mardi 28 septembre 2010

Retour de vacances, 6 - par Zelapin


Tu vas trouver ça totalement inconséquent de ma part, immature et affligeant. Pourtant, je voudrais que tu lises ça et on en reparlera. Ou pas.

Je suis revenu de Cadix tout à l'heure. J'ai posé mon sac, mes pompes, mes clés. Là, en rentrant.

J'ai ouvert les volets partout, dans chacune des pièces, même le petit wasistas de la salle de bains. Je voulais faire rentrer de l'air, de la lumière, de la vie dans l'appart.

Comme tu le devines, je me suis tout de suite préparé un café ET un perrier, j'avais chaud.

J'ai pris les deux sur le petit plateau en mélaminé à motifs, celui offert par mes gosses et que tu trouves kitsch. Je n'avais toujours rien remarqué, même pas ces choix inconscients sur de petits détails.

Une fois installé sur le canapé, sans musique, sans télé, sans pc, j'ai siroté le café, j'ai adoré me brûler un peu. Là, j'ai commencé à réaliser. Puis j'ai commencé à voir: le plateau, la lumière, mes pieds sur la table basse, le silence, le café chaud ET le perrier froid.

A la surface est remontée une bulle, un « plop » dément, le genre illumination mais sans génie.
J'ai réalisé qu'ici, . « rien n'a changé, tout est différent ».Le détail qui tue? C'est le répondeur qui clignote et qui me signale que tu ne me manques pas.

Pourquoi ces vacances sont les meilleures depuis si longtemps? Parce-que tu n'y étais pas. Ce répondeur me serine patiemment et dans un rythme imperturbable que j'aurais du avoir besoin de t'appeler en arrivant, j'aurais du penser à toi depuis dix jours. Mais non, et je suis heureux.

Voilà, c'est affligeant, immature et totalement inconséquent, mais je te demande d'accepter cette lettre comme une lettre de rupture.

Je n'ai rien vu jusqu'à Ce retour dans Cet appartement Ce matin.
Crois-moi.
Ou pas.


lundi 20 septembre 2010

Retour de vacances, 5 - par Sylvia Nguyen


"ROY" 

Lundi 3 septembre, à la cafétéria

-       P… de machine ! Moi, c’est simple, pas de café, pas de dossier ! En plus, Lachaume, ça fait trois semaines qu’il sait que la machine est en panne, qu’est ce qu’il attend pour la réparer ?
-       Ecoute, Cécile, il n’est pas neuf heures, je t’emmène boire un petit crème au Germ’, tu ne vas pas commencer la rentrée énervée comme ça !

En moins de deux minutes,  le patron du Germinal, efficace comme à son habitude fait glisser sur le comptoir deux cafés crème,  en  lâchant un « bonjour mesdemoiselles » distancé, tandis que son regard  ne perd pas un détail de l’estivale métamorphose physique des deux copines.

-       Alors, c’était bien tes vacances chez les basques ?
-       Comme d’habitude, il y a de plus en plus de monde, et ils n’ont pas encore inventé des plages en duplex ! Mais c’était sympa de revoir les copains et la famille. J’ai même surfé à Hendaye. Avec l’année que j’ai passée après le départ de Christian, ça m’a fait du bien !
-       Tu verras, c’est dur au début de vivre à nouveau seule, mais encore quelques semaines, et Christian, même s’il revenait, tu ne le supporterais plus.
-       Au fait, merci d’avoir nourri mes quatre chats pendant les vacances. Mais, figure toi, quand je suis rentrée samedi soir, il n’y en avait plus que trois, Roy n’était pas là.

Immédiatement sur la défensive, Claire atteste qu’elle avait vu Roy tous les jours, y compris la veille au soir du retour de son amie.

-       Ne t’en fais pas, dans quelques jours, il sera de retour. Je sais que c’est ton préféré, mais c’est le plus craintif. Il faut qu’il se réhabitue à toi, surtout que c’est lui que tu câlines le plus !
-       Je sais bien, j’y suis hyper attachée, il est beau comme un chat antique, on dirait un prince noir. Il a une vraie élégance quand il se déplace. Et quand il vient cogner son front sur mes genoux pour que je le caresse, je fonds ! Heureusement qu’il était là pour me consoler quand Christian est parti.
-       Arrête de parler comme ça Cécile, tu n’as pas trente ans et on dirait déjà une vraie mémère à chat. Bon, neuf heures cinq, il va falloir y aller si on ne veut pas que Lachaume râle dès la rentrée. Au fait, j’organise une soirée cool samedi prochain, viens il y aura de beaux célibataires ténébreux comme tu les aimes…mais tu viens sans tes chats !
-       OK, salut !

Lundi 10 septembre au Germ’

-       Dis donc Cécile, t’es pas venue samedi soir, t’as eu tort, il y avait un super beau mâle, libre et sympa, dans une semaine, il est pris !
-       Oui, je sais, mais je n’avais pas envie de sortir, j’étais vachement bien toute seule, et surtout … viens, on va s’assoir à la terrasse, je ne veux pas que le patron du Germ’ nous entende.
-       Alors, t’as dégoté la perle ?
-       Non, Claire, simplement je me remets du départ de Christian, et figure toi, je crois que je cicatrise bien, je fais même des rêves érotiques, ça me réveille et ça me fait tout drôle !
-       T’est en bonne voie ma chérie ! au fait, Roy est rentré au bercail ?
-       Non et je m’en fous, après tout, qu’il vive sa vie de séducteur !
-       Dépêche-toi, il faut aller bosser !

Lundi 17 septembre au Germ’

-       Salut Cécile
-       Salut Claire
-       Ça va ? Et tes rêves érotiques ?
-       Super, c’est de plus en plus intense, ça me réveille toujours et, figure toi que la nuit dernière, à 3 heures du mat’, j’ai même touché l’oreiller à côté de moi, tu ne me croiras jamais, mais il était chaud !
-       Cécile, il faut vraiment que je te sorte, tu vas devenir complètement givrée ! Accompagne-moi aux toilettes, je n’aime pas y aller seule.

 Les deux amies descendent l’escalier vétuste et étroit du Germ’. Face à la glace rouillée par des années d’atmosphère confinée, elles se recoiffent.

-       Claire, tu pourrais m’aider à attacher mes cheveux, il fait trop chaud au bureau.
-       Bien sûr !

En un seul geste, Claire soulève la belle chevelure de Cécile, l’attache et dégage ainsi sa nuque sans remarquer de petites traces de griffures surmontées d’un peu de sang coagulé et de quelques poils noirs et soyeux.

mercredi 15 septembre 2010

Retour de vacances, 4 - par Martine B.


Tout a une fin, même les vacances les plus réussies, se dit Steph en posant sa valise dans l’entrée. Il lui fallait maintenant retrouver le rythme infernal de la vie parisienne et attendre de longs mois avant de retourner dans son ile paradisiaque. Heureusement elle avait encore tout un week-end devant elle et comptait bien en profiter. Pour commencer, elle décida d’inviter  Léa, sa voisine et unique amie, à prendre un verre avec elle, elle avait tant à lui raconter !

En s’approchant du téléphone, Steph eut une sensation bizarre, assez désagréable, sans parvenir à en identifier la cause. Ce n’est que lorsqu’elle reposa le combiné que cela lui sauta aux yeux : ses magazines 100 idées, soigneusement classés sur une étagère de la bibliothèque par ordre chronologique avaient été dérangés! Qui avait pu oser ? Pas Léa, tout de même ! Si elle se moquait  des nombreuses collections  de son amie, elle n’avait cure en revanche de son sens quasi-obsessionnel de l’ordre. Et puis 100 idées, ce n’était pas du tout son genre, à Léa… Bon, il fallait qu’elle en ait le cœur net, elle lui en toucherait deux mots tout à l’heure. En attendant, autant évacuer le problème en s’occupant de son apéritif. Dans la cuisine, elle jeta par automatisme un coup d’œil  à la pendule. Encore dix minutes avant l’arrivée de Léa, juste le temps de préparer quelques toasts.

  Encore dix minutes ? Mais elle s’était contentée de laisser les piles sur la table quand la pendule s’était arrêtée, se disant qu’elle verrait cela à son retour. Alors ça, c’était fort de café ! Alors qu’elle faisait un rapide tour d’inspection dans l’appartement, un épisode de Castle lui revint à l’esprit, dans lequel de braves gens trouvent un cadavre chez eux à leur retour de vacances…

Elle fonça chez Léa, dont l’air  gêné la trahit avant même qu’elle n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche.

-  Bon, j’attends des explications…
- Euh, Steph, ne t’énerve pas, je t’assure que ce n’est pas ce que tu crois.
- Ne t’occupe pas de ce que je crois, je t’en prie. Alors ?
- Eh bien, j’ai reçu la visite de quelqu’un, et…
- Quelqu’un ? Et tu crois que ça va me suffire comme explication ? Je peux savoir de qui il s’agit ? Papa Ours ? Maman Ours ? Ou un de tes amants ? Je t’ai déjà dit que je ne voulais en aucun cas être mêlée à tes histoires, j‘ai trop d’estime pour ton mec pour lui mentir  et te servir de couverture. 
- Non, Steph, vraiment, écoute…
- Tu veux que je te dise ? Je n’ai aucune envie de t’écouter ce soir, je suis claquée, alors si ça ne t’ennuie pas je vais rentrer me coucher, on se verra plus tard. Bonne nuit !

Un fois dans son appartement, Steph se mit à ranger ses magazines pour se calmer les nerfs. Elle se promit de ne plus jamais laisser ses clés à Léa, et de trouver une personne de confiance. Oui, mais qui ?  Elle était fille unique, et c’est avec Léa qu’elle avait traversé les épreuves de la maladie, puis du décès de sa mère. C’est grâce à Léa qu’elle supportait de vivre seule à Paris, loin de sa grand-mère et de ses cousins. Bon, demain, elle irait s’excuser à la première heure, pour le moment, un peu d’ordre !

De l’un des magazines qu’elle remettait en place s’échappa une lettre.

Chère Stéphanie,
Ce petit mot va te surprendre, et je te prie de bien vouloir m’en excuser. De passage en France, je n’ai pu résister à l’envie qui me ronge depuis des années. Malheureusement tu n’étais pas là mais j’ai beaucoup parlé avec ta charmante voisine. C’est elle qui m’a permis de passer quelques instants ici pour que je m’imprègne de ton environnement. Elle m’a prévenu que tu ne souhaitais pas me connaître, mais je ne peux plus  me résoudre à me taire.
 Je place ce petit mot dans un de ces magazines (ils appartenaient à ta mère, n’est-ce pas ?) en espérant que tu as hérité de ma manie du rangement qui tient à l’obsession parait-il, c’est du moins  ce que me disent mes fils. Ils aimeraient beaucoup faire la connaissance de leur grande sœur française. Nous habitons à New York. Si tu le souhaites, nous t’y accueillerons avec plaisir. Je  t’expliquerai ce que ta maman n’a jamais  pu te dire, et j’espère que tu comprendras à défaut de nous pardonner. En attendant je laisse faire le destin.  J’ai laissé mes coordonnées à Léa. Quoi que tu décides, ne lui en veux pas de m’avoir écouté.
John, ton père qui t’attend depuis trop longtemps.

lundi 13 septembre 2010

Retour de vacances, 3 - par Gilda


Après trois semaines de vacances en bord de mer français, je rentrais à la capitale pour travailler. J'avais déposé au passage Thomas et Zoé chez leur mère dont j'étais séparé.

Nous avions séjourné chez E., une vieille amie qu'ils appréciaient.  Ces jours avaient été une trêve, un havre de paix.
Ma petite entreprise périclitait et j'avais épuisé toutes les ressources possibles. Manquaient des clients. Il était temps de reprendre le collier même s'il s'agissait d'une tentative désespérée.

Je songeais à ce qui m'attendait tout en ouvrant ma porte, convoquais nos rires, le souvenir des bons moments. L'absence simultanée des enfants était rare, la solitude me surprenait.

Un sac de voyage, un autre à provisions en bandoulière, celui de l'ordinateur ainsi qu'un baluchon d'affaires des gosses en mains, j'avais marché jusqu'au salon, posé là tout l'équipement. Puis j'avais repris sur la porte les clefs. La boîte aux lettres collectionnait les factures. Peu d'espoir que les autres enveloppes  contiennent des paiements. En revanche un sourire : E. nous amusait d'une carte postale où elle évoquait notre séjour comme si nous étions d'autres. « Je passe mes vacances avec de merveilleux amis ».

Comme elle nous avait également équipés de quelques spécialités locales, fromages odorants dont la voiture peinerait à se remettre, je filais à la cuisine rallumer le réfrigérateur et les y déposer.

C'est alors que je les ai vus : dans le frigo trois autocollants qui n'y étaient pas en partant. J'en étais certain, j'avais moi-même vidé, nettoyé, coupé l'alimentation électrique, et soigneusement laissé ouvert. J'avais de plus été le dernier à quitter la maison que personne d'autre n'avait de quoi ouvrir - ce qui n'était sans doute pas très prudent, mais je vivais seul avec fils et fille, notre emménagement dans ce quartier restait récent et les voisins inconnus -.

Trois autocollants concernant Barcelone, ville où je n'étais jamais allé, ni non plus les enfants. Un écusson du Barça, un de l'office du tourisme photo récente incluse mais aux couleurs passées, et celui, publicitaire, du bar Els Quatre Gats, c/ Montsio qui en vantait les bières et whiskies réputés.

J'ai pris la décision dans l'instant sans rien vérifier d'autre dans la maison : les enfants ne rentreraient pas avant deux semaines, les factures n'étaient plus à ça près, quelqu'un, mais qui ?, avait voulu me faire passer un message. Était-ce un rendez-vous ?
Abandonnant la voiture à son odeur restante, j'ai saisi mon sac, laissé l'ordinateur, tout travail attendrait, gagné la gare et pris le premier train en partance vers cette ville.

Ce n'est qu'après le départ pour plus d'une nuit de trajet que j'ai songé aux fromages, soigneusement stockés dans le réfrigérateur fermé d'une maison à l'électricité coupée.


vendredi 10 septembre 2010

Retour de vacances, 2 - par Don Bruno de la Vega



Ah la vache ! Quelles vacances, un vrai paradis !

Je me demande même comment c’est possible, un mois d’août entier au Nirvana !
La Zanzanie, le lagon, l’hôtel de rêve, les serveuses africaines plus belles les unes que les autres, tellement de bouffe et de cocktails que c’en est indécent !
Dire que certains de mes confrères disent que les congrès médicaux, ça n’est plus ce que c’était, je suis prêt à jurer du contraire ! Foi de Professeur Chausson !
C’est vrai qu’il faut être professeur de médecine pour mériter un tel faste, et accepter quelques compromissions, mais bon, on n’a rien sans rien ! Et aujourd’hui, le retour dans mon appartement parisien, un vaste six pièces avec vue sur le Champ de Mars, me semble être presque un purgatoire…Et le retour dans le service un véritable enfer !
La consulte, la visite, l’accueil des jeunes internes ambitieux et de ces petits cons d’externes encore potaches, quelle plaie !!!
Mais bon, encore une journée de repos, je vais en profiter pour trier mon courrier.
Il est posé sur la table du salon.
Sur le tas trône un faire-part, je reconnais sans peine l’élégante enveloppe ourlée de noir. Vraisemblablement, un patient décédé. La famille me l’a adressé à mon domicile, quel manque d’élégance ! En revanche, il n’y a pas de nom dactylographié sur la lettre…elle a du être glissée telle que dans ma boîte.
Je la mets de côté, je ne vais pas commencer par les mauvaises nouvelles, encore que perdre un patient…dans mon métier…
Je parcours rapidement les magazines, quelques revues médicales que je mets de côté –non, je ne vais pas commencer tout de suite à bosser– mes habituelles gazettes financières –ça, c’est important, il faut que je surveille mes placements financiers– quelques lettres.
Bon, ben, il ne me reste plus qu’à ouvrir le faire-part :
D’un œil j’embrasse le court texte :


Mme le Professeur Chausson et ses enfants ont la douleur de vous faire-part de la disparition brutale du :

Professeur Chausson,
Ancien Interne des Hôpitaux de Paris,
Chef de Service à l’hôpital Labrousse,
Professeur des Universités,

Survenue dans sa soixante-dixième année.
La famille s’associe à la douleur de celles des personnes disparues dans le crash du vol Paris/Zanzanie du 31 juillet dernier, en particulier des médecins de la dixième édition du congrès Cœur-France-Zanzanie.
Ni fleurs ni couronnes.



lundi 6 septembre 2010

Retour de vacances, 1 - par Ananim


Katia poussa la porte. Derrière ses yeux, persistait encore le gris du ciel parisien. Et ça la rendait plutôt heureuse. Depuis qu’elle avait quitté la France, dix ans plus tôt, pour un pays ou il ne faisait jamais froid, elle fuyait la chaleur qu’elle avait chérie pendant les étés de son enfance. Ces vacances avaient été merveilleuses. Jusque-là, les voyages en France l’avaient enserrée d’une ambivalence paralysante. 

Pourtant, elle reconnaissait parfaitement la ville dans laquelle elle avait grandi. Les choses n’avaient pas changé, l’épicerie du coin de la rue, la sonnerie de l’école d’à côté à l’heure de la récré, le conservatoire où elle avait étudié la danse classique tous les mercredis et tous les samedis, la voix douce de sa maman le soir et la porte qu’elle claquait toujours en en quittant l’appartement. Mais Katia s’était sentie perdue dans ses rues. Elle avait reconnu la ligne des immeubles mais le dessin ne lui était plus familier. La ville n’offrait plus ces détails impalpables grâce auxquels elle s’était un jour sentie « chez elle ».

Cependant, ce voyage-là avait été différent. Cette année, Katia s’était résolue à admettre que maintenant chez elle, c’était ailleurs. Et elle avait adoré être à Paris. Elle n’attendait plus de la ville le confort que l’on attend de sa maison. Elle avait posé sur ses grandes avenues un regard différent. Un regard curieux. Un regard impatient.
La porte grinça. Rien n’avait changé. Elle se félicita d’avoir rangé l’appartement avant les vacances. Javier ne devait rentrer de son week-end dans le nord que le lendemain et elle aurait détesté être seule dans le désordre. 

En respirant l’air chaud de l’appartement vétuste, elle réalisa qu’il lui avait terriblement manqué. L’éloignement l’avait décidée. Elle accepterait de vivre avec lui même s’il n’était pas encore prêt à se marier.

Elle s’assit sur le fauteuil du salon et alluma la télé. Par réflexe. Pour ne pas être seule. Publicité pour la lessive. Clip lascif d’Efrat Gosh. Documentaire sur les familles monoparentales. Mouvement de soutien à Gilad Shalit. Et soudain, Katia réalisa qu’au-dessus du cadre noir de l’écran, trônait la statue Superman qui était habituellement posée sur sa bibliothèque de Javier, au-dessus de sa guitare électrique. Quand elle l’avait aperçue la première fois, elle avait ri comme une enfant. Il l’avait trouvée belle. Et souvent, il lui avait dit que c’est à cet instant-même qu’il était tombé amoureux d’elle. Katia s’approcha. Elle se demanda ce qui avait pu pousser Javier à poser l’homme ridicule en culotte rouge sur cette télé d’un autre siècle ? 

Dans l’obscurité naissante de la fin de journée, sur le costume bleu et rouge de la figurine, elle réalisa que quelque chose brillait. Elle cligna des yeux. Au bout du bras musclé du super héros, dans sa petite main en céramique, était déposée une bague de fiançailles.

Des larmes se mirent à couler le long de son cou. Elle se retourna. Javier était la. Elle ne l’avait pas entendu entrer. Il avait deux bouteilles de lait à la main. Il lui sourit. Il lui dit qu’il était persuadé qu’elle n’arriverait que plus tard dans la soirée, qu’il était arrivé plus tôt en pensant la surprendre, que dommage, c’était raté. Et puis, il lui prit la main et en l’embrassant, il lui demanda si elle accepterait de l’épouser.

Ananim