mardi 26 octobre 2010

Comment j'ai gagné ma vie (en/d') écrivant, 1






Chaque année (le plus souvent à l'automne, au moment des prix littéraires), un périodique publie un article saisonnier (on appelle ça « un marronnier », en jargon de presse) sur « ce que gagnent les écrivains ». Cette année, c'est Hubert Artus, le chroniqueur/critique de Rue89 qui a mené l'enquête sur le sujet avec un co-auteur, David Servenay.

Après avoir lu l'article, je me suis demandé si je vous avais déjà parlé d'argent.
Il faut que je vous l'avoue, il m'arrive d'oublier ce que j'ai déjà écrit sur ce blog, et je suis obligé de vérifier, sinon, j'aurais une fâcheuse tendance à me répéter. Alors, je suis allé taper « argent » dans la zone de recherche et... aucun article n'est sorti. J'ai tapé « droits d'auteur » et un seul article est sorti, mais le terme est utilisé dans un commentaire, pas dans mon texte. Etonné, j'ai vérifié que l'outil de recherche fonctionnait en tapant « sexe » (qui n'est sorti que trois fois, ce qui me surprend un peu vu la fréquence à laquelle j'y pense, mais bon...) et en tapant « Marc », qui est sorti tout plein de fois, et « Tourmens », pareil. Une fois assuré que l'outil de recherche fonctionnait, j'ai compris que ce serait la première fois que je parle d'argent sur ce blog. (Et je me suis promis de parler de sexe de nouveau, et plus souvent !!!)

J'ai commencé à écrire un long texte critiquant point par point ce que l'article de Rue89 raconte, tant je trouvais les déclarations de ses auteurs superficielles, tandencieuses et irritantes. Au bout de plusieurs feuillets, je me suis rendu compte qu'en essayant de rectifier un après l'autre les propos tenus, je me noyais dans un verre d'eau.

J'ai donc jeté ma première réaction, je suis allé me coucher (la nuit porte conseil) et le lendemain (on était samedi) j'ai essayé une autre approche. J'ai bossé dessus pendant deux jours. Et je me suis rendu compte, une nouvelle fois, que ça n'allait pas. Après avoir repris une dizaine de fois un long texte qui continuait à être insatisfaisant, je me suis dit que j'y essayais beaucoup trop de réfuter l'article à la lumière de mon expérience. Alors que, tout compte fait, je n'avais rien à réfuter ni à comparer. Ce que je pouvais faire de plus constructif, au fond, c'est raconter.
Mon article (en plusieurs épisodes) commence ci-après. 
Je le dédie à tous les écrivants.
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"Comment j'ai gagné ma vie (en/d') écrivant"
Une autobiographie littéraire et vénale
par Marc Zaffran (Martin Winckler)

Chapitre Un
Prescrire (1983-1989) et La Vacation (1989)


J'écrivais depuis la fin de l'enfance, et j'ai beaucoup écrit pendant mon adolescence et en entrant dans l'âge adulte, mais je n'ai commencé à publier et, simultanément, à gagner de l'argent avec ma plume (enfin, avec mes dix doigts...) qu'en 1983. J'avais terminé mes études de médecine et soutenu ma thèse à la fin 1982. Je venais de m'installer dans un village de la Sarthe, où j'avais créé un cabinet médical, et j'attendais les patients. J'étais abonné à une revue de médecine militante, Pratiques, et j'y ai lu mention de la revue Prescrire. À un courrier demandant de quoi il s'agissait, quelqu'un m'a envoyé un... bulletin d'abonnement. Je me suis abonné. C'était une revue consacrée au médicament, très engagée, très critique avec l'industrie. Les textes étaient courts, abordaient des sujets surprenants dont on ne m'avait jamais parlé en fac, et parfois, les rédacteurs (médecins et pharmaciens) racontaient des histoires personnelles.

La revue existait depuis trois ans. Elle était manifestement artisanale dans sa conception. J'ai écrit pour demander si je pouvais assister au comité de rédaction. On m'a répondu qu'il avait lieu tous les jeudis. Ça tombait bien. Je tenais à avoir un jour de repos au cabinet médical et j'avais choisi le jeudi. Je suis allé à Prescrire, à Paris, à la première occasion. Le premier jour, les membres de la rédaction - et en particulier un triumvirat de généralistes qui avaient contribué à la fonder - m'ont accueilli comme si j'avais toujours fait partie de l'équipe. À la fin de l'après-midi, le rédacteur en chef, généraliste défroqué, demande qui veut faire des notes de lecture à partir des articles que le comité de rédaction a retenus. Je lève la main. Il demande « Tu lis l'anglais ? » Je réponds que oui (il l'avait déjà compris aux remarques faites pendant la réunion) et il m'attribue deux textes d'une revue anglaise en ajoutant : « Tu nous les envoies quand tu as fini, prends ton temps. » Le jeudi suivant, je lui apporte les deux textes. Il hausse un sourcil. Il me demande si j'ai l'habitude d'écrire. Je souris. Il me demande si je veux en faire d'autres. Je réponds que oui. Combien ? Je réponds : « Donne, et dis-moi quand tu les veux. » Il m'en confie une demi-douzaine. Le jeudi suivant, je les lui apporte.

Prescrire était une revue militante et ses membres avaient à l'époque une conception très égalitaire et démocratique. Tout travail écrit et publié était rémunéré. Très vite, je me suis mis à arrondir les fins de mois-pas-très-peuplés de mon cabinet médical. Le comité de rédaction était très fourni, mais peu de gens écrivaient, et le rédac'chef, que j'ai plus tard surnommé Phil Barbelé (« une main de fer dans un gant de crin »...) alternait encouragements envers ceux qui rédigeaient en suivant ses instructions et critiques à l'égard de ceux qui n'écrivaient pas « dans la ligne ». 

C'était un bourreau de travail. Son style était déplorable, mais il savait structurer un texte et sa pensée comme personne et avait exercé la médecine générale pendant de nombreuses années. J'étais un débutant dans les deux domaines, j'étais malléable, je voulais tout apprendre, je voulais écrire des articles courts et des articles longs. J'avais soif de réécrire la médecine avec l'équipe de la revue. Barbelé a tout de suite vu quel parti il pourrait tirer de ma fringale. Il m'a pris sous son aile, il m'a formé, beaucoup appris et beaucoup gratifié. Je n'avais pas d'ambition de pouvoir. Je trouvais sa direction un peu dogmatique et totalitaire sur les bords (c'était un ancien Mao de 68), mais je m'en accommodais. Quand il donnait le cap, je mettais pleines voiles et je n'avais pas à m'en plaindre. J'étais un bon petit soldat. Au bout de trois ans, sans que je l'aie vu venir, il m'a bombardé rédac'chef adjoint. 

Même si mon activité médicale augmentait, je gagnais mieux ma vie en écrivant qu'en voyant des patients. Mais j'ai mené les deux activités en parallèle, ainsi que deux vacations hebdomadaires à l'hôpital du Mans, au service d'IVG. Prescrire m'occupait beaucoup pendant mes temps libres (le jeudi, mais aussi le soir, le week-end et entre deux patients). J'apprenais à critiquer les discours antiscientifiques, j'apprenais une méthode de penser, je rencontrais des gens formidables et je gagnais ma vie en écrivant.

Je n'écrivais pas seulement des articles scientifiques (des notes de lectures, des synthèses, des questions-réponses) ; je faisais aussi des traductions, j'écrivais des textes personnels sur ma pratique de médecin généraliste et je racontais des histoires qui étaient arrivées à Ange, mon père, médecin lui aussi. Ange était mort quelques semaines après mon installation, mais tous les mois, j'envoyais le numéro à ma mère, Nelly. Et j'étais drôlement fier de savoir qu'elle lisait des textes qui lui parlaient de son mari, qu'elle pouvait voir mon nom dans l'Ours, et que je pouvais lui faire des cadeaux avec l'argent que je gagnais à la revue. De temps en temps, au téléphone, elle me demandait : « Bon, mais rassure-moi, tu fais quand même de la médecine, mon fils ? » Et je la rassurais en lui lisant les lettres des généralistes qui me remerciaient de réhabiliter notre métier en racontant ma pratique.

Un soir, Barbelé m'a invité à dîner en tête à tête et m'a annoncé qu'il avait de grands projets. Pour les réaliser, il voulait prendre du champ, lever le pied, regarder les choses de plus loin en devenant directeur de la publication, et il avait décidé, d'ici un an ou deux de me confier... Je ne l'ai pas laissé finir et j'ai dit « Si tu veux que je devienne rédacteur en chef, ma réponse est Non. » Il a ouvert de grands yeux, et m'a fait répéter. J'ai répété. Il m'a demandé « Pourquoi ? » J'ai répondu que j'appréciais sa confiance, mais que je n'étais pas un meneur d'hommes – ce qu'il était, lui – et que je ne voulais pas passer mon temps à faire écrire les autres. Et que moi aussi, j'avais d'autres projets.

Depuis le début des années 80, j'écrivais un (gros) roman, inspiré non seulement par le choc éprouvé à ma lecture de La vie mode d'emploi de Georges Perec, puis à sa disparition. (Sa disparition physique, survenue en 1982 et non sa Disparition, le roman qu'il avait écrit sans jamais employer la lettre « e »). Mon roman perecquien n'avançait pas vite, mais je ne désespérais pas de le terminer un jour. Peut-être même, au moment où nous avons eu cette conversation, mon rédac'chef et moi, avais-je déjà commencé un deuxième roman, inspiré par mon travail au centre d'IVG. Toujours est-il que je ne me voyais pas finir ma carrière à Prescrire et je le lui ai dit avec beaucoup de candeur.

Il l'a mal pris. Ça foutait en l'air ses plans à cinq ans : il comptait faire de moi, non son dauphin (un Grand Timonier n'a pas de dauphin), mais la marionnette dont il pourrait tirer les ficelles en se consacrant à des tâches plus élevées. Sa devise favorite pour suggérer qu'il n'avait pas de scrupule à utiliser les talents qui se présentaient (et seulement selon ses termes) était « Je fais feu de tout bois. » Malheureusement pour lui, le petit soldat était ignifugé. Il a eu l'air extrêmement contrarié de s'être ainsi trompé à mon sujet.

À partir de là, ses appréciations et nos relations se sont dégradées. Comme je bossais beaucoup et continuais à me plier peu ou prou à ses exigences paranoïaques et à sa personnalité difficile, il n'a pas pu se débarrasser de moi brutalement comme il l'avait fait, sous mes yeux, au fil des années, en virant comme des malpropres bon nombre d'autres collaborateurs de la revue, parmi lesquels trois de ses principaux fondateurs. Mais, peu à peu il m'a retiré les responsabilités qu'il avait empilées sur mes épaules pour les confier à d'autres. En déclarant d'abord que j'avais trop de travail pour bien le faire, puis qu'il fallait injecter du sang neuf, puis que je devais me consacrer aux pages que je connaissais le mieux : la zone d'expression libre de la revue, qui était aussi sa seule section non scientifique – et la seule qui ne lui paraissait pas digne de son intérêt. Il a fini par me la retirer aussi, en la faisant purement et simplement disparaître, et en la remplaçant par un "forum professionnel" dont toute contribution personnelle et sensible sur l'exercice de la médecine fut désormais bannie.

Sans doute pour lutter contre la frustration d'être ainsi dénigré à petit feu (après avoir été, pendant cinq ans, l'un des rédacteurs les mieux identifiés par les lecteurs de la revue), mais aussi parce que j'en avais marre de presc'écrire, je me suis mis à passer beaucoup de temps sur mes fictions. On était en 1987. La revue se débarrassait de plusieurs IBM à boule (la meilleure machine à écrire de tous les temps) et j'en ai récupéré une. C'est avec elle que j'ai écrit puis modifié ma première nouvelle (publiée dans le n°18 de Nouvelles Nouvelles), et terminé la première version de mon premier long texte. Quand je l'ai relu, je n'étais pas satisfait. Ce n'était pas un roman. Ça n'en avait ni la forme, ni la teneur, ni la cohérence. J'étais désespéré.

Les ordinateurs personnels commençaient à se faire plus nombreux. La secrétaire de rédaction de Prescrire avait un « PC-AT » (terme de l'époque) à l'utilisation duquel je m'étais initié après les heures de bureau. Je continuais à gagner ma vie correctement (grâce à mon cabinet médical, moins grâce à la revue...). J'ai investi dans un Olivetti muni (grand luxe !) de deux lecteurs de floppy disks. Mon frère m'a envoyé une copie de Word 3, qu'il utilisait à son boulot (les logiciels n'étaient pas protégés, à l'époque). Je mettais la disquette programme dans le lecteur de gauche, la disquette document dans celui de droite et, comme il y avait souvent des coupures de courant dans le coin de campagne où j'habitais, je sauvegardais mon travail toutes les cinq minutes pour ne pas risquer de perdre brusquement des heures d'écriture.

J'ai mis un an à terminer la deuxième version du texte. Cette fois-ci, c'était un roman. J'ai raconté ailleurs (« Pourquoi je publie chez P.O.L ») comment c'est devenu mon premier livre, La Vacation. Après sa publication en mars 1989 et les quelques bons papiers qui l'ont accompagnée, j'ai eu le net sentiment que le Grand Timonier était irrité lorsque les membres de la rédaction parlaient de mon livre en sa présence. Un jour, alors qu'il interrompait l'un d'eux pour « rectifier » le commentaire que celui-ci venait de faire à ce sujet, je lui ai demandé : «Tu l'as lu ? » Barbelé a répondu, sur un ton très sûr : « Non, mais je le connais par coeur ! » J'ai pris ça pour de l'auto-dérision et j'ai éclaté de rire. Ça ne lui a pas plu. J'ai soudain pris conscience que moi aussi, je m'étais fourvoyé. 

Je ne faisais plus que des bricoles à Prescrire. Au début de l'été, j'ai découvert qu'une de mes notes de lectures avait été modifiée sans mon accord, et affichait des conclusions scientifiques inverses de ce que disait l'article britannique originel. Je l'ai signalé à Barbelé qui m'a répondu « Lorsque tu sauras rédiger une note de lecture, tu pourras critiquer mes décisions. » Je n'ai plus remis les pieds à la revue.

Au plus fort de ma collaboration à Prescrire, j'avais reçu toute la rédaction, un dimanche, dans la maison où je vivais, à quelques kilomètres de mon cabinet médical. C'était une fermette restaurée. Mes camarades, pour la plupart parisiens, m'avaient complimenté. En souriant, j'avais répondu « C'est grâce à la revue que j'ai pu m'endetter et l'acheter. »

Est-ce également grâce à elle (et à son rédac'chef) que j'ai pu écrire La Vacation ? C'est difficile à dire. Stylistiquement parlant, je ne crois pas. Même si j'ai flirté avec la fiction dans les pages de la revue, ces textes-là n'avaient rien à voir avec la construction et la langue du roman. Mais si je n'avais pas travaillé à Prescrire, et reçu de nombreux courriers me remerciant des textes que j'y publiais, je n'aurais peut être pas acquis l'assurance suffisante pour me lancer dans un roman. Et si j'avais dû me consacrer entièrement à un cabinet médical, je n'aurais peut être pas eu le temps et la force de l'écrire. 

Tous ces événements se sont déroulés simultanément, et je considère mon passage à Prescrire comme une étape majeure de ma formation scientifique, critique et écrivante. Il serait donc malhonnête (et idiot) de prétendre que la publication de mon premier roman ne doit rien à la revue, à ses lecteurs, aux trois médecins trop tôt disparus – Pierre Ageorges, Patrick Nochy et Alain Metrop - qui m'y avaient pris en amitié. Et peut être, un peu, tout de même, à son Grand Timonier.

Néanmoins...

Dans son autobiographie, Jerry Lewis raconte qu'à la fin de sa collaboration avec son complice Dean Martin, il était extrêmement déprimé. Lewis avait toujours voulu être cinéaste. Hal B. Wallis, le producteur des films du duo Lewis-Martin, accepta de le laisser mettre en scène son premier film en solo. Mais le producteur était une peau de vache et un profiteur de première et, comme Lewis était sous contrat avec lui, il exigea en échange de le faire jouer dans deux films ineptes avant de le libérer de ses obligations. Quand son contrat prit fin, Lewis adressa à Wallis un mot ainsi rédigé (je cite de mémoire) :

Cher Monsieur Wallis,
Je vous sais gré de m'avoir fait confiance et de m'avoir donné ma chance.
Toutefois, n'imaginez pas une seconde que je confonds ma gratitude et mes principes...

... et, avant de conclure par une formule de politesse passe-partout (Bien à vous) et de signer, Lewis gratifie Wallis d'une insulte typiquement américaine. Je pourrais la traduire de plusieurs façons, selon le sentiment éprouvé. L'équivalent français pourrait être "Allez vous faire foutre", "Je vous emmerde" ou "Vous êtes un sale con". 

Et, franchement, j'hésite. 


Mar(c)tin 


(A suivre...) 
Prochain épisode : Droits d'auteur, Traductions, Comic-books, Reader's Digest et Séries Télé (1989-1998) 



10 commentaires:

  1. merci pour ce témoignage, on sent bien que cette revue a été le déclencheur, non ? c'est un peu comme tout dans la vie, ce sont les expériences qui font de nous ce que nous sommes et parfois il faut "tuer le père" (bon, ok, là c'est le fil barbelé qui vous plantait des couteaux dans le dos)

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  2. Passionnant, bien sûr, humain, précis.
    Mais et l'argent? Certes , c'est "comment j'ai gagné ma vie" et non "combien". Dommage, j'aurais bien aimé savoir quand même. Savoir combien.
    Combien, là, on vous payait à prescrire.
    En attendant la suite....

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  3. Merci pour cet intéressant texte. Il me rassure quant à la similitude de certaines de mes expériences. je reconnais cette joie, cette dévotion presque à celui qui vous donne votre chance. La reconnaissance ajoutée au fait d'être payé pour son écriture donne bien évidemment des ailes au petit écrivain. ce petit écrivain plein d'envie, de force, de ténacité... il aime tant écrire le petit écrivain, il apprécie tant qu'on lui fasse confiance, bien sûr il ne compte pas ses heures... il pourrait écrire des journées et des nuits entières. Mais il ne sait pas encore ce petit écrivain, parce qu'il est encore tout petit, que ces gens qui vont lui donner sa chance ne sont pas uniquement motivés par des élans philanthropiques. On m'a proposé il y a un peu plus de deux ans maintenant de rédiger un essai sur une création de danse contemporaine. Cet ami-chorégraphe -adorait mon écriture-, il savait que -j'arriverais à devenir écrivain. d'ailleurs, j'avais déjà rédigé pour lui quelques textes à paraître dans les revues de spectacle, dossiers de subvention et autre programmes du festival d'Avignon.
    Il me présenta le projet, dans son ensemble, me prévint que les finances étaient limitées mais que l'important était de travailler tous ensemble et de partager.
    Deux semaines plus tard, j'étais exclue du plan comptable (on peut pas te payer) et je réalisais que je n'avais pas ma place dans ce projet, que je ne servais que de faire-valoir. Je ne vais raconter tout ça en détail mais ce fut très très douloureux et culpabilisant
    Je pense aujourd'hui que l'argent n'est pas le nerf de cette guerre en tant que tel mais qu'il est au centre de ce qui constitue les relations ambigües amicale-professionnelles. Je me suis voulue au-dessus de tout cela mais au fond, je l'ai eue mauvaise parce que, et ce n'est point être vénal que de le penser ou le dire, mon ami m'a supprimée du plan comptable en utilisant les arguments de l'amitié et de la chance qu'il m'offrait. Mais tout dans cette histoire m'a amenée à comprendre que l'on ne voulait pas de moi pour les bonnes raisons.
    Merci infiniment pour cet article qui met en lumière la nature de certains de nos donneurs de chances.
    P.S: je crois que Perec est mort en 1982 ou alors j'ai mal compris...

    Vivement la suite!

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  4. Et, j'oubliais, pour qui vient sur ce blog sans avoir lu "La Vacation" : il faut lire ce livre.
    Il est unique, dans le fond et la forme.
    Ce n'est pas parce que c'est le 1er publié que c'est un brouillon de "La Maladie de Sachs" (j'ai entendu ça parfois, et ça m'énerve! Peut-être est-ce le cas pour certains écrivains, peut-être que pour beaucoup leur 1er livre est un brouillon de celui ou ceux qui suivent, mais là, non).
    J'ai une tendresse particulière, et profonde pour ce texte.

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  5. Excellent, merci beaucoup.

    Je n'aime pas qu'on utilise le mot disparition quand on parle du décès. Il y a des gens (parfois des enfants) qui disparaissent tous les ans, qu'on ne retrouve pas en général, et c'est très différent pour leur famille (euphémisme, c'est surtout beaucoup plus pénible) que quand leurs proches meurent.
    D'ailleurs dans le roman de Perec, Anton Voyl ne meurt pas mais disparait...

    Je me souviens d'avoir travaillé sur des PC AT en 1986; AT c'était Advanced Technology (ha ha ha). Dans mon souvenir ils utilisaient le processeur Intel 80186 au lieu du 8088 (IBM PC premier modèle) et du 8086 (copies de PC meilleures que l'original). Les modèles avec des disques durs (5 Mo, puis 10 Mo, puis 20 Mo) coutaient nettement plus cher.

    Vivement la suite !

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  6. @Emmanuelle : Oui, c'est "comment j'ai gagné ma vie", mais plus loin je parlerai du combien (en abordant la question des à-valoirs et des droits). Et merci pour "La Vacation"...

    @Sophie : vous avez absolument raison, c'est 1982 la mort de Perec, et 78 la publication de La Vie... (d'où le lapsus).

    @Alexis : Oui, les DD étaient nettement plus chers et c'est pourquoi j'avais pris à deux floppys. Le PC suivant était un AT avec un DD de 20 Mo, ce que je trouvais alors monstrueux (je n'allais jamais pouvoir remplir tout ça !!!)

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  7. Lisant votre article m'est venue en tête la série HBO "Bored To Death", où un jeune écrivain a une deuxième activité de détective privé amateur et a pour ami/mentor un millionnaire patron d'une grande publication new yorkaise.
    La série est un autre exemple d'écrivain qui a une double activité et qui a une connaissance qui lui met le pied à l'étrier ...

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  8. Déjà qu'on mettait du temps pour remplir une disquette double densité (360 Ko) ! La première fois qu'on m'a montré un PC XP avec un DD, de 10 Mo, jai pensé "Mais pourquoi 10 Mo ? Ca sert à rien d'en avoir autant !".

    Et Emmanuelle M a bien raison de recommander la lecture "La Vacation" qui est un roman véritablement unique, extraordinaire.

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  9. C'est en écrivant qu'on devient écrevisse. Alphonse Allais.

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  10. OUi, toute ma vie je me suis dit qu'il faudrait que j'écrevisse...

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