Ah la vache !
Quelles vacances, un vrai paradis !
Je me demande même
comment c’est possible, un mois d’août entier au Nirvana !
La Zanzanie, le
lagon, l’hôtel de rêve, les serveuses africaines plus belles les
unes que les autres, tellement de bouffe et de cocktails que c’en
est indécent !
Dire que certains
de mes confrères disent que les congrès médicaux, ça n’est plus
ce que c’était, je suis prêt à jurer du contraire ! Foi de
Professeur Chausson !
C’est vrai qu’il
faut être professeur de médecine pour mériter un tel faste, et
accepter quelques compromissions, mais bon, on n’a rien sans rien !
Et aujourd’hui, le retour dans mon appartement parisien, un vaste
six pièces avec vue sur le Champ de Mars, me semble être presque un
purgatoire…Et le retour dans le service un véritable enfer !
La consulte, la
visite, l’accueil des jeunes internes ambitieux et de ces petits
cons d’externes encore potaches, quelle plaie !!!
Mais bon, encore
une journée de repos, je vais en profiter pour trier mon courrier.
Il est posé sur
la table du salon.
Sur le tas trône
un faire-part, je reconnais sans peine l’élégante enveloppe
ourlée de noir. Vraisemblablement, un patient décédé. La famille
me l’a adressé à mon domicile, quel manque d’élégance !
En revanche, il n’y a pas de nom dactylographié sur la lettre…elle
a du être glissée telle que dans ma boîte.
Je la mets de
côté, je ne vais pas commencer par les mauvaises nouvelles, encore
que perdre un patient…dans mon métier…
Je parcours
rapidement les magazines, quelques revues médicales que je mets de
côté –non, je ne vais pas commencer tout de suite à bosser–
mes habituelles gazettes financières –ça, c’est important, il
faut que je surveille mes placements financiers– quelques lettres.
Bon, ben, il ne me
reste plus qu’à ouvrir le faire-part :
D’un œil
j’embrasse le court texte :
Mme le Professeur
Chausson et ses enfants ont la douleur de vous faire-part de la
disparition brutale du :
Professeur
Chausson,
Ancien Interne des Hôpitaux de Paris,
Chef de Service à l’hôpital Labrousse,
Professeur
des Universités,
Survenue dans sa
soixante-dixième année.
La famille
s’associe à la douleur de celles des personnes disparues dans le
crash du vol Paris/Zanzanie du 31 juillet dernier, en particulier des
médecins de la dixième édition du congrès Cœur-France-Zanzanie.
Ni fleurs ni
couronnes.