais le seul qui affichait l'intégralité du texte que j'avais lu sur les ondes, enrichi de liens divers et variés. Au bout d'un an, il y en avait deux cents. Quand la chronique a été annulée un peu brutalement (toute l'<a href="http://martinwinckler.com/spip.php?rubrique29">histoire est ICI</a>), la page et le texte des deux cents chroniques ont été effacés du jour au lendemain. </span><span style="text-align: center;">Quelques jours plus tard un internaute m'a envoyé l'intégralité des textes, qu'il avait copiés-collés à l'écran et assemblés dans un fichier word. <a href="https://martinwinckler.com/spip.php?article321&var_mode=calcul">Elle est toujours disponible sur mon site, si ça vous intéresse</a>. </span></div><div><p><span style="text-align: center;"> *</span></p></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens que quelques jours plus tard encore, un internaute webmestre, Vincent Berville (qui avait apprécié <a href="http://martinwinckler.com/spip.php?article316">mes chroniques consacrées aux logiciels libres</a>) m'a écrit pour me dire : "Vous devriez continuer sur un site internet personnel." </span></div><div><span style="text-align: center;">J'ai répondu que c'était une très bonne idée, mais que je manquais de temps. (C'était moins simple que d'ouvrir un blog, comme aujourd'hui.) </span></div><div><span style="text-align: center;">Il m'a demandé : "Comment vous le verriez, votre site ?" </span></div><div><span style="text-align: center;">J'ai répondu : "Comme un petit journal". </span></div><div><span style="text-align: center;">Dix jours plus tard, il m'a écrit : "Votre site est prêt." C'était le <i><a href="http://www.martinwinckler.com/">Winckler's Webzine</a></i>, qui a eu 18 ans ce mois-ci. Et dont Vincent Berville est toujours webmestre. </span></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-uMxl9a35tRw/YSLCUgUzorI/AAAAAAAAHXk/U4-s5QeEV7M44g1IyTVNV7ViOUSfRu2RQCNcBGAsYHQ/s2048/Capture%2Bd%25E2%2580%2599e%25CC%2581cran%2B2021-08-22%2Ba%25CC%2580%2B17.27.38.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1032" data-original-width="2048" height="201" src="https://1.bp.blogspot.com/-uMxl9a35tRw/YSLCUgUzorI/AAAAAAAAHXk/U4-s5QeEV7M44g1IyTVNV7ViOUSfRu2RQCNcBGAsYHQ/w400-h201/Capture%2Bd%25E2%2580%2599e%25CC%2581cran%2B2021-08-22%2Ba%25CC%2580%2B17.27.38.png" width="400" /></a></div><br /><p><br /></p></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><span style="text-align: center;"> *</span></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens de ma joie, en 2004 lorsque, grâce à des annuaires en ligne, j'ai retrouvé les coordonnées des anciens camarades de faculté de médecine à qui je voulais envoyer <i><a href="http://martinwinckler.com/spip.php?article337">Les Trois Médecins</a>. </i></span></div><div><span style="text-align: center;"><i><br /></i></span></div><div><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;">*</span></div><div><span style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-FzjmjMuZg-A/YSLCkw148dI/AAAAAAAAHXs/c1Ca3GvFGxw7ug4ORX5aFvnIC9YEHYnGwCNcBGAsYHQ/s300/GS%2B-%2BL%25260%2B.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="211" height="300" src="https://1.bp.blogspot.com/-FzjmjMuZg-A/YSLCkw148dI/AAAAAAAAHXs/c1Ca3GvFGxw7ug4ORX5aFvnIC9YEHYnGwCNcBGAsYHQ/s0/GS%2B-%2BL%25260%2B.jpeg" width="211" /></a></div><br />Je me souviens des deux étudiants/jeunes professionnels, lecteurs de mes articles dans <i>Génération Séries</i>, qui à partir de 2005, m'ont proposé de m'envoyer les séries qu'ils téléchargeaient. Régulièrement, je recevais une pile de CD bourrés d'épisodes de <i>Battlestar Galactica, House, Without a Trace, Cold Case </i>et, bien sûr, <i>Law & Order. </i></span></div><div style="text-align: left;">(Je sais, c'était pas bien de le télécharger. Mais c'était il y a longtemps. Ils ne le font plus. Maintenant, on a tout en ligne...) </div><div><p style="text-align: left;"><span style="text-align: center;"> </span></p></div><div><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> *</span></div><div><span style="text-align: center;"> </span></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens de l'époque où je "tchatchais" beaucoup sur Yahoo Messenger. (Mais jamais sur MSN.) </span></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><div><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> *</span></div><p><span style="text-align: center;">Je me souviens d'une époque où on avait ni Wikipédia ni Google et où j'accumulais les dictionnaires, les</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ok2XO-95vwg/YSLCyAQ7t8I/AAAAAAAAHXw/nJ9FqoayzP8uyFUU_xzm540JNmJycWakwCNcBGAsYHQ/s200/guide-totem.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="200" data-original-width="127" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-ok2XO-95vwg/YSLCyAQ7t8I/AAAAAAAAHXw/nJ9FqoayzP8uyFUU_xzm540JNmJycWakwCNcBGAsYHQ/s0/guide-totem.jpeg" width="127" /></a></div><br /> encyclopédies et les guides de langue, de technologie, d'argot et de cinéma/télé. J'en ai même commis un avec mes camarades Christophe Petit, Alain Carrazé, Jacques Baudou et Jean-Jacques Schléret. Parmi les collaborateurs figuraient Randee Dawn et un grand historien américain de la télévision américaine, Robert J. Thompson, que j'avais contacté... par courriel. Aujourd'hui, plus personne ne consulte ce genre de livre, qui sont devenus obsolètes. Mais je suis très heureux d'avoir pu en écrire. <p></p></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;"> </span><span style="text-align: center;">*</span></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens avoir renoncé à écrire des livres sur les séries quand j'ai réalisé deux choses. D'abord, que ce genre de livres n'intéressaient un public que lorsque la série était à l'antenne. Ensuite que ce qu'on pouvait y écrire était désormais accessible en ligne avec trois mots dans un moteur de recherche. </span></div><div><p><span style="text-align: center;"> *</span></p></div><div><span style="text-align: center;">Je me souviens que, sur le <i>Winckler's Webzine, </i>en 2003, le premier article posté </span><span style="text-align: center;">était la dernière chronique composée pour France Inter ; <a href="http://www.martinwinckler.com/spip.php?rubrique29">comme j'en avais été banni un peu brutalement</a>, elle n'avait jamais été lue à l'antenne. </span></div><div><div><span style="text-align: center;">Elle s'intitulait : "<a href="http://www.martinwinckler.com/spip.php?article1">Quand on a accès au savoir, que faut-il en faire</a> ?" et j</span><span style="text-align: center;">'y donnais une réponse très personnelle. </span></div></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><span style="text-align: center;">Dix-huit ans plus tard, je n'ai pas changé d'avis. </span></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div><div><span style="text-align: center;">Mar(c)tin </span></div><div><span style="text-align: center;"><br /></span></div></div></div>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-84896182091408551312021-07-16T11:51:00.007-04:002021-07-18T11:26:00.584-04:00Merci à celles Merci à celle qui, pour la première fois, me donna un baiser.<div><br /></div><div>Merci à celle qui, pour la première fois, me donna le sentiment que mon corps n'était pas laid. </div><div><br /></div><div>Merci à celle qui, pour la première fois, me parla en égale. </div><div><br /></div><div>Merci à celle qui, pour la première fois, me dit qu'elle n'avait pas peur de moi. <br />
<br />
Merci à celle qui, un soir au théâtre, murmura <i>C'était toi.</i> <br />
<br />
Merci à celle qui me proposa un soir de la suivre dans la grange, et que je n'ai pas osé rejoindre. Merci à elle de ne pas m'avoir fait la gueule le lendemain. <br />
<br />
Merci à celle qui me choisit comme amant alors que je n'avais jamais encore été l'amant de personne. <br />
<br />
Merci à celle qui, pour me faire comprendre que je lui plaisais, me déclara au bout de cinq minutes qu'elle prenait la pilule. <br />
<br />
Merci à celle qui m'invita un soir d'été dans sa chambre d'Université et m'accueillit en disant : « Je t'attendais depuis trois ans. »<br />
<br />
Merci à celle avec qui j'ai vu <i>L'empire des sen</i>s et qui, la nuit suivante, m'aida à m'en remettre. <br />
<br />
Merci à celle qui fit route avec moi dans le brouillard et tenta de me faire comprendre que me marier à vingt-deux ans était une erreur.<br />
<br />
Merci à celle qui m'a tant aimé alors que je venais de me marier, et qui m'aimait encore, trente ans et trois enfants plus tard. </div><div><br /></div><div>Merci à celle qui m'a soutenu sans condition quand j'ai décidé de changer de chemin. <br />
<br />
Merci à celle qui m'a maintenu la tête hors de l'eau pendant toutes les années où je me noyais. <br /><br />
Merci à celle qui m'a prouvé que je pouvais aimer une femme éloignée. <br />
<br />
Merci à celle qui, depuis plusieurs années, est pour moi amante, partenaire, écoutante attentive et meilleure amie et pour qui je le suis, chaque jour, comme si ça ne faisait que commencer. </div>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-36743696590920451202021-06-28T16:31:00.008-04:002021-07-02T11:08:19.257-04:00"Bon, mais qu'est-ce que vous faites depuis que vous n'exercez plus la médecine ?" <p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-GkNy1FNSweM/YNoyyrFMwkI/AAAAAAAAHRE/oOwxuQ8jjRElE8EU5Rly8j5ou002OLzYQCNcBGAsYHQ/s475/Sachs.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="475" data-original-width="290" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-GkNy1FNSweM/YNoyyrFMwkI/AAAAAAAAHRE/oOwxuQ8jjRElE8EU5Rly8j5ou002OLzYQCNcBGAsYHQ/s320/Sachs.jpeg" /></a></div><br />En 2008, j'étais médecin vacataire au centre d'orthogénie du CH du Mans. J'assurais une consultation (officiellement) de contraception et (en réalité) de santé des femmes, une ou deux fois par semaine. Car les femmes qui consultent pour une contraception ont souvent bien d'autres questions à poser qu'un simple "renouvellement de pilule". Il m'arrivait aussi, bien que je ne sois plus vacataire au centre d'IVG, d'y remplacer des médecins absents ou en vacances. A la fin de l'année, j'ai démissionné, et j'ai fait ma dernière vacation fin décembre 2008. <p></p><p>En février 2009, j'ai pris l'avion pour le Québec, où j'étais accueilli comme chercheur invité au <a href="http://www.lecre.umontreal.ca/chercheur-e/marc-zaffran/">Centre de recherches en éthique de l'Université de Montréal</a>. Ma famille (six personnes en tout) m'a suivi quelques mois plus tard. Mon épouse-d'alors et moi nous sommes séparés en 2013 mais aucun membre de la famille passée n'est retourné en France. Aujourd'hui, les six personnes qui ont fait le voyage sont citoyennes ou résidentes permanentes du Canada. </p><p>Je suis citoyen canadien depuis 2019. </p><p>Initialement, j'avais envisagé de demander une équivalence de mon diplôme pour exercer la médecine au Québec. J'aurais probablement pu le faire, mais ça s'est révélé compliqué, long, et plus coûteux en temps et en argent que ça ne le valait : je ne voulais pas me remettre à exercer à temps plein, de toute manière. </p><p><i><b>"Bon, mais alors, qu'est-ce que vous faites là-bas ?" </b></i></p><p>C'est simple. Je me suis remarié avec l'héritière de la famille canadienne qui possède le monopole du sirop d'érable et je regarde Netflix toute la journée sur mon canapé en mangeant des bonbons l'hiver, des glaces l'été. </p><p>(...) </p><p>Euh, non, pas vraiment. Pas du tout, même. Mais c'est souvent ce que j'ai envie de répondre. Comme si le fait de cesser d'exercer la médecine était synonyme de "ne plus travailler" ou "ne plus rien faire". </p>Ce qui est intéressant, c'est que les personnes qui me posent la question me voient <i>avant tout</i> comme un médecin. Alors que si je suis "connu", c'est surtout parce que je suis un écrivain publié-qui-se-trouve-être-médecin. <div><br /></div><div>Car, entre 1993 et 2008, j'ai eu une activité médicale à temps partiel et une activité d'écriture à temps plein. J'ai été (successivement mais aussi simultanément) traducteur de livres de médecine, de romans, d'essais littéraires et de comic-books, journaliste, critique de télévision, chroniqueur de radio, romancier, essayiste, nouvelliste, blogueur santé, confectionneur de pièces radiophoniques, préfacier, anthologiste....<div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-hb4EL_Y3M3Y/YNo0w0mJNFI/AAAAAAAAHR0/cz-dPrPBq-sNgH-pt-flhkp2RaI7OxrSACNcBGAsYHQ/s568/Dr%2BJe%2BSais%2Btout.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="568" data-original-width="400" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-hb4EL_Y3M3Y/YNo0w0mJNFI/AAAAAAAAHR0/cz-dPrPBq-sNgH-pt-flhkp2RaI7OxrSACNcBGAsYHQ/s320/Dr%2BJe%2BSais%2Btout.jpeg" /></a></div><br /><p></p><p>J'ai même collaboré pendant plusieurs années au <i>Journal de Spirou. </i>(Et j'ai eu droit à mon portrait en couverture. Si, si, je vous assure...) </p><p><br /></p><p><b>Et malgré ça, je suis encore et toujours médecin.</b> (Oui, même avec ma photo en couverture de <i>Spirou.</i>) <i> <br /></i></p><p>Je ne le suis pas moins qu'avant de quitter ma pratique à temps partiel. </p><p>L'exercice d'un médecin, ça comprend interactions/consultations avec les personnes soignées + gestes de soin courants + prescriptions + formation continue + partage des connaissance + beaucoup de paperasse. Beaucoup plus de paperasse et de formalités administratives aujourd'hui qu'il y a dix ans, d'ailleurs. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ZvHAlswGDvE/YNoxM2v1t0I/AAAAAAAAHQ0/hrhjvuWUzHczLtTGtSCYzy0YajCYXDCeACNcBGAsYHQ/s2048/IMG_20210628_162749.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-ZvHAlswGDvE/YNoxM2v1t0I/AAAAAAAAHQ0/hrhjvuWUzHczLtTGtSCYzy0YajCYXDCeACNcBGAsYHQ/s320/IMG_20210628_162749.jpg" /></a></div><p></p><p>Ne plus exercer c'est essentiellement ne plus prescrire. C'est faire beaucoup moins de gestes techniques (mais j'en fais encore pour mon entourage). C'est surtout ne plus avoir à remplir de la paperasse. (Sauf pour demander le versement de sa retraite...) </p><p>Le fait de ne pas/plus exercer ne m'enlève pas mon diplôme, ma formation, mon expérience, mon savoir-faire, mes convictions. Et je conserve trois activités importantes : la consultation (je continue à répondre à des questions et à conseiller) ; la formation continue... qui ne cesse que lorsqu'on n'est plus capable d'apprendre quoi que ce soit, parce qu'on n'en a plus les moyens physiques ou intellectuels, ou parce qu'on est trop fatigué... et le partage des connaissances. (J'ai commencé à en faire quand j'étais externe, avec une personne hospitalisée dans le service de psychiatrie où j'étais étudiant. Si ça vous intéresse, je raconte ça en préambule de <i><a href="https://wincklersblog.blogspot.com/2020/03/winckler-is-coming-printemps-2020.html">C'est mon corps</a>...</i>) </p><p><b><i>"Quoi, vous consultez ? Mais quand ? Comment ?" </i></b></p><p>En ligne, virtuellement, depuis bien avant la pandémie. J'ai commencé à le faire en 2003, quand des internautes tombaient sur les articles de <a href="http://martinwinckler.com/">mon site internet</a>, cliquaient sur l'adresse courriel et me posaient des questions. Et oui, c'est de la consultation. Gratuite (si j'avais fait payer toutes les réponses que j'ai données, je serais probablement très riche...), essentiellement informative (je ne prescris et ne vends rien, pas même mes livres, il m'arrive même de les distribuer pour rien...), mais c'en est. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-VJCZGhoLPqw/YNozQixJPhI/AAAAAAAAHRM/JUHMT1BmBr8htajmQAlF_F9gkdYAdZzgQCNcBGAsYHQ/s500/Dr%2BHouse%2Bshaman.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="294" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-VJCZGhoLPqw/YNozQixJPhI/AAAAAAAAHRM/JUHMT1BmBr8htajmQAlF_F9gkdYAdZzgQCNcBGAsYHQ/s320/Dr%2BHouse%2Bshaman.jpeg" /></a></div><p></p><p>Et puis, j'ai continué à me former. Entre 2012 et 2015, j'ai suivi les cours et décroché une maîtrise des Programmes de bioéthique de l'Université de Montréal. Ca m'a permis d'écrire un livre sur l'éthique du soin ET sur <i>Dr House... </i></p><p></p><p><b>Soigner (car si j'ai voulu être médecin, c'est pour soigner, pas pour avoir un titre de docteur), c'est avant tout transmettre du savoir et éclairer les autres sur leur situation. </b></p><p>Les tout premiers gestes d'une soignante sont l'accueil, l'écoute, la réassurance, le soutien, l'analyse du problème <i>avec </i>la personne soignée, l'éclaircissement ou les hypothèses, les propositions. </p><p>Les gestes proprement "médicaux" - examiner, prescrire, éventuellement donner des soins avec ses mains - sont toujours secondaires et la conséquence des premiers.</p><p>Les premières questions que pose une personne qui souffre à une professionnelle de santé sont en effet : "Qu'est-ce que j'ai/qu'est-ce qui m'arrive ?", "Est-ce que je suis malade/est-ce que c'est grave ?" et "Que dois-je faire pour aller mieux ?" </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-6yWbi7ot4Rc/YNnpQAR8VgI/AAAAAAAAHQk/GiAlDoZEp7I_OkRK5_-D7s2gAU1hITIkQCNcBGAsYHQ/s474/Contra%2B1.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="474" data-original-width="303" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-6yWbi7ot4Rc/YNnpQAR8VgI/AAAAAAAAHQk/GiAlDoZEp7I_OkRK5_-D7s2gAU1hITIkQCNcBGAsYHQ/s320/Contra%2B1.jpeg" /></a></div><p></p><p><b>J'ai toujours conçu mon activité de soignant comme double :</b> d'une part la clinique, d'autre part le partage - via l'écriture, l'enseignement (quand c'est possible), les conférences (quand on m'y invite). </p><p>Dans certaines cultures, les professionnelles de santé trouvent naturel d'écrire des livres (ou, depuis vingt ans, de concevoir des sites) contenant des informations à l'intention du public. C'est le cas depuis longtemps dans les pays anglophones. Ca ne l'était pas en France en 2001 quand j'ai publié la première édition de <i>Contraceptions mode d'emploi</i>. </p><p>Heureusement, depuis, ça s'est beaucoup développé. Il y a même (et c'est heureux) <a href="https://www.notrecorpsnousmemes.fr/">des livres sur la santé des femmes écrits par des femmes qui ne sont pas médecins</a>. Car il n'est pas indispensable d'être médecin pour partager le savoir. (D'ailleurs, je me demande si en France, il n'est pas <i>préférable </i>de <i><b>ne pas</b></i> être médecin pour le partager... Mais bon, ça c'est moi.) </p><p>Et cette activité de partage du savoir, je l'ai poursuivie au Québec. C'est une des vertus des méthodes de communication actuelle : on n'a pas besoin de vivre dans une capitale pour publier des livres. (Notez que ça, je le sais depuis longtemps, car je n'ai jamais vécu à Paris et tous mes livres ont été écrits en province ou hors de France...) </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-aDeE1yrMczA/YNozlCtPheI/AAAAAAAAHRU/69Iqh9VXzgk_M1-wT9xOzRcIYzzdeSKlwCNcBGAsYHQ/s658/Choeur%2B.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="658" data-original-width="400" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-aDeE1yrMczA/YNozlCtPheI/AAAAAAAAHRU/69Iqh9VXzgk_M1-wT9xOzRcIYzzdeSKlwCNcBGAsYHQ/s320/Choeur%2B.jpeg" /></a></div>J'écris depuis la fin des années 60, professionnellement (en revue) depuis le début des années 80 et en volume depuis la fin des années 80. Quitter la France ne m'a pas empêché de poursuivre cette activité-là non plus. <p></p><p>Je ne publie pas plus depuis que je vis au Canada (16 titres entre 2009 et 2020, contre plus de 30 entre<br /> 1998 et 2008 !), mais j'y ai publié plusieurs de mes livres les plus connus et les plus lus (<i>Le Choeur des femmes, En souvenir d'André, </i><i>Les Brutes en Blanc, L'Ecole des soignantes, C'est mon corps</i>). </p><p>Et je ne compte pas le nombre d'articles et contributions à des revues, de chroniques radiophoniques, de billets de blog (sur celui-ci et sur sa jumelle, "<a href="https://ecoledessoignants.blogspot.com/">L'école des soignant.e.s</a>"), de préfaces et de postfaces... </p><p>Et puis, je me suis diversifié dans mes activités de transmission et de partage. Je n'avais jamais pu enseigner en France, sinon occasionnellement (et toujours face à beaucoup de méfiance et/ou d'hostilité de la part des institutions médicales). Depuis que je vis au Canada, j'ai assuré de nombreuses charges d'enseignement dans plusieurs universités et facultés de médecine (Montréal, McGill, Ottawa) ; j'ai donné des cours de création littéraire. J'ai été invité à donner d'innombrables conférences et séminaires. Et j'allais oublier : des ateliers d'écriture, en présenciel et en ligne. </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-i9-2Os-AImg/YNo0Rc4ab3I/AAAAAAAAHRo/mUS2tCWosWIr3q6X_iD7UYjFggEJGm0awCNcBGAsYHQ/s499/Brutes.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="303" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-i9-2Os-AImg/YNo0Rc4ab3I/AAAAAAAAHRo/mUS2tCWosWIr3q6X_iD7UYjFggEJGm0awCNcBGAsYHQ/s320/Brutes.jpeg" /></a></div><p>J'ai même écrit un projet de série télé. Je ne suis pas sûr qu'elle verra jamais le jour mais c'était un travail épatant, et la maison de production qui me l'a commandé me l'a payé rubis sur l'ongle. Alors je n'ai pas à me plaindre.</p><p><b>C'est fou ce qu'on peut faire, en restant chez soi, quand on a l'internet. </b>Si vous prenez seulement les visioconférences, j'en ai fait beaucoup plus en 2020 - comme tout le monde - mais il m'arrivait souvent d'en faire déjà parce que je ne pouvais pas me trouver physiquement en France à tel ou tel congrès auquel j'étais invité. </p><p>De manière un peu paradoxale, j'ai le sentiment de travailler autant depuis que j'ai émigré, mais aussi de travailler mieux. Quand je vivais en France, je me déplaçais beaucoup parce que je répondais volontiers à presque toutes les invitations (en tout cas, à beaucoup). Depuis que je n'y vis plus, je dois faire le tri. Et les invitations doivent aussi tenir compte de la distance. </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-yjlYJt8YXh0/YNovEm0X63I/AAAAAAAAHQs/u5IK5MyxlSYuGU0yvUIEhxTsr0aXDUsaACNcBGAsYHQ/s275/Ateliers%2Bd%2527e%25CC%2581criture.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="183" data-original-width="275" src="https://1.bp.blogspot.com/-yjlYJt8YXh0/YNovEm0X63I/AAAAAAAAHQs/u5IK5MyxlSYuGU0yvUIEhxTsr0aXDUsaACNcBGAsYHQ/s0/Ateliers%2Bd%2527e%25CC%2581criture.jpeg" /></a></div>Et la distance géographique s'est enrichie de la distance culturelle. On voit les choses autrement quand on vit loin, quand on n'a pas le nez dans une culture, une vie politique, sociale et économique. Quand on ne tombe pas toujours sur les mêmes visages lorsque l'écran de télé s'éclaire, sur les mêmes voix quand on branche la radio. <p></p><p><b>J'ai eu de la chance.</b> Celle d'être devenu un auteur publié et dont les livres ont des lectrices. <br />J'aurais pu en rester aux romans. J'ai choisi de mettre à profit le succès de <i>La Maladie de Sachs </i>pour écrire des livres pratiques et des livres critiques sur la relation de soin en France. </p><p>C'est sans doute cela qui m'a permis d'être invité à m'exprimer en tant que médecin et pas seulement en tant qu'écrivain/médecin. C'est aussi sans doute pour cette raison qu'on me voit <i>surtout </i>comme un médecin... alors <a href="https://www.cnrtl.fr/definition/métier">qu'écrire est depuis toujours mon premier métier</a> et, depuis vingt-cinq ans, celui auquel je consacre le plus de temps. Y compris quand j'écris "pour parler de médecine". </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-TcMUIUK_iP4/YNoyZiZdVZI/AAAAAAAAHQ8/I-9n_rFjXoQpmjxmS5WA_A6h0hKI_yvRQCNcBGAsYHQ/s549/A%2526F.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="549" data-original-width="334" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-TcMUIUK_iP4/YNoyZiZdVZI/AAAAAAAAHQ8/I-9n_rFjXoQpmjxmS5WA_A6h0hKI_yvRQCNcBGAsYHQ/s320/A%2526F.jpeg" /></a></div><br />Fondamentalement, la différence entre un.e auteur.ice de littérature générale et ma pomme, c'est que quand il ou elle publie un roman, on le/la fait parler d'écriture ou de style ou de l'histoire qu'elle raconte (en particulier si c'est une autofiction...) alors que quand je publie un roman (même si ce n'est pas un roman médical) on me fait (surtout) parler de relation de soin... Mais à part ça... <p></p><p>C'est sans doute paradoxal, mais seulement de loin. Mes deux métiers sont intimement liés, depuis toujours. Ecrire et soigner ont beaucoup en commun. Dans un cas comme dans l'autre, il s'agit d'entendre et de partager des histoires, du savoir, des idées, des valeurs, des aspirations. </p><p>Pour faire en sorte que d'autres personnes que nous se sentent moins seules, aient moins mal ou aillent mieux, après qu'on les a écoutées, ou après qu'elles nous ont lu. </p><p>Marc Zaffran/Martin Winckler </p><p><br /></p><p><br /></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div> <p></p><p><br /></p><p><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /></div></div>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-26352647798070358922021-03-25T14:15:00.008-04:002021-03-25T15:03:56.513-04:00Pour en finir avec le mot "euthanasie" <p>Je ne vais pas vous parler des débats politiques et/ou éthiques autour de l'aide médicale à mourir. Je l'ai fait en détail dans la blogue-soeur de celle-ci, <i>L'Ecole des soignantes</i>. (Voici l'article : "<a href="https://ecoledessoignants.blogspot.com/2018/03/est-ce-que-tuer-cest-soigner.html">L'assistance médicale à mourir EST un soin</a>.") </p><p>Aujourd'hui je vais juste parler de terminologie. Des mots qu'on emploie et de ceux qu'on pourrait choisir (il me semble) employer à leur place. </p><p>Et donc le mot d'aujourd'hui est "euthanasie". </p><p>Etymologiquement, ça vient du grec et ça signifie "bonne (eu) mort (thanatos)" </p><p>Quand on le dit, ça sonne furieusement à mes oreilles comme "état nazi" et je ne suis pas sûr d'être le seul à entendre ça, de manière plus ou moins subliminale. Entendu comme ça, ça fait peur. Et il y a de quoi. </p><p><b>Que désigne le mot "euthanasie" ? </b></p><p>Eh bien, aujourd'hui en France, le mot désigne ce que les militantes de l'aide médicale à mourir (et l'immense majorité de la population française, d'après les sondages) réclament à corps et à cri : la possibilité de mettre fin à ses jours de manière 1° volontaire et délibérée, bref, choisie 2° assistée médicalement. </p><p>Le problème, c'est que ce mot ne désigne pas la même chose pour tout le monde. Il désigne <i>aussi</i> les assassinats commis par les médecins nazis, les mises à mort décidées par ou avec et commises par des médecins sur des personnes vulnérables (nouveaux-nés souffrant de troubles neurologiques graves, personnes handicapées, personnes dans un coma profond) de manière clandestine dans tous les pays développés, les actes de compassion demandées par le propriétaire d'un animal malade à des vétérinaires... </p><p>J'ai mis tout ça dans le même paragraphe pour montrer que la confusion (volontaire, inconsciente, culturelle) associée à ce mot est <i>inévitablement </i>problématique. On ne peut pas désigner toutes ces situations par le même vocable. </p><p>Les actes des médecins nazis étaient des assassinats d'état. </p><p>Les actes clandestins des médecins sont (au moins) des abus de pouvoir ; au pire, des assassinats.*</p><p>Les actes pratiqués par les vétérinaires sur des animaux malades sont (le plus souvent, c'est à dire quand ils ne sont pas contraints par leurs propriétaires mais par la souffrance et l'état des animaux concernés) des actes de compassion. </p><p>Le mot "euthanasie", avec sa polysémie, noie le poisson. Qui n'avait rien demandé. Il masque totalement que dans le débat actuel, la question est avant tout celle de la <b><i>liberté de mourir quand et comment on le décide et le choisit</i>. </b></p><p>Aucune des trois situations ci-dessus ne répond à cette définition. </p><p><br /></p><p><b>Le problème du mot "dignité" </b></p><p>Encore un mot source de confusion. Beaucoup de militants de la liberté de mourir parlent de "mourir dans la dignité". Le sens du mot "dignité" varie singulièrement selon qu'on est médecin, malade ou proche d'un malade... ou politicien. </p><p><b>Je prétends et j'affirme ici que personne n'a la capacité ou le droit de dire/de décider/de définir ce qui est digne ou non <i>pour moi</i>. </b></p><p>Il y a des choses que je trouve "indignes" en ce qui me concerne, et que d'autres tolèreraient très bien, et inversement. La dignité dans la maladie, la souffrance ou la mort, ça ne se décrète pas, ça se ressent. La seule personne qui peut définir la dignité, c'est celle que ce mot désigne. </p><p>Pourquoi utilise-t-on le terme de "dignité", alors ? Parce que certaines comportements et situations infligées aux personnes en fin de vie nous semblent <i>honteuses</i> - c'est à dire : humiliantes, brutales, sadiques, irrespectueuses. Bref : insupportables. Sont-elles, de plus, indignes ? Si la personne qui les subit le dit, certainement. </p><p>Mais ces situations ont toutes un point commun (voir plus haut) : <b>elles sont imposées et décidées par quelqu'un d'autre que la personne concernée</b>. </p><p>Ce que nous ressentons comme "indigne" est toujours le produit du mépris, de la force ou de l'abandon. La seule manière de vivre "dignement", c'est de vivre en étant respectée, dans ses choix, son corps, ses valeurs. </p><p>Pour ne pas se sentir "indigne", il faut par conséquent que <i>les autres </i>nous respectent. "<b>Mourir dans la dignité</b>", ça devrait donc être entendu comme "<b>mourir en étant respectée</b> " -- dans mon corps, mes valeurs - <i>et dans mon choix de quand et comment je veux mourir</i>. </p><p><b>Qu'est-ce qu'une "bonne" mort ? </b></p><p>Bien malin celui qui nous le dira. En ce qui me concerne, il n'y a pas de "bonne" mort. Ne peut être "bon" ou "mauvais" (et là encore c'est subjectif) que ce qui la précède. On peut agir sur ça, mais une fois qu'on est morte... </p><p>Chacune de nous a sa propre définition de la "bonne mort". La mienne, c'est de mourir "rassasié d'ans", comme on dit dans la Bible, c'est à dire le plus tard possible, après avoir souffert le moins possible et en ayant le sentiment que j'ai moins contribué aux malheurs du monde qu'à le rendre meilleur pour les personnes qui m'entourent. Je ne suis pas assuré que ça se passera comme ça... </p><p>Et cette définition est entièrement conditionnée par ma vie passée et présente : je suis en bonne santé, je n'ai pas (pour le moment) de maladie grave ou terminale, j'ai un toit, je mange à ma faim, je gagne ma vie etc. </p><p>Il est <i>évident </i>que la définition de la "bonne mort" varie selon chacune et chacun d'entre nous. Mais s'il s'agit de mourir dans une dignité que nous allons définir pour nous-même, le mot "euthanasie" ne convient pas. Il est trop confus, trop chargé. Il ne dit pas ce que véhicule l'expression "aide/assistance médicale à mourir". </p><p>A savoir, encore une fois, qu'il s'agit d'une mort <i>décidée en toute liberté</i> : <b>celle de la personne qui la demande (de vive voix ou dans ses directives anticipées) ; pas celle de sa famille, et encore moins celle des médecins. </b></p><p>Il s'agit d'une <b>procédure médicale</b> : la personne qui veut mourir ne veut pas se pendre, se noyer, se défenestrer, se tirer des chevrotines dans la bouche ou avaler de la mort aux rats. </p><p><i>Elle désire mourir sans souffrance </i>et sans faire souffrir son entourage, grâce à des méthodes contrôlées et dont les effets sont connus. La pharmacopée n'en manque pas. </p><p>Le rôle médical est là, et seulement là : lui procurer (et, éventuellement, administrer si la personne ne peut ou ne veut le faire elle-même) les médicaments qui lui permettent de mettre fin à sa vie <b>1° sans souffrir et 2° au moment qu'elle aura choisi. </b></p><p>(Oui, oui, j'en entends dire "Mais un médecin c'est pas fait pour tuer"... Et encore une fois ces personnes-là ne voient pas l'essentiel, à savoir qu'il s'agit d'une décision <i>prise par la personne soignée</i>, et non par les médecins. Et qu'elles ont toute latitude pour se démettre, comme pour n'importe quel soin. </p><p>On ne demandera pas aux professionnelles opposées à l'aide médicale à mourir de la pratiquer, tout comme on ne force pas des personnes opposées à l'IVG de les pratiquer. Elles le feraient mal. </p><p><i>On leur demande seulement de nous foutre la paix et de ne pas entraver la liberté des personnes qui la demandent et des soignantes qui sont prêtes à les aider !!!!</i>)<i> </i></p><p>Tout ça est simple, il me semble. A dire, à définir, à comprendre et à réglementer. Et à celles et ceux qui commencent à émettre des objections, je répondrai simplement : Suisse, Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Canada, Colombie, Oregon... Ces états ont légiféré/réglementé. Pour certains, depuis trente ans. Et leur société ne s'est pas engouffrée dans le chaos. Alors, encore une fois, qu'on arrête d'emmerder le monde avec des objections qui ne tiennent pas debout. </p><p><b><br /></b></p><p><b>Bannissons le mot "euthanasie" du vocabulaire et donc du débat. </b></p><p><b>Parlons désormais d' "aide/assistance médicale à mourir". </b></p><p>Car cela permettra de mieux voir l'enjeu central : </p><p>Dans une société qui se dit démocratique et dont la devise est "Liberté, Egalité, Fraternité", les citoyennes doivent pouvoir décider de mourir librement et selon leurs propres termes, avec l'aide des professionnelles de santé qui sont prêtes à les accompagner. </p><p>Je ne sais pas si la société française et ses élues de tous genres sont prêtes à voter une loi qui irait dans ce sens, mais appelons au moins les choses par leur nom. </p><p>Ce sera plus clair pour tout le monde. </p><p>Martin Winckler</p><p><br /></p><p><br /></p><p>Lectures suggérées : </p><p><i><a href="https://www.editionsmardaga.com/catalogue/mort-choisie/">La mort choisie</a></i>, par François Damas </p><p><i><a href="http://www.martinwinckler.com/spip.php?article1111">En souvenir d'André</a></i>, par Martin Winckler</p><p><br /></p><p>---------------<br /> * Personnellement, je pense qu'une euthanasie pratiquée par un médecin sans l'avis de la personne concernée, avec ou sans la demande de l'entourage, est <i>toujours</i> un abus de pouvoir ET un assassinat. Mais je suis prêt à en débattre si vous avez des arguments contraires... </p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-13452526182082702182021-01-11T18:19:00.008-05:002021-05-31T17:40:26.580-04:00J'ai appris le monde dans des textes écrits (et/ou recommandés) par des femmes - 2e partie. <p><a href="http://wincklersblog.blogspot.com/2020/10/jai-appris-le-monde-dans-des-livres.html" target="_blank">Lire la première partie de ce texte </a></p><p><br /></p><p>Rappel : </p><p>Je suis une lectrice. (Je rappelle qu'ici, j'utilise le féminin générique.) </p><p>Au cours de ma vie, j'ai lu beaucoup de livres écrits par des femmes. Des livres et des femmes de tous les genres. Je suis un une "lectrice transgenres (littéraires)" -- intertextuelle et intersectionnelle. </p><p>Je les énumère ici dans l'ordre approximatif de mes lectures. </p><p>Il y a ici des livres connus de beaucoup, et d'autres que j'ai le sentiment d'être seul à connaître (ou de me rappeler). Je les mentionne de mémoire,. Il y en a certainement eu beaucoup d'autres. Mais si je me souviens de ces autrices spontanément, c'est parce que leurs livres ici mentionnés m'ont marqué, il y a plus de cinquante ans ou la semaine dernière, par leur contenu ou leur écriture ou les deux.</p><p>Ces livres m'ont appris à lire, à imaginer, à écrire, à sentir et à penser. Et ça continue. </p><p>MW </p><p>NB : Je renvoie vers la page wikipédia (ou équivalente) de chaque autrice en français, sauf quand elle n'existe pas - auquel cas je renvoie à la page dans sa langue natale. <br />Les couvertures choisies en illustration sont celles des éditions que j'ai lues. </p><p style="text-align: center;">***</p><p>A l'époque où je me suis installé à la campagne et écrivais mon premier roman, <i>La Vacation, </i>et alors que je traînais dans ma librairie préférée de l'époque (Plurielles, au Mans), je suis tombé sur un livre de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_Didier">Marie Didier</a>, <i><b>Contre-Visite. </b></i></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-j2c2_SUpuC0/X9PpeGnWAaI/AAAAAAAAG8w/ygWisLGHCyk-cQgjDaZFZFidz0Jc5nU-ACNcBGAsYHQ/s2048/IMG_20201211_164834.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-j2c2_SUpuC0/X9PpeGnWAaI/AAAAAAAAG8w/ygWisLGHCyk-cQgjDaZFZFidz0Jc5nU-ACNcBGAsYHQ/s320/IMG_20201211_164834.jpg" /></a></div>Le texte de la quatrième de couverture était exécrable. La bande rouge annonçant à grand bruit "Un médecin parle !" ne l'était pas moins. Je l'ai vaguement feuilleté et reposé. Quelques jours plus tard, j'entends sur France-Culture que l'émission du matin (Culture-Matin, alors animée par Jean Lebrun) allait recevoir Marie Didier. Il en parlait avec chaleur, donnait envie de la lire et de l'entendre, et proposait à une auditrice ou un auditeur de venir bavarder avec elle. Il suffisait d'écrire une lettre de motivation. <p></p><p>Intrigué, j'ai écrit et, contre toute attente, on m'a invité. Je me suis précipité pour acheter et lire le livre et j'ai découvert qu'il valait bien mieux que sa bande rouge et son résumé de dos (lequel, je l'ai appris plus tard, n'avait pas été écrit par elle). C'est le journal, sensible et passionnant, d'une gynécologue vivant à Toulouse. Elle y parle des femmes qu'elle soigne mais aussi de sa vie de femme, de son corps de femme, et de tout ce que les médecins n'écoutent et ne disent pas. (C'était son premier livre, elle en a écrit beaucoup d'autres.) </p><p>J'ai passé une matinée passionnante, moins à cause de l'émission (où Jean Lebrun voulait surtout parler du livre et du métier de médecin) que parce qu'ensuite, je suis allé prendre un café aux <i>Ondes </i>avec Marie Didier et l'amie qui l'accompagnait. </p><p>Elle était la première femme-médecin de langue française que je lisais. Et son livre m'a non seulement fortement marqué, mais accompagné pendant toute l'écriture de mon roman, et longtemps après. Le texte de quatrième de couverture, rédigé par quelqu'un de chez Gallimard, m'avait dissuadé de la lire. J'ai résolu que si jamais j'avais un jour la chance d'être publié, je rédigerais <i>toujours </i>mes quatrièmes de couverture. </p><p><br /></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-WanE5pZEeHA/X9PtYV8I-xI/AAAAAAAAG88/eFdTF_Ajq5w6b-rU3ep1_B7tU_QrhT4mgCNcBGAsYHQ/s1541/Ho%25CC%2582pital%2Bsilence.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="1541" data-original-width="1000" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-WanE5pZEeHA/X9PtYV8I-xI/AAAAAAAAG88/eFdTF_Ajq5w6b-rU3ep1_B7tU_QrhT4mgCNcBGAsYHQ/s320/Ho%25CC%2582pital%2Bsilence.jpg" /></a></div>Juste après avoir lu mon premier roman,<i> </i>une amie m'a conseillé de lire <i><b>Hôpital Silence</b> </i>de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicole_Malinconi" target="_blank">Nicole Malinconi</a>. Assistante sociale, militante de l'IVG, très influencée par Marguerite Duras, cette autrice belge a publié de nombreux livres, souvent brefs et toujours d'une grande poésie. <br /><p></p><p>Comme pour <i><b>La Ventriloque</b> </i>de Claude Pujade-Renaud, dont j'ai parlé dans la première partie de ce texte, j'ai été très marqué par le livre de Nicole Malinconi (et par <b style="font-style: italic;">L'Attente, </b>lu plus tard) et je me suis félicité de ne pas l'avoir lu avant d'écrire mon roman. Je n'en aurais pas eu le courage, je ne m'en serais pas senti le droit. </p><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p><p>Quand j'étais adolescent, j'aurais été bien en mal de dire ce qu'était un viol. Ce n'était pas un mot qu'on prononçait, même pendant les journaux télévisés. On utilisait des métaphores, la pire étant "un sort pire que la mort" ; il m'a fallu longtemps pour comprendre que cette métaphore ne voulait pas du tout dire la même chose selon qu'on était un homme ou une femme, et qu'on avait ou non été violée. </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-AXNmA6KEiKg/X9P0ejDP6OI/AAAAAAAAG9I/p3xvephn5RQQjTjQJ7gPDI_KXjvfs4T6ACNcBGAsYHQ/s500/Brownmiller-Susan-Le-Viol-Livre-161825030_L.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-AXNmA6KEiKg/X9P0ejDP6OI/AAAAAAAAG9I/p3xvephn5RQQjTjQJ7gPDI_KXjvfs4T6ACNcBGAsYHQ/s320/Brownmiller-Susan-Le-Viol-Livre-161825030_L.jpg" /></a></div><br />Avant mes premières rencontres sexuelles, à 18 ans passés, je n'imaginais pas qu'on pouvait contraindre quelqu'un à ce que j'appelais encore à l'époque "faire l'amour" (je n'utilise plus cette expression depuis longtemps en dehors de ma vie privée). C'était bien avant le SIDA, à une époque où la principale crainte était encore une grossesse non désirée. J'évoluais dans une ville universitaire, où beaucoup de femmes de mon âge venaient de milieux favorisés, prenaient la pilule et n'hésitaient pas à inviter un garçon à passer la nuit avec elles si elles en avaient envie. <p></p><p>Pour le jeune homme que j'étais, qui n'osait jamais faire le premier pas et s'étonnait qu'une femme puisse avoir du désir pour lui, l'idée de <i>forcer </i>quelqu'un à passer la nuit avec moi était impensable ; et ma naïveté, immense. </p><p>Au milieu des années 70, à Tours, Nancy - la libraire de la Librairie Franco-Anglaise dont j'ai parlé dans le texte précédent - avait composé un rayon de littérature féministe en français et en anglais. C'est sur ses étagères que j'ai un jour découvert <i><b>Le Viol</b> (</i><i style="background-color: white; color: #202122; font-family: sans-serif; font-size: 14px;">Against Our Will : Men, Women, and Rape)</i><span face="sans-serif" style="background-color: white; color: #202122; font-size: 14px;"> </span>de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Susan_Brownmiller">Susan Brownmiller</a>. Ce n'est pas un roman, mais une analyse critique de la place occupée par le viol dans la société. C'est dans ce livre que j'ai lu la première critique féministe soulignant le sexisme de Freud et de la théorie psychanalytique. </p><p>Que dire ? Sinon que ce livre m'a ouvert les yeux sur des violences que je n'imaginais pas et m'a profondément bouleversé. Même s'il n'est pas exempt de critiques (il n'aborde pas les viols subis par les femmes afro-américaines ou appartenant à d'autres minorités), cela reste un livre-phare du féminisme nord-américain. On doit à Brownmiller d'avoir montré sans équivoque que le viol n'est pas une activité sexuelle, mais un acte de violence et de domination, et que sa représentation dans la littérature et les arts a longtemps été destinée à maintenir les femmes dans la peur et la soumission. </p><p>Il va sans dire que cette lecture a profondément changé mon regard sur la sexualité - et sur mes propres attitudes, avant même que je remette en question celles des hommes qui m'entouraient. </p><p>Il n'en a pas fallu beaucoup plus pour que je prenne conscience qu'un viol n'est pas nécessairement un acte<i> </i>imposé<i> par la force physique</i> mais aussi par les paroles, par l'attitude ou, simplement, par le statut de la personne qui le commet. </p><p>Car la culture du viol (même si le terme n'existait pas encore) était omniprésente, dans la faculté de médecine où je croyais apprendre à soigner. </p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: inherit;">***</span></p><p><span style="font-family: inherit;">C'est aussi pendant mes études que, parmi bien d'autres lectures, j'ai découvert les ouvrages de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbara_Ehrenreich" target="_blank">Barbara Ehrenreich</a> et <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Deirdre_English" target="_blank">Deirdre English</a>, </span></p><p><span style="font-family: inherit;"><b><i style="background-color: white; color: #202122;">Witches, Midwives, and Nurses: A History of Women Healers</i><span style="background-color: white; color: #202122;"> </span><span style="background-color: white; color: #202122;">(1</span></b><span style="background-color: white; color: #202122;"><b>972)</b></span></span></p><p></p><p><a href="https://1.bp.blogspot.com/-bDuwA5Iq5l4/X9P9pqL2cTI/AAAAAAAAG9c/6Dyn6LDnn5QHz7XFiNxjDoF2Q4mYl6ejQCNcBGAsYHQ/s500/Sorcie%25CC%2580res%2BGrand.webp" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="343" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-bDuwA5Iq5l4/X9P9pqL2cTI/AAAAAAAAG9c/6Dyn6LDnn5QHz7XFiNxjDoF2Q4mYl6ejQCNcBGAsYHQ/s320/Sorcie%25CC%2580res%2BGrand.webp" /></a></p><a href="https://1.bp.blogspot.com/-p2nj96DY0q4/X9P9q2VZfYI/AAAAAAAAG9k/6LniJEXeJF0yaa7K4OkP9M2sQXlR4A2CQCNcBGAsYHQ/s500/Witches.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="500" src="https://1.bp.blogspot.com/-p2nj96DY0q4/X9P9q2VZfYI/AAAAAAAAG9k/6LniJEXeJF0yaa7K4OkP9M2sQXlR4A2CQCNcBGAsYHQ/s320/Witches.jpg" width="320" /></a><p></p><p><br /></p><p><span style="font-family: inherit;"><span style="background-color: white; color: #202122;"></span></span></p><p><span style="font-family: inherit;"><span style="background-color: white; color: #202122;">ainsi que </span><i style="background-color: white; color: #202122; font-weight: bold;">Complaints and Disorders: The Sexual Politics of Sickness</i><span style="background-color: white; color: #202122; font-weight: bold;"> </span><span style="background-color: white; color: #202122;"><b>(1973) </b>(qui n'a pas été traduit, je crois) </span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-zoaJPE7kPFo/X9P9phfs_SI/AAAAAAAAG9U/IPEyWQE5zx4G4iTYP9trOMpNzJbdRjjqACNcBGAsYHQ/s1200/Complaints%2Band%2Bdisorders.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="630" data-original-width="1200" src="https://1.bp.blogspot.com/-zoaJPE7kPFo/X9P9phfs_SI/AAAAAAAAG9U/IPEyWQE5zx4G4iTYP9trOMpNzJbdRjjqACNcBGAsYHQ/s320/Complaints%2Band%2Bdisorders.jpg" width="320" /></a><span style="font-family: inherit;"></span></div><span style="font-family: inherit;"><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><p style="text-align: left;"><span style="background-color: white; color: #202122; font-family: inherit;">et </span><b style="font-family: inherit;"><i style="background-color: white; color: #202122;">For Her Own Good: Two Centuries of the Experts' Advice to Women</i><span style="background-color: white; color: #202122;"> </span><span style="background-color: white; color: #202122;">(1978). </span></b></p><p style="text-align: left;"><b style="font-family: inherit;"><span style="background-color: white; color: #202122;"><br /></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-HYwxxqdh_rE/X9QIqh_5TtI/AAAAAAAAG94/zxD8_rP6XowSU21x1CwRzGI-yQrsNa4qwCNcBGAsYHQ/s475/for%2Bher%2Bown%2Bgood%2524.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="475" data-original-width="308" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-HYwxxqdh_rE/X9QIqh_5TtI/AAAAAAAAG94/zxD8_rP6XowSU21x1CwRzGI-yQrsNa4qwCNcBGAsYHQ/s320/for%2Bher%2Bown%2Bgood%2524.jpeg" /></a></div>Je ne sais plus s'ils m'avaient été conseillés par des amies américaines (camarades de lycée de 1973, entrées à l'université depuis, et avec qui je continuais à correspondre) ou par ma libraire préférée, mais il est certain qu'avec la lecture du livre de Brownmiller, ceux de Ehrenreich et English ont eu une influence profonde sur la manière dont j'ai vécu ma formation. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Ces lectures m'ont fait prendre conscience de ce que, lorsque des médecins imposent sans explication un examen gynécologique à une femme qu'on n'a pas prévenue et à qui on n'a pas demandé son accord, il s'agit, purement et simplement, d'un viol. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Elles m'ont aussi sensibilisé au fait que la médecine n'a jamais vraiment considéré les femmes autrement que comme "un champ de pouvoir", et non une population avec des besoins spécifiques, et qui devraient recevoir des soins qui remplissent leurs besoins. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Il m'est apparu très tôt dans mes études que les femmes étaient instrumentalisées... et que les étudiant.e.s en médecine l'étaient aussi, aux fins de contrôler les femmes et leur santé. </div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">J'avais déjà des intuitions, renforcées par ce que me disaient mes camarades féministes et les femmes soignées elles-mêmes, mais les livres de Ehrenreich et English m'ont apporté beaucoup d'arguments théoriques et historiques pour alimenter ma réflexion. </div><div><b style="font-family: inherit;"><br /><span style="background-color: white; color: #202122;"><br /></span></b></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-73U7lPByL8o/X9P9prK1r5I/AAAAAAAAG9Y/4bIVrE36v90jG5alu2TPydWy8PaZcusQgCNcBGAsYHQ/s500/Fragiles.webp" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="346" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-73U7lPByL8o/X9P9prK1r5I/AAAAAAAAG9Y/4bIVrE36v90jG5alu2TPydWy8PaZcusQgCNcBGAsYHQ/s320/Fragiles.webp" /></a></div></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">***</div></span><p></p><p><br /></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Kb6KcvTkzSI/X9QQL8yzpCI/AAAAAAAAG-E/z_RimxGhMbEm305eAx30rMJjUvydDtTJgCNcBGAsYHQ/s400/Eve%2Bto%2BDawn.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="300" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-Kb6KcvTkzSI/X9QQL8yzpCI/AAAAAAAAG-E/z_RimxGhMbEm305eAx30rMJjUvydDtTJgCNcBGAsYHQ/s320/Eve%2Bto%2BDawn.jpeg" /></a></div>Pendant cette même période (les années 70), je suis passé à côté de <i><b>The Women's Room</b> </i>(<i><b>Toilettes pour femmes</b></i>) de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marilyn_French">Marylin French</a>, alors que plusieurs amies - qui savaient que j'écrivais de la fiction et m'avaient vu lire <i>Le Carnet d'Or - </i>m'en avaient parlé. Mais je me suis souvenu de ce qu'elles m'en avaient dit, bien plus tard. <p></p><p>Marylin French est également l'autrice de l'imposant <i style="font-weight: bold;">From Eve to Dawn, A History of Women in the World </i>(quatre volumes ! non traduit en français à ce jour). Je l'ai dévoré pendant que j'écrivais <i>L'Ecole des soignantes</i> et le poème qui court dans tout le livre ("Je suis celles") lui doit beaucoup. <br /></p><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p><p style="text-align: center;">***</p><p style="text-align: left;">Comme beaucoup de lectrices au début des années 80 j'ai lu <i>L'Amant </i>de Marguerite Duras mais il m'a moins ému qu'un autre texte (autobiographique) paru la même année, et intitulé <i style="font-weight: bold;">La Place </i>(Gallimard, 1984)<i>. </i></p><p style="text-align: left;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Y_L0ZhG1zHA/X9UmQCIfEwI/AAAAAAAAG-k/O4ygCpaUABcilV9M-Sd5woJZqZNKO3FLgCNcBGAsYHQ/s782/la%2Bplace.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="782" data-original-width="600" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-Y_L0ZhG1zHA/X9UmQCIfEwI/AAAAAAAAG-k/O4ygCpaUABcilV9M-Sd5woJZqZNKO3FLgCNcBGAsYHQ/s320/la%2Bplace.jpeg" /></a></div><br /><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-ImUXHIvmRn8/X9UnNNBC9AI/AAAAAAAAG_E/7r-GjyjqcsEba26RZuQJh4Eyb4Xvd1tVQCNcBGAsYHQ/s500/Une%2Bfemme.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-ImUXHIvmRn8/X9UnNNBC9AI/AAAAAAAAG_E/7r-GjyjqcsEba26RZuQJh4Eyb4Xvd1tVQCNcBGAsYHQ/w200-h200/Une%2Bfemme.jpeg" width="200" /></a></div>Ledit texte venait à point nommé. Récit rétrospectif de la vie du père de l'autrice, c'est aussi celui d'une vie dans une société profondément inégalitaire, dans laquelle on doit "parler comme il faut" et "rester à sa place". Il m'a d'autant plus touché que mon propre père était mort quelques mois plus tôt. La manière à la fois simple et précise, documentée mais jamais distante, dont <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Annie_Ernaux">Annie Ernaux</a> reconstitue la vie de ses parents (elle fera de même avec sa mère dans <i><b>Une femme</b></i>) m'a montré la voie : le jour où j'ai écrit <i>Plumes d'Ange</i>, je m'en suis souvenu. <div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-DJvGi60epp0/X9UnAfklh0I/AAAAAAAAG-8/QtCGnunDxwgDOtc38Na9Gqny7nSI4Ww8ACNcBGAsYHQ/s316/e%25CC%2581ve%25CC%2581nement%2Bernaux.gif" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="316" data-original-width="200" src="https://1.bp.blogspot.com/-DJvGi60epp0/X9UnAfklh0I/AAAAAAAAG-8/QtCGnunDxwgDOtc38Na9Gqny7nSI4Ww8ACNcBGAsYHQ/s0/e%25CC%2581ve%25CC%2581nement%2Bernaux.gif" /></a></div><br /><div><br /><p></p><p style="text-align: left;">Quinze ans plus tard, un autre livre d'Annie Ernaux m'a beaucoup touché : <i><b>L'Evénement</b> </i>(2000). C'est le récit de son avortement, en 1963, à une époque où la pilule existait à peine, et où l'IVG était encore un délit passible des tribunaux. Un beau livre encore une fois, sensible et précis, qui rappelle une époque où les femmes qui ne voulaient pas de leur grossesse devaient le payer cher - pour certaines, de leur vie. Si je ne me trompe, elle l'a composé en s'appuyant sur son journal de l'époque et ne l'a pas caché, ce qui m'a beaucoup réconforté. </p><p style="text-align: left;">Pour avoir tenu un journal, pendant plus de 40 ans, je tiens à rappeler que tenir un journal<b> <i>c'est </i>de l'écriture.</b> Une écriture à part entière, qui peut se suffire à elle-même ; qui peut aussi établir les fondations de textes plus construits, de fiction ou non ; qui peut également servir de "carrière" pour des textes expérimentaux - et bien d'autres formes. Ce n'est pas "de l'écriture au rabais" comme on l'a longtemps prétendu, et depuis une trentaine d'années, des universitaires comme <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Philippe_Lejeune_(auteur)">Philippe Lejeune</a> ont montré toute la valeur (et toutes les dimensions) de l'écriture journalière. </p><p style="text-align: center;">***</p><p style="text-align: left;">Quand on entreprend - comme je l'ai fait ici - de retourner sur "les livres de sa vie", on se rend compte qu'il y a eu des périodes où l'on a moins lu... ou peut être moins de livres marquants. Pendant la dernière décennie du 20e siècle, j'ai moins lu, et écrit beaucoup plus. En tant que journaliste (à <i>Que Choisir Santé</i> première version), comme traducteur (plusieurs livres chez P.O.L, des romans policiers et de SF, mais aussi une ribambelle d'articles et de livres de médecine) et comme rédacteur de textes de vulgarisation. </p><p style="text-align: left;">A partir de 1998 et de la publication de la <i>Maladie de Sachs, </i>je me suis mis à beaucoup voyager, en France et en dehors. Et j'ai lu beaucoup plus. </p><p style="text-align: left;">Au début des années 2000, à la faveur des traductions de <i>Sachs, </i>j'ai fait beaucoup de voyages à l'étranger. (Ce qui m'a permis de dépasser ma phobie de l'avion...) J'ai découvert que dans tous les aéroports du monde, il y avait de grandes librairies, toutes ou presque riches d'un rayon fourni de livres en anglais récents, du roman policier au best-seller de self-help en passant par des livres d'histoire et de vulgarisation scientifique. J'ai acheté beaucoup de livres à la librairie de l'aéroport de Montréal, en particulier. (Elle a malheureusement disparu depuis.) </p><p style="text-align: left;">Parmi ces livres, les ouvrages de sciences humaines (Anthropologie, Psychologie cognitive, Archéologie, Histoire des peuples) étaient nombreux. </p><p style="text-align: left;">Ce qui était frappant, c'est le nombre de livres, leur diversité et leur accessibilité, sans commune mesure avec ce qu'on trouvait dans les "Relais H" des aéroports français. </p><p style="text-align: left;">C'est grâce à ces librairies que je me suis peu à peu initié à l'anthropologie et à la psychologie évolutionniste. J'ai lu beaucoup d'ouvrages depuis vingt ans, mais peu m'ont marqué comme les trois que je cite ici. </p><p style="text-align: left;"><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-kxo5rKe0jD0/X9UwIXRTH0I/AAAAAAAAG_U/G4VYr77zEo8SyCN2S1sA_EZcF8MymCG-gCNcBGAsYHQ/s346/Anatomy.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="346" data-original-width="232" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-kxo5rKe0jD0/X9UwIXRTH0I/AAAAAAAAG_U/G4VYr77zEo8SyCN2S1sA_EZcF8MymCG-gCNcBGAsYHQ/s320/Anatomy.jpeg" /></a></div><p></p><p style="text-align: left;"><i><b>Anatomy of Love</b> </i>(1992) (Traduction : <i>Histoire naturelle de l'amour</i>) par <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Helen_Fisher">Helen Fisher</a>. C'est une description des pratiques de "mating" (accouplement) dans le monde entier. Fisher est anthropologue et spécialiste des comportements, elle puise dans des travaux nombreux, menés depuis près de 100 ans (à l'époque) aussi bien dans des sociétés industrialisées que parmi des populations premières encore protégées. Son livre décrit les comportements et rituels amoureux, depuis le "courtship" (l'approche amoureuse) jusqu'aux séparations, en passant par les négociations autour du sexe, les rituels de la grossesse, la naissance et les structures familiales. </p><p style="text-align: left;">C'est un livre éclairant, qui montre que les comportements amoureux ont des passages obligés communs dans toutes les cultures, et dérivent probablement de comportements très anciens, développés par l'évolution au fil de plusieurs centaines de millions d'années de développement de l'humanité, avant l'avénement de l'agriculture. (Il y a 8-10 000 ans). Ce qui m'a beaucoup frappé, c'est la manière dont Fisher décrit des notions d'anthropologie, de sociologie, d'histoire des populations d'une manière limpide, accessible à des lectrices n'ayant aucune notion préalable en la matière (ce qui était mon cas). Elle s'appuie aussi sur des connaissances biologiques solides et ne s'aventure jamais à affirmer ce qui ne peut pas l'être. Je ne peux pas préjuger de la qualité de la traduction, mais quand on veut comprendre les bases biologiques et anthropologiques des relations amoureuses, c'est à mon avis un livre tout à fait indispensable. Par la suite, elle a consacré plusieurs livres au désir et à l'attraction, en particulier <i><b>Why We Love</b> </i>et <i><b>Why Him ? Why Her ?</b> </i>tout aussi passionnants, dans lesquels elle établit une typologie des liens amoureux fondée sur la biologie et les connaissances en psychologie cognitive. </p><p style="text-align: left;"><br /></p><p style="text-align: left;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-MfFnM-7jvpU/X9VcGznA7CI/AAAAAAAAG_g/1QK9-zOB6kYdspNkJ5049bj-zrk5waGDgCNcBGAsYHQ/s266/Adapted%2BMind.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="266" data-original-width="178" src="https://1.bp.blogspot.com/-MfFnM-7jvpU/X9VcGznA7CI/AAAAAAAAG_g/1QK9-zOB6kYdspNkJ5049bj-zrk5waGDgCNcBGAsYHQ/s0/Adapted%2BMind.jpeg" /></a></div><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Leda_Cosmides">Leda Cosmides</a> est l'une des fondatrices d'une discipline scientifique récente, la psychologie évolutionniste. Ses principes sont simples : les humains sont des êtres vivants dont le corps et le cerveau a évolué au fil des millénaires pour s'adapter à leur environnement. De même que la station debout ou le pouce opposable, nos comportements sont le produit de cette évolution. La psychologie évolutionniste étudie ces comportements pour tenter d'en comprendre les mécanismes cérébraux (neurologiques, humoraux) - à partir de l'éthologie (étude du comportement animal, des primates en particulier), de l'anthropologie, de la neuropsychologie et des sciences cognitives. <p></p><p style="text-align: left;">L'ouvrage fondateur co-signé par Cosmides et John Tooby s'intitule <i><b>The Adapted Mind and the generation of culture</b>. </i>(Le cerveau adapté et la genèse de la culture...) Il n'a pas été traduit mais vous trouverez des ouvrages en français <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Psychologie_évolutionniste">sur la page wikipédia de la psychologie évolutionniste</a>. </p><p style="text-align: left;"> </p><p style="text-align: left;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-rreleOUYtsc/X9an00XxgMI/AAAAAAAAHAM/jco4X069gFk9WCUohy6GAki9jMxbhfXSwCNcBGAsYHQ/Mother%2BNature1.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="500" data-original-width="356" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-rreleOUYtsc/X9an00XxgMI/AAAAAAAAHAM/jco4X069gFk9WCUohy6GAki9jMxbhfXSwCNcBGAsYHQ/Mother%2BNature1.jpg" width="171" /></a></div><b><i>Mother Nature</i>, l</b>'ouvrage monumental de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sarah_Blaffer_Hrdy">Sarah Blaffer Hrdy</a><b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Sarah_Blaffer_Hrdy"> </a></b>(1998 - En français : <i>Les Instincts maternels, </i>traduction tronquée parue aux Ed. Payot) est probablement LE livre qui m'a le plus marqué au cours de ces vingt dernières années. Au fil de mes lectures de psychologie évolutionniste, je le voyais mentionné et cité sans arrêt, et j'ai fini par le chercher pour le lire. Ce n'était pas facile : il est paru en 1998 et n'a pas été réédité depuis, on le trouve en édition usagée sur les sites de libraires d'occasion. <p></p><p style="text-align: left;">C'est un livre très important, tant dans le domaine de l'anthropologie, de la médecine, de la sociologie que pour le féminisme. Ecrit par une primatologue, c'est une somme biologique et historique de ce qu'est "l'être mère". En partant des rôles sexués observables dans tout le monde vivant, Hrdy passe aux primates, puis aux humains, et montre qu'être mère (la nature de la maternité), c'est pas de la tarte. C'est une lutte quotidienne, permanente, contre les prédateurs, les partenaires potentiels et la progéniture. Chez les personnes humaines, c'est en plus une lutte contre le corps social. Y compris (et pas moins violemment) quand les femmes <i>ne veulent pas </i>être mères... </p><p style="text-align: left;">Ce livre fascinant, passionnant comme un roman historique (et c'en est un) m'a sans aucun doute conduit à repenser tout ce que je croyais avoir compris de la santé des femmes. Il m'a certainement amené à concevoir et à décrire ce que je nomme "la charge physiologique" dans <i>C'est mon corps </i>(L'Iconoclaste, 2020). Le poids d'être mère, ça commence par le poids d'être femme -- un poids qui existe pour l'immense majorité des femmes, même quand elles décident de ne (ou ne peuvent) pas être mère. <br /></p><p style="text-align: left;"><br /></p><p style="text-align: center;">***</p><p style="text-align: left;"><br /></p><p style="text-align: left;">Pendant l'année que j'ai passée aux Etats Unis (1972-1973) et lorsque j'y suis retourné en 1976, j'ai rencontré beaucoup de femmes de tous âges qui m'ont sensibilisé aux inégalités entre femmes et hommes. Comme j'avais envie de comprendre, je me suis procuré des livres. L'un d'eux, <i><b><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Sisterhood_Is_Powerful">Sisterhood is Powerful</a></b>, </i>est depuis devenu un classique. <br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-XwTvmtakj9g/X_yw_-ODEqI/AAAAAAAAHC4/S6Kf3-l0K2QlJuo_pcnyvtRSb9_e6u-SACNcBGAsYHQ/s800/Sisterhood.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="531" data-original-width="800" src="https://1.bp.blogspot.com/-XwTvmtakj9g/X_yw_-ODEqI/AAAAAAAAHC4/S6Kf3-l0K2QlJuo_pcnyvtRSb9_e6u-SACNcBGAsYHQ/s320/Sisterhood.jpeg" width="320" /></a></div>C'est une anthologie d'articles critiques et militants, assemblés et écrits par des femmes, portant sur tous les aspects des luttes féministes - de la santé sexuelle aux minorités ethniques, en passant par le monde du travail et l'éducation. Une section entière est consacrée à des poèmes. C'est un manifeste, passionnant et stimulant. L'étudiant en médecine, puis le soignant que je suis devenu lui doivent beaucoup. A noter que <i>The Oxford English Dictionary </i>attribue à l'anthologiste du recueil, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Robin_Morgan">Robin Morgan</a>, la première utilisation du terme <i>Herstory, </i>forme féministe de "History" (Histoire). </div><div><br /></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-pwDGMw_hm3A/X_zFdxMd1uI/AAAAAAAAHD8/o3kFh1_Me34aQOZk-S0NewRJ4NPbhT8fQCNcBGAsYHQ/s500/OUtrageous.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="331" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-pwDGMw_hm3A/X_zFdxMd1uI/AAAAAAAAHD8/o3kFh1_Me34aQOZk-S0NewRJ4NPbhT8fQCNcBGAsYHQ/s320/OUtrageous.jpeg" /></a></div><br /><div><br /></div><div><br /></div><div>J'avais beaucoup entendu parler de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gloria_Steinem">Gloria Steinem</a> mais n'avais jamais lu ses textes quand, en 1985, une amie américaine me recommanda la lecture de <i><b>Outrageous Acts and Everyday Rebellions</b> </i>(<cite class="italique" style="background-color: white; color: #202122; font-family: sans-serif; font-size: 14px;">Actions scandaleuses et rébellions quotidiennes</cite><span face="sans-serif" style="background-color: white; color: #202122; font-size: 14px;">, Éditions du Portrait, <span style="white-space: nowrap;">2018</span></span>). C'est un recueil, publié au début des années 80 (et réédité depuis) de ses textes de journalisme et de ses essais féministes. Je vous le recommande vivement, car elle y souligne de manière limpide des comportements et des situations que nous avons tendance à ne pas voir... Et nous prouve que, lorsqu'il s'agit de contester le statu quo, il n'y a pas de manière "futile" de résister. Chaque "Non" compte. <p style="text-align: center;"><br /></p><p style="text-align: left;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-_JB5xRkw-60/X_yujfS3YXI/AAAAAAAAHCs/67ZYtmxsTIE9azMksj8DfzIUMx39itIqQCNcBGAsYHQ/s400/Changer%2Bde%2Bsexe%2B.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="221" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-_JB5xRkw-60/X_yujfS3YXI/AAAAAAAAHCs/67ZYtmxsTIE9azMksj8DfzIUMx39itIqQCNcBGAsYHQ/s320/Changer%2Bde%2Bsexe%2B.jpg" /></a></div><br /><p></p><p style="text-align: left;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div>En 2005 ou 2006, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Stéphanie_Nicot">Stéphanie Nicot</a> et <a href="http://www.lecavalierbleu.com/auteur/alexandra-augst-merelle/">Alexandra Augst-Mérelle</a> m'ont demandé de préfacer leur livre <i><b>Changer de sexe - Identités transsexuelles</b>. </i>Leur proposition m'a surpris - même si j'étais solidaire des personnes transgenres, j'étais très ignorant sur ce qu'elles vivaient, à l'époque - mais je l'ai reçue comme une marque de confiance. Leur livre présentait la situation sociale, sanitaire, politique et légale des personnes transgenres dans la France du début du 21e siècle - et je suis fier d'avoir soutenu et modestement contribué à cette publication militante. Même si les choses ont (un peu) changé, elle garde toute son actualité. </div><div><br /></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-Ag4zLNjCToU/X_y0gY2Q47I/AAAAAAAAHDE/f8jpPzacjH0BuFlclreRqFubLpYtNzm6gCNcBGAsYHQ/She%2527s%2BNot%2BThere.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="475" data-original-width="287" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-Ag4zLNjCToU/X_y0gY2Q47I/AAAAAAAAHDE/f8jpPzacjH0BuFlclreRqFubLpYtNzm6gCNcBGAsYHQ/She%2527s%2BNot%2BThere.jpg" width="145" /></a></div><br /><br /></div><div>A peu près à la même époque, j'ai été invité par un enseignant français à donner quelques conférences/cours/séminaires à Colby College, à Waterville (Maine). Là, j'ai rencontré une enseignante de littérature nommée <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Jennifer_Finney_Boylan">Jennifer Finney Boylan</a>, autrice de plusieurs livres dont l'extraordinaire <i><b>She's Not There - A Life in Two Genders</b>. </i>C'est le récit de sa transition, le versant personnel, intime de ce que décrit le livre précédent, même s'il concerne une femme transgenre américaine et non française. Il n'a, malheureusement, pas été traduit à ce jour. </div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div><p></p><p style="text-align: left;"><br /></p><p style="text-align: left;"></p><p style="text-align: left;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-VBTU8YOpYdw/X_ysg_LM3XI/AAAAAAAAHCg/v3ATVzOFt8YMg3IoTnlCkNA3M8ibw-86gCNcBGAsYHQ/DDP.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em; text-align: right;"><img alt="" data-original-height="800" data-original-width="800" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-VBTU8YOpYdw/X_ysg_LM3XI/AAAAAAAAHCg/v3ATVzOFt8YMg3IoTnlCkNA3M8ibw-86gCNcBGAsYHQ/DDP.jpeg" width="240" /></a></p>En 2007, j'ai co-écrit et publié un livre malheureusement passé relativement inaperçu, <i style="font-weight: bold;">Les Droits du patient </i>(Fleurus)<i> </i>Je n'aurais pas pu le faire sans une juriste qui signait du pseudonyme de Salomé Viviana. Je ne peux pas en dire plus sur elle sans risquer de compromettre son pseudonymat, mais je tenais à faire figurer ce livre ici, car sans elle, il n'existerait pas. Depuis, de nombreux sites et associations se sont mis à diffuser des informations sur les droits des patient.es, mais en 2007, c'était nouveau... Je sais qu'il a rendu service à un certain nombre de personnes à l'époque, j'aurais aimé qu'il soit réédité et mis à jour, mais le sort ne l'a pas voulu, et je le regrette vivement. J'ai énormément appris (et modifié ma façon de penser) en travaillant avec Salomé Viviana. <p></p><br /><br /><br /></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-qoFp3mIbJYk/X_y6BXhYcYI/AAAAAAAAHDY/KA8u11HEwNcT0VEraFNYqQmqyjEBWBgRwCNcBGAsYHQ/s499/Charon.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="343" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-qoFp3mIbJYk/X_y6BXhYcYI/AAAAAAAAHDY/KA8u11HEwNcT0VEraFNYqQmqyjEBWBgRwCNcBGAsYHQ/s320/Charon.jpg" /></a></div><br /><div><br /></div><div><br /></div><div>La même année, j'ai eu l'occasion de me rendre à l'Université de Columbia (New York City) et d'y suivre un séminaire organisé par le <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Rita_Charon">Dr Rita Charon</a> dans le cadre de l'enseignement de <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Narrative_medicine">Narrative Medicine</a>. Les principes de la médecine narrative sont simples et m'ont touché immédiatement : ils suggèrent que le récit des personnes soignées est, en soi, un texte de littérature qui mérite non seulement une écoute attentive, mais aussi une analyse commune, collective - visant à le comprendre. Cette analyse a non seulement l'intérêt de nourrir la réflexion des soignantes, mais aussi de valoriser et d'éclairer l'histoire personnelle des personnes soignées. </div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Sa7_dvGbYNY/X_y5YXoLR1I/AAAAAAAAHDQ/Uy78sVA2OLwPuBuaebIswejKPSE1-RcLwCNcBGAsYHQ/s1500/Call%2Bthe%2BMidwife.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1071" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-Sa7_dvGbYNY/X_y5YXoLR1I/AAAAAAAAHDQ/Uy78sVA2OLwPuBuaebIswejKPSE1-RcLwCNcBGAsYHQ/s320/Call%2Bthe%2BMidwife.jpg" /></a></div><br /><div><br /></div><div>Depuis 2012, je regarde assidûment une série de la BBC intitulée <b><i>Call the Midwife </i>(<i>SOS Sage-femme</i>). </b>C'est une série historique, médicale, féministe et militante, et je n'en rate aucun épisode (je me jette sur les "Christmas Specials" dès qu'ils sont diffusés, en général le jour de Noël... </div><div>La série a été créée par une femme, Heidi Thomas, la plupart de ses épisodes sont écrits par des femmes, et elle s'inspire des mémoires d'une sage-femme londonienne, <a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Jennifer_Worth">Jennifer Worth</a>. </div><div>Entre deux saisons, j'ai lu les trois volumes et comme ils ne sont pas traduits, je recommande aux non-anglophones la série, disponible en DVD et Blu-Ray. <br /><br /><br /><div style="text-align: center;">***</div><br /><p></p><p style="text-align: left;">J'ai toujours aimé les comédies romantiques, le mélodrame et la science-fiction, et j'ai un faible pour les histoires de voyage dans le temps. Quand un roman mêle tous ces genres, je suis bon public. Parmi tous ceux que j'ai lus, un titre se détache parmi tous les autres, c'est <i><b>The Time Traveler's Wife</b> </i>d'<a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Audrey_Niffenegger">Audrey Niffenegger</a> (Traduction française : <i>Le Temps n'est rien, </i>Ed. Lafon). </p><p style="text-align: left;"><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-XMqpyE2nFdg/X_y8Q0IRUOI/AAAAAAAAHDk/NoYgcDkZWbwSgSYeiZfPQu5uj3m6AEbkwCNcBGAsYHQ/s400/TimeTravellersWife.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="249" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-XMqpyE2nFdg/X_y8Q0IRUOI/AAAAAAAAHDk/NoYgcDkZWbwSgSYeiZfPQu5uj3m6AEbkwCNcBGAsYHQ/s320/TimeTravellersWife.jpg" /></a></div><p style="text-align: left;"><br /></p><p style="text-align: left;">C'est un roman d'amour, un roman de science-fiction, et c'est aussi une construction narrative époustouflante, qui nous fait voyager le long de la vie des deux protagonistes (un homme qui se déplace spontanément dans le temps, la femme amoureuse de lui et qu'il aime) de manière aussi surprenante et (en apparence) arbitraire que les déplacements temporels du personnage masculin. C'est un texte magnifique qui me bouleverse et me fait pâlir de jalousie chaque fois que je le relis... Je lève mon chapeau et je m'incline bien bas devant la maîtrise de l'autrice. </p><p style="text-align: center;">***</p><p style="text-align: left;">Je suis fasciné depuis toujours par la langue anglaise, et par sa cohabitation parfois complexe avec le français. L'une des autrices qui m'ont le plus éclairé sur le sujet est la linguiste <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Henriette_Walter">Henriette Walter</a>, grâce à son épatant ouvrage <i><b>Honni soit qui mal y pense</b>. </i>Il raconte l'histoire parallèle des deux langues, et montre que tous les préjugés sur "l'invasion linguistique" du français par l'anglais n'ont aucun sens. Les deux langues se sont toujours enrichies mutuellement à mesure qu'elles évoluaient. </p><p style="text-align: left;"><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-DWVG95z2Mas/X_zACT-Z6lI/AAAAAAAAHDw/K41V59kx7JQSk8VQwHQMcKP0PzFRY8F7ACNcBGAsYHQ/image.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="1144" data-original-width="800" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-DWVG95z2Mas/X_zACT-Z6lI/AAAAAAAAHDw/K41V59kx7JQSk8VQwHQMcKP0PzFRY8F7ACNcBGAsYHQ/image.png" width="168" /></a></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /></div><div>Plus récemment, j'ai été ravi par la lecture de <i><a href="https://www.editionsladecouverte.fr/le_francais_est_a_nous_-9782348041877"><b>Le français est à nous</b> </a></i>de <a href="http://www.univ-paris3.fr/mme-candea-maria-29447.kjsp">Maria Candéa</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Laélia_Véron">Laélia Véron</a>. Il abat bien des préjugés et des idées reçues et démontre la dimension politique et éthique d'une histoire du parler, de l'écriture, de l'orthographe et des codes de langage. </div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-aNBVmwul_j4/X_zHdsUUjjI/AAAAAAAAHEI/irV63Nze9RIgWutAwtlgMx50leixc9E3gCNcBGAsYHQ/s1310/ve%25CC%2581ron%2Bcande%25CC%2581a.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1310" data-original-width="800" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-aNBVmwul_j4/X_zHdsUUjjI/AAAAAAAAHEI/irV63Nze9RIgWutAwtlgMx50leixc9E3gCNcBGAsYHQ/s320/ve%25CC%2581ron%2Bcande%25CC%2581a.jpg" /></a></div><div><br /></div><div><br /></div><div>Le travail des deux autrices se poursuit dans un podcast épatant, <i><a href="https://www.binge.audio/podcast/parler-comme-jamais/parler-comme-jamais/?uri=parler-comme-jamais%2F">Parler comme jamais</a></i>, que je vous recommande chaleureusement. C'est instructif, drôle, stimulant et surprenant. </div><div><br /></div><div style="text-align: center;">***</div><div><br /></div><div><br /></div><div>La seconde guerre mondiale fait partie de l'histoire de mon enfance : même si je suis né dix ans après l'armistice, j'ai grandi en regardant des films de guerre - qui étaient presque aussi nombreux que les westerns, à l'époque où mon frère et moi traversions la place de la mairie pour aller au cinéma. Et parmi tous les films de guerre que j'ai vus, <i>Casablanca </i>est probablement celui que j'aime le plus régulièrement revoir. Je ne vais pas vous le décrire (vous le connaissez probablement aussi bien que moi, sinon, je vous invite à aller le voir...) mais si vous aimez ce film, je vous recommande vivement la lecture de </div><div><span style="font-family: inherit; font-size: medium;"><b><i>Round Up the Usual Suspects : </i><span style="background-color: white; color: #333333;"><i>The Making of "Casablanca"</i></span></b></span>par <b><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Aljean_Harmetz">Aljean Harmetz</a></b>. </div><div><br /></div><div><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-g4kZId4pw1Y/X_zL2eAlC8I/AAAAAAAAHEU/WfqfaCSwaIY4pBZeKGmkUU8cwqU6bGg3wCNcBGAsYHQ/image.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="500" data-original-width="333" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-g4kZId4pw1Y/X_zL2eAlC8I/AAAAAAAAHEU/WfqfaCSwaIY4pBZeKGmkUU8cwqU6bGg3wCNcBGAsYHQ/image.png" width="160" /></a></div><br /><div><br /></div><div><br /></div><div>C'est tout à la fois un livre d'histoire, un livre sur la résistance et la propagande, un livre sur les réfugiés européens à Hollywood, un livre sur la manière dont on fait un film et dont on installe des légendes. </div><div><br /></div><div>Bref, un bouquin formidable. Qui, lui aussi, mériterait d'être traduit. </div><div>Aljean Harmetz, qui fut correspondante du <i>New York Times </i>à Hollywood de 1978 à 1990, est également l'autrice de deux autres livres remarquables consacrés à des films classiques : </div><div><i style="font-weight: bold;">The Making of the Wizard of Oz </i>(1977) </div><div>et </div><div><b><i>On the Road to Tara : The Making of Gone With the Wind </i>(</b>1996) </div><div><b><br /></b></div><div style="text-align: center;">***</div><div style="text-align: center;"><br /></div><div style="text-align: left;">Tout récemment, en préparation d'un projet de roman qui se déroulerait à Paris pendant l'Occupation, j'ai lu plusieurs livres passionnants parmi lesquels <i><b>Americans in Paris : Life and Death under Nazi Occupation</b> </i>de Charles Glass. </div><div style="text-align: left;"><i><br /></i></div><div style="text-align: left;">Sur la même période, la britannique <b><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Anne_Sebba">Anne Sebba</a></b> a publié un livre intitulé <i><b>Les Parisiennes</b>, </i>entièrement consacré aux femmes pendant l'Occupation (édité en France par Vuibert). Elle y montre que la Résistance n'aurait pas eu lieu si les femmes n'en avaient pas été des ouvrières aussi actives qu'elles restent méconnues. </div><div><p><br /></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-B4rI-fGtC10/X_zOazcAAhI/AAAAAAAAHEg/8Gpz-gUjeCUOo9fWaI2XPaIAkA6jbwPGgCNcBGAsYHQ/image.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="1000" data-original-width="667" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-B4rI-fGtC10/X_zOazcAAhI/AAAAAAAAHEg/8Gpz-gUjeCUOo9fWaI2XPaIAkA6jbwPGgCNcBGAsYHQ/image.png" width="160" /></a></div><br /><p></p><p style="text-align: center;">***</p><p style="text-align: left;">Le dernier livre dont je voudrais parler, j'en ai terminé la lecture ces jours-ci, pendant la première semaine de 2021. C'est une fois encore un livre d'histoire(s). Il s'intitule <i><b>The Story of Jane</b></i>. </p><p style="text-align: left;"><br /></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-dQY6Lb4W2v8/X_zYi34XCJI/AAAAAAAAHE4/bNhZnx3w380MAHWqTR_ntgFbtqa_giGUQCNcBGAsYHQ/s1280/Jane.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1280" data-original-width="828" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-dQY6Lb4W2v8/X_zYi34XCJI/AAAAAAAAHE4/bNhZnx3w380MAHWqTR_ntgFbtqa_giGUQCNcBGAsYHQ/s320/Jane.jpg" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br />"Jane", c'est le nom de code que s'étaient donné les femmes du réseau informel qui organisa des avortements clandestins à Chicago entre 1968 et 1973 (date de la décriminalisation de l'avortement aux Etats-Unis). Le livre est l'histoire orale de ce réseau, rassemblée par l'une de ses participantes auprès de ses camarades. Il a été publié pour la première fois en 1995 et réédité l'an dernier. <p></p><p>A l'heure où les législateurs français refusent aux sages-femmes l'autorisation de pratiquer des IVG par aspiration, ce livre nous raconte qu'il y a cinquante ans, des femmes militantes et bénévoles ont appris à pratiquer des IVG sans danger <i>en se passant des médecins. </i></p><p>Ce n'est donc pas seulement un document historique remarquable, c'est aussi un modèle de lutte et d'émancipation et une leçon pour tous ceux qui voudraient laisser croire que les femmes ne sont pas capables d'assumer elles-mêmes la prise en charge des gestes les plus essentiels à leur liberté. </p><p style="text-align: center;">***</p><p><br /></p><div><b>Epilogue</b> : A l'issue de cette deuxième partie, je suis heureux de constater que non seulement des livres écrits par des femmes m'ont accompagné tout au long de ma vie jusqu'ici, mais qu'ils sont de plus en plus nombreux à paraître et à exercer une influence sur les lectrices. Je n'ai cité dans les deux articles précédents que les livres qui me semblent les plus éloignés dans le temps ou les moins susceptibles d'être connus de lectrices éventuelles.</div><div><br /></div><div>Mais il y est d'autres, parus récemment, qu'il me semble important de citer en guise de post-scriptum. Ces livres-là n'ont pas besoin d'être présentés. Ils sont disponibles et ils sont déjà très lus. Je les cite ci-dessous, dans l'ordre alphabétique de leurs autrices, parce qu'ils sont importants à mes yeux de lectrice d'aujourd'hui. </div></div></div><div><br /><div><a href="https://www.huffingtonpost.fr/author/valerie-auslender/">Valérie Auslander</a> et <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Soskuld">SoSkuld</a>, <i><b>Omerta à l'hôpital </b></i></div><div><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mona_Chollet">Mona Chollet</a>, <i><b>Beauté Fatale</b> </i></div><div><a href="https://www.femmesmonde.org/melanie-dechalotte">Mélanie Déchalotte</a>, <i><b>Le livre noir de la gynécologie</b></i></div><div><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Camille_Froidevaux-Metterie">Camille Froidevaux-Metterie</a>, <i><b>Le corps des femmes</b> </i></div><div><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pauline_Harmange">Pauline Harmange</a>, <i><b>Moi les hommes je les déteste</b></i></div><div><div><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Hélène_Lahaye">Marie-Hélène Lahaye</a>, <i><b>Accouchement - Les femmes méritent mieux </b><br /></i><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Mathilde_Larrère">Mathilde Larrère</a> et <a href="https://www.20minutes.fr/journaliste/aude-lorriaux">Aude Lorriaux</a>, <i><b>Des intrus en politique</b> </i></div></div><div><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Aude_Mermilliod">Aude Mermilliod</a>, <i><b>Il fallait que je vous le dise</b> </i></div><div><a href="https://www.colinepierre.fr/">Coline Pierré</a>, <i><b>Poétique réjouissante du lubrifiant </b></i>et <i><b>Eloge des fins heureuses</b></i></div><div><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Valérie_Rey-Robert">Valérie Rey-Robert</a>, <i><b>Une culture du viol à la française</b></i></div><div style="text-align: center;">***</div><div><br /></div><div>Il y a un peu plus de trois ans, le 2 janvier 2018, Paul Otchakovsky-Laurens, l'homme qui publia mon premier roman, <i><b>La Vacation</b> </i>et m'encouragea (entre autres) à écrire <i><b>Le Choeur des femmes</b>, </i>mourait dans un accident de voiture. </div><p></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-thickness: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"></p><p></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-thickness: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;">Grâce à son livre <i><b>Marie-Galante</b>, </i><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Emmelene_Landon">Emmelene Landon</a> nous permet de le retrouver vivant, et je la remercie profondément. </p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-thickness: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"><br /></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-decoration-thickness: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-0JfuHVw-yrU/X_zcsW129uI/AAAAAAAAHFE/ETEvpcj37jQQmRfI5oMl4SdmDVhgH_1dACNcBGAsYHQ/Marie%2BGalante.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="799" data-original-width="510" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-0JfuHVw-yrU/X_zcsW129uI/AAAAAAAAHFE/ETEvpcj37jQQmRfI5oMl4SdmDVhgH_1dACNcBGAsYHQ/Marie%2BGalante.jpg" width="153" /></a></div><br /><br /><p></p><p>Montréal, 12 janvier 2021. </p></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br />Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-14251851986821122832020-10-18T16:56:00.008-04:002021-05-31T17:29:45.296-04:00J'ai appris le monde dans des livres écrits (et/ou recommandés) par des femmes - 1ère partie<p style="text-align: right;"><i>A Betty </i></p><p><br /></p><p>Je suis une lectrice. (Je rappelle qu'ici, j'utilise le féminin générique.) <br />Je lis à l'aventure, lorsque le livre (cueilli sur une table, une étagère, dans une conversation ou une autre lecture) me fait signe. Je ne lis pas parce que des "autorités" le prescrivent, mais parce que j'en ai le désir ou la curiosité. C'est le titre, ou le résumé, ou le sujet qui m'intéressent. Ce n'est pas le genre de la personne qui le signe.</p><p>Au cours de ma vie, j'ai lu beaucoup de livres écrits par des femmes. Des livres et des femmes de tous les genres. Je suis un une "lectrice transgenres (littéraires)" -- intertextuelle et intersectionnelle. </p><p>Je les énumère ici dans l'ordre approximatif de mes lectures. L'ordre est plus ou moins chronologique parce qu'il se mêle à l'ordre dans lequel ils me sont revenus - et par association, inévitablement : comme tout le monde, j'ai eu des "périodes" où je lisais plutôt des romans, plutôt des essais... et parfois plusieurs romans d'une même autrice ou d'un même auteur. </p><p>Il y a ici des livres connus de beaucoup, et d'autres que j'ai le sentiment d'être seul à connaître (ou de me rappeler). Je les mentionne de mémoire,. Il y en a certainement eu beaucoup d'autres. Mais si je me souviens de ces autrices spontanément, c'est parce que leurs livres ici mentionnés m'ont marqué, il y a plus de cinquante ans ou la semaine dernière. Ils ne m'ont pas touché d'abord parce qu'ils avaient été écrits par des femmes, mais par leur contenu ou leur écriture ou les deux. Et c'est seulement aujourd'hui que je réalise combien ils ont été nombreux. Les autrices sont de plus en plus nombreuses dans ma vie de lectrice, mais elles l'étaient déjà il y a très longtemps et l'ont été tout au long de ma vie. </p><p>Ces livres m'ont appris à lire, à imaginer, à écrire, à sentir et à penser. Et ça continue. </p><p>MW </p><p>NB : Je renvoie vers la page wikipédia (ou équivalente) de chaque autrice en français, sauf quand elle n'existe pas - auquel cas je renvoie à la page dans sa langue natale. <br />Les couvertures choisies en illustration sont celles des éditions que j'ai lues. </p><p><br /></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-_yu9NFN_vYU/X3ovGTRjUDI/AAAAAAAAGxs/XIuxFs_dX80q5T0CiSh_B-J0imzkzhYUgCNcBGAsYHQ/Vallerey%2B-%2BBible.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="697" data-original-width="462" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-_yu9NFN_vYU/X3ovGTRjUDI/AAAAAAAAGxs/XIuxFs_dX80q5T0CiSh_B-J0imzkzhYUgCNcBGAsYHQ/Vallerey%2B-%2BBible.jpg" width="159" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-qBiS7j9c7Aw/X3ovGWqp3LI/AAAAAAAAGx0/oisw7NGtgLUkB5ejpwk1uPPjosEVFRNcQCNcBGAsYHQ/nathan-egypte1959.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="1000" data-original-width="723" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-qBiS7j9c7Aw/X3ovGWqp3LI/AAAAAAAAGx0/oisw7NGtgLUkB5ejpwk1uPPjosEVFRNcQCNcBGAsYHQ/nathan-egypte1959.jpg" width="174" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-ZFdz0c6c0Ao/X3ovGXwj3XI/AAAAAAAAGxw/9y5TcWb_e1AUO6iXLSmj8XC5RovIKDaawCNcBGAsYHQ/Rome%2B-%2BOrvieto%2B.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="1087" data-original-width="800" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-ZFdz0c6c0Ao/X3ovGXwj3XI/AAAAAAAAGxw/9y5TcWb_e1AUO6iXLSmj8XC5RovIKDaawCNcBGAsYHQ/Rome%2B-%2BOrvieto%2B.jpg" width="177" /></a></div><br />Je ne sais rien des autrices de ces livres. Je sais seulement que j'ai lu ces trois livres des dizaines de fois entre l'âge de 9 et 13 ans, et que j'ai toujours l'un des trois. Les autres sont probablement quelque part dans le grenier, dans ma maison d'enfance à Pithiviers. Je ne les ai sûrement pas jetés. <p></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-PUHwMfeN8MY/X3oUIX9NeaI/AAAAAAAAGwk/VkdSylBgF-sknprg1ksEmZeB6DQHd9ShACNcBGAsYHQ/s290/Ackroyd.jpeg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="290" data-original-width="174" src="https://1.bp.blogspot.com/-PUHwMfeN8MY/X3oUIX9NeaI/AAAAAAAAGwk/VkdSylBgF-sknprg1ksEmZeB6DQHd9ShACNcBGAsYHQ/s0/Ackroyd.jpeg" /></a></div><br /><br /><p></p><p><br /></p><p><br /></p><p>En traduction : <b><i>Le Meurtre de Roger Ackroyd</i><i>. </i></b>Il se passe de présentation. C'est un roman magistral, l'un des cinq meilleurs <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Agatha_Christie">d'</a><b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Agatha_Christie">Agatha Christie</a> (</b>1890-1976). Je l'ai lu en français d'abord, en anglais plus tard. Et relu plusieurs fois. C'est un roman souvent cité pour son retournement final mémorable, qu'il vaut mieux ne pas connaître avant de le lire pour la première fois. Mais il ne se réduit pas à ça. C'est la relecture qui montre la maîtrise de Christie, formidable conceptrice de puzzles criminels. Sur la liste des 100 meilleurs romans criminels dressée par la très britannique Crime Writers Association, ce roman occupe la cinquième place. Christie est une des autrices que j'ai le plus lues. Ses romans allient une construction narrative exemplaire à une grande finesse d'analyse psychologique. Ses énigmes (à commencer par Ackroyd mais aussi <i>And Then There Were None </i>ou <i>Hercules Poirot's Christmas</i>) sont souvent des crimes impossibles et elle est d'une érudition impressionnante - qu'il s'agisse de jouer avec des comptines traditionnelles (<i>One, Two, Buckle my Shoe</i>) ou de citer Shakespeare (<i>Curtain</i>). Et elle n'a pas peur des "cold cases" comme <i>Five Little Pigs </i>(<i>Cinq petits cochons</i>). J'ai appris la construction narrative grâce à elle, et je lui en serai éternellement reconnaissant. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: right;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-tKEwIuVgAMs/X3pQUS0NhPI/AAAAAAAAGzQ/71dISwO_R_oFCISnhU_O-ms8IH91NonKwCNcBGAsYHQ/McCloy.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" data-original-height="298" data-original-width="200" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-tKEwIuVgAMs/X3pQUS0NhPI/AAAAAAAAGzQ/71dISwO_R_oFCISnhU_O-ms8IH91NonKwCNcBGAsYHQ/McCloy.jpg" width="161" /></a></div><br /><span style="text-align: left;">En traduction : </span><i style="text-align: left;"><b>Le Miroir Obscur. </b></i><span style="text-align: left;">Je l'ai lu en anglais à l'âge de 13 ans puis en français (je n'avais pas tout compris). Puis relu en anglais. C'est ce qui m'a fait découvrir que les traductions françaises des romans anglo-saxons raccourcissaient et caviardaient souvent le texte originel. C'est un roman policier psychologique, à tonalité fantastique (autour du thème du </span><i style="text-align: left;">doppelganger</i><span style="text-align: left;">) ; il est considéré comme un des grands classiques du genre. A l'origine, c'était une nouvelle, </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Helen_McCloy" style="text-align: left;">qu'<b>Helen McCloy</b></a><span style="text-align: left;"> (1904-1992) développa pour en faire un roman. </span></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-IzAj2h9xrac/X3oW2crzvAI/AAAAAAAAGw8/GWUnaw8VmX4FNsVGMyIJhpQvf24SI2M_ACNcBGAsYHQ/Whose%2BBody.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="540" data-original-width="720" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-IzAj2h9xrac/X3oW2crzvAI/AAAAAAAAGw8/GWUnaw8VmX4FNsVGMyIJhpQvf24SI2M_ACNcBGAsYHQ/Whose%2BBody.jpg" width="320" /></a></div><br /><div>En traduction : <b><i>Lord Peter et l'Inconnu</i>. </b><br />C'est la première enquête de Lord Peter Wimsey, l'un des deux personnages principaux de <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Dorothy_L._Sayers">Dorothy L. Sayers</a></b> (1893-1957) ; elle en avait une autre, Harriet Vane, longtemps courtisée par Lord Peter, mais qui refuse de l'épouser car elle le trouve vain et a une vie bien à elle. Ils se rencontrent quand Harriet, qui étudie les poisons, est accusée d'avoir assassiné l'homme avec qui elle vit sans être mariée. </div><div><br /></div><div>J'ai toujours regretté que Harriet, modelée par Sayers (en partie) à son image, n'ait pas eu droit à ses propres romans. Celui qui s'en rapproche le plus (Whimsey n'arrive que bien tard dans l'intrigue, mais pour la résoudre, hélas) est un roman gothique intitulé <i><b>Gaudy Night</b> -</i> littéralement "Nuit de célébration" dans un collège britannique (titre français : <i>Le Coeur et la raison </i>!!!???). Parmi les 100 meilleurs romans criminels de la CWA, <i>Gaudy Night </i>figure à la quatrième place. Et trois autres romans de Sayers font partie de la liste</div><div>Harriet Vane est fille d'un médecin de campagne et écrit des romans policiers. </div><div>J'étais au moins aussi fasciné par elle que Lord Peter peut l'être. </div><div><br /></div><div><br /></div><div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-Z60uLNHXkh8/X3oa1jAiYyI/AAAAAAAAGxI/db7ams6k6AAxo7POLE1NIU4pxqB0rdXJQCNcBGAsYHQ/Moore.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" data-original-height="512" data-original-width="354" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-Z60uLNHXkh8/X3oa1jAiYyI/AAAAAAAAGxI/db7ams6k6AAxo7POLE1NIU4pxqB0rdXJQCNcBGAsYHQ/Moore.jpg" width="166" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-lTJasdcDbJg/X3oby2ZZDCI/AAAAAAAAGxU/gbc4p64_oNYCmdy8wSoXZAAWnE8nLM3fwCNcBGAsYHQ/Jirel.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" data-original-height="800" data-original-width="549" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-lTJasdcDbJg/X3oby2ZZDCI/AAAAAAAAGxU/gbc4p64_oNYCmdy8wSoXZAAWnE8nLM3fwCNcBGAsYHQ/Jirel.jpg" width="165" /></a></div><i><b>Shambleau</b> </i>(1972) et <i><b>Jirel de Joiry</b> </i>(1974) sont deux recueils de l'écrivaine américaine <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_Lucille_Moore">Catherine L. Moore</a></b> (1911-1987) composés (en France) à partir de ses deux personnages emblématiques d'<i>heroic fantasy </i>: Northwest Smith (dans le premier recueil) et Jirel de Joiry dans le second. Les nouvelles ont été originellement publiées en revue entre 1933 et 1953. Le livre américain intitulé <i>Shambleau and other stories </i>contenait des nouvelles mettant en scène les deux personnages. En France, on les a séparés... Catherine Moore écrivait aussi en duo avec son mari, Henry Kuttner, sous le pseudonyme de <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Lewis_Padgett">Lewis Padgett</a></b>. <br /><p></p><p><br /></p><p><br /></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-zh0BsmsJvi4/X3ovh_faVPI/AAAAAAAAGyE/rluOxa98vmklTGW9L1rThEAeTYwWDU-hQCNcBGAsYHQ/Brackett.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="375" data-original-width="255" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-zh0BsmsJvi4/X3ovh_faVPI/AAAAAAAAGyE/rluOxa98vmklTGW9L1rThEAeTYwWDU-hQCNcBGAsYHQ/Brackett.jpg" width="163" /></a></div><br /><br /><p></p><p>J'allais beaucoup au cinéma quand j'étais au lycée, et j'ai vite noté qui étaient les réalisateurs et les scénaristes de mes films préférés. Je n'ai pas manqué de remarquer que cinq films d'Howard Hawks (en particulier <i>The Big Sleep/Le Grand Sommeil </i>et <i>Rio Bravo</i>) avaient été écrits ou co-écrits par <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Leigh_Brackett">Leigh Brackett</a> </b>(1915-1978). Or, "Leigh" (comme Lee) est un prénom mixte. J'ai longtemps cru (parce qu'il s'agissait de "films d'hommes") que leur scénariste était un homme. C'est en 1973 aux Etats-Unis, en lisant la quatrième de couverture de <i><b>The Long Tomorrow</b> </i>(en traduction : <i>Le Recommencement)</i>, que j'ai découvert que c'était une autrice. Je n'ai plus regardé ces films de Hawks de la même manière. </p><p>Ce jour-là, j'ai abandonné un certain nombre de préjugés en réalisant qu'on pouvait être romancière de SF <i>et </i>scénariste de westerns ; et j'ai découvert une grande autrice de SF. <i><b>The Long Tomorrow </b></i> décrit les conflits entre science et obscurantisme dans un monde post-cataclysmique... Il n'est toujours pas passé de mode, à mon avis. </p><p>Vingt-cinq ans après <i>The Big Sleep, </i>Brackett adapta de nouveau Raymond Chandler dans <i>The Long Goodbye </i>(<i>Le Privé, </i>excellent film de<i> </i>Robert Altman) et son dernier scénario aurait dû être celui de <i>L'Empire contre-attaque</i>, mais sa contribution fut écartée par Lucas et Kasdan, qui écrivirent le script finalement tourné. Elle n'en figure pas moins au générique, et le film (très différent) que cela aurait pu donner est <a href="https://www.denofgeek.com/movies/star-wars-leigh-brackett-and-the-empire-strikes-back-you-never-saw/">décrit sur cette page</a> (en anglais). </p><p></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"></p><p></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: right; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"><span style="text-align: left;"><br /></span></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: right; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"><span style="text-align: left;"><br /></span></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: right; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"><span style="text-align: left;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-KTLsquknX98/X3pPml_tZmI/AAAAAAAAGzE/xUx62U_pDY4fUyKBmeheZTxe2rQYp4CuwCNcBGAsYHQ/Severin.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="400" data-original-width="309" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-KTLsquknX98/X3pPml_tZmI/AAAAAAAAGzE/xUx62U_pDY4fUyKBmeheZTxe2rQYp4CuwCNcBGAsYHQ/Severin.jpg" width="185" /></a></div><br /><br /><p></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: center; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"><span style="text-align: left;">Pendant mon année aux Etats-Unis, au début des années 70, j'ai lu beaucoup de <i>comic books. </i>En particulier le magazine parodique </span><i style="text-align: left;">Not Brand Eech ! </i><span style="text-align: left;">dans lequel les Marvel Comics se moquaient de leurs propres personnages. L'une de ses chevilles ouvrières était </span><b style="text-align: left;"><a href="https://en.wikipedia.org/wiki/Marie_Severin">Marie Severin</a> </b><span style="text-align: left;">(1929-2018)</span><span style="text-align: left;">, l'une des rares dessinatrices du milieu à l'époque. D'abord chargée de la couleur pour tous les titres, elle se vit bientôt confier des personnages importants, comme Dr Strange, Iron Man ou Daredevil. Et elle créa l'aspect visuel de </span><b style="text-align: left;">Spider-Woman</b><span style="text-align: left;"> en 1977. Autant dire que ses talents étaient nombreux. </span></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"><br /></p><p style="text-align: center;">***</p><p>Entre 1973 et 1981, pendant mes études de médecine, j'ai beaucoup lu. Encore plus qu'avant, je crois. C'est la lecture et l'écriture m'ont permis de tenir bon. A Tours, où je faisais mes études, je hantais deux librairies en particulier : la Boîte à livres (qui existe toujours) et la Librairie Franco-Anglaise (aujourd'hui disparue), tenue par un couple avec qui je m'étais lié d'amitié. </p><p>La libraire, Nancy, était originaire de Chicago, elle comprenait mieux que quiconque ce que j'avais pu vivre en Amérique et combien je me sentais déphasé en faculté de médecine. A une époque où je cherchais ma voie, tant sur le plan affectif que moral et politique, elle me fit découvrir trois livres qui m'ont profondément marqué. </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: right;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-TPDJA4QCuGg/X3pBUGD4_8I/AAAAAAAAGyg/LxM1o2n83MwrVCjMzJPjP88jjRfCMJ-hACNcBGAsYHQ/Dispossessed.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" data-original-height="500" data-original-width="333" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-TPDJA4QCuGg/X3pBUGD4_8I/AAAAAAAAGyg/LxM1o2n83MwrVCjMzJPjP88jjRfCMJ-hACNcBGAsYHQ/Dispossessed.jpg" width="160" /></a></div><br /><br /><p></p><p><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ursula_K._Le_Guin">D'Ursula Le Guin</a> (1929-2018), j'avais déjà lu et été très marqué par <i><b>The Left Hand of Darkness</b> </i>(<i>La Main gauche de la nuit</i>) quand j'étais au lycée. J'en parlais un jour à Nancy, et elle me sortit de derrière son comptoir l'édition cartonnée de <i><b>The Dispossessed</b> </i>(en traduction : <i>Les Dépossédés</i>) qu'elle venait de rapporter d'un voyage à Chicago. "Je te le prête, c'est un cadeau qu'on m'a fait." Je l'ai lu en deux soirées et je l'ai relu une dizaine de fois pendant les années qui ont suivi. </p><p>Vingt-cinq ans plus tard, à Toronto, j'ai eu la chance d'être invité au <a href="https://festivalofauthors.ca/?utm_source=google&utm_medium=cpc&utm_campaign=41st_tifa_search_dynamic_search&utm_content=dynamicsearch">Harbourfront Festival of Authors</a>. (<i>La Maladie de Sachs </i>avait été traduit en anglais.) Ursula Le Guin était l'une des nombreuses invitées. Un matin, à la table commune où déjeunaient toutes les autrices et auteurs, elle s'est assise en face de moi. J'ai fait le tour de la longue table, j'ai mis un genou en terre et je lui ai déclaré ma reconnaissance de lecteur. Elle a ri avec indulgence. </p><p><br /></p></div><div><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-q4p_h5hemy4/X3pCjs8Q41I/AAAAAAAAGyw/MQKnERr5P88MBAOP2jNIl2NLGDZ2N2-tQCNcBGAsYHQ/Lessing.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="250" data-original-width="157" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-q4p_h5hemy4/X3pCjs8Q41I/AAAAAAAAGyw/MQKnERr5P88MBAOP2jNIl2NLGDZ2N2-tQCNcBGAsYHQ/Lessing.jpg" width="151" /></a></div><p></p></div><div><p>Je ne savais rien de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Doris_Lessing"><b>Doris Lessing</b></a> (1919-2013) quand Nancy me tendit <i>Le Carnet d'or, </i>la traduction française (1976) de <i><b>The Golden Notebook</b> , </i>publié en 1962 !!! Mais ce livre a changé ma vie d'écrivant. Il me montrait qu'on pouvait écrire un roman entretissant des textes d'écriture quotidienne (des journaux), une chronique historique et l'éveil d'une conscience militante. Au moment où je l'ai lu, j'avais grand besoin de repères de cette envergure. Ce n'est pas seulement un modèle de roman, c'est aussi un exemple d'itinéraire de l'âge adulte et de l'engagement. </p><p></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-pGmAjVnkopY/X3pPHFGwMHI/AAAAAAAAGy8/pOQJHn29ng0zszrCkvaAKPhMd3B9AAK3QCNcBGAsYHQ/Notre%2BCorps.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" data-original-height="660" data-original-width="500" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-pGmAjVnkopY/X3pPHFGwMHI/AAAAAAAAGy8/pOQJHn29ng0zszrCkvaAKPhMd3B9AAK3QCNcBGAsYHQ/Notre%2BCorps.jpg" width="182" /></a></div><br /><br /><p></p><p>Le troisième livre que Nancy m'a fait lire n'est pas moins important. <br />J'en avais appris l'existence, je crois, en lisant la revue <i>Des femmes en mouvement, </i>qui en recensa la publication. </p><p>Nancy m'expliqua l'historique de <i><b>Our Bodies, Ourselves</b></i>, compilé et composé par le collectif de femmes de Boston et initialement publié en 1970. Pour le petit groupe d'étudiant.es auquel j'appartenais, préoccupé.e.s de santé, de féminisme et de lutte contre le patriarcat (même si on ne l'appelait pas comme ça à l'époque), c'est devenu une bible. </p><p>L'édition papier a été complétée et remplacée par un site, passionnant et riche lui aussi : <a href="https://www.ourbodiesourselves.org">https://www.ourbodiesourselves.org</a></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-7LAMZo0AQKA/X3pQnUYKz_I/AAAAAAAAGzY/3fZwqd2WZpA9NbNV91Zrho39VKkuD-i_QCNcBGAsYHQ/Notre%2Bcorps%2B2020.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img alt="" data-original-height="1089" data-original-width="920" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-7LAMZo0AQKA/X3pQnUYKz_I/AAAAAAAAGzY/3fZwqd2WZpA9NbNV91Zrho39VKkuD-i_QCNcBGAsYHQ/Notre%2Bcorps%2B2020.jpg" width="203" /></a></div><br /><p>Quarante-trois ans après cette première édition française (que j'ai tellement lue qu'il a fini par tomber en lambeaux), une nouvelle version de <i><b>Notre corps nous mêmes</b></i> a été publiée en mars 2020, juste au début de la pandémie par les éditions Hors d'Atteinte. J'en suis très heureux, car elle est, à son tour, une somme indispensable d'informations libératrices. </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><p></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><a href="https://lh3.googleusercontent.com/-zC7IuG4aakg/X3osqMiDfJI/AAAAAAAAGxg/SotKTOdvndoW65tBGvMOF3ZqzL6RMmfSgCNcBGAsYHQ/Tey.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="400" data-original-width="261" height="240" src="https://lh3.googleusercontent.com/-zC7IuG4aakg/X3osqMiDfJI/AAAAAAAAGxg/SotKTOdvndoW65tBGvMOF3ZqzL6RMmfSgCNcBGAsYHQ/Tey.jpg" width="157" /></a><p>J'ai lu <i><b>The Daughter of time</b> </i>dans sa traduction française, <i>La fille du temps </i>juste après avoir fini mes études de médecine. J'ignorais l'existence de <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Josephine_Tey">Josephine Tey</a> </b>(1896-1952), pseudonyme de l'autrice écossaise Elizabeth MacKintosh. Je m'attendais à lire un "simple" roman policier et j'ai découvert un roman historique d'une profondeur impressionnante. Cloué au lit par une fracture de jambe, l'inspecteur Alan Grant, héros de plusieurs romans de Tey, se met à enquêter sur... Richard III, immortalisé par Shakespeare dans une pièce qui le présente comme assoiffé de sang et de pouvoir au point d'assassiner ses deux neveux dans une tour sombre. A mesure qu'il recherche - grâce à une amie - des informations sur ce crime, Grant découvre que la vérité est tout autre que ce qu'on a inscrit pendant des siècles dans tous les livres d'école britanniques. C'est un "cold case" dans toute l'acception du terme, et sa conclusion est bouleversante car elle nous rappelle que ce que nous croyons savoir de notre histoire est parfois faux (les puissants s'en assurent) mais que lorsqu'une légende est tenace, il est toujours très difficile de rétablir la vérité. </p></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">"Caroline" (ce n'est pas son vrai prénom), de qui je suis tombé amoureux (et réciproquement) pendant ma première année de médecine, était une grande lectrice. Plusieurs dizaines d'années ont passé, et je lui suis gré de m'avoir fait lire plusieurs livres marquants, parmi lesquels <i><b>Ainsi soit-elle</b>, </i>de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Benoîte_Groult"><b>Benoîte Groult</b></a>, dans lequel j'ai lu ceci : </div><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-mV1XTbbNzNM/X4yLT32fK5I/AAAAAAAAG1I/k_WARySjZCAqsU5Oggsh_TjKnOK-E0u4ACNcBGAsYHQ/s285/Ainsi%2Bsoit-elle.jpeg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="285" data-original-width="177" src="https://1.bp.blogspot.com/-mV1XTbbNzNM/X4yLT32fK5I/AAAAAAAAG1I/k_WARySjZCAqsU5Oggsh_TjKnOK-E0u4ACNcBGAsYHQ/s0/Ainsi%2Bsoit-elle.jpeg" /></a></div><span face="Helvetica, Arial, sans-serif" style="color: #1c1e21; font-size: 14px;">"Il faut que les femmes crient aujourd’hui. Et que les autres femmes – et les hommes – aient envie d’entendre ce cri. Qui n’est pas un cri de haine, à peine un cri de colère, car alors il devrait se retourner contre elles-mêmes. Mais un cri de vie. Il faut enfin guérir d’être femme. Non pas d’être née femme, mais d’avoir été élevée femme dans un univers d’hommes, d’avoir vécu chaque étape et chaque acte de notre vie avec les yeux des hommes et les critères des hommes. Et ce n’est pas en continuant à écouter ce qu’ils disent, eux, en notre nom ou pour notre bien, que nous pourrons guérir."</span><p></p><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-30tUymTSpjs/X4yL0WIRrFI/AAAAAAAAG1Y/ipoU10zSuH0DIVW3XzHe1CRL1icL42XcgCNcBGAsYHQ/s429/Belotti.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="429" data-original-width="318" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-30tUymTSpjs/X4yL0WIRrFI/AAAAAAAAG1Y/ipoU10zSuH0DIVW3XzHe1CRL1icL42XcgCNcBGAsYHQ/s320/Belotti.jpg" /></a></div><br /><p>A peu près à la même époque, j'ai poursuivi mon éducation féministe à travers des livres comme <i><b>Du côté des petites filles</b> </i><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Elena_Gianini_Belotti"><b>d'Elena Gianini Belotti</b></a>, qui montrait comment les parents modèlent (dans une certaine mesure) filles et garçons pour adopter des comportements genrés... </p><p>Au cours des années 70 et 80, j'ai lu beaucoup de livres des Editions des Femmes (<a href="https://www.desfemmes.fr/catalogues/">on peut télécharger ici tous leurs catalogues depuis la création de la maison par Antoinette Fouque</a>) tels <i><b>Dans le mitan du lit</b>, </i>d'Evelyne et Claude Gutman, <i><b>L'Age de femme</b> </i>et <i><b>Psychanalyse et féminisme </b></i>de Juliet Mitchell, <i><b>Crie moins fort les voisins vont t'entendre</b>, </i>d'Erin Pizzey (ma première rencontre avec des récits de violences conjugales) et bien d'autres. </p><p>Parmi eux, les deux livres qui m'ont le plus marqué par leur écriture étaient signés <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Victoria_Thérame"><b>Victoria Thérame</b></a>. </p><p><i></i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><i><a href="https://1.bp.blogspot.com/-dDsMmRWhrMo/X4yVAup3bNI/AAAAAAAAG2A/ct8lNcJ6x_EjkshXMkXaZu8wrnZHZXBbwCNcBGAsYHQ/s2048/IMG_20201018_150020.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-dDsMmRWhrMo/X4yVAup3bNI/AAAAAAAAG2A/ct8lNcJ6x_EjkshXMkXaZu8wrnZHZXBbwCNcBGAsYHQ/s320/IMG_20201018_150020.jpg" /></a></i></div><i><br /><b>Hosto-blues</b> </i>est le récit hallucinant de la nuit d'une infirmière intérimaire dans une clinique cancérologique. C'est le premier texte de littérature (très inspiré par l'expérience de l'autrice) que j'aie lu dont le sujet était la difficulté d'être soignante dans un univers hostile au soin. C'est un livre que je trouve toujours aussi magistral quarante-cinq ans après l'avoir lu. <i><b>La Dame au bidule</b>, </i>publié quelques années plus tard, parle de son travail de chauffeuse de taxi, et il n'est pas moins impressionnant. Et après m'avoir éclairé sur le métier que j'apprenais et ne connaissais pas encore, il m'a appris beaucoup de choses sur un métier que j'ignorais complètement. <br /><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-6JPvJFXMZ4s/X4yW4MnPGjI/AAAAAAAAG2M/3Lt_l7wUgIc4ixc0ZvODh5O2zY6kCyZiQCNcBGAsYHQ/s2048/IMG_20201018_152121.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-6JPvJFXMZ4s/X4yW4MnPGjI/AAAAAAAAG2M/3Lt_l7wUgIc4ixc0ZvODh5O2zY6kCyZiQCNcBGAsYHQ/s320/IMG_20201018_152121.jpg" /></a></div><p></p><p>Autre livre de la même époque : <i><b>Des Femmes dans la maison, Anatomie de la vie domestique</b>, </i>un livre collectif fascinant co-édité par Dominique Doan, Luce Pénot, Dominique Pujebet et Leïla Sebbar, dans lequel une dizaine de femmes témoignent de leur vie quotidienne dans tous ses aspects matériels ; il n'a pas, je crois, été réédité depuis sa publication en 1981. Mais on peut le trouver pour un prix acceptable chez les bouquinistes en ligne. Je l'avais perdu (ou donné) et j'en ai racheté un il y a quelques années. Je le feuillette et en lis des pages au hasard toujours avec le même plaisir. <br /></p><p><br /></p><p><br /></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-rxu0xyZPRJw/X4yX6VjAszI/AAAAAAAAG2Y/gXGgukS0J7IItT5ZUxkoiahBAW5PMVjjQCNcBGAsYHQ/s500/Maternite%25CC%2581%2Bsous%2Bprole%25CC%2581taire.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="348" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-rxu0xyZPRJw/X4yX6VjAszI/AAAAAAAAG2Y/gXGgukS0J7IItT5ZUxkoiahBAW5PMVjjQCNcBGAsYHQ/s320/Maternite%25CC%2581%2Bsous%2Bprole%25CC%2581taire.jpg" /></a></div><p></p><p><span><br /></span></p><p>Un autre livre m'a profondément marqué au début des années 80, c'est <i><b>La Maternité en milieu sous-prolétaire</b> </i>de <a href="https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=auteurs&obj=artiste&no=24164">Marie-Catherine Ribeaud</a>, psychologue militante <a href="https://www.atd-quartmonde.fr">d'ATD-Quart Monde</a>. Je pense l'avoir lu parce que j'étais moi-même de plus en plus impliqué dans la mouvance du contrôle des naissances et des IVG, et parce que le fait que certaines femmes pauvres enchaînent les grossesses (et refusent de recourir à la contraception et l'IVG) soulevait des questions difficiles : il n'était pas question de qualifier ces femmes d' "obscurantistes" ou d'"hyperreligieuses" (la plupart ne l'étaient pas) et je voulais comprendre. Ce livre de sociologie m'a permis de le faire - et en tout cas de respecter un comportement et des situations que <i>je ne pouvais pas, </i>étant un homme d'une classe privilégiée, connaître de près. Avec <i><b>Mother Nature</b> </i>(dont je parlerai plus loin), c'est un des deux livres de sciences humaines qui ont le plus profondément rectifié et éclairé mon regard sur la maternité. </p><p><span><br /></span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-s7hJ8SPkgBg/X4yf_1OV87I/AAAAAAAAG3Y/idBtVTm36b460anFbyTpyPmtD8imppPEACNcBGAsYHQ/s443/Sontag.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="443" data-original-width="297" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-s7hJ8SPkgBg/X4yf_1OV87I/AAAAAAAAG3Y/idBtVTm36b460anFbyTpyPmtD8imppPEACNcBGAsYHQ/s320/Sontag.jpg" /></a></div><br /><p></p><p>Je lisais beaucoup pendant mes études de médecine. Et comme nombre de mes camarades progressistes de l'époque, je m'interrogeais sur le genre de pratique que j'allais adopter. J'ai lu beaucoup d'essais écrits par des médecins (des hommes pour la plupart) mais aucun de m'a aussi fortement impressionné que celui de <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Susan_Sontag">Susan Sontag</a></b>, <i><b>La maladie comme métaphore</b>. </i>J'ignorais alors qui était Sontag, son importance comme critique et militante, et le fait qu'elle avait passé beaucoup de temps en France. (Je l'apprendrais plus tard en lisant un livre d'Alice Kaplan dont je parle plus loin.) </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-r4p5J7rH0gM/X4ykt2uGdZI/AAAAAAAAG3o/zVs039-lJDkAsO3B4T_xUGL70Vx9YF82QCPcBGAsYHg/s4618/IMG_20201018_161510.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4618" data-original-width="3464" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-r4p5J7rH0gM/X4ykt2uGdZI/AAAAAAAAG3o/zVs039-lJDkAsO3B4T_xUGL70Vx9YF82QCPcBGAsYHg/s320/IMG_20201018_161510.jpg" /></a></div><br />Un livre découvert par hasard en fouinant dans les librairies (ce fut longtemps ma principale activité de sortie, avec le cinéma) a eu une autre influence profonde sur mon écriture, tant par son contenu que par sa forme. C'est <i><b>La Cause des Oies</b> </i>de Geneviève Mouillaud-Fraisse et <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Roche">Anne Roche</a></b>. C'est un livre épatant, joyeux et désabusé, jeu de mémoires de deux militantes et entreprise de (dé)construction aléatoire, à partir du jeu de l'Oie. <p></p><p>J'ai lu le livre à la fin des années 70 et il m'a tellement plu que je l'ai gardé précieusement. Un jour, en 1999, lors d'un colloque consacré à Georges Perec auquel j'assistais, j'attends mon tour à la cafétéria près d'une femme avec qui je noue la conversation. J'apprends qu'elle connaît bien Philippe Lejeune, l'organisateur du colloque ; que nous avons tous deux contribué à son livre collectif sur le journal intime, <i><a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Temoins/Cher-cahier">Cher Cahier...</a> </i>(1990) et qu'elle se nomme Anne Roche. Je m'exclame : "LA Anne Roche ? Celle de <i>La Cause des Oies </i>?" Ce fut le début d'une longue amitié. (Et de beaucoup de lectures réciproques.) </p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-xMvPY0oDV2Y/X4yeZi4NldI/AAAAAAAAG28/ktgSnoyFn8o7ngrpUXM85hQifEUPg5B_QCPcBGAsYHg/s4618/IMG_20201018_155710.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="4618" data-original-width="3464" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-xMvPY0oDV2Y/X4yeZi4NldI/AAAAAAAAG28/ktgSnoyFn8o7ngrpUXM85hQifEUPg5B_QCPcBGAsYHg/s320/IMG_20201018_155710.jpg" /></a></div><br /><span><br /></span><p></p><p>Au début des années 80, alors que je travaillais dans une revue médicale, je me suis abonné à une revue nommée <i><b>Nouvelles Nouvelles</b></i>. <b><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Pujade-Renaud">Claude Pujade-Renaud</a></b> et Daniel Zimmermann, qui enseignaient, écrivaient et animaient la revue ensemble, se proposaient de publier dans chaque numéro des plumes "confirmées" (parmi lesquelles beaucoup de femmes) et des écrivant.e.s dont ce serait le premier texte. C'est dans cette revue que, grâce à eux, j'ai pour la première fois publié une nouvelle sous mon pseudonyme. </p><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-_-fj71phGds/X4yehGvG-zI/AAAAAAAAG3A/fv6QmUKcda0DKocw5-8kUxI4YqxrAAwvQCPcBGAsYHg/s4618/IMG_20201018_155149.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4618" data-original-width="3464" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-_-fj71phGds/X4yehGvG-zI/AAAAAAAAG3A/fv6QmUKcda0DKocw5-8kUxI4YqxrAAwvQCPcBGAsYHg/s320/IMG_20201018_155149.jpg" /></a></div><br /><p><br /></p><p>Je me suis rapidement lié à Claude et Daniel, qui sont devenus mes marraine et parrain en écriture. Leur affection et leurs conseils me furent un précieux soutien pendant que j'écrivais mon premier roman, <i>La Vacation.</i> Après en avoir lu le manuscrit, Claude m'offrit son premier livre, dont j'ignorais l'existence, et qu'on ne trouvait plus. <i><b>La Ventriloque</b> </i>est le récit intime d'un avortement. J'ai été profondément touché en le lisant et j'ai remercié le sort de ne pas me l'avoir fait lire avant : je n'aurais probablement pas osé écrire mon roman. Après l'avoir lu, j'ai inscrit en épigraphe trois phrases de Claude. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-tFswWvf4Y2s/X4ymbNxdNpI/AAAAAAAAG38/M97QAPg4etgRqnCBew9UOttrVK7ytuXnACNcBGAsYHQ/s426/Montellier.jpg" style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><img border="0" data-original-height="426" data-original-width="318" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-tFswWvf4Y2s/X4ymbNxdNpI/AAAAAAAAG38/M97QAPg4etgRqnCBew9UOttrVK7ytuXnACNcBGAsYHQ/s320/Montellier.jpg" /></a></div><p></p><br /><p>Adolescent, j'étais lecteur de <i>Pilote</i>. A la fin des années 70, je me suis mis à lire les magazines contestataires créés par des dessinatrices et dessinateurs transfuges de la BD "classique". En particulier, les revues des Humanoïdes Associés. C'est dans l'une de ces revues, <b style="font-style: italic;">Ah ! Nana, </b>qualifiée de "féministe et licencieuse", et qui n'eut qu'une dizaine de numéros, que je découvris <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Chantal_Montellier">Chantal Montellier</a>, dont je lus de nombreux albums au cours des vingt ans qui suivirent. En 1998, dans un salon du Livre, j'eus l'occasion de prendre un café avec elle en attendant mon train de retour. Comme je lui exprimais mon admiration (et mon envie) après la lecture de son "Poulpe" (<i><b><a href="https://www.leslibraires.ca/livres/la-dingue-aux-marrons-chantal-montellier-9782402310079.html">La Dingue au Marrons</a></b></i>) elle en parla à l'éditeur de Baleine, qui me proposa d'en écrire un à mon tour. Et c'est grâce à Chantal Montellier, que j'avais beaucoup lue, que j'ai écrit et publié mon premier roman policier, <i>Touche pas à mes deux seins. </i></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"></div><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><span><br /></span><p></p><p><span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-arX0spSro7s/X4yp662A75I/AAAAAAAAG4Y/xH9gNrX8PiA1mA4Av5szZ_YnsMcpSc72gCPcBGAsYHg/s4618/IMG_20201018_164534.jpg" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4618" data-original-width="3464" height="320" src="https://1.bp.blogspot.com/-arX0spSro7s/X4yp662A75I/AAAAAAAAG4Y/xH9gNrX8PiA1mA4Av5szZ_YnsMcpSc72gCPcBGAsYHg/s320/IMG_20201018_164534.jpg" /></a></div><br />Bien avant la publication de mon premier roman, je lisais déjà des livres P.O.L. J'en ai lu beaucoup d'autres depuis, et <a href="http://www.pol-editeur.com/editions-pol-catalogue.html">comme la maison publie beaucoup d'autrices</a>, j'ai naturellement lu beaucoup de livres depuis 30 ans de Leslie Kaplan, Danielle Mémoire, Marguerite Duras, Camille Laurens, Marie Darrieussecq, Marie Dorsan, Marianne Alphant, Marie Depussé, Emmanuelle Bayamack-Tam et Rebecca Lighieri, Rossana Campo, Nathalie Azoulai, Elsa Boyer, Hortense Cornin, Stacy Doris, Elisabeth Filhol, Emmanuelle Pagano, "Sa femme", Jocelyne Desverchère, Madame L., Lise Charles... et j'en oublie, car je les cite de mémoire. </div><div>J'en ai encore beaucoup à découvrir. <p></p><p><span><br /></span></p><p><span><br /></span></p><p><br /></p><p><br /></p><p>Je m'arrête ici pour le moment, car plus j'avance, plus il m'en revient... </p><p>Pour lire la suite, cliquez sur ce lien : <a href="https://wincklersblog.blogspot.com/2021/01/jai-appris-le-monde-dans-des-textes.html">https://wincklersblog.blogspot.com/2021/01/jai-appris-le-monde-dans-des-textes.html</a></p><p>(A suivre) </p><p><br /></p><p><br /></p><div><br /></div></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br />Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-3859201347832017212020-09-28T10:21:00.002-04:002020-09-28T10:21:34.165-04:00Concrètement, comment fait-on pour avorter ? (Un extrait de "C'est mon corps", Ed. L'iconoclaste, 2020) <div class="separator"><p style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"></p><p style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"></p><p></p><div class="separator" style="-webkit-text-stroke-width: 0px; color: black; font-family: "Times New Roman"; font-size: medium; font-style: normal; font-variant-caps: normal; font-variant-ligatures: normal; font-weight: 400; letter-spacing: normal; orphans: 2; text-align: left; text-decoration-color: initial; text-decoration-style: initial; text-indent: 0px; text-transform: none; white-space: normal; widows: 2; word-spacing: 0px;"><p> <span style="background-color: white; color: #14171a; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; white-space: pre-wrap;">Aujourd'hui 28 septembre, c'est la journée mondiale de l'IVG. </span></p><p><span style="background-color: white; color: #14171a; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; white-space: pre-wrap;">La santé, c'est la santé des femmes. La santé des femmes, c'est la santé. </span></p><p><span style="background-color: white; color: #14171a; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; white-space: pre-wrap;">Et il ne peut y avoir ni soins ni santé sans décision éclairée (informée) et LIBRE. </span></p><p><span style="background-color: white; color: #14171a; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; white-space: pre-wrap;">L'IVG doit être accessible à toutes les femmes, en toute sécurité. </span></p><p><span style="background-color: white; color: #14171a; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; white-space: pre-wrap;">L'expérience que m'ont offerte les femmes, soignées et soignantes, dans un centre d'IVG entre 1983 et le début des années 2000</span><span style="background-color: white; color: #14171a; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; white-space: pre-wrap;"> a fait de moi une meilleure soignante et un écrivant publié. </span></p><p><span style="background-color: white; color: #14171a; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; white-space: pre-wrap;">Je ne l'oublie jamais. </span></p><p>Marc Zaffran/Martin Winckler</p><p>Ci-dessous, quelques pages de "C'est mon corps" (L'Iconoclaste, 2020) consacrées à l'IVG. </p><p><br /></p><p></p></div><p style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><br /></p><p style="clear: right; float: right; margin-bottom: 1em; margin-left: 1em;"><br /></p><p style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-bBPY-nrQvV0/X3HsLlM4RgI/AAAAAAAAGtY/wdYF36kgAPo6EOdGqFk60HNE1AwAeNOXgCNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B1%2B.jpg" width="464" /></p></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-vjG5mlUmdP8/X3HsLq8JsZI/AAAAAAAAGtc/ChNTy7U-6xgVl5K1Cq4sr3OQN7b6NBFoACNcBGAsYHQ/s2048/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B2.jpg" imageanchor="1" style="background-color: white; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center; white-space: pre-wrap;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-vjG5mlUmdP8/X3HsLq8JsZI/AAAAAAAAGtc/ChNTy7U-6xgVl5K1Cq4sr3OQN7b6NBFoACNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B2.jpg" width="464" /></a></div><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Dk-t5eroFJE/X3HsLhrihRI/AAAAAAAAGtg/aaImBNb2g9E2aay8WbSrvj2SssVKxAXzQCNcBGAsYHQ/s2048/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B3.jpg" imageanchor="1" style="background-color: white; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; margin-left: 1em; margin-right: 1em; text-align: center; white-space: pre-wrap;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-Dk-t5eroFJE/X3HsLhrihRI/AAAAAAAAGtg/aaImBNb2g9E2aay8WbSrvj2SssVKxAXzQCNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B3.jpg" width="464" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-3_6Bgm2YmF8/X3HvMAP08RI/AAAAAAAAGuY/htAoEu6CWZMUoYoM72VNEZ-D3WrynIeLQCNcBGAsYHQ/s2048/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B4.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-3_6Bgm2YmF8/X3HvMAP08RI/AAAAAAAAGuY/htAoEu6CWZMUoYoM72VNEZ-D3WrynIeLQCNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B4.jpg" width="464" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-fTGaD6M8sKQ/X3HvXNaFa-I/AAAAAAAAGuk/xS5aLzvHq8UCl6u9lYmTcAQlfuQxHqrUgCNcBGAsYHQ/s2048/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B5.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-fTGaD6M8sKQ/X3HvXNaFa-I/AAAAAAAAGuk/xS5aLzvHq8UCl6u9lYmTcAQlfuQxHqrUgCNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B5.jpg" width="464" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-3s-8s7OBx0M/X3HvgDBT07I/AAAAAAAAGus/omtbL48w3Z0XSo8Y4DtYQCOjLi6sT37vACNcBGAsYHQ/s2048/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B6.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-3s-8s7OBx0M/X3HvgDBT07I/AAAAAAAAGus/omtbL48w3Z0XSo8Y4DtYQCOjLi6sT37vACNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B6.jpg" width="464" /></a><a href="https://1.bp.blogspot.com/-SjQEiocoaG8/X3Ht3q2KleI/AAAAAAAAGuM/G4Fv0HX_sZokArP5tCZ6xqlBSdxZYUQtwCNcBGAsYHQ/s2048/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B7%2B.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-SjQEiocoaG8/X3Ht3q2KleI/AAAAAAAAGuM/G4Fv0HX_sZokArP5tCZ6xqlBSdxZYUQtwCNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIVG%2B7%2B.jpg" width="464" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-beYH9Iiog9s/X3HxSBaQ-_I/AAAAAAAAGu8/9rsQDaRaM14QD8X4c4E5Qa8DyPg3E0RHQCNcBGAsYHQ/s1701/Il%2Bfallait%2Bque%2Bje%2Bvous%2Ble%2Bdise.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1701" data-original-width="1276" height="400" src="https://1.bp.blogspot.com/-beYH9Iiog9s/X3HxSBaQ-_I/AAAAAAAAGu8/9rsQDaRaM14QD8X4c4E5Qa8DyPg3E0RHQCNcBGAsYHQ/w300-h400/Il%2Bfallait%2Bque%2Bje%2Bvous%2Ble%2Bdise.jpg" width="300" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><span style="background-color: white;"><br /><div class="separator" style="clear: both; color: #14171a; font-family: system-ui, -apple-system, system-ui, "Segoe UI", Roboto, Ubuntu, "Helvetica Neue", sans-serif; font-size: 20px; text-align: center; white-space: pre-wrap;"><br /></div><br /><br /></span><p></p><p><br /></p><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-36957525678393510572020-09-17T10:37:00.002-04:002020-09-17T10:37:32.079-04:00Qui c'est ce mec cis-hétéro (pas tout à fait) blanc qui se permet de parler de santé des femmes ? <p>La question est parfaitement légitime. Beaucoup de lectrices et internautes qui m'entendront parler vont se la poser, et elle mérite une réponse. Cette réponse, je la donne au tout début de <i>C'est mon corps </i>(Ed. L'Iconoclaste), publié ce mois-ci. </p><p>La présentation du livre (et son sommaire) <a href="https://wincklersblog.blogspot.com/2020_03_09_archive.html">sont ici</a>. </p><p>La réponse à la question posée ci-dessus est reproduite ci-dessous. </p><p>Merci de votre attention. </p><p>MW </p><p><br /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-N5Vk8oxPaz0/X2NzvepNodI/AAAAAAAAGsE/r5oRq38la0YvDXIvRlWHpari7tVpFTpPQCNcBGAsYHQ/s2048/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIntro%2B1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-N5Vk8oxPaz0/X2NzvepNodI/AAAAAAAAGsE/r5oRq38la0YvDXIvRlWHpari7tVpFTpPQCNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIntro%2B1.jpg" width="464" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-Kb5a95LsEjs/X2Nz-csc6SI/AAAAAAAAGsM/th1zFyRPny0bsJs1JyTBs0BzfZqzUjCEgCNcBGAsYHQ/s2048/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIntro%2B2%2Bet%2B3.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-Kb5a95LsEjs/X2Nz-csc6SI/AAAAAAAAGsM/th1zFyRPny0bsJs1JyTBs0BzfZqzUjCEgCNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIntro%2B2%2Bet%2B3.jpg" width="464" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-RkjmJMcCZDQ/X2N0SVRSc2I/AAAAAAAAGsc/W-_zSZzvELYk7SLbwoHVKZMZB9GJ88ulQCNcBGAsYHQ/s2048/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIntro%2B3.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1486" height="640" src="https://1.bp.blogspot.com/-RkjmJMcCZDQ/X2N0SVRSc2I/AAAAAAAAGsc/W-_zSZzvELYk7SLbwoHVKZMZB9GJ88ulQCNcBGAsYHQ/w464-h640/C%2527est%2Bmon%2Bcorps%2B-%2BIntro%2B3.jpg" width="464" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><br /><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-76696751929129372092020-09-01T17:18:00.009-04:002020-09-03T20:07:50.387-04:00Je hais les hommes - par Martin Winckler<p style="text-align: right;"><a href="https://www.monstrograph.com"><i>En soutien inconditionnel à Pauline Harmange, Coline Pierré et Martin Page</i> </a></p><p><br /></p><p>Je hais les hommes qui roulent des mécaniques </p><p>Je hais les hommes qui parlent méchamment aux femmes avec qui ils couchent et qui, quand elles leur font justement la gueule, disent "Oh, mais ma petite chatte t'as pas compris que c'était une blague ?" </p><p>Je hais les hommes qui disent à leurs enfants : "Pleure pas, tu fais chier" </p><p>Je hais les hommes qui aiment le pouvoir, car ceux-là aiment le pouvoir plus que tout, toutes et tous</p><p>Je hais les hommes qui frappent les autres en sachant que l'autre ne peut pas riposter </p><p>Je hais les hommes qui se dressent sur la pointe des pieds pour avoir l'air plus grand que leurs voisins</p><p>Je hais les hommes qui racontent des blagues graveleuses </p><p>Je hais les hommes qui disent "T'es qu'un pédé !" "T'es qu'une lopette !" "T'es qu'une fille !" ou "T'as pas de couilles !" - en riant avec mépris</p><p>Je hais les hommes qui disent : "Mon petit" </p><p>Je hais les hommes qui vous toisent en disant "Qui êtes-vous", comme si l'on n'était rien ni personne. </p><p>Je hais les hommes qui se mettent à fumer avant d'avoir demandé si ça gêne quelqu'un, et qui, quand on leur dit que ça gêne, fument quand même </p><p>Je hais les hommes qui font de la vitesse sur l'autoroute pour montrer qu'ils ont la plus grosse, ou simplement parce qu'ils peuvent </p><p>Je hais les hommes qui, parce qu'ils portent une blouse blanche, parlent et se comportent comme s'ils étaient l'élite de la société et connaissaient tout de la vie et de la mort </p><p>Je hais les hommes qui n'écoutent pas </p><p>Je hais les hommes qui s'écoutent parler et qui se regardent écrire</p><p>Je hais les hommes qui n'entendent que leur égo et sautent en l'air dès qu'on souffle dessus </p><p>Je hais les hommes qui ne savent pas se taire, mais qui se la bouclent et se détournent quand il s'agit de prendre la défense d'une personne maltraitée ou insultée </p><p>Je hais les hommes qui sourient avec condescendance </p><p>Je hais les hommes qui, du haut de l'estrade d'une faculté de médecine, exprimaient leur mépris des personnes soignées devant les étudiantes parmi lesquelles je me trouvais ; et je hais les hommes qui, sur les mêmes bancs que moi, riaient et les applaudissaient à tout rompre</p><p>Je hais les hommes qui vous invitent au restaurant, vous tapent sur l'épaule en promettant monts et merveilles, s'écoutent lancer mille et un projet et oublient tout en montant dans leur taxi </p><p>Je hais les hommes qui brutalisent les autres dès l'école primaire et qui continuent à brutaliser toute leur vie. Même quand ils sont devenus concierge, prof de maths ou médecin</p><p>Je hais les hommes qui disent : "T'as jamais baisé tes patientes, toi ? Tu sais que ça leur fait beaucoup de bien ?" </p><p>Je hais les hommes qui disent : "J'ai beaucoup fait pour toi, tu me dois bien ça" avant de vous demander de faire un truc ignoble "pour leur rendre service" </p><p>Je hais les hommes pour qui l'amitié est un échange de services - et donc, souvent, de mauvais procédés </p><p>Je hais les hommes qui se penchent vers vous et disent, en aparté : "Celle-là, je l'ai baisée. Et elle en redemandait" et qui ne comprennent pas qu'on se lève en disant : "T'es qu'une saloperie." </p><p>Je hais les hommes qui commettent des horreurs en disant "J'ai fait ça pour ma famille" </p><p>Je hais les hommes qui ne veulent pas entendre à quel point ils sont complices des hommes qui maltraitent les femmes </p><p>Je hais les hommes qui disent : "Cet argent, je l'ai bien mérité." </p><p>Je hais les hommes qui disent : "Mais tu ne m'as pas compris !" ou pire : "Mais <i>tu ne peux pas comprendre</i> !" </p><p>Je hais les hommes qui mecspliquent aux opprimées et aux révoltées quel ton (et quel niveau sonore) elles devraient adopter pour que l'expression de leur révolte soit "acceptable"</p><p>Je hais les hommes qui se comportent comme des gourous, se présentent comme des sauveurs et se plaignent d'être des victimes sur toutes les chaînes de télé et de radio qui les invitent </p><p>Je hais les hommes qui produisent des émissions dans lesquelles ils invitent d'autres hommes pour se mettre en valeur en parlant des problèmes des femmes </p><p>Je hais les hommes qui déclarent tout de go : "Vous me devez des excuses !" </p><p>Je hais les hommes qui peignent des fresques pornographiques sur les murs des internats </p><p>Je hais les hommes pour qui les "sauvages" et "l'ensauvagement", c'est toujours pour les pauvres et qui ne remettent jamais en question leur propre sauvagerie de riche </p><p>Je hais les hommes qui disent "Taisez-vous." </p><p>Je hais les hommes qui coupent la parole en disant "Vous n'y connaissez rien" </p><p>Je hais les hommes qui préfèrent les attaques personnelles - ça leur évite d'avoir des arguments </p><p>Je hais les hommes qui parlent de la hauteur de leur statut professionnel, social ou politique </p><p>Je hais les hommes qui usent de leur fonction, si microscopique soit-elle, dans l'administration ou les services publics, pour martyriser celles et ceux qui doivent faire appel à eux </p><p>Je hais les hommes qui ne répondent pas quand on leur dit bonjour </p><p>Je hais les hommes qui abordent les femmes dans la rue </p><p>Je hais les hommes qui, quand une femme dit "J'ai mal", répondent : "C'est dans ta tête." </p><p>Je hais les hommes qui aiment les titres et les médailles </p><p>Je hais les hommes qui disent : "Surtout, ne le dites pas à ma femme" et qui éclatent de rire </p><p>Je hais les hommes qui, parce qu'ils bossent dans un ministère, pensent qu'ils ont le droit d'emmerder le monde </p><p>Je hais les hommes qui disent "Les femmes-ci, les femmes-ça" </p><p>Je hais les hommes qui disent "Nous, au moins" en parlant des hommes comme eux </p><p>Je hais les hommes qui passent près d'un corps couché dans la rue sans même le regarder </p><p>Je hais les hommes qui disent "Moi, je fais la vaisselle, elle n'a qu'à demander" </p><p>Je hais les hommes qui pensent que la réalité se limite à leur champ de vision </p><p>Je hais les hommes qui pensent qu'ils n'ont de conseil à demander à/à recevoir de personne </p><p>Je hais les hommes qui ne lèvent pas le petit doigt quand une personne se fait insulter, bousculer ou maltraiter sous leurs yeux </p><p>Je hais les hommes qui éructent leur haine en citant des philosophes, la Bible, Freud ou les romans d'auteurs racistes, antisémites, mysogynes ou homophobes (ou les quatre en même temps) </p><p>Je hais les hommes qui sont toujours fiers et n'ont jamais honte d'être des hommes, pas même en entendant ou en voyant des hommes se comporter comme des ordures </p><p>Je hais les hommes qui déclarent que les féministes veulent prendre le pouvoir pour leur couper les couilles... alors qu'eux-mêmes n'hésiteraient pas à violer s'ils étaient certains de ne pas être pris </p><p>Je hais les hommes qui tournent le dos à un ami parce que cet ami ne suit pas la voie qu'ils auraient choisi pour lui </p><p>Je hais les hommes qui ne savent rire que des autres et jamais avec eux ou elles </p><p>Je hais les hommes qui donneraient tout pour faire partie d'un club d'hommes très fermé mais ne supportent pas l'idée que des femmes veuillent se réunir entre elles </p><p>Je hais les hommes qui comptent leurs "conquêtes" </p><p>Je hais les hommes qui affichent leurs privilèges comme s'ils allaient de soi </p><p>Je hais les hommes qui parlent entre eux du corps des femmes quand elles passent </p><p>Je hais les hommes qui pensent qu'ils ont tout compris et que les autres sont des imbéciles </p><p>Je hais les hommes qui montent sur leur grands chevaux rien qu'en voyant le titre d'un livre </p><p>Je hais les hommes qui voient des complots partout mais ne s'interrogent jamais sur leur perception du monde </p><p>Je hais les hommes qui crachent à la gueule d'une femme ou d'un homme parce que tout le monde autour d'eux l'a déjà fait </p><p>Je hais les hommes pour qui partager est "une connerie" </p><p>Je hais les hommes qui pensent que le savoir, c'est le pouvoir </p><p>Je hais les hommes pour qui la compassion est une faiblesse </p><p>Je hais les hommes qui disent "mon sentiment" en émettant des jugements de valeur </p><p>Je hais les hommes qui parlent de "valeurs" (actuelles ou non) au pluriel </p><p>Je hais les hommes qui disent "Ma morale me dicte de..." </p><p>Je hais les hommes qui parlent aux adolescentes en disant "Ma petite" et aux femmes adultes en disant "Ma cocotte" </p><p>Je hais les hommes qui disent "Faut que t'en chie comme j'en ai chié" </p><p>Je hais les hommes qui disent : "C'est pas un boulot de femme" </p><p>Je hais les hommes qui disent : "T'es pas fait pour ce métier" </p><p>Je hais les hommes qui déclarent sans rire savoir ce que quelqu'un d'autre a dans la tête </p><p>Je hais les hommes qui disent : "Toi, j'te raterai pas" </p><p>Je hais les hommes qui pensent qu'ils n'ont besoin de personne </p><p>Je hais les hommes pour qui la douceur est de la mièvrerie et la gentillesse de l'hypocrisie </p><p>Je hais les hommes qui détestent qu'on partage le savoir </p><p>Je hais les hommes qui ont des armes chargées chez eux </p><p>Je hais les hommes si imbus d'eux-mêmes qu'ils vont jusqu'à déclarer : "Je pourrais greffer des couilles, si je voulais" </p><p>Je hais les hommes qui aiment la chasse et tirent sur tout ce qui bouge, au risque de tuer quelqu'un </p><p>Je hais les hommes qui sortent en bande et insultent, sifflent, menacent ou frappent sur leur passage </p><p>Je hais les hommes qui trouvent "tout naturel" d'utiliser les autres </p><p>Je hais les hommes qui jouent au golf pendant que leur pays est à feu et à sang </p><p>Je hais les hommes qui, pendant les journaux télévisés, déclarent : "Les Français n'ont pas bien compris ce que je cherche à faire..." </p><p>Je hais les hommes qui pensent que leur statut efface leurs ignominies </p><p>Je hais les hommes </p><p>(A suivre) </p><p><i>NB : Lisez les commentaires, ils sont pleins de "Je hais les hommes" supplémentaires écrits par les internautes. </i></p><p>Marc Zaffran/Martin Winckler </p><p><br /></p><p> </p><p><br /></p><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com16tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-289283010261384742020-07-15T08:34:00.001-04:002020-07-15T09:00:39.145-04:00Autobiographie, autofiction et fiction - comment s'y retrouver ? <p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span style="color: #222222; font-size: 14pt; text-indent: 35.45pt;">(Extrait de <i>Ateliers d'écriture </i>, à paraître en septembre 2020 chez POL-poche) </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span style="color: #222222; font-size: 14pt; text-indent: 35.45pt;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://1.bp.blogspot.com/-R1BAczstP90/Xw794eZDeQI/AAAAAAAAGls/44vx5O9X__ETQUjGCaed9oBpezgPzQSEwCNcBGAsYHQ/s2048/Ateliers-CV-formatpoche%2B%25281%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1115" data-original-width="2048" height="341" src="https://1.bp.blogspot.com/-R1BAczstP90/Xw794eZDeQI/AAAAAAAAGls/44vx5O9X__ETQUjGCaed9oBpezgPzQSEwCNcBGAsYHQ/w625-h341/Ateliers-CV-formatpoche%2B%25281%2529.jpg" width="625" /></a></div> <p></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Quand on demandait à John Ford ou à Jean Gabin ce qu’il fallait pour faire un bon film, tous deux répondaient</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Une bonne histoire, une bonne histoire et une bonne histoire.</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» Un film a besoin d’un scénario solide pour porter sa narration visuelle.</span><span lang="FR" style="color: #222222;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Toutes les histoires méritent d’être racontées, je le maintiens, mais toutes les histoires ne sont pas bonnes à raconter pour tout le monde. La même histoire n’était pas «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">bonne</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» pour John Ford <i>et</i> pour Jean Gabin. Chaque écrivante doit soigneusement choisir<i> </i>l’histoire qui sera bonne à raconter pour elle.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><i><span lang="FR" style="color: #222222;">Votre</span></i><span lang="FR" style="color: #222222;"> «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">bonn</span><span lang="FR" style="color: #222222;">e</span><span lang="FR" style="line-height: 28px;"> histoire</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif; line-height: 28px;"> </span><span lang="FR" style="line-height: 28px;">» </span><span lang="FR" style="color: #222222;">a des caractéristiques particulières</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: elle fait naître en vous des émotions complexes, parfois contradictoires</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">; elle vous intrigue ou vous rend perplexe au point que vous voulez l’explorer sous toutes ses facettes</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">; enfin, l’idée de l’écrire vous excite et vous stimule – autrement dit</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">:<i> vous êtes impatiente de la raconter</i></span><i><span lang="FR" style="color: #222222;">.<o:p></o:p></span></i></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Une bonne histoire n’est pas nécessairement compliquée. Beaucoup de bonnes histoires peuvent se résumer en quelques mots</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Un homme enquête sur la malédiction qui s’est abattue sur son peuple et découvre qu’il en est la cause</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» (<i>Œdipe Roi</i>)</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">; «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Deux jeunes gens s’aiment alors que leurs familles veulent s’entretuer</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» (<i>Roméo et Juliette</i>)</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">; «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Un naufragé tente de survivre sur une île déserte (<i>Robinson Crusoë</i>)</span><i><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span></i><span lang="FR" style="color: #222222;">; «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Un homme emprisonné à tort décide de se venger</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» (<i>Le Comte de Monte Cristo</i>)</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">; «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Une petite fille découvre un monde magique » (<i>Alice au pays des merveilles</i>)</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;">…</span><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;"> <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Vous noterez que je donne ici l’anecdote centrale de chaque histoire, et non ses détails, son dénouement ou son «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">message</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">». Vous noterez aussi que ces descriptions succinctes peuvent aussi bien convenir à une pièce de théâtre, un film ou une bande dessinée qu’à un roman. Quand on a une bonne histoire sous la main, il y a mille et une manière de la raconter.<o:p></o:p></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">*<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">L’argument de mes deux premiers romans tient en une phrase</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">:<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><i><span lang="FR" style="color: #222222;">La Vacation </span></i><span lang="FR" style="color: #222222;">(1989)</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Un jeune médecin qui pratique des avortements tente d’écrire un roman.</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">»<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><i><span lang="FR" style="color: #222222;">La Maladie de Sachs </span></i><span lang="FR" style="color: #222222;">(1998)</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Neuf mois dans la vie d’un généraliste de campagne, racontés par les personnes qui l’entourent.</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">»<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Entre ces deux romans, j’avais entrepris la composition d’un livre très ambitieux, très complexe, très touffu, qui n’a jamais été publié.<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="color: #222222; font-size: 14pt; line-height: 28px;">[1]</span></span></span></a> Une fois terminé, il ressemblait à une cathédrale en allumettes</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: c’était un gros boulot (700 pages à la dactylograp</span><span lang="FR" style="color: #222222;">hie serrée</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">!),</span><span lang="FR" style="color: #222222;"> mais ça sonnait creux. Il lui manquait la bonne histoire qui lui aurait servi </span><span lang="FR" style="color: #222222;">de fil d’Ariane. La preuve</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: trente ans ont passé et je ne peux toujours pas la résumer en une phrase </span><span lang="FR" style="color: #222222;">!<o:p></o:p></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">*<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">L’histoire</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">que vous choisissez de raconter est le cœur de votre projet. Elle ne s’arrête jamais de battre le tempo. Elle est là pour rappeler qu’une fiction est une machine vivante, et non un simple empilement de paragraphes ou de chapitres.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Si vous n’avez pas d’histoire en tête, il n’est pas interdit d’en emprunter une. <i>L’Odyssée </i>n’a pas seulement inspiré James Joyce, mais aussi l’<i>anime</i> pour enfants <i>Ulysse 31, </i>un film<i> </i>des frères Coen (<i>O, Brother</i>…</span><span lang="FR" style="color: #222222;">), </span><span lang="FR" style="color: #222222;">et bien d’autres.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><i><span lang="FR" style="color: #222222;">Le Chœur des femmes </span></i><span lang="FR" style="color: #222222;">reprend de manière assez libre la trame de <i>Barberousse, </i>un film d’Akira Kurosawa qui m’avait beaucoup impressionné pendant mes études.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">L’un des livres que j’ai le plus lus et relus depuis mon adolescence est un roman de science-fiction d’Alfred Bester intitulé <i>Terminus les étoiles.</i><a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="color: #222222; font-size: 14pt; line-height: 28px;">[2]</span></span></span></a><i> </i>Il m’a fallu attendre 2004<i> </i>pour apprendre, de la bouche d’un spécialiste de Dumas, que l’auteur américain s’était fortement inspiré du <i>Comte de Monte-Cristo. </i>Je n’y avais vu que du feu, et mon admiration pour le modèle et son disciple n’en a été que plus grande.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Autobiographie, fiction ou autofiction</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Souvent, les participantes à un atelier s’interrogent sur les limites et frontières entre autobiographie et fiction. Il faut dire qu’au cours des vingt ou trente dernières années, de nombreux romans – souvent écrits par des femmes, mais pas exclusivement – se sont revendiqués (ou ont été désignés) comme relevant de l’«</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">autofiction</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">».<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Le terme a été utilisé pour la première fois, avec une ironie certaine, par le critique et romancier Serge Doubrovsky sur la quatrième de couverture de son roman, <i>fils </i>(sans majuscule).<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="color: #222222; font-size: 14pt; line-height: 28px;">[3]</span></span></span></a> Ledit roman mêle les souvenirs anciens et récents du narrateur (qui porte le même nom que l’auteur) à la préparation mentale d’un cours qu’il doit donner sur <i>Phèdre, </i>alors qu’il roule sur l’autoroute menant à New York</span><i><span lang="FR" style="color: #222222;">. </span></i><span lang="FR" style="color: #222222;"> <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">Serge Doubrovsky adorait les calembours. Un de ses ouvrages critiques, consacré à Proust</span><span lang="FR">, s’</span><span lang="FR">intitule <i>La Place de la Madeleine</i></span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR">; </span><span lang="FR">un de ses romans a pour titre <i>Un amour de soi</i></span><i><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span></i><span lang="FR">;<i> </i>quant à <i>fils, </i>le mot désigne à la fois l’enfant et les liens. Lorsqu’il qualifie avec humour ce roman <i>d’autofiction</i><a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="color: black; font-size: 14pt; line-height: 28px;">[4]</span></span></span></a>, il ne lui échappe certainement pas qu’une bonne partie de la narration se déroule dans sa voiture…</span><span lang="FR" style="color: #222222;"><o:p></o:p></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">*<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Depuis une vingtaine d’années, le terme est employé, parfois de manière un peu réductrice ou par effet de mode, et pas toujours avec l’accord des premières intéressées, pour désigner des œuvres de Marguerite Duras, Annie Ernaux, Camille Laurens, Guillaume Dustan, Edouard Louis et d’autres. Mais s’agit-il vraiment d’un genre à part, ou plus simplement de la preuve que les frontières entre autobiographie (censée tout raconter de soi, de manière détaillée et fidèle à la réalité) et roman (censé être «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">entièrement imaginaire</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">») sont arbitraires et poreuses</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">La véritable différence entre l’ «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">autofiction</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» et le «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">roman d’inspiration autobiographique</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» c’est peut-être simplement que pour le premier, l’écrivante affiche clairement la couleur</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: </span><span lang="FR" style="color: #222222;">«</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Regardez</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">! C’est de moi que je parle</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">! » alors que pour le second, elle ne dit rien et laisse les lectrices penser ce qu’elles veulent. Mais je suis peut-être trop simpliste…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Les deux cravates<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Pour illustrer la «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">porosité</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» des genres, laissez-moi vous raconter une toute petite histoire.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Tout d’abord, posons, pour simplifier, qu’une histoire est</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">:<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">«</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Un ensemble d’événements et d’informations, exposé dans un ordre délibéré et déterminant</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;">, et </span><span lang="FR" style="color: #222222;">conçu comme un tout cohérent</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">».<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Prenez l’énoncé suivant</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">:<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 10pt 43.2pt 8pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">Une mère offre à son fils, pour son anniversaire, deux cravates</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: une rouge et une bleue. Le samedi suivant, le fils va déjeuner chez sa mère en arborant fièrement la cravate bleue. La mère demande</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR">: «</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR">Pourquoi la bleue, mon fils</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR">? La rouge ne te plaît pas</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR">?</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR">»<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 1cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">«</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">Ensemble </span><span lang="FR" style="color: #222222;">d’événements et</span><span lang="FR" style="color: #222222;"> d’informations</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">»</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: une mère et un fils, un anniversaire et un repas, deux cravates, deux couleurs, une question embarrassante.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">«</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">… </span><span lang="FR" style="color: #222222;">exposées dans un ordre délibéré et déterminant… </span><span lang="FR" style="color: #222222;">»</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: il y a trois phrases dans cette histoire. Si je les place dans un ordre différent - à rebours, par exemple…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 10pt 43.2pt 8pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">La mère demande : « Pourquoi la bleue, mon fils ? La rouge ne te plaît pas ? » Le samedi suivant, le fils va déjeuner chez sa mère en arborant fièrement la cravate bleue. Une mère offre à son fils, pour son anniversaire, deux cravates : une rouge et une bleue.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">… la signification de chaque phrase reste intacte, mais l’histoire devient confuse car c’est l’ordre des phrases qui lui donne son<i> </i>sens.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">«</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> … </span><span lang="FR" style="color: #222222;">conçu comme un tout</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">cohérent. »</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: si vous retirez l’une des phrases, l’histoire n’a plus de sens du tout.<o:p></o:p></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">*<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Si ma petite histoire est ainsi construite, c’est pour produire un effet particulier sur la lectrice. La question finale surprend <i>puis </i>fait rire parce qu’elle met la lectrice dans la même position impossible que le fils. Il n’est pas nécessaire d’en dire plus, on comprend immédiatement de quoi il retourne.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Racontée seule (version 1, ci-dessus), c’est une histoire drôle.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Si j’écris</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">: (version 2)<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 10pt 43.2pt 8pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">Pour son anniversaire, Sarah Goldstein offre à son fils Manny (Herman) deux cravates : une rouge et une bleue. Le samedi suivant, Manny va déjeuner chez sa mère en arborant fièrement la cravate bleue. La mère demande : « Pourquoi la bleue, mon fils ? La rouge ne te plaît pas ? »<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 1cm 0.0001pt 0cm; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">… ça devient une «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">histoire de mère juive</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">». En ajoutant des noms, on ajoute une «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">couche de sens</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» (et donc, de lecture). Notons qu’il s’agit ici d’une histoire ashkénaze, mais que si on remplace les personnages par Ginette Aboulker et son fils Roger, elle se transforme immédiatement en histoire séfarade, sans que le sens profond en soit altéré.<o:p></o:p></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 1cm 0.0001pt 0cm; text-align: center; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">*<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">A présent (version 3), si j’ajoute à l’histoire deux phrases</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">explicatives</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">:<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 43.1pt 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">Nelly, ma mère, adorait les histoires drôles. Tout particulièrement celles qui mettaient en scène une mère – juive de préférence – et ses enfants. J’aimais beaucoup celle-ci :<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 43.1pt 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">« Pour son anniversaire, Madame Aboulker offre à son fils Roger deux cravates : une rouge et une bleue. Le samedi suivant, Roger va déjeuner chez sa mère en arborant fièrement la cravate bleue. La mère demande : Pourquoi la bleue, mon fils ? La rouge ne te plaît pas ? »<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 43.1pt 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">Cette histoire, Nelly me l’a racontée, un sourire en coin, alors que j’étais adolescent, le jour où j’essayais de nouer ma première cravate.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 1cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> … j’obtiens une anecdote autobiographique.<o:p></o:p></span></p><p align="center" class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: center; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">*<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Enfin, si je rédige le tout de la manière suivante (version 4) :<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 43.1pt 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">Il n’arrivait pas à la nouer, cette foutue cravate. Fallait </span><i><span lang="FR">vraiment</span></i><span lang="FR"> qu’il en mette une ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 43.1pt 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">- Je peux t’aider, mon fils ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 43.1pt 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">Avant que Marcel ait pu réagir, sa mère entreprenait déjà d’ajuster le nœud sur lequel il s’escrimait depuis dix bonnes minutes.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 43.1pt 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">Elle devait savoir que ça l’agacerait et, pour détourner son attention, elle se mit à raconter sur le ton de la confidence, et avec un sourire entendu : « Pour son anniversaire, Madame Benamou offre à son fils André deux cravates : une rouge et une bleue. Le samedi suivant, André va déjeuner chez sa mère en arborant fièrement la cravate bleue. La mère demande : </span><i><span lang="FR">Pourquoi la bleue, mon fils ? La rouge ne te plaît pas ?</span></i><span lang="FR"> »<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 43.1pt 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">Marcel resta un moment interdit. Avant qu’il eût retrouvé ses esprits, le sourire de sa mère se transforma en un petit rire de satisfaction.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoQuote" style="color: #404040; font-family: calibri, sans-serif; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 43.1pt 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR">- Voilà, c’est parfait », dit-elle en lissant la cravate. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">… ça pourrait passer pour un extrait de nouvelle, ou de roman.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;"> </span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Dans la version «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">autobiographique</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» (3), l’effet de l’histoire originelle est conservé mais j’y ai ajouté une dimension supplémentaire, produit par le contexte dans lequel l’histoire a été entendue pour la première fois.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Dans la version «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">fiction</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">» (4), l’histoire originelle est enchâssée dans un texte plus précis, enrichi de détails évoquant les émotions des personnages ; les échanges (entre mères et fils, entre narrateur et lectrice) se répondent comme des jeux de miroir.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Ainsi «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">fictionnalisée</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">», l’histoire des deux cravates pourrait aussi bien constituer le début (le moment déclenchant de l’action) que la fin (la «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">chute</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">») d’une nouvelle décrivant </span><span lang="FR" style="color: #222222;">les «</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">rites de passage</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">»</span><span lang="FR" style="color: #222222;"> subis par un adolescent et les sursauts de possessivité d’une mère qui voit son fils devenir adulte.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt; text-align: justify; text-indent: 35.45pt;"><span lang="FR" style="color: #222222;">Je sais. Vous vous demandez probablement ce qui, dans tout ça, est autobiographique et/ou fictif. Qu’est-ce qu’il nous dit de lui, le Winckler, avec cette histoire de cravates</span><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR" style="color: #222222;">? <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span lang="FR"> <o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><span lang="FR"> </span></p><p class="MsoNormal" style="font-family: "ryman eco"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><i><span lang="FR">…. Eh bien pour le savoir, je vous invite à lire Ateliers d’écriture, à paraître en septembre chez P.O.L…<o:p></o:p></span></i></p><div><br clear="all" /><hr align="left" size="1" width="33%" /><div id="ftn1"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "ryman eco"; font-size: 10.5pt; line-height: 21px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="font-size: 10.5pt; line-height: 21px;">[1]</span></span></span></span></a> Pour les lectrices curieuses, il s’intitule <i>Les Cahiers Marcoeur </i>et il est disponible en ligne, sur mon site <span lang="FR"><a href="http://www.martinwinckler.com" style="color: #954f72;"><span lang="FR">www.martinwinckler.com</span></a></span><o:p></o:p></p></div><div id="ftn2"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "ryman eco"; font-size: 10.5pt; line-height: 21px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="font-size: 10.5pt; line-height: 21px;">[2]</span></span></span></span></a><span lang="FR"> </span><i>The Stars, My Destination, </i>1956. Traduction<span style="font-family: cambria, serif;"> </span>de Jacques Papy, «<span style="font-family: cambria, serif;"> </span>Présence du Futur<span style="font-family: cambria, serif;"> </span>», Denoël, 1958.<o:p></o:p></p></div><div id="ftn3"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "ryman eco"; font-size: 10.5pt; line-height: 21px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="font-size: 10.5pt; line-height: 21px;">[3]</span></span></span></span></a><span lang="FR"> Editions Galilée, 1977.<o:p></o:p></span></p></div><div id="ftn4"><p class="MsoFootnoteText" style="font-family: "ryman eco"; font-size: 10.5pt; line-height: 21px; margin: 0cm 0cm 0.0001pt;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color: #954f72;" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align: super;"><span lang="FR" style="font-size: 10.5pt; line-height: 21px;">[4]</span></span></span></span></a><span lang="FR"> … mais aussi, toujours en 4<sup>e</sup> page de couverture, d’«</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR">autofriction, patiemment onaniste</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;"> </span><span lang="FR">»</span><span lang="FR" style="font-family: cambria, serif;">…</span><span lang="FR"><o:p></o:p></span></p></div></div>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-71305641473123632352020-06-28T22:28:00.001-04:002021-06-28T22:34:47.941-04:00"Apprends à taper" - par Marc Zaffran et Martin Winckler<p> Il y a quelques années, on m'a demandé d'écrire un texte sur "la sortie de l'enfance". J'ai écrit le texte suivant, dans lequel je dialogue avec le garçon que j'étais à 15 ans. </p><p>Comme si nous avions une ligne téléphonique spéciale, transtemporelle. </p><p><br /></p><p class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Moi en 2020 : </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Tu mâches tes mots, je t’entends pas bien.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Moi en 1970 : </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">J’ai pris un coup sur la tronche. C’est ce con de…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ah oui je me souviens… Tu l’as baffé dans la classe, entre deux cours de maths. Comme le prof était là, il n’a rien pu dire. Il a bouillu-fulminé pendant l’heure suivante, et après, à la sonnrie, il t’a coursé et t’a collé une trempe.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ouais. J’ai la lèvre fendue, alors j’ai du mal à parler. Mais parlons d’autre chose. Je sais où j’en suis et j’aime pas ça. Toi, t’en es où ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Que veux-tu dire ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Tous les rêves que je me trimbale aujourd’hui à seize ans, est-ce que tu en a réalisé quelques-uns, à soixante-cinq ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Je ne suis pas sûr. Je ne me souviens pas très bien de tes... de nos rêves.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Tu devrais relire ton journal.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Mon journal ? Ah, tu veux dire <i>ton </i>journal…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Tu n’écris plus dedans ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Non, je ne tiens plus de journal depuis plusieurs années. J’écris ailleurs. Un site, deux blogs... </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- De quoi tu parles ? </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Ouh, c'est une longue histoire, il va falloir que tu attendes pour savoir... Et aussi, accessoirement, des romans, des articles, des essais, des conférences… Des livres sur les séries télé. </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Sur les séries télé ? Lesquelles ? </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Ta préférée et plein d'autres... </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Tu en as écrit beaucoup, des bouquins ? </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Mmmhh... cinquante, par là…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Sans blague ? Moi qui ai du mal à finir une malheureuse nouvelle ! J'ai tout le mal du monde à dépasser trois pages... </span><span style="font-size: 12pt; text-indent: -18pt;">Comment t’as fait ?</span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">J’ai... Tu ne vas pas cesser d’écrire. Tout le temps. Sur tout ce qui te travaille. Et à force d’écrire des bouts de textes, tu en feras de plus longs. Parfois en assemblant les bouts. Et puis tu les feras lire. A ton prof de français de première. </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Vraiment ? </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Oui, c'est un type formidable. Vous serez amis toute votre vie... </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Waou... Ca me surprend. Je n'ai pas vraiment beaucoup d'amis... </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Oui... Mais plus tard tu en auras, pas beaucoup, mais de très précieux. Et ça commencera juste après la fin du lycée. </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">- Ah ben alors j'ai hâte que ce soit fini... Mais continue ton histoire. Comment t'as fait pour écrire tous ces livres ? </span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span style="font-size: 12pt; text-indent: -18pt;">- Eh bien, d'abord, j'ai écrit beaucoup et puis pendant mes études, j’ai envoyé des lettres à des journaux, ils les ont passées dans le courrier des lecteurs. Et plus tard, j’ai écrit à une revue, elles m'a embauché. Et plus tard, j’ai posté le manuscrit d’un roman, un éditeur l’a publié. Et il a publié les suivants. Et un jour, l’un d’eux a fait un carton.</span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Un carton ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">C’est devenu un best-seller. Sans crier gare. Personne n’en revenait, moi le premier.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Quel pot !<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Tu l’as dit. Après, j’ai saisi cette chance et je ne l’ai plus lâchée. Ça va bientôt faire vingt ans. Je publie toujours.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Pourvou qué ça doure ! Tes romans, ils sont gros ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Certains sont énormes. Ma blonde dit que j’écris des pavés.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ta blonde ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ma compagne. On dit « blonde », au Québec.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Tu vis au Québec ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Depuis plusieurs années.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Vous avez des enfants ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Elle, non. Moi j’en ai eu six. Avec deux autres femmes.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Non !!! J’ai toujours pensé que je serais stérile !<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Je me souviens de ça, c’est drôle. Tu vois comme on peut se tromper ! Mais bon, on avait nos raisons…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ah bon ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Yep. La peur de la sexualité, je pense.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">(Grognement.) De toute manière avec ma gueule cassée… (Silence.) Et toi, à part pondre des pavés, tu fais quoi ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">J’ai été médecin pendant vingt-cinq ans. Trente-cinq si tu comptes les études, l’année de thèse, les remplacements... <o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Comme Papa ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Pas tout à fait. Il était spécialiste et il s’est reconverti en généraliste. J’ai fait l’inverse. Je me suis spécialisé dans la santé des femmes.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">C’est quoi « la santé des femmes" ?... Non, non, laisse tomber, tu m’expliqueras une autre fois.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><i><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">As you wish</span></i><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">. <i> </i><o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bon. Et… tu parles souvent l’anglais au Québec ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Avec ma blonde, oui, elle est anglo. Je parlais beaucoup l’anglais au Centre de recherche où j’ai travaillé pendant trois ans.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Choueeeette ! Je disais ça au père de Benoît – tu te souviens de Benoît ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Bien sûr ! Notre seul vrai copain des deux dernières années de lycée.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Eh bien l’autre jour je lui disais que je voulais faire de la recherche. Il m’a demandé quel genre, j’ai pas vraiment su lui répondre. Tu cherchais quoi, toi ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">A comprendre comment on transmet des valeurs morales en médecine. Comment on transmet la bienveillance, le respect…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Je vois. Enfin, non pas tout à fait, ça a l'air compliqué... <o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Les principes sont simples. La pratique, en revanche…<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Et pourquoi le Québec et pas les States ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">C’est une longue histoire. Et puis, les States, j’y suis déjà allé. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ah bon ? Quand ça ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Quel jour on est, chez toi ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Le… quinze juin soixante-dix.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ah, tu n’as pas encore rencontré Jane.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Jane ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">La sœur américaine du frère d’Aline.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">La quoi d'Aline ? Quelle Aline ? <o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Aline B. Ta camarade de lycée.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Oui ? Et bien ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">L’été prochain, elle te proposera de passer la journée avec une Américaine.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Ah ouais ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Et ça te donnera des idées.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Des… idées ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Oui. Tu vas aller passer une année là-bas. Et ça changera ta vie.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Aux States ? Une année entière ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Yep.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Comment ? Où ? Quand ? Dis-moi !!! <o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;"><i>Mmmhh</i>. Je crois que je vais te laisser découvrir ça tout seul.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Oui, tu as peut-être raison. Mais… T’as pas au moins un tuyau à me donner ?<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Si. Quand tu seras là-bas, apprends à taper.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Tu te fous de moi ? Si tu voyais ma gueule... J'ai pas envie d'apprendre à boxer. <o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Mais non ! Apprends à <i>taper</i> <i>à la machine</i>.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">O...kay. C'est vrai, ça serait chouette. Je vois Maman taper, c'est fascinant... <o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpLast" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR">-<span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 7pt; font-stretch: normal; font-variant-east-asian: normal; font-variant-numeric: normal; line-height: normal;"> </span></span><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;">Oui, on écrit plus, plus vite et avec plus de précision. Tu sauras répliquer quand il faut. Tu ne subiras plus les connards qui cognent. Tu écriras autant pour les autres que pour toi, des textes qui touchent et qui comptent. Tu écriras des pavés. Et certains feront du bruit dans la mare. Et certains feront du bien à beaucoup de gens. Et ça, ça vaut tous les cours de boxe.</span><span lang="FR"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpLast" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"><span lang="FR" style="font-size: 12pt; line-height: 24px;"><br /></span></p><p class="MsoListParagraphCxSpLast" style="font-family: "American Typewriter"; font-size: 14pt; line-height: 28px; margin: 0cm 0cm 0cm 36pt; text-indent: -18pt;"></p><p><br /></p>Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5311396450603397638.post-68549432934182266322020-06-13T22:40:00.003-04:002020-06-13T22:50:15.383-04:00Pourquoi je porte - et continuerai à porter - un masque - par Marc Zaffran/Martin Winckler<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://1.bp.blogspot.com/-zZeTFfzmDLo/XuWP_p5JLRI/AAAAAAAAGg8/vK6T1jo3wUELtDeyUiPK_TS3wdgNp3lJQCNcBGAsYHQ/s1600/IMG-20200604-WA0014.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1600" height="240" src="https://1.bp.blogspot.com/-zZeTFfzmDLo/XuWP_p5JLRI/AAAAAAAAGg8/vK6T1jo3wUELtDeyUiPK_TS3wdgNp3lJQCNcBGAsYHQ/s320/IMG-20200604-WA0014.jpg" width="320" /></a></div>
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Comme la majorité de la population de Montréal qui n'était pas obligée d'aller travailler et de s'exposer, je suis resté confiné pendant près de trois mois. Ma blonde également. Elle travaille dans une administration fédérale. A partir de l'entrée en confinement (autour du 15 mars), elle a travaillé de chez nous.<br />
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Elle ou moi sortions de chez nous exclusivement pour faire des courses dans trois lieux bien précis : le supermarché de notre quartier rue Bélanger la pharmacie/bureau de postes près de la station Fabre, le marché (couvert, puis en plein air) près de la station Jean-Talon.<br />
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Il y a cinq semaines, nous nous sommes de plus mis à sortir quatre fois par jour pour promener Zoë, la chienne que nous avons adoptée. Nous la promenons dans les rues et dans l'un ou l'autre des parcs (nombreux à Montréal, et souvent équipés d'un enclos réservé aux chiens).<br />
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Peu de temps après le début du confinement, ma blonde s'est mise à coudre des chapeaux de bloc pour des équipes de soignantes de l'Ontario et du Québec. Elle a aussi cousu des masques en tissu pour nous deux et quelques-unes de nos proches.<br />
Depuis, nous portons des masques chaque fois que nous entrons dans un espace fermé où se trouvent d'autres personnes - c'est à dire dans les magasins et, les rares fois que nous les empruntons depuis trois mois, dans les transports en commun.<br />
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Pourquoi est-ce que nous portons un masque ?<br />
Pour deux raisons. La première est de nous protéger (même si cette protection est incomplète ) d'une personne qui pourrait être porteuse de virus sans le savoir. La seconde est de protéger les autres au cas où nous-mêmes serions (sans le savoir) porteuses de virus.<br />
Pour ma blonde, le port d'un masque tombe sous le sens : elle a vécu un an en Corée du sud, où le port du masque est une marque de respect pour autrui quand on est soi-même malade. Elle sait depuis longtemps que ça n'a rien de choquant.<br />
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Pour moi, c'est parce que j'ai des symptômes intermittents qui pourraient passer pour des symptômes de Covid-19.<br />
Depuis que le printemps s'est terminé et que l'été s'approche, j'éternue souvent : j'ai depuis quelques années une allergie saisonnière. Elle me pique les yeux, me bouche le nez de manière passagère, me fait ronfler la nuit un peu plus que d'habitude. Je sais que ces symptômes sont ceux de mon allergie mais je ne peux pas être sûr, bien entendu, que je ne contracterai pas <i>aussi </i>le virus. J'ai 65 ans depuis cette année. Même si je suis en très bonne santé pour mon âge, ça ne m'immunise pas pour autant.<br />
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Et je trouve désagréable d'éternuer quand je passe du chaud au froid ou quand je sors de mon logement pour aller dans le parc me promener avec Zoë ou quand je loue un véhicule de Communauto pour aller au marché Jean-Talon.<br />
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J'ai une troisième raison de porter un masque, alors que je vois beaucoup de personnes autour de moi (dans la rue, dans les magasins) ne pas le faire (et je ne porte pas de jugement sur elles, je ne fais que le constater). Je tiens à montrer qu'à mes yeux la situation n'est pas normale. Ni même "normalisée" alors que nous sortons du confinement et qu'il y a de plus en plus de monde dans les rues.<br />
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Je n'ai pas beaucoup souffert de la situation : je travaille chez moi la plupart du temps, j'ai un toit et des moyens, et ma compagne et moi nous entendons très bien (y compris depuis le confinement). Mais je suis solidaire des personnes qui se sont retrouvées enfermées dans de très mauvaises conditions - matérielles ou familiales, de celles qui ont été malades et le sont encore, de celles qui les ont soignées et se sont retrouvées en première ligne - et en sont tombées malades, ou en sont mortes, ou ont souffert et souffrent encore de <i>burn-out, </i>de toutes les personnes qui ont continué à travailler malgré la pandémie, de toutes celles qui sont en situation économique ou personnelle ou familiale précaire, difficile, ou insupportable à cause d'elle.<br />
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Ceci n'est pas une période simple.<br />
Même si moi je ne l'ai pas trop mal vécue, je ne peux pas faire comme si de rien n'était.<br />
Alors, depuis le début du confinement, même si le risque (d'être contaminé, de contaminer quelqu'un) était faible en ce qui me concerne, et même s'il est de moins en moins grand en ce moment, je n'ai pas voulu faire "comme si".<br />
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Et c'est aussi pour ça que je porte un masque, que je le porterai longtemps. C'est pour ça aussi que je respecte les conseils de distance physique, et que je me lave les mains.<br />
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Si ce n'est pas pour moi, c'est pour les autres : les personnes qui servent dans les magasins, les maraîchères au marché Jean-Talon, les conductrices d'autobus, les salariées qui vont ou reviennent du travail dans le métro, les mères qui sortent leurs enfants parce qu'ils n'en peuvent plus de rester dedans, les vendeuses de la pharmacie/bureau de poste qui me recommandent à l'entrée de me désinfecter les mains et de garder mes distances. Toutes les personnes qui m'entourent.<br />
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Avec mon masque j'ai le sentiment de dire : "Je vous respecte. Et si jamais je suis atteint et deviens contagieux, je ne vous contaminerai pas."<br />
Mais je dis aussi :<br />
"Je sais que la situation n'est pas la même pour tout le monde, j'en suis conscient, je ne me crois pas "hors d'atteinte", et je suis solidaire de celles et ceux qui n'ont pas la même chance ou les mêmes privilèges que moi."<br />
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Ce n'est pas grand-chose. J'aurais préféré avoir l'âge de participer aux soins.<br />
Mais je crois que c'est par les contributions de toutes qu'on obtient les résultats les plus importants pour toutes.<br />
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Marc Zaffran/Martin Winckler<br />
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<br />Martin Winckler (Marc Zaffran)http://www.blogger.com/profile/06238410507932679441noreply@blogger.com5