Il était une fois... Ah ! quel beau début pour un livre destiné à la jeunesse. Ces mots vous invitent à la poésie, à la rêverie, au monde de la petite enfance. Mais ici ! Heulamondieu non ! Pas vraiment... En tout cas il ne se termine pas par : "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants".
Donc, il était une fois un bûcheron qui en fait était un ogre.
Il était une fois une forêt mystérieuse.
Il était une fois une ribambelle d'enfants à qui on avait interdit d'aller dans la forêt mystérieuse. Jusque là rien que de très normal pour ce genre de littérature.
Il était une fois une ribambelle d'enfants à qui on avait interdit d'aller dans la forêt mystérieuse. Jusque là rien que de très normal pour ce genre de littérature.
Mais aussi malheureusement, il était une fois... une tronçonneuse !
Et lorsque tous les personnages se rencontrent, cela devient vraiment glauque et sanglant, à la limite du supportable. Je vous passe les détails sordides et les épisodes rougeoyants qui émaillent ce livre monstrueux dont les illustrations tout à fait réalistes vous feront dresser les cheveux sur la tête et naître une chair de poule glacée.
Comment peut-on appeler cela un livre pour enfants. Ici Benoit Mignon se régale et nous gâte vraiment. Bien sûr les légendes, les contes et autres fables sont loins d'être des bluettes et sont remplis d'horreurs en tous genres : ogres donc anthropophages, marâtres assassines, monstres hideux, père amoureux de sa fille et qui veut l'épouser, enfants mis au saloir... et j'en passe. Bien sûr les enfants d'aujourd'hui sont plus soumis aux drames quotidiens rééls ou fictifs dont on les abreuve. Peut-être sont-ils plus "résistants" voire blasés. Mais là nous atteignons un pic : pic du mauvais goût, pic de la "glauquitude" si j'ose me permettre.
En tout cas on ne peut pas dire que l'illustratrice Anne Mignon ne colle pas à son sujet. Ses dessins sont de toute beauté dans les 2/3 du livre. L'atmosphère de la forêt est particulièrement bien rendue, ses grands arbres sombres se repliant sur les pauvres enfants perdus. Le livre vaudrait la peine d'être acheté juste pour les magnifiques aquarelles qui l'illustrent en son début. Elles vaudraient même un bel encadrement. Mais que dire de l'histoire, car lorsqu'on arrive à la maison de l'ogre-bûcheron tout se déchaîne... Les illustrations montrent alors une certaine prédilection pour la couleur rouge...
Oserais-je conseiller ce livre aux jeunes vampires assoiffés de sang et aux sadiques invétérés, à ceux qui n'aiment pas les enfants et à ceux qui souhaitent les voir faire des cauchemars chaque nuit au son d'une simple mobylette qu'ils prendraient pour une tronçonneuse ?...
Pour les courageux, j'indiquerai seulement qu'il est édité chez Offmann dans la collection Grand format 6-8 ans [et si!], qu'il fait 50 pages et vous coûtera la modique somme de 20 euros.
A vous de voir... ou pas.