J'ai eu un abonnement Compuserve dès 1995, je
correspondais avec des lecteurs et des auditeurs de France Inter dès 2002, et
j'ai animé un site internet (Winckler's Webzine) dès 2003.
Aujourd'hui, j'anime aussi un blog littéraire
(Cavalier des touches) et un blog sur l'éthique du soin (L'école des
soignants). J'ai deux pages Facebook (Marc Zaffran et Martin Winckler) et je
participe activement à deux autres. Je reçois entre 20 et 30 messages par jour,
et je réponds à la plupart. Autant dire que je ne suis pas un internaute
débutant. J'aime l'internet, la liberté de parole qu'il nous donne, les
informations diverses auxquelles il nous permet d'accéder, les échanges qu'il
facilite.
Depuis l'automne 2013, j'ai aussi un compte
Twitter. Ces jours-ci, j'y ai eu quelques échanges (escarmouches)
difficiles, ce qui m'a incité à réfléchir à ce que j'y fais, à ce que j'y aime ou
pas.
C'est une sorte de poème en vers de 140
caractères ou moins.
J’aime, je n'aime pas : cela n'a aucune importance pour personne; cela, apparemment, n'a pas de sens. Et pourtant tout cela veut dire : mon corps n'est pas le même que le vôtre. – Roland Barthes par Roland Barthes. ("Ecrivains de toujours" - Seuil)
* * *
(Note : Les commentaires en italiques ont été ajoutées le 14 novembre 2018)
(Note : Les commentaires en italiques ont été ajoutées le 14 novembre 2018)
J'aime recevoir les tweets d'articles
intéressants, et décider d'aller les lire. Ou non. Et rêver que je les lirai
plus tard.
Je n'aime pas recevoir un tweet accompagné de la
mention "sponsorisé".
J'aime voir se mélanger tweets en anglais et
tweets en français.
Je n'aime pas les tweets dans lesquels quelqu'un
raconte sa vie sous les yeux de tous. J'ai l'impression d'être voyeur. (J'ai changé : je lis à présent avec attention tous les threads qui racontent une expérience de vie et j'en relaie beaucoup.)
J'aime les tweets dans lesquels il y a la photo
d'un truc incroyable à déguster, et la recette.
(Mais j'en vois beaucoup moins aujourd'hui...)
(Mais j'en vois beaucoup moins aujourd'hui...)
Je n'aime pas les échanges incompréhensibles
lorsque, n'étant l'abonné que d'un des interlocuteurs, je n'en vois que la
moitié. Ou moins.
J'aime tenter de dire "l'essentiel" en
140 caractères. Echouer. Recommencer. Tâtonner pour faire plus court. Y arriver
parfois. Sourire.
(Et je suis heureux qu'on soit passés à 240. C'est une meilleure longueur pour moi.)
(Et je suis heureux qu'on soit passés à 240. C'est une meilleure longueur pour moi.)
Je n'aime pas voir les interlocuteurs
s'accumuler et ne plus trop savoir à qui je réponds, à la fin.
J'aime voir un tweet se "déplier" sur
un texte, une photo, une vidéo. Comme une faille dans le continuum.
Je n'aime pas beaucoup les tweets-en-série et
pas trop les conversations à plusieurs car je n'arrive pas à les suivre.
J'aime les aphorismes, la longueur d'un tweet
est parfaite pour ça et je ne me prive pas d'en faire quand ça me prend. Toute
honte bue.
Comme tout le monde, je n'aime pas recevoir des
tweets agressifs. Et parfois je me perds en conjectures : agressif ou pas,
çui-là ?
(Mais j'ai changé d'attitude. Je ne présume plus. Je demande. Ca simplifie souvent les choses.)
(Mais j'ai changé d'attitude. Je ne présume plus. Je demande. Ca simplifie souvent les choses.)
Comme tout le monde, j'aime voir que le nombre
des abonnés à mes tweet augmente.
Je n'aime pas que Twitter me "suggère"
en colonne de droite les comptes auxquels je devrais m'abonner. De quoi j'me
mêle ?
J'aime découvrir un nouveau compte parce
qu'une des personnes que je suis l'a retwitté. Celles et eux que je suis
m'ouvrent au monde.
Je n'aime pas qu'on retwitte le milieu d'un de
mes tweets-en-série. Alors j'évite d'en faire. Mais parfois, la tentation est
trop grande.
(Ca reste vrai ; je préfère écrire un article de blog.)
(Ca reste vrai ; je préfère écrire un article de blog.)
J'aime signaler les articles que j'ai écrits et
ceux que j'ai aimés à beaucoup de personnes à la fois. Et voir que ça fait
boule de neige.
1/2 Je n'aime pas qu'on expédie lapidairement un
de mes articles via Twitter au lieu d'y répondre là où il est publié.
2/2 Car j'ai le sentiment que c'est une manière
méprisante de réagir à ce que j'ai pris le temps et la peine d'écrire.
(Je pense aussi que c'est un signe d'énervement et de paresse de la part de l'interlocuteur. Et je n'y prête le plus souvent aucune attention. Ca économise de l'énergie.)
(Je pense aussi que c'est un signe d'énervement et de paresse de la part de l'interlocuteur. Et je n'y prête le plus souvent aucune attention. Ca économise de l'énergie.)
J'aime commencer ma journée en consultant mes
boîtes courriel, puis mes pages FB, puis mon compte twitter. (L'ordre a change : courriel, Twitter, et FB - beaucoup moins souvent qu'en 2015.)
Je n'aime pas avoir Twitter et FB sur mon
téléphone, alors ils n'y sont pas. (FB n'y est toujours pas, Twitter y est et je le consulte souvent.)
J'aime voir que sur l'onglet
"accueil", les tweets tombent comme des gouttes de pluie.
Je n'aime pas voir mon pseudo dans le même tweet
que celui de twitteurs que je ne toucherais pas avec des pincettes. (Mais ça arrive de plus en plus rarement.)
1/2 J'écris pour partager. J'aime qu'on prenne
le temps de m'interpeller par tweet mais je n'aime pas qu'on m'insulte, qu'on
m'accuse d'être obtus…
2/2… qu'on ne me laisse pas
m'expliquer, ou qu'on me traite de malhonnête. Quand quelqu'un le fait, je le
bloque. Ça me repose.
J'aime qu'on me demande par tweet si on peut
m'envoyer un MP.
Je n'aime pas qu'on me demande des conseils
médicaux par tweet. J'ai le sentiment de voir quelqu'un se déshabiller. (Mais je réponds volontiers quand on m'interroge par MP.)
J'aime voir s'empiler pêle-mêle des tweets de
revues, de journaux, de blogs, d'agences, d'acteurs, d'écrivains, de soignants,
d'inconnus.
1/3 Je n'aime pas "débattre" sur
twitter. Dans mon esprit, débattre, c'est échanger des arguments : prendre le
temps de lire ou d'écouter
2/3 et prendre celui de répondre. Répondre en 140
caractères à des textes de plusieurs pages, ce n'est pas débattre.
3/3 Mais ce n'est que mon opinion, non une
parole d'évangile. Libre à vous de twitter le contraire. Ou d'en
débattre.
J'aime voir apparaître les tweets de quelqu'un
(ou de quelque chose) que je croyais disparu (e) ou que j'avais oublié(e).
Je n'aime pas ne plus voir les tweets d'un
correspondant que j'aime suivre.
J'aime aller consulter le profil d'un twitteur
ou d'une twitteuse inconnu.e. Et décider de le/la suivre. Ou pas. En toute
subjectivité.
Je n'aime pas les profils qui ne disent pas
grand-chose. Et ça me fait penser que je devrais aller balayer devant ma porte.
J'aime les tweets cachés de mes correspondants
secrets.
Je n'aime pas qu'on prenne mes raccourcis
("Calmos" pour "Calmons-nous tous") pour de la
condescendance ("Calmos" pour "Ta gueule"). (Et je n'écris plus "Calmos".)
J'aime ne pas aller sur Twitter.
Je n'aime pas recevoir des messages de Twitter sur ma boîte courriel. Alors je n'en reçois pas.
J'aime donner mon adresse courriel via message
personnel, parce que j'ai toujours aimé les correspondances.
Je n'aime pas passer deux heures sur Twitter.
Mais j'aime y passer deux heures parce que je ne suis pas un robot.
1/7 J'aime croire qu'on me lit parce qu'on a
envie de me lire, en toute liberté – puisque personne n'y est obligé.
2/7 Je n'aime pas découvrir que
certain.e.s me lisent et se sentent blessé.e.s par mes mots comme si je les
avais visé.e.s.
3/7 J'aime qu'on prenne mes tweets (mes posts,
mes articles, mes livres) pour des opinions, et rien de plus.
4/7 Je n'aime pas qu'on prenne mes tweets (mes
posts, mes articles, mes livres) pour des ukases ou des paroles d'évangile.
5/7 J'aime la liberté que me donnent Twitter, FB,
l'internet en général, d'écrire ce que je veux, de dire ce que je pense, à qui
veut lire.
6/7 Je n'aime pas qu'on me reproche
d'écrire "pour exercer un pouvoir". Les puissants n'ont pas besoin
d'écrire.
7/7 Ecrire aide à lutter contre le mensonge,
l'arbitraire, le silence, les conventions – tout ce qui sert le pouvoir.
J'aime revenir sur ce que j'ai écrit et posté il
y a trois heures, mois ou années. La pensée est faite pour vivre, pas pour être
gravée.
Celui qui
écrit est responsable de ce qu'il écrit. Celui qui lit est responsable de la
manière dont il interprète. Parfois, écrivant et lecteur se croisent sans se toucher dans le tunnel obscur. Parfois, ils arrivent à sentir le souffle de l'autre. Parfois, ils se prennent par la main. – Raphaël Marcoeur.