Je me souviens d’un pays, d’une ville, d’un quartier, d’une rue, d’un appartement, d’une fenêtre donnant sur un grand terrain vague.
Je me souviens de ma mère, de ma grand-mère, de mon arrière grand-mère, et toutes ces aïeules que je n’ai pas connues.
Je me souviens d’une cour, d’une école, des salles de classe, des pupitres, et, nous, élèves croyant avoir l’éternité devant nous.
Je ne me souviens pas avoir désiré que toutes ces choses arrivent, la mort, la violence, l’affrontement, la fuite, la négation, la destruction, la terreur, le dégoût, le rejet, l’horreur, l’angoisse, l’échec, l’enfer.
Je me souviens de lui, de sa silhouette, de ses cheveux, de ses yeux, de sa voix, de ses cheveux, de ses fesses, mais je l’ai oublié.
Je me souviens d’un autre pays, d’une autre ville, d’un autre quartier, d’une autre rue, d’un autre appartement, d’une autre fenêtre donnant sur un jardin qui n’était pas le mien.
Je me souviens d’un substitut de père, d’y avoir cherché une autre famille, une autre généalogie, d’autres aïeux.
Je me souviens de ce caveau, de ces tables, de ces tapis, de ces jetons, de ces cartes, de la couleur de l’aveugle, de la douleur du travail.
Je me souviens de toi, me parlant, me touchant, me désirant, m’embrassant, m’en voulant, me détestant, je ne te connais plus.
Je me souviens de ma joie, d’avoir voulu la retenir, l’enfermer, la garder, l’emprisonner, la conserver, la mettre en cage pour qu’elle ne s’échappe plus.
Je me souviens de tout ce qu’on m’a omis, caché, tu, occulté, menti, dissimulé, masqué, pas dit.
Je me souviens de cette vie qui n’est pas la mienne.
idem : votre avant dernière phrase:
RépondreSupprimerJe n'oublierai pas et je ne pardonnerai pas.
Quine