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mardi 22 septembre 2009

Qui a le droit d'écrire ?

Une internaute m'écrit pour me demander si elle a le droit d'écrire ici, car elle a le sentiment que ce sont surtout des écrivains professionnels qui contribuent aux commentaires (ou aux exercices) ; elle me demande si "il y a des règles" et si elle a le droit de lire et d'écrire sur ce blog. Je lui réponds qu'à ma connaissance les intervenants écrivains professionnels sont en minorité et qu'il n'y a pas de règles.

Et ça me donne l'occasion de revenir sur quelque chose qui m'a longtemps pourri la vie, bien avant que je sois publié, et pendant un bon moment après qu'un de mes livres ait, pour la première fois, été lu par de nombreux lecteurs.

Longtemps, je me suis demandé si j'avais le "droit" de penser que j'étais écrivain.

"L'écrivain", pensais-je comme beaucoup de monde, "est un être à part. Le statut d'écrivain, on ne le décroche pas comme ça. Faut le mériter. On ne se décrète pas écrivain. Il faut au moins que ça soit décidé par une commission spéciale de l'Académie, ou quelque chose. Il faut que ça soit notoire et écrit dans les journaux. Il faut qu'un type comme Bernard Pivot (autrefois) ou François Busnel (en ce moment) le dise à la télévision en vous lançant un regard énamouré (si vous êtes, mettons, Juliette - pardon, Justine - Lévy) ou déférent (si vous êtes, au hasard, Philippe - pardon, Patrick - Poivre d'Arvor) - "Quand on lit votre livre on sait qu'on a affaire à un écrivain"... Bref, il faut que quelqu'un vous ait estampillé, et que ça ne soit ni votre mère, ni votre moitié, ni votre "gang" de copains/copines. Faut que ce soit O-FFI-CIEL."

Je ne dirais pas que, quand je pensais ça, j'étais "stupide" (ça voudrait dire que celles ou ceux qui le pensent le sont et que moi, je ne le suis plus) mais je dirai, sans hésiter, qu'on m'avait bourré le mou. A l'école, dans les journaux, à la radio, à la télé. Implicitement, on m'avait fait croire à quelque chose qui n'existe pas : le statut sacré de l'écrivain.

Il n'y a pas de statut sacré de l'écrivain, pas plus que pour les musiciens ou les acteurs ou les peintres. Il y a des personnes qui ont un goût ou des aptitudes pour une expression artistique et qui en font, ou non, un métier. Un de mes meilleurs amis est un pianiste extraordinaire. Mais il joue pratiquement toujours seul (ou avec des amis très proches) et ne donne jamais de concert. Mais il peut passer des heures à travailler une pièce de Schumann ou de Bach. Est-ce qu'il est "moins" musicien qu'un pianiste-concertiste professionnel ? A-t-il "moins le droit" de jouer du piano ? Non. Ce n'est, simplement, pas son métier. Jouer lui donne du plaisir (et en donne à ceux qui l'écoutent, croyez-moi), c'est la seule chose qui importe. Un autre de mes amis est médecin ET auteur-compositeur-interprète. Il joue et enregistre avec d'autres musiciens (qui ont un autre métier, car ça ne nourrit pas...). Et ils ont auto-produit leur premier disque. Vaut-il moins que le disque d'un chanteur publié par une grande maison ? A mes oreilles, non. Ce qu'il fait est beaucoup mieux que tout plein de chansons sans texte ni mélodie qu'on nous balance sur les ondes. Je suis bien content qu'il ne se demande pas s'il "a le droit" de composer et jouer.

Pour l'écriture, c'est encore plus vrai. Il y a plus de gens qui savent lire et écrire que de personnes qui savent lire la musique et en jouer.

Mais il en va de l'écriture comme de la musique : on ne publie pas comme ça, les éditeurs français ont beau être légion, ils reçoivent plus de manuscrits qu'ils ne peuvent en publier (et, si je peux me permettre cette opinion, la plupart en publie beaucoup trop...), ce qui rend la lisibilité de beaucoup de textes problématique. De plus, contrairement aux pays anglo-saxons, on publie peu de textes courts (nouvelles, poésie) en France, ce qui veut dire que ces formes qui, en Amérique ou en Angleterre, sont souvent des bancs d'essai pour nombre d'écrivains, n'existent pas ici.


Depuis quelques années, la possibilité de mettre des textes en ligne, sur un blog ou un site, a changé la donne. Un nombre très important de personnes écrivent et donnent à lire ce qu'elles écrivent.
Mais il faut avoir entendu ou lu ce que beaucoup (trop) de critiques et d'écrivains estampillés disent de l'écriture en ligne et des blogs. Le mépris et la méfiance à leur égard sont malheureusement très répandus en France, beaucoup plus qu'ailleurs. Toujours à cause de l'image sacrée de l'écrivain.

Est-ce que l'écriture en ligne a "moins de valeur" que l'écriture publiée ? Je n'en sais rien et à vrai dire ça ne me soucie pas. Je pense que c'est une question vaine. Et que cette question est significative d'une posture de classe.

Qui aurait donc le droit de dire "ça c'est bon, ça c'est mauvais" ? Sur quels critères ?

J'ai beau être un écrivain publié et lu (il y a des écrivains publiés qui ne le sont pas, et je mesure ma chance), je ne me sens pas de qualité particulière pour dire ce qui est bon ou ne l'est pas. Je peux dire "J'aime ou je n'aime pas, pour telle ou telle raison", mais c'est tout. C'est d'ailleurs ce que je fais pour parler des écrivains que je lis et que je n'aime pas.  Je dis "Je n'aime pas et ça me tombe des mains", "ça m'a ennuyé", ou "c'est pas le genre de littérature qui me transporte". C'est subjectif, et ça ne concerne que moi. Car si des lecteurs ont aimé ce livre-là (ou aiment cet auteur-là), qui suis-je pour dire qu'ils ont tort ?

Je déteste entendre dire que Maurice Leblanc, qui était l'un des romanciers-feuilletonnistes les plus lus de son époque, "n'écrivait pas bien". Quand je le lisais, à l'adolescence, j'étais transporté par les aventures d'Arsène Lupin, qui me tenaient éveillé jusqu'au milieu de la nuit. Personne n'a le droit de dire qu'il n'écrivait pas bien, puisque, nom de dieu, il me faisait lire !!!! (Vous entendez l'ogre Winckler rugir, là, j'espère ?)

Etre critique littéraire est un exercice difficile. A mon humble avis, les critiques devraient avoir pour mission de faire lire des textes en expliquant pourquoi (du point de vue du/de la critique) ces textes sont riches et gratifiants à la lecture et peuvent faire le bonheur des personnes qui se risqueront à les lire. Ils ne devraient pas se contenter(comme je l'ai vu faire par plusieurs critiques parlant du Ciel de Bay City de Catherine Mavrikakis) de résumer le début d'un roman puis de parler des "qualités d'écriture" de l'auteur pour qu'on ne s'aperçoive pas qu'ils ne l'ont pas lu en entier.

Ils ne devraient surtout pas "sacrer" un écrivain avant même que son dernier livre soit disponible comme le digne héritier de Flaubert, Proust ou Marguerite Duras, comme s'il s'agissait de désigner les membres de dynasties ou de lignées aristocratiques. Ils devraient, en bons professionnels, faire leur boulot, c'est à dire donner envie de lire des livres (et donner les clés pour les apprécier) plutôt qu'encenser des auteurs. L'écrivain sacralisé, "autorisé" (aux deux sens du terme) est un pur produit de la pensée la plus bourgeoise.

C'est cette sacralisation, entretenue par une partie de la critique (mais aussi par bon nombre d'enseignants, de journalistes et d'intellectuels auto-proclamés, hélas !) qui entretiennent chez le plus grand nombre l'idée qu'un écrivain est un être rare.

Or, non seulement c'est faux, mais c'est aussi profondément méprisant pour ceux qui écrivent et ne publient pas ou qui publient mais restent dans l'ombre, et qui, tout publiés qu'ils soient, ont un autre métier (ce qui est le cas de l'immense majorité) et ne se sentent pas "sacrés" du tout.

Personnellement, je n'ai pas envie d'être qualifié de sacré. Ca pourrit les relations humaines.

Tout ça pour dire (maintenant que j'ai vidé mon sac) que tout le monde a le droit d'écrire. Certains ont la chance de - ou l'entregent nécessaire pour - être publiés. Est-ce que ça les rend plus "écrivains" que les autres ? Non. Ca les rend seulement plus visibles.

N'oubliez jamais, vous qui lisez ceci, que tous les éditeurs publient des livres pour gagner de l'argent (et c'est bien naturel : comment pourraient-ils publier d'autres livres, sinon ?) et que leurs critères ne sont pas toujours la "qualité littéraire", bien subjective, des textes qu'on leur propose. En matière d'édition, beaucoup d'éditeurs préfèreront toujours le "coup" juteux (comme, je dis ça au hasard, les amours pseudo-autobiographiques d'un président et d'une princesse) au roman disséquant la société au scalpel.



L'écriture est un mouvement ET un travail ET un jeu ET un plaisir ET un casse-tête pour ceux/celles qui s'y adonnent profondément, qu'ils le fassent toute la semaine ou seulement le dimanche. J'ai écrit La maladie de Sachs par épisodes, un chapitre à la fois, quand je n'avais pas de travail urgent (traduction ou article) à remettre, et ça m'a pris cinq ans. A l'époque, je doutais d'être un écrivain. Je me trompais. J'étais déjà un écrivain. Non parce que les muses de l'Olympe s'étaient penchées sur mon berceau, mais parce qu'écrire (ce bouquin ou mon journal ou des chroniques pour Télécâble Hebdo) était ma musique et le clavier, mon instrument. J'écoutais du jazz au casque, et j'avais le sentiment que le phrasé irrégulier de mon clavier faisait écho à celui de Bill Evans ou d'Oscar Peterson. J'ai eu la chance de pouvoir passer pro, puis de faire un livre/disque qui a très très bien marché. Et puis celle de toujours avoir eu des engagements pour donner mes concerts-livres suivants. Ca ne me rend pas un "meilleur écrivain" pour autant. Et puis "meilleur écrivain que qui, d'abord ?"

J'ai nommé ce lieu "blog pour "écrivants". Sur ce blog, qui n'est qu'une estrade au fond d'un bar enfumé, j'ai posé mon piano à écran et je joue pour qui veut écouter. Et toutes celles, tous ceux qui le désirent peuvent monter avec leur instrument, et participer à la jam-session.

A leur manière, avec leurs mots, leurs mots qui valent ce qu'ils valent, mais justement, ce sont les leurs. (Merci, Mama Béa.)
Et ils sont les bienvenus.

13 commentaires:

  1. Yeah. (pour être raccord avec l'ambiance jazz)

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  2. Même sensation personnelle et course vers un hypothétique label de "vrai écrivain" dans mes débuts. Et aussi surprise de voir que beaucoup de gens qui nous méprisent tant qu'on n'est pas publié, nous sacralisent ensuite uniquement parce qu'un imprimeur a mis notre nom sur une couverture.

    En tout cas, bien sûr que tout le monde a le droit d'écrire : ce qui fait qu'on est ou pas écrivain, c'est le texte, rien que le texte. Ce texte est écrit bien longtemps avant d'être accepté par l'éditeur et imprimé sur les pages d'un livre papier. Et ce texte peut évidemment venir du web : on y trouve des textes magnifiques (exemple : Philippe de Jonckheere).

    Sinon, pas totalement d'accord avec "tous les éditeurs publient des livres pour gagner de l'argent" : même chez les gros éditeurs, certains ne publient pas uniquement "pour" l'argent, ils publient pour donner à lire des grands textes, et s'ils cherchent à gagner quand même de temps en temps un peu d'argent c'est uniquement pour continuer à pouvoir publier ces textes, c'est notamment me semble-t-il le cas de votre éditeur.

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  3. Qui a le droit d'écrire ?
    J'écris.
    Pas depuis toujours, mais j'écris. Sur un blog des petits textes sur ce que j'aime (ciné, séries, livres...). Des textes plus ou moins long que je fais lire à des amis, et que j'espère un jour faire lire à plus de monde. J'ai été publié une fois, un texte sur les séries dans un livre un peu confidentiel, mais sans être payé.
    Même si je passe du temps devant mon clavier ou une feuille blanche (ou verte, ou rose, ou jaune...) je n'arrive pas à me considérer comme un écrivain. Un écriveur, peut être. Un écrivant, sans doute.
    Pour autant, je ne me suis jamais posé la question de savoir si j'avais le droit d'écrire. Écrire me fait du bien, écrire me fait plaisir (et fait plaisir à ceux qui me lisent) et je n'ai pas l'intention de demander une autorisation ou un permis à qui que ce soit.
    J'écris des commentaires sur ce blog comme je peux le faire sur d'autres. J'ai participé à un exercice d'écriture parce que j'ai été inspiré. Et je compte bien recommencer.

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  4. C'est drôle, je me souviens d'une conversation sur les mots "écrivain" et "auteur, conversation débutée sur votre blog des séries. Vous n'aimiez pas ces mots et vous ne vous reconnaissiez pas comme écrivain ni comme auteur... Je n'avais jamais bien compris pourquoi, mais quand j'ai vu et lu votre blog (celui-ci), j'ai eu le sentiment que maintenant vous acceptiez qu'on vous appelle "écrivain" et j'en ai été contente.

    La question c'est "pourquoi en ai-je été contente ? Qu'est-ce que ça change pour moi ?" Je crois qu'auparavant, avec ce barrage envers ces mots, ça me donnait l'impression d'une distance envers vos lecteurs. Comme si "nous n'étions pas de bons lecteurs puisque notre écrivain favori n'était même pas un véritable écrivain", vous voyez ce que je veux dire ? Et puis plus prosaïquement, "auteur" est un mot que j'utilise à propos de moi, à mon modeste niveau, auteur d'une nouvelle, auteur d'un article... sans pour autant trouver cela vaniteux.

    Il y a juste "écrivaine" et "auteure", "autrice", avec lesquels j'ai du mal :-D

    Mais pour en revenir à votre blog et à cette acceptation de votre état (pas le statut, le statut, finalement, on s'en fiche) d'écrivain, je crois que... c'est lié (pour moi en tant que lectrice) à la Trilogie Twain et au Choeur des femmes, à un épanouissement de votre écriture, un peu comme le Dr Atwood vit l'épanouissement de sa pratique de la médecine. Dans les deux cas, il y a progression, et dans les deux cas, ça passe par un contact élargi et chaleureux envers le lecteur/le malade, envers l'autre...

    Je ne sais pas si c'est très clair, ce que je raconte...

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  5. Je crois que c'est Virginie Despentes qui avait dit lorsqu'elle avait un blog (il y a quelques années, elle n'écrit plus en ligne je pense)(paradoxe?), que l'écriture en ligne, avec la possibilité de réaction et de commentaire de la part des lecteurs, était comme de jouer sur scène pour un musicien, avec les réactions du public en direct.

    J'ai toujours trouvé que l'image était belle. J'y ai repensé en lisant l'appel à la jam session.

    Et pour rebondir sur le fait d'écrire ené coutant de la musique, et puisque j'écris souvent sur la musique ou au travers de la musique, souvent je trouve que j'essaye de mettre dans els mots le même rythme que ce j'écoute. C'est très illusoire parce qu'il faudrait entendre la musique et lire le texte de la même manière pour y déceler le rythme mais c'et en tout cas un plaisir personnel. C'est déjà ça...

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  6. Bonjour,

    merci pour ce billet qui remet les choses à leur place. Nous sommes le pays de la sacralisation tous azimuts, et malheureusement, l'écriture et le livre en font les frais. J'espère que votre texte sera largement lu et qu'il lèvera des inhibitions, permettra à des désirs d'écriture de se réaliser. On ne doit jamais demander d'autorisation pour écrire. C'est un droit universel et inaliénable.

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  7. Ma banquière (à l'agence) et qui s'apprêtait à enregistrer mon changement de profession quand j'ai quitté la banque (comme salariée), et à qui j'avais pu enfin avouer que j'écrivais, tout en précisant bien que c'était sur l'internet, à qui par ailleurs j'avais indiqué que jusqu'à nouvel avis j'étais chômeuse, avait insisté pour écrire "écrivain" comme profession.
    J'avais objecté que je n'avais rien publié via un éditeur (ni papier ni en édition électronique) et sa réponse fut, - Mais sur internet vous avez des lecteurs ?
    - Ah ben oui et très fidèles, il y en a même qui fidèlement viennent lire pour m'écrire qu'ils n'aiment pas.
    - Hé bien donc, écrivain.

    Franchement je sais pas trop. Et je crois que ce qui me plairait avant tout c'est que blogueuse puisse être un métier.

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  8. @MP
    ON est d'accord sur les éditeurs. Bien sûr qu'ils ne publient pas QUE pour gagner de l'argent. Mais ils ont besoin d'en gagner avec des auteurs très lus pour publier des auteurs qui ont des publics moins larges. Quand j'ai publié mon premier roman chez POL j'étais très fier de publier sous un logo que Paul Otchakovsky-Laurens avait emprunté à Georges Perec et aux côtés de René Belletto et Marguerite Duras. J'ai été ravi de lire le premier roman de Camille Laurens avec qui je me suis senti des affinités profondes, bien que nous soyions tous les deux, alors, des écrivains "confidentiels", j'ai été ravi que Marie Darrieussecq et Emmanuel Carrère remportent des succès importants et permettent à la maison de poursuivre son travail. Et je suis très fier que la publication de la Maladie de Sachs ait apporté un surcroît de notoriété à POL, et de nombreux lecteurs ET une avalanche de manuscrits, parmi lesquels des auteurs nouveaux qui, eux aussi, demain ou après-demain, rencontreront des lecteurs nombreux ET de l'argent, qui permet de publier des premiers romans aux côtés des livres de Nicolas Fargues et de Iégor Gran et de Jacques Jouet, et de tant d'autres. Donc quand je dis que les éditeurs font ce travail pour gagner de l'argent, ça n'est pas une critique en soi, c'est la contrainte de leur métier. Seulement, cette contrainte, certains l'assument avec intégrité et exigence, d'autres pas. Quand des éditeurs comme Minuit ou POL choisissent délibérément de ne pas publier chaque année plus de livres que l'année précédente, et maîtrisent leur travail éditorial, c'est un signe de cette intégrité, de cette exigence. A mon humble avis.

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  9. Fichtre, je suis contente d'être venue, je suis une petite écrivaillante, c'est comme ça que je m'appelle au quotidien. Les "écrits vains", ou les "hauteurs" m'ont toujours fait peur, mais demandez-moi de choisir entre écrire et manger, je ne suis pas sûre que je ferai le choix le plus raisonnable pour la santé. Longtemps, longtemps, j'ai gardé mes mots pour moi (question de mépris, je n'étais pas née parait-il dans le pays du bien écrit, des belles pensées), les faisant rouler dans ma petite caboche de tête de pioche et puis, un jour, je les ai partagé à ma sauce et ma foi, si la page blanche, n'est pas le plus bel espace de liberté qu'il m'ait été donné, alors, je ne sais pas ce que c'est que la liberté.
    Un grand merci pour avoir fait rugir l'ogre qui est en vous, ça m'a fait un bien fou !

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  10. Il me semble qu'il y a, dans l'écriture, quelque chose qui vous fait écrivain, et que le devenant ainsi, on en devient quelque chose, quelqu'un ou autre chose, d'autre : comme les comédiens qui tournent peu, puis qui tout à coup prennent une ampleur, peut-être, quelque chose que le succès apporte, sans doute une sorte de confiance en soi, ou de sûreté de son comportement, je n'arrive pas à le dire, une habitude de se sentir dans des habits peut-être un peu différents, ou d'une autre couleur, quelque chose de changé, de peut-être radicalement illusoire mais qui aurait sa fonction. Je ne sais pas vu que le succès... PdB

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  11. Merci de ce texte, j'ai adopté ce mot écrivant depuis déjà longtemps.

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  12. oui, ça fait du bien à lire autant qu'hier le vrai anagramme de Franz Karma à entendre !

    j'aime bien le "piano à écran"

    et ce qui me fait le plus enrager, c'est quand le système lui-même nous place sur ces bouts d'étagère ou c'est à nous d'aller renverser le pot de fleur

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  13. dans mon atelier d'écriture en vrai, l'animatrice écoute les participants lire leur texte en battant le rythme discrètement

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