Comment ça, tu as dû
t’endormir ? Je ne sais pas, je me suis retrouvée dans la voiture, il
faisait nuit. Mais, ce matin, tu partais bien au boulot, non ? Oui, j’ai
déposé Samuel au collège, et après j’ai vu les chiens sur la route. Je ne voulais
pas les écraser, alors j’ai pris un petit chemin, que je ne connaissais pas.
Des chiens ? Tu changes de route quand tu vois des chiens
maintenant ? Oui, non, enfin, ce n’était pas comme d’habitude. Ces chiens
étaient sur la route, et ils ne se poussaient pas si j’avançais. Alors j’ai
pris ce chemin. Et j’ai eu envie de marcher dans le bois. Les feuilles étaient
tellement lumineuses … J’ai ramassé une bogue de châtaigne. Et tu avais le
temps ce matin, de faire une petite promenade peut-être ? Je ne sais pas,
je me sentais si bien, dans ce jaune, ce calme. Alors quoi ? Je peux quand
même savoir ce que tu fais de tes journées, puisque qu’apparemment tu n’es pas
au bureau. D’ailleurs, j’ai dit à ta collègue que je ne savais pas où tu étais.
Je ne pouvais pas quitter le bois et je ne savais pas quelle heure il était. Et
Samuel, sur le trottoir, dans quel état il était quand il m’a appelé ? Tu
y pensais, pendant ta balade ? Samuel ne m’en voudra pas, je lui
raconterai et il comprendra. Mais regarde-toi, tu es pleine de terre, tu as de
l’herbe dans les cheveux. Tu t’es roulée par terre pour t’amuser ? Non,
bien sûr. Je suis allée jusqu’à un tas de feuilles mortes. C’est là qu’on s’est
rencontré. Arrête maintenant. Explique-toi et ne tourne plus autour du pot.
C’est insupportable. C’était comme avant, quand on jouait ensemble. On s’est
serré dans les bras. Après je ne sais plus. Tais-toi, tu m’écœures. Ce n’est
pas ce que tu crois. C’était elle, ma fée des bois, je lui disais tout. Quand
j’allais me cacher, c’est elle qui me consolait. Grâce à elle, je n’étais
jamais seule. Plus jamais seule…elle est enfin revenue. Regarde, elle m’a
offert cette châtaigne. Pourquoi tu pleures ?
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