1. Les fiches et les cahiers
J’ai conservé pendant plus de quarante ans un
tout petit classeur rigide pour fiches bristol de petit format. Je le rouvre
aujourd’hui, pour écrire ce texte, et j’y retrouve, sur des fiches quadrillées de
couleur, des définitions de philosophie datant de la classe de terminale, mais
aussi des listes de livres à lire (et que j’ai barrés après les avoir lus), les
titres des fascicules de The Silver
Surfer, Daredevil et Captain Marvel (celui
de Marvel, pas celui de DC) que je possédais dans les années 70, ainsi que la
chronologie des nouvelles publiées par Theodore Sturgeon (un de mes écrivains
préférés) entre 1939 et 1971 et, surtout, les titres des histoires que j’ai
écrites entre 1968 (j’avais 13 ans) et 1972-1973 (année que j’ai passée en
Amérique). Trois fiches bleu pâle énumèrent mes « écrits » (achevés
ou non) : trente nouvelles et six cahiers/journaux. Une fiche blanche reprend
la liste des nouvelles achevées (une vingtaine), dans une calligraphie plus
soignée. Les quatre dernières nouvelles de cette liste, écrites en Amérique,
ont été rédigées en anglais.
De l’étagère sur laquelle j’ai entassé mes cahiers,
j’ai sorti les deux plus anciens : mon premier journal et un cahier
de nouvelles – ou plus exactement un cahier de brouillon dans lequel je travaillais
mes récits. Le cahier dans lequel j’ai recopié au propre les histoires terminées
doit se trouver dans l’un des nombreux cartons qui attendent que j’emménage
dans un appartement provisoirement définitif (ou définitivement provisoire), d’ici
quelques semaines.
Les deux cahiers remontent à 1970. Le cahier
de nouvelles est daté du 1er février (j’allais avoir 15 ans) ;
le journal commence le 10 octobre. Ce sont deux cahiers format standard de
marque Studio, 196 pages, à petits carreaux ; la couverture est ornée de motifs
en forme de trèfle à quatre feuilles (enfin, je crois). Le cahier de nouvelles
est rouge ; le journal est vert. Le cahier de nouvelles est rempli à
moitié – enfin, je devrais dire au quart : je n’ai écrit que sur le recto
des pages de droite (les « belles pages », comme on dit dans
l’édition) ; le journal est plein à craquer : j’ai même écrit sur les
pages de garde.
2. Le cahier rouge
Le cahier de nouvelles porte un nom
(« Arsène ») et un titre (« Histoires de temps »). J’y a trouvé,
inséré entre les pages de garde cartonnées, une feuille détachée d’un autre
cahier, numérotée (« 49 ») à la main au bille rouge. Sur cette
feuille figure un texte écrit au stylo-plume à l’encre bleue, en anglais. Le
titre a été rayé. Même en présentant la page à la lumière de ma lampe de
bureau, je ne distingue pas ce que c’était.
La feuille est couverte de mon écriture de
primadolescent, une écriture ronde mais entièrement inscrite dans les petits
carreaux de la page, comme si j’avais voulu m’imposer une de ces contraintes
oulipiennes (ici, la contrainte du prisonnier) qui proscrivent les lettres à
jambages.
C’est (à première vue) le début d’une nouvelle
dans laquelle un astronaute parle (à un interlocuteur invisible) du monstre (le « sklma ») qui
l’attend de l’autre côté du sas. Je me soupçonne fort d’avoir eu à l’esprit une
histoire dans laquelle on ne sait pas si le narrateur hallucine, ou s’il
raconte une expérience réelle.
« It’s outside. Waiting for me to come out. Waiting
patiently until I pull my nose through the doorstep. When I do it, it will kill
me. Or worse. Gluck me. Now I know you must be wondering about this whole
thing. « What is he talking about ? », you ask.
I’m talking about the Skmla. »
Mon anglais est maladroit mais je l’écris avec
conviction et j’invente même des mots (« Gluck »), comme le fait
Lewis Padgett dans « Tout smouales étaient les borogoves »
(traduction de Boris Vian, tout de même…) .Lorsque j’ai écrit cette page, je
passais tous mes étés depuis l’âge de onze ans à Londres avec mon frère. Notre
père voulait que nous parlions l’anglais couramment. Dès le troisième été, nous
avions lâché le groupe (les visites étaient toujours les mêmes) et nous prenions
seuls bus à impériale et métro pour aller et venir en ville. J’allais au
cinéma, j’achetais des comic-books et
des livres de poche. Apprendre l’anglais ainsi, c’était le bonheur.
Il est très singulier que je tombe sur cette
page aujourd’hui, pour raconter « l’enfance » de ma relation à
l’écriture. Singulier, mais signifiant : depuis longtemps j’ambitionne
d’écrire de la fiction en anglais. Ce début de nouvelle est la preuve que
l’idée m’en est venue longtemps avant de partir en Amérique, et encore plus
longtemps avant d’être publié.
La première page du cahier rouge porte un
avertissement. Je le cite in extenso.
« Ce cahier, ainsi que ceux que j’ai remplis
auparavant, contient des histoires de mon invention. Je n’avais, lorsque je les
ai rédigées aucunement l’intention de les publier un jour.
Je ne changerai sans doute pas d’avis.
J’espère que ceux entre les mains de qui ces histoires
tomberont respecteront ma décision et ne feront que les lire pour leur
satisfaction et leur divertissement personnel.
Merci. Bonne chance.
Marc Zaffran
1er février 1970 »
Il y a quelque chose de joyeusement ambigu
dans cette déclaration. Je pense déjà à la publication, mais je subodore que
les textes en question n’ont pas les qualités requises. Et pourtant, je crois
qu’ils peuvent se révéler agréables à lire.
La première histoire du cahier rouge s’intitule
« Mille ans après ». Ce n’est pas un récit de mon invention mais la
« nouvellisation » de « A Thousand Years Later », un récit en
six ou sept pages signé Stan Lee et dessiné par Steve Ditko. Après l’avoir lu
dans un recueil de comic-books rapporté d’Angleterre, j’avais éprouvé le désir
de le récrire. J’avais bien conscience de commettre un acte prohibé (reprendre
l’histoire d’un autre), mais ça ne m’a pas arrêté. Il s’agissait, avant tout, de
m’entraîner à écrire.
C’est l’histoire d’un jeune chercheur qui
découvre un sérum de longévité, le teste sur lui-même et ne vieillit plus. Dans
l’histoire de Lee et Ditko, on sait tout de suite ce que le jeune savant vient
de découvrir. Dans ma version, l’histoire est découpée en « entrées »
datées comme dans un journal, mais écrites à la troisième personne. Je ne commence
à révéler le secret d’« Adam Newman » (le savant) qu’à la 4e
entrée, ce qui indique mon goût déjà prononcé pour la mise en suspens. Autre subtilité
de construction : le « secret » (la découverte du sérum de
longévité, la présentation à la communauté scientifique, la décision de le tester
sur lui-même) alterne, en « flash-back », avec les scènes qui se déroulent
mille ans plus tard : les humains décident d’abandonner la vieille Terre pour
aller coloniser d’autres planètes ; l’effet du sérum s’est estompé, Adam
s’est remis à vieillir ; il regarde les fusées décoller sans pouvoir se
résoudre à partir.
Comme beaucoup d’écrivants en herbe, j’avais
du mal à clore mes récits, je craignais de m’essouffler et je me rassurais en
les découpant en sections courtes, plus « faciles » à boucler que de
longs chapitres : dans ce cas particulier, un « chapitre »
par page. Dix-sept ans plus tard, lorsque j’ai entrepris d’écrire mon premier
roman, j’ai procédé de la même manière, par l’écriture de chapitres très courts
– une manière, en somme, de me donner des objectifs réalistes et d’avancer pas
à pas.
Même si je n’ai pas la version finale sous les
yeux, je sais que j’ai achevé « Mille ans après » et l’ai recopiée
dans un autre cahier. La fin est assez prévisible, mais à l’époque (j’avais
treize ou quatorze ans), elle me transportait : Adam Newman décide de rester
sur Terre et se résout à y mourir seul. Lorsque le dernier vaisseau s’envole,
il découvre qu’une autre personne est restée : une jeune femme qui, bien
entendu, se nomme Eve.
Le deuxième texte du cahier s’intitule
« Eternalis ». Il n’occupe qu’une page, et cette ébauche est rayée
sans pour autant avoir été rendue illisible. C’est l’histoire d’un dieu qui
observe les humains sans intervenir… Du moins, jusqu’à la vingt-cinquième
ligne, qui est aussi la fin du texte.
La page suivante, pour une fois, porte des
indications au verso. Une phrase :
Plan : Guerre atomique. Un homme
s’échappe. Il se congèle.
Suivie par un schéma circulaire comportant les
mots « Trajet suivi », « Futur »,
« Présent », des chiffres (1 à 4) et des flèches en pointillés.
Ce schéma manifeste un intérêt déjà marqué
pour le thème du voyage dans le temps. A quinze ans, j’ai déjà lu et je lis
encore beaucoup de romans et de nouvelles de science-fiction; j’ai dévoré les
épisodes de La Quatrième Dimension/The
Twilight Zone que la Radiodiffusion Télévision Française a bien voulu
diffuser, et j’écoute religieusement « Le Théâtre de l’Etrange », le
dimanche soir sur France 1, la future France Inter.
Le troisième texte s’intitule « La Terre
d’après ». De toute évidence, il ne s’agit pas d’un seul texte, mais de
trois (ou quatre ?) amorces.Les trois-paragraphes-plus-une-ligne inscrits sur
la page sont eux aussi rayés de plusieurs traits de plume, mais restent tout à
fait lisibles. Je ne raye pas parce que je n’aime pas, je raye parce que ce n’est pas ça. Mais je ne détruis pas.
Conserver les ébauches, c’est garder la trace des idées et du travail.
Magnus, comme d’habitude, faisait sa culture physique, assis
sur un gros bloc de glace, il se concentrait afin d’atteindre la puissance -1.
Au bout de quelques secondes, il s’éleva de 4 centimètres au-dessus du sol puis
retomba après quelques secondes. Il répéta cet exercice d’auto-télékinésie
élémentaire 40 fois, puis resta au repos, dans la position du lotus.
Comme chaque matin, Magnus faisait sa culture psychique.
Assis en tailleurs au sommet d’un bloc de glace, il se concentrait. Lorsqu’il
eut atteint la puissance +2,9, son corps tout entier s’éleva verticalement à 5
centimètres au-dessus de la surface glacée. Il conserva cette position pendant
6 secondes puis redescendit.
Magnus recommença l’exercice une quarantaine de fois, en demeurant en l’air une seconde de plus chaque fois. Lorsque les 45 secondes furent atteintes, il s’immobilisa définitivement sur son séant et se déconcentra aussi précautionneusement que possible…
Magnus recommença l’exercice une quarantaine de fois, en demeurant en l’air une seconde de plus chaque fois. Lorsque les 45 secondes furent atteintes, il s’immobilisa définitivement sur son séant et se déconcentra aussi précautionneusement que possible…
Sous lui s’étendait la banquise, froide, blanche, en
apparence infinie. Son corps lui disait qu’il faisait – 93° mais Magnus
n’était, en tout et pour tout, vêtu que d’un short un tricot fin, à manches
courtes. Il était assis sur un bloc de glace cubique un cube de glace de
6 mètres de côté à l’intérieur duquel il vivait. Les murs, les meubles, le lit
étaient de glace ; mais il ne savait pas ce qu’était le froid. Il avait
conscience des variations de température mais n’en souffrait pas du tout. Sa
physiologie était immunisée contre ce genre de tracas… Enfin, entre autres
choses !
L’homme était assis en tailleur au sommet d’un
iceberg, »
Lorsqu’on m’interroge aujourd’hui, je déclare
volontiers m’intéresser moins à la forme qu’à la narration et m’efforcer
d’abord de raconter une histoire, avant de travailler le « style ».
Or, cette page suggère que très tôt, j’ai travaillé simultanément l’un et
l’autre, en toute innocence.
Les quatre pages suivantes du cahier viennent
confirmer cette analyse : elles portent plusieurs états successifs du
début d’une autre nouvelle, sans titre, dont les deux protagonistes - Dornier,
pilote d’un petit avion et… Blind, un médecin aveugle (!) – partent ensemble
secourir un blessé dans un territoire rendu inaccessible par une inondation. C’est
la première apparition d’un médecin dans un de mes textes, je crois.
Le texte rédigé (et rayé, lui aussi) sur les
deux pages qui suivent s’intitule « Western ». Sous un soleil
écrasant, un cowboy manchot (!) nommé Hart vient annoncer à une jeune femme
aveugle (!) nommée Belinda, que leur ami « Dan » a été assassiné par
les hommes d’un bandit nommé Stalver. Hart a décidé d’aller venger Dan, ce qui,
bien sûr, inquiète beaucoup Belinda, qui lui fait promettre de revenir et de
l’épouser…
Cette note romantique n’est ni fortuite ni
anecdotique. Dans un grand nombre de mes récits d’adolescent, le personnage
principal est en quête d’amour. Des quatre nouvelles écrites en Amérique, à
l’âge de 18 ans, deux sont des récits de SF (la première est une histoire
de paradoxe temporel ; la seconde, un conte de Halloween inspiré par un
personnage de Peanuts, anticipe de
près de dix ans l’argument de E.T. de
Spielberg). Les deux autres tournent autour d’une histoire d’amour, l’une réaliste
(un adolescent se sacrifie pour sauver son amie enceinte de lui), l’autre
fantastique (un poète libère une sylphide de la colonne dans lequel un dieu l’a
enfermée). Et à la fin du Cahier rouge, sous les mots « Idées de
récits », j’ai écrit :
« Histoire d’un couple qui passe au travers d’une
rupture
temporelle »
Dans tous ces textes, je m’efforce, par essais
successifs, de mettre au service de fantasmes personnels encore mal identifiés
les procédés de narration empruntés à mes lectures de l’époque. Déjà, je sens
que pour écrire, il faut non seulement beaucoup lire, mais utiliser ce que
d’autres ont fait auparavant. Les musiciens, les dessinateurs, les danseurs en
formation ne se forment pas autrement.
Ce mélange d’imitation et d’appropriation,
personne ne me l’a soufflé. Je n’y ai pas réfléchi, je m’y suis engagé
intuitivement. « It felt right. »
Ce n’est pas du plagiat (il ne me viendrait pas à l’idée de faire passer mes
imitations pour des idées originales), c’est de l’entraînement. Je teste des formes,
mais aussi des genres : le western et le récit d’aventures ne me vont pas,
je les abandonne vite. Mes histoires de prédilection sont l’énigme et le
paradoxe temporel – autrement dit, les récits-puzzles, les constructions qui
mènent le lecteur par le bout du nez jusqu’à une fin inéluctable qu’il n’a pas
vue venir. Sur les fiches bleues, je mentionne d’ailleurs clairement mon
intention d’écrire un pastiche de Mission :
Impossible, dont les scénarios sophistiqués me fascinent déjà. Les
mouvements d’horlogerie narratifs me ravissent.
L’histoire suivante élaborée dans le Cahier
rouge illustre clairement ce goût. Le titre est rayé mais encore lisible :
« Le condamné ». Les différents états, essais, erreurs, débuts et
développements occupent vingt pages. Ce sera (sous le titre
« Paradoxe ou Le condamné ») l’une de mes toutes
premières nouvelles achevées – et la première qui ne fut pas inspirée par une
lecture préalable. C’est une histoire de voyage dans le temps, ou plutôt de
boucle temporelle. C’est aussi une histoire de vengeance : dans une sorte
de « convoi de l’espace », un homme apparaît dans l’un des vaisseaux,
kidnappe un enfant et s’échappe avec lui dans la navette de secours tandis que
le vaisseau explose, tuant le père du garçon. Dans la navette, l’homme raconte
à l’enfant leur histoire à tous deux : il est le garçon devenu adulte. Après
avoir vengé son père (l’explosion était un sabotage), il a voyagé dans le passé
pour se porter secours à lui-même et permettre à la vengeance de s’accomplir.
Il y a quelque chose de sinistre dans cette
histoire qui commence par la mort du père, se poursuit par le meurtre vengeur
de l’assassin, oncle du héros. (Avais-je déjà lu ou entendu parler de Hamlet à l’époque ?) et finit par
la mort d’un adulte transmettant sa mission à une version plus jeune de
lui-même. Elle est bourrée d’invraisemblances (Pourquoi le héros ne choisit-il
pas de retourner dans le passé pour éviter l’explosion ?) mais la
construction du paradoxe temporel tient debout. Une fois encore, elle alterne
les points de vue narratifs, pour maintenir le lecteur dans l’expectative. A ce
moment-là, le lecteur pour qui j’écris, c’est le lecteur que je suis quand je
n’écris pas. Aujourd’hui, j’écris pour d’autres que moi, mais ce « lecteur
omniscient » est toujours présent, à l’arrière-plan, lorsque je construis mes
romans. Il est exigeant, a horreur de s’ennuyer et n’est jamais aussi heureux
que lorsqu’une histoire se lance dans une figure impossible et, contre toute
attente, retombe sur ses pieds.
3. Le cahier vert
Dès l’adolescence, j’ai commencé à tenir un
journal, écrit à tour de bras des lettres à mes amis et commis deux longs
textes autobiographiques. L’un d’eux racontait un voyage scolaire en Angleterre
sous la forme d’une épopée ; un autre était une lettre-fiction adressée à l’adolescente
américaine dont j’étais tombé amoureux pendant mon année dans le Minnesota. A
partir de 1977, après quelques années de pause au début de mes études de
médecine, je me suis remis à tenir un journal. Je l’ai fait de manière
quasi-ininterrompue, d’abord sur des cahiers puis, de 1995 à 2005, sur
ordinateur.
Le Cahier vert est mon premier journal papier.
Il couvre une année entière, d’octobre 1970 à octobre 1971. J’ai quinze ans, je
me destine déjà à reprendre le flambeau paternel, et à devenir médecin. Je
ressens ce « destin » de manière ambivalente car la souffrance
des autres m’est difficile à tolérer. Mon père a la carrure d’un dur de cinéma
(pensez à Charles Vanel et Edward G. Robinson). Je suis sentimental et rêveur,
j’ai peur des confrontations et de la violence. Je me sens démuni. Est-ce que
je ferai le poids ?
Les méandres émotionnels du Cahier vert traduisent
ces incertitudes, mais j’y exprime autre chose. Aux pages 66 à 69, dans un
« texte d’intention » rédigé en écho au « J’accuse » de
Zola, je relève les phrases suivantes :
« Je refuse de reconnaître que la force, la haine et la
mort sont les seuls moteurs de ce monde.
Je refuse de croire que quiconque est autorisé à juger
quiconque.
Je refuse de croire qu’un jour la machine puisse remplacer
complètement l’homme.
Je refuse de croire que la Terre va à sa perte.
Je refuse de me laisser faire par quiconque agit
gratuitement, au nom d’idées reçues, et sans aucune considération pour
l’existence et les droits d’autrui…
Je refuse de croire que l’amour est une chose si compliquée
qu’on se l’imagine.
Je refuse d’agir comme un mouton parce que c’est
« mieux » et qu’ « il ne faut pas être marge pour ne pas
s’attirer d’ennuis. »
Je refuse de me taire. »
Et ça me rappelle que, lorsque je lui ai
annoncé la publication de mon premier roman, ma mère m’a demandé, avec quelque
inquiétude, s’il s’agissait d’une version personnelle de Vipère au poing. J’ai éclaté de rire. Ce n’était pas un règlement
de compte avec ma famille, ça parlait de mon activité médicale.
Une fois rassurée, elle m’a dit qu’elle
n’était pas étonnée.
« Tu étais tout le temps plongé dans tes
livres ou tes cahiers. Et après tes études, tu as travaillé dans une revue en
plus d’exercer la médecine. Alors, mon fils, si tu es devenu écrivain, c’est
parce que c’était écrit. »
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