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mardi 21 juillet 2015

Questionnaire pour écrivant.e.s, 17 - Elsa, 29 ans

29 ans. 

As-tu déjà publié des textes (publié : donné des textes à lire à des inconnus via un éditeur, une revue, un site, un blog) ?
J'ai eu quelques blogs successifs, deux ou trois, que j'ai fermés. Il me reste un tumblr de photos que je ne mets presque plus à jour et sur lequel il doit y avoir quelques vieux textes. J'ai publié un petit texte humoristique sur La Grande Dépression, aussi. 

Les as-tu publiés sous ton nom ou sous pseudo ? (Il n'est pas obligatoire de les donner). 
Je les ai publiés sous deux pseudos différents. Celui que j'ai le plus utilisé était Albertine Simonnet, en référence à M. Proust. J'ai aussi utilisé Camille Meaupin (très peu), en référence à Balzac et parce qu'il était neutre, sur le plan du genre. 

Si tu portes un pseudo peux-tu dire pourquoi et ce qu’il représente pour toi ?
Ce que j'écris contredit l'image invulnérable que j'ai longtemps et vainement voulu donner de moi. Je ne l'assume pas. Au début, le Narrateur de la Recherche pense que le nom d'Albertine s'écrit avec deux N. C'est un signe que je voulais envoyer : l'identité que vous me connaissez est un malentendu.

Combien de textes as-tu publié ? (préciser : poésie, nouvelles, récits, articles, textes scientifiques, romans, etc. Ne donne pas le titre,  seulement le nombre approximatif.) 
Moins d'une dizaine. 

Quel genre de textes as-tu écrit sans jamais vouloir les faire lire ?
Je tiens un journal depuis très longtemps.  Et aussi, je travaille sur un roman depuis  4 ou 5 ans. Je l'ai envoyé à des éditeurs cette année, qui l'ont refusé, c'est pour ça que je le reprends. J'y travaille mais je suis encore trop pudique pour le faire lire à mes proches, en dehors de ma meilleure amie. 

Quel genre de texte aimerais-tu écrire et publier ?
J'aimerais publier de la fiction, et des essais. Mais soyons honnête, je n'arrive pas à écrire d'essais. J'aime les idées, mais j'ai plus de goût pour les gens, pour ce qu'ils ressentent ou pour ce qu'ils font vibrer chez moi. C'est pour ça que je vais plus facilement vers les histoires ou les portraits. 

Si tu n’as jamais publié, peux-tu expliquer pourquoi ?
C'est la pudeur qui me retient de publier ou qui me pousse à effacer (ou à fermer mes blogs) mais elle ne s'adresse qu'à mes proches. Je suis quelqu'un d'anxieux, j'ai peur qu'ils soient blessés par des choses que j'exprime, j'ai peur de les décevoir, de perdre leur affection. 

Quand as-tu commencé à écrire ? A quel âge ?
Les rédactions à l'école primaire m'amusaient excessivement. Dès 6 ou 7 ans, elles m'exaltaient littéralement. À partir de 12 ans, avec ma meilleure amie de l'époque, on partageait un journal, puis deux qu'on s'échangeait le matin. C'était addictif. 

Y a-t-il eu une raison précise, un facteur déclenchant ?
Non. J'avais un truc avec les livres avant de savoir lire ou écrire. Mais je crois surtout que le plaisir esthétique que je ressentais en lisant des histoires ou en en racontant, en jouant par exemple, était vraiment très intense et me poussait à recommencer. 

Qu’est-ce que tu écrivais au tout début ?
Ma mère conserve un petit livre de quelques pages A4, que j'ai écrit et illustré très jeune sur mes hauts faits à venir (à ce jour, toujours aucune médaille olympique). Plus sérieusement, mon journal contient des kilomètres de digressions sur l'Art, les garçons et ce que j'ai pu ressentir pour eux.  

Sur quoi écrivais-tu ? (Ta main, un cahier, du papier libre, un ordinateur… ?)
Le journal partagé à l'adolescence m'a donné l'habitude d'avoir un cahier-journal. Parfois, j'écrivais sur papier libre, quand un bout de texte ou un poème me hantait, ça m'en débarrassait. Puis je le coinçais dans mon journal pour que le papier ne traîne pas, et je cachais mon journal. J'avais honte.  

Est-ce que tu lisais beaucoup à cette époque ? Et quel genre de livres ?
Ce que je considérais comme les classiques.  C'était un genre de devoir moral de lire ce qui avait compté, ce qui était important. J'étais très intransigeante. D'ailleurs, j'ai toujours un complexe à propos des auteurs reconnus qui me tombent des mains, comme M. Duras, V. Woolf ou J. Joyce. 

Qu’est-ce que le fait d’écrire t’apportait à l’époque ?
Ça me débarrassait de mes idées obsessionnelles de l'époque, vraiment, à propos de certains garçons, ou de mes angoisses ou de mes aspirations artistiques. J'écrivais en cachette, complexée par ma mièvrerie. C'était un plaisir coupable, j'avais bien trop honte de mon lyrisme outré. 

Est-ce que tu faisais lire ce que tu écrivais à tes proches ?
Surtout pas, à part les lettres et les emails que je leur écrivais. Et encore ! J'essayais parfois d'étouffer mon lyrisme, mon sentimentalisme, et d'avoir l'air normale là aussi. 

Si oui, comment est-ce que c’était perçu par ton entourage ? 
Je pensais que mon entourage ne savait pas l'importance que tenait l'écriture dans ma vie. Je le cachais, parce que je pensais qu'ils verraient ça d'un mauvais œil et qu'ils me trouveraient niaise et vaniteuse. Aujourd'hui, je pense surtout que tout le monde s'en foutait pas mal. 

Comment prends-tu les critiques, conseils et éventuelles modifications apportés par l'entourage qui a lu ton texte ? 
(Anonyme, 26 ans) 
J'écoute sans forcément les suivre les avis donnés de manière bienveillante, en me souvenant qu'ils sont personnels (influencés par les goûts, l'histoire, la culture, etc.), parce qu'ils m'indiquent l'écart entre mon intention et ce que les autres lisent. Le writing group que je fréquente m'a appris ça.

Quel est le premier texte que tu aies considéré comme « achevé » ? (Ou dont tu te sois senti fier) ?
Un poème en prose, sur un garçon, bien sûr, que j'ai remanié un million de fois, et dont je ne me sens jamais fière très longtemps. 

A l’époque où tu as commencé à écrire, qu’est-ce que c’était pour toi, un « écrivain » ?
C'était quelqu'un qui pensait à la littérature toute la journée, qui ne faisait pas de différence entre la vie et l'écriture. Je le pense toujours et c'est comme ça que je vis. J'y pense tout le temps, publiée ou pas, reconnue ou pas. C'est une vocation intime, ça ne se passe pas dans le regard des autres. 

T’es-tu jamais mis(e) à penser qu’écrire pouvait devenir ton métier ? Si oui, quand et pourquoi ? Si non, pourquoi ?
Un moment, à 13 ans quand Gudule est venue dans mon collège. Puis à 27 ans. J'occupais un très beau poste de cadre. J'ai fait un burn out. Alors ça a été une évidence : finies les conneries, fini de vivre les ambitions d'autrui, passons à ce qui est vraiment important dans la vie. 

Aujourd’hui, quel genre de texte écris-tu ?
De la fiction, et quelque chose d'autobiographique, sur ces deux expériences, le burn out et le départ pour l'étranger, et le cheminement personnel, intime et intellectuel qu'elles ont généré. Mais je ne pense pas le publier. En tout cas pas tout de suite.

Quel genre de livres lis-tu ? 
Je lis des choses plus variées et plus récentes qu'avant. Je suis moins dogmatique et plus ouverte (et je remercie l'esprit anglo-saxon pour ça). Depuis peu, je lis beaucoup d'auteurs féminins aussi. Les derniers auteurs que j'ai lus sont C. Bénech, D. de Vigan, A. Sarrazin, L. Lafon et Colette.

As-tu écrit aujourd'hui ? Si oui, décris ce que tu as écrit. Si non, depuis quand n'as-tu pas écrit et pourquoi ? 
J'ai passé la matinée à répondre à ce questionnaire, je considère que c'est déjà de l'écriture ! Sinon j'ai consacré la journée d'hier à éditer mon tapuscrit pour la enième fois (il me reste trois pages à terminer aujourd'hui), et j'ai écrit un peu mon journal cette nuit quand je n'arrivais pas à dormir. 

Depuis que tu écris, quel genre de texte (ou d’activité d’écriture) t’a apporté le plus de satisfaction, de plaisir, de fierté ?
Écrire avec ma meilleure amie des portraits poétiques pour toute notre bande de copains. Et aussi, avoir le cran de participer à un writing group dans une langue qui n'était pas ma langue maternelle. Avoir dépassé toutes les peurs qui m'en empêchaient et avoir persévéré, douée ou pas. 

Quelle est votre contrainte préférée? (Stern, 24 ans)
J'aime bien les contraintes liées à la forme finale (scénario de BD, soundwalk) et aussi, surtout, travailler à plusieurs. J'adore chercher le terrain qui convient à tout le monde et qui offre des possibilités à chaque participant, trouver le truc qui va les inspirer ou répondre à leur proposition. 

Depuis que tu écris, quelles ont été les principales frustrations que t’ont valu l’écriture ? 
L'agacement à la relecture de quelque chose de très mauvais et d'écrit sincèrement. Je me dis : « C'est pas possible, comment est-ce que j'ai pu écrire ça sans vomir ?». J'essaie de combattre ces réactions très contre-productives, elles ne mènent qu'au découragement et à l'autocensure. 

Comment te sens tu quand tu écris ? L’écriture est-elle une souffrance ou une facilité ? 
(Didier Austry)
Je ressens l'écriture comme un besoin, comme manger ou dormir. Si je ne le fais pas, je me sens mal, mais ce n'est pas toujours facile de le faire pour autant. C'est vraiment comme manger. C'est obligatoire, mais il y a des jours sans appétit, des jours de nausée mais aussi des jours de festin. 

As-tu un site/blog où l’on peut te lire ou, à défaut, trouver les titres de tes textes publiés ? Si oui, veux-tu donner son nom et indiquer par quel texte tu aimerais qu’un visiteur qui ne te connaît pas lise avant tout autre ? Si tu préfères rester anonyme, merci d'avoir partagé. 

Je n'ai rien publié de récent. Il y a de vieux textes qui traînent, mais ils ne me ressemblent plus. J'avais trop de choses sur le cœur et j'essayais de tout dire en même temps. Mon style était très lourd. En attendant, je passe beaucoup de temps sur Twitter : @A_Simonnet


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