lundi 12 avril 2010

Partir, revenir (exercice n°12,10 ) par Paola


Prendre la tangente, voilà.
Je vais te faire ce cadeau mon Amour, revenir un jour et t’aimer. Devant ce ciel si bleu qu’il m’en faisait pleurer les yeux, j’ai compris ce que le vent m’a dit : partir et mieux revenir. C’est ça, Hombre, que tu voulais que je fasse, hein ?
Faire les valises, les vider du poids des ans, et les remplir de l’espérance. Les déplacer sur des roulettes, pour que jamais leur poids ne m’arrête.
Tiens, regarde, j’y mets le portrait de toi, celui au papillon, la photo que j’avais prise il y a un siècle au moins, tu étais vieux alors. Je la mets au fond, pour ne pas la voir, c’est toi, mais c’est le toi d’avant.
Et dessus, que crois-tu que je pose ? Mon livre, celui qui nous a fait grandir, celui que jamais tu n’as lu, c’est moi qui te l’ai écrit, mais de peur, non, tu ne sais même pas les premiers mots.
Les dessins des enfants, les miens. Ils sont mariés, je suis grand-mère, je ne les vois plus, depuis toi. Alors j’y vais, demain, me reconnaîtront-ils ?
Je suis belle encore, dans mon gris, dans mon vert, dans ma peau qui a pris le soleil. Dix jours partie, dix ans partis, c’est la magie des voyages, ils forment la jeunesse, et rendent fou les vieux sages. Alors mes petites culottes, à côté de mes bas noirs, ma prochaine destination c’est toi, je m’habille en vamp du soir.
Je l’aimais, je croyais, mais toi, toi l’homme au papillon, celui qui parle aux nuages et souffle avec le vent, toi qui a le sang qui bat l’encre de ton cœur, les mots doux, les mots si beaux, maintenant, viens, attends, j’arrive, je suis prête à les recevoir.

Paola.
www.lautrepaola.wordpress.com



4 commentaires:

  1. une fois de plus, je pars avec tes mots... je pars là où personne ne peut me deviner, au fond de mes cellules, de mes neurones, de mon moi...
    je pars et je reviens ensuite, car tes mots sont comme ces caramels mous de nos enfance.. toujours appréciables et si goûtus. merciiii.

    RépondreSupprimer
  2. Quelle merveille : j'ai eu autant de bonheur à lire le commentaire qu'à lire le texte.
    J'ai l'impression de retrouver "Hombre", soi-même en personne, dans l'histoire ...

    RépondreSupprimer
  3. Charles, merci ;)
    Muchanuit, ça c'est du compliment, merci beaucoup ;)
    Peut-être que Hombre existe?

    RépondreSupprimer
  4. merci. mais je ne connais pas "Hombre".

    RépondreSupprimer