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jeudi 29 septembre 2011

Les films de ma vie - par Lyjazz (ex. n°19)


Molière, d’Ariane Mnouchkine. Vu au cinéma de la ville voisine, en sortie avec le collège lorsque j’avais 14 ans je crois. Je me souviens à la fois de la fin : la montée de l’escalier et la mort, et d’une scène de voyage en roulotte. Je me souviens du beau visage et de la présence de Philippe Caubère, qui incarnait tout à fait Molière.
J’ai revu le film sous forme d’épisodes quelques années après à la télé, en noir et blanc.
Bien plus tard j’ai vu plusieurs spectacles de Philippe Caubère (et revus en VHS) dans lesquels il incarne Ariane Mnouchkine. Et ma jubilation était intense lorsqu’il évoquait/incarnait leur voyage à Cannes pour la sortie du film Molière. C’était un retour dans le passé, un éclairage sur le film et les circonstances de sa création, une plongée dans ce monde des théâtreux et la réalité d’une troupe comme celle du Théâtre du Soleil.
Résultat : je rêve depuis des années d’aller voir un spectacle d’Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes.
J’ai été à Paris en juin, et j’ai pu passer du temps à la Cartoucherie, mais il n’y avait pas de spectacle du Théâtre du Soleil.
Cela me donnera une autre occasion d’aller à Paris…..

Le seigneur des anneaux : le film d’animation de 1978, de Ralph Bakshi http://www.amazon.fr/Seigneur-Anneaux-Dessin-anim%C3%A9-1978/dp/B00005OSRU
Je l’ai vu à 14 ans, lors de mon premier voyage scolaire en Angleterre. Je ne connaissais absolument pas Tolkien. Je ne comprenais rien à la langue et j’avais toutes les peines du monde à m’adapter à la vie quotidienne anglaise (malgré une famille très gentille et compréhensive). Tout le groupe a été voir ce film, auquel je n’ai pas compris grand-chose. Sauf qu’il était important, qu’il méritait d’être vu en VF pour que je le comprenne, et que j’allais lire Tolkien ensuite. Je me souviens de certaines images du golum, et de sa voix.
J’ai réussi à le voir quelques années après en français. Et il avait moins de saveur, moins d’ampleur qu’en anglais, mais au moins j’ai compris le sens de l’histoire. Il m’a permis de plonger dans l’univers écrit de Tolkien, depuis Bilbo le Hobbit jusqu’au Seigneur des anneaux.
C’est le premier film qui m’a fait une si grosse impression, parce que je savais, je sentais qu’il était important mais que je souffrais de ne pas tout comprendre. Les dessins seuls n’étaient pas suffisants.

Dersou Ouzala, d’Akira Kurosawa (1975)
Vu au lycée, grâce à mon prof de philo (un homme en or, qui nous faisait des devoirs de 4h le samedi matin, en nous amenant des thermos de café et chocolat, les verres de sa cuisine, et son pot de sucre). Il avait décidé que nous devions voir ce film, à la MJC de la ville. Et c’était réellement un choc, de faire connaissance avec Akira Kurosawa, la vision japonaise, et au-delà, la culture de la nature, tout à fait à l’opposé de notre vision d’ado. Pas de cinéma Art et essai aux environs, mais des profs militants et cultivés… Cette année-là d’ailleurs ma prof d’espagnol nous avait montré Los olvidados de Bunuel (de 1947 quand même !) et Un chien andalou (1928). 
Donc Dersou Ouzala, la taïga, le personnage du trappeur, l’humanité et l’amitié, et l’histoire des peuples entre Russie et Mandchourie. Une belle leçon de vie, qui m’a toujours semblée exemplaire et vivifiante. J’ai revu le film plus de 10ans après. Et il y a quelques mois, devant une falaise, m’émerveillant du chant des oiseaux, de cet endroit magnifique, mon moniteur d’escalade a parlé de ce film. Ce qui ne m’a pas surprise de sa part, mais j’ai pu constater qu’aucun autre grimpeur ne connaissait cette œuvre.
Le film est important en tant que tel, mais aussi parce que je l’ai vu dans ces circonstances et grâce à cet homme très fin et perspicace, qui nous a distillé de la culture de manière très diverse pendant l’année de philo.

Je pourrais aussi ajouter Le décalogue de Kieslowski, vu en VO au cinéma Art et essai de ma ville. La plongée dans l’univers de l’auteur au point de tout voir, de parvenir à savoir quelques mots de polonais, de tout revoir sur ARTE y compris les documentaires sur l’œuvre. J’ai beaucoup aimé le noir et blanc de ces films. Je me souviens d’un père qui organise sa vie grâce à un ordinateur. Je vois encore une femme rentrer chez elle et peindre. Et puis Bleu, Blanc et Rouge, et La double vie de Véronique, la grâce d’Irène Jacob, de Juliette Binoche, de Julie Delpy. La musique et la voix, les lumières et la sensibilité, la profonde humanité et la composition des films.
Ou encore Meurtre dans un jardin anglais, Drowning by numbers, Le ventre de l’architecte, Le cuisinier le voleur sa femme et son amant, The pillow book de Peter Greenaway. Des films bizarres, incompréhensibles pour mes proches. Mais beaux, étranges et poétiques, profonds. Vus dans un moment de ma vie où je ne pouvais laisser ma créativité s’exprimer, ni mes aspirations, sauf en allant voir des films. 
Je pourrais aussi citer le film de Théo Angelopoulos Le regard d’Ulysse, dont la musique me remue toujours. A ce moment-là mon frère travaillait dans ces régions tourmentées et le film me montrait les paysages qu’il traversait, me donnait à voir un peu des épreuves qu’il endurait…. Je me souviens de paysages, de murs détruits, de rivière, et d’Harvey Keitel, profondément émouvant. J’ai repensé à ce film au mois d’août, quand Ibrahim Maalouf, trompettiste franco libanais, a interprété à Marciac son morceau intitulé Beyrouth : il a raconté les circonstances de la création du morceau, et nous a fait entrer dans cette ville en partie reconstruite, et toujours détruite par endroit. La musique commence lentement, très harmonieusement, et puis elle suit le regard de l’enfant (il avait 12 ans quand il a composé ce morceau) qui découvre soudain cette rue aux murs détruits et bombardés. Et soudain nous voilà assourdis par du rock, des flots de notes profondes et féroces qui agressent mais suivent un fil conducteur avant de se calmer.


Lyjazz