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vendredi 10 septembre 2010

Retour de vacances, 2 - par Don Bruno de la Vega



Ah la vache ! Quelles vacances, un vrai paradis !

Je me demande même comment c’est possible, un mois d’août entier au Nirvana !
La Zanzanie, le lagon, l’hôtel de rêve, les serveuses africaines plus belles les unes que les autres, tellement de bouffe et de cocktails que c’en est indécent !
Dire que certains de mes confrères disent que les congrès médicaux, ça n’est plus ce que c’était, je suis prêt à jurer du contraire ! Foi de Professeur Chausson !
C’est vrai qu’il faut être professeur de médecine pour mériter un tel faste, et accepter quelques compromissions, mais bon, on n’a rien sans rien ! Et aujourd’hui, le retour dans mon appartement parisien, un vaste six pièces avec vue sur le Champ de Mars, me semble être presque un purgatoire…Et le retour dans le service un véritable enfer !
La consulte, la visite, l’accueil des jeunes internes ambitieux et de ces petits cons d’externes encore potaches, quelle plaie !!!
Mais bon, encore une journée de repos, je vais en profiter pour trier mon courrier.
Il est posé sur la table du salon.
Sur le tas trône un faire-part, je reconnais sans peine l’élégante enveloppe ourlée de noir. Vraisemblablement, un patient décédé. La famille me l’a adressé à mon domicile, quel manque d’élégance ! En revanche, il n’y a pas de nom dactylographié sur la lettre…elle a du être glissée telle que dans ma boîte.
Je la mets de côté, je ne vais pas commencer par les mauvaises nouvelles, encore que perdre un patient…dans mon métier…
Je parcours rapidement les magazines, quelques revues médicales que je mets de côté –non, je ne vais pas commencer tout de suite à bosser– mes habituelles gazettes financières –ça, c’est important, il faut que je surveille mes placements financiers– quelques lettres.
Bon, ben, il ne me reste plus qu’à ouvrir le faire-part :
D’un œil j’embrasse le court texte :


Mme le Professeur Chausson et ses enfants ont la douleur de vous faire-part de la disparition brutale du :

Professeur Chausson,
Ancien Interne des Hôpitaux de Paris,
Chef de Service à l’hôpital Labrousse,
Professeur des Universités,

Survenue dans sa soixante-dixième année.
La famille s’associe à la douleur de celles des personnes disparues dans le crash du vol Paris/Zanzanie du 31 juillet dernier, en particulier des médecins de la dixième édition du congrès Cœur-France-Zanzanie.
Ni fleurs ni couronnes.