Après le succès de La Maladie… n'avez-vous pas été tenté de poursuivre dans la
veine du roman médical ?
Oui et non. C'était mon deuxième roman, le personnage principal était médecin, mais je n’avais pas vraiment le sentiment d’avoir écrit un
« roman médical » ; plutôt un roman inspiré par mon expérience. Si
j’avais été avocat, ou militaire, ou pompier, j’aurais puisé dans ces
expériences-là. Cela dit, je voulais depuis longtemps écrire un roman sur mes
études de médecine, mais je n’étais pas prêt.
Un jour, en 1999, au salon du livre de Laval, en Mayenne, j’ai rencontré la dessinatrice et écrivaine Chantal Montellier. Elle venait d’écrire un « Poulpe » pour les éditions Baleine, et comme j’en avais déjà lu plusieurs, je lui ai confié que j’adorerais en écrire un, moi aussi. Quelques jours plus tard, Antoine de Kerversau, qui dirigeait alors Baleine, m’a appelé en me disant qu’il serait heureux que j’écrive un volume de la collection. J’avais toujours voulu écrire un roman policier, ça m’amusait de m’approprier un personnage collectif et de l’associer à mon propre personnage dans un roman « crossover », comme on dit dans les comic-books et les téléséries. Le plus drôle, c’est que je suis parti de rien ou presque : je savais que le titre de chaque « Poulpe » était un calembour, et j’avais tout de suite pensé l’intituler Touche pas à mes deux seins, mais je n’avais rien d’autre.
Ça s’est construit petit à petit, par tâtonnements : ce serait la rencontre de
Bruno Sachs et de Gabriel Lecouvreur, le Poulpe ; il y serait question d’un gynécologue spécialisé dans le cancer du sein ; je voulais qu’il y ait un couple de jumelles – la gémellité est une figure récurrente dans mes livres, ne me demandez pas pourquoi ; et puis j’avais envie de mettre en scène Jean Watteau, un personnage de juge d’instruction inventé pour un producteur de télévision qui n’en avait pas voulu. Et comme j’avais en tête le projet de raconter la formation médicale de Bruno Sachs, j’ai situé une partie de l’action en flashback, dans les années soixante-dix. Ça m’a en quelque sorte préparé à écrire Les Trois Médecins. Mon « Poulpe » a très bien marché ; le Fleuve Noir m’a alors proposé de participer à la collection « Polar Santé » - et j’ai publié trois autres romans reprenant les mêmes personnages.
Un jour, en 1999, au salon du livre de Laval, en Mayenne, j’ai rencontré la dessinatrice et écrivaine Chantal Montellier. Elle venait d’écrire un « Poulpe » pour les éditions Baleine, et comme j’en avais déjà lu plusieurs, je lui ai confié que j’adorerais en écrire un, moi aussi. Quelques jours plus tard, Antoine de Kerversau, qui dirigeait alors Baleine, m’a appelé en me disant qu’il serait heureux que j’écrive un volume de la collection. J’avais toujours voulu écrire un roman policier, ça m’amusait de m’approprier un personnage collectif et de l’associer à mon propre personnage dans un roman « crossover », comme on dit dans les comic-books et les téléséries. Le plus drôle, c’est que je suis parti de rien ou presque : je savais que le titre de chaque « Poulpe » était un calembour, et j’avais tout de suite pensé l’intituler Touche pas à mes deux seins, mais je n’avais rien d’autre.
Ça s’est construit petit à petit, par tâtonnements : ce serait la rencontre de
Bruno Sachs et de Gabriel Lecouvreur, le Poulpe ; il y serait question d’un gynécologue spécialisé dans le cancer du sein ; je voulais qu’il y ait un couple de jumelles – la gémellité est une figure récurrente dans mes livres, ne me demandez pas pourquoi ; et puis j’avais envie de mettre en scène Jean Watteau, un personnage de juge d’instruction inventé pour un producteur de télévision qui n’en avait pas voulu. Et comme j’avais en tête le projet de raconter la formation médicale de Bruno Sachs, j’ai situé une partie de l’action en flashback, dans les années soixante-dix. Ça m’a en quelque sorte préparé à écrire Les Trois Médecins. Mon « Poulpe » a très bien marché ; le Fleuve Noir m’a alors proposé de participer à la collection « Polar Santé » - et j’ai publié trois autres romans reprenant les mêmes personnages.
La plupart de vos romans se déroulent dans une ville imaginaire nommée
Tourmens. Pourquoi une ville imaginaire ? Pourquoi ce nom ?
L’idée de Tourmens remonte à mes ébauches de roman du
début des années quatre-vingt. Tours et Le Mans,
les villes où j'ai commencé et terminé mes études, étaient alors
représentatives de la société française : d'un côté Tours, ville bourgeoise, ensoleillée,
avec une belle université et beaucoup d'argent ; de l’autre Le Mans, ville
ouvrière, grise, mésestimée par les instances régionales - son hôpital, l'un
des plus grands des Pays de la Loire n'a jamais obtenu le statut de CHU – et
méprisée par la capitale : le TGV s'y arrête, mais il est question qu'on
lui fasse contourner la ville pour gagner... trois minutes vers Brest, ce qui
signerait la mort économique de la ville et imposerait aux habitants qui travaillent
à Paris de se taper de nouveau quatre heures de transport par jour, comme il y
a trente ans. Le contraste était si fort que j’ai marié les deux cités pour en
faire Tourmens, ville de province avec, de part et d’autre de la rivière Tourmente,
une rive droite bourgeoise et dominante, une rive gauche populaire et militante.
Un lieu imaginaire, on peut y installer les histoires que l’on veut, y mettre
en scène et y transposer toute une société sans avoir besoin de se caler sur
l'histoire officielle, on peut y mettre en place des personnages inspirés par
des figures réelles en prenant toutes les libertés possibles.
Le Tourmens de mes romans médicaux n'est pas exactement le même que le Tourmens de mes romans policiers ou de SF, dont l'histoire politique et policière est un peu plus mouvementée. Et comme je suis de nature résolument pacifiste, à Tourmens, les terroristes ne posent pas de bombes. Dans la Trilogie Twain, un mystérieux "Robin des Tours" répare les ascenseurs des HLM laissés à l'abandon par la municipalité. En permettant aux gens de se réapproprier les tours, il provoque beaucoup plus de désordre administratif qu'en fomentant des attentats. Difficile de poursuivre en justice des gens qui réparent. Tourmens n’est pas du tout une ville réaliste : sa rive gauche est au nord, sa rive droite est au sud – ce qui veut dire que contrairement à la plupart des cours d’eaux de l’Hexagone, la rivière Tourmente coule d’Ouest en Est…
Le Tourmens de mes romans médicaux n'est pas exactement le même que le Tourmens de mes romans policiers ou de SF, dont l'histoire politique et policière est un peu plus mouvementée. Et comme je suis de nature résolument pacifiste, à Tourmens, les terroristes ne posent pas de bombes. Dans la Trilogie Twain, un mystérieux "Robin des Tours" répare les ascenseurs des HLM laissés à l'abandon par la municipalité. En permettant aux gens de se réapproprier les tours, il provoque beaucoup plus de désordre administratif qu'en fomentant des attentats. Difficile de poursuivre en justice des gens qui réparent. Tourmens n’est pas du tout une ville réaliste : sa rive gauche est au nord, sa rive droite est au sud – ce qui veut dire que contrairement à la plupart des cours d’eaux de l’Hexagone, la rivière Tourmente coule d’Ouest en Est…
Quand je suis arrivé à Montréal, j'avais encore un contrat avec le Fleuve Noir. J'ai décidé de changer mon fusil d'épaule, et de situer ce roman-là à Montréal. Je me suis imprégné de l'atmosphère de la ville, de celle du centre où je travaillais, et de certains des problèmes sociaux récurrents, et ça a donné Les Invisibles. Ce n'est pas un "thriller", comme la couverture l'indique, mais plutôt un roman policier psychologique, et je me suis efforcé de le rendre aussi crédible que possible, en demandant à certains de mes camarades québecois de le relire, pour qu'ils s'assurent que je ne disais pas de bêtises ou de choses trop maladroites.
Le résultat ne devait pas être trop raté, parce que ça m'a valu quelques bons papiers dans la presse d'ici (plus qu'en France !) et aussi d'être invité aux premiers Printemps Meurtriers de Knowlton, un festival de littérature policière/criminelle/noire créé et dirigé par l'écrivaine et scénariste Johanne Seymour, au bord du Lac Brome. J'y ai rencontré une tripotée d'auteur.e.s et de lecteurs/trices épatant.e.s.
Votre personnage le plus connu, Bruno Sachs, est le héros de trois
romans médicaux, mais il apparaît, parfois de manière très fugitive, dans
presque tous les autres – y compris les romans policiers et les romans de
science-fiction.
Oui, et il n’est pas le seul. Des personnages de second plan, mais qui
ont pour moi une grande importance symbolique, sont également
omniprésents : le professeur Lance, chirurgien et honnête homme, Angèle
Pujade, surveillante du service des IVG… J’aime faire circuler mes personnages
d’un roman à un autre, même s’ils n’y jouent pas un rôle important parce qu’ils
constituent en quelque sorte une famille symbolique. Je veux indiquer par là
qu’il s’agit d’un seul et même imaginaire, avec des atmosphères narratives spécifiques
selon qu’il s’agit d’un roman réaliste ou d’un roman de genre. Si les
personnages circulent, parfois à l’arrière-plan, c’est parce que c’est le même
monde, vu à travers des lunettes différentes. C’était déjà comme ça dans mon
roman inédit, Les Cahiers Marcoeur,
commencé en 1980 ou 1981. Six personnages – six occurrences d’un même individu –
y évoluaient, sans jamais se rencontrer, comme dans des dimensions parallèles.
Certains étaient médecins, d’autres pas. L’un d’eux avait raté le concours, un
autre avait décidé de ne pas le passer, envers et contre l’avis de son père. La
plupart écrivaient, mais l’un d’eux ne soignait pas et n’écrivait pas, et
c’était certainement le plus désespéré. Bref, j’y explorais plusieurs « possibles »
de mon trajet. C’est sans doute pour cela que ça ne fonctionnait pas : je
m’y étais pris trop tôt. Je n’avais pas assez vécu pour rendre intéressant un
roman pareil. Trente ans plus tard, j’explore de nouveau ces « possibles »
avec des personnages qui se ressemblent – Bruno Sachs, Marc Valène, Charly
Lhombre, Franz Karma –, à travers des romans distincts situés dans le même
univers.
Bien que l'univers des romans "réalistes" et celui des romans "de mauvais genre" (policier, SF) ne soit pas exactement le même, j'aime bien faire circuler des personnages d'un univers à l'autre, voire leur y donner des destins différents. Je pense en particulier au personnage du Pr Lance, "mentor" de Bruno Sachs et de Franz Karma, qui apparaît dans plusieurs romans chez POL mais aussi dans la Trilogie Twain (Un pour deux, L'un ou l'autre et Deux pour tous), où il est un "médecin du peuple" jusqu'au bout.
Ces différents destins renvoient aussi aux origines multiples de mes personnages : Lance est inspiré à la fois par un de mes profs, Yves Lanson, qui fut aussi mon directeur de thèse de médecine, et par Daniel ZImmermann. Dans La Vacation le personnage se nomme Lance, dans Sachs il se nomme Zimmermann, dans Les Trois médecins, Lance et Zimmermann apparaissent ensemble, comme s'ils étaient jumeaux... Bref, ça montre que j'aime jouer avec les personnages, à la fois dans un même "champ d'exploration" mais aussi d'un champ à un autre.
Ces différents destins renvoient aussi aux origines multiples de mes personnages : Lance est inspiré à la fois par un de mes profs, Yves Lanson, qui fut aussi mon directeur de thèse de médecine, et par Daniel ZImmermann. Dans La Vacation le personnage se nomme Lance, dans Sachs il se nomme Zimmermann, dans Les Trois médecins, Lance et Zimmermann apparaissent ensemble, comme s'ils étaient jumeaux... Bref, ça montre que j'aime jouer avec les personnages, à la fois dans un même "champ d'exploration" mais aussi d'un champ à un autre.
Entre 2001 et 2003, vous avez publié en ligne sur le site de P.O.L deux textes
autobiographiques, Légendes et Plumes d’Ange. Pourquoi vous lancer dans cette entreprise ?
Après La Maladie… j’ai été pris par plusieurs projets :
republier des textes antérieurs, écrire un livre sur la contraception, un autre
sur l’histoire des séries télévisées… Je n’étais pas encore prêt à me mettre au
roman transposant mes études, mais je voulais écrire un livre consacré à mon
père. Je me suis dit : « Si je me mets à écrire ça, je vais parler de
mon enfance, et je vais dériver sur toutes sortes de choses. Pour parler de mon
père, il faut que je me débarrasse d’abord des histoires d’enfance. » Un
autre problème résidait dans le fait que je ne voulais pas tarder à me
lancer : je voulais l’écrire très vite mais je ne savais pas comment
faire. C’était un projet intime, je n’avais pas de date de remise, ça pouvait
traîner pendant des années. Et puis, en 1999, j’ai vu apparaître sur le site de
P.O.L un feuilleton. C’était La
République de Mek Ouyes, un roman de Jacques Jouet, que la maison proposait
en pré-publication, à raison d’un épisode par jour. J’ai toujours aimé les
feuilletons, sous toutes leurs formes – dans le journal, dans un magazine de
BD, à la radio, à la télé… Et j’ai toujours été fasciné par l’idée du
feuilletonniste qui écrit un chapitre chaque jour, termine à l’arraché, envoie
un messager le porter aux bureaux du quotidien, afin qu’on le mette en page et
qu’on le joigne au reste du journal à temps pour paraître le lendemain matin.
J’ai proposé à Paul O.-L. d’écrire deux livres et de les proposer en feuilleton
sur le site. Le premier parlerait de mon enfance et des fictions qui m’avaient
aidé à grandir.
Le second s’attaquerait à une fiction encore plus importante à mes yeux : la figure de mon père, Ange Zaffran. Et je voulais publier ces livres « en temps réel », au fur et à mesure de leur composition. Paul m’a demandé d’en écrire une quinzaine de chapitres à l’avance, pour qu’il puisse les lire avant leur mise en ligne. Les chapitres étaient insérés dans le site, et envoyés chaque jour – un chaque matin du lundi au jeudi, et les trois derniers le vendredi matin – aux visiteurs du site qui cliquaient sur le lien d’abonnement gratuit. Et je me suis mis au travail. Chacune des deux publications a commencé au début du mois de septembre et s’est terminée le 22 février – le jour de mon anniversaire. Quelques semaines plus tard, P.O.L a publié le livre au format papier, et les textes ont été retirés du site. La particularité de ces livres, c’est qu’ils sont comme deux ensembles ayant un sous-ensemble commun : certains chapitres de Plumes d’Ange sont, à quelques bricoles près, des chapitres de Légendes car il s’agit, au fond, d’une même histoire et la petite (la mienne) est incluse dans la grande (celle de mon père et de ma famille). Dans une certaine mesure, il s’agit des deux premiers tomes d’un triptyque. Légendes est l’autobiographie du lecteur que je suis ; Plumes d’Ange est la biographie du médecin qu’était mon père – et parle bien sûr de son influence sur mon itinéraire de soignant. Alors que Légendes fait essentiellement appel à mes souvenirs, Plumes d’Ange a été composé à partir d’une foule de documents familiaux et historiques, et son récit inclut la description de ma recherche et de ses méandres. Le troisième tome, que j’ai longtemps laissé de côté car je ne savais pas comment le traiter, est un roman familial, qui se déroule dans une maison identique à celle de mon enfance. Ça devrait s’appeler La Voie des hommes. L’idée centrale de ce triptyque était de décliner les trois formes d’écriture que je pratique : l’écriture intime, l’écriture documentaire, la fiction.
Le second s’attaquerait à une fiction encore plus importante à mes yeux : la figure de mon père, Ange Zaffran. Et je voulais publier ces livres « en temps réel », au fur et à mesure de leur composition. Paul m’a demandé d’en écrire une quinzaine de chapitres à l’avance, pour qu’il puisse les lire avant leur mise en ligne. Les chapitres étaient insérés dans le site, et envoyés chaque jour – un chaque matin du lundi au jeudi, et les trois derniers le vendredi matin – aux visiteurs du site qui cliquaient sur le lien d’abonnement gratuit. Et je me suis mis au travail. Chacune des deux publications a commencé au début du mois de septembre et s’est terminée le 22 février – le jour de mon anniversaire. Quelques semaines plus tard, P.O.L a publié le livre au format papier, et les textes ont été retirés du site. La particularité de ces livres, c’est qu’ils sont comme deux ensembles ayant un sous-ensemble commun : certains chapitres de Plumes d’Ange sont, à quelques bricoles près, des chapitres de Légendes car il s’agit, au fond, d’une même histoire et la petite (la mienne) est incluse dans la grande (celle de mon père et de ma famille). Dans une certaine mesure, il s’agit des deux premiers tomes d’un triptyque. Légendes est l’autobiographie du lecteur que je suis ; Plumes d’Ange est la biographie du médecin qu’était mon père – et parle bien sûr de son influence sur mon itinéraire de soignant. Alors que Légendes fait essentiellement appel à mes souvenirs, Plumes d’Ange a été composé à partir d’une foule de documents familiaux et historiques, et son récit inclut la description de ma recherche et de ses méandres. Le troisième tome, que j’ai longtemps laissé de côté car je ne savais pas comment le traiter, est un roman familial, qui se déroule dans une maison identique à celle de mon enfance. Ça devrait s’appeler La Voie des hommes. L’idée centrale de ce triptyque était de décliner les trois formes d’écriture que je pratique : l’écriture intime, l’écriture documentaire, la fiction.
Qu’est-ce que ça vous a apporté de publier ces livres sous cette forme ?
D’abord, j’avais envie de me colleter à l’écriture d’un vrai
feuilleton, sans filet, au jour le jour. J’aimais le caractère expérimental de
l’entreprise, le défi que ça représentait. J’avais toujours rêvé de faire ça,
et c’était l’occasion ou jamais. Le deuxième grand apport de cette forme, c’est
la présence des lecteurs : ils recevaient chaque jour un épisode du
feuilleton et, comme mon adresse courriel était mentionnée, beaucoup m’ont
écrit. Pendant la publication de Légendes,
c’était surtout pour partager leur émotion : ils me remerciaient de
leur avoir rappelé des livres, des films ou des événements qu’ils avaient vécus
et d’avoir fait remonter une multitude de souvenirs à leur conscience. Aujourd’hui,
plusieurs de ces correspondants – l’un d’eux vivait très, très loin – sont des
amis très proches. Légendes était
essentiellement une reconstitution de mon enfance et de mon adolescence à
travers les « histoires » que j’avais vécues ou mémorisées. Mais Plumes d’Ange était une enquête
biographique sur mon père et ses origines. Je travaillais beaucoup sur
documents – papiers officiels, lettres, enregistrements sonores – mais, n’ayant
pas été formé à la recherche historique, je commettais des erreurs ou me
retrouvais parfois dans des impasses. Lorsque je rencontrais un obstacle, je le
mentionnais dans le texte du chapitre. A plusieurs reprises, des lectrices et
lecteurs qui lisaient Plumes d’Ange en
temps réel m’ont écrit pour me venir en aide, et m’ont donné des informations
précieuses. Grâce à leur participation spontanée, j’ai ainsi pu localiser la
sépulture de mon grand-père, Mardochée, mort près d’Arras en 1915, que mon père
avait cherchée, en vain, pendant des années. Je n’imaginais pas que l’écriture
de ce livre aurait de tels effets. Dix ans plus tard, je suis encore émerveillé
par la qualité du soutien que j’ai reçu de la part des lecteurs en ligne de ces
deux livres. L’écriture au jour le jour de Légendes
m’a également préparé – sans que je le sache – à tenir la chronique quotidienne
qu’on m’invita à faire sur France Inter : entre septembre 2002 et fin juin 2003,
entre autres activités, j’ai écrit chaque jour et ma chronique radio, et
mes chapitres de Plumes d’Ange. Livres
et chronique n’ont pas seulement constitué des expériences d’écriture nouvelles,
ils m’ont, de plus, habitué à recevoir un grand nombre de courriels et à y
répondre très vite. Lorsque, en août 2003, je me suis mis à tenir un site
internet, j’étais prêt.
(A suivre...)
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