Voici une nouvelle version de Décrire le désir d'écrire, par Elizabeth L.
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Au commencement était le
désir… non, ce n’est pas comme ça que ça débutait, c’était « Au
commencement était le verbe ». Mais si on met le verbe en premier, ça va
faire une drôle de phrase. Par exemple : Penser qu’écrire peut dépendre du
désir qu’on en a, quelle idée.
Il y a ceux pour qui
écrire est un besoin, une nécessité absolue, une condition préalable à l’être.
Et peut-être ceux-là seuls devraient écrire… Comme, par exemple, Marina
Tsvetaïeva… Mais les autres, ceux pour qui écrire répond à un désir, qu’en
fera-t-on ? Le problème avec le désir, c’est qu’il est sans fin (sans
faim ? si, c’est une faim). Dès qu’il est rassasié, il recommence à
désirer.
Ecrire commence avec des
mots, pas avec des idées. « Le besoin d'écrire est une curiosité de savoir
ce qu'on trouvera », dit Alain (le philosophe). C’est comme si on partait
dans la cuisine avec toutes sortes d’ingrédients, mais sans savoir quel plat on
va préparer. Et comme dit le proverbe, « la preuve du pudding, c’est qu’on
le mange » : au final, on se retrouve avec quelque chose de plus ou
moins mangeable, un texte qui dit ce qu’il dit, et bien plus, qui dit tout ce
qu’on y lit. Les uns y sentiront le goût du paprika, d’autres pas.
J’ai souvent envie
d’écrire, et souvent je ne sais pas ce que ça pourrait être. Si ça ne vient
pas, je commence au milieu, n’importe où. C’est comme un puzzle, si on a déjà
trouvé les pièces des bords, c’est plus facile de continuer, mais sinon,
n’importe quelle pièce fera l’affaire pour être la première. Ce qui est plus
aisé, c’est de terminer. Le moment venu, on sait très bien que c’est la fin du
texte. La dernière pièce du puzzle n’a qu’un seul endroit où se placer.
Beau texte merci.
RépondreSupprimerPour la première phrase de l'Evangile de Jean, je préfère cette traduction plus simple (assez récemment publiée alors qu'elle coule de source en fait): "Au commencement, la parole".
Mais la parole n'est pas texte : l'invention de l'écriture a permis l'invention de cette chose impensée jusqu'alors : le texte.
Enfin, la dernière pièce du puzzle contient parfois (très rarement !) un piège : par exemple celui que Gaspard Winckler a tendu à Bartlebooth dans La Vie Mode d'Emploi (et MW y a fait une très légère et subtile allusion dans Le Choeur Des Femmes, à propos de chromosomes X ou Y (ou W) placés à la place l'un de l'autre...
Les textes parfaitement finis sont très plaisants... mais manquent un peu de liberté à mon goût. Alors si la dernière pièce du puzzle est soumise à trop de contraintes, peut-être faut-il s'attaquer aux quelques avant-dernières pour libérer le textes et en faire des textes définitivement libres car définitivement infinis ? (Enfin, pour ceux qui le souhaitent, car chacun doit avoir la liberté de choisir ses contraintes, comme dirait Perec !)
Merci Alexis.
RépondreSupprimerEn ce qui concerne l'Evangile, mon choix visait plutôt à évoquer le souvenir spontané qu'on a de cette première phrase, surtout quand on ne pratique pas fréquemment la Bible.
La référence à Perec me fait très plaisir, et en effet "chacun doit avoir la liberté de choisir ses contraintes", j'adopte volontiers la formule ! La solution est peut-être - pour déterminer la dernière phrase du texte - de ne pas suivre la logique totale afin d'obtenir une fin ouverte.
Le fait est aussi qu'après avoir écrit la dernière phrase d'un texte, j'ai tendance à penser qu'elle ne pouvait pas être autre chose que ce qu'elle est... mais c'est une preuve a posteriori qui ne peut être retenue.