lundi 18 juillet 2011

Le livre de mon enfance - par Zaouanne (Ex. n° 18)


Souvenir ému...


Il était dans la bibliothèque branlante de ma grande sœur, un meuble qu'elle avait bricolé maladroitement de son peu d'expérience manuelle. Elle l'avait verni pour lui donner un brillant et estomper ses défauts. Pour moi, ces imperfections n'existaient pas, je ne voyais en lui que les trésors précieux qu'il m'offrait, ces mille et une pages de nouveaux univers. J'en avais soif depuis que je savais déchiffrer les entrelacs de lettres. A 7, 8, 9 ans, j'essayais, je feuilletais, mais le déchiffrage était encore laborieux. Toutefois, je ne désespérais pas, je savais que j'allais y arriver.

Du haut de mes 10 ans, je réussis enfin à dompter les mots, le livre était d'Alphonse Daudet, Le petit chose. Quel drôle de titre, cela pouvait tout dire et rien à la fois, mais assez cependant pour intriguer la lectrice en herbe que j'étais. Je commençai ma lecture au pied du lit de ma sœur. Les pages passaient lentement mais sûrement ; j étais fière d'avoir enfin pénétré dans cette bibliothèque, aussi heureuse que Neil Armstrong le jour où il a posé son pied sur la Lune. J'ose avouer que je ne comprenais pas tout, mais j'insistai. J'entrais dans un nouveau monde, celui de la lecture, duquel je ne suis plus jamais sortie. J'ai gardé de ce livre un souvenir ému.



Un quart de siècle plus tard, Le petit chose a de nouveau croisé mon chemin. Les souvenirs d'enfant sont souvent brouillons et déformés, mélange d'évènements rêvés et réels. Ceux de ce livre ne correspondaient que peu à la réalité. D'un personnage que je pensais malchanceux dans la vie et que je plaignais, je me rends compte que ce n'était qu'un être teinté d'un profond égoïsme. Après une brève pointe de déception de m'être trompée, ce livre est toutefois resté et restera le symbole de mon entrée dans le monde si vaste et splendide de la lecture. 

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