vendredi 7 août 2015

Questionnaire pour écrivant.e.s, 23 - Emma Delaunay, 50 ans


Quel âge as-tu ?
50 ans

As-tu déjà publié des textes (publié : donné des textes à lire à des inconnus via un éditeur, une revue, un site, un blog) ?
Oui. J’aimerais faire un blog mais je crois que je n’ai pas assez de choses intéressantes à y dire. Donc je publie chez des personnes qui ont un blog, un site, etc.

Les as-tu publiés sous ton nom ou sous pseudo ?
Rarement sous mon nom, je ne suis pas fière de mon nom, il ne me plait pas. Et je ne tiens pas à ce qu’à mon travail, on sache ce que j’écris. Donc, sous pseudo à 99 %, et plusieurs pseudos.

Si tu portes un pseudo peux-tu dire pourquoi et ce qu’il représente pour toi ?
Mon pseudo est formé d’une partie de mon prénom, et d’un nom de famille, qui est soit celui d’un personnage de fiction, soit celui de ma grand-mère. 

Combien de textes as-tu publiés ? (préciser : poésie, nouvelles, récits, articles, romans, etc. Ne donne pas le titre, seulement le nombre approximatif.)
Environ une dizaine.

Quel genre de textes as-tu écrits sans jamais vouloir les faire lire ?
Des textes très violents de vengeance personnelle. Ils sont une catharsis pour moi.
Aussi des textes sur des parties de ma vie très intimes, la mort de mon fils par exemple.

Quel genre de texte aimerais-tu écrire et publier ?
J’aimerais publier des nouvelles. Je crois que je ne suis pas faite pour les romans, mais pour les histoires courtes et ciselées. J’aime écrire ce que j’aime lire.

Si tu n’as jamais publié, peux-tu expliquer pourquoi ?
Je pense la fainéantise, tout simplement. Un refus d’éditeur et je m’arrête.
Et je me relis quelques années après et je me dis « Laisse tomber, va, c’est pourri ». Mais parfois, je me dis « Ah c’état sympa quand même ». Donc je ne perds pas espoir.
Et puis un de mes textes a été publié cette année dans un ouvrage collectif (et en 2008 aussi)

Quand as-tu commencé à écrire ? À quel âge ?
Je pense vers 13-14 ans, mais au début, c’était des lettres. Par France Inter, j’ai eu plusieurs correspondances avec des détenus. Je crois que ce sont là mes vrais premiers textes.

Y a-t-il eu une raison précise, un facteur déclenchant ?
J’ai toujours aimé lire, pas les contes pour enfants, mais les contes de Maupassant, là, j’ai pris une claque et je me suis dit « je veux faire ça ».

Qu’est-ce que tu écrivais au tout début ?
Des histoires entre nouvelles et poésies. Sur des rencontres improbables, l’amour, l’abandon.

Sur quoi écrivais-tu ? (Ta main, un cahier, du papier libre, un ordinateur… ?)
Un cahier, ou plutôt plein de cahiers ! Et même maintenant, je préfère les cahiers à l’ordinateur.

Est-ce que tu lisais beaucoup à cette époque ? Et quel genre de livres ?
Je lisais les auteurs français principalement, de Maupassant à Yourcenar.

Qu’est-ce que le fait d’écrire t’apportait à l’époque ?
Une liberté. La possibilité d’exprimer une sensibilité.

Est-ce que tu faisais lire ce que tu écrivais à tes proches ?
Jamais. Sauf une fois à une prof de français, en 1ere.

Si oui, comment est-ce que c’était perçu par ton entourage ?

Quel est le premier texte que tu aies considéré comme « achevé » ? (Ou dont tu te sois senti fier) ?
Un texte commencé en 1983, à 19 ans, et achevé à la mort de mon fils. Je me suis dit que le hasard n’existait pas, j’avais écrit sa mort avant qu’il naisse…

À l’époque où tu as commencé à écrire, qu’est-ce que c’était pour toi, un « écrivain » ?
Quelqu’un qui savait manier la langue française, trouver des subtilités que je respectais, que j’enviais.

T’es-tu jamais mis(e) à penser qu’écrire pouvait devenir ton métier ? Si oui, quand et pourquoi ? Sinon, pourquoi ?
Oui, je l’ai pensé après mon bac. Mais j’ai fait un bac scientifique, poussée par ma mère. Et ma mère m’a dit « Tu feras des maths, tu es douée, ça rapporte plus que le français ». Je l’ai crue, gourde que j’étais.

Aujourd’hui, quel genre de texte écris-tu ?
Des textes autofictionnels surtout.  

Depuis que tu écris, quel genre de texte (ou d’activité d’écriture) t’a apporté le plus de satisfaction, de plaisir, de fierté ?
Les textes où j’ai réussi à décrire quelque chose qui m’est cher, sans tomber dans le pathos, et avec des mots qui m’apaisent.

Depuis que tu écris, quelles ont été les principales frustrations que t’a values l’écriture ?
Quand j’écrivais des textes purement fictionnels, d’avoir des retours très négatifs sur la violence qu’ils contenaient. Ca m’a empêché pendant longtemps d’écrire ce qui me faisait du bien. Jusqu’à ce que je décide que plus personne n’avait le droit de diriger mon écriture.

Questions complémentaires posées par les répondant. e. s à ce questionnaire (tu es invité. e à ajouter la tienne)

Comment prends-tu les critiques, conseils et éventuelles modifications apportées par l’entourage qui a lu ton texte ? (Anonyme, 26 ans)
Par mon entourage proche, je n’accepte aucune critique, aucun conseil. Par contre, que des écrivains pour qui je fais des textes dans des ouvrages collectifs, oui, j’écoute ! Et je lis.

Comment te sens-tu quand tu écris ? L’écriture est-elle une souffrance ou une facilité ? (Didier Austry)
Si c’est une souffrance, j’arrête.

Que manque-t-il à ton écriture pour qu’elle devienne des livres imprimés ? (Lyjazz)
Plus de travail !


Quelle est ta contrainte préférée ? (Stern)
Je n’aime pas les contraintes. Par contre, j’aime bien qu’on me donne des thèmes.

Dans quel contexte écris-tu le mieux ? Et au contraire, dans quel contexte souffres-tu en écrivant ? (bonnie parcoeur)
Seule. Surtout, seule.

Peut-on perdre le goût de l’écriture ? (Elise Marcende)
Oui, la fatigue, le travail, me font perdre le gout d’écrire et je me dis « à quoi bon ? »

Que vois-tu dans ta bibliographie d’ici quinze ans ? (Jack Parker)
Un recueil de nouvelles, j’espère ! Ou un mélange nouvelles-poèmes, mais je ne crois pas qu’un éditeur oserait. 

As-tu besoin de penser à quelqu’un (pas forcément toujours le/la même) lorsque tu écris ? (S., bientôt 47 ans)
Non, du tout. Ou alors à moi.
Désolée pour cette réponse très égocentrée.


Emma Delaunay.

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