mercredi 14 septembre 2011

Les films de ma vie - par Lambertine (Ex. n°19)


Trois films… Trois films, c’est trop, ou pas assez. Vous auriez dit un… ou vingt…
Mais trois…
Enfin, trois, c’est trois. Allons-y.

Sur la troisième marche du podium :
La merditude des choses, de Félix Van Groeningen
Oui, le flamand peut être une belle langue. Oui, la Flandre est une belle région. Même si la vie dont se souvient le héros, Gunther, n’a rien de particulièrement beau. La vie d’un gamin au sein d’une famille pauvre et imbibée d’alcool. Vulgaire. Parfois violente. Triste, sans doute, aux yeux du monde, et pourtant drôle, et chaleureuse aussi. Une famille du quart-monde, comme on dit, qu’il quittera, dont il s’éloignera dans tous les sens du terme.
Ce film m’a touché, m’a poigné le cœur. Ces gens « de mon pays », ce gamin dans lequel, parfois, je me retrouve, même si je n’ai jamais connu la misère, enfant. Ces petites gens, à côté desquels on passe trop souvent. A côté desquels je suis passée trop souvent.
Je ne peux plus prendre le train sans me demander qui vit dans les maisons que l’on aperçoit par la fenêtre, ni qui cultive les jardins ouvriers qui longent la voie.
A voir en flamand, impérativement.

Sur la deuxième marche :
Effroyables Jardins, de Jean Becker
Il était une fois la guerre… La guerre si lointaine, et pourtant proche de ce village comme les autres, où vivent deux amis comme les autres. Deux amis amoureux de la même femme, et qui, pour elle, pour devenir des héros à ses yeux, vont commettre un attentat stupide.
J’ai déjà les larmes aux yeux, rien qu’en écrivant ce texte. Je revois le visage magnifique de Suzanne Flon, vieille dame bouleversante. Et j’entends « Y a de la joie », joué à l’harmonica. Y a de la joie, qui ne sera plus jamais, à mes oreilles et dans mon cœur, qu’une chanson triste.

Et sur la première marche :
Basketball Diaries, de Scott Kalvert
Il était une fois un sale gosse New-Yorkais, qui passait son temps entre l’écriture, le basket-ball, et les conneries en compagnies de ses potes. Un gamin sensible et rebelle, prêt à tomber dans les filets de « la drogue ». Ou plutôt « des » drogues. Un gamin dont on suit la déchéance, pas à pas, jusqu’à la rue, la prostitution, la prison.
Ce film, je l’ai vu pour la première fois sur une cassette enregistrée aux USA, bien avant sa sortie en Europe. Cette cassette, je l’ai faite circuler, circuler, et circuler encore. J’avais reçu un choc. Bien plus fort qu’un coup de poing. Un choc dont je ne me suis jamais remise. Même si j’avais lu le journal de Jim Carroll, même si j’avais lu d’autres livres du même genre, dont le fameux Christiane F. Il n’est pas une semaine où je ne pense à Jim, où je n’entende les chansons qui accompagnent sa descente aux enfers. Etonnamment, même si le film est en couleurs, je pense à lui en noir et blanc.
Et puis…
Et puis, il y a trois ans, j’ai rencontré « Jim ». Pas le vrai, bien entendu. Mais un garçon en tout point semblable à lui. Même, bizarrement, physiquement, si ce n’est la couleurs des cheveux. Un garçon ayant connu la même vie, la même déchéance, la même descente vers une mort espérée. Non pas à New-York, mais à Verviers, puis à Liège. Dans la province belge que l’on croirait à l’abri de « ça ». Mais, contrairement à celle de Jim, je ne crois pas que celle de Célestin finira bien.

Voilà. Trois films. Pas très drôles, je sais. En espérant qu’ils vous toucheront, si jamais vous croisez leur chemin.