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mardi 30 août 2011

Les films de ma vie (exercice n°19)

Réminiscence : Il y avait un livre de François Truffaut qui portait ce titre. Je l'ai lu il y a longtemps et je l'ai égaré, je le regrette.

Enoncé : Evoquer trois (3) films qui vous ont marqué(e), en quelques phrases, en disant où vous les avez vus, avec qui et/ou dans quelles circonstances et la scène de chaque film la plus présente à votre mémoire. Pourquoi trois films ? Parce qu'un c'est pas assez (comment choisir) et plus de trois, c'est un peu trop.

Remise : quand vous voulez, dès que vous voulez. C'est parti !

MW

samedi 27 août 2011

Les livres de mon enfance - par Marc's Twin (Ex n°18)

Le rêve du petit berger et autres contes - ?
Le mystère du vieux moulin - Franklin W. Dixon
Le secret de Whilhelm Storitz - Jules Verne
Michel Strogoff - Jules Verne
Les exploits de Nick Carter - ?  
Pour que la neige reste blanche - Antoine Reboul
Nick Jordan voit rouge - André Fernez
Les confidences d'Arsène Lupin - Maurice Leblanc
Les mémoires de Sherlock Holmes - Sir Arthur Conan Doyle
Les premiers hommes dans la lune - Herbert George Wells
Le Monde Perdu - Sir Arthur Conan Doyle
Le Noël d'Hercule Poirot - Agatha Christie
Le jour le plus long - Cornelius Ryan
Mythologie grecque et romaine - Commelin


Le jardin fantastique (Les Pionniers de l'Espérance, par Poïvet et Lécureux)
Astérix chez les Goths (par Uderzo et Goscinny)
Fort Navajo, Tonnerre à l'Ouest, et les autres... (Blueberry, par Gir et Charlier)
A la poursuite du Soleil (Marc Dacier, par Paape et Charlier)
Buck Danny contre Lady X (Buck Danny, par Hubinon et Charlier)
La pluie était sèche (Michel et Thierry, par Piroton et Jadoul)
Pour l'honneur des cocardes (Tanguy et Laverdure, par Uderzo et Charlier)
Le fils de Barbe-Rouge (Barbe-Rouge, té ! par Hubinon et Charlier)
Le secret de l'Espadon et La Marque Jaune (Blake et Mortimer, par Edgar P. Jacobs)
Le nid des Marsupilamis (Spirou et Fantasio, par Franquin)
Le défilé des Appalaches (Davy Crockett, par... ? )

Mon enfance s'est terminée et je suis entré dans l'adolescence quand j'ai lu mon premier roman de science-fiction, Les Seigneurs des sphères - Daniel F. Galouye et ma première autobiographie, Yes I Can - Sammy Davis Junior

Mon adolescence s'est terminée quand j'ai lu L'île de Robert Merle.

Je suis curieux de savoir quel livre terminera ma vie. J'espère que j'aurai le temps de le finir.

Marc's Twin

jeudi 25 août 2011

Un billet pour Kehl - par S.


Paris, janvier 94. Gare de l’Est. Un temps gris, humide, pesant. Elle sort de la bouche de métro et relève le col de sa parka. Elle frissonne face au vent.

Le train corail pour Strasbourg est à quai déjà. Elle a pris son billet, vérifie pour la centième fois, composte. Elle monte dans la première voiture. Elle a pris sans y penser la première place libre côté couloir, dans le wagon bondé. Elle s’est assise sans un regard pour le voyageur installé sur le siège côté fenêtre. Oh partir, fuir !

Les portes se ferment. Le train s’ébranle. Elle soupire, appuie sa tête contre le dossier, ferme les yeux, allonge ses jambes. Elle essaie de ne penser à rien. Son corps se détend, lentement. Les gares de la banlieue Est défilent : Pantin, Noisy-Le-Sec, Bondy…

Il y a des périodes de portes fermées : la vie est une forêt de murs qui se dressent entre vos désirs et vous, de pièges qui vous font trébucher, vous paralysent et finissent par vous faire mourir à petit feu. Vie de merde ! 

Elle n’a pas envie de lire ; elle s’assoupit.

Reims. Elle s’éveille. Le train s’arrête, puis repart. Plus tard, l’annonce du contrôleur : « Contrôle des billets s’il vous plait ». Elle tend sa carte jeune et son billet. « Bonjour, merci, au revoir ». Le voyageur à côté d’elle tend son billet. Debout dans le couloir, le contrôleur l’examine attentivement sans le poinçonner, puis baisse les yeux vers lui : « Où allez-vous ? » « Kehl », répond le voyageur. « Mais votre billet n’est valable que jusqu’à Reims. Il fallait descendre à Reims. Je vais devoir vous faire payer le voyage jusqu’à Kehl, avec une surtaxe ». L’homme garde le silence, il comprend mal le français. Le contrôleur est ennuyé, il répète. « On peut même pas voyager tranquille » pense-t-elle. Dans un mauvais français, le voyageur tente d’expliquer qu’il ne peut pas payer. Le contrôleur ne parle pas allemand. 

Au-dessus de sa tête, un dialogue de sourd tente de s’établir. Elle s’énerve intérieurement : « Mon Dieu, pourquoi avoir choisi cette place ? Journée de merde, de merde, de merde !!! » Le contrôleur hausse le ton. Il menace de faire descendre le voyageur à Nancy. L’homme panique, bredouille un français incompréhensible. Puis un silence s’installe, pesant. La situation semble bloquée. Bloquée. Comme cette période de portes fermées, d’impasses, de murs sans brêche… Bloquée… Du plus profond d’elle-même, la colère monte lentement.

Pour la première fois depuis le départ du train, elle se tourne vers le voyageur. C’est un homme jeune, la trentaine, d’origine turque, pakistanaise, libanaise… ? Elle ne sait pas. Il n’a pas l’air méchant. Il est paniqué. Elle lui demande : « Où allez-vous ? ». « Il semble un peu rassuré qu’elle lui parle en allemand. « A Berlin. Mais je dois descendre à Kehl. A Kehl, on viendra me chercher. » Elle traduit pour le contrôleur. Mais il n’en démord pas : soit l’homme paie un billet surtaxé, soit il le descend à Nancy. 

Elle se tourne vers le voyageur et traduit. L’homme blêmit : « Je ne peux pas payer, je n’ai pas d’argent. Il faut absolument que j’aille à Kehl. » Le ton monte. Dans le wagon, la discussion attire l’attention des voyageurs. 

Chacun commence à y aller de son commentaire. Le contrôleur menace d’appeler ses collègues et de prévenir la police en gare de Nancy. L’homme s’agite de plus en plus. « Mon Dieu, mais qu’est-ce je fous là ! ». Elle voudrait tant qu’on lui fiche la paix ! Journée de merde où tout bloque, journée de contrôleur borné, journée où même les trains ne mènent pas où l’on doit aller…

Alors… du plus profond d’elle-même, une petite voix monte, de plus en plus claire, de plus en plus audible ; elle s’entend dire : « je paie le complément du billet jusqu’à Kehl ». Le contrôleur est stupéfait, presque ennuyé : ça n’est pas dans l’ordre des choses. Il doit faire descendre le fraudeur à Nancy. « Mais mademoiselle, vous n’avez pas à payer pour lui ». La réponse l’énerve ; elle ne répond rien. Elle se tourne vers le voyageur et traduit sa proposition. L’homme baisse les yeux, secoue la tête, résigné ; puis, lentement, redresse la tête, tourne vers elle son visage, et son sourire, tout d’abord incrédule, s’épanouit jusqu’aux oreilles. 

« Oh merci, merci, je n’ai pas d’argent, mais je vous rembourserai dès que possible. » « Tu parles », pense-t-elle. « Mais mademoiselle, il ne vous remboursera jamais », insiste le contrôleur. « Peu importe », répond-elle. Elle sort son portefeuille, paie le billet surtaxé et le tend au voyageur. 

L’homme ouvre des yeux comme des soucoupes, lui prend les mains, se répand en remerciements. Il promet de la rembourser dès que possible. Elle n’en croit pas un mot. Il insiste pour qu’elle lui laisse son adresse, mais ne donne pas la sienne. Elle griffonne son adresse sur un bout de papier. 

Comme elle le lui tend, le voyageur enfonce frénétiquement la main dans sa poche ; il en sort un médaillon représentant le yin et le yang et le lui donne : « Prenez, ça vous portera chance ! » Elle refuse d’abord, puis devant l’insistance de l’homme, s’empare du médaillon et le range dans son portefeuille.


Les mois passent. Elle y pense parfois, se demande ce qu’il est devenu. En décembre, elle reçoit une lettre de Berlin. Elle n’y connaît personne. Elle ouvre. A l’intérieur de l’enveloppe, un billet de 20 Deutsch Mark ainsi qu’une petite carte de remerciement : « Je suis bien arrivé. Merci.»

dimanche 21 août 2011

Le livre de mon enfance, par Joan (Ex. N°18)


J'ai sept ans. Je sais lire depuis... Je ne sais plus.
Dans ma petite tête, je dirais toujours.
Je n'imagine pas un "avant" la lecture.
Je ne m'en souviens pas.
Comme si je n'étais véritablement née qu'au contact de l'écrit.

Je lis, beaucoup.
Les étiquettes des produits ménagers, les tracts politiques, les dictionnaires.
Lorsque je suis éveillée, lorsque mes yeux sont ouverts, je ne me sens entière qu'en déchiffrant.
J'aime lire.
Mais pas tout. Je lis pour apprendre, comme pour calmer une soif inextinguible de connaissances.
Malgré l'insistance des enseignants et de mes proches, je reste hermétique à la fiction. Elle m'ennuie profondément. 
A quoi bon lire quelque chose de faux, qui ne peut rien m'apprendre.
Je préfère le dictionnaire.
Pourtant, sage, conciliante, j'ouvre des albums, des petits romans.
Mes yeux courent sur les pages, lisent les mots sans les relier entre eux.
J'y gagne quelques facilités en orthographe et cela rassure mon entourage.

Je dévore l'informatif.
Les dinosaures. La révolution française. Les avions.
L'anatomie. L'astronomie. Les chevaux.
L'électricité. Monet. Les violons.
Les félins.

Les félins...
Je suis à court. J'ai fini de lire tout ce que j'avais trouvé à leur sujet à la bibliothèque. J'ai fini les petits livrets que mes parents m'ont procuré.
Le chat. Le tigre. Le léopard. Le puma.
Désœuvrée, j'entreprends de lire les titres qui peuplent les étagères familiales.
L'écume des jours. Les robots de l'aube. Madame Bovary. The sun also rises. Paroles. 1984. Nana. La vie devant soi. Bonjour tristesse. Le lion.

Le lion? Quelle aubaine!
Ce livre est bien plus épais que mes petits fascicules.
Ce M. Kessel doit être un spécialiste, un zoologue hors pair.
Je vais me régaler.
J'ouvre, fébrile, le bouquin.

Que dire de ma déception?
Elle n'a d'égal que la joie que j'ai éprouvée en découvrant le titre.
Frustrée, je laisse tout de même mes yeux se repaître des mots.
De bien jolis mots, des suites de lettres intéressantes et nouvelles.
Kilimanjaro. Nairobi. Kenya.
Masaï. Oriounga. Sybil. Wakamba.
Kikouyou.
Kikouyou me plaît beaucoup. Je décide que c'est un bon mot.
Je cherche autour de lui d'autres mots pour le comprendre.
Puis d'autres, et d'autres encore.
Je reviens au début.
Je cesse de ne lire qu'avec mes yeux.
Je plonge dans l'histoire.
Je suis Patricia, je suis John, je suis King.
Je suis le Kilimanjaro, je suis un guerrier Masaï, je suis l'angoisse de Sybil.
Je suis l'Afrique.
Je suis la mort du lion.

Lorsque ma mère me retrouve, je suis au désespoir.
Je sanglote. Je suis heureuse. J'ai mal au coeur.
J'en veux d'autres.
D'autres histoires, d'autres émotions, d'autres jolis mots qui racontent.

J'ai toujours, au fond de ma bibliothèque en désordre, ce livre que j'ai ouvert il y a trente ans.
Un jour, peut-être, je le relirai.

Joan

mardi 16 août 2011

Le livre de mon enfance - par S. (Ex. n°18)



J’ai tout de suite aimé ce livre. Sur la couverture, un jeune garçon court à toutes jambes vers on ne sait quelle destination. J’étais sensible à la course folle de l’enfant. 

Adulte, je suis encore touchée par la course du monde, ce perpétuel mouvement qui pousse et porte loin de nous ceux que l’on aime… Je participe de cet élan, et pourtant je n’aime pas courir. Je n’aime pas les couloirs tracés sur les pistes des stades, je n’aime pas les lignes droites. Je leur préfère les chemins de traverse, les sentiers qui serpentent, flânent et s’étirent en mille et un détours.


Le roman s’ouvre sur une scène de la vie quotidienne : comme tous les jours, Frédéric se rend à l’école . « Mais comme il est en avance, il fait le détour par la place ». C’est ce détour, cette transgression de la « ligne droite» conduisant à l’école, qui brise la routine par la magie d’une rencontre. Délaissant le droit chemin, Frédéric entrevoit l’image d’un monde où les règles, les valeurs sont apparemment différentes. 

A l’écart de la communauté villageoise, sur le terrain communal se dresse une roulotte de forains. Caché dans les buissons comme un voleur, Frédéric espionne une fillette et son père. Le lendemain, à l’école, la petite fille de la roulotte se montre froide et distante envers ses camarades de classe. Déplacée dans un univers qui n’est pas le sien, vivant en marge des enfants du village, adultes miniatures remplis d’idées fausses et de préjugés, elle préfère la solitude à la compagnie d’imbéciles. 

Mais Frédéric ne s’y trompe pas. La veille, il a observé la fillette et son père à leur insu, il ne porte pas sur l’enfant le regard dur, souvent cruel, des villageois. Il ne fantasme pas comme eux sur l’étranger. Cette enfant lui ressemble, il le sait.
La fuite d’un hamster à l’école, le danger, le sauvetage dans la rivière rapprochent ces deux êtres. Un soir, Frédéric peut enfin pénétrer l’univers mystérieux des gens du voyage. Sur une illustration colorée, on le voit faire sauter des crêpes au-dessus d’un feu de camp, devant la roulotte. 

A ses côtés, Sandrine tient le saladier contenant la pâte à crêpes, sous le regard bienveillant du père. Longtemps, cette image d’un bonheur abrité mais fragile m’a fait rêver.

J’aimais Frédéric et Sandrine et je m’identifiais à eux sans peine. Enfant, j’étais sensible aux notions de justice, de tolérance, de respect de la différence. J’ai donc apprécié l’épilogue du « vol » du porte-monnaie, où la fillette dénonce par son courage et sa droiture la bêtise et les préjugés des gens dits « normaux ». 

Car dans ce roman, deux mondes s’affrontent : le monde clos des sédentaires englués dans leurs habitudes et leurs préjugés, prisonniers d’un cadre de vie dont l’étroitesse borne souvent celle du champ spirituel, et le monde infini de ceux qui voyagent, briseurs de chaînes en quête de mouvement, d’espace et d’inconnu. Au confluent de ces deux mondes, face aux adultes, deux êtres jeunes brisent les cadres de vie, abolissent les frontières, réconcilient l’homme avec l’homme. 

Pour l’enfant que j’étais, ce fut une belle leçon de vie.

samedi 13 août 2011

Le livre de mon enfance, par Céline Laurent (Ex. n°18)


« L’enfant noir » de Camara Laye




Parmi les livres proposés par ma prof de français au collège.
L’histoire d’un petit garçon vivant dans un village d’Afrique.
Première récit autobiographique, avec la sensation d’une véritable rencontre.
Sa peur lors de la cérémonie d’initiation.
Ce qu’il est devenu, un écrivain.
Depuis cette lecture, la sympathie pour les hommes noirs, qui ont tous été un enfant noir.

Depuis, je sais qu’en Afrique, il y a plusieurs pays, que la couleur de la peau ne préjuge pas de l’individu, ni en bien, ni en mal. Mais la vie nous joue des tours, n’est-ce pas, et nous avons accueilli un étudiant l’an dernier : la gentillesse-même. Le lien avec lui est tel qu’il est question de nous rendre chez lui : le même pays que Camara Laye. 

Céline Laurent

mercredi 10 août 2011

Le livre de mon enfance, par Sam (Ex. n°18)



Blake et Mortimer, mes héros



Lorsque j’étais enfant, chaque semaine, mon père avait coutume de revenir des courses au supermarché avec une bande dessinée. Il aimait la bande dessinée. Mais je pense qu’il aimait par dessus tout l’idée que cette littérature populaire offrait, par ses histoires, ses héros, ses graphismes, un divertissement de qualité tant aux adultes qu’aux enfants. Aussi, par cette pratique, il savait qu’il assurait à ses enfants non seulement un plaisir immense, mais encore une culture solide. J’ai donc eu la chance de suivre les aventures de Tintin, Alix, Lefranc, Tif et Tondu, la Patrouille des Castors, Ric Hochet, Astérix, Lucky Luke… C’est dans ces séries que je trouve mes plaisirs enfantins de la lecture. Mais mon bonheur de lecture le plus grand, c’est Blake, Mortimer et Olrik qui me l’ont donné. Cette série est pour moi fondatrice, dans le sens où elle a forgé une partie de mon univers mental enfantin et, par force, adulte. Il faut se plonger dans ces albums au graphisme somptueux pour comprendre la richesse souterraine de cette œuvre.

E.P. Jacobs est un sorcier. C’est ainsi que je m’imaginais l’auteur de ces merveilles. La quatrième de couverture, d’un blanc austère barré d’une ligne orange, le montre en photo noir et blanc, l’air sévère, revêche, quasiment patibulaire, scrutant le lecteur les lunettes d’écaille à la main, avec une tenue vestimentaire intrigante pour un auteur de BD : nœud papillon noir, chemise blanche, boutons de manchette et veste pied-de-poule. Jacobs était pour moi un mystère. Comment ce vieux bonhomme si peu jovial pouvait-il créer des aventures aussi trépidantes, des atmosphères aussi étranges, des personnages aussi purs, des sentiments aussi nobles, des images aussi belles ? Aujourd’hui, je sais que Jacobs n’était pas un sorcier ; c’était un génie.

Jacobs a exploré tous les genres de l’aventure : la guerre (Le secret de l’Espadon), l’énigme policière (L’affaire du collier), le fantastique (Le mystère de la grande pyramide, La marque jaune, SOS Météores, Les 3 formules du professeur Sato) parfois mâtiné de science fiction (L’énigme de l’Atlantide, Le piège diabolique). Jacobs est sans concession : Blake et Mortimer, c’est la lutte du Bien contre le Mal, ou plus précisément de l’Humanité contre la Sauvagerie. Les sentiments sont exacerbés : d’un côté l’Amitié, le Courage, l’Héroïsme, le Sacrifice, la Fidélité, la Loyauté ; de l’autre le Haine, la Trahison, la Cruauté, la Déloyauté, l’Egoïsme. Mais si Blake (le fin capitaine anglais ou gallois blond) et Mortimer (le scientifique écossais massif et roux) sont des héros pleinement positifs, je ne suis jamais parvenu à voir dans l’ombrageux Olrik un méchant négatif. Il est beau, flegmatique, fair-play, courageux, acrobatique, intelligent… Olrik, c’est Méphisto ; son charme opère sur le lecteur comme sur ses complices. Mais où est l’Amour ? Blake et Mortimer, c’est un monde d’hommes, qui s’adresse résolument aux garçons. Pas de filles, pas de sentimentalisme. Jacobs raconte pourtant les épisodes d’une histoire d’Amour : l’Amitié entre deux hommes qui combattent le Mal.

Sam

dimanche 7 août 2011

Le livre de mon enfance - par Christina (Ex. n°18)



Savait-elle, ma mère l’inestimable cadeau qu’elle me faisait  en me collant ce livre entre les mains ou voulait-elle simplement, une fois de plus, avoir la paix ? Me l’aurait-elle confié si légèrement si elle avait pressenti  l’influence qu’il exercerait sur moi et par là-même, sur mon avenir ? 

Et si je n’ai jamais dû, comme Frances (mon héroïne) et Neeley (son petit frère), guetter le moindre morceau de métal ou de cuivre, perdu au fond du caniveau, dans l’espoir d’en obtenir quelques pennies chez le ferrailleur... 

Si je n’ai jamais dû, pendant plusieurs jours d’affilée, “jouer au pôle nord” et souffrir de la faim dans une cuisine sans feu; aux tablars et à la glacière désespérément vides, parce que l’argent manquait cruellement... 

Si je n’ai jamais (jamais ?), eu peur ou froid ou faim dans mon enfance de petite fille bien nourrie, je me suis néanmoins identifiée par la suite à tant de réminiscences de cette biographie-là, qu’elle a sensiblement déteint sur la mienne. 

J’ai bien dû le lire  six fois, ce livre, la première année. Aujourd’hui encore j’en connais certains passages par coeur. Quel âge avais-je la première fois ? Onze ans, Douze ans ? Du jour (à sept ans et demi) ou j’ai su que je savais lire en déchiffrant (et comprenant !) un nom de rue, je n’ai plus jamais été seule. Une fois les dents (les yeux ?) faites sur les incontournables Bibliothèques Rose, Verte et autre Club des Cinq, c’est ce livre-là qui m’a le mieux appris les “choses de la vie” et grâce auquel mon imaginaire s’est éveillé aux goûts, aux bruits et aux odeurs. J’ai compris aussi que plus que n’importe quelle fiction ou conte de fées, c’est “la vraie vie des gens” qui me passionnerait à jamais. 

Est resté encré (sic!)  en moi le goût du concombre au vinaigre lentement savouré par Frances, sur les marches de l’escalier de secours de son immeuble. Une fois dessus elle était comme nichée dans les branches de “son” arbre. Le seul arbre qui pousse à Brooklyn, même sur du béton, disait le tout début du livre... Elle lisait, tout en grignotant son concombre (la rumeur courait que celui qui les vendait crachait dans le tonneau quand il était de mauvaise humeur), le livre emprunté à la bibliothèque de son quartier. Elle s’était fait le serment d’en lire un par jour pendant toute sa vie et tous les auteurs de A à  Z.

J’entends encore le bruit du clapotis de l’eau contre la barque de location, ce jour mémorable où Johnny, le père, emmena Frances et Neeley à la pêche sur l’Hudson River. Il finit par tomber à l’eau tant il avait bu pour se donner du courage et tant il s’était démené pour faire croire à sa progéniture qu’il était doué pour la pêche. Le père trempé, son chapeau perdu, les deux enfants souillés... ce fut une belle journée ! 

J’étouffe dans la chaleur de la petite pièce, presque un débarras, dans laquelle dormaient Frances et Neeley. Frances se relevait la nuit à l’heure du dernier tramway pour écouter son père rentrer. Serveur de son métier, avec un grave penchant pour l’alcool, comme on l’aura compris, le pauvre Johnny était bien incapable de rentrer avec la totalité de sa paie les rares fois où il avait eu la chance d’être engagé pour un service (l’histoire se passe au début des années trente). Charmeur; adoré de sa femme et de sa fille, on l’entendait rentrer de loin, sifflotant la complainte de Molly Malone...

J’entends d’ici le fracas des balais et du seau jetés violemment sur le sol de la cuisine, pour bien signifier que la semaine était finie, par Katie, la mère, brave petite femme courageuse et travailleuse, pleine de touchante abnégation... “Pauvre mais honnête et digne” me répéterais-je avec un demi-sourire en pensant à elle chaque fois que dans ma vie il fera froid. 

Je n’oublierai jamais l’odeur du macadam brûlant quand Neeley jouait au base-ball dans la rue pendant que ses copains mataient la poitrine naissante de sa soeur.

J’ai recherché souvent la chaleur du poêle, dans la petite école que Katie et Johnny nettoyaient à leurs débuts et sur les bancs de laquelle ils ont conçu Frances... “Je vais mon chemin, toi le tien” avait dit Johnny à sa petite amie du moment quand il était tombé amoureux fou de la belle Katie.

Et quarante ans plus tard, la brûlure causée par la main du satyre sur la jambe de Frances, quand il avait réussi à l’agripper à travers les barreaux des marches de l’escalier, et ne voulait plus la lâcher, est toujours aussi vive dans mon frisson de dégoût. C’est Katie, alertée par les cris de sa fille, qui a réussi à l’en décoller à coup de fer à repasser. Il n’y eut pas de second cadavre de petite fille violée cette année là dans la cave, mais la peur a longtemps hanté les esprits. 

Frances.  Frances qui avait  presque mon âge et à cause de qui je m’étais fait le serment d’aller vivre en Amérique - le pays de tous les possibles - un jour. Frances, à cause de qui j’ai jeté mon dévolu sur l’homme qui serait susceptible de m’y emmener. Au risque d’en mourir. 

Frances qui aimait tellement écrire “la vérité” et ne comprenait pas que la maîtresse préfère les mensonges bien polis, bien propres, bien nets et surtout sans bavures “sales”. Frances qui avait menti alors pour s’approprier la poupée convoitée et destinée à une “autre” petite fille pauvre. Pendant que de mon côté, sous le ciel de Bruxelles, je m’appropriai  une idée, et, subséquemment les lauriers en retour, d’une petite camarade qui n’avait pas parlé assez fort.

Comme Katie, j’ai connu un deuil cruel, j’ai connu les méfaits de l’alcool, j’ai vécu l’abnégation d’une femme pour ses enfants, pour son mari, avant d’enfin trouver la sérénité et ma “place” dans l’univers. 

Comme Frances, je suis partie à l’assaut de mes rêves, dont j’ai exaucé une partie, cumulé échecs et réussites et appris à rire de moi quand il s’agissait de survivre.

Et le jour où, à mon tour, j’ai eu envie d’écrire “mon” roman; il ne m’a pas fallu aller bien loin... quoi de plus passionnant à raconter que la VIE, tout simplement ? 

mardi 2 août 2011

Le livre de mon enfance - par Don Bruno de la Vega (Ex. n°18)



            TINTIN




                  (LE LOTUS BLEU, MAIS PAS QUE…)



           
C’est la première œuvre qui me vient à l’esprit.

Parce que, en vrac (de tête, sinon c’est pas rigolo !) :

Le Raïdjadjah –je n’en vérifie pas l’ortograffe– le poison qui rend fou et terrorise les jeunes lecteurs par la même occasion, « Lao tseu l’a dit « Il faut trouver la voie » mais d’abord je dois te couper la tête », brrrrrrr, « Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, violette, violette », Tintin est devenu fou, ce n’est pas possible !!! « Damned » ou quelque chose d’approchant « cette lame est en fer-blanc ! », c’est quoi du fer-blanc ? Tintin survit au coup au poignard ! « Tu vois mon vieux Tchang, en Occident, on croit que vous mangez des nids d’hirondelle, que vous jetez parfois les bébés dans les rivières et que vous leur emmaillotez les pieds pour qu’ils ne grandissent pas » Malgré la distance et les années Tintin (Hergé) et Tchang (Zhang) resteront amis toute leur vie.

Mais aussi :

« Grrrrros plein d’soupe ! » « Encore un peu trop à droite ! » « Rodrigo Tortilla, tou m’as toué ! », ce perroquet est très énervant, « le fétiche Arumbaya ! » un exemplaire surveille toutes mes consultations, « Un indien, Capitaine, mais un indien Quichua… », « Quand lama fâché, lui toujours faire ainsi » Zorrino est mort de rire, « En tout cas, ils sont dans un endroit où il fait très chaud », les Dupondt sont paumés, comme dab…  « Du ragoût de jeune chien, une spécialité syldave » Milou ? Milou !!! « Trois feux rouges disposés en triangle » Qu’est-ce que cela peut-il bien vouloir dire ? Vous trouvez vraiment que le Dr Müller ressemble à Mull Pacha ? « Szut, c’est mon nom ! » « Vous êtes ridicule Tintin, c’est comme si moi, je vous disais que vous alliez tomber sur votre ami, là, le Général Alcazar, au coin de la rue » Paf ! « Nous bons musulmans, nous vouloir juste allez à La Mecque »… « Tchang ! Le Migou ! Foudre Bénie ! » et puis, celui-là, je suis allé l’acheter avec mon père lors de sa sortie : « Encore occupé à tricher le patron ? » Laszlo Carreidas est un milliardaire très antipathique « Szut, mon vieux Szut ! » « Regardez patron, un machin, un singe là, un nasique, son nez me fait penser à quelqu’un, pas vous ? » Rastapopoulos est furieux. Je laisse Allan conclure sur une question exsitentielle capitale : « Dis moi, vieux pirate, quand tu dors, ta barbe, elle est sur ou sous les couverture ? ».

Voilà.

C’était quand même mieux que le Club Dorothée, non ?

Ah oui, aussi : « Par Horus Demeure !!! » mais ça n’a rien à voir !


Don Bruno de la Vega