mardi 6 septembre 2011

Les films de ma vie - par Rvqras (exercice n°19)

Évoquer trois films qui m'ont marqué, c'est d'abord évoquer ma frustration.
Je suis un geek cinéphile. Qu'est ce que cela signifie ? Que j'ai des dizaines de titres de films dans la tête, et des palanquées d'informations de cinéma tout à fait hétéroclites. La seule chose, c'est que depuis 33 ans que je suis sur cette Terre, je ne sais fichtrement pas à quoi cela sert, enfin, si peut être : à jouer aux "six degrés de séparation" entre deux acteurs. Pour savoir ce qu'est le jeu des "six degrés de séparation", je renvoie le lecteur au site suivant : http://oracleofbacon.org/. En gros il s'agit de faire du marabout-bout-de-ficelle en disant "machin a joué dans tel film, un film également avec machine, qui aussi joué dans tel autre film ..."

Choisir 3 titres, c'est me limiter. Mais il s'agit aussi de contraintes créatives, 
lesquelles sont également parfaitement amusantes.


La plupart des films m'ayant vraiment marqué sont irrémédiablement liés au poste de télévision de mes parents. Si je me souviens bien, un Thomson avec 6 boutons/6 chaînes, et le réglage des canaux s'effectuant par des molettes accessibles sur le côté. Je me rappelle encore que ce genre d'engin captait parfois les émissions radio des avions.

Pourquoi la télévision ? Parce que mes parents étaient quelque peu laxistes sur ce que je pouvais et sur ce que je ne pouvais pas regarder. D'une certaine manière, devant la télévision, je pouvais être quelque peu livré à moi même, et beaucoup moins au cinéma, sur lequel mes parents avaient une prise plus forte.

En vrac sans réfléchir, le premier film qui me vient à l'esprit est "A vingt-trois pas du mystère", vu dans le cadre de l'émission "La Dernière Séance" (aaaah Eddy Mitchell qui drague la fille du assise derrière lui avec des tirades genre "Chérie, ce film a été réalisé par Henry Hathaway en 1945, c'est le remake d'un film de 1923 ..."). 

La seule chose dont je me souvienne vis à vis de ce film, c'est bien sûr de l'intrigue, mais aussi de l'incident déclencheur : dans un restaurant, un aveugle entend une conversation entre deux personnes qui parlent d'un meurtre à venir. Il va alors passer le reste du film à mener l'enquête avec sa copine et son ami.
Des années après, j'ai réussi à récupérer ce film, qui m'attend dans un coin de mon disque dur (parce que pour le retrouver en DVD en France ... amusez vous bien). Je n'ai pas la moindre envie de regarder ce film. Je sais d'expérience que les souvenirs que l'on a d'un film sont infiniment plus précieux que le film lui même, car un film "de notre vie", parle de nous, de qui on est, de notre histoire de vie, de nos émotions ... tout cela n'ayant au final guère intérêt à être cantonné dans le boitier d'un DVD.

Rétrospectivement, je pense que l'histoire de ce film m'a donné des ailes, parce que quand on y regarde bien, un aveugle qui enquête sur un meurtre, c'est aussi une belle histoire de combattivité, de culot et d'intégrité.

Toujours en vrac sans réfléchir, le second film est "New York 1997" de John Carpenter.

Je me souviens avoir enregistré ce film en VHS, un été il y a 20 ans, un été de vacances à la maison forcées (évènements familiaux obligent ...), un été de solitude, un été d'étouffement, aussi.

Quand je lis le titre de ce film, la première chose qui me vient en tête est son ouverture. Un thème musical minimaliste, simple et entêtant, comme bon nombre de bandes originales de Carpenter. Une voix de femme qui décrit les raisons de ce qui a provoqué la situation de 1997 (il faut se rappeler que le film date de 1981 ...).
Je me revois précisément assis devant la télévision en train de regarder ce film et son ouverture. C'est comme si j'avais une machine à voyager dans le temps au sein de mon cerveau.
Depuis, j'ai revu le film, plusieurs fois, ainsi que sa suite et une grosse partie des films de John Carpenter.

"New York 1997", c'est Snake Plissken, c'est mon héros. Un marginal, un franc-tireur, un anarchiste, un punk, un associal ... mais aussi une personne d'une totale intégrité, qui reste toujours fidèle à ses convictions. Étrangement, les années ont passé, et certaines scènes de "New York 1997" ou "Los Angeles 2013" m'éclatent toujours autant. En anglais , le terme adéquat est ... badass !!!

Troisième film, première contradiction avec ce texte, un film vu il y a quelques mois, pas sur la télé de mes parents : "Fandango", de Kevin Reynolds, avec Kevin Costner.


Je suis ravi d'avoir vu ce film récemment, car il me permet de bien définir quand je sais qu'un film m'a touché : quand je suis pris par surprise, quand je ne m'attendais pas du tout à cela, quand je ne peux plus tricher, quand ne je peux plus négocier avec mes émotions et ce que je ressens ... et aussi quand je ne me sens pas forcé la main !

D'abord, Kevin Costner. Tiens, un autre de mes héros des années 80. J'adore ce que dégage ce type : dans ses anciens rôles, il est parfois très chien fou, beaucoup dans "Fandango", également dans "Silverado". Également, c'est aussi un acteur qui dégage quelque chose de tout à fait désabusé, et parfaitement mélancolique. Cet acteur m'a appris quelque chose sur ce que peut être un homme : pas seulement un roc qui ne montre pas ses émotions, mais aussi une personne intègre, parfois un peu triste, mais aussi souvent dans le rire, bref une magnifique complexité.

"Fandango" est un magnifique film de potes : des potes qui s'engueulent, des potes qui ne sont pas toujours d'accord, mais aussi des potes qui feront tout ce qui est en leur pouvoir pour s'assurer leur bonheur mutuel, quitte à parfois se mettre de côté. Je repense à certaines scènes de ce film (les raconter serait gâcher le plaisir) et l'émotion revient en moi. "Fandango" est un film qui montre la beauté de l'amitié, et c'est ce qui le rend si précieux.