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samedi 19 mars 2011

Quand je serai plus vieille (rattrapage) - par Pauline


 
Quand je serai plus vieille, "le soir à la chandelle", ne puis-je m'empêcher d'ajouter. Rémminiscence d'un temps ancien, où à l'école élémentaire, l'instituteur nous avait fait apprendre Ronsard.

Je me revois, petite fille, assise sur un de ces bancs délavés. Chaque mardi matin, nous récitions un nouveau poème. J'attendais mon tour, prête à réciter ma poésie.

La veille, je l'avais révisée auprès de mon père. Il avait sorti pour l'occasion son Lagarde et Michard. Les images se bousculent. Visions, sensations, émotions. Le feu dans la cheminée emplit la pièce de son odeur. 

Des formes incertaines se détachent sur les murs au gré des crépitements. Le son monte, interrompu uniquement par le bruit sec d'une bûche qui s'écrase sur un chenet. Et je m'élance. D'un souffle, j'expulse mon sonnet. Je n'aimais pas que l'on m'entende. Cela aurait pu dévoiler mon corps disgracieux - dis-graiss-ieux. Il faut savoir employer les mots dans leur sens premier. L'instituteur ne cessait de nous le répéter.

Sa voix vient d'ailleurs de se faire entendre : c'est à mon tour.

Je m'extirpe brusquement de mes pensées.
 
 "Ah, qu'il est loin ce temps où ma mémoire ne filait pas entre mes doigts", se dit la vieille femme alors qu'enfants et petits enfants venaient de quitter sa maison dans une joyeuse pagaille. "Bientôt six lustres" ajouta-t-elle en souriant, les mains posées sur son corps amaigri par les années passées, se souvenant des jours ensoleillés où elle rédigeait sa thèse.