mardi 2 novembre 2010

Une bouteille à la mer - par "Mon Hologramme"


Elle a encore écrit toute la nuit dans sa tête, dés 3 h du matin, un crayon virtuel agitait son cerveau d’autant de mots disparus au matin. C’est à croire que le jour la change en femme d’action, sans cœur, sans émotion, incapable de décoder les messages subtils  qu’elle engrange, sans le savoir, afin qu’ils se révèlent la nuit, sous forme de phrases qui défilent à toute allure comme si elle lisait, comme si elle dictait. Elle ne se lève pas pour les jeter sur le clavier, elle ne peut pas, elle ne voudrait pas qu’on la voit, qu’on se moque, que l’on essaie de lire, que l’on puisse encore lui voler les écrits après lui avoir volé la parole. Presque tout ce qui sort d’elle, la nuit, peut faire mal. Aux autres.

C’est pour cela, qu’elle se raconte comme on se berce, tout ce qu’elle à besoin d’exprimer, elle l’imprime, dans une ronde de neurones, cela fait le tour de son cerveau et puis s’en va.

Le jour, elle lit. Frénétiquement elle revêt la vie des autres. Rêver la sienne est trop lourd.

Trop loin du début, trop loin du carrefour, engluée dans de mauvais choix qui attachent, étouffent, plombent. C’est une vie de moitié, une vie bancale, des bouts mortifères accrochés aux respirations qui se changent en soupirs. Des sourires écrasés, du sang dans ces sourires, les yeux figés, sans pattes d’oie.

Pourtant, tout est  reconstruit jour après jour sur du faux, du vide, au réveil, ou il ne faut que penser au café- fumée, savoir qu’avant la douche on est fragile, avant le maquillage on est fragile, avant l’habit, avant le déguisement, avant l’allure de fausse belle femme, on est incapable d’assumer la petite chose fracassée que l’on est devenue, et que l’on dissimule dés le pas de la porte par une envolée de jambes en marche vers le futur proche que l’on n’envisage même pas.

Rester debout. Faire semblant pour rester debout, mettre son mouchoir de petite fille sur ses sanglots de femme, rester debout, ne pas avoir les paupières rouges et gonflée, faire envie, pas pitié.
Vendredi minuit, elle a pleuré, c’est sorti tout seul, elle n’a pas eu le temps, pas pu sortir assez vite de sa tête, le temps que ce soit moins violent.

Elle avait mal, elle voulait se coucher, elle l’a dérangé, il n’a pas voulu qu’elle se couche, il aurait dû baisser le son, elle est parti dormir dans l’autre chambre, et n’a pas fait de bruit avec ses larmes.

Le chagrin fait du bruit.

C’est l’injustice qui lui a vrillé le cœur,  ce sont les mots pour rien, ou l’on doit se défendre de rien, c’est plier la tête avant même l’annonce de la bourrasque, c’est crier et se défendre encore pour rien, rien ne change, elle n’a pas d’ami dans son lit, son ennemi la veille, il est toujours là, son ennemi lui dit qu’il l’aime, qu’elle est tout pour lui, qu’il ne peut vivre sans elle. Elle entend : je m’aime, tu es tout ce que moi je peux contrôler, je ne peux vivre sans te faire du mal.

Elle rêve qu’il l’oublie, qu’il cesse de l’aimer ainsi puisqu’il ne sait l’aimer vraiment.
Je crois qu’elle n’attend plus rien, elle a cessé de lutter, elle n’a plus d’énergie, elle en est au stade ou elle a baissé les bras, après avoir tant lutté, elle n’a plus de munitions, les balles amies, celles qui la protégeaient sont dans d’autres cartouchières. Promises à d’autres cibles.

Absente de sa vie, de son corps, l’esprit réfugié nulle part, aucune limbe n’est assez profonde, assez lointaine, il faut du rien pour le vide, ne pas être, ne pas sentir, s’abstraire.

Comment s’ancrer dans la vie d’une autre, privée de choix, privée de liberté, privée de rêve ;
Elle est née sans univers, le cerveau vierge d’empreintes, lavée de ses vies précédentes, dès le départ, nourrie des autres, boulimique des autres,  ils lui ont tout donné, tout appris, permis de rentrer dans leur mémoire, dans leurs souvenirs, dans leur peau.
Elle a résidé sous des paupières, au bout de doigts, dormi dans des oreilles, blottie, toute petite, toute ouverte, une éponge sous des fronts étrangers.

Ses rêves sont pauvres.

Incapable d’imaginer ou de se projeter.

Elle regarde, s’imprègne, de musique, de peinture, de paroles et de pensées.

Ses plus grandes émotions que d’autres nomment «  artistique » ne sont que la joie d’avoir rempli du vide, assemblé des pièces tangible que son imaginaire ne conçoit pas.

Ne vivant  que de ses souvenirs assemblés à ceux des autres, elle écoute. Il lui faut des histoires, des chuchotis, des confessions, de grands éclats de rire, des visages épanouis, des gens qui sans crainte sont eux-mêmes, chair et sang, tripes et sentiments.

Elle ne vit que par la sensation présente, tous les sens en alerte, mangeant  le présent, le mâchant, l’avalant, le distendant afin de n’être que dans un immense présent. Quand il est bon..

Quand le présent est mauvais, elle s’abstrait, juste un peu vivante, juste un hologramme, elle fait semblant…je crois qu’elle fait souvent semblant.