jeudi 30 juin 2011

Accord parfait - un texte original envoyé par Anne G.




L'air est chargé d'humidité sur ce Malecon de La Havane
Des personnes prennent l'air marin
Se laisser hypnotiser par le ressac
D'autres errent là où les mènent leurs pas.

Lui joue du saxophone
Tire des notes d'un instrument déjà âgé
Probablement un voyageur venu de l'Europe de l'est
Arrivé dans les années plus prospères de l'île.

Cette grande virgule est toute sa vie.
Il l'adore comme d'autres chérissent une femme
Elle est arrivée un jour dans ses mains
Elle ne l'a jamais quittée depuis.

Pour elle il a appris le jeu de notes
Ce langage que l'on appelle solfège
Il le maîtrise si bien,
Que son saxo et lui s'en joue.

Sa relation n'est cependant pas exclusive,
Il aime partager cet accord parfait
Avec le passant, spectateur impromptu
Telle que je suis.

Ses notes racontent des histoires
Le musicien ne fait qu'un avec son instrument
Qui est le maître, qui est le sujet ?
Peu importe, l'accord est parfait.









lundi 27 juin 2011

Le livre de mon enfance (Exercice d'écriture n°18)

(Sur une suggestion de Sandrine L.)

Un livre a marqué votre enfance. Il reste présent dans vos souvenirs et vos émotions. Sans le relire, sans le rechercher, racontez ce qui vous en reste et pourquoi il vous a marqué(e).

Pas de date limite. Pas de longueur imposée.

Envoyez votre texte à
martin.winckler "at" yahoo.ca

mercredi 22 juin 2011

Raconter des histoires

(Ce texte était initialement destiné à une chronique que j'assure une fois par mois pour le groupe "La Montagne", mais il n'a pas abouti. Le voici tel quel. Je le poursuivrai peut-être. Mar(c)tin) 



D'aussi loin qu'il m'en souvienne, le désir de raconter a toujours coexisté, en moi, avec l'intention de soigner. J'ai toujours cherché à atténuer, à soulager la souffrance de ceux qui m’entouraient, sans pour autant me percevoir comme un soignant dans l'âme, sans jamais me dire que telle était ma « vocation ». Mais même si ce souci de l’autre préexistait en moi depuis longtemps, il s’est longtemps tenu à l’écart de ma conscience lorsque je me suis mis à écrire.

Je ne me rappelle pas, bien sûr, le premier texte que j’ai écrit (Y a-t-il vraiment un « premier texte » ?) mais je me souviens de la première fois que j’ai écrit un texte d’imagination en lieu et place de ce qui aurait dû être un récit factuel. Notre institutrice – je devais avoir 8 ou 9 ans – nous avait demandé de raconter « une journée chez notre grand-mère ». Or, j'aurais été bien en mal de le faire : l’une de mes grands-mères était morte avant que je ne la connaisse ; la seconde vivait à Paris, tandis que nous habitions dans une petite ville du Gâtinais, à quatre-vingt kilomètres de la capitale et, s’il m’arrivait de la voir, je ne passais jamais plus de deux heures dans le petit appartement qu'elle partageait avec l'un de ses fils, célibataire toujours en voyage. De plus, ce n'était pas – à mon égard, du moins – une grand-mère très affectueuse.
De ma très courte existence, alors, je n’avais par conséquent jamais passé une journée mémorable chez l’une de mes grands-mères - une de ces journées qu'on s'imagine pleine d'odeurs de jardin et de cuisine, de pain tartiné de confitures et de baisers sur le front. Mais, mis en demeure par mon institutrice de produire pareil compte-rendu, il me paraissait impossible de reconnaître cette lacune dans mon expérience : je venais d’arriver en France avec ma famille après avoir passé les six premières années de ma vie à Alger, et la septième en Israël. J'étais un étranger. L'aspect normatif, « intégrateur » de ce texte de commande était si séduisant que je ne désirais pas m’y soustraire – ou que je n'ai pas osé le faire. Sans trop réfléchir, mû avant tout par la nécessité, j’ai décrit une journée imaginaire en compagnie d'une femme qui ne pouvait être ni ma grand-mère disparue (dont je ne savais presque rien) ni la bien vivante (à qui je n’étais pas particulièrement attaché) mais une troisième personne, imaginaire, tout de noir vêtue, qui venait nous rendre visite et nous tenir compagnie, à mon frère et à moi, les jours où mes parents étaient absents.

J'ignorais alors que cette figure funêbre incarnait tout autre chose qu'une grand-mère symbolique. Mais cette « invention » fantôme m'apprit, mine de rien, une chose essentielle. Mû par les circonstances, je découvrais que je pouvais raconter une histoire – ou, plus exactement : mentir – et ce, en toute impunité puisqu'il était impossible à mon institutrice de découvrir que la personne que je décrivais n'existait pas. Je soupçonne même que j'ai été récompensé de ce mensonge, cette fois-là et les suivantes car, d'aussi loin qu’il m’en souvienne, j’ai reçu de bonnes notes en « rédaction », l’épreuve qui, dans les grandes classes de l’école primaire et les petites du secondaire, évaluait l’aptitude des élèves à la narration sous contrainte.

Il est d’ailleurs significatif qu’en France on valorise l’imaginaire des enfants et leur aptitude à inventer des histoires écrites jusqu’à l’âge de 12 ou 13 ans – celui de la puberté débutante – et  qu’ensuite, en cours de français et de philosophie, on exige d'eux qu'ils citent, argumentent, élaborent, développent mais surtout n'inventent rien, comme si l’inhibition contrôlée (et totale) de toute manifestation d’imaginaire était le garant du passage à l’âge de raison et la condition expresse de l’obtention de l’examen de fin d’études.

Je ne me suis pas laissé inhiber par les consignes pédagogiques. J'avais trop de plaisir à inventer des histoires – des histoires qui ressemblaient à (et, inévitablement, s'inspiraient de) celles que je lisais dans les romans et les comic books ou que je voyais au cinéma et sur le petit écran. Je ne sais pas si mon tropisme pour la fiction est le fruit de ma culture (orale et narrative : je suis né dans une famille juive d'Afrique du Nord) ou une aptitude liée à mon architecture cérébrale – à moins que ce ne soit les deux – mais rien n'aurait pu m'empêcher de continuer à écrire pour raconter.

Je racontais la suite des histoires que j'avais aimées ; je réécrivais les fins qui m'avaient déplu ; je m'engageais sur des pistes que les auteurs n'avaient pas explorées mais scandaleusement laissées en friche ; je développais des personnages esquissés et, surtout, j'alignais des titres.
Je commençais toujours par le titre. Le titre était la porte d'entrée vers l'histoire. A mes yeux, il l'annonçait, la synthétisait et excitait la curiosité du lecteur. Et la mienne, pour commencer : parmi les dizaines de titres que j'ai notés sur des fiches bristol perforées soigneusement rangées dans un petit classeur, une vingtaine seulement ont été suivi d'un début de rédaction, et celles qui sont devenues des nouvelles se comptent sur les doigts d'une main.

Des nouvelles, oui, car j'en lisais beaucoup, et surtout du domaine anglo-saxon, et surtout des nouvelles policières et de science-fiction, de ces nouvelles qui s'envolent dans des mondes entièrement artificiels, les crimes impossibles, les épopées spatiales, les paradoxes temporels. 

J’ai continué à raconter des histoires. Et donc, dans une certaine mesure, j'ai cultivé mon imaginaire - dans le sens où Candide se retire pour cultiver son jardin. Ce n'était pas sans risque, et d'abord, c'était suspect : pour les adultes (les parents, en particulier) l’imaginaire de l’enfant, quand il n’est pas « poétique » ou « mignon », c’est tout simplement du « pas-vrai ». Ils pensent que l’enfant l’utilise comme un adulte passe une couche de peinture sur sa façade pour faire croire que tout est beau et propre à l’intérieur. Ils réprouvent le mensonge. Ils oublient cependant que mentir est indispensable, car dire sa pensée ou ses désirs est toujours périlleux : on s’expose à la réprobation, au jugement, au rire, au mépris, à la condescendance – et ce, tout particulièrement quand on est enfant.  « Inventer des histoires » - surtout si elles sont invraisemblables - est certes perçu comme une perte de temps, mais sans les connotations morales et les conséquences désastreuses du mensonge.

Inventer des histoires n'est pas écrire, c’est le préalable à l’écriture. Et en France, à moins d'être Proust ou Flaubert – qui à leur décharge ne savaient pas, quand ils écrivaient, qu'ils deviendraient les idoles d'une petite élite et le pensum de milliers d'élèves – l’écriture de fiction s’assumant comme telle n'est pas considérée comme une activité « sérieuse ». 

Contrairement à celles de l’Amérique du Nord, les universités françaises ne proposent pas d’atelier de création littéraire. Et, tandis que le travail de recherche historique ou philosophique est considéré comme un accomplissement difficile et digne de quelques élus seulement, la création littéraire apparaît, au mieux, comme un passe-temps stérile. Une amie jalouse ne reproche-t-elle pas à Simone de Beauvoir, dans Les mémoires d'une jeune fille rangée, de passer trop de temps à discuter de ses romans en travail avec Sartre en ajoutant : « C'est pour ça que vous passez du temps loin de moi ? Pour écrire des histoires qui ne sont même pas vraies ? ».

mercredi 8 juin 2011

Je me souviens... des bouquins qu'on n'avait pas le droit de lire - par Don Bruno de la Vega



La raison principale en était qu’ils étaient « mal écrits ». Ainsi en avait décrété l’indiscutable autorité maternelle, cachant peut-être d’autres raisons que, l’âge venant, j’ai commencé à entrevoir.
Donc :
Tout Bob Morane. Voilà. Rien, je n’en ai lu aucun. Même si tous les titres évoqués dans les pages du site de Marc me disent quelque chose. Même si, récemment, j’ai acheté sur Ebay, « Un parfum d’Ylang Ylang », dont ma douce et tendre me parlait si souvent. J’aimerais bien m’y mettre, mais par lequel commencer ?

Tout Enid Blyton. Tout. Des bouquins pour tout petits aux aventures les plus adolescentes. Sont passés à travers les mailles du filet, quelques « Oui-oui », un « Club des cinq », qui me vaut de ne pas avoir l’air trop idiot quand on évoque Dagobert ou Claude, quelques « Clan des Sept » empruntés à la bibliothèque municipale glissés entre deux bouquins plus sérieux, ou que ma mère, enfant, avait elle-même adorés : les livres de Colette Vivier, « La Maison des Quatre Vents », « l’Enigme du Trèfle », dans la vieille Bibliothèque Rose, celle qui était toilée et plutôt grenat que rose. La série des Prince Eric, « Le Bracelet de Vermeil » et autres, dont les magnifiques illustrations représentaient beaucoup (trop ?) d’adolescents blonds et bronzés…

Toute la BD. Humour excepté. Donc Astérix, Lucky Luke, Tintin sont passés à travers les mailles du filet. Probablement parce qu’ils faisaient rire mon père. Mais attention hein, sur quatre livres hebdomadaires de la bibli, une seule BD ! Coup de bol, Pif Gadget a trouvé grâce aux yeux maternels. Incompréhensible. L’appartenance du journal au groupe qui éditait l’Huma, peut-être ?
Chance, après quelques petites années de gadgets et autres super gadgets, j’ai pu remplacer la revue canine par Pilote, Mâtin (non moins canin finalement), quel journal ! 
Là, trompettes et clairon, Gotlib a intégré le Panthéon familial pour ne plus en sortir (quand sur France Inter, un certain écrivain évoque l’intégrale de la Rubrique à Brac qui vient de paraître, elle ne quitte déjà plus la table de chevet de ma fille depuis quinze jours au moins…).
Mais des BD d’aventure, rien, que dalle. Akim, Color ou pas, Zembla, Blek le Rock, Bourrés de fautes d’orthographes. Vulgaires. Interdits.
Heureusement qu’il y avait les colos ! Pendant ces semaines passées à la montagne ou sur la côte normande, ces magazines, grand mot pour ces petits formats en noir et blanc, s’échangeaient furieusement entre les dortoirs.

Depuis, je me suis demandé si les images des compagnes féminines de nos héros, « créatures » disait-on alors, plantureuses et dénudées, n’étaient pas rentrées en compte dans les motifs de l’interdiction maternelle.
M’en fous, je m’étais rattrapé avec les illustrations de Fantomette !

mardi 7 juin 2011

Janie - par Céline Laurent


Janie prétend qu’elle s’appelle Claude. Elle est devant moi, elle donne un cours de gymnastique douce. « On respire, on se redresse, voilà ». Elle fait comme si je ne savais pas. De mon côté, je l’appelle Claude, comme tout le monde. En même temps, je vois bien qu’elle est encore contrariée. On s’est disputées une heure plus tôt, normal qu’elle s’en souvienne.
Sauf que tout à l’heure, elle se faisait appeler Dominique. On était toutes les deux au bureau, et comme souvent, on s’est fâchées.
Comment fait-elle pour vivre ses deux vies, sans se mélanger les pinceaux ?
Elle ne se trompe jamais. Un jour, pour voir, je l’ai appelée « Claude » dans le couloir : elle a continué son chemin.
Je sais qu’elle sait que je sais.  Je suis la seule à savoir qu’elle s’appelle en réalité Janie. Personne d’autre que moi ne la connais sous ce prénom. Parfois, j’ai peur. Cette double vie si parfaite cache quelque chose. Peut-être qu’un jour elle voudra éliminer un témoin gênant. Peut-être qu’il faudra que je prenne les devants.
Je ferai bien d’en parler. J’ai déjà essayé.  « N’importe quoi, elles ne se ressemblent pas du tout » m’a dit un jour Thérèse, que j’avais amenée au cours de gym. J’avoue qu’elle m’a fait douter.
Mais alors, comment expliquer le fait qu’elle garde de la rancœur contre moi le soir, quand on s’est accrochées dans la journée ? Et pourquoi un grand sourire au cours de gym les fois où on a bien rigolé  à la pause café ?
Je ne lui en ai jamais parlé. C’est tellement troublant pour moi. Dans un sens, je suis heureuse de partager son secret, notre secret.
Janie, moi seule te connais vraiment.

samedi 4 juin 2011

Pour quelques dollars pièce - par Mar(c)tin

Samedi 4 juin 2011, dans l'après-midi.

Après un dîner familial à onze (on est nombreux, dans la famille et encore, on n'était pas tous présents), je déambule dans la rue Sainte-Catherine, en direction de la Grande Bibliothèque. Ma belle-soeur m'a appris tout à l'heure que la Bibliothèque solde les livres dont elle se défait, j'ai envie d'aller y jeter un coup d'oeil. Un de mes garçons m'accompagne. Nous passons devant un bouquiniste (il y en a des flopées dans le quartier), Volumes. J'entre, je trouve Comment voyager avec un saumon, d'Umberto Eco (une demande de MPJ) et je tombe en arrêt devant une rangée de Bob Morane, édition originale Marabout des années 60. Parmi les exemplaires en question, une douzaine dans le cycle de "L'Ombre Jaune". J'aime beaucoup l'Ombre Jaune, alias "Monsieur Ming", criminel plus maléfique que Fantomas et ennemi juré du héros. J'achète les douze Ombre Jaune, dans un état impeccable, à deux ou trois dollars pièce. Une aubaine pour un nostalgique. Mon fils prend deux CD. Nous ressortons et après nous être trompés de direction, nous parvenons à la Grande Bibliothèque.

Rien à voir avec la TGB parisienne. Celle-ci n'est pas une table à l'envers dont les tours sont inaccessibles, mais un long et haut bâtiment vitré, lumineux, où les livres sont distribués sur six niveaux d'accès aisé. Pas besoin de montrer patte blanche : elle est ouverte à tout le monde, on y entre comme dans un moulin, on peut saisir les livres à même les rayonnages, s'installer, lire jusqu'à des heures avancées, (de 10 h à 22 h en semaine, à 18 h le weekend), emprunter gratuitement (quand on vit à Montréal) un million de livres. (Non, pas tous le même jour...)

Au rez de chaussée, dans le hall, quelques tables sont couvertes de livres dont la bibliothèque se débarrasse, parce que - j'imagine - depuis 2005 (date de son ouverture), lesdits volumes n'ont pas été empruntés. Je repère A moment on the edge, un recueil de nouvelles policières écrites par des femmes, et rassemblées par Elizabeth George ; une biographie de Paul Newman datant de 2004 et... un volume que je connais bien, The Body in the Library, A Literary Anthology of Modern Medicine - par Iain Bamforth.

C'est un recueil de textes consacrés à la médecine qui va de Charles Dickens (qu'on ne présente plus) à Jonathan Kaplan (un chirurgien écrivain américain). On y trouve des textes de soixante-dix auteurs parmi lesquels Kafka, Flaubert, Conan Doyle, Jean Reverzy, Proust, Duhamel, William Carlos Williams, Musil, Tucholsky, Auden, Beckett, Chesterton, Döblin, Jules Romains, Brecht, Camus, Miguel Torga, Virginia Woolf, Orwell, Boulgakov, Queneau et... ma pomme.

J'ai sorti le livre de son bac et je l'ai montré, tout fier, à mon fils. "Ah, tu es dedans" a-t-il fait avec son sourire ravageur (il a un sourire ravageur).

Je suis dedans. Enfin, un de mes textes, le "Petit afflictionnaire médical", traduit par I. Bamforth, que j'ai rencontré à deux ou trois reprises alors qu'il préparait son anthologie. Iain avait également rédigé une critique de "La maladie de Sachs" pour une revue britannique à l'époque de sa publication en français, d'où son intérêt pour ce que j'écrivais, j'imagine.

Ca fait bizarre de lire son nom (enfin, son pseudo) parmi des noms d'écrivains qu'on a lus et qu'on aime (enfin, sauf un, je vous laisse deviner lequel, car je ne l'ai pas cité plus haut). Bizarre, drôle, étrange. Mais c'est tout. Je ne me sens pas transporté par la grâce. Je ne me sens pas plus célèbre (ou meilleur écrivain) pour autant. D'autant plus qu'encore une fois, si le livre était à vendre (pour 1 $) c'est qu'il n'a jamais été emprunté, donc est resté anonyme... C'était (c'est de nouveau) gratifiant, mais de manière minuscule, une fierté qui n'a pas d'importance, une satisfaction invisible, que j'avais oubliée et que le hasard m'a rappelée.

Et ça m'a fait plaisir de le trouver, de l'adopter et de l'emporter chez moi, avec les deux autres bouquins et la série des Bob Morane contre L'Ombre Jaune (je me demande si Henri Vernes, leur auteur, est encore vivant et quel âge il peut avoir) et de l'avoir trouvé en fouinant dans la Grande Bibliothèque avec un de mes fils.

Un petit bonheur, par un jour de soleil et de vent frais, à Montréal, Québec.

Mar(c)tin