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mercredi 8 juin 2011

Je me souviens... des bouquins qu'on n'avait pas le droit de lire - par Don Bruno de la Vega



La raison principale en était qu’ils étaient « mal écrits ». Ainsi en avait décrété l’indiscutable autorité maternelle, cachant peut-être d’autres raisons que, l’âge venant, j’ai commencé à entrevoir.
Donc :
Tout Bob Morane. Voilà. Rien, je n’en ai lu aucun. Même si tous les titres évoqués dans les pages du site de Marc me disent quelque chose. Même si, récemment, j’ai acheté sur Ebay, « Un parfum d’Ylang Ylang », dont ma douce et tendre me parlait si souvent. J’aimerais bien m’y mettre, mais par lequel commencer ?

Tout Enid Blyton. Tout. Des bouquins pour tout petits aux aventures les plus adolescentes. Sont passés à travers les mailles du filet, quelques « Oui-oui », un « Club des cinq », qui me vaut de ne pas avoir l’air trop idiot quand on évoque Dagobert ou Claude, quelques « Clan des Sept » empruntés à la bibliothèque municipale glissés entre deux bouquins plus sérieux, ou que ma mère, enfant, avait elle-même adorés : les livres de Colette Vivier, « La Maison des Quatre Vents », « l’Enigme du Trèfle », dans la vieille Bibliothèque Rose, celle qui était toilée et plutôt grenat que rose. La série des Prince Eric, « Le Bracelet de Vermeil » et autres, dont les magnifiques illustrations représentaient beaucoup (trop ?) d’adolescents blonds et bronzés…

Toute la BD. Humour excepté. Donc Astérix, Lucky Luke, Tintin sont passés à travers les mailles du filet. Probablement parce qu’ils faisaient rire mon père. Mais attention hein, sur quatre livres hebdomadaires de la bibli, une seule BD ! Coup de bol, Pif Gadget a trouvé grâce aux yeux maternels. Incompréhensible. L’appartenance du journal au groupe qui éditait l’Huma, peut-être ?
Chance, après quelques petites années de gadgets et autres super gadgets, j’ai pu remplacer la revue canine par Pilote, Mâtin (non moins canin finalement), quel journal ! 
Là, trompettes et clairon, Gotlib a intégré le Panthéon familial pour ne plus en sortir (quand sur France Inter, un certain écrivain évoque l’intégrale de la Rubrique à Brac qui vient de paraître, elle ne quitte déjà plus la table de chevet de ma fille depuis quinze jours au moins…).
Mais des BD d’aventure, rien, que dalle. Akim, Color ou pas, Zembla, Blek le Rock, Bourrés de fautes d’orthographes. Vulgaires. Interdits.
Heureusement qu’il y avait les colos ! Pendant ces semaines passées à la montagne ou sur la côte normande, ces magazines, grand mot pour ces petits formats en noir et blanc, s’échangeaient furieusement entre les dortoirs.

Depuis, je me suis demandé si les images des compagnes féminines de nos héros, « créatures » disait-on alors, plantureuses et dénudées, n’étaient pas rentrées en compte dans les motifs de l’interdiction maternelle.
M’en fous, je m’étais rattrapé avec les illustrations de Fantomette !

10 commentaires:

  1. Bob Morane, tu peux commencer où tu veux (sauf au milieu d'un cycle, bien sûr). Un parfum d'Ylang-Ylang, c'est un très bon début. APrès, tu lis "La couronne de Golconde" (première rencontre avec l'Ombre Jaune) et puis, tu te guides grâce aux titres qu'on trouve à la troisième page de tous les Marabout... Bonne chance, Bruno...

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  2. don Bruno, vous me faites bien rire, je reconnais tellement de choses ;-)ahlala c'est toute ma jeunesse qui remonte, je devais lire tous vos interdits en cachette...
    heureusement après moi il y a eu mon frère, qui ne lisait pas du tout, alors on lui a offert les Pilote et des tas de BD, quel régal!

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  3. Don Bruno de la Vega8 juin 2011 à 09:42

    Bon, je termine le polar pénible que je lis et j'attaque...en même temps je (me) (re)ferais bien (un) fantomette (désolé)!!!

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  4. Quelle mère cruelle ! Les miens (et oui, père compris ... après tout, il n'y a pas de raison à ce que seule soit conspuée la figure maternelle ...) raisonnaient à peu près de la même manière ; question de génération ? Ainsi, si les Oui-Oui, Martine, Alice, Fantomette et autres Six Compagnons ont été tolérés pendant mon enfance, c'était sous promesse de s'imprégner des "classiques qu'il faut avoir lu": Comtesse de Ségur (une légende familiale tient pour acquise que l'un de mes frères ne s'est pas acquitté de son "devoir" de lire "l'auberge de l'ange gardien" ... on en parle encore pendant les repas de famille !), Grimm, Perrault, Andersen m'ont été proposée avant mes dix ans ; plus tard, les Zola, Balzac, Maupassant, Martin du Gard, Dostoïevski ... ont squatté mon chevet pendant des durées plus au moins longues (ah je revois encore mon père, l'oeil gourmand, me vanter les délices de la lecture des "frères Karamasov" ... j'avais 13 ans) ; une tante subversive et mon frère (celui-là même qui refusa la saine lecture de "l'auberge de l'ange gardien") me firent heureusement découvrir Tintin (ben oui quand même, c'était quand même pas le bagne non plus) et plus tard Gotlieb ; la gauloiserie d'Astérix ne me fut pas interdite non plus et quelques Shtrumph ont bien dû passer le seuil de la maison, même s'il était clair que la lecture des BD n'y était guère encouragée ! Ainsi, je ne connais de Bob Morane que la chanson qu'en a fait Indochine et n'ai jamais tenu de Comics entre les mains !! Faut voir mon air bête quand mon homme évoque avec nostalgie ses mercredis après midi passé à lire (quand il n'était pas collé) les aventures de ses super héros et sa tristesse quand il raconte le jour ou sa mère a vendu à un bouquiniste (pour faire de la place !) toute sa collection de "strange" et "super strange" ...

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  5. Ma mère n'aurait jamais osé vendre nos "Strange" ou nos comic-books. Elle savait que mon frère et moi, on l'aurait tuée. Toutes mes condoléances à votre homme.
    NB : ça s'écrit "Schtroumpf"... ;-)

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  6. je compâtis. Chez nous c'était tout ce qui venait de l'Huma qui était interdit: Pif, Rahan; puis plus tard quelques Roald Dahl et chez les bonnes soeurs, Sartre était encore mal vu. Est-il besoin de vous dire que j'ai minutieusement lu tout ce qui était à cet Index? ahh Rahan!

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  7. Don Bruno de la Vega10 juin 2011 à 03:36

    @ Adrienne, et tous et toutes : quel plaisir de vous voir répondre au jeu du "Je me souviens"...
    @ Laurence : Ne dites pas à ma mère que parfois j'écris sur un blog (et ailleurs), elle me croit médecin sérieux installé dans la bourgeoisie de province...Quant à votre belle-doche : vendre la collection de Strange de son fils à un bouquiniste, j'espère que cela ne vaut pas à votre époux un parcours psychanalytique à la Woody Allen !

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  8. C'est rigolo : moi, c'est le contraire : j'ai été élevée par une famille d'accueil illettrée et mes lectures n'ont jamais été surveillées. J'ai eu très tôt une certaine arrogance liée à mes lectures car j'avais des points tellement mirobolants en français que je me sentais le droit de choisir mes lectures. J'ai donc acquis un épiderme d'éléphant en lisant les Sylvie (qui me paraîtraient sûrement bien mièvres maintenant !), tout, ou quasi d'Enid Blyton (à voir, pour info, le très bon téléfilm Enid, la biographie), j'aimais beaucoup Bob Morane...
    Mais enmême temps, j'ai lu l'Assommoir à 10 ans, Les misérables au même âge et les Contes et Romans un an plus tard.

    Même passion pour Gottlieb et puis Les Idées noires de Franquin !!!!

    Amicalement,

    Zagon

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  9. Oh là là ! Heureusement j'avais quartier libre la plupart du temps.
    Enfin : bibliothèque libre, quoi. Et bouquiniste. Grâce à l'esprit rebelle de mon grand-père, espagnol qui lisait les livres du Masque et la plume en français.
    Sauf une fois, vers 12 ans, je me souviens que j'avais interdiction de lire La jument verte de Marcel Aymé. Bien entendu, à la première occasion je me suis empressée de le lire, en vacances chez ma tante...
    Mais là, mes cousins de 6 et 9 ans de plus que moi cachaient (mal) leurs bandes dessinées : Paulette, etc. Alors franchement, j'ai davantage été sensible au style de Marcel Aymé qu'aux scènes qui auraient pu me choquer. Et cela m'a bien renseigné sur les peurs des femmes adultes qui me gouvernaient, et sur ce dont il ne fallait pas parler. Le roman est paru en 1933, et on était déjà en 1976/77...

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  10. Quelle horreur que tous ces empêcheurs de lire en rond ! Je compatis et j'en suis attristée pour vous - toutes ces hiérarchies, la "grande" littérature, la "mauvaise" littérature, m'agacent beaucoup. Il faut lire de tout, et avant tout ce qui nous fait envie, sans tenir compte de tous les discours qui gravitent autour. Ma mère avait une morale très étroite (je suis née en 1981 donc la censure n'aurait sans doute pas porté sur les mêmes publications que vous) mais, sans que je sache pourquoi, je n'ai jamais eu à subir d'interdits dans mes lectures (peut-être parce que j'allais fouiner dans les livres érotiques de mon père en cachette uniquement... !) - mais je me souviens d'un jour où je suis revenue de la librairie avec un livre de Sade dans les mains, mi-curieuse mi-provoc (J'avais dix-sept ans), sans recevoir de réprimande autre que "Tu achètes trop de livres" - d'ailleurs le bouquin m'est tombé des mains de lui-même, tant il m'a ennuyée !

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