De : Vxxxxxxx Xxxxx [mailto:Vxxxxxxx.Xxxxx@9online.eu]
Envoyé : mercredi 23 décembre 2009 0:45
À : Gxxxx Xxxxxxxxx
Objet : out of the past
C'est ton fils Étienne qui sur facebook m'a contactée. Il demande joyeusement avec un mot gentil à être mon « ami ». J'ignore si tu le sais comme j'ignore s'il sait que nous avons cessé il y a quatre ans de nous fréquenter.
J'ai consenti à débarquer sur ce réseau sous la pression des miens de fils, et de mon mari. Ils prétendent que pour le travail et les dérèglements d'agenda ça peut être utile malgré le côté Big Brother que ça a. J'ai vu que tu t'y étais inscrite il y a longtemps déjà et j'y ai trouvé ton mail. Je dois te confesser que je ne l'avais pas gardé.
À un moment donné tu en savais trop, tu devinais le reste, j'avais même l'impression que tu lisais dans mes pensées quand je me contentais de deviner les tiennes. Ce n'était plus assez étanche entre toi et moi.
Pour le travail, je ne savais plus ce que je fabriquais, après la suractivité du début de cette année-là, plus rien n'avançait et j'ai ressenti combien côtoyer quelqu'un qui possède trop d'élan neuf peut alors assécher. Il m'a fallu me protéger.
Tu me parlais aussi d'enfant malade, mais tu n'imagines pas les souffrances que ça rappelait. J'avais mis trois ans et deux cures de causettes pour parvenir à y faire face. Sans parler des effets troublants des médicaments. Par moment je ne reconnaissais plus les gens, même les proches. Ils étaient là auprès de moi comme d'étonnants étrangers.
J'en sortais à peine et ton malheur m'y replongeait. En plus qu'on ne pouvait comparer les maux dont mon garçon aîné et ta fille souffraient. Rien n'est pire que la détresse psychique. La communication, brisée. On ne sait pas si on va ou non retrouver son enfant. Et puis ta jolie A., je l'aimais bien et tu le sais. Alors j'avais trop de peine tout en n'y pouvant rien.
Partir était épouvantable, je le concède. Je pouvais juste espérer que tu comprendrais. Par le père de tes enfants je te croyais soutenue et ne savais pas qu'en amour également en même temps tu morflais.
Il est trop tard à présent pour avoir des regrets. Du trop qu'on s'était dit et du pas assez. Tu as le droit de m'en vouloir pour ce que je t'ai fait.
Quelque chose m'a dépassée. Ce n'était plus du tout possible.
J'ai appris par M. que tu avais changé de vie, une carte aussi que tu m'avais envoyée et que contrairement à d'autres je n'ai pas jetée. J'en suis contente, l'usine ne t'allait pas. Pas certaine d'y avoir contribué autant que tu le crois, à ton évasion. C'est ta vie, ce fut ton choix. C'est le bon. Et aussi d'écrire, même si ça paie pas. J'en suis encore à voyager sans cesse pour boucler des fins de mois. Je m'en tire, note, je ne me plains pas.
À part ça, toujours les mêmes imbroglios familiaux. Du temps a filé, les choses ont peu bougé.
Il y a S. également qui m'a écrit un mot. Nous avons été très proches il y a paquet d'années. À la teneur de son message je suppose que tu le sais. Il ne serait pas un peu amoureux de toi ? S'il n'a pas trop changé je vous verrais bien ensemble lui et toi, tu sais.
Ça t'amusera peut-être de savoir qu'il est l'homme qui m'avait inspiré le personnage du libanais. Ne perds pas tes bonnes habitudes, dis-moi Mais oui, patate, je m'en doutais.
Il m'a raconté votre rencontre par échange de mails au sujet d'un de ses livres et de tes blogs (tu en as combien, maintenant ? 20 ? 30 ?) qu'il lisait, puis après un lot plutôt romanesque de péripéties un an plus tard en vrai ; dit combien je te manquais, comme tu avais été si longtemps discrète en ne parlant que de ce qui s'était passé sans mentionner mon nom, et que seulement deux ans plus tard le recueil collectif où nous avions lui et moi trempé t'avait fait piger qu'on se connaissait. Vous avez fait fort.
C'est une belle histoire. Je n'aurais pas su l'inventer.
J'ai été très touchée, mais incapable de lui répondre. Ça remuait trop de douleurs, trop de passé en moi. Le passé ne passe pas, rappelle-toi.
Il m'a semblé qu'il tentait surtout de me joindre pour toi, afin que je te donne signe de vie.
Comme tu le vois, j'obéis. (parfois)
À présent, c'est moi qui ne serais pas contre une revoyure. On peut changer, crois-le. Tu vas mieux, je vais bien, si tu ne m'en veux pas, et si tu le veux bien, peut-être qu'on pourrait.
Je suis curieuse de faire la connaissance de la nouvelle personne que forcément tu es. Je t'ai connue si enfermée dans une vie étriquée. J'avais compris que ça n'était pas toi, mais je n'ai pas eu la force jusqu'au bout de t'aider. C'était trop loin. Que dire ?
Je comprendrais qu'après ce qui s'est passé, tu ne veuilles plus de moi.
Que les fêtes ne te pèsent pas trop et que la nouvelle année te soit enfin douce à toi et aux tiens. Tu l'as bien mérité. Et avec S., au moins tous les deux, ne vous perdez pas.
Baci (tu m'auras au moins appris ça)
V.
m'y suis un peu perdue - ce qui me l'a fait aimer davantage
RépondreSupprimerC'était sans doute l'irruption des personnages d'une fiction qui suivra (ou pas) (depends on how 2010 will shape, les bouleversements du passé me rendent l'avenir méfiant).
RépondreSupprimerMerci en tout cas.