Il m'en reste la sensation d'être celle qui vit ce que vit l'héroïne (pour une narratrice qui se drogue, être l'héroïne est assez logique).
J'ai dix ans et demi, je suis sur mon lit, c'est l'après-midi et je lis Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée. Je pense que c'est ma copine Babeth, qui est en quatrième qui m'a prêté ce livre.
J'ai le sentiment que je ne suis pas assez âgée pour lire ces pages, que je commets quelque chose d'interdit, mais je suis fascinée par ce récit.
Ma mère m'appelle, je la rejoins à la cuisine et je me sens coupable d'avoir fumé du haschich, d'avoir menti, de mettre en danger ma santé (c'est encore le début du livre, c'est pas aussi trash que la suite).
Je sais pourtant que j'étais seulement en train de lire, mais je me sens enfermée dans les pages, intégrée à la narration.
C'est la première fois que j'éprouve ça. J'en suis très mal à l'aise et en même temps heureuse de pouvoir vivre ces expériences sans m'exposer vraiment.
Ce qui m'en reste est simultanément très physique (je peux à nouveau me sentir dans le même état à trente ans d'écart) et très distancié puisque je sais maintenant que j'ai expérimenté quelque chose d'universel et essentiel pour tout lecteur.
Depuis maintes et maintes fois vécue, la puissance de cette lecture particulière me revient très distinctement.
Marie
argh, je me rends compte en le lisant ce matin que le livre était "l'herbe bleue" et pas "moi Chiristiane F."...
RépondreSupprimerAh, c'est beau, de se tromper, ça montre bien que les souvenirs comptent plus que la réalité ! Et que la littérature, donc...
RépondreSupprimer:-)
Et franchement, confondre "Moi, Christiane F" et "L'herbe bleue" c'est tout de même plus logique que confondre "Les fleurs bleues" et "L'herbe rouge"...
marrant ça, j'ai eu "l'herbe rouge" dans les mains cet après-midi!
RépondreSupprimersinon, c'est ce que je me suis dit en constatant mon erreur, ce qui m'en reste est la sensation, pas le texte lui-même...
"Moi, Christiane F." est l'adaptation du roman au cinéma. Le film, réalisé par Uli Edel en 1981, a été un succès et je pense a fait vendre le roman "L'herbe bleue". Ce qui est intéressant à soulever, il y avait un débat spontané entre les jeunes ados à l'époque, sur le rapport littérature et cinéma.
RépondreSupprimeryounes
rhô, merci Younès pour ces précisions.
RépondreSupprimerje crois que je vais le relire et tenter de trouver comment voir le film.
J'ai lu ado "l'herbe bleue" puis "moi Christiane F". Dans mon souvenir, le premier est le journal d'une jeune fille (très romancé, d'après le père d'une copine d'alors). Le second tient plus du documentaire, car plusieurs personnes dont Christiane, prenaient la parole. Mes parents étaient plutôt inquiets de me voir intéressée par le sujet ...
RépondreSupprimer@Christina: j'ai hésité avec Marcel Pagnol pour ce "livre de mon enfance", qui m'en avait mis plein la tête au CE1: j'habite dans le sud de la France et je trouvais fascinant que quelqu'un me décrive "mes" garrigues... mais c'est ce jour, ce livre, ce choc carrément physique qui m'ont paru correspondre le mieux au sujet. Lire m'a happée totalement, dès que j'ai su le faire. (et merci pour le comm')
RépondreSupprimer@ Céline: les livres étaient dans toutes les pièces de la maison, en particulier aux toilettes (!) chez moi, donc j'ai eu entre les mains d'autres lectures "inquiétantes" parfois, sans que mes parents s'en rendent vraiment compte...
J'ai découvert ces livres (et d'autres, comme Basketball Diaries, ou Flash) adulte, quand ma fille était adolescente, et les dévorait comme... comme un junky se drogue, en fait. C'était le moyen qu'elle avait trouvé pour "lutter contre la tentation". Visiblement, ça a marché.
RépondreSupprimerAu sujet de Christiane F. en particulier : il est très réaliste, selon un garçon que je pourrais comparer à une Christiane au masculin.