RIen de grave, mais j'ai eu beaucoup de boulot et je suis parti quelques jours de chez moi, voilà pourquoi je n'ai pas écrit ces jours-ci.
Je serai de retour très bientôt.
En attendant, les passagers du blog sont eux/elles aussi invités à parler de l'écriture, sous forme de texte à publier, même "hors exercices" !
A vous lire !
Martin
Et c'est Emmanuelle (dans le commentaire ci-après) qui nous donne l'exercice de la semaine, spontanément. Il est simple... enfin, pas si simple que ça, finalement.
Forme ? Libre
Longueur ? Variable
Remise ? Quand on veut, sans date limite
Merci, Emmanuelle.
J'aimerais bien lire des "Je me souviens" en ce moment. Si ça donne des idées à certain(e)s. Merci Monsieur Perec, merci Monsieur Winckler.
RépondreSupprimerJe commence?
Je me souviens, monsieur Perec, oui, je me souviens…
Je me souviens de ma grand-mère.
Je me souviens de ma première année d’école.
Je me souviens de mon silence.
Je me souviens des cours d’école.
Je me souviens des tables de classe en bois et des encriers.
Je me souviens du stylo-plume, que je trempais dans l’encrier.
Je me souviens que je le tenais mal et qu’il me creusait l’auriculaire.
Je me souviens que je bégayais.
Je me souviens de la voiture de mon grand-père.
Je me souviens qu’on m’a dit que mon grand-père était « parti ».
Je me souviens de l’odeur de l’herbe mouillée.
Je me souviens des claques de ma mère.
Je me souviens des mensonges par omission de ma mère.
Je me souviens que je m’endormais facilement.
Je me souviens de ma grand-mère, morte en 2001.
Je me souviens de ma grand-mère. De sa maison et de son jardin. L’allée de cassis et de groseilliers, les massifs de fleurs : fuchsias, acacias, agalactes, fleurs du pape, violettes, marguerites…
Et les lapins dans les clapiers. Le jardin potager, si bien entretenu. Les pommes de terre, au fond, que j’aimais déterrer, sans en avoir le droit (« Tu vois bien qu’elles sont vertes, arrête d’y toucher »). Les haricots verts, les petits pois, les salades et…les fraises, prés des clapiers à lapin. Je les surveillais tous les jours, je les regardais presque pousser et rougir.
Après le jardin potager s’étendait un champ d’herbes folles, avec tout au fond, un petit ruisseau. Il était interdit de pénétrer cette herbe, des vipères y grouillaient me disait-on. Je n’avais le droit d’y aller que rarement, et en mettant de grandes bottes, trop grandes pour moi, qui m’arrivaient aux cuisses. Je n’y ai jamais vu de vipères. Mais quantité d’escargots oui.
La maison était ce qu’on appelle maintenant « rudimentaire ». Pas de chauffage, pas d’eau courante, pas de toilettes. Elle n’avait que deux pièces : la cuisine et la chambre. La grange était plus grande que la maison elle-même ! Je dormais dans le lit de ma grand-mère, le seul lit. J’avais souvent froid. Mais je ne disais rien. C’était toujours mieux que là où j’habitais avec ma mère, en ville, dans un immeuble, un clapier à humains.
Je me souviens des gestes maladroits de ma grand-mère, de son corps lourd et usé qu’elle n’aimait plus depuis longtemps. Elle me disait : « Tu as de la chance toi, tu as de belles jambes ». Comme si mes jambes allaient changer ma vie…Aurait-elle eu, elle, une vie si différente si elle avait eu de belles jambes ? Aurait-elle pu refuser un mariage arrangé par ses parents, refuser un deuxième enfant qu’elle ne voulait pas, né pendant la guerre ? Ce deuxième enfant, c’était ma mère.
Très bonne idée, les "je me souviens" ! Et merci pour le texte
RépondreSupprimerMerci Emmanuelle Mignaton pour ce texte très émouvant qui nous pose la question du libre arbitre et m'a renvoyée à mes propres souvenirs.
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