lundi 4 janvier 2010

Out of the Past (11) - par Younes


Salut Steph

Que t’ont révélé à l’époque ces lignes qui parcourent mes paumes ? Je t’avais mis au défi car mes mains n’étaient pas sœurs. Tu avais regardé puis dit que c’était intéressant. J’étais tellement sûr que tu ne pouvais rien lire dedans et puis j’ai imaginé qu’il y avait des choses terribles que tu ne pouvais me prédire.

Je n’ai jamais promis d’oublier, j’ai parfois des pics de ces moments joliment désignés ‘’out of the past’’ dont je profite pour satisfaire ma curiosité et savoir un peu plus sur cette bande qui pensait faire des films d’auteurs, chacun dans son bled méditerranéen. Enfin, c’est une sorte de résidu de ces promesses de créer un réseau, de se donner des nouvelles, d’être un courant artistique peut-être, après chaque atelier comme d’autres le feraient à la fin de leurs vacances. Il m’arrive quand l’âme est apaisée des tourments de la vie de penser qu’il est permis d’oublier et de regarder ailleurs.

Tu étais l’une des personnes les plus proches de moi et tout aussi désavantagé physiquement, je te taquinais en me proposant comme le premier rôle de ton premier long métrage, un danseur !

Je ne t’ai pas raconté le dernier rêve où je t’ai vue, ce devait être après Naples, ou après Marrakech ou même après mes balbutiements dans la vie parisienne si agitée. Tu m’as tourné les talons et tu as monté un escalier, vêtue d’une robe noire. Je m’étais dit qu’on ne se reverrait plus jamais tellement mon interprétation était prémonitoire. D’ailleurs, je ne sais pourquoi ce fut le cas et nous ne sommes jamais croisés, même par hasard, dans la jungle urbaine à Eiffel. Encore moins dans le microcosme du milieu du cinéma.

Mes lignes si enchevêtrées dans le passé, dans le présent et s’enfonçant loin dans l’avenir ne me racontent rien et je ne leur demande rien. Je les regarde de temps en temps et je souris de leurs énigmes vis-à-vis d’un homme qui a le désir vagabond et éphémère.

Je veux aussi te dire que je termine mon cycle cinéma, cette tourmente où je m’étais empêtré pour toute une décennie. J’aurais aimé tourner au moins une scène où l’on verrait un jeune homme qui tombe sous les tirs des balles en essayant de sauver les bobines de son film. Que valent ces dernières dans une ville qui meurt brûlée ? Ce devait être lui, l’imam corrompu ou un personnage de cet ordre-là. Des promesses de cinéma non tenues et qui resteront dans leur tiroir.

J’ai été heureux de savoir que tu as réalisé ton premier film et je souhaite que tu continues à tenir tes promesses dans ce sens.
Bonne année Steph.

younes

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