« Il lui dit qu’elle se trompait, elle aurait dû continuer à écrire, elle avait beaucoup de talent et cette passion qui rendent les mots touchants. »
A l’époque, j’avais un petit carnet violet à spirales rouges, je faisais parti de l’atelier théâtre de mon lycée, je n’avais pas trop de talent pour la scène et j’ai commencé à écrire les mots, comme ils venaient. Je ne disais pas grand-chose. Je n’étais pas logique. Je m’asseyais et les mots sortaient, nus, sur les petites pages blanches. J’aimais beaucoup les relire. Ils avaient ce pouvoir de me replonger dans l’instant, dans l’endroit et dans la sensation. A l’époque, j’aimais ranimer les moments passés. Mais j’étais toute jeune et le passé n’était jamais bien loin.
Désir d’écrire. Au début, c’est pas vraiment du désir. C’est plutôt un besoin. Le désir suppose une puissance et une profondeur qu’il n’y a pas dans le besoin, synonyme d’immédiateté irréfléchie. Au départ, il y a les jolies formules, l’émotion dans la lecture et l’envie d’être de ceux-là. Oui, ca vient comme ca. Comme la faim ou les larmes. Ca vient comme quelque chose qu’on a vu ailleurs et que l’on ne pourrait pas ne pas imiter.
Ensuite, le désir se construit. Et il permet de coucher les mots sur papier, de construire des histoires, de tenir la longueur, de se relire, de réécrire, d’effacer, de recommencer, de jeter et de transpirer sur des phrases réagencées des dizaines de fois, des phrases qui trouvent leur cohérence dans leur rapport avec des centaines d’autres. Oui, cette sueur et cette peine sont synonymes de désir.
Mais aujourd’hui, ce n’est plus seulement le désir d’écrire qui anime ces après-midi passés derrière l’écran de mon ordinateur. Aujourd’hui, le désir d’écrire s’est doublé de son corollaire un peu prétentieux et mégalo, le désir d’être lue.
Mais pas seulement.
Il est accompagné du désir que mes mots procurent, dans leur rythme, par les personnages qu’ils dessinent, par les histoires qu’ils construisent ou par leur simple agencement, un peu de l’émotion que d’autres m’ont un jour procuré.
Ceux dont je caresse les tranches brillantes, comme des trésors dans ma bibliothèque.
Ceux que je remercie d’avoir, un jour, fait naître en moi, le désir d’écrire.
Tutim
terradelires.blogspot.com
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