Je marche derrière elle à une vingtaine de mètres de distance.
Elle est grande , mince, serrée à la taille dans un manteau marron. Ses cheveux retombent sur ses épaules, en vagues légères. Ils sont blond-dorés. Ils bougent à chacun de ses pas. Elle marche vite, sur de hauts talons aiguilles. Elle porte au bras gauche un sac fourre-tout, jaune paille.
Le trottoir est large. Il y a peu de monde . Un homme me dépasse, puis la dépasse. Il s'est retourné sur elle puis a continué son chemin. Un autre fait de même, puis une femme qui, elle, ne se retourne pas.
Elle, elle n'a pas bougé la tête ni modifié son allure.
Un couple avec un chien en laisse arrive en sens inverse. Le chien précède le couple sans tirer sur la laisse.
Je baisse un instant les yeux pour regarder le chien, et les repose aussitôt sur les omoplates de la femme.
Mon regard s'attarde et remonte sur ses cheveux dansants.
Un homme arrive en face d'elle, s'arrête à sa hauteur. Il l'aborde. Il est de la même taille qu'elle,vêtu de noir, un chapeau noir sur la tête.
Ils se serrent la main, elle pose son sac par terre, serré entre ses deux pieds.
Je ralentis. J'arrive à leur hauteur et les dépasse.
J'ai aperçu son profil. Elle porte des lunettes à grosses montures, son front est dégagé , un peu bombé, sa peau est claire, son nez bien droit au dessus d'une bouche épaisse et très rouge. Elle porte un foulard rouge à rayures dorées que je ne voyais pas de derrière.
J'avance encore un peu, de plus en plus lentement. Je m'arrête. Je me retourne.
L'homme n'a pas bougé. La femme est accroupie et fouille dans son sac. Ses gestes sont vifs. De temps en temps elle pose sa main droite au sol, s'appuie dessus et reste sans bouger. L'homme est un peu incliné vers elle, il remue les mains. Il lui parle.
Elle commence à sortir des objets de son sac et les pose par terre. Enfin elle se relève. Elle fait face à l'homme. Elle tient dans ses mains, devant elle,un gros livre noir.
L'homme lui parle.
Elle feuillette rapidement le livre puis le referme et regarde l'homme.
Il la regarde aussi, porte sa main gauche à sa poche, en sort un revolver, le tient braqué sur la femme.
J'entends deux claquements et je ne vois plus la femme ni l'homme.
La foule forme autour d'eux un attroupement compact.
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