mercredi 5 mars 2014

Le métier d'écrivant (17) - Romans policiers et textes autobiographiques

Après le succès de La Maladie… n'avez-vous pas été tenté de poursuivre dans la veine du roman médical ?   

Oui et non. C'était mon deuxième roman, le personnage principal était médecin, mais je n’avais pas vraiment le sentiment d’avoir écrit un « roman médical » ; plutôt un roman inspiré par mon expérience. Si j’avais été avocat, ou militaire, ou pompier, j’aurais puisé dans ces expériences-là. Cela dit, je voulais depuis longtemps écrire un roman sur mes études de médecine, mais je n’étais pas prêt. 


Un jour, en 1999, au salon du livre de Laval, en Mayenne, j’ai rencontré la dessinatrice et écrivaine Chantal Montellier. Elle venait d’écrire un « Poulpe » pour les éditions Baleine, et comme j’en avais déjà lu plusieurs, je lui ai confié que j’adorerais en écrire un, moi aussi. Quelques jours plus tard, Antoine de Kerversau, qui dirigeait alors Baleine, m’a appelé en me disant qu’il serait heureux que j’écrive un volume de la collection. J’avais toujours voulu écrire un roman policier, ça m’amusait de m’approprier un personnage collectif et de l’associer à mon propre personnage dans un roman « crossover », comme on dit dans les comic-books et les téléséries. Le plus drôle, c’est que je suis parti de rien ou presque : je savais que le titre de chaque « Poulpe » était un calembour, et j’avais tout de suite pensé l’intituler Touche pas à mes deux seins, mais je n’avais rien d’autre. 

Ça s’est construit petit à petit, par tâtonnements : ce serait la rencontre de
Bruno Sachs et de Gabriel Lecouvreur, le Poulpe ; il y serait question d’un gynécologue spécialisé dans le cancer du sein ; je voulais qu’il y ait un couple de jumelles – la gémellité est une figure récurrente dans mes livres, ne me demandez pas pourquoi ; et puis j’avais envie de mettre en scène Jean Watteau, un personnage de juge d’instruction inventé pour un producteur de télévision qui n’en avait pas voulu. Et comme j’avais en tête le projet de raconter la formation médicale de Bruno Sachs, j’ai situé une partie de l’action en flashback, dans les années soixante-dix. Ça m’a en quelque sorte préparé à écrire Les Trois Médecins. Mon « Poulpe » a très bien marché ; le Fleuve Noir m’a alors proposé de participer à la collection « Polar Santé » - et j’ai publié trois autres romans reprenant les mêmes personnages.


La plupart de vos romans se déroulent dans une ville imaginaire nommée Tourmens. Pourquoi une ville imaginaire ? Pourquoi ce nom ? 


L’idée de Tourmens remonte à mes ébauches de roman du début des années quatre-vingt. Tours et Le Mans, les villes où j'ai commencé et terminé mes études, étaient alors représentatives de la société française : d'un côté Tours, ville bourgeoise, ensoleillée, avec une belle université et beaucoup d'argent ; de l’autre Le Mans, ville ouvrière, grise, mésestimée par les instances régionales - son hôpital, l'un des plus grands des Pays de la Loire n'a jamais obtenu le statut de CHU – et méprisée par la capitale : le TGV s'y arrête, mais il est question qu'on lui fasse contourner la ville pour gagner... trois minutes vers Brest, ce qui signerait la mort économique de la ville et imposerait aux habitants qui travaillent à Paris de se taper de nouveau quatre heures de transport par jour, comme il y a trente ans. Le contraste était si fort que j’ai marié les deux cités pour en faire Tourmens, ville de province avec, de part et d’autre de la rivière Tourmente, une rive droite bourgeoise et dominante, une rive gauche populaire et militante. Un lieu imaginaire, on peut y installer les histoires que l’on veut, y mettre en scène et y transposer toute une société sans avoir besoin de se caler sur l'histoire officielle, on peut y mettre en place des personnages inspirés par des figures réelles en prenant toutes les libertés possibles. 


Le Tourmens de mes romans médicaux n'est pas exactement le même que le Tourmens de mes romans policiers ou de SF, dont l'histoire politique et policière est un peu plus mouvementée. Et comme je suis de nature résolument pacifiste, à Tourmens, les terroristes ne posent pas de bombes. Dans la Trilogie Twain, un mystérieux "Robin des Tours" répare les ascenseurs des HLM laissés à l'abandon par la municipalité. En permettant aux gens de se réapproprier les tours, il provoque beaucoup plus de désordre administratif qu'en fomentant des attentats. Difficile de poursuivre en justice des gens qui réparent. Tourmens n’est pas du tout une ville réaliste : sa rive gauche est au nord, sa rive droite est au sud – ce qui veut dire que contrairement à la plupart des cours d’eaux  de l’Hexagone, la rivière Tourmente coule d’Ouest en Est…

 Cela dit, je ne trouve pas "mieux" ou "moins bien" de situer des romans dans une ville imaginaire que dans une ville réelle. Ce n'est pas le lieu qui compte, c'est, encore une fois, l'usage qu'on en fait pour partager sa vision du monde. Un narrateur à tous les droits. Et, à Tourmens, je fais ce que je veux. Et à l’oreille, ça sonne un peu comme "Tout r(o)man".

Quand je suis arrivé à Montréal, j'avais encore un contrat avec le Fleuve Noir. J'ai décidé de changer mon fusil d'épaule, et de situer ce roman-là à Montréal. Je me suis imprégné de l'atmosphère de la ville, de celle du centre où je travaillais, et de certains des problèmes sociaux récurrents, et ça a donné Les Invisibles. Ce n'est pas un "thriller", comme la couverture l'indique, mais plutôt un roman policier psychologique, et je me suis efforcé de le rendre aussi crédible que possible, en demandant à certains de mes camarades québecois de le relire, pour qu'ils s'assurent que je ne disais pas de bêtises ou de choses trop maladroites. 

Le résultat ne devait pas être trop raté, parce que ça m'a valu quelques bons papiers dans la presse d'ici (plus qu'en France !) et aussi d'être invité aux  premiers Printemps Meurtriers de Knowlton, un festival de littérature policière/criminelle/noire créé et dirigé par l'écrivaine et scénariste Johanne Seymour, au bord du Lac Brome. J'y ai rencontré une tripotée d'auteur.e.s et de lecteurs/trices épatant.e.s. 



Votre personnage le plus connu, Bruno Sachs, est le héros de trois romans médicaux, mais il apparaît, parfois de manière très fugitive, dans presque tous les autres – y compris les romans policiers et les romans de science-fiction. 

Oui, et il n’est pas le seul. Des personnages de second plan, mais qui ont pour moi une grande importance symbolique, sont également omniprésents : le professeur Lance, chirurgien et honnête homme, Angèle Pujade, surveillante du service des IVG… J’aime faire circuler mes personnages d’un roman à un autre, même s’ils n’y jouent pas un rôle important parce qu’ils constituent en quelque sorte une famille symbolique. Je veux indiquer par là qu’il s’agit d’un seul et même imaginaire, avec des atmosphères narratives spécifiques selon qu’il s’agit d’un roman réaliste ou d’un roman de genre. Si les personnages circulent, parfois à l’arrière-plan, c’est parce que c’est le même monde, vu à travers des lunettes différentes. C’était déjà comme ça dans mon roman inédit, Les Cahiers Marcoeur, commencé en 1980 ou 1981. Six personnages – six occurrences d’un même individu – y évoluaient, sans jamais se rencontrer, comme dans des dimensions parallèles. Certains étaient médecins, d’autres pas. L’un d’eux avait raté le concours, un autre avait décidé de ne pas le passer, envers et contre l’avis de son père. La plupart écrivaient, mais l’un d’eux ne soignait pas et n’écrivait pas, et c’était certainement le plus désespéré. Bref, j’y explorais plusieurs « possibles » de mon trajet. C’est sans doute pour cela que ça ne fonctionnait pas : je m’y étais pris trop tôt. Je n’avais pas assez vécu pour rendre intéressant un roman pareil. Trente ans plus tard, j’explore de nouveau ces « possibles » avec des personnages qui se ressemblent – Bruno Sachs, Marc Valène, Charly Lhombre, Franz Karma –, à travers des romans distincts situés dans le même univers. 

Bien que l'univers des romans "réalistes" et celui des romans "de mauvais genre" (policier, SF) ne soit pas exactement le même, j'aime bien faire circuler des personnages d'un univers à l'autre, voire leur y donner des destins différents. Je pense en particulier au personnage du Pr Lance, "mentor" de Bruno Sachs et de Franz Karma, qui apparaît dans plusieurs romans chez POL mais aussi dans la Trilogie Twain (Un pour deux, L'un ou l'autre et Deux pour tous), où il est un "médecin du peuple" jusqu'au bout.

Ces différents destins renvoient aussi aux origines multiples de mes personnages : Lance est inspiré à la fois par un de mes profs, Yves Lanson, qui fut aussi mon directeur de thèse de médecine, et par Daniel ZImmermann. Dans La Vacation le personnage se nomme Lance, dans Sachs il se nomme Zimmermann, dans Les Trois médecins, Lance et Zimmermann apparaissent ensemble, comme s'ils étaient jumeaux... Bref, ça montre que j'aime jouer avec les personnages, à la fois dans un même "champ d'exploration" mais aussi d'un champ à un autre. 


Entre 2001 et 2003, vous avez publié en ligne sur le site de P.O.L deux textes autobiographiques, Légendes et Plumes d’Ange. Pourquoi vous lancer dans cette entreprise ?



Après La Maladie…  j’ai été pris par plusieurs projets : republier des textes antérieurs, écrire un livre sur la contraception, un autre sur l’histoire des séries télévisées… Je n’étais pas encore prêt à me mettre au roman transposant mes études, mais je voulais écrire un livre consacré à mon père. Je me suis dit : « Si je me mets à écrire ça, je vais parler de mon enfance, et je vais dériver sur toutes sortes de choses. Pour parler de mon père, il faut que je me débarrasse d’abord des histoires d’enfance. » Un autre problème résidait dans le fait que je ne voulais pas tarder à me lancer : je voulais l’écrire très vite mais je ne savais pas comment faire. C’était un projet intime, je n’avais pas de date de remise, ça pouvait traîner pendant des années. Et puis, en 1999, j’ai vu apparaître sur le site de P.O.L un feuilleton. C’était La République de Mek Ouyes, un roman de Jacques Jouet, que la maison proposait en pré-publication, à raison d’un épisode par jour. J’ai toujours aimé les feuilletons, sous toutes leurs formes – dans le journal, dans un magazine de BD, à la radio, à la télé… Et j’ai toujours été fasciné par l’idée du feuilletonniste qui écrit un chapitre chaque jour, termine à l’arraché, envoie un messager le porter aux bureaux du quotidien, afin qu’on le mette en page et qu’on le joigne au reste du journal à temps pour paraître le lendemain matin. J’ai proposé à Paul O.-L. d’écrire deux livres et de les proposer en feuilleton sur le site. Le premier parlerait de mon enfance et des fictions qui m’avaient aidé à grandir. 


Le second s’attaquerait à une fiction encore plus importante à mes yeux : la figure de mon père, Ange Zaffran. Et je voulais publier ces livres « en temps réel », au fur et à mesure de leur composition. Paul m’a demandé d’en écrire une quinzaine de chapitres à l’avance, pour qu’il puisse les lire avant leur mise en ligne. Les chapitres étaient insérés dans le site, et envoyés chaque jour – un chaque matin du lundi au jeudi, et les trois derniers le vendredi matin – aux visiteurs du site qui cliquaient sur le lien d’abonnement gratuit. Et je me suis mis au travail. Chacune des deux publications a commencé au début du mois de septembre et s’est terminée le 22 février – le jour de mon anniversaire. Quelques semaines plus tard, P.O.L a publié le livre au format papier, et les textes ont été retirés du site. La particularité de ces livres, c’est qu’ils sont comme deux ensembles ayant un sous-ensemble commun : certains chapitres de Plumes d’Ange sont, à quelques bricoles près, des chapitres de Légendes car il s’agit, au fond, d’une même histoire et la petite (la mienne) est incluse dans la grande (celle de mon père et de ma famille). Dans une certaine mesure, il s’agit des deux premiers tomes d’un triptyque. Légendes est l’autobiographie du lecteur que je suis ; Plumes d’Ange est la biographie du médecin qu’était mon père – et parle bien sûr de son influence sur mon itinéraire de soignant. Alors que Légendes fait essentiellement appel à mes souvenirs, Plumes d’Ange a été composé à partir d’une foule de documents familiaux et historiques, et son récit inclut la description de ma recherche et de ses méandres. Le troisième tome, que j’ai longtemps laissé de côté car je ne savais pas comment le traiter, est un roman familial, qui se déroule dans une maison identique à celle de mon enfance. Ça devrait s’appeler La Voie des hommes. L’idée centrale de ce triptyque était de décliner les trois formes d’écriture que je pratique : l’écriture intime, l’écriture documentaire, la fiction.




Qu’est-ce que ça vous a apporté de publier ces livres sous cette forme ? 


D’abord, j’avais envie de me colleter à l’écriture d’un vrai feuilleton, sans filet, au jour le jour. J’aimais le caractère expérimental de l’entreprise, le défi que ça représentait. J’avais toujours rêvé de faire ça, et c’était l’occasion ou jamais. Le deuxième grand apport de cette forme, c’est la présence des lecteurs : ils recevaient chaque jour un épisode du feuilleton et, comme mon adresse courriel était mentionnée, beaucoup m’ont écrit. Pendant la publication de Légendes, c’était surtout pour partager leur émotion : ils me remerciaient de leur avoir rappelé des livres, des films ou des événements qu’ils avaient vécus et d’avoir fait remonter une multitude de souvenirs à leur conscience. Aujourd’hui, plusieurs de ces correspondants – l’un d’eux vivait très, très loin – sont des amis très proches. Légendes était essentiellement une reconstitution de mon enfance et de mon adolescence à travers les « histoires » que j’avais vécues ou mémorisées. Mais Plumes d’Ange était une enquête biographique sur mon père et ses origines. Je travaillais beaucoup sur documents – papiers officiels, lettres, enregistrements sonores – mais, n’ayant pas été formé à la recherche historique, je commettais des erreurs ou me retrouvais parfois dans des impasses. Lorsque je rencontrais un obstacle, je le mentionnais dans le texte du chapitre. A plusieurs reprises, des lectrices et lecteurs qui lisaient Plumes d’Ange en temps réel m’ont écrit pour me venir en aide, et m’ont donné des informations précieuses. Grâce à leur participation spontanée, j’ai ainsi pu localiser la sépulture de mon grand-père, Mardochée, mort près d’Arras en 1915, que mon père avait cherchée, en vain, pendant des années. Je n’imaginais pas que l’écriture de ce livre aurait de tels effets. Dix ans plus tard, je suis encore émerveillé par la qualité du soutien que j’ai reçu de la part des lecteurs en ligne de ces deux livres. L’écriture au jour le jour de Légendes m’a également préparé – sans que je le sache – à tenir la chronique quotidienne qu’on m’invita à faire sur France Inter : entre septembre 2002 et fin juin 2003, entre autres activités, j’ai écrit chaque jour et ma chronique radio, et mes chapitres de Plumes d’Ange. Livres et chronique n’ont pas seulement constitué des expériences d’écriture nouvelles, ils m’ont, de plus, habitué à recevoir un grand nombre de courriels et à y répondre très vite. Lorsque, en août 2003, je me suis mis à tenir un site internet, j’étais prêt.



(A suivre...) 

samedi 22 février 2014

Pourquoi j'écris



J'écris parce que j'aime parler et parce que je passe beaucoup de temps seul.
Mais je n'écris pas pour passer le temps. 

J'écris parce que je suis en colère, mais on ne peut pas passer tout son temps à engueuler ceux qui n'y sont pour rien.


J'écris parce que les mots apaisent et font plaisir. 
J'écris parce que j'aime partager et on partage beaucoup plus, avec beaucoup plus de monde, quand on écrit.
J'écris parce que j'aime voir les lettres apparaître et former des sons dans ma tête, et du rythme, et du sens. Enfin, la plupart du temps.

J'écris parce que c'est un moyen honorable de gagner sa vie et j'ai toujours été écartelé entre l'obligation morale de nourrir ma famille et la honte de gagner de l'argent.
J'écris parce que j'aime construire et les mots sont à la fois outils et matériau.
J'écris parce qu'écrire c'est tisser des sentiments.
J'écris parce que j'aime entendre des histoires et en raconter. Alors j'écris les histoires que j'aimerais lire et faire lire.
J'écris parce que je ne crois pas en Dieu. 
J'écris parce que l'univers est immense et vertigineux. 
J'écris parce que notre existence n'a aucune importance. 
J'écris parce qu'écrire c'est donner du sens à ce qui n'en a pas.
J'écris parce qu'écrire c'est donner du sens à ceux qui en cherchent.
J'écris parce que les histoires sont comme les gènes, elles se transmettent de génération en génération.
J'écris pour féconder celles et ceux qui me lisent comme je l'ai été par celles et ceux que j'ai lus.
J'écris pour ne pas rester dans le silence et l'impuissance.
J'écris pour être reconnu.
J'écris pour me sentir utile.
J'écris pour défendre mes valeurs et prouver ma valeur.
J'écris pour que mes enfants soient fiers de moi.
J'écris parce que j'aurais voulu que mes parents soient fiers de moi.
J'écris parce que je ne veux pas garder ce que je sais pour moi.
J'écris parce que je déteste l'oppression et parce qu'un écrit est une forme de résistance plus discrète mais plus durable qu'une bombe.
J'écris parce que je déteste les abus de pouvoirs.
J'écris parce que celui qui me lit choisit de me lire, même s'il finit par rejeter ce que j'écris.
J'écris parce que j'aime rire, pleurer, tourner les pages, sursauter, apprendre, réfléchir – et parce que j'aime le faire aux autres.
J'écris parce que ça ne coûte presque rien et lire non plus (c'est publier et acheter de l'écrit qui coûte cher…)
J'écris beaucoup parce que je suis un grand bavard (c'est sûr) et parce que la parole est ma queue de paon (c'est probable).
J'écris parce que ça me permet de crier en paix.  
J'écris parce que ça me permet de ne pas penser aux choses qui me pèsent – ou de leur régler leur compte le temps que je passe à écrire.
J'écris parce que je déteste attendre ; et quand on n'a pas de livre sous la main…
J'écris parce que ça me donne le sentiment d'être intelligent. Pas " plus intelligent que ceux et celles qui n'écrivent pas " (je ne crois pas qu'écrire soit une preuve d'intelligence, mais simplement l'expression d'une aptitude particulière, comme le sens des formes, une olfaction très développée ou une oreille musicale) mais "plus intelligent que celles et ceux qui écrivent des conneries".
J'écris pour celles et ceux qui éprouvent les mêmes sentiments que moi mais qui n'écrivent pas.
J'écris parce que tant que j'écris, j'ai le sentiment de penser. Et, comme disait Descartes, tant que je pense, je suis.
J'écris parce qu'écrire, c'est chic ou c'est chiant, selon les moments.
J'écris parce que ça me fait moins peur que téléphoner.
J'écris parce que je peux assassiner qui je veux impunément – et sans toucher à un cheveu de leur tête.
J'écris parce que j'en ai gros sur le cœur.
J'écris pour garder vivant le plaisir éphémère.
J'écris pour ne pas oublier – et pour m'inventer les souvenirs qui me manquent.
J'écris pour me persuader que je suis un type bien (ou, en tout cas, un type mieux que d'autres – qui écrivent ou non – et que je ne peux pas piffer).
J'écris parce que je suis paresseux. (Si je ne l'étais pas, j'écrirais plus. Ou j'aurais appris un vrai métier. Ou je serais médecin à temps plein, tiens, par exemple.)
J'écris parce que je pense tout le temps, c'est fatiguant ;  quand j'écris, je pense moins – et parfois plus du tout – ça me repose.
J'écris parce que des éditeurs comptent sur mes livres pour gagner de l'argent. Certains y parviennent mieux que d'autres. Et ils m'en donnent un peu ou beaucoup selon le cas. C'est toujours agréable. 
J'écris sur l'internet parce qu'en théorie n'importe qui peut me lire, n'importe où, n'importe quand.
J'écris à l'ordinateur parce que ça va plus loin. J'écrivais avec une machine à écrire parce que ça allait plus vite. Mais je continue à écrire dans des cahiers parce que c'est beau de voir la main tracer des mots.
J'écris parce que ça me rend séduisant alors que mon corps ne l'est pas.
J'écris parce que ceux qui me lisent se foutent de savoir si j'ai encore toutes mes dents.
J'écris parce que c'est un remède acceptable à l'angoisse, au chagrin, à la déception et à l'ennui. 
J'écris parce que dans l'écrit, les morts sont vivants.
J'écris pour supporter l'idée que j'avance dans un labyrinthe dont je ne pourrai jamais sortir.
J'écris because that's what I do. 
J'écris parce que, pendant que j'écris, je ne souffre pas. Enfin, pas autant.

Bref, j'écris parce que ça m'aide à vivre.
Aujourd'hui, j'ai cinquante-neuf ans.

So far, so good. 


MWZ

lundi 17 février 2014

Le métier d'écrivant (16) - France Inter, 2002-2003

Que s’est-il passé lorsque vous avez assuré une chronique à France Inter ?




A chaque rencontre, depuis dix ans, il y a toujours quelqu’un pour évoquer cette expérience, et ça me ravit, parce que malgré tout, je n’ai été à l’antenne que pendant neuf mois, de septembre 2002 à juin 2003… 

Toute l'histoire est un peu longue à raconter, et si vous voulez les détails, tout est décrit par le menu sur mon site internet ; j’y ai également posté un bon nombre des chroniques. Quand je les relis, je me dis qu'une bonne partie ont bien tenu le coup, et aussi que j'ai abordé beaucoup de sujets très différents, ce qui me fait vraiment plaisir. 

Ca a été une une grande expérience, difficile à certains égards, mais qui a eu des retombées extrêmement positives pour moi. D’abord, il n’est pas donné à tout le monde de disposer de trois ou quatre minutes chaque matin, à une heure de grande écoute, pour faire une chronique scientifique sur la principale chaîne de radio publique. Ça m’a obligé à beaucoup lire, à beaucoup apprendre, à beaucoup écrire. 

J’ai pris un immense plaisir à le faire, même si ça m’obligeait à me coucher à deux heures du matin et à me relever à six. Je l’aurais volontiers fait une année de plus, mais probablement pas au-delà : j'aurais eu peur de me répéter. 

L'un des aspects les plus positifs, c'est que ça a été la première occasion de mettre en œuvre mon désir de partage du savoir, de manière directe et à très grande échelle. J'ai invité les auditeurs à m’envoyer des questions, et en retour ils m'ont envoyé aussi des informations, ce qui fait que bon nombre des chroniques s’appuyaient sur des documents qu'on m'avait confiés – en particulier ce que j’ai raconté sur l’archéologie ou le langage parlé-complété pour les enfants sourds. 

Comme je m'efforçais d'avoir une attitude scientifique, lorsqu'un auditeur m’écrivait par courriel pour me dire que je m’étais trompé, ou que l’information que je donnais était inexacte ou incomplète, je faisais un rectificatif, parce que je voulais montrer qu’un chroniqueur est un être humain, pas un surhomme, et que le savoir peut toujours être remis en question et débattu. Ce n'était pas du tout du goût du directeur de la rédaction de l'époque, qui m'a appelé dès les premières semaines pour me dire de ne pas le faire.
Moi : "Je suis un chroniqueur scientifique. Si je dis quelque chose de faux, je me dois de rectifier ! " 

Lui : "Ca ne se fait pas !" 
Moi : "Mais pourquoi ça se fait pas ?" 
Lui : "Parce que ça ne se fait pas. Ca fait 30 ans que je fais de la radio, et je te dis que ça ne se fait pas." 
Fermez le ban. 

Dialogue impossible, on le voit, et qui n'allait pas du tout avec l'idée que moi et beaucoup d'autres nous nous faisons de l'information en général, de la transmission de l'information scientifique en particulier. Ensuite, quand j'ai continué à faire des rectificatifs, il n'a pas insisté. Il voyait bien que je n'étais pas sensible à son non-argument.  

J'avais donné mon adresse internet à l'antenne ; autre "interdit" que m'a reproché la responsable du site internet de France Inter, en me disant, une fois de plus, que ça ne se faisait pas.
Moi : "Pourquoi ?"
Elle : "Parce que les auditeurs vont comprendre que toutes les adresses sont faites sur le même modèle, et ils vont écrire aux journalistes !" 

Moi (stupéfait) : "Et il ne faut pas ? "
Elle : "Eh bien non !" 
Moi (stupide) : "Les adresses courriel ne sont pas faites pour qu'on écrive aux journalistes ?" 
Elle : "Si, mais pour qu'ils s'écrivent entre eux ! Pas pour que les auditeurs leur écrivent !!!" 

(Je vous jure que c'est vrai, sur la tête de mes enfants...) 





Les auditeurs et les éditeurs avaient noté l'adresse (et puis, ils m'écrivaient via le site de la chaîne, et j'y affichais mon adresse...). J'ai reçu beaucoup de messages de félicitations (beaucoup plus que de messages négatifs) et beaucoup de documents : des livres en particulier, car il est vite apparu que ce que je racontais éveillait l'attention des auditeurs. C'est ainsi que j'ai reçu un certain nombre de bouquins sur l'industrie pharmaceutique, dont celui de Philippe Pignarre, Le Grand Secret. D'un seul coup, je me suis retrouvé en situation de "prescripteur" de livres... 

Autre élément extrêmement positif : en dehors de la toute dernière semaine de ma collaboration pour laquelle on m’a interdit d’antenne, j’ai disposé d’une liberté absolue, et j’ai dit ce que je voulais. C'était une situation bizarre, presque incompréhensible : plusieurs membres de la rédaction m'avaient appelé - ou fait des remarques - pour me reprocher telle ou telle intervention, telle ou telle attitude, mais la chronique s’est poursuivie pendant toute l’année, probablement parce qu’elle avait son public et que mon « impertinence » était trop impalpable pour justifier mon éjection prématurée. Et je crois aussi que l'écoute était bonne. Et puis, je ne m’attaquais à personne en particulier, et quand j’avais des « têtes de turc », c’étaient la directrice de la fiction de France 2 ou l’industrie pharmaceutique dans son ensemble, et non un homme politique en vue. Difficile, dans ces conditions, de me demander de partir. Enfin, j'imagine. Car je ne vois pas une station comme France Inter conserver un chroniqueur contractuel, renouvelé tous les trois mois, si la chaîne n'y trouvait pas son compte. 

On a beaucoup dit – et j’ai moi-même pensé – que c’étaient mes attaques contre l’industrie (en particulier cette chronique-ci et cette chronique-là)  qui m’avaient valu de voir ma collaboration à Inter interrompue brutalement cinq jours avant la fin prévue, mais je pense que la raison réelle était autre : j'irritais beaucoup ceux qui m'avaient invité à parler. Il faut aussi savoir que je n'étais pas leur premier choix. J'ai croisé plusieurs personnes à qui on avait proposé la chronique (qui remplaçait, tâche difficile, celle d'un humoriste de fort gabarit, très populaire en son temps) et qui l'avaient refusé. On avait fini par me la proposer in extremis, quinze jours avant la rentrée, faute de mieux sans doute. C'est probablement ce qui a incité par la suite Jean-Luc Hees à parler d' "erreur de casting". :-) 

J’irritais profondément la rédaction parce que j’exprimais mon opinion sans respecter les règles non dites des institutions françaises "élitaires". Et en particulier celle-ci : je m’adressais aux auditeurs en égal, et non en aristocrate de la radio. Et je parlais en citoyen : je m’indignais que les médecins transfusent les témoins de Jéhovah sans leur demander leur avis, alors que la loi dit qu’on doit respecter la volonté du patient, quelle qu’elle soit. Je donnais des informations sur la contraception à l’usage de tous. Je suggérais malicieusement aux journalistes de la chaîne d’aller jeter un coup d’œil au curriculum vitae du directeur de cabinet du ministre de la santé – en sachant parfaitement que c’était un ancien vice-président de laboratoire… Bref, je ne parlais pas pour montrer que j’étais plus intelligent que les auditeurs, je leur faisais la chronique de service public que moi, auditeur, j'aurais voulu entendre. J'ai grandi en voyant mon père lire Le Canard Enchaîné (et en le lisant par-dessus son épaule). Je voulais faire une chronique digne du Canard et de lui.  

Et c’est cela, je crois, qui a irrité l’équipe de France Inter. Ils se sont mis, je pense, à croire que je les attaquais directement, que je leur reprochais implicitement de ne pas faire leur boulot. Et ils se sont trompés parce que, pendant que je faisais ma chronique, j'avais plus du tout le temps d'écouter les autres émissions !!! En tout cas, ma chronique n'a pas plu à ceux-là même qui s'étaient réjoui de m'accueillir parmi eux, en particulier le service littéraire. Je faisais ma chronique de chez moi, mais une ou deux fois par mois, j'allais à Paris et je la faisais depuis la Maison de la Radio. Quand j'entrais dans le studio, un froid polaire s'installait dans la salle et le présentateur du 7-9 me disait à peine bonjour et au revoir. Quand j'ai voulu savoir ce qui se passait, on me répondait : "Mais vous le savez bien." sans plus d'explication. Ce que je faisais ne plaisait pas, "parce que ça ne se fait pas". Quand on est enrôlé par une institution, il faut respecter les règles de l'institution, même et surtout si elles sont non-dites. 

Ce fut aussi ma première expérience étendue de communication tous azimuts sur l'internet. Cette année-là, je publiais Plumes d'Ange, mon deuxième livre en ligne sur le site de P.O.L, mais ma chronique à Inter me valait un courrier électronique considérable. J'avais donc demandé, très tôt, à afficher le texte des chroniques en ligne, pour que les auditeurs puissent les (re)lire ou les copier (le fichier sonore n'était en ligne qu'une journée, à l'époque) ; à la fin de l'année, il y en avait 200 - comme une petite banque de données sur tout plein de sujets différents. Une banque de données qui a disparu du site du jour au lendemain... mais que des internautes prévoyants avaient soigneusement colligée au format PDF. 

Il peut être périlleux, en France, de trop chatouiller un média national : lorsque la rédaction d'Inter a décidé de m'interdire d'antenne (la toute dernière semaine), la page internet de ma chronique a disparu et la chaîne a déclaré qu’elle ne mettrait pas son estampille sur l’édition papier de mes textes. Un livre qui en rassemblait la moité est sorti au Cherche-midi, mais l'éditeur s'arrachait les cheveux parce que chaque fois qu'il appelait un journaliste, celui-ci lui répondait : "Je ne vais pas en parler, je ne veux pas me mettre mal avec France Inter." Tout naturellement, le bouquin a fait un flop. 

Alors que j’avais été la « mascotte » de la chaîne entre 1998 et 2002, invité à tout bout de champ pour y parler de mes livres, sollicité pour promouvoir le Livre Inter, interrogé sur les problèmes de santé, etc., je suis devenu persona non grata à France Inter. Et je le suis encore : depuis douze ans, aucun de mes livres n’a été chroniqué par un journaliste de la chaîne et je n’ai été invité qu’une fois (par Ivan Levaï, pour une émission sur la télé...). Ca m'a donc un peu fait rigoler quand, il y a quelques semaines, des amis m'ont dit avoir entendu parler de moi "avec émotion" au cours des émissions d'auto-célébration des 50 ans de la station. 




Une autre anecdote intéressante : à deux reprises, entre 2003 et 2008, de jeunes producteurs d'Inter m'ont appelé pour me proposer de participer à leur émission d'été, consacrée aux téléséries. L'un et l'autre m'ont longuement parlé au téléphone, pour définir comment je pourrais contribuer et, après s'être réjouis de ma participation, ils m'ont rappelé quelques jours plus tard me tenant tous les deux le même discours : "On en a parlé autour de nous et nos chefs nous ont fortement "déconseillé" de vous inviter." Si ça ne s'était produit qu'une fois, je n'en aurais pas tiré de conclusion. Deux... ça veut peut être dire quelque chose. 

Eh bien, croyez-le ou non, cette exclusion a eu des conséquences formidablement positives pour moi. D’abord parce que ça m’a transformé - à mon corps défendant - en symbole de la liberté d’expression : j’avais osé m’attaquer à l’industrie pharmaceutique à une époque où personne n’osait le faire et les auditeurs ont perçu mon exclusion comme une confirmation, surtout lorsque la chaîne a diffusé, en lieu et place de ma dernière chronique, un communiqué des industriels disant qu’ils étaient blanc comme neige de tout ce dont je les accusais, les pauvres choux ! 


Ensuite, le fait d'être persona non grata m'a, de fait, libéré d’une crainte qui me travaillait depuis longtemps : est-ce que j’étais lu parce que les lecteurs avaient envie de me lire ou parce qu’on parlait régulièrement de moi à France Inter ? A partir de la fin 2002, je n’ai plus reçu ni soutien ni invitation de la chaîne (1) mais Les Trois Médecins, Le Chœur des femmes, En souvenir d’André et plusieurs autres livres ont touché beaucoup de lecteurs avec le soutien de la presse écrite, essentiellement, et en dépit d’un climat difficile pour l’édition et la librairie. De sorte qu’aujourd’hui, je sais que mes livres sont lus par des gens qui ont envie de les lire, et non parce que je suis un habitué des ondes, ou le "chouchou" d'une chaîne de radio nationale. C’est très réconfortant. 

Autre conséquence importante de cette expérience : juste après la fin de la chronique, (je raconterai comment dans un prochain épisode), j’ai commencé à tenir mon Webzine. Aujourd’hui, le site a onze ans, il abrite plus d’un millier d’articles sur les sujets les plus divers – à commencer par la santé et la télé – et ça a été une formidable expérience d’échange et de partage. Sans cette interface, je n’aurais pas pu approfondir ma réflexion sur la contraception et la maltraitance médicale et partager gratuitement des centaines de pages d’information avec les personnes qui en ont besoin. La brutalité de la rupture avec France Inter a certainement représenté une motivation profonde pour constituer ce site et l’alimenter. Donc, vous voyez, pour ce qui me concerne, l’expérience a été très positive.




Une autre conséquence très très très positive, que me rappelle mon ami Thierry Tinlot après avoir lu une version antérieure mais scandaleusement incomplète de ce texte, c'est que la chronique de France Inter m'a valu d'être contacté par le susdit (alors rédac-chef de Spirou, avant de devenir celui de Fluide Glacial). Comme il appréciait mes interventions, il me proposa de co-créer, avec l'excellent Johan De Moor, une chronique dans Spirou. Pendant plusieurs années, j'ai donc rédigé les textes du Docteur Je Sais Tout, une chronique illustrée dans laquelle je répondais aux questions des jeunes lecteurs (et à d'autres que j'inventais tout seul, faut bien le dire). 

C'était une expérience épatante, je me marrais chaque fois que je voyais les dessins hilarants que Johan avait composés en contrepoint impertinent de mes textes. Ca m'a valu deux ou trois séjours plus que sympas (et bien arrosés) à Bruxelles et Charleroi, une visite de la rédaction de Spirou guidée par "Le Boss" en personne, une photocopie couleur d'un album perdu de Michel et Thierry (de Piroton et Jadoul) intitulé La pluie était sèche, et l'insigne honneur de voir un numéro "Spécial Docteur Je Sais Tout" porter ma photo (arrangée) en couverture et ma gueule en BD dans tout plein de pages. 
Je ne suis pas le seul médecin-écrivant français de ce début de 21e siècle, mais je suis le seul à avoir fait la couv' de Spirou. Et ça, j'en suis pas peu fier !!! 




(ci-dessus, Thierry Tinlot, animateur pour la jeunesse ; ci-dessous, Johan De Moor, artiste-peintre)




Est-ce que vous aimeriez refaire de la radio ?

J’en ai refait, sous d’autres formes : des conversations à bâtons rompus avec les auditeurs sur le thème de la contraception , dans l'émission de Brigitte Lahaie sur RMC ; des chroniques plus écrites, plus littéraires, pendant trois ans sur arteradio.com. (Elles sont toujours en ligne sur le site, et j’en ai repris et développé certaines dans Histoires en l’air (2)) . Et puis il y a eu "Ethique en séries", sur Radio-Creum, la radio du centre où j’ai passé trois ans à l’Université de Montréal, et d’autres plus occasionnellement à Radio-Canada dans l'émission "La tête ailleurs" . Evidemment, je serais très heureux d’avoir une heure rien qu’à moi, comme l’écrivant Stanley (3) Péan, qui anime une épatante émission hebdomadaire sur le jazz à Radio-Canada… Mais bon, ce n’est pas comme écrire un livre : une grille de programmes ce n’est pas extensible comme un fonds d'éditeur, il n'y a pas de place pour tout le monde. La radio, c'est un métier. J’ai déjà la chance de publier à peu près ce que je veux, je n’ai pas besoin en plus d’aller squatter les ondes. Et puis, c’est du boulot, et j’en ai déjà pas mal. 

Après le succès de "La Maladie de Sachs", pourquoi n'avez-vous pas poursuivi dans la publication de romans médicaux ? 

(A suivre) 




(1) J'ai continué à être invité régulièrement à des émissions sur France Culture et des journalistes de France Info (Philippe Vallée, en particulier) ont régulièrement chroniqué mes livres. Ce qui semble bien indiquer qu'il s'agissait d'une décision délibérée de la première chaîne de radio française et non d'un désintérêt général de l'ensemble du service public pour mon travail...

(2) P.O.L, 2007
(3) J'avais d'abord écrit "Sydney", mais un amateur de Béchet ne m'en aurait pas voulu...