- L’inspecteur Merwin Tinclark soupira en constatant la hauteur du gratte-ciel. Dieu merci, l’ascenseur fonctionnait encore. Direction 26e étage. L’appartement semblait abandonné. Dans la cuisine, un paquet de farine éventré laissait couler une rivière de poudre où les pattes d’un chat avaient tracé des hiéroglyphes. Un ticket de métro était coincé dans le cadré d’une glace : il portait une série de chiffres que Merwin nota. Peut-être le numéro de téléphone de la femme qui gisait dans la chambre du fond et dont les yeux glacés semblaient fixer le visiteur.
- Je n’ai jamais cherché à rouler mon chat dans la farine : il est bien plus malin que moi. C’est lui qui règne dans notre gratte-ciel et moi qui sors sans me faire remarquer par la chattière. Il sait tout faire et il pourrait même utiliser des tickets de métro s’il en avait besoin. Mais ce n’est pas le cas, car chaque matin pour le conduire à son bureau, une blonde superbe vient le chercher en limousine et elle ne me regarde même pas.
- En sortant du cinéma, elle rangea avec soin le ticket dans son portefeuille. Elle en faisait collection. Le film ne lui avait guère plu. Prétendant à une parodie de film d’horreur, il alternait les scènes où des animaux géants – un chat, un crapaud et un ornithorynque – massacraient allègrement des blondes évaporées, et d’autres où des fantômes blancs comme farine envahissaient la salle d’un théâtre désaffecté. Dans le hall, elle croisa le jeune fleuriste de la boutique d’à côté, un charmant garçon, mais il ne lui accorda aucun regard.
J'aime beaucoup,bravo car l'exercice n'est pas si facile!
RépondreSupprimerHasard complet, j'ai choisi aussi le style policier pour le paragraphe à la première personne. Le cadavre d'une femme dans une chambre, un paquet de farine éventré, un appartement à l'abandon... coïncidences troublantes, à moins que les codes du polar ne s'imposent d'eux-même !
RépondreSupprimerMerci Martine, le plus difficile c'était la limite de longueur, d'ailleurs je ne l'ai pas tenue...
RépondreSupprimerOui Thomas, je crois que les codes du polar s'imposent tout seuls, ce qui permet de jouer avec. Du coup, je suis très impatiente de lire ton texte ! Monsieur Winckler, cher Marc, dépêche-toi de le mettre en ligne !