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mercredi 4 novembre 2009

Je me souviens (11) - par Lyjazz

Je me souviens de mon adolescence,

de mes lectures érotiques : Anaïs Nin, les 11000 verges d'Apollinaire, Henri Miller

Je me souviens que sa mère lui avait dit « mon fils tu fais trop l'amour »,

un jour où il avait l'air recru de fatigue, mais qu'il montrait une lassitude alanguie.

Je me souviens de l'inconfort de la 4L pour faire l'amour,

Je me souviens des cavaliers qui nous avaient surpris dans le bois,

nous étions dans l'Ami 6, à moitié nus, c'était l'hiver.

Je me souviens de nos nuits volées, courtes, car trop agitées sous la couette,

avant d'aller skier le lendemain avec les copains.

Je me souviens de nos après midi de sensations physiques décuplées,

après avoir fumé un joint.

Je me souviens de ses parents sonnant à leur propre porte pour éviter de nous surprendre au lit.

Je me souviens de nos parties de jambes en l'air

dans les bois, me remémorant L'amant de Lady Chatterley,

j'aime beaucoup faire l'amour dans la nature.

Je me souviens de nos ébats dans le petit lit de ma chambre d'étudiante,

de la femme de ménage qui le surprenait au matin, quand j'étais déjà partie.

Je me souviens de ce texte de Fernando del Paso dont j'avais l'essence en mémoire lorsque j'ai écrit :

A la manière de... Palinure de Mexico, de Fernando del Paso


Mon cousin et moi nous aimions faire l'amour dans ce lit tout simple, bas, dans lequel nous mettions parfois des draps de lin naturel quand il faisait chaud, parfois des draps de satin foncé et des coussins lorsque nous étions plutôt d'humeur aux cachotteries, aux secrets, que nous voulions nous soustraire à tout ce monde qui nous semblait si barbare et si hostile parfois.

Nous aimions faire l'amour

inévitablement, quand nous nous frolions dans le noir,

indéfectiblement, quand nous sentions si fort que nos liens s'étayaient depuis si longtemps,

irrégulièrement lorsque nos chemins se croisaient et nos vies se dispersaient,

illusoirement les jours où nous étions amers et déçus de la vie,

puissamment parce que nous étions fous amoureux et jeunes, si jeunes !

Jazzistiquement en écoutant John Coltrane siffler Blue Train,

baroquement lorsque la pièce était pleine de la musique de Mikis Théodorakis orchestrant le Canto General de Pablo Neruda,

littérairement lorsque nous lisions ensemble Anaïs Nin,

ludiquement le jour où j'ai amené un godemichet, et lui des boules de geisha et un anneau pénien,

les yeux plissés et en ronronnant parce que nous aimions les chats, leur douceur et leur puissance (et Baudelaire),

souplement quand nous expérimentions les positions du kama sutra,

à la va vite lorsque nous n'avions que 10 mn avant un rendez-vous,

élégamment pour un jour de carnaval où nous étions déguisés en personnages distingués,

sans se voir parce que nous aimions jouer dans le noir,

avec gourmandise le jour où il m'a enduite de chocolat, puis de miel, a laissé couler du champagne entre mes cuisses, où j'ai fait tomber goutte à goutte de la crème anglaise au bout de son gland...

librement parce que nous n'avions aucun tabou,

délibérement,

respectueusement,

lascivement,

Et enfin palliativement lorsque j'ai rencontré un autre homme et que je ne pensais qu'à cet autre.....


Lyjazz

4 commentaires:

  1. Anaïs... c'est toi?

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  2. Je crois que ça fait toujours ça quand on lit un texte d'amour/sexuel/érotique. Non ?

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  3. J'ai au moins 2 points communs avec Anaïs Nin : nous sommes du même signe astrologique chinois (chat d'eau) et nous avons un prénom en commun : Rosa.
    Voir wikipedia (je ne parviens pas à mette le lien)

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