Prendre l'avion sans vous,
c'est prendre du bon temps sur un accord mineur.
Quand nous nous poserons, je saurai des tas de choses sur notre vie que vous ne savez pas_encore.
Pour commencer, je vais faire une place à votre « être au monde », une place physique, vous choisirez la pièce, les meubles, les plantes, le tapis, ou rien comme vous le voudrez,
Puis je prendrai plaisir à ménager à vos « effets personnels » de pratiques étendues planes, je savourerai cette matérialité sans vie de votre présence, l'absence de vos formes dans ces tissus pliés vous dessinant déjà,
Avec pudeur et je le voudrais délicatesse je poserai près de la sonnette un nouveau petit carton manuscrit: un blanc, au-dessous un « et », au-dessous mon nom,
Dans le même esprit, un trousseau de clés sur le meuble de l'entrée,
Un nouvel abat-jour dépareillera avec bonheur au bout du canapé, son ampoule prête à lire par-dessus votre épaule,
Et ces banalités d'un ennui à mourir, ces contingences infâmes seront enfin les miennes puisque j'ose en rêver aujourd'hui en plein ciel, si j'ose vous les soumettre, si vous souhaitez les faire vôtres.
Me complaisant (sans garantie de durée mais avec une belle sincérité) dans cette triviale intendance d'une vie partagée, je m'apprête à vous recevoir.
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lundi 12 avril 2010
Partir, revenir (exercice n°12, 11) par Christine C.
Prendre un bateau pour traverser le Fleuve,
Marcher sur le Quai en direction du Pont,
Fermer les yeux,
Se souvenir des images, les superposer : un amoureux blond, des enfants souriants,un amoureux brun, d'autres enfants souriants, les miens, un gros
bonhomme noir à chapeau melon, l'eau qui brille comme de la paille
Ecouter les mouettes, le bruit des voitures qui traversent le Fleuve, les vibrations du Pont, les petites vagues qui se brisent,
Arriver au bout du Quai,
S'apercevoir qu'on a remonté le temps en remontant le Fleuve,
Lever enfin les yeux vers la Ville( aller de droite à gauche, de gauche à droite),
Se souvenir du poème de Sophia*, garder les mots longtemps dans la bouche, le chuchoter à ton oreille : digo o nome da cidade, digo para ver,
je dis le nom de la ville, je dis pour voir
Je dis pour que tu vois
C'est mon cadeau, je pense : plaisir d'offrir
joie de recevoir ?
* Sophia de Mello Breyner Andresen
Marcher sur le Quai en direction du Pont,
Fermer les yeux,
Se souvenir des images, les superposer : un amoureux blond, des enfants souriants,un amoureux brun, d'autres enfants souriants, les miens, un gros
bonhomme noir à chapeau melon, l'eau qui brille comme de la paille
Ecouter les mouettes, le bruit des voitures qui traversent le Fleuve, les vibrations du Pont, les petites vagues qui se brisent,
Arriver au bout du Quai,
S'apercevoir qu'on a remonté le temps en remontant le Fleuve,
Lever enfin les yeux vers la Ville( aller de droite à gauche, de gauche à droite),
Se souvenir du poème de Sophia*, garder les mots longtemps dans la bouche, le chuchoter à ton oreille : digo o nome da cidade, digo para ver,
je dis le nom de la ville, je dis pour voir
Je dis pour que tu vois
C'est mon cadeau, je pense : plaisir d'offrir
joie de recevoir ?
* Sophia de Mello Breyner Andresen
Partir, revenir (exercice n°12,10 ) par Paola
Prendre la tangente, voilà.
Je vais te faire ce cadeau mon Amour, revenir un jour et t’aimer. Devant ce ciel si bleu qu’il m’en faisait pleurer les yeux, j’ai compris ce que le vent m’a dit : partir et mieux revenir. C’est ça, Hombre, que tu voulais que je fasse, hein ?
Faire les valises, les vider du poids des ans, et les remplir de l’espérance. Les déplacer sur des roulettes, pour que jamais leur poids ne m’arrête.
Tiens, regarde, j’y mets le portrait de toi, celui au papillon, la photo que j’avais prise il y a un siècle au moins, tu étais vieux alors. Je la mets au fond, pour ne pas la voir, c’est toi, mais c’est le toi d’avant.
Et dessus, que crois-tu que je pose ? Mon livre, celui qui nous a fait grandir, celui que jamais tu n’as lu, c’est moi qui te l’ai écrit, mais de peur, non, tu ne sais même pas les premiers mots.
Les dessins des enfants, les miens. Ils sont mariés, je suis grand-mère, je ne les vois plus, depuis toi. Alors j’y vais, demain, me reconnaîtront-ils ?
Je suis belle encore, dans mon gris, dans mon vert, dans ma peau qui a pris le soleil. Dix jours partie, dix ans partis, c’est la magie des voyages, ils forment la jeunesse, et rendent fou les vieux sages. Alors mes petites culottes, à côté de mes bas noirs, ma prochaine destination c’est toi, je m’habille en vamp du soir.
Je l’aimais, je croyais, mais toi, toi l’homme au papillon, celui qui parle aux nuages et souffle avec le vent, toi qui a le sang qui bat l’encre de ton cœur, les mots doux, les mots si beaux, maintenant, viens, attends, j’arrive, je suis prête à les recevoir.
Paola.
www.lautrepaola.wordpress.com