Un jour, j'ai déjeuné avec Bernard Werber. Nous avions tous les deux été invités à un débat par une des animatrices du magazine Muze, l'écrivaine Stéphanie Janicot. Je confie à BW que l'un de mes fils, 17 ou 18 ans à l'époque, dévore ses livres les uns après les autres. BW me répond drôlement : "C'est vrai ? Quand je pense que j'ai tant de mal à les faire lire au mien !"
J'ai bien compris sa frustration, mais je me suis rendu compte que je n'avais jamais écrit pour faire lire mes bouquins à mes enfants. Bien sûr, j'ai écrit des contes pour enfants dont certains que j'ai enregistrés sur CD et ils étaient presque toujours inspirés par eux, mais en dehors de ça, et des bouquins sur les super-héros ou les séries (auxquels certains des plus grands ont d'ailleurs collaboré), et dont je pensais qu'ils jetteraient un oeil dessus plus par intérêt pour les séries que pour ma prose, je n'ai jamais spécialement attendu que mes enfants lisent mes livres.
Pourtant, au fil des années, l'un ou l'autre des plus grands ont lu La Maladie de Sachs, Les Trois Médecins, certains romans policiers (le "Poulpe", en particulier), la "Trilogie Twain". D'un point de vue général, comme un auteur reçoit un certain nombre d'exemplaires d'auteur (une vingtaine, le plus souvent), il y a toujours un exemplaire pour chacun de mes enfants. Mais quand j'ai commencé à publier je leur ai toujours dit que je leur donnais un exemplaire de mes livres pour qu'ils l'aient, mais qu'ils ne devaient jamais se sentir obligés de les lire. Que ces livres, je les écrivais pour gagner ma vie et les élever (entre autres), pas pour qu'ils se sentent obligés de les lire. Mon seul souhait c'est que dans vingt ou trente ans, ou après ma mort (oui j'ai l'intention de tenir encore trente ans), l'un de mes enfants ou l'un des leurs s'ils en ont, en feuilletant l'un de mes bouquins, se dise "Eh, c'était pas déshonorant, ce qu'il écrivait, le vieux..."
L'un de mes plus jeunes fils me demande systématiquement un exemplaire signé depuis qu'il est tout petit, même s'il ne le lit pas, pour en avoir un à lui. Un jour, il a voulu lire Le Numéro 7 et s'y est préparé en regardant tout la série Le Prisonnier (en hommage de laquelle LN7 a été écrit). Après avoir terminé la série et le roman, il m'a dit : "Mais, dis-donc, tu ne t'es pas inspiré d'un roman de SF que tu m'as fait lire, Terminus les étoiles ?" et je lui ai dit qu'il y avait effectivement des ressemblances, tout simplement parce que le NUméro 7 et The Stars My Destination (titre original de Terminus... - et j'en profite pour dire que le titre français est, pour une fois, tout simplement génial) puisent à la même inspiration, à savoir... Le Comte de Monte-Cristo de l'increvable Alexandre Dumas père.
J'étais heureux qu'il me fasse ce commentaire, et qu'il voit la filiation entre les romans, la série et mon propre bouquin, afin qu'il sache que mon inspiration ne vient pas du néant, mais de mes propres lectures.
Plusieurs de mes enfants ont lu Légendes et Plumes d'Ange, il me semble, ne serait-ce que parce que ça leur a apporté des éclairages sur ma famille et ma vie passée, et je pense que les plus jeunes, un jour, les liront peut-être. En tout cas, je suis heureux de les avoir écrits pour qu'ils puissent un jour avoir accès à des souvenirs, des informations, des réflexions qui me paraissent importantes, même si je ne suis plus là pour les leur confier de vive voix. (Tiens, voilà encore une très bonne raison d'écrire, même si on n'est pas assuré d'être publié : laisser les histoires qu'on n'a pas pu passer directement.)
Tout récemment, deux de mes fils ont lu Le Choeur des femmes.
L'un d'eux, qui a vingt ans, m'a dit que ça lui avait plu "même si ce n'est pas le genre de livre qu'il lit d'habitude" (il lit plutôt de la SF et de l'Heroïc Fantasy). Mais il l'a lu spontanément et manifestement, ça ne l'a pas ennuyé.
L'autre, qui a six ans de plus, m'a appelé hier soir après m'avoir envoyé un message enthousiaste pour me dire quel plaisir il avait pris à le lire. Ce qu'il y avait de plus merveilleux dans ce qu'il me disait, c'est qu'il avait vu toutes les allusions, toutes les ficelles, et que précisément, c'est ce qu'il avait adoré - y compris la fin "rocambolesque" : "Eh bien heureusement qu'elle est rocambolesque, c'est ça que j'aime, justement, que ça bouge, que ça remue, que ce soit émouvant !" (Enfin, il n'a pas dit ça comme ça, mais c'est ce que ça voulait dire.)
Il m'a dit aussi que c'était un livre plus optimiste que les précédents, et je lui ai dit que j'étais d'accord, et que d'ailleurs, si on lit mes "romans médicaux" dans l'ordre de parution, ils vont du plus noir (La Vacation) au plus optimiste (Le CDF). La fin du CDF n'est pas seulement optimiste, elle est "on the upbeat" comme on dit en anglais - euphorique. ("Libérée", a dit MPJ quand je lui ai rapporté la conversation.)
Ca m'a touché, évidemment, que l'aîné de mes fils (qui paraît-il me ressemble physiquement beaucoup...) aime ce livre encore plus que les précédents.
Et ça m'a fait plaisir de penser qu'à mesure que j'avance, mes livres sont de plus en plus euphoriques et libérés.
Dans le message qui a précédé son appel, mon fils m'a demandé "C'est quand la nomination pour le Fémina ?" Je lui ai répondu que les listes de prix littéraires étaient closes et que le livre n'avait figuré sur aucune, ce qui n'a rien d'inhabituel : Les Trois Médecins est le seul de mes romans qui ait figuré, très brièvement, sur une liste des prix de l'automne, la première sélection du Fémina, en 2004.
Mais j'ai ajouté que je n'ai pas de quoi me plaindre, puisque le livre est lu et que son enthousiasme, en plus des messages que je continue à recevoir tous les jours de lectrices et d'un nombre croissant de lecteurs du CDF, vaut tous les prix littéraires.
Bon, je le répète, je n'écris pas pour mes enfants (et parfois je rougis d'embarrassement à l'idée que mes enfants lisent certaines scènes ou certaines phrases de mes livres). Mais quand l'un d'eux me dit qu'il a aimé l'un de mes bouquins, pourquoi cacher que j'en suis très fier ?
samedi 31 octobre 2009
Je me souviens (5) - par Zelapin
Tout d’abord, je me souviens que wikipédia m’a bien aidée sur ce coup-là, en 2009, me fournissant plein d’explications sur ces souvenirs de Georges Perec et l’inspirateur de cette forme (Joe Brainard «I remember »).
1 Je me souviens qu’en 1969, il est survenu au moins deux évènements majeurs, dont l’un a plus particulièrement affecté la vie jusqu’alors paisible de mon frère.
2/ Je me souviens avoir été vieille et avoir pleuré tous les soirs pendant deux mois, à la maison de retraite, quand la veilleuse était passée. En plus, j’aimais pas son parfum.
3/ Je me souviens avoir pensé qu’il était trop tôt pour te perdre, toi mon père, que je n’étais pas prête, alors que je ne suis plus mais plus du tout une enfant. C’était en mai 2007, quand cet interne aux urgences a parlé d’une énorme masse en face post du pancréas.
4/ Je me souviens avoir aimé la version de L.P., chirurgien viscéral, quand il a préféré t’envoyer au CHU pour qu’on puisse éventuellement emboliser cette « durite », qui n’avait rien d’une tumeur. J’ai aimé ce changement de diagnostic, j’ai aimé ne pas en avoir voulu à l’interne, je me suis trouvée terrible dans ma généreuse mansuétude. C’est pas souvent.
5/ Je me souviens des émissions de télé animalières qu’on regardait avec P. (mon frère), dont on imitait certains protagonistes. Ah, la danse nuptiale de la grue bleue du Nil (cherchez pas…) à 6 et 11 ans, en pyjama dans le salon…
6/ Je me souviens quand à sept ans j’étais Michel Sardou, que je rentrais sur scène et que les projecteurs m’éblouissaient. Juste après ça, je n’étais plus lui. Je voulais la sensation, pas le vécu.
(je me souviens de la mort de Claude François, que je n’aimais pas, le jour de la kermesse sur le terrain de sport)
7/ Je me souviens de la détresse de cette petite fille qui ne s’était pas vue grandir et qui avait écrit une lettre à cet andouille de G.B.. Il s’était fait choper par sœur J., qui en a fait tout un pataquès. La détresse est venue après, quand elle a été considérée comme une pestiférée et que la confiance s’en est allée. Elle s’est mise à vouloir correspondre à sa nouvelle image de trainée, sans réel succès malgré les coups foireux. Les sœurs lui ont adressé un courrier stupide dans l’été, disant qu’elles avaient prié pour qu’elle ne devienne pas péripatéticienne. Ca a marché, elle ne l’est toujours pas ! L’année d’après, en sixième, elle n’était plus l’extra-terrestre, d’autres qu’elle étaient réglées, d’autres qu’elle mesuraient plus d’un mètre cinquante.
8/ Je me souviens de Buenos-Aires et de cette première manche gagnée. Je me souviens de P.B. sur le bateau-comité, visiblement heureux qu’une petite française qui paie pas de mine s’octroie une première place. Mais peut-être est-ce une pure interprétation. M‘en fous, je m’en souviens.
9/ Je me souviens qu’il m’était pendant longtemps totalement inaccessible l’état d’esprit qui animait ma mère quand elle me proposait la moitié de son dessert « parce-que ça lui faisait plaisir ».
Si je suis honnête, j’avoue que cela m’est encore inaccessible pour au moins deux desserts sur trois (prototype de mère indigne).
10/ Je me souviens du choc à la lecture de Marcel Pagnol en ce1, puis de « L’ herbe bleue » (lu trop tôt, je sortais de là malade, comme si c’était moi qui fumais, j’en venais à éviter le regard de mes parents, de crainte qu’ils ne découvrent quelque chose…que je ne faisais pas). Je sais que c’est à ce moment-là que j’ai pensé que je lirais toujours. A ce jour, à la question « peste ou choléra » qui me demande de choisir entre la paraplégie et la cécité, je réponds paraplégie. Je sais qu’on peut entendre la littérature, mais la percevoir par moi-même, par mes propres sens, c’est essentiel. (fishtail end, pour pas faire trop long !)
1 Je me souviens qu’en 1969, il est survenu au moins deux évènements majeurs, dont l’un a plus particulièrement affecté la vie jusqu’alors paisible de mon frère.
2/ Je me souviens avoir été vieille et avoir pleuré tous les soirs pendant deux mois, à la maison de retraite, quand la veilleuse était passée. En plus, j’aimais pas son parfum.
3/ Je me souviens avoir pensé qu’il était trop tôt pour te perdre, toi mon père, que je n’étais pas prête, alors que je ne suis plus mais plus du tout une enfant. C’était en mai 2007, quand cet interne aux urgences a parlé d’une énorme masse en face post du pancréas.
4/ Je me souviens avoir aimé la version de L.P., chirurgien viscéral, quand il a préféré t’envoyer au CHU pour qu’on puisse éventuellement emboliser cette « durite », qui n’avait rien d’une tumeur. J’ai aimé ce changement de diagnostic, j’ai aimé ne pas en avoir voulu à l’interne, je me suis trouvée terrible dans ma généreuse mansuétude. C’est pas souvent.
5/ Je me souviens des émissions de télé animalières qu’on regardait avec P. (mon frère), dont on imitait certains protagonistes. Ah, la danse nuptiale de la grue bleue du Nil (cherchez pas…) à 6 et 11 ans, en pyjama dans le salon…
6/ Je me souviens quand à sept ans j’étais Michel Sardou, que je rentrais sur scène et que les projecteurs m’éblouissaient. Juste après ça, je n’étais plus lui. Je voulais la sensation, pas le vécu.
(je me souviens de la mort de Claude François, que je n’aimais pas, le jour de la kermesse sur le terrain de sport)
7/ Je me souviens de la détresse de cette petite fille qui ne s’était pas vue grandir et qui avait écrit une lettre à cet andouille de G.B.. Il s’était fait choper par sœur J., qui en a fait tout un pataquès. La détresse est venue après, quand elle a été considérée comme une pestiférée et que la confiance s’en est allée. Elle s’est mise à vouloir correspondre à sa nouvelle image de trainée, sans réel succès malgré les coups foireux. Les sœurs lui ont adressé un courrier stupide dans l’été, disant qu’elles avaient prié pour qu’elle ne devienne pas péripatéticienne. Ca a marché, elle ne l’est toujours pas ! L’année d’après, en sixième, elle n’était plus l’extra-terrestre, d’autres qu’elle étaient réglées, d’autres qu’elle mesuraient plus d’un mètre cinquante.
8/ Je me souviens de Buenos-Aires et de cette première manche gagnée. Je me souviens de P.B. sur le bateau-comité, visiblement heureux qu’une petite française qui paie pas de mine s’octroie une première place. Mais peut-être est-ce une pure interprétation. M‘en fous, je m’en souviens.
9/ Je me souviens qu’il m’était pendant longtemps totalement inaccessible l’état d’esprit qui animait ma mère quand elle me proposait la moitié de son dessert « parce-que ça lui faisait plaisir ».
Si je suis honnête, j’avoue que cela m’est encore inaccessible pour au moins deux desserts sur trois (prototype de mère indigne).
10/ Je me souviens du choc à la lecture de Marcel Pagnol en ce1, puis de « L’ herbe bleue » (lu trop tôt, je sortais de là malade, comme si c’était moi qui fumais, j’en venais à éviter le regard de mes parents, de crainte qu’ils ne découvrent quelque chose…que je ne faisais pas). Je sais que c’est à ce moment-là que j’ai pensé que je lirais toujours. A ce jour, à la question « peste ou choléra » qui me demande de choisir entre la paraplégie et la cécité, je réponds paraplégie. Je sais qu’on peut entendre la littérature, mais la percevoir par moi-même, par mes propres sens, c’est essentiel. (fishtail end, pour pas faire trop long !)
Je me souviens (4) - par Hervé K.
- Je me souviens d'un dessin animé que je regardais quand j'avais quatre ans ;
- Je me souviens d'un cartoon aux personnages pas très bien animés dont ma sœur et moi singions la manière de danser en nous tordant de rire;
- Je me souviens d'une cassette de Thriller reçue en cadeau d'anniversaire un Mercredi Matin, avant de partir au basket;
- Je me souviens du duo "The Girl Is Mine", qu'un pote et moi imitions en prenant des voix exagérément suaves;
- Je me souviens du vidéoclip de Bad et de cette image où Michael se passe la main (habillée d'une mitaine) sur la bouche, avec une tronche pas possible envoyant le message "ne me faites pas chier";
- Je me souviens d'un téléfilm en plusieurs parties sur la famille Jackson qui était passé pendant des vacances de Noël;
- Je me souviens avoir lu au supermarché la bande dessinée adaptée de ce téléfilm;
- Je me souviens d'un épisode de "Arnold et Willy" (ou "Ricky La Belle Vie", je ne suis plus sûr) avec Michael en guest star. Mais peut être était ce un sosie;
- Je me souviens de ma sœur qui fait un stage de danse animé par Nadir, un des danseurs du vidéoclip de "Bad";
- Je me souviens des questions que je me posais sur le sens des paroles de "Dirty Diana";
- Je me souviens de la voix de femme au début de "Liberian Girl" que ma sœur répétait en boucle jusqu'à me rendre dingue;
- Je me souviens de la chanson "Bad" dont j'écoutais l'introduction en boucle, juste parce qu'elle était particulièrement efficace;
- Je me souviens à quel point Michael Jackson m'a fait faire des choses en boucle et des imitations;
- Je me souviens que le réalisateur de "Bad" est Martin Scorsese, un de mes réalisateurs préféré;
- Je me souviens d'avoir manqué l'épisode de Cold Case utilisant "Man In The Mirror";
- Je me souviens de ce collègue qui faisait avec moi des concours de Moon Walk et de levés de mollets à la "Beat It".
- Je me souviens de Michel Jacques Sonne, le président du fan club de Michaël Jackson, dans "Nulle Part Ailleurs".
- Je me souviens à quel point je faisais chier mes voisins de résidence universitaire en écoutant ... en boucle ... "ABC" et "I Want You Back"
- Je me souviens avoir, lors d'un mariage, participé à une Soul Train line sur une chanson des Jackson Five, mais je ne me rappelle plus laquelle.
- Je me souviens avoir prêté attention sur le tard à "The Love You Save" et décidé que c'était ma chanson favorite des Jackson Five.
- Je me souviens d'un cartoon aux personnages pas très bien animés dont ma sœur et moi singions la manière de danser en nous tordant de rire;
- Je me souviens d'une cassette de Thriller reçue en cadeau d'anniversaire un Mercredi Matin, avant de partir au basket;
- Je me souviens du duo "The Girl Is Mine", qu'un pote et moi imitions en prenant des voix exagérément suaves;
- Je me souviens du vidéoclip de Bad et de cette image où Michael se passe la main (habillée d'une mitaine) sur la bouche, avec une tronche pas possible envoyant le message "ne me faites pas chier";
- Je me souviens d'un téléfilm en plusieurs parties sur la famille Jackson qui était passé pendant des vacances de Noël;
- Je me souviens avoir lu au supermarché la bande dessinée adaptée de ce téléfilm;
- Je me souviens d'un épisode de "Arnold et Willy" (ou "Ricky La Belle Vie", je ne suis plus sûr) avec Michael en guest star. Mais peut être était ce un sosie;
- Je me souviens de ma sœur qui fait un stage de danse animé par Nadir, un des danseurs du vidéoclip de "Bad";
- Je me souviens des questions que je me posais sur le sens des paroles de "Dirty Diana";
- Je me souviens de la voix de femme au début de "Liberian Girl" que ma sœur répétait en boucle jusqu'à me rendre dingue;
- Je me souviens de la chanson "Bad" dont j'écoutais l'introduction en boucle, juste parce qu'elle était particulièrement efficace;
- Je me souviens à quel point Michael Jackson m'a fait faire des choses en boucle et des imitations;
- Je me souviens que le réalisateur de "Bad" est Martin Scorsese, un de mes réalisateurs préféré;
- Je me souviens d'avoir manqué l'épisode de Cold Case utilisant "Man In The Mirror";
- Je me souviens de ce collègue qui faisait avec moi des concours de Moon Walk et de levés de mollets à la "Beat It".
- Je me souviens de Michel Jacques Sonne, le président du fan club de Michaël Jackson, dans "Nulle Part Ailleurs".
- Je me souviens à quel point je faisais chier mes voisins de résidence universitaire en écoutant ... en boucle ... "ABC" et "I Want You Back"
- Je me souviens avoir, lors d'un mariage, participé à une Soul Train line sur une chanson des Jackson Five, mais je ne me rappelle plus laquelle.
- Je me souviens avoir prêté attention sur le tard à "The Love You Save" et décidé que c'était ma chanson favorite des Jackson Five.
vendredi 30 octobre 2009
Je me souviens (3) - par Cacilie Lemoine
Je me souviens de Pollux et du manège enchanté
et puis zut, le reste
Je me souviens de ma première médaille de natation (en bronze), 1977
et puis de mon premier baiser sur la bouche d'un garçon, derrière une porte, 11 printemps...
Je me souviens du carillon qui faisait des siennes à minuit
Des gens que je suivais dans la rue en m'imaginant que devant moi, une caméra filmait... (12ans)
je me souviens que tout le monde s'en fout !
Je me souviens (2) - par Lambert Lambert
Jour blanc.
Je me souviens de la couleur de mon premier vélo : rouge ; et de ta main qui ma guide.
Je me souviens de tes retours le soir à l’heure du diner et de ton vieux Peugeot jaune qui a fait tant de kilomètres. Je n’ai jamais su le conduire.
Je me souviens de la couleur de ta robe de chambre bordeaux dans laquelle je pouvais m’emmitoufler quand j’étais malade. Elle me donnait l’impression d’être un grand seigneur drapé dans un vêtement somptueux.
Je me souviens de l’odeur miellée du tabac brun que tu mettais dans ta pipe.
Je me souviens de la couleur terne de l’ennui des fins de semaine devant le poste de télévision et des après-midi à regarder des vieux westerns à tes côtés.
Je me souviens de la couleur de la jalousie quand tu caressais notre chienne qui partageait le canapé avec nous.
Je me souviens du vert du terrain de football où j’allais te chercher dans les gradins le dimanche matin quand le poulet était cuit.
Je me souviens de t’avoir trouve beau dans ton costume gris quand je t’ai dit adieu.
Je me souviens de ta présence, tu me manques, mes larmes coulent transparentes.
Nuit noire.
Je me souviens de la couleur de mon premier vélo : rouge ; et de ta main qui ma guide.
Je me souviens de tes retours le soir à l’heure du diner et de ton vieux Peugeot jaune qui a fait tant de kilomètres. Je n’ai jamais su le conduire.
Je me souviens de la couleur de ta robe de chambre bordeaux dans laquelle je pouvais m’emmitoufler quand j’étais malade. Elle me donnait l’impression d’être un grand seigneur drapé dans un vêtement somptueux.
Je me souviens de l’odeur miellée du tabac brun que tu mettais dans ta pipe.
Je me souviens de la couleur terne de l’ennui des fins de semaine devant le poste de télévision et des après-midi à regarder des vieux westerns à tes côtés.
Je me souviens de la couleur de la jalousie quand tu caressais notre chienne qui partageait le canapé avec nous.
Je me souviens du vert du terrain de football où j’allais te chercher dans les gradins le dimanche matin quand le poulet était cuit.
Je me souviens de t’avoir trouve beau dans ton costume gris quand je t’ai dit adieu.
Je me souviens de ta présence, tu me manques, mes larmes coulent transparentes.
Nuit noire.
jeudi 29 octobre 2009
Veuillez nous excuser de cette interruption de l'image et du texte
RIen de grave, mais j'ai eu beaucoup de boulot et je suis parti quelques jours de chez moi, voilà pourquoi je n'ai pas écrit ces jours-ci.
Je serai de retour très bientôt.
En attendant, les passagers du blog sont eux/elles aussi invités à parler de l'écriture, sous forme de texte à publier, même "hors exercices" !
A vous lire !
Martin
Et c'est Emmanuelle (dans le commentaire ci-après) qui nous donne l'exercice de la semaine, spontanément. Il est simple... enfin, pas si simple que ça, finalement.
Forme ? Libre
Longueur ? Variable
Remise ? Quand on veut, sans date limite
Merci, Emmanuelle.
Je serai de retour très bientôt.
En attendant, les passagers du blog sont eux/elles aussi invités à parler de l'écriture, sous forme de texte à publier, même "hors exercices" !
A vous lire !
Martin
Et c'est Emmanuelle (dans le commentaire ci-après) qui nous donne l'exercice de la semaine, spontanément. Il est simple... enfin, pas si simple que ça, finalement.
Forme ? Libre
Longueur ? Variable
Remise ? Quand on veut, sans date limite
Merci, Emmanuelle.
mercredi 21 octobre 2009
Du "courage de s'exprimer"
Hier, à Radio-Canada, où j'étais de nouveau invité à m'exprimer sur la grippe A/H1N1 et la vaccination (je vous rassure tout de suite, je ne vous assommerai pas avec ça ici, je ne prononcerai même plus son nom, c'est juste pour resituer le contexte), la journaliste me demandait si m'exposer ainsi - à dire tout haut ce que d'autres pensent tout bas - ça ne demandait pas un certain "courage".
Je ne sais plus ce que j'ai répondu, je crois que j'ai répondu à côté, alors ça me donne l'occasion de revenir là-dessus.
Je ne crois pas être quelqu'un de particulièrement audacieux. Je traverse le plus souvent "dans les clous", je ne fais pas de sport extrême, je n'aime même pas les films d'horreur (j'ai horreur qu'on me fasse peur), et j'ai fermé les yeux pendant les trois quarts de Alien, ce qui fait bien rire mes enfants.
Je suis comme tout le monde, j'ai des crises d'angoisse de temps à autre, surtout quand je suis fatigué et/ou abattu mais je ne passe pas mon temps à me faire peur avec les catastrophes les plus invraisemblables. Et lorsque j'ai pris une assurance pour l'appartement que je venais de louer à Montréal, j'ai éclaté de rire, au téléphone, quand l'agente qui remplissait mon questionnaire m'a demandé si je voulais souscrire à l'option séisme. (Si, si, je vous jure...)
Je pense donc que je ne suis ni plus peureux ni plus brave qu'un autre, alors ça me surprend toujours qu'on me parle de mon "courage".
C'est tout relatif, le courage. Si j'avais été un journaliste algérien il y a quinze ou vingt ans, à l'époque où la moindre critique du pouvoir valait de se retrouver égorgé dans un coin sombre, alors oui, parler aurait été du courage.
Mais en France ou au Québec, en 2009, parler de la (je vous avais dit que je ne prononcerais plus son nom) à la radio ou à la télé, je ne vois pas bien quel courage cela demande.
Sinon qu'il est effectivement singulier de s'élever contre les discours dominants de toute nature. On peut craindre d'y laisser des plumes, d'être viré d'une radio ou d'une équipe d'enseignants de fac, par exemple.
La parade (quand c'est possible), c'est de dépendre le moins possible des autres. J'ai eu la chance de ne jamais dépendre d'un seul employeur, car j'ai toujours eu plusieurs boulots à la fois ; bien avant de gagner une indépendance supplémentaire grâce à mes livres.
Et avant ça, à peine arrivé en fac de médecine, j'ai farouchement revendiqué le droit de prendre la parole contre les gens ou les choses qui m'énervaient : le concours abject, le bizuthage, les profs sexistes, les étudiants soumis, les politiciens tordus (je sais, je sais, c'est un pléonasme...), les patrons autoritaires, et j'en passe.
(Maintenant que j'y pense, à l'adolescence, j'avais écrit des textes révoltés inspirés par le "J'accuse" de Zola... Donc, ça ne date pas de la fac...)
Ecrire ne me demandait (et ne me demande) aucun courage. Ecrire, c'était la manière la plus simple de canaliser la colère. C'était un exutoire, c'est devenu un outil. Et c'est l'écrit qui m'a, paradoxalement, donné une légitimité suffisante pour qu'on me demande, aujourd'hui, de parler.
Je sais que parler (et par "parler", je veux dire critiquer, dénoncer, prendre parti, bref : s'engager), c'est risqué. Surtout quand on ne fait pas, objectivement, partie de l'élite auto-proclamée à qui tout est permis...
Je sais aussi que ça n'est pas donné à tout le monde de prendre ce type de risque, et qu'il faut bénéficier de circonstances favorables. Mais je pense sincèrement que, parmi les "hors-élite", ceux à qui cette occasion est donnée se doivent de la saisir, pour eux et pour les autres.
Car la vie, c'est risqué. Et un écrivain "engagé" qui ne prend pas de risque, ce n'est pas un écrivain vivant.
(Post-scriptum, quelques heures plus tard)
J'ajouterai que prendre la parole en tant que médecin, pour remettre les pendules à l'heure, pour donner de la clarté à ce qui reste dans le flou, pour écarter les fantasmes et éviter les peurs inutiles, ça va de soi, à mes yeux. Un médecin détient un savoir, mais ce savoir ne lui appartient pas. Il a l'obligation morale de le partager. Et quand ce savoir lui permet de critiquer les discours "univoques" des institutions, politiques ou autres, son obligation morale n'en est que plus urgente.
Car celui qui connaît la vérité et se tait est, sinon un criminel, du moins complice de ceux qui veulent maintenir le silence.
Je ne sais plus ce que j'ai répondu, je crois que j'ai répondu à côté, alors ça me donne l'occasion de revenir là-dessus.
Je ne crois pas être quelqu'un de particulièrement audacieux. Je traverse le plus souvent "dans les clous", je ne fais pas de sport extrême, je n'aime même pas les films d'horreur (j'ai horreur qu'on me fasse peur), et j'ai fermé les yeux pendant les trois quarts de Alien, ce qui fait bien rire mes enfants.
Je suis comme tout le monde, j'ai des crises d'angoisse de temps à autre, surtout quand je suis fatigué et/ou abattu mais je ne passe pas mon temps à me faire peur avec les catastrophes les plus invraisemblables. Et lorsque j'ai pris une assurance pour l'appartement que je venais de louer à Montréal, j'ai éclaté de rire, au téléphone, quand l'agente qui remplissait mon questionnaire m'a demandé si je voulais souscrire à l'option séisme. (Si, si, je vous jure...)
Je pense donc que je ne suis ni plus peureux ni plus brave qu'un autre, alors ça me surprend toujours qu'on me parle de mon "courage".
C'est tout relatif, le courage. Si j'avais été un journaliste algérien il y a quinze ou vingt ans, à l'époque où la moindre critique du pouvoir valait de se retrouver égorgé dans un coin sombre, alors oui, parler aurait été du courage.
Mais en France ou au Québec, en 2009, parler de la (je vous avais dit que je ne prononcerais plus son nom) à la radio ou à la télé, je ne vois pas bien quel courage cela demande.
Sinon qu'il est effectivement singulier de s'élever contre les discours dominants de toute nature. On peut craindre d'y laisser des plumes, d'être viré d'une radio ou d'une équipe d'enseignants de fac, par exemple.
La parade (quand c'est possible), c'est de dépendre le moins possible des autres. J'ai eu la chance de ne jamais dépendre d'un seul employeur, car j'ai toujours eu plusieurs boulots à la fois ; bien avant de gagner une indépendance supplémentaire grâce à mes livres.
Et avant ça, à peine arrivé en fac de médecine, j'ai farouchement revendiqué le droit de prendre la parole contre les gens ou les choses qui m'énervaient : le concours abject, le bizuthage, les profs sexistes, les étudiants soumis, les politiciens tordus (je sais, je sais, c'est un pléonasme...), les patrons autoritaires, et j'en passe.
(Maintenant que j'y pense, à l'adolescence, j'avais écrit des textes révoltés inspirés par le "J'accuse" de Zola... Donc, ça ne date pas de la fac...)
Ecrire ne me demandait (et ne me demande) aucun courage. Ecrire, c'était la manière la plus simple de canaliser la colère. C'était un exutoire, c'est devenu un outil. Et c'est l'écrit qui m'a, paradoxalement, donné une légitimité suffisante pour qu'on me demande, aujourd'hui, de parler.
Je sais que parler (et par "parler", je veux dire critiquer, dénoncer, prendre parti, bref : s'engager), c'est risqué. Surtout quand on ne fait pas, objectivement, partie de l'élite auto-proclamée à qui tout est permis...
Je sais aussi que ça n'est pas donné à tout le monde de prendre ce type de risque, et qu'il faut bénéficier de circonstances favorables. Mais je pense sincèrement que, parmi les "hors-élite", ceux à qui cette occasion est donnée se doivent de la saisir, pour eux et pour les autres.
Car la vie, c'est risqué. Et un écrivain "engagé" qui ne prend pas de risque, ce n'est pas un écrivain vivant.
(Post-scriptum, quelques heures plus tard)
J'ajouterai que prendre la parole en tant que médecin, pour remettre les pendules à l'heure, pour donner de la clarté à ce qui reste dans le flou, pour écarter les fantasmes et éviter les peurs inutiles, ça va de soi, à mes yeux. Un médecin détient un savoir, mais ce savoir ne lui appartient pas. Il a l'obligation morale de le partager. Et quand ce savoir lui permet de critiquer les discours "univoques" des institutions, politiques ou autres, son obligation morale n'en est que plus urgente.
Car celui qui connaît la vérité et se tait est, sinon un criminel, du moins complice de ceux qui veulent maintenir le silence.
lundi 19 octobre 2009
Vous m'en lirez tant et "Elle"
Pendant les journées écoulées, alors que j'ai été surtout sollicité pour parler de la grippe, aussi bien à la télévision ("Tout le monde en parle", sur Radio Canada le dimanche soir) qu'à la radio (anglophone et francophone), il y a eu deux bons moments pour "Le Choeur des femmes".
D'abord l'émission dominicale "Vous m'en lirez tant" le 18 octobre, au cours de laquelle Lorraine Pintal m'a parlé du CDF avec beaucoup de chaleur et d'intelligence. (Vous pourrez entendre l'entretien au début de la 2e partie de l'émission, audible en ligne).
Ensuite un article paru dans "Elle" France, la même semaine, et que vous pouvez lire sur cette page de mon Webzine.
J'aime tout particulièrement la légende qui accompagne les photos, et qui renvoie à une partie de l'article particulièrement gratifiante : Olivia de Lamberterie souligne que, malgré le sujet "médical" du livre, je n'ai pas "oublié que je suis un écrivain".
Merci Madamae
Bref, pas de quoi se plaindre, meme si je suis un peu faché de ne pas pouvoir écrire beaucoup ici ces jours-ci.
A suivre...
D'abord l'émission dominicale "Vous m'en lirez tant" le 18 octobre, au cours de laquelle Lorraine Pintal m'a parlé du CDF avec beaucoup de chaleur et d'intelligence. (Vous pourrez entendre l'entretien au début de la 2e partie de l'émission, audible en ligne).
Ensuite un article paru dans "Elle" France, la même semaine, et que vous pouvez lire sur cette page de mon Webzine.
J'aime tout particulièrement la légende qui accompagne les photos, et qui renvoie à une partie de l'article particulièrement gratifiante : Olivia de Lamberterie souligne que, malgré le sujet "médical" du livre, je n'ai pas "oublié que je suis un écrivain".
Merci Madamae
Bref, pas de quoi se plaindre, meme si je suis un peu faché de ne pas pouvoir écrire beaucoup ici ces jours-ci.
A suivre...
vendredi 16 octobre 2009
Crime Parfait - par Thierry V. (Exercice n°4, dernier envoi)
Rapport de Police
Officier au rapport : Lieutenant GOBBOLA, Guiseppe
Transmission officielle du dossier Morgendorffer Daria, née le 23/06/1983 à Chicago (Etats-Unis), de nationalité franco-américaine, dans le cadre de son arrestation pour acte terroriste contre le cortège officiel du G8 le 22/11/2009.
FAITS :
L’itinéraire du cortège officiel démarre à 10 h 30 de l’Arc de Triomphe en direction du Palais de l’Elysée. A 10 h 43, sur la portion de l’avenue entre le Rond-point des Champs-Élysées et la Place de la Concorde, sont accrochés aux arbres, en bordure de route, 58 mannequins en plastiques, mâles et femelles, provenant sans doute de magasins de vêtements. Les mannequins sont accrochés aux arbres par une corde nouée autour du cou. Leurs bras droits sont inclinés vers le haut. Une pancarte blanche, d’1 x 1 m., est accrochée sur chaque mannequin, et des slogans contestataires y sont inscrits en lettres noires. Faute de déviation possible, le cortège a dû maintenir l’itinéraire prévu.
A 10 h 50, à proximité de la place de la concorde, mademoiselle Morgendorffer est interpellée en possession de trois de ces pancartes, où sont écrit « Obéissez », « Reproduisez-vous » et « Regardez la télévision ». Elle affirme aux policiers présents qu’elle vient de les ramasser à l’entrée de la station de métro Concorde. « Bah, elles sont plutôt cool », affirme t-elle devant témoins. La fouille de son sac à dos permet aux policiers de procéder à son arrestation. Il est retrouvé en sa possession : un marqueur noir, un livre de Bertol Brecht, un baladeur MP3 contenant des albums d’un groupuscule nommé Sonic Youth, un coffret DVD d’une série « Curb your enthusiasm », un téléphone portable, un sachet de M&M’s entamé et un parapluie de marque inconnue.
ANALYSE :
Une analyse des objets appartenant à la suspecte a été menée par l’expert psychiatre docteur Mabuse Friedrich. Le rapport détaillé de ce dernier (voir annexes) fait mention des traits de caractères suivants : déni de l’autorité, chaos moral, misanthropie fluctuante, délires paranoïaques enfantins, moralité politique confuse et prédilection pour un type peu courant de morbidité.
La suspecte n’a pas dû accrocher ces 58 mannequins seule et a très probablement bénéficiée de complicités. Les quatre contacts enregistrés sur son téléphone portable ont tous été interrogés (voir annexes) et ont des alibis solides. Maître Alamo Gisèle, belle-mère de la suspecte, a offert ses services à sa belle-fille. Mené en présence de son avocat, l’interrogatoire de la suspecte (voir annexes) n’a pu apporter les preuves nécessaires à son inculpation et à sa mise en détention provisoire. Les pièces discriminatoires apportées au dossier par Maître Alamo sont nombreuses. Nous nous permettons cependant d’émettre de forts soupçons quand à la préparation de ce dossier, un peu trop préparé.
La mise en détention provisoire de Mademoiselle Morgendorffer a été refusée par le Juge Messer, et sa mise en liberté provisoire ordonnée.
SUIVI :
Selon un nouvel examen des faits et de nouvelles preuves trouvées au domicile de la suspecte, Mademoiselle Morgendorffer est soupçonnée d’être le leader de l’organisation anarcho-clandestine, organisatrice du sabotage susmentionné, ainsi que de probables opérations de déstabilisation de l’état. Le dossier est dorénavant transmit à l’inspecteur Flint de la Direction de la Surveillance du Territoire.
Fait ce jour, jeudi 24 novembre 2009, à Paris.
Lieutenant GOBBOLA, Guiseppe.
Officier au rapport : Lieutenant GOBBOLA, Guiseppe
Transmission officielle du dossier Morgendorffer Daria, née le 23/06/1983 à Chicago (Etats-Unis), de nationalité franco-américaine, dans le cadre de son arrestation pour acte terroriste contre le cortège officiel du G8 le 22/11/2009.
FAITS :
L’itinéraire du cortège officiel démarre à 10 h 30 de l’Arc de Triomphe en direction du Palais de l’Elysée. A 10 h 43, sur la portion de l’avenue entre le Rond-point des Champs-Élysées et la Place de la Concorde, sont accrochés aux arbres, en bordure de route, 58 mannequins en plastiques, mâles et femelles, provenant sans doute de magasins de vêtements. Les mannequins sont accrochés aux arbres par une corde nouée autour du cou. Leurs bras droits sont inclinés vers le haut. Une pancarte blanche, d’1 x 1 m., est accrochée sur chaque mannequin, et des slogans contestataires y sont inscrits en lettres noires. Faute de déviation possible, le cortège a dû maintenir l’itinéraire prévu.
A 10 h 50, à proximité de la place de la concorde, mademoiselle Morgendorffer est interpellée en possession de trois de ces pancartes, où sont écrit « Obéissez », « Reproduisez-vous » et « Regardez la télévision ». Elle affirme aux policiers présents qu’elle vient de les ramasser à l’entrée de la station de métro Concorde. « Bah, elles sont plutôt cool », affirme t-elle devant témoins. La fouille de son sac à dos permet aux policiers de procéder à son arrestation. Il est retrouvé en sa possession : un marqueur noir, un livre de Bertol Brecht, un baladeur MP3 contenant des albums d’un groupuscule nommé Sonic Youth, un coffret DVD d’une série « Curb your enthusiasm », un téléphone portable, un sachet de M&M’s entamé et un parapluie de marque inconnue.
ANALYSE :
Une analyse des objets appartenant à la suspecte a été menée par l’expert psychiatre docteur Mabuse Friedrich. Le rapport détaillé de ce dernier (voir annexes) fait mention des traits de caractères suivants : déni de l’autorité, chaos moral, misanthropie fluctuante, délires paranoïaques enfantins, moralité politique confuse et prédilection pour un type peu courant de morbidité.
La suspecte n’a pas dû accrocher ces 58 mannequins seule et a très probablement bénéficiée de complicités. Les quatre contacts enregistrés sur son téléphone portable ont tous été interrogés (voir annexes) et ont des alibis solides. Maître Alamo Gisèle, belle-mère de la suspecte, a offert ses services à sa belle-fille. Mené en présence de son avocat, l’interrogatoire de la suspecte (voir annexes) n’a pu apporter les preuves nécessaires à son inculpation et à sa mise en détention provisoire. Les pièces discriminatoires apportées au dossier par Maître Alamo sont nombreuses. Nous nous permettons cependant d’émettre de forts soupçons quand à la préparation de ce dossier, un peu trop préparé.
La mise en détention provisoire de Mademoiselle Morgendorffer a été refusée par le Juge Messer, et sa mise en liberté provisoire ordonnée.
SUIVI :
Selon un nouvel examen des faits et de nouvelles preuves trouvées au domicile de la suspecte, Mademoiselle Morgendorffer est soupçonnée d’être le leader de l’organisation anarcho-clandestine, organisatrice du sabotage susmentionné, ainsi que de probables opérations de déstabilisation de l’état. Le dossier est dorénavant transmit à l’inspecteur Flint de la Direction de la Surveillance du Territoire.
Fait ce jour, jeudi 24 novembre 2009, à Paris.
Lieutenant GOBBOLA, Guiseppe.
jeudi 15 octobre 2009
Crime Parfait - par Brigitte François (Exercice N°4)
Notes personnelles préalables à rédaction de rapport.
Nom : Mona Délie – 17 ans
Mensurations : 1,72m, 85 cm là où il faut, et le reste à l’avenant. Canon, quoi.
Trouvée le 12 septembre dans les poubelles de l’école d’art Graron ; sculpture et modelage. Le corps nu recouvert d’éclats de marbre et de fragments de terre séchée est « tombé » dans la benne au moment du ramassage. Eboueurs choqués… et émoustillés !
M. D décédée suite à coup porté au foie, qui a provoqué hémorragie interne. Aucune empreinte sur le corps.
Graron, sculpteur de renommée mondiale - cote très élevée – venait de terminer une statue de nu : M. D était le modèle. Sculpture magnifique. J’ai toujours adoré ce qu’il fait. Pas les moyens d’acheter !
Vêtements de la victime retrouvés dans une poubelle d’une rue parallèle avec sac et portefeuilles. Pas d’empreintes non plus.
Je soupçonne une liaison entre l’artiste connu et la jeune fille.
Mon intime conviction : il l’a tuée.
Mais : zéro preuve. Parents introuvables : faux papiers, fausse identité. Elle ne s’appelait pas Mona… mais quoi ? Pas de personne disparue correspondant à la description. Interpol contacté : rien chez eux non plus.
Graron déclare ne la connaître que depuis deux mois, l’avoir payé généreusement comme modèle.
Il fanfaronne sur le fait de l’avoir rendue immortelle : la statue, elle, restera. Il jure vouloir la garder : il n’oserait pas ‘la vendre après ça’ (sic !).
Immortelle mais parfaitement morte.
Affaire à classer sans suite faute de preuves.
BF
Nom : Mona Délie – 17 ans
Mensurations : 1,72m, 85 cm là où il faut, et le reste à l’avenant. Canon, quoi.
Trouvée le 12 septembre dans les poubelles de l’école d’art Graron ; sculpture et modelage. Le corps nu recouvert d’éclats de marbre et de fragments de terre séchée est « tombé » dans la benne au moment du ramassage. Eboueurs choqués… et émoustillés !
M. D décédée suite à coup porté au foie, qui a provoqué hémorragie interne. Aucune empreinte sur le corps.
Graron, sculpteur de renommée mondiale - cote très élevée – venait de terminer une statue de nu : M. D était le modèle. Sculpture magnifique. J’ai toujours adoré ce qu’il fait. Pas les moyens d’acheter !
Vêtements de la victime retrouvés dans une poubelle d’une rue parallèle avec sac et portefeuilles. Pas d’empreintes non plus.
Je soupçonne une liaison entre l’artiste connu et la jeune fille.
Mon intime conviction : il l’a tuée.
Mais : zéro preuve. Parents introuvables : faux papiers, fausse identité. Elle ne s’appelait pas Mona… mais quoi ? Pas de personne disparue correspondant à la description. Interpol contacté : rien chez eux non plus.
Graron déclare ne la connaître que depuis deux mois, l’avoir payé généreusement comme modèle.
Il fanfaronne sur le fait de l’avoir rendue immortelle : la statue, elle, restera. Il jure vouloir la garder : il n’oserait pas ‘la vendre après ça’ (sic !).
Immortelle mais parfaitement morte.
Affaire à classer sans suite faute de preuves.
BF
mercredi 14 octobre 2009
Crime parfait - par Magali Bouclier (Exercice n°4)
République Française
Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Intérieure Et des Libertés Sociales
Direction Générale de la Police Nationale
Procès Verbal établi le 07 04 2009
Par l’agent de la Paix numéro 200045891 B C 32-4 : Jean Claude Duchêne
Objet : homicide sur la personne de Mme d’Estivelle Marie Ange
Reçu ce jour dans notre commissariat pour interrogatoires contradictoires les sous-nommés :
Mr d’Estivelle Marc
Mr d’Estivelle Richard
Mme d’Estivelle Véronique
(état-civil, adresses en annexe A1)
Extrait de l’interrogatoire Témoin n°1 : D’Estivelle Marc
Age : 40 ans
Professions : médecin
Le témoin déclare avoir retrouvé sa mère étendue inanimée dans la cuisine de la résidence familiale des marques de strangulation autour du cou. Il a tenté de porter les premiers secours à la victime mais ses efforts sont restes vains.
A téléphoné aux services de police immédiatement, est parti à la recherche de Mme d’Estivelle Véronique qu’il a retrouvé prostrée dans la chambre d’amis.
L’a interrogé sur d’éventuels cambrioleurs qui se seraient introduit dans la maison, n’a obtenu que des paroles incohérentes de la part de sa femme.
Elle m’a dit : « j’ai eu sa peau la salope »
Question : votre femme avait elle des problèmes psychologiques ?
Réponse : nous sommes mariés depuis très peu de temps mais je connais ma femme depuis plus d’un an. Elle est d’un caractère sensible et timide, je l’ai rencontré chez des amis communs, elle vient d’un milieu social nettement inférieur au mien et j’avais l’espoir qu’elle trouve une nouvelle famille au sein de la mienne. Il est vrai que ma mère fait heu faisait partie de cette haute bourgeoisie intransigeante sur les origines sociales et très à cheval sur les principes d’éducation. Elles n’ont guère eu le temps de s’apprivoiser l’une l’autre. J’ai senti une réticence de part et d’autre dès la première rencontre mais je pensais que le temps allait faire son œuvre et qu’elles trouveraient toutes les deux des terrains d’entente : ma femme rêvait d’avoir des enfants, ma mère est heu était elle-même mère de quatre enfants… Vous voyez quoi : une complicité maternelle…
Extrait de l’interrogatoire Témoin n°2 : D’Estivelle Richard
Age : 75 ans
Profession : Médecin retraité
Le témoin déclare que quand les faits se sont produits il se trouvait dans le jardin, à l’opposé de la cuisine et qu’il n’a rien remarqué d’anormal. C‘est son fils qui est venu le prévenir de ce qui venait de se passer.
Question : que pensez-vous de votre belle fille ?
Réponse : mon fils nous a présenté sa femme il y a quelques semaines à peine. Autant vous dire qu’aussi bien ma femme que moi n’étions pas d’accord sur cette union. Mais mon fils n’a voulu écouter aucun de nos avis et ce mariage a eu lieu. Ma femme a essayé de faire bonne figure, elle les a reçus avec beaucoup de bienveillance, et à tenter de superviser du mieux qu’elle a pu le jeune ménage. Conseils, idées, elle a souvent durant ces quelques semaines montré la voie à cette jeune femme, nous avons un réseau de connaissances dont elle aurait pu profiter pour essayer de se faire une petite place dans la région. Non elle n’était pas d’ici, une femme du Nord oui , qui ne travaillait pas de surcroit. Pas très brillante, un peu effacée, je ne sais vraiment pas ce que mon fils pouvait lui trouver comme qualités .Ma femme avait quand à elle un certain tempérament, un rien obsessionnelle de l’organisation oui, une vraie femme de médecin elle, ayant élevé quatre enfants oui. Mon ainé est architecte, sa sœur est avocate, mon troisième fils a embrassé la carrière militaire et le dernier est médecin oui comme son père. Nous avons de nombreux petits enfants et un véritable esprit de famille.
J’avoue que je ne comprends pas ce qui a pu déclencher une telle folie.
Extrait de l’interrogatoire Prévenue : Mme D’Estivelle Véronique
Age : 28 ans
Profession : sans
La prévenue déclare avoir étranglé sa belle mère avec un torchon de cuisine.
Question : pourquoi avoir fait cela ?
Réponse : j’ai perdu la tête…
Question : vous n’aviez pas de bons rapports avec votre belle mère ?
Réponse : mon mari est un homme parfait, cultivé, gentil, sérieux, dont l’ordre et l’organisation me rassuraient. Il aime beaucoup ses parents. J’étais très inquiète de les rencontrer et de leur plaire. Je pensais entrer dans une famille qui m’accepterait et m’aiderait à trouver mon chemin. Mais ma belle mère a voulu dès le départ tout décider, tout régenter elle n’a cessé de m’humilier et de me faire sentir nos différences.
Ce matin là elle m’a offert un paquet ravissant avec les mots suivants : « pour les rameaux, toujours quelque chose de nouveau » et quand j’ai ouvert la boite j’ai trouve ce torchon de cuisine. Devant ma surprise elle m’a prise par la main et fait admirer avec quel soin elle avait elle-même brodé les motifs d’un calendrier.
Elle m’a dit : « voilà ma petite, en rouge les dimanches comme vous pouvez le voir, afin que vous n’oubliez pas les déjeuners familiaux que nous donnons toutes les semaines Richard et moi. En bleu les vacances il va de soi que vous les passerez à nos côtés : l’hiver aux Maldives, Février à Gstaad, l’été à Cap d’Ail. En vert les dates anniversaires des membres de la famille, vous le savez nous sommes nombreux : enfants, conjoints, petits enfants.il ne saurait être question de manquer à la tradition. En jaune la semaine de bénévolat que nous effectuons toujours à Lourdes. En violet les jeudi où vous aurez la permission de recevoir vos relations dans le grand salon oui oui le violet et bien vous voyez vous comprenez vite quand vous le voulez finalement vous avez l’air plus gourde que vous ne l’êtes ma chère. Oui j’ai laissé en blanc quelques espaces pour lesquels vous pourrez broder vous-même une occupation qui vous plaît. Le cinéma ha quelle horreur, quel passe temps commun et ordinaire… et là Monsieur l’agent je ne sais pas ce qui m’a pris, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, j’ai attrapé le torchon et j’ai serré serré serré…
Pendant l’interrogatoire de la prévenue, l’agent de la paix Jean Claude Duchêne relève plusieurs fois la tête, dans son angle de vue l’unique fenêtre de son bureau. Elle donne sur le bistro de la place centrale. A l’intérieur, attablés autour d’un café, les docteurs D’Estivelle père et fils se congratulent :
« Tu vois mon fils toujours miser sur les femmes, ces êtres fragiles et manipulables : une enfance malheureuse, une personnalité fragile, une pincée de syndrome pré menstruel, un soupçon d’agressivité hyperthyroïdienne… en fait je n’aurai pas choisi mieux que cette petite Véro pour nous libérer de cette virago acariâtre qui nous a pourri la vie bien trop longtemps »
Ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Intérieure Et des Libertés Sociales
Direction Générale de la Police Nationale
Procès Verbal établi le 07 04 2009
Par l’agent de la Paix numéro 200045891 B C 32-4 : Jean Claude Duchêne
Objet : homicide sur la personne de Mme d’Estivelle Marie Ange
Reçu ce jour dans notre commissariat pour interrogatoires contradictoires les sous-nommés :
Mr d’Estivelle Marc
Mr d’Estivelle Richard
Mme d’Estivelle Véronique
(état-civil, adresses en annexe A1)
Extrait de l’interrogatoire Témoin n°1 : D’Estivelle Marc
Age : 40 ans
Professions : médecin
Le témoin déclare avoir retrouvé sa mère étendue inanimée dans la cuisine de la résidence familiale des marques de strangulation autour du cou. Il a tenté de porter les premiers secours à la victime mais ses efforts sont restes vains.
A téléphoné aux services de police immédiatement, est parti à la recherche de Mme d’Estivelle Véronique qu’il a retrouvé prostrée dans la chambre d’amis.
L’a interrogé sur d’éventuels cambrioleurs qui se seraient introduit dans la maison, n’a obtenu que des paroles incohérentes de la part de sa femme.
Elle m’a dit : « j’ai eu sa peau la salope »
Question : votre femme avait elle des problèmes psychologiques ?
Réponse : nous sommes mariés depuis très peu de temps mais je connais ma femme depuis plus d’un an. Elle est d’un caractère sensible et timide, je l’ai rencontré chez des amis communs, elle vient d’un milieu social nettement inférieur au mien et j’avais l’espoir qu’elle trouve une nouvelle famille au sein de la mienne. Il est vrai que ma mère fait heu faisait partie de cette haute bourgeoisie intransigeante sur les origines sociales et très à cheval sur les principes d’éducation. Elles n’ont guère eu le temps de s’apprivoiser l’une l’autre. J’ai senti une réticence de part et d’autre dès la première rencontre mais je pensais que le temps allait faire son œuvre et qu’elles trouveraient toutes les deux des terrains d’entente : ma femme rêvait d’avoir des enfants, ma mère est heu était elle-même mère de quatre enfants… Vous voyez quoi : une complicité maternelle…
Extrait de l’interrogatoire Témoin n°2 : D’Estivelle Richard
Age : 75 ans
Profession : Médecin retraité
Le témoin déclare que quand les faits se sont produits il se trouvait dans le jardin, à l’opposé de la cuisine et qu’il n’a rien remarqué d’anormal. C‘est son fils qui est venu le prévenir de ce qui venait de se passer.
Question : que pensez-vous de votre belle fille ?
Réponse : mon fils nous a présenté sa femme il y a quelques semaines à peine. Autant vous dire qu’aussi bien ma femme que moi n’étions pas d’accord sur cette union. Mais mon fils n’a voulu écouter aucun de nos avis et ce mariage a eu lieu. Ma femme a essayé de faire bonne figure, elle les a reçus avec beaucoup de bienveillance, et à tenter de superviser du mieux qu’elle a pu le jeune ménage. Conseils, idées, elle a souvent durant ces quelques semaines montré la voie à cette jeune femme, nous avons un réseau de connaissances dont elle aurait pu profiter pour essayer de se faire une petite place dans la région. Non elle n’était pas d’ici, une femme du Nord oui , qui ne travaillait pas de surcroit. Pas très brillante, un peu effacée, je ne sais vraiment pas ce que mon fils pouvait lui trouver comme qualités .Ma femme avait quand à elle un certain tempérament, un rien obsessionnelle de l’organisation oui, une vraie femme de médecin elle, ayant élevé quatre enfants oui. Mon ainé est architecte, sa sœur est avocate, mon troisième fils a embrassé la carrière militaire et le dernier est médecin oui comme son père. Nous avons de nombreux petits enfants et un véritable esprit de famille.
J’avoue que je ne comprends pas ce qui a pu déclencher une telle folie.
Extrait de l’interrogatoire Prévenue : Mme D’Estivelle Véronique
Age : 28 ans
Profession : sans
La prévenue déclare avoir étranglé sa belle mère avec un torchon de cuisine.
Question : pourquoi avoir fait cela ?
Réponse : j’ai perdu la tête…
Question : vous n’aviez pas de bons rapports avec votre belle mère ?
Réponse : mon mari est un homme parfait, cultivé, gentil, sérieux, dont l’ordre et l’organisation me rassuraient. Il aime beaucoup ses parents. J’étais très inquiète de les rencontrer et de leur plaire. Je pensais entrer dans une famille qui m’accepterait et m’aiderait à trouver mon chemin. Mais ma belle mère a voulu dès le départ tout décider, tout régenter elle n’a cessé de m’humilier et de me faire sentir nos différences.
Ce matin là elle m’a offert un paquet ravissant avec les mots suivants : « pour les rameaux, toujours quelque chose de nouveau » et quand j’ai ouvert la boite j’ai trouve ce torchon de cuisine. Devant ma surprise elle m’a prise par la main et fait admirer avec quel soin elle avait elle-même brodé les motifs d’un calendrier.
Elle m’a dit : « voilà ma petite, en rouge les dimanches comme vous pouvez le voir, afin que vous n’oubliez pas les déjeuners familiaux que nous donnons toutes les semaines Richard et moi. En bleu les vacances il va de soi que vous les passerez à nos côtés : l’hiver aux Maldives, Février à Gstaad, l’été à Cap d’Ail. En vert les dates anniversaires des membres de la famille, vous le savez nous sommes nombreux : enfants, conjoints, petits enfants.il ne saurait être question de manquer à la tradition. En jaune la semaine de bénévolat que nous effectuons toujours à Lourdes. En violet les jeudi où vous aurez la permission de recevoir vos relations dans le grand salon oui oui le violet et bien vous voyez vous comprenez vite quand vous le voulez finalement vous avez l’air plus gourde que vous ne l’êtes ma chère. Oui j’ai laissé en blanc quelques espaces pour lesquels vous pourrez broder vous-même une occupation qui vous plaît. Le cinéma ha quelle horreur, quel passe temps commun et ordinaire… et là Monsieur l’agent je ne sais pas ce qui m’a pris, la goutte d’eau qui fait déborder le vase, j’ai attrapé le torchon et j’ai serré serré serré…
Pendant l’interrogatoire de la prévenue, l’agent de la paix Jean Claude Duchêne relève plusieurs fois la tête, dans son angle de vue l’unique fenêtre de son bureau. Elle donne sur le bistro de la place centrale. A l’intérieur, attablés autour d’un café, les docteurs D’Estivelle père et fils se congratulent :
« Tu vois mon fils toujours miser sur les femmes, ces êtres fragiles et manipulables : une enfance malheureuse, une personnalité fragile, une pincée de syndrome pré menstruel, un soupçon d’agressivité hyperthyroïdienne… en fait je n’aurai pas choisi mieux que cette petite Véro pour nous libérer de cette virago acariâtre qui nous a pourri la vie bien trop longtemps »
mardi 13 octobre 2009
Crime parfait - par Zelapin (Exercice N°4)
Je soussigné Albert LETERRIER, officier de police judiciaire, déclare recueillir ce jour le 22022002, à Longuefeuilles (France) la déposition-générique de toutes les jeunes épouses-génériques (et assimilés), plainte valant pour toute forme de relation intime entre adultes consentants, de même sexe ou non, l'un des deux étant le représentant de la jeune épouse.
La jeune épouse générique, parfois à l'unisson du jeune époux générique (et assimilé, si même sexe, l'un des deux le représentant) déclare être la victime de la belle-mère générique, chaque fois que la relation du jeune époux générique à sa mère vient s'immiscer insidieusement et intensément dans ce qu'ils vivent ensemble, causant des dégâts allant de la simple gêne à la rupture définitive.
La déposante allègue la possibilité d'une telle intrusion à une fréquence quotidienne pouvant aller jusqu'à une notion de permanence pour les victimes les plus exposées.
La déposante souhaite voir mentionnée la difficulté de qualification du crime suivant le niveau de conscience de cette intrusion chez les parties en présence; il lui apparaît ainsi difficile d'évaluer le degré de responsabilité des acteurs de la relation ( la déposante va jusqu'à mettre en balance la notion d'intention, indispensable selon elle pour qualifier le crime). Elle nous signale qu'il est complexe dans la plupart des cas de déterminer si les victimes sont uniquement les jeunes épouses, les jeunes époux et/ou les belle-mères et assimilés, mais ne souhaite pas pas se faire le porte-parole de ces dernières (je cite « faut quand même pas déconner, on doit bien en trouver une poignée pour les défendre, mais moi, je suis la générique, pas le cas particulier. »).
Décidément intéressée par le droit, la jeune épouse générique (et assimilés) estime irrecevable la défense de la belle-mère générique qui consiste à culpabiliser les époux (et assimilés) sous prétexte qu'elle aurait fait le cadeau de la vie au jeune époux (je cite encore: « Cadeau? Tu parles, qui peut savoir qui est le cadeau, l'enfant, le parent, la vie? Et cadeau pour qui? Elle le sait, elle, si c'est un cadeau la vie, et si son fils c'est un cadeau? »). Il est même envisagé de réfuter l'argument comme circonstance atténuante, si l'affaire devait être portée au tribunal.
En guise de conclusion de cette déposition , la jeune épouse générique (et assimilés) tient à ce qu'il soit mentionné le fait que « si elle ose franchir le pas en poussant la porte de ce commissariat et en s'asseyant face à moi » (citation), LETERRIER Albert opj de son état, c'est pour qu'enfin peut-être, le crime parfait (« puisque quasi-constant et négligé voire ignoré, parfois volontairement » citation, encore) de toutes les belles-mères génériques soit connu de tous, et pour qu'enfin chacun puisse prendre ses responsabilités et fasse du mieux possible pour réduire au minimum le préjudice subi par la relation intime entre adultes consentants.
Fait à Longuefeuilles, le 22022002.
La jeune épouse générique, parfois à l'unisson du jeune époux générique (et assimilé, si même sexe, l'un des deux le représentant) déclare être la victime de la belle-mère générique, chaque fois que la relation du jeune époux générique à sa mère vient s'immiscer insidieusement et intensément dans ce qu'ils vivent ensemble, causant des dégâts allant de la simple gêne à la rupture définitive.
La déposante allègue la possibilité d'une telle intrusion à une fréquence quotidienne pouvant aller jusqu'à une notion de permanence pour les victimes les plus exposées.
La déposante souhaite voir mentionnée la difficulté de qualification du crime suivant le niveau de conscience de cette intrusion chez les parties en présence; il lui apparaît ainsi difficile d'évaluer le degré de responsabilité des acteurs de la relation ( la déposante va jusqu'à mettre en balance la notion d'intention, indispensable selon elle pour qualifier le crime). Elle nous signale qu'il est complexe dans la plupart des cas de déterminer si les victimes sont uniquement les jeunes épouses, les jeunes époux et/ou les belle-mères et assimilés, mais ne souhaite pas pas se faire le porte-parole de ces dernières (je cite « faut quand même pas déconner, on doit bien en trouver une poignée pour les défendre, mais moi, je suis la générique, pas le cas particulier. »).
Décidément intéressée par le droit, la jeune épouse générique (et assimilés) estime irrecevable la défense de la belle-mère générique qui consiste à culpabiliser les époux (et assimilés) sous prétexte qu'elle aurait fait le cadeau de la vie au jeune époux (je cite encore: « Cadeau? Tu parles, qui peut savoir qui est le cadeau, l'enfant, le parent, la vie? Et cadeau pour qui? Elle le sait, elle, si c'est un cadeau la vie, et si son fils c'est un cadeau? »). Il est même envisagé de réfuter l'argument comme circonstance atténuante, si l'affaire devait être portée au tribunal.
En guise de conclusion de cette déposition , la jeune épouse générique (et assimilés) tient à ce qu'il soit mentionné le fait que « si elle ose franchir le pas en poussant la porte de ce commissariat et en s'asseyant face à moi » (citation), LETERRIER Albert opj de son état, c'est pour qu'enfin peut-être, le crime parfait (« puisque quasi-constant et négligé voire ignoré, parfois volontairement » citation, encore) de toutes les belles-mères génériques soit connu de tous, et pour qu'enfin chacun puisse prendre ses responsabilités et fasse du mieux possible pour réduire au minimum le préjudice subi par la relation intime entre adultes consentants.
Fait à Longuefeuilles, le 22022002.
lundi 12 octobre 2009
Hubert VS Hubert - par Martine Bourguignon (Crime parfait)
OBJET : AFFAIRE HUBERT ET HUBERT
RAPPORT des OPJ MANKELL Sophie et LEPAGE Francis.
Le lundi 14 septembre 2009 à 22h30, nous sommes requis téléphoniquement par un individu désirant garder l’anonymat. Lors d’une visite à un ami il a été le témoin auditif d‘une violente dispute entre les deux occupantes de l’appartement voisin, le 221 b de la Résidence des Mésanges, 15 rue du Grand Marché. Selon cet ami les relations entre Madame Veuve Clémence Hubert et sa belle-fille Agathe se seraient sérieusement dégradées depuis le décès de Charles Henri Hubert le 4 février 2009.
Nous décidons de vérifier derechef les dires de l’individu. Nous arrivons sur site à 22h46. L’endroit est calme. Nous sonnons au 221b. La susnommée Agathe Hubert s’étonne de notre prompte arrivée, ayant appelé le central seulement quelques minutes auparavant pour signaler le décès soudain de sa belle mère pendant la diffusion de Derrick. Force est de constater que Clémence Hubert git sans vie sur un large canapé de cuir de couleur ivoire.
La bru, désorientée, se brûle avec la verveine qu’elle boit machinalement. Elle répond nonobstant d’assez bonne grâce à nos questions. Sans nier l’existence des querelles elle nous livre sa version des faits. Sa belle-mère n’a jamais digéré le mariage de son fils, propriétaire de la plus grosse officine de la ville, avec une préparatrice en pharmacie de douze ans sa cadette. Clémence Hubert lui a rendu la vie impossible, jusqu’à la harceler avec toutes les séries de TF1 qu’elle regardait à haute dose depuis la dégradation de son état de santé.
La belle fille ajoute qu’elle lui a pourtant offert un lecteur/graveur dernier cri ainsi que de nombreux DVD pour tenter de la distraire. La fragilité cardiaque de madame Hubert est confirmée par un simple appel à son médecin traitant à 23h. Nous concluons que la cause du décès est accidentelle.
À 23h02 Sandrine Hubert perd connaissance. Nous pratiquons les gestes d’urgence, les secours arrivent à 23h10. Toutes les tentatives de réanimation restent vaines. Le décès est prononcé à 23h58.
Le 20 septembre nous recevons le rapport d’autopsie du docteur Scarpa. La mort a été causée par l’absorption d’un puissant narcotique dissous dans une grande quantité de liquide. Nous reprenons l’enquête de voisinage qui ne révèle aucun élément significatif hormis l’animosité croissante entre les deux femmes. La mort d’Agathe Hubert aurait permis à sa belle-mère de récupérer tous les biens de son défunt mari. Le mobile du crime semble évident.
Notre conscience professionnelle nous interdit cependant d’écarter tout de go la thèse du suicide. Le 22 septembre nous décidons de procéder à une ultime vérification dans l’appartement des défuntes. Après trois heures de fouilles minutieuses nous trouvons un DVD suspect sous le canapé. Nous l’introduisons dans le lecteur. Trois minutes et trente deux secondes après le début d’un épisode de Derrick apparait le visage blafard de Charles Henri Hubert. D’une voix caverneuse, il s’adresse à sa femme : ‘Clémence, c’est moi, Charles Henri, regarde-moi, Clémence, écoute-moi, je vais bientôt venir te chercher…..’
Nous n’avons pu établir pourquoi les meurtrières ont choisi le même soir pour accomplir leur forfait. Chacune des coupables étant également victime dans ce double meurtre avec préméditation, nous déclarons l’affaire classée.
RAPPORT des OPJ MANKELL Sophie et LEPAGE Francis.
Le lundi 14 septembre 2009 à 22h30, nous sommes requis téléphoniquement par un individu désirant garder l’anonymat. Lors d’une visite à un ami il a été le témoin auditif d‘une violente dispute entre les deux occupantes de l’appartement voisin, le 221 b de la Résidence des Mésanges, 15 rue du Grand Marché. Selon cet ami les relations entre Madame Veuve Clémence Hubert et sa belle-fille Agathe se seraient sérieusement dégradées depuis le décès de Charles Henri Hubert le 4 février 2009.
Nous décidons de vérifier derechef les dires de l’individu. Nous arrivons sur site à 22h46. L’endroit est calme. Nous sonnons au 221b. La susnommée Agathe Hubert s’étonne de notre prompte arrivée, ayant appelé le central seulement quelques minutes auparavant pour signaler le décès soudain de sa belle mère pendant la diffusion de Derrick. Force est de constater que Clémence Hubert git sans vie sur un large canapé de cuir de couleur ivoire.
La bru, désorientée, se brûle avec la verveine qu’elle boit machinalement. Elle répond nonobstant d’assez bonne grâce à nos questions. Sans nier l’existence des querelles elle nous livre sa version des faits. Sa belle-mère n’a jamais digéré le mariage de son fils, propriétaire de la plus grosse officine de la ville, avec une préparatrice en pharmacie de douze ans sa cadette. Clémence Hubert lui a rendu la vie impossible, jusqu’à la harceler avec toutes les séries de TF1 qu’elle regardait à haute dose depuis la dégradation de son état de santé.
La belle fille ajoute qu’elle lui a pourtant offert un lecteur/graveur dernier cri ainsi que de nombreux DVD pour tenter de la distraire. La fragilité cardiaque de madame Hubert est confirmée par un simple appel à son médecin traitant à 23h. Nous concluons que la cause du décès est accidentelle.
À 23h02 Sandrine Hubert perd connaissance. Nous pratiquons les gestes d’urgence, les secours arrivent à 23h10. Toutes les tentatives de réanimation restent vaines. Le décès est prononcé à 23h58.
Le 20 septembre nous recevons le rapport d’autopsie du docteur Scarpa. La mort a été causée par l’absorption d’un puissant narcotique dissous dans une grande quantité de liquide. Nous reprenons l’enquête de voisinage qui ne révèle aucun élément significatif hormis l’animosité croissante entre les deux femmes. La mort d’Agathe Hubert aurait permis à sa belle-mère de récupérer tous les biens de son défunt mari. Le mobile du crime semble évident.
Notre conscience professionnelle nous interdit cependant d’écarter tout de go la thèse du suicide. Le 22 septembre nous décidons de procéder à une ultime vérification dans l’appartement des défuntes. Après trois heures de fouilles minutieuses nous trouvons un DVD suspect sous le canapé. Nous l’introduisons dans le lecteur. Trois minutes et trente deux secondes après le début d’un épisode de Derrick apparait le visage blafard de Charles Henri Hubert. D’une voix caverneuse, il s’adresse à sa femme : ‘Clémence, c’est moi, Charles Henri, regarde-moi, Clémence, écoute-moi, je vais bientôt venir te chercher…..’
Nous n’avons pu établir pourquoi les meurtrières ont choisi le même soir pour accomplir leur forfait. Chacune des coupables étant également victime dans ce double meurtre avec préméditation, nous déclarons l’affaire classée.
dimanche 11 octobre 2009
Corinne Bessière, par Salomé Viviana (Crime parfait)
Rapport de synthèse sur le décès de Corinne Bessière
Décès survenu à son domicile 15 rue des Trappeurs 72320 Villar Lès Tourmens, le 2 octobre 2009.
Identité de la victime : Corinne Bessière, née Lemonier, le 23 octobre 1981 à Nantes, nationalité française, mariée le 28 mai 2009 à Charles Bessière.
Corinne Bessière a été retrouvée par son mari, pendue dans son garage. Le médecin légiste (rapport pj1) conclut qu'elle s'est donné la mort aux alentours de 10h30. Il n'a rien relevé de particulier sur les circonstances du décès (prise de drogue ou de médicaments, blessures...)
Il a par contre noté que la jeune épouse, qui a tous les attributs de la féminité (elle est enregistrée à l'état civil depuis sa naissance comme étant de sexe féminin), était également dotée d'un pénis de taille non négligeable. Elle avait d'ailleurs une boîte de Viagra dans la poche de son pantalon.
Circonstances et causes du décès :
1 - Charles Bessière (PV d'audition pj 2 et 3)est très affecté par la mort de son épouse. Selon lui, le décès peut être en rapport avec ses particularités anatomiques, Corinne Bessière ayant beaucoup de mal à vivre son hermaphrodisme. Elle n'a pourtant jamais voulu se faire opérer, estimant que l'intervention n'est pas sans risques. Corinne Bessière suivait une psychothérapie. Le mari a déclaré qu'il l'avait toujours acceptée comme elle était et que ça ne posait pas de problème particulier entre eux. Ils menaient une vie de couple normale.
Les relations étaient plus tendues entre la victime et sa belle-mère qui habite à moins de 20km (Tourmens) et que le couple voyait régulièrement, au moins au début. Charles Bessière est fils unique et sa mère est possessive. Elle leur a fait savoir qu'elle tenait à être grand mère rapidement, ce qui était impossible, Corinne Bessière étant stérile. Pour éviter de mettre son épouse mal à l'aise, Charles a pendant longtemps raconté à sa mère qu'ils ne voulaient pas d'enfants. Mais devant l'insistance et le harcèlement de celle-ci, il a fini par lui dire la vérité, en lui faisant promettre de garder le secret, espérant qu'elle cesserait d'aborder le sujet. La mère de Charles a été choquée que son fils ait épousée un monstre et a exigé qu'il l'a quitte immédiatement, ce qu'il n'a pas fait. Par contre, depuis cette conversation qui a eu lieu vers la mi septembre, Charles Bessière a trouvé des prétextes pour que le couple ne rencontre plus sa mère.
Interrogé au sujet de la présence de Viagra dans la poche de la victime, Charles Bessière a eu l'air surpris et ne se l'explique pas. Selon lui, la prise de Viagra ne fait pas partie de leurs pratiques, sauf si son épouse ne lui a pas tout dit.
2 - Marie Bessière, la mère de Charles (PV d'audition pj 4): elle est veuve depuis 8 ans, son mari étant décédé dans un accident de voiture. Elle a dit ne pas avoir beaucoup de sympathie pour sa belle-fille, qu'elle trouvait bizarre. Par exemple, Corinne refusait de se mettre en maillot de bain à la plage, elle ne voulait pas d'enfant, bref, elle avait un comportement qui ne cadrait pas avec celui qu'on attend habituellement d'une jeune épouse.
Elle a indiqué que Charles l'avait informée des particularités anatomiques de sa belle fille ; elle est encore choquée aujourd'hui que de telles monstruosités existent. Elle trouve quand même dommage qu'elle se soit suicidée, mais c'est peut être mieux comme ça pour Charles.
Quant au Viagra, elle a commencé par dire qu'elle ne voyait pas de quoi il s'agissait mais elle est devenue rouge et ses explications étaient très embrouillées. En insistant un peu, elle a avoué en avoir envoyé par la Poste à sa belle fille, sans mot d'accompagnement. Elle a dit que c'était un cadeau, car le Viagra coûte très cher. Corinne Bessière a dû comprendre d'où venait le Viagra grâce au cachet de la Poste.
3- Les personnes de l'entourage de Marie Bessière (PV d'audition pj 5 à 9) ont dit qu'elles étaient au courant pour sa belle fille, qu'elle se chargeait de lui faire une réputation parce qu'elle voulait que son fils la quitte.
En envoyant du Viagra à sa belle fille, Marie Bessière lui a fait clairement comprendre qu'elle connaissait ses particularités anatomiques et que son fils l'avait donc trahie. Il est possible que Corinne Bessière ait en outre craint la publicité que sa belle mère pourrait lui faire, compte tenu de son caractère. Cet envoi a probablement contribué au suicide d'une personne déjà fragile psychologiquement.
Fait à Tourmens, le 10 octobre 2009
L'inspecteur de police
André Magloire
samedi 10 octobre 2009
L'écriture, l'engagement et les larmes
Bon, au-delà de la satisfaction personnelle, j'aime beaucoup cet article d'Isabelle Rüf dans le quotidien helvétique "Le Temps" (que François Bon m'a fait passer, car j'en ignorais l'existence) parce qu'il parle de notre travail sur le web à tous les deux et qu'il mentionne ce tout jeune blog.
Merci à tous/toutes de m'aider à le faire vivre.
J'ai écrit à Isabelle Rüf le mot suivant :
Chère Isabelle Rüf.
Merci pour le bel article, qui me fraternise "officiellement" avec François Bon, ce qui me fait terriblement plaisir. Merci aussi de ce que vous dites de mon livre, mais pourquoi devriez vous vous sentir "honteuse" de vous retrouver les larmes aux yeux ? L'émotion, ça n'est pas honteux, et je suis honoré quand mes livres remuent les émotions de lectrices ou de lecteurs. Parce que voyez vous, j'ai moi aussi les larmes aux yeux en écrivant.
Amicalement
Martin Winckler
Merci à tous/toutes de m'aider à le faire vivre.
J'ai écrit à Isabelle Rüf le mot suivant :
Chère Isabelle Rüf.
Merci pour le bel article, qui me fraternise "officiellement" avec François Bon, ce qui me fait terriblement plaisir. Merci aussi de ce que vous dites de mon livre, mais pourquoi devriez vous vous sentir "honteuse" de vous retrouver les larmes aux yeux ? L'émotion, ça n'est pas honteux, et je suis honoré quand mes livres remuent les émotions de lectrices ou de lecteurs. Parce que voyez vous, j'ai moi aussi les larmes aux yeux en écrivant.
Amicalement
Martin Winckler
mercredi 7 octobre 2009
"Tu réponds à tout le monde ?"
Mardi 6 octobre, au Réservoir, avenue Duluth sur Saint-Laurent, les membres de Gallimard Ltée présentaient quelques-uns des livres qu'ils diffusent et qui venaient d'être publiés au Québec. Je faisais partie des écrivains invités à venir parler de leur bouquin. Pendant mon bavardage (on a toujours du mal à m'arrêter, quand je commence), je mentionne qu'ayant mis mon adresse courriel dans Le Choeur des femmes (comme je le fais pour tous mes livres, sauf oubli), j'ai eu le bonheur de recevoir deux à trois messages de lecteurs/trices (surtout /trices) par jour depuis le jour de sa publication en France.
C'est évidemment très gratifiant quand on a envie de savoir si son livre est apprécié, sans vouloir pour autant aller traîner dans les librairies pour vérifier qu'il y est bien mis en pile (et que les piles sont toujours hautes, et ne baissent pas - si elles restent hautes, c'est parce que les libraires les maintiennent dans cet état, et donc que le livre se vend ; si elles baissent, c'est parce que les libraires n'en commande pas d'autres pour remplacer ceux qui se sont vendus trop lentement).
Lorsque je mentionne l'apparition quotidienne de messages de lectrices/teurs dans ma boîte courriel, José Lareau, la dynamique et pétillante "ange gardien" des écrivains chez Gallimard Ltée me demande "Tu réponds à tout le monde ?"
Oui, je réponds à tout le monde. Heureusement pour moi, il n'y en a que trois par jour, alors je peux répondre. Mais même s'il y en avait plus, je ferais mon possible pour répondre, comme je l'ai fait lorsque j'étais à France Inter, comme je l'ai fait pendant les six années où j'ai répondu aux messages concernant la contraception.
Pourquoi est-ce que je réponds à tout le monde ? Pourquoi est-ce que je prends autant de temps pour mettre ne serait-ce que trois lignes de réponse à des messages de lecteurs inconnus (et parfois anonymes, car certain(e)s ne donnent pas leur prénom et leur adresse courriel est ambiguë...) ?
"Pourquoi je réponds ? Voyons voir..."
(Image de l'ogre se grattant la tête d'un air perplexe.)
Parce que ça me fait plaisir de recevoir une lettre de lecteur/trice content(e).
Parce que j'ai envie de lui signifier que j'ai reçu le message - j'ai toujours peur qu'on ne reçoive pas les miens alors je tiens à les rassurer sur ce point. Alors, pendant que j'y suis...
Parce que quand on me dit qu'on aime un de mes livres, en personne, je remercie. Alors, je trouve naturel de remercier ceux qui me le disent par écrit.
Parce que souvent, le message n'est pas seulement une appréciation du bouquin, mais une évocation de ce qui, dans l'histoire ou l'expérience de celui/celle qui m'a lu, a fait écho à cette lecture. Il me parle de soi, d'un parent, d'une expérience professionnelle. Parfois, le message me retrace en vingt ou trente lignes, toute une existence. Plus rarement, c'est un texte de plusieurs pages.
Et c'est toujours passionnant.
Souvent (sinon presque à chaque fois) l'auteur du message me dit "ne pas attendre de réponse" ou "s'excuser d'écrire une lettre de "fan"" ou encore de me "prendre mon temps" ou d' "encombrer ma boîte à courriels". Et à ce moment-là, bien sûr, j'ai en plus l'envie vigoureuse de lui montrer qu'il n'en est rien. Ce n'est pas une perte de temps, ce n'est pas une intrusion (si je voulais "qu'on me laisse tranquille", je ne mettrais pas mon adresse électronique dans les livres, sur les sites internet, les blogs...) ce n'est pas importun, ce n'est pas ridicule, ce n'est pas immature ou infantile d'écrire à un écrivain.
Avant l'internet et le courriel, j'ai beaucoup écrit à "mes" écrivains et j'ai beaucoup souffert que certains ne me répondent pas, sans savoir exactement si leur silence était dû à la perte de ma lettre dans une pyramide de courrier équivalente à celle que doit ranger Gaston dans les bureaux du journal Spirou, ou bien à l'indifférence, au manque de temps, ou encore (et c'était pire) au fait que ce que j'avais écrit avec tant de soin et d'enthousiasme n'avait à leurs yeux aucun intérêt.
Je me souviens de ma joie absolue les jours où, après avoir écrit des lettres enthousiastes aux éditions Marvel pour leur dire mon admiration à l'égard du dessinateur John Buscema, j'ai reçu une lettre et, en "No-Prize", un fascicule de The Mighty Thor et un autre de The Silver Surfer.
Je me souviens de ma fierté (je la ressens encore) le jour où j'ai reçu une lettre d'Isaac Asimov en réponse à une lettre écrite après avoir dévoré et adoré son roman The Gods Themselves.
Je me souviens de la rage avec laquelle j'ai écrit à la rédaction du journal Pilote, au retour de mon année en Amérique, après avoir lu les 52 numéros de l'année écoulée (que Mick, mon frère, m'avait soigneusement mis de côté), pour leur dire à quel point je trouvais que le journal avait perdu de son mordant et de sa qualité. Et je me souviens de ma stupéfaction absolue, et de mon sentiment d'humilité en recevant une réponse signée... René Goscinny, regrettant que mes jugements soient aussi sévères mais espérant que je continuerais à lire Pilote et que je changerais d'avis dans un proche avenir...
Je me souviens aussi du bonheur que j'ai ressenti quand, après avoir envoyé Plumes d'Ange à Claude Nougaro en lui remerciant de m'avoir soufflé, par son récit-poème, le titre de mon livre et son épigraphe, j'ai reçu de lui une lettre manuscrite très émouvante (il y mentionnait son père et sa mère) ornée d'un timbre à l'effigie de... Léo Ferré.
Alors, oui, je réponds à ceux et celles qui m'ont écrit. Pour leur dire, même si je dis peu, que leur message m'est arrivé, qu'il m'a fait plaisir, et que j'espère leur procurer, en retour, un peu du plaisir que j'ai éprouvé moi-même en les lisant.
Vous comprenez, ce n'est pas de l'altruisme ou de la grandeur d'âme ou de la politesse. Et je ne crois pas que ce soit pour les inciter à voter pour moi aux prochaines élections, ni pour les convaincre d'acheter mon prochain livre (Car voyez, je réponds aussi aux (quelques) personnes qui m'écrivent pour me signifier leur désaccord ou leur mauvaise humeur).
Si je réponds, c'est parce que ça me fait plaisir.
C'est évidemment très gratifiant quand on a envie de savoir si son livre est apprécié, sans vouloir pour autant aller traîner dans les librairies pour vérifier qu'il y est bien mis en pile (et que les piles sont toujours hautes, et ne baissent pas - si elles restent hautes, c'est parce que les libraires les maintiennent dans cet état, et donc que le livre se vend ; si elles baissent, c'est parce que les libraires n'en commande pas d'autres pour remplacer ceux qui se sont vendus trop lentement).
Lorsque je mentionne l'apparition quotidienne de messages de lectrices/teurs dans ma boîte courriel, José Lareau, la dynamique et pétillante "ange gardien" des écrivains chez Gallimard Ltée me demande "Tu réponds à tout le monde ?"
Oui, je réponds à tout le monde. Heureusement pour moi, il n'y en a que trois par jour, alors je peux répondre. Mais même s'il y en avait plus, je ferais mon possible pour répondre, comme je l'ai fait lorsque j'étais à France Inter, comme je l'ai fait pendant les six années où j'ai répondu aux messages concernant la contraception.
Pourquoi est-ce que je réponds à tout le monde ? Pourquoi est-ce que je prends autant de temps pour mettre ne serait-ce que trois lignes de réponse à des messages de lecteurs inconnus (et parfois anonymes, car certain(e)s ne donnent pas leur prénom et leur adresse courriel est ambiguë...) ?
"Pourquoi je réponds ? Voyons voir..."
(Image de l'ogre se grattant la tête d'un air perplexe.)
Parce que ça me fait plaisir de recevoir une lettre de lecteur/trice content(e).
Parce que j'ai envie de lui signifier que j'ai reçu le message - j'ai toujours peur qu'on ne reçoive pas les miens alors je tiens à les rassurer sur ce point. Alors, pendant que j'y suis...
Parce que quand on me dit qu'on aime un de mes livres, en personne, je remercie. Alors, je trouve naturel de remercier ceux qui me le disent par écrit.
Parce que souvent, le message n'est pas seulement une appréciation du bouquin, mais une évocation de ce qui, dans l'histoire ou l'expérience de celui/celle qui m'a lu, a fait écho à cette lecture. Il me parle de soi, d'un parent, d'une expérience professionnelle. Parfois, le message me retrace en vingt ou trente lignes, toute une existence. Plus rarement, c'est un texte de plusieurs pages.
Et c'est toujours passionnant.
Souvent (sinon presque à chaque fois) l'auteur du message me dit "ne pas attendre de réponse" ou "s'excuser d'écrire une lettre de "fan"" ou encore de me "prendre mon temps" ou d' "encombrer ma boîte à courriels". Et à ce moment-là, bien sûr, j'ai en plus l'envie vigoureuse de lui montrer qu'il n'en est rien. Ce n'est pas une perte de temps, ce n'est pas une intrusion (si je voulais "qu'on me laisse tranquille", je ne mettrais pas mon adresse électronique dans les livres, sur les sites internet, les blogs...) ce n'est pas importun, ce n'est pas ridicule, ce n'est pas immature ou infantile d'écrire à un écrivain.
Avant l'internet et le courriel, j'ai beaucoup écrit à "mes" écrivains et j'ai beaucoup souffert que certains ne me répondent pas, sans savoir exactement si leur silence était dû à la perte de ma lettre dans une pyramide de courrier équivalente à celle que doit ranger Gaston dans les bureaux du journal Spirou, ou bien à l'indifférence, au manque de temps, ou encore (et c'était pire) au fait que ce que j'avais écrit avec tant de soin et d'enthousiasme n'avait à leurs yeux aucun intérêt.
Je me souviens de ma joie absolue les jours où, après avoir écrit des lettres enthousiastes aux éditions Marvel pour leur dire mon admiration à l'égard du dessinateur John Buscema, j'ai reçu une lettre et, en "No-Prize", un fascicule de The Mighty Thor et un autre de The Silver Surfer.
Je me souviens de ma fierté (je la ressens encore) le jour où j'ai reçu une lettre d'Isaac Asimov en réponse à une lettre écrite après avoir dévoré et adoré son roman The Gods Themselves.
Je me souviens de la rage avec laquelle j'ai écrit à la rédaction du journal Pilote, au retour de mon année en Amérique, après avoir lu les 52 numéros de l'année écoulée (que Mick, mon frère, m'avait soigneusement mis de côté), pour leur dire à quel point je trouvais que le journal avait perdu de son mordant et de sa qualité. Et je me souviens de ma stupéfaction absolue, et de mon sentiment d'humilité en recevant une réponse signée... René Goscinny, regrettant que mes jugements soient aussi sévères mais espérant que je continuerais à lire Pilote et que je changerais d'avis dans un proche avenir...
Je me souviens aussi du bonheur que j'ai ressenti quand, après avoir envoyé Plumes d'Ange à Claude Nougaro en lui remerciant de m'avoir soufflé, par son récit-poème, le titre de mon livre et son épigraphe, j'ai reçu de lui une lettre manuscrite très émouvante (il y mentionnait son père et sa mère) ornée d'un timbre à l'effigie de... Léo Ferré.
Alors, oui, je réponds à ceux et celles qui m'ont écrit. Pour leur dire, même si je dis peu, que leur message m'est arrivé, qu'il m'a fait plaisir, et que j'espère leur procurer, en retour, un peu du plaisir que j'ai éprouvé moi-même en les lisant.
Vous comprenez, ce n'est pas de l'altruisme ou de la grandeur d'âme ou de la politesse. Et je ne crois pas que ce soit pour les inciter à voter pour moi aux prochaines élections, ni pour les convaincre d'acheter mon prochain livre (Car voyez, je réponds aussi aux (quelques) personnes qui m'écrivent pour me signifier leur désaccord ou leur mauvaise humeur).
Si je réponds, c'est parce que ça me fait plaisir.
samedi 3 octobre 2009
Salons, librairies, bibliothèques et classes
Quand je suis devenu un écrivain connu, au moment du succès de La Maladie de Sachs, j'ai commencé à être invité à des signatures dans des librairies et dans des bibliothèques, partout en France. Et aussi, bien sûr, à des salons du livre. Très vite, j'ai compris où allaient mes préférences : je n'avais pas vraiment de goût à rester assis derrière une table pour attendre des lecteurs qui ne savaient pas nécessairement que j'étais présent, au milieu de dizaines d'autres écrivains et qui, le plus souvent, tombaient sur moi par hasard, ou s'arrêtaient devant un livre dont ils avaient entendu parler mais qu'ils n'avaient pas nécessairement lu ou envie de lire. Et qui, surtout, avaient peu de chose à dire à son auteur.
Quand on n'est pas un super best-seller dont la présence est annoncée à grands frais de publicité et dont le stand est entouré par des barrières pour éviter la foule, attendre est très éprouvant, parce que cette attente répète implicitement l'attente de la réponse de l'éditeur quand on a envoyé un manuscrit et celle des articles quand un livre vient d'être publié.
Très vite, j'ai cessé d'aller dans les salons, sauf aux 24 heures du Livre du Mans (c'était ma ville, j'habitais à quelques centaines de mètres, j'y allais aussi pour rencontrer les écrivains, j'avais envie de soutenir les librairies du Mans, je me sentais chez moi et puis, mes enfants et des copains venaient me tenir compagnie !) et au Salon du Livre de Paris, où la présence est en générale ponctuelle (une heure ou deux), donc pas trop frustrante même si on n'y voit que quelques lecteurs. On trouve toujours quelqu'un avec qui bavarder.
(A Paris, sur le stand P.O.L, qui est probablement celui que j'ai le plus fréquenté depuis 20 ans (même quand je n'avais publié qu'un seul roman, confidentiel, et même, après "Sachs", quand je n'avais rien publié de récent), je ne me suis jamais senti seul ni ennuyé, car j'ai toujours pu y rencontrer des écrivains que je lis (mais que je ne connais pas personnellement) et feuilleter dans les rayons des livres dont j'ignorais auparavant l'existence sans qu'on vienne me regarder d'un oeil sévère et me demander si je cherche quelque chose en particulier. )
J'ai toujours préféré, et de loin, les rencontres en librairies ou en bibliothèque. D'abord parce qu'elles sont programmées, ce qui fait que les personnes qui s'y rendent viennent spécialement pour vous. Ensuite parce que, quel que soit leur nombre, c'est toujours passionnant. J'ai eu droit à des rencontres avec plusieurs centaines de personnes - comme à "La Boîte à Livres", à Tours, en 1998, et je raconterai un de ces jours pourquoi c'était très émouvant ; j'ai eu droit à des rencontres avec trois personnes (à Bordeaux, dans une bibliothèque de quartier, un soir de semaine) ; j'ai fait des rencontres dans de toutes petites bibliothèques de campagne et dans des bibliothèques cossues de grandes villes de province et j'en suis sorti, chaque fois avec un sentiment assez réconfortant de mieux comprendre ce que j'avais écrit.
Car ces rencontres ne sont pas des "séances de promo" de mes livres mais des rencontres avec des lecteurs, qui en ont déjà lu un ou deux, et qui éprouvent le désir de m'entendre parler de mes métiers de médecin et d'écrivain, et de dire ce qu'ils ont ressenti à la lecture. De sorte que, quel que soit leur nombre, ce qui se passe, ce qui se dit, ce qui s'échange est toujours extraordinairement gratifiant. Souvent, j'entendais des gens me dire ce qu'ils avaient senti ou lu dans un de mes livres, et j'étais émerveillé de ce qu'ils avaient vu et que je ne savais pas y avoir mis.
Et puis, les rencontres de ce type sont souvent pour moi l'occasion de lire à haute voix des extraits des bouquins, et cela aussi est un moment de grand plaisir. J'aime lire à haute voix. Sans doute parce que la narration orale est ce qui m'a toujours le plus transporté : j'aimais écouter les membres de ma famille (qui en connaissaient des flopées) raconter des histoires ; j'aimais écouter les dramatiques radio de "L'heure du Mystère" ou du "Théâtre de l'étrange" quand j'étais un jeune adolescent, et j'entends toujours une voix intérieure (la mienne ?) lire les lignes que je parcours dans un livre.
J'ai aussi beaucoup aimé me rendre dans des classes - de collège ou de lycée, le plus souvent - sur l'invitation d'enseignants désireux d'offrir à leurs élèves un regard nouveau sur un écrivain, ou sur la contraception ou sur les séries télé... D'abord parce que je me souviens de l'ennui puissant qui me tenaillait, quand j'étais au lycée, et de la fête que c'était quand quelque chose - n'importe quoi ! - venait rompre la monotonie. Alors j'aime beaucoup l'idée de jouer le rôle de diversion pour une classe. Pour moi, l'enseignant qui invite un écrivain ou un artiste fait un cadeau à ses élèves. Et puis, entendre un lycéen demander "Pourquoi vous avez mis une scène de partouze dans Mort in Vitro ?" ou "Pourquoi vous dites "baiser" et pas "faire l'amour", M'sieur ?", c'est vraiment réjouissant. Moi qui avais si peur de parler de sexe quand j'étais adolescent, je trouve fabuleux que les ados d'aujourd'hui m'interpellent... et me demandent d'en parler !
Ce plaisir de parler avec des lecteurs et lectrices de tous âges ne m'a jamais été imposé. Chez P.O.L, par exemple, on est très précautionneux de ce qu'on demande aux écrivains, on les protège, on leur laisse toujours entendre qu'ils ne sont obligés à rien. Certains écrivains aiment ce genre de rencontres, d'autres les fuient (ou même, restent constamment invisibles), tous sont respectés. Aucun n'est traité comme s'il devait assurer le "minimum syndical" de la représentation. Evidemment, c'est très confortable de savoir qu'on n'est pas tenu d'accepter toutes les invitations pour "faire plaisir" à son éditeur.
Il est plus difficile de refuser les invitations quand on a envie de se faire plaisir. A une certaine époque, j'acceptais presque toutes les invitations de rencontre. Pour différentes raisons, que je trouvais toutes bonnes : la reconnaissance envers les libraires qui défendent mes livres et les lecteurs qui les achètent et les offrent ; l'ivresse de rencontrer des personnes nouvelles toutes les semaines ; le sentiment presque missionnaire de devoir faire passer un message important sur la contraception ou la santé des femmes ; le désir de transmettre.
Je me laisse souvent entraîner à parler de médecine, de politique de santé, de formation des médecins, plutôt que de littérature. C'est ma faute. Je suis trop passionné. Parfois, cependant, il m'est arrivé de parler de littérature et d'écriture. Trop rarement, mais tout de même. Je me souviens en particulier d'une fois, en Normandie. Une enseignante m'avait invité à rencontrer ses élèves dans la journée, des adultes le soir... et m'avait demandé si, entre les deux, je voulais passer une heure avec les adolescents à qui elle proposait un club/atelier d'écriture.
Elle m'avait précisé que c'étaient tous des adolescents avec une histoire un peu difficile, et que cet atelier était l'un des seuls endroits où ils pouvaient s'exprimer librement. Et que ça donnait des textes souvent très impressionnants.
Bien sûr, j'ai dit oui. Et j'ai passé un moment assez extraordinaire à échanger avec eux, à leur demander ce qu'ils écrivaient et à en parler, en insistant constamment sur le fait qu'à leur âge, j'écrivais déjà, mais que je ne me doutais aucunement qu'un jour je serais publié et rencontrerais le succès. Alors, qu'ils ne se mettent pas martel en tête, qu'ils continuent à avancer et à écrire, et puis ils verraient bien, le moment venu...
A l'époque, j'écrivais Les Trois Médecins et je leur ai confié mon projet d'écrire un remake des Trois Mousquetaires. Leurs remarques, leurs questions, leurs réactions m'ont fait tant de bien et j'ai passé un si bon moment que j'ai trouvé tout naturel de tous les nommer dans les remerciements du livre. Ils m'ont remercié, mais ils faisaient erreur : c'est moi qui leur devais un merci.
Un an ou deux plus tard, l'enseignante m'a écrit pour me confier qu'elle venait de vivre une expérience très pénible. Elle avait invité un autre écrivain à rencontrer les adolescents du même groupe. Non seulement ça n'avait pas accroché, mais elle venait de découvrir, quelques mois plus tard, qu'il avait écrit un texte extrêmement méprisant, dans lequel il ironisait sur (je le cite de mémoire) "ces ados qui s'imaginent, parce qu'ils écrivent, qu'ils ont quelque chose à dire". Il ne nommait ni la ville, ni les adolescents, ni leur enseignante mais, pour qui les connaissait, la description de leur rencontre ne laissait aucun doute quant à leur identité. Et dans son texte, sa condescendance envers ces adolescents était palpable.
J'ai répondu à l'enseignante que j'étais aussi choqué qu'elle. Et qu'à mon avis (je me cite de mémoire) ce type était un sale con.
Et tout récemment, à la télé j'ai encore entendu parler d'un autre écrivain (mais j'oublie son nom) qui raconte dans un de ses livres comme il a souffert dans les salons pluvieux et déserts où personne ne le connaissait et ne venait le voir.
Mais rien n'oblige jamais un écrivain à aller à un salon, rencontrer des lecteurs ou parler à des lycéens. On ne le fait pas pour la gloire, on ne le fait pas pour la postérité, et on ne le fait certainement pas pour l'argent. Si on n'en a pas envie, on n'y va pas. Mais lorsqu'on y va, la moindre des choses c'est d'y aller de bonne grâce. Et de ne pas déverser sa rancoeur, après coups, sur les gens qui étaient là pour nous y accueillir. Ils n'étaient peut-être pas nombreux, mais ils sont venus, et à ce titre ils méritent notre respect.
C'est comme les médecins qui ne respectent pas les patients qui leur parlent de ce qui les fait souffrir. Un écrivain qui n'a pas de respect pour les personnse qui lisent et qui écrivent et le font parler de littérature - surtout quand elles sont peu nombreuses - n'est probablement pas fait pour ce métier.
Quand on n'est pas un super best-seller dont la présence est annoncée à grands frais de publicité et dont le stand est entouré par des barrières pour éviter la foule, attendre est très éprouvant, parce que cette attente répète implicitement l'attente de la réponse de l'éditeur quand on a envoyé un manuscrit et celle des articles quand un livre vient d'être publié.
Très vite, j'ai cessé d'aller dans les salons, sauf aux 24 heures du Livre du Mans (c'était ma ville, j'habitais à quelques centaines de mètres, j'y allais aussi pour rencontrer les écrivains, j'avais envie de soutenir les librairies du Mans, je me sentais chez moi et puis, mes enfants et des copains venaient me tenir compagnie !) et au Salon du Livre de Paris, où la présence est en générale ponctuelle (une heure ou deux), donc pas trop frustrante même si on n'y voit que quelques lecteurs. On trouve toujours quelqu'un avec qui bavarder.
(A Paris, sur le stand P.O.L, qui est probablement celui que j'ai le plus fréquenté depuis 20 ans (même quand je n'avais publié qu'un seul roman, confidentiel, et même, après "Sachs", quand je n'avais rien publié de récent), je ne me suis jamais senti seul ni ennuyé, car j'ai toujours pu y rencontrer des écrivains que je lis (mais que je ne connais pas personnellement) et feuilleter dans les rayons des livres dont j'ignorais auparavant l'existence sans qu'on vienne me regarder d'un oeil sévère et me demander si je cherche quelque chose en particulier. )
J'ai toujours préféré, et de loin, les rencontres en librairies ou en bibliothèque. D'abord parce qu'elles sont programmées, ce qui fait que les personnes qui s'y rendent viennent spécialement pour vous. Ensuite parce que, quel que soit leur nombre, c'est toujours passionnant. J'ai eu droit à des rencontres avec plusieurs centaines de personnes - comme à "La Boîte à Livres", à Tours, en 1998, et je raconterai un de ces jours pourquoi c'était très émouvant ; j'ai eu droit à des rencontres avec trois personnes (à Bordeaux, dans une bibliothèque de quartier, un soir de semaine) ; j'ai fait des rencontres dans de toutes petites bibliothèques de campagne et dans des bibliothèques cossues de grandes villes de province et j'en suis sorti, chaque fois avec un sentiment assez réconfortant de mieux comprendre ce que j'avais écrit.
Car ces rencontres ne sont pas des "séances de promo" de mes livres mais des rencontres avec des lecteurs, qui en ont déjà lu un ou deux, et qui éprouvent le désir de m'entendre parler de mes métiers de médecin et d'écrivain, et de dire ce qu'ils ont ressenti à la lecture. De sorte que, quel que soit leur nombre, ce qui se passe, ce qui se dit, ce qui s'échange est toujours extraordinairement gratifiant. Souvent, j'entendais des gens me dire ce qu'ils avaient senti ou lu dans un de mes livres, et j'étais émerveillé de ce qu'ils avaient vu et que je ne savais pas y avoir mis.
Et puis, les rencontres de ce type sont souvent pour moi l'occasion de lire à haute voix des extraits des bouquins, et cela aussi est un moment de grand plaisir. J'aime lire à haute voix. Sans doute parce que la narration orale est ce qui m'a toujours le plus transporté : j'aimais écouter les membres de ma famille (qui en connaissaient des flopées) raconter des histoires ; j'aimais écouter les dramatiques radio de "L'heure du Mystère" ou du "Théâtre de l'étrange" quand j'étais un jeune adolescent, et j'entends toujours une voix intérieure (la mienne ?) lire les lignes que je parcours dans un livre.
J'ai aussi beaucoup aimé me rendre dans des classes - de collège ou de lycée, le plus souvent - sur l'invitation d'enseignants désireux d'offrir à leurs élèves un regard nouveau sur un écrivain, ou sur la contraception ou sur les séries télé... D'abord parce que je me souviens de l'ennui puissant qui me tenaillait, quand j'étais au lycée, et de la fête que c'était quand quelque chose - n'importe quoi ! - venait rompre la monotonie. Alors j'aime beaucoup l'idée de jouer le rôle de diversion pour une classe. Pour moi, l'enseignant qui invite un écrivain ou un artiste fait un cadeau à ses élèves. Et puis, entendre un lycéen demander "Pourquoi vous avez mis une scène de partouze dans Mort in Vitro ?" ou "Pourquoi vous dites "baiser" et pas "faire l'amour", M'sieur ?", c'est vraiment réjouissant. Moi qui avais si peur de parler de sexe quand j'étais adolescent, je trouve fabuleux que les ados d'aujourd'hui m'interpellent... et me demandent d'en parler !
Ce plaisir de parler avec des lecteurs et lectrices de tous âges ne m'a jamais été imposé. Chez P.O.L, par exemple, on est très précautionneux de ce qu'on demande aux écrivains, on les protège, on leur laisse toujours entendre qu'ils ne sont obligés à rien. Certains écrivains aiment ce genre de rencontres, d'autres les fuient (ou même, restent constamment invisibles), tous sont respectés. Aucun n'est traité comme s'il devait assurer le "minimum syndical" de la représentation. Evidemment, c'est très confortable de savoir qu'on n'est pas tenu d'accepter toutes les invitations pour "faire plaisir" à son éditeur.
Il est plus difficile de refuser les invitations quand on a envie de se faire plaisir. A une certaine époque, j'acceptais presque toutes les invitations de rencontre. Pour différentes raisons, que je trouvais toutes bonnes : la reconnaissance envers les libraires qui défendent mes livres et les lecteurs qui les achètent et les offrent ; l'ivresse de rencontrer des personnes nouvelles toutes les semaines ; le sentiment presque missionnaire de devoir faire passer un message important sur la contraception ou la santé des femmes ; le désir de transmettre.
Je me laisse souvent entraîner à parler de médecine, de politique de santé, de formation des médecins, plutôt que de littérature. C'est ma faute. Je suis trop passionné. Parfois, cependant, il m'est arrivé de parler de littérature et d'écriture. Trop rarement, mais tout de même. Je me souviens en particulier d'une fois, en Normandie. Une enseignante m'avait invité à rencontrer ses élèves dans la journée, des adultes le soir... et m'avait demandé si, entre les deux, je voulais passer une heure avec les adolescents à qui elle proposait un club/atelier d'écriture.
Elle m'avait précisé que c'étaient tous des adolescents avec une histoire un peu difficile, et que cet atelier était l'un des seuls endroits où ils pouvaient s'exprimer librement. Et que ça donnait des textes souvent très impressionnants.
Bien sûr, j'ai dit oui. Et j'ai passé un moment assez extraordinaire à échanger avec eux, à leur demander ce qu'ils écrivaient et à en parler, en insistant constamment sur le fait qu'à leur âge, j'écrivais déjà, mais que je ne me doutais aucunement qu'un jour je serais publié et rencontrerais le succès. Alors, qu'ils ne se mettent pas martel en tête, qu'ils continuent à avancer et à écrire, et puis ils verraient bien, le moment venu...
A l'époque, j'écrivais Les Trois Médecins et je leur ai confié mon projet d'écrire un remake des Trois Mousquetaires. Leurs remarques, leurs questions, leurs réactions m'ont fait tant de bien et j'ai passé un si bon moment que j'ai trouvé tout naturel de tous les nommer dans les remerciements du livre. Ils m'ont remercié, mais ils faisaient erreur : c'est moi qui leur devais un merci.
Un an ou deux plus tard, l'enseignante m'a écrit pour me confier qu'elle venait de vivre une expérience très pénible. Elle avait invité un autre écrivain à rencontrer les adolescents du même groupe. Non seulement ça n'avait pas accroché, mais elle venait de découvrir, quelques mois plus tard, qu'il avait écrit un texte extrêmement méprisant, dans lequel il ironisait sur (je le cite de mémoire) "ces ados qui s'imaginent, parce qu'ils écrivent, qu'ils ont quelque chose à dire". Il ne nommait ni la ville, ni les adolescents, ni leur enseignante mais, pour qui les connaissait, la description de leur rencontre ne laissait aucun doute quant à leur identité. Et dans son texte, sa condescendance envers ces adolescents était palpable.
J'ai répondu à l'enseignante que j'étais aussi choqué qu'elle. Et qu'à mon avis (je me cite de mémoire) ce type était un sale con.
Et tout récemment, à la télé j'ai encore entendu parler d'un autre écrivain (mais j'oublie son nom) qui raconte dans un de ses livres comme il a souffert dans les salons pluvieux et déserts où personne ne le connaissait et ne venait le voir.
Mais rien n'oblige jamais un écrivain à aller à un salon, rencontrer des lecteurs ou parler à des lycéens. On ne le fait pas pour la gloire, on ne le fait pas pour la postérité, et on ne le fait certainement pas pour l'argent. Si on n'en a pas envie, on n'y va pas. Mais lorsqu'on y va, la moindre des choses c'est d'y aller de bonne grâce. Et de ne pas déverser sa rancoeur, après coups, sur les gens qui étaient là pour nous y accueillir. Ils n'étaient peut-être pas nombreux, mais ils sont venus, et à ce titre ils méritent notre respect.
C'est comme les médecins qui ne respectent pas les patients qui leur parlent de ce qui les fait souffrir. Un écrivain qui n'a pas de respect pour les personnse qui lisent et qui écrivent et le font parler de littérature - surtout quand elles sont peu nombreuses - n'est probablement pas fait pour ce métier.
vendredi 2 octobre 2009
Crime parfait (Exercice d'écriture n° 4)
En un à deux feuillets (1500 à 3000 signes)
et sous la forme d'un rapport de police
décrire un "crime parfait" (qui peut être autre qu'un meurtre)
dont les éléments obligés seraient
- une jeune épouse
- sa belle-mère
- un cadeau que l'une a fait à l'autre.
Bien entendu, la "criminelle" et la "victime" peuvent être l'une, l'autre ou les deux.
Délai de remise : dimanche 11 octobre à minuit, heure de votre méridien.
Mise en ligne à partir du 12 octobre.
et sous la forme d'un rapport de police
décrire un "crime parfait" (qui peut être autre qu'un meurtre)
dont les éléments obligés seraient
- une jeune épouse
- sa belle-mère
- un cadeau que l'une a fait à l'autre.
Bien entendu, la "criminelle" et la "victime" peuvent être l'une, l'autre ou les deux.
Délai de remise : dimanche 11 octobre à minuit, heure de votre méridien.
Mise en ligne à partir du 12 octobre.
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